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« Attention, l’avion nuit gravement à la santé »

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« Attention, l'avion nuit gravement à la santé »

GENTON, Blaise, D'ACREMONT, Valérie, CHAPPUIS, François

GENTON, Blaise, D'ACREMONT, Valérie, CHAPPUIS, François. « Attention, l'avion nuit gravement à la santé ». Revue médicale suisse , 2019, vol. 15, no. 649, p. 895-896

PMID : 31050234

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:129107

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ÉDITORIAL

WWW.REVMED.CH

1er mai 2019

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« Attention, l’avion nuit gravement à la santé »

Prs BLAISE GENTON, VALÉRIE D’ACREMONT et FRANÇOIS CHAPPUIS Ce slogan pourrait être apposé sur toutes les

publicités des compagnies d’aviation low cost vantant les destinations lointaines, ou pire encore les villes proches. A l’image du tabac, des aliments gras ou des boissons sucrées, les voyages en avion sont maintenant montrés du doigt, non plus seulement par les écolo­

gistes, mais également par la société civile concernée par le réchauffement climatique.

Si l’explosion des vols à bas prix permet la découverte d’horizons nouveaux

pour des personnes moins pri­

vilégiées financièrement, elle représente certainement une me­

nace pour la planète. « Le trans­

port aérien est déjà responsable de 18 % du réchauffement cli­

matique en Suisse », insiste Lisa

Mazzone. « Si rien n’est fait, elle en deviendra même la source la plus importante » (Le Temps 4 mars 2019).

La prise de conscience actuelle concernant le climat, notamment par le mouvement des jeunes qui sortent en masse dans la rue, nous oblige à nous poser la question de la perti­

nence des voyages en avion, et plus globale­

ment de l’incidence du tourisme sur la santé et le devenir des populations locales, et de la planète en général. Les dégâts ne sont effec­

tivement pas seulement liés aux émissions de CO2 et à l’accumulation de particules fines (à l’origine de maladies respiratoires et car­

diaques), mais également à la consommation excessive d’eau dans des régions où les réserves sont maigres (avec les risques de malnutrition et de migration forcée), et aux déchets accumulés dans des zones où le recyclage et le traitement ne sont pas la règle (avec les conséquences sur la qualité des aliments et la pureté de l’eau de boisson). Les effets négatifs du réchauffement climatique sur les voyages eux­mêmes comme la dispari­

tion des îles à fleur d’eau, le développement de phénomènes météorologiques extrêmes (cyclones et tsunamis notamment) pourraient

être un levier pour une prise de conscience de la part des consommateurs de voyage.

Il est grand temps de promouvoir un tou­

risme, voire également les voyages d’affaires, éco­compatibles. Par philosophie ou stra­

tégie, les premiers voyagistes à avoir réduit leur impact climatique étaient spécialisés dans le tourisme d’aventure. Depuis 2010, le groupe Voyageurs Du Monde s’est par exemple lancé dans une démarche de réduction de son empreinte carbone en compensant 10 % des émissions de ses clients grâce à des pro­

grammes de reforestation. La compensation des émissions par une taxe carbone n’est évidem­

ment pas LA solution et ne de­

vrait être qu’une étape vers des voyages plus éco­responsables. La seule façon de rendre les voyages climato­compatibles serait donc d’opter pour des modes de transport moins gourmands en CO2, et de renchérir les prix des billets. Le but est de faire en sorte que les gens y réfléchissent à deux fois avant de prendre l’avion.

Le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC) s’est associé à l’initiative « Climate Neutral Now » des Nations Unies en s’enga­

geant à mesurer ses émissions de gaz à effet de serre, à les réduire autant que possible et à compenser le reste. Pour stimuler une crois­

sance durable de l’industrie du tourisme, le WTTC a lancé le prix « Tourisme de Demain » afin d’encourager les entreprises à travailler dans le respect de l’environnement. Cela inclut un large éventail d’activités telles que des investissements dans les technologies vertes, l’élaboration de politiques environ­

nementales et de stratégies de lutte contre le changement climatique. Des actions possibles dans l’industrie du voyage et du tourisme sont illustrées ci­dessous :

Introduire une taxe carbone obligatoire sur les billets d’avion et réintroduire les Articles publiés sous

la direction de BLAISE GENTON ET VALÉRIE D’ACREMONT Médecine tropicale

et des voyages, Centre universitaire de médecine générale et de santé publique, Lausanne Institut suisse de et médecine tropicale et santé publique, Université de Bâle, Bâle

FRANÇOIS CHAPPUIS Service de médecine tropicale et humanitaire, Département de médecine de premier recours, HUG, Genève

IL EST GRAND TEMPS DE PROMOUVOIR UN

TOURISME

ÉCO-COMPATIBLE

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REVUE MÉDICALE SUISSE

WWW.REVMED.CH 1er mai 2019

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trains de nuit pour les voyages continen­

taux.

Favoriser le tourisme local pour les week­

ends et vacances et les téléconférences pour les contacts professionnels.

Concevoir et construire des infrastructures hôtelières avec des matériaux durables à faible impact sur le climat tels que robi­

nets et toilettes à faible débit, utilisation de matériaux de construction provenant de sources durables et contrôlés par un système de gestion intelligente du bâtiment.

Recourir aux énergies renouvelables en équipant les hôtels de parcs d’éoliennes et de panneaux solaires.

Utiliser des transports plus propres comme des véhicules électriques pour la location et le transport des hôtes et proposer des vélos gratuitement pour encourager les clients à voyager de manière durable.

Améliorer la technologie en introduisant des calculateurs de carbone capables de fournir des bilans carbone pour les va­

cances et les voyages à forfait complets ; peinture des coques des navires de croi­

sière avec des revêtements non toxiques afin de réduire la consommation de carbu­

rant jusqu’à 500 % ; utilisation de lumières LED et d’appareils moins gourmands en énergie ; interruption de l’air conditionné en cas d’absence des hôtes, etc.

Réduire la consommation d’eau et les déchets : affichage de l’utilisation des ressources en mettant les clients au défi d’utiliser le minimum d’eau et d’énergie par personne dans chaque chambre ; pro­

position de ne pas faire le ménage des chambres chaque jour.

Approvisionner en denrées alimentaires issues de sources durables et privilégier les cartes avec plats à base de légumes et fruits locaux (cultivés par les hôtels eux­

mêmes).

Compenser l’impact climatique des grandes entreprises : chaînes d’hôtels qui s’enga gent pour la protection de réserves naturelles.

Protéger l’environnement local et améliorer la biodiversité en proposant des activités

alternatives : « zone d’exclusion » pour pêche sportive, heures de bénévolat pour la conservation de la faune et de la flore, etc.

Il faut se rappeler que plus de 90 % de la population mondiale n’a jamais voyagé en avion, et que ce sont principalement les non­

voyageur­euse­s qui sont le plus durement touché­e­s par la crise climatique et les effets négatifs de l’extension des aéro­

ports tels que l’accaparement des terres, le bruit ou les pro­

blèmes de santé. Les commu­

nautés des pays à ressources li­

mitées, qui n’ont pratiquement pas contribué à la crise, sont les plus affectées. Face à cette injus­

tice, le concept d’écotourisme a été créé. L’écotourisme se définit comme « voyages et visites res­

pectueux de l’environnement dans des zones naturelles relativement non perturbées, afin de profiter et d’apprécier la nature favorisant la conservation, ayant peu d’impact sur les visiteur­euse­s et populations. » En d’autres termes, l’écotourisme est un mouvement caractérisé par un comportement à faible impact, une éducation et une appréciation des écosystèmes locaux, ainsi que par un soutien et une participation aux efforts de conservation de la nature. L’écotourisme doit être vu comme un moyen de créer une expérience de voyage plus enrichissante et de révolutionner une industrie massive mais nuisible à l’environnement. Ce modèle pourrait propulser un avenir plus vert sans compromettre le tourisme international qui est souvent une source considérable de revenus pour les pays hôtes. Les professionnel­le­s de la santé ont le devoir de sensibiliser le public aux enjeux climatiques et leurs consé­

quences délétères sur la santé. La médecine des voyages doit contribuer à cet effort en donnant une image positive des voyages éco­compatibles, en avançant notamment les bénéfices immédiats et plus lointains sur le bien­être et le plaisir. Il en va de notre futur et de la survie de notre planète.

CE MODÈLE POURRAIT PROPULSER UN

AVENIR PLUS VERT SANS COMPROMETTRE

LE TOURISME

INTERNATIONAL

Références

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