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Les stations du Néolithique moyen de Concise (Vaud, Suisse) céramique, analyses spatiales et interprétations en termes d'histoire des peuplements

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Thesis

Reference

Les stations du Néolithique moyen de Concise (Vaud, Suisse) céramique, analyses spatiales et interprétations en termes d'histoire

des peuplements

BURRI, Elena Maria Elisabeth

Abstract

L'objectif est d'étudier la céramique des niveaux du Néolitique moyen du site palafittique de Concise et de déterminer l'identité des personnes qui l'ont fabriquée. Différentes approches, comme les description typologiques, les constructions typochronologiques et surtout la planimétrie et l'application de modèles ethnoarchéologiques sont mobilisées. Les niveaux considérés sont bien stratifiés, synchrones de l'ordre d'une génération et fouillés sur de grandes surfaces. Leur céramique abondante et très originale présente en proportion variable des composantes originaires de Franche-Comté (NMB) et du Plateau suisse (Cortaillod).

L'application de modèles ethnoarchéologiques à la répartition spatiale des vestiges permet de reconstituer les plans des villages et d'attribuer la céramique aux maisons. En étudiant le contenu des maisons, on montre que la production de la céramique est domestique, on précise l'organisation des villages et on accède à l'identité des potières et donc à l'histoire des peuplements.

BURRI, Elena Maria Elisabeth. Les stations du Néolithique moyen de Concise (Vaud, Suisse) céramique, analyses spatiales et interprétations en termes d'histoire des peuplements. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2006, no. Sc. 3797

URN : urn:nbn:ch:unige-39652

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:3965

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:3965

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UNIVERSITÉ DE GENÈVE FACULTÉ DES SCIENCES Département d’anthropologie et d’écologie Professeur Alain Gallay

Professeure Marie Besse

Les stations du Néolithique moyen de Concise (Vaud, Suisse) :

céramique, analyses spatiales et interprétations en termes d’histoire des peuplements

THÈSE

présentée à la Faculté des sciences de l’Université de Genève pour obtenir le grade de docteur ès sciences, mention archéologie préhistorique

par Elena Burri

de

Vernier (Genève)

Thèse No 3797

GENÈVE 2006

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Table des matières

Remerciements ... 7

1. Introduction ... 8

2. Bref historique des recherches lacustres et présentation du site ... 10

2.1 La découverte des lacustres et l’histoire des recherches ... 10

2.2 Les stations de Concise ... 12

2.3 Le projet « Rail 2000 » et les fouilles de Concise ... 13

3. Constitution du corpus, traitement de la céramique et codes descriptifs ... 14

3.1. Constitution du corpus... 14

3.1.1 Récolte et traitement préalable, bases de données de terrain ... 14

3.1.2 Bases de données par ensemble... 14

3.1.3 Remontages ... 15

3.2 Typologie : principes et définitions... 17

3.2.1 Principes ... 17

3.2.2 Définitions de la classification ... 18

4. Description générale de la céramique du Néolithique moyen de Concise... 22

4.1 Conservation de la céramique et traces de réparation ... 22

4.2 Montage... 22

4.3 Traitement de surface et couleur externes ... 23

4.4 Dégraissant ... 24

4.5 Caramels alimentaires et fonction ... 25

4.6 Décors... 27

4.7 Moyens de préhension... 28

4.8 Segmentation ... 29

5. Description de la céramique de Concise ensemble par ensemble ... 30

5.1 Ensemble E1 : 3868-3793 av. J.-C. ... 30

5.1.1 Catégorie 1 : bouteilles et jarres ... 30

5.1.2 Catégorie 2 : gobelets et marmites ... 31

5.1.3 Catégorie 3 : bols, jattes et grandes jattes... 31

5.1.4 Catégorie 4 : coupes, écuelles, assiettes et plats... 31

5.1.5 Catégorie 5 : godets ... 32

5.1.6 Synthèse ... 33

5.2 Ensemble E2 : 3713-3676 av. J.-C. ... 33

5.2.1 Catégorie 1 : bouteilles et jarres ... 33

5.2.2 Catégorie 2 : gobelets et marmites ... 35

5.2.3 Catégorie 3 : bols, jattes et grandes jattes... 35

5.2.4 Catégorie 4 : coupes, écuelles, assiettes et plats... 36

5.2.5 Catégorie 5 : godets ... 37

5.2.6 Autres ... 37

5.2.7 Synthèse ... 37

5.3 Ensemble E3B : 3666-3656 av. J.-C. ... 38

5.3.1 Catégorie 1 : bouteilles et jarres ... 38

5.3.2 Catégorie 2 : gobelets et marmites ... 39

5.3.3 Catégorie 3 : bols, jattes et grandes jattes... 39

5.3.4 Catégorie 4 : coupes, écuelles, assiettes et plats... 40

5.3.5 Catégorie 5 : godets ... 41

5.3.6 Autres ... 41

5.3.7 Synthèse ... 41

5.4 Ensemble E4A : 3645-3635 av. J.-C. ... 41

5.4.1 Catégorie 1 : bouteilles et jarres ... 41

5.4.2 Catégorie 2 : gobelets et marmites ... 43

5.4.3 Catégorie 3 : bols, jattes et grandes jattes... 44

(5)

5.4.4 Catégorie 4 : coupes, écuelles, assiettes et plats... 44

5.4.5 Catégorie 5 : godets ... 45

5.4.6 Synthèse ... 45

5.5 Ensemble E5 : 3570-3517 av. J.-C. ... 45

5.5.1 Catégorie 1 : bouteilles et jarres ... 46

5.5.2 Catégorie 2 : gobelet... 46

5.5.3 Catégorie 3 : bols, jattes et grandes jattes... 46

5.5.4 Catégorie 4 : coupes, écuelles, assiettes et plats... 47

5.5.5 Catégorie 5 ... 47

5.5.6 Autres ... 47

5.5.7 Synthèse ... 47

5.6 Ensemble E6 : 3533-3516 av. J.-C. ... 47

5.6.1 Catégorie 1 : bouteilles et jarres ... 48

5.6.2 Catégorie 2 : gobelets et marmites ... 48

5.6.3 Catégorie 3 : bols, jattes et grandes jattes... 48

5.6.4 Catégorie 4 : coupes, écuelles, assiettes et plats... 48

5.6.5 Catégorie 5 : godets ... 49

5.6.6 Synthèse ... 49

5.7 Evolution chronologique ... 49

5.7.1 Evolution des catégories et des familles... 49

5.7.2 Evolution des types par famille ... 50

5.7.3 Evolution des critères morphologiques ... 54

5.7.4 Synthèse ... 57

6. Le cadre régional et les sites de comparaison ... 58

6.1 Bref historique des recherches ... 58

6.2 Choix du corpus... 60

6.3. La sériation Cortaillod/NMB... 61

6.4. La relation entre population et culture matérielle... 63

6.5 La séquence chronologique régionale ... 66

6.6 Les typochronologies du NMB et du Cortaillod : évolution des types... 67

6.7 Les typochronologies du NMB et du Cortaillod : évolution des composantes stylistiques ... 69

7. Insertion de Concise dans le cadre régional... 70

7.1 Ensemble E1 : 3868-3793 av. J.-C. ... 70

7.2. Ensemble E2 : 3713-3694 av. J.-C. ... 70

7.3 Ensemble E3 : 3666-3656 av. J.-C. ... 71

7.4 Ensemble E4 : 3645-3635 av. J.-C. ... 72

7.5 Ensemble E5 : 3570-3517 av. J.-C. ... 72

7.6 Ensemble E6 : 3533-3516 av. J.-C. ... 73

7.7 Synthèse ... 73

8. Répartitions spatiales de la céramique et du torchis, détermination des structures ... 75

8.1 Objectifs ... 75

8.2 Prélèvement et traitement du matériel ... 76

8.3 Bases théoriques de la détermination des dépotoirs lacustres ... 77

8.4 Méthodes d’analyse... 78

8.4.1 Plans automatiques de répartition du matériel... 78

8.4.2 Cartographie des collages... 78

8.4.3 Détermination des structures de rejet ... 78

8.4.4 Cartographie des pots ... 80

8.5 Ensemble E1 : 3868-3793 av. J.-C. ... 80

8.5.1 Cartes de répartition ... 80

8.5.2 Structures de rejet ... 81

8.5.3 Synthèse ... 83

8.6 Ensemble E2 : 3713-3676 av. J.-C. ... 84

(6)

8.6.1 Cartes de répartition ... 84

8.6.2 Structures de rejet ... 85

8.6.3 Répartition des éléments typologiques ... 89

8.6.4 Unités de consommation ... 90

8.6.5 Synthèse ... 95

8.7. Ensemble E3 : 3666-3656 av. J.-C. ... 96

8.7.1 Plans de répartition de la céramique... 96

8.7.2 Structures de rejet ... 96

8.7.4 Unités de consommation ... 99

8.7.5 Synthèse ... 102

8.8 Ensemble E4 : 3645-3635 av. J.-C. ... 103

8.8.1 Présentation ... 103

8.8.2 Répartitions spatiales... 103

8.8.3 Structures de rejet ... 104

8.8.4 Plan des unités de consommation... 107

8.8.5 Eléments morphologiques et techniques ... 108

8.8.6 Unités de consommation et de dépôt... 108

8.8.7 Synthèse ... 111

8.8.8 Ensemble E5,4... 112

8.9 Ensemble E5 : 3570-3517 av. J.-C. ... 112

8.9.1 Présentation ... 112

8.9.2 Répartitions spatiales... 113

8.9.3 Structures de rejet ... 113

8.9.4 Répartition des types et des styles ... 114

8.9.5 Conclusion... 114

8.10 Ensemble E6 : 3533-3516 av. J.-C. ... 114

8.10.1 Répartitions spatiales... 114

8.10.3 Synthèse ... 116

8.11. Répartitions spatiales de la céramique du Néolithique moyen : conclusions... 117

9. Histoire des peuplements de la station de Concise au Néolithique moyen... 119

9.1 Le sexe des potiers ... 119

9.2 Les questions sur les peuplements... 120

9.3 L’identité des potières ensemble par ensemble ... 120

9.3.1 Ensemble E1 : 3868-3793 av. J.-C. ... 120

9.3.2 Ensemble E2 : 3713-3676 av. J.-C. ... 121

9.3.3 Ensemble E3 : 3666-3656 av. J.-C. ... 122

9.3.4 Ensemble E4 : 3645-3635 av. J.-C. ... 122

9.3.5. Ensembles E5 et E6 : 3570-3516 av. J.-C. ... 122

9.4 Les potières au sein des villages : modalité de l’emprunt et quantification des apports NMB et Cortaillod... 123

9.4.1 Les modalités de l’emprunt ... 124

9.4.2 Ensemble E2 du Cortaillod moyen... 124

9.4.3 Ensemble E3B du Cortaillod moyen ... 126

9.4.4 Ensemble E4A du début du Cortaillod tardif ... 127

9.4.5 Ensembles 5 et 6 de la fin du Cortaillod tardif ... 128

9.4.6 Synthèse ... 129

9.5 La population dans son ensemble et le reste de la culture matérielle ... 129

9.5.1 Le monde des hommes et le monde des femmes ... 129

9.5.2 Les différences entre Cortaillod et NMB ... 130

9.5.3 La situation de Concise ... 131

9.6 Synthèse ... 132

10. Conclusions et perspectives ... 134

11. Bibliographie... 136

(7)

12. Catalogue... 151 13. Annexe ... 178 Figures

Planches

(8)

Remerciements

Tous mes remerciements vont à l’Archéologie cantonale vaudoise, plus particulièrement à Denis Weidmann, archéologue cantonal, et Claus Wolf, mandataire jusqu’à 2001, qui m’ont engagée sur la fouille de Concise, puis m’ont confié l’étude du matériel céramique et m’ont fait bénéficié de leur confiance. Dans ce contexte, ainsi que pour ses conseils, sa persévérance, sa rigueur et sa camaraderie non dénuée de sens critique, ma gratitude va particulièrement à Ariane Winiger qui me fait partager l’aventure de la fouille et de son élaboration au jour le jour depuis juillet 1996. J’ai également profité des conseils informatiques et des programmes élaborés par Dean Quinn et Jérôme Bullinger du service cantonal d’archéologie, ainsi que des discussions avec les membres de l’équipe d’élaboration de Concise et des attentions et dons de matériel des membres du Service cantonal d’archéologie, ainsi que des restaurateurs et des préparateurs du Musée cantonal d’archéologie, en particulier David Cuendet, Claude Michel, Charles Perrenoud et Georges Keller.

Ma gratitude va également au Département d’anthropologie de l’Université de Genève pour les commodités dont j’ai pu bénéficié et plus spécifiquement au professeur Alain Gallay pour son enseignement, la formation complète que j’ai reçue dans le cadre du diplôme d’archéologie préhistorique et ses discussions stimulantes, au professeur Marie Besse pour son accueil, ses corrections minutieuses et ses remarques pertinentes. Les membres du PAT, en particulier Jean- Gabriel Elia, Matteo Gios, Jacques Koerber, Georges Puissant, Stephan Weber, Marie-Noëlle Lahouze et Valérie Mirault ont fait preuve d’une patience et d’une disponibilité, dont il a été difficile de ne pas trop abuser.

Je tiens également à remercier les chercheurs, directeurs et membres d’institution qui m’ont permis de visionner leurs séries, à savoir Annick Voirol et France Terrier pour le musée d’Yverdon, HansPeter.

Zwahlen pour le Service cantonal de Berne, Corinne Ramseyer, Denis Ramseyer, Beat Arnold et Michel Egloff pour le Laténium, Michel Mauvilly pour le Service cantonal de Fribourg. Plus particulièrement Pierre Pétrequin, ainsi que Michel Templer, Loïc Jammet-Reynal et toute l’équipe du Frasnois ont fait preuve d’une disponibilité remarquable et ont mis généreusement à ma disposition les dernières découvertes faites à Clairvaux.

Pour finir, Henrick Wyser et ses enfants Rémi, Elliott et Zacharie ont su supporter stoïquement quelques sautes d’humeur et absences.

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1. Introduction

En juillet 1996, je présentais mon travail de diplôme au Département d’anthropologie et d’archéologie de l’Université de Genève sous la direction d’Alain Gallay. Il portait sur une étude ethnoarchéologique des relations entre production et consommation de la céramique d’après les enquêtes effectuées au Mali par la Mission Archéologique et Ethnoarchéologique Suisse en Afrique de l’Ouest (Burri 1996 et 2003), plus spécifiquement je recherchais les moyens de retrouver les ethnies des potières en cartographiant les céramiques utilisées dans les habitats. Juste après je commençais une longue aventure, à savoir la fouille du site palaffitique de Concise, puis l’étude d’une partie de son mobilier, sous la direction de Claus Wolf, puis d’Ariane Winiger (Service cantonal archéologique du canton de Vaud) alors directrice du chantier. Entre autres tâches m’étais dévolue l’étude de la céramique, dont la majeure partie date du Néolithique moyen. Je fus rapidement intriguée par l’éventail des céramiques, par ailleurs très bien conservées, du Néolithique moyen. Ma sensibilité aux études ethnoarchéologiques, et plus particulièrement aux relations entre ethnie et style céramique, ma connaissance des potentialité du gisement et des qualités de la fouille me firent entrevoir la possibilité d’une étude du matériel de Concise dans une optique ethnoarchéologique et d’histoire des peuplements des stations du Néolithique moyen. C’est pourquoi je me lançai dans ce travail de doctorat, initié sous la direction de Alain Gallay, puis en codirection avec Marie Besse, dont l’objectif principal était de reconstituer l’histoire des peuplements des stations palafittiques de Concise-sous- Colachoz au Néolithique moyen à travers leurs céramiques.

Pour ce faire, j’ai articulé mon travail sur plusieurs plans incluant des études classiques de préhistoire régionale et l’application de modèles ethnoarchéologiques, pour essayer de circonscrire au mieux les éléments permettant d’interpréter la céramique de Concise. Ces différents plans constituent les matériaux de ce travail. Ils sont mobilisés selon les besoins et leurs articulations forment la structure de la démarche (fig. 1). La combinaison de l’analyse archéologique, dans des perspectives diachroniques ou spatiales synchrones suivant les cas, et de l’application des modèles ethnoarchéologiques permet d’appréhender le déroulement historique des faits.

Tout commence par la présentation du site de Concise et la fouille, en les mettant en perspective de l’histoire des recherches. On observe pour le Néolithique moyen des niveaux synchrones de l’ordre d’une génération qui assurent la possibilité d’une approche ethnologique. Ensuite, une typologie descriptive de la céramique régionale du Néolithique moyen II est construite. Elle a pour objectifs de discriminer les différentes traditions céramiques régionales, à savoir le Néolithique moyen bourguignon (NMB) et le Cortaillod, puis d’établir l’évolution chronologique de chacune d’entre elles et de les situer dans l’espace. Le reste de la culture matérielle est également brièvement traité pour intégrer la céramique dans son contexte culturel.

Des références ethnoarchéologiques indiquent qu’il existe deux populations de part et d’autre du Jura.

Les modèles portant sur la relation entre « ethnie » et culture matérielle, plus particulièrement les styles céramiques sont résumés. Sur le fond commun du Néolithique moyen II, les différences sont suffisamment importantes pour qu’il n’existe pas de doute. En effet, en plus de la séparation géographique, les styles céramiques et le choix des dégraissants sont très différents. De plus, des éléments opposent NMB et Cortaillod dans tous les registres de la culture matérielle. A la fin du Néolithique moyen, la frontière géographique s’estompe et des éléments du Plateau suisse franchissent le Jura.

La description et l’insertion de la céramique de Concise dans ce cadre régional fait apparaître toute la singularité de ce corpus. En effet, dans quatre des six occupations du Néolithique moyen, on observe à des degrés divers une coexistence au sein des mêmes villages des deux styles céramique. Au début de la séquence, au Cortaillod classique, toute la céramique est Cortaillod, de même que dans le dernier village du Cortaillod tardif qui est partiellement contemporain d’un village où coexistent les deux

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styles. A partir de là vont se poser des questions sur l’identité des potiers et des utilisateurs de la céramique.

Les réponses à ces questions dépendent d’abord de la relation entre producteurs et consommateurs de la céramique. Ceci passe par l’obtention de plans de villages pour attribuer le matériel aux maisons, ce qui permet d’appréhender la distribution du matériel au niveau de la consommation. Comme les pieux datés ne suffisent pas à obtenir les plans de villages (Winiger et Hürni 2005), j’ai dû trouver une méthode pour les reconstituer. Celle-ci se base sur le modèle ethnoarchéologique que A.-M. et P.

Pétrequin (1984a) ont construit sur la base de l’étude de villages palafittiques au Bénin. Il permet de connaître l’implantation des villages par rapport à la rive du lac, cette implantation induisant un mode de gestion des déchets. Réciproquement, en connaissant l’implantation et la position des déchets, on reconstitue le plan des villages. Ensuite la céramique est attribuée aux maisons. Comme il existe pratiquement pour chaque maison, dans chaque village, un assemblage spécifique de céramiques, on en conclut que la production de la céramique est domestique. La relation entre producteur et consommateur est donc connue : la céramique utilisée dans chaque maison est produite pour cette maison par ses habitants. Des modèles ethnoarchéologiques infèrent de cette situation que les artisans de la céramiques sont des potières, c’est-à-dire des femmes.

Le fait que la production de la céramique est domestique et qu’il existe un mélange des deux traditions issues de deux populations différentes implique que des potières sont venues depuis l’autre côté du Jura dans plusieurs villages. Des analyses spatiales plus poussées au sein de chaque village, combinées avec les études ethnoarchéologiques sur les modalités de l’emprunt technique pour la céramique, nous permettent de reconstituer l’histoire des potières de Concise.

En ce qui concerne le reste de la population, nous avons repris l’ensemble des différences existant entre Cortaillod et NMB et avons tenté pour chacune des industries de retrouver des modèles ethnoarchéologiques indiquant si les artisans sont des femmes ou des hommes. Ceci nous permet de reconstituer l’histoire des peuplements de Concise et de l’insérer dans l’histoire régionale.

(11)

2. Bref historique des recherches lacustres et présentation du site

La station palafittique de Concise est représentative des recherches lacustres en Suisse.

Les fouilles des années 1990 se présentent comme l’une des plus importantes interventions de ces dernières années en milieu lacustre avec une surface de 4700m2 pour une séquence stratigraphique s’étendant du début du Néolithique moyen à la fin du Bronze ancien.

La séquence du Néolithique moyen est particulièrement dilatée avec une sédimentation très rapide qui a scellé les sédiments et permet une corrélation fine des niveaux sur l’ensemble du site.

L’étendue des fouilles et les conditions exceptionnelles de sédimentation pour le Néolithique moyen permettent d’envisager une étude spatiale pour une série de villages datés entre 3868 et 3516 av. J.- C. et occupés durant environ une génération chacun.

2.1 La découverte des lacustres et l’histoire des recherches

Nous ne ferons qu’un bref rappel de l’histoire des recherches lacustres, avant de passer au site de Concise. Ce résumé est basé sur une série de publications auxquelles on se référera pour plus de détails (Kaeser 2000 et 2004, Voruz 1991, Wolf 1993). On fixe traditionnellement le début des recherches à l’année 1854, quand l’antiquaire Ferdinand Keller a authentifié les trouvailles que des écoliers avaient faites à Obermeilen au bord du lac de Zurich. Il propose presque immédiatement une interprétation de ces vestiges inspirée librement d’une vue de Nouvelle-Guinée : celle d’un village bâti sur une plateforme construite en pleine eau et reliée à la rive par une étroite passerelle.

A la suite de cette découverte, les antiquaires suisses sont pris d’une véritable frénésie de recherches qui trouve un large écho dans la population. D’autant plus que la jeune Confédération Helvétique de 1848 s’identifiait au mythe des lacustres, peuple pacifique et travailleur. Les bords des lacs sont alors systématiquement prospectés et les sites fouillés. Une des premières plongées subaquatiques est réalisée le 22 août 1854 déjà dans la baie de Morges par A. Morlot, F. Troyon et F. Forel. Lors de cette première étape des recherches archéologiques, on se contente de récolter le matériel, sans souci de stratigraphie. D’autant plus que tout le phénomène lacustre est considéré comme homogène. Mais l’abondance et la conservation exceptionnelle des objets mis au jour suffisent à satisfaire les curiosités.

Rapidement, dès les années 1860, des naturalistes vont s’intéresser aux recherches lacustres et conférer à l’archéologie préhistorique naissante un statut scientifique qui lui faisait défaut. Ils ne se contentent pas d’étudier les outils et les moeurs des populations anciennes, mais prennent également en compte les ossements et les végétaux et, d’une manière plus générale, le milieu dans lequel évoluaient ces populations. Dès la seconde moitié du 19ème siècle, les modalités de la domestication et de la diffusion des espèces sont étudiées, la composition chimique des métaux est déterminée, l’archéologie expérimentale connaît ses premiers balbutiements. Des pratiques rigoureuses sont introduites, elles permettent des études technologique et typologique des objets exhumés et surtout une approche stratigraphique inspirée des méthodes géologiques. Les perspectives généralistes des sciences de la nature débouchent sur l’application du système des trois âges de Thomsen (âge de la pierre, âge du Bronze et âge du Fer) à l’ensemble de la Préhistoire (Thomsen 1848), alors qu’il était confiné aux régions nordiques où il avait été établi. Les stations lacustres sont intégrées par A. Morlot (1859) et E. Desor (1864) à ce cadre universel et deviennent des ensembles de référence pour la fin de la Préhistoire. Des chercheurs de l’Europe entière reconnaissent dans l’association entre sciences de la nature et antiquaires la naissance d’une nouvelle science à l’avenir prometteur : la science préhistorique. Parallèlement des stations lacustres sont découvertes dans les lacs et marais sur tout le pourtour des Alpes.

La première correction des eaux du Jura est conduite de 1869 à 1883 ; il s’agit des premiers travaux civils de grande envergure liés à des recherches archéologiques. La baisse du niveau des eaux de l’ordre de 3m exonde de nombreux sites palafittiques qui sont soumis à un pillage quasi systématique avant que les autorités ne réglementent la prospection lacustre. La loi sur la conservation des

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monuments et des objets d’art ayant un intérêt historique ou artistique est votée par le Grand Conseil vaudois en 1898 et le Code civil suisse rédigé en 1907 contient une mention sur les antiquités.

En 1919, l’archéologue neuchâtelois P. Vouga mène les premières fouilles stratigraphiques sur les sites palafittiques d’Auvernier. Il construit une chronotypologie solide en exploitant ce gisement (Vouga 1929). Puis E. Vogt (1934), à la suite de l’allemand H. Reinerth (1926), définit une série de cultures sériées dans le temps et l’espace, détruisant le modèle alors existant d’une évolution linéaire et progressiste de la culture matérielle, basée sur l’idée d’une civilisation palafittique unique. Dès les années 1920, H. Reinerth, qui fouille dans le Federsee, met à mal le modèle persistant du village lacustre sur plateforme. Les chercheurs considèrent qu’il s’agit de maisons individuelles sur planchers surélevés. Les discussions portent alors sur l’implantation des villages par rapport à la rive du lac. Les positions sont très tranchées puisque chacun défend un modèle extrême valable pour tous les sites : implantation en eau profonde, sur terre ferme ou en zone inondable. En 1942, O. Paret parle de mythe lacustre et nie même l’existence d’habitat à plancher surélevé ; pour lui, tous les villages sont construits sur terre ferme, à même le sol (Paret 1958).

La période de l’immédiat avant-guerre et de la guerre de 1939-45 voit la mise en chantier de fouilles sur des sites prestigieux (Pfyn, Arbon-Bleiche…) dans lesquelles sont enrôlés des chômeurs, puis des prisonniers. Au début des années 1950, E. Vogt fouille de manière minutieuse le site d’Egolzwil 3 et prouve qu’il s’agit d’un habitat à même le sol recouvert d’écorce (Vogt 1951). Parallèlement les chronologies s’affinent et les propositions de sériations chronologiques et culturelles se consolident.

Au milieu des années 1960 une série de fouilles d’envergure est entreprise en relation avec les grands travaux de la deuxième correction des eaux du Jura (Pont de Thielle) et les routes nationales (Auvernier, Hauterive-Champréveyres, Saint-Blaise…) dans la région des trois lacs (Gallay 1965, Jéquier et Strahm 1965, Egloff 1977, Billamboz 1982, Schwab 1999). Ces fouilles importantes se font alors que les sciences environnementales connaissent un nouvel essor, avec la sédimentologie, la palynologie et la carpologie, et surtout l’émergence de la dendrochronologie dès le début des années 1960. Cette dernière permet des datations à l’années près des restes de bois. Les plans précis des villages et de leurs phases de restauration et d’abandon sont publiés. Ils sont mis en relation avec l’étude des changements climatiques et des variations des niveaux du lac. L’intégration de ces résultats, ainsi que les études ethnoarchéologiques menées par A.-M. et P. Pétrequin (Pétrequin et Pétrequin 1984a) au Bénin apportent un nouvel éclairage sur la question de l’implantation des villages par rapport à la rive et de la surélévation ou non des planchers. Actuellement, toutes les solutions sont envisagées entre maisons surélevées implantées en milieu constamment humide et maisons sur terre ferme, avec toutes les situations intermédiaires, parfois présentes au sein du même village. Ces études environnementales permettent aussi d’appréhender les relations de l’homme avec son milieu : gestion de la forêt, rythme d’abandon et d’occupation des rives, densité des villages littoraux… Des études planimétriques au sein des villages autorisent pour la première fois une vision quasiment ethnologique des sites lacustres, grâce aux séquences stratigraphiques dilatées dont les niveaux bien individualisés sont précisément datés. Enfin, les datations ont permis d’établir les typochronologies fines, pour les périodes représentées en milieu lacustre.

Cette vision doit être quelque peu nuancée. En effet, les fouilles de grandes surfaces en milieu palafittique mettent au jour un matériel extrêmement riche et souvent très fragile, qui demande des techniques de conservation particulières. Les nouvelles questions exigent des fouilles de plus en plus fines et demandent le prélèvement de nombreux échantillons. La gestion d’un matériel aussi abondant est souvent difficile et les études de longue haleine n’ont malheureusement pas toujours pu être menées à terme. Elles ont laissé un nombre considérable de questions ouvertes. On relèvera, entre autres, les publications exemplaires des sites de Twann (BE) au début des années 1980 (Furger, Stöckli 1977-1981), de Zurich (ZH) dans les années 1990 (Gross et al. 1987, 1992, Suter et al. 1987, Bleuer 1993), de Chalain et Clairvaux (Jura, FR) ces vingt dernières années (Pétrequin P. 1986, 1989, 1997) et celles en cours de Arbon-Bleiche (TH) (De Capitani et al. 2002).

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Concise est la dernière fouille d’importance d’un site en milieu lacustre et ce sans doute pour des années. D’autres sites sont partiellement fouillés lors de sauvetage dans des conditions parfois difficiles, alors que dans la Combe d’Ain, les fouilles programmées depuis une trentaine d’années de P. Pétrequin et son équipe concernent des surfaces souvent restreintes dans une perspective environnementale et ethnoarchéologique très vaste qui propose des modèles d’interprétation stimulants.

2.2 Les stations de Concise

L’histoire des recherches sur les stations littorales de Concise est très emblématique des recherches palafittiques en général. C’est en juillet 1859 que le site a été découvert lors de travaux en vue de l’établissement du chemin de fer entre Yverdon et Neuchâtel. Une drague à vapeur avait été employée pour remblayer une partie de la baie de Concise et permettre au chemin de fer de passer au travers, sur une digue posée dans le lac. Ces remblais, dragués dans les couches archéologiques des villages lacustres situés dans la baie, contenaient quantité d’objets du Néolithique et de l’âge du Bronze qui ne tardèrent pas à attirer de nombreux amateurs. Les ouvriers recueillaient les objets qu’ils pensaient pouvoir vendre, et certains fabriquèrent même des faux pour accroître leur bénéfice. F. Troyon, conservateur des collections d’antiquité du canton de Vaud, s’est porté acquéreur de dizaines de milliers d’objets pour le compte de l’Etat de Vaud (Troyon 1859). Parmi ceux-ci, quantité de faux. En 1861 et 1862, il entreprend des fouilles dans la baie pour mettre fin aux rumeurs de falsification.

Celles-ci se font à l’aide d’une drague à bras montée sur radeau. Les couches archéologiques restantes sont situées dans l’espace et décrites comme « un monticule submergé de quatre cent soixante pieds de longueur, sur une largeur de deux cent cinquante pieds […] une puissance de quatre pieds ; formée de limon, de sable, de gravier et de pierres d’un diamètre de quelques pouces à un ou deux pieds, elle contient sur toute son épaisseur des restes d’industrie antique, en sorte que sa formation répond à la durée de la bourgade qui a existé sur ce point. » (Troyon 1861). Il émet des observations sur la sédimentation, l’érosion, la conservation des pieux et les essences dans lesquelles ils ont été taillés.

Les objets sont minutieusement décrits, ainsi que leur fonction et la provenance des matières premières. Les ossements d’animaux sont pris en considération et les espèces précisées. Il ne s’agit évidemment pas d’une fouille stratigraphique et les quelques considérations d’ordre chronologique portent sur l’absence d’objets en métal à certains emplacements, jugés antérieurs à d’autres lieux où le métal est présent. Le village est considéré comme étant construit sur une plate-forme commune surélevée. On a donc déjà une présence des sciences naturelles à un stade où il s’agit essentiellement de collecte d’objets. Il faut encore noter que l’achat de faux par F. Troyon donne lieu à une polémique entre savants qui est tranchée au tribunal, à cette occasion l’Etat de Vaud réglemente pour la première fois l’accès aux antiquités lacustres.

Des quantités d’objets de Concise, dont de nombreux faux, se trouvent actuellement dans les collections des musées de Lausanne, Yverdon, Neuchâtel, Bienne… et certains ont été exportés jusqu’aux Etats-Unis. Ils n’ont pas été réétudiés depuis le 19ème siècle et ont simplement été utilisés comme illustration au cas par cas.

Les fouilles des années 1860 ont eu lieu dans le site de Concise-sous-Colachoz, celui-là même dont provient le matériel que nous allons décrire par la suite. Il était connu à l’époque sous deux noms : Concise I et Concise II. Les autres stations lacustres situées sur la commune de Concise et sur celle de Corcelles toute proche ont également été repérées dès la seconde moitié du 19ème siècle, mais elles n’ont pas été fouillées et seuls quelques ramassages de surface par des amateurs d’antiquités ont eu lieu. Il s’agit des stations de Concise « Gare », « Le Point », « La Raisse » et « La Lance » et de Corcelles « La Baie ».

Jusqu’au projet Rail 2000, et aux fouilles qui ont suivi, Concise était donc connu comme un site de référence par des collections d’objets archéologiques, mais ne constituait guère plus qu’un point sur les cartes des périodes concernées.

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2.3 Le projet « Rail 2000 » et les fouilles de Concise

Nous ne ferons qu’une brève présentation du site, plus de détails sur le déroulement des fouilles ont déjà été publiés par ailleurs (Wolf et al. 1999, Maute-Wolf et al. 2002, Winiger 2003 et 2004). Le projet « Rail 2000 » de nouvelle voie ferrée entre Yverdon et Neuchâtel incluait une rectification de la voie dans la baie de Concise. L’archéologue cantonal D. Weidmann mandata P. Corboud du Département d’anthropologie et d’écologie de l’Université de Genève pour effectuer des sondages préalables, estimer la zone où les couches archéologiques étaient préservées et ainsi évaluer l’impact des travaux. Une centaine de sondages à la pelle mécanique sur la berge et des forages furent effectués entre 1989 et 1991 par Ch. Falquet, notamment sur la station « Sous- Colachoz » qui était la plus menacée (Corboud et al. 1989, 1994, Pugin et al. 1990, Castella et al. 1993) et complétés par des évaluations en plongée. Le tracé de la nouvelle voie le moins dommageable au site fut alors retenu, il ne concernait qu’environ le tiers nord de la zone archéologique.

Les fouilles proprement dites (Winiger 2003, Winiger 2004, Arnold et al. 2004, Wolf et al. 1999) eurent lieu entre novembre 1995 et février 2000, avec une interruption de quelques mois en 1998. Le mandataire durant la durée des travaux et jusqu’en 2001 fut C. Wolf, alors que la direction effective du chantier fut assurée par A. Winiger. La surface menacée, d’environ 4700 m2, fut fouillée en trois zones selon l’avancement des travaux de génie civil (fig. 2). L’objectif principal était de reconnaître l’intégralité des structures architecturales, pour ce faire toute la surface menacée a été minutieusement fouillée et documentée, les pieux étant même prélevés jusqu’à la pointe. Vu les délais impartis, le matériel a été prélevé en vrac par ¼ m2, couche et décapage, à part dans la zone 1, située très au nord des implantations, où il a été prélevé par m2, couche et décapage. Dans les zones 2 et 3, on a opté pour une fouille en damier, sans laisser de témoins, afin d’assurer en cours de fouille les meilleures corrélations stratigraphiques possibles. Tous les pieux ont été prélevés et situés en coordonnées fédérales. Il a été également fait appel aux sciences naturelles, sédimentologie, palynologie, carpologie, parasitologie et surtout dendrologie. Ainsi une bonne partie des bois couchés ont été prélevés et décrits, de plus un échantillon des bois couchés en chêne et l’ensemble des pieux ont été étudiés par J.-P. Hurni du Laboratoire Romand de Dendrochronologie. Cette étude quasiment exhaustive des bois a non seulement permis d’obtenir des plans spectaculaires des structures architecturales, mais surtout d’assurer la relation entre datations des pieux et des couches. Celles-ci ont été corrélées par A. Winiger et datées par les bois couchés qu’elles contenaient (Winiger 2003, Winiger 2004). Elle a ensuite attribué le matériel aux ensembles définis.

A la fin, on obtient une vision de l’occupation de la baie de Concise durant presque 3000 ans (fig. 3).

7949 pieux ont été exhumés, dont 4448 datés par dendrochronologie. Ce sont les restes d’environ 25 villages datés du Néolithique moyen, vers 4300 av. J.-C. en datation C14 calibrée, jusqu’à la fin du Bronze ancien, en 1570 av. J.-C. A part pour les premiers villages et ceux datés du Horgen, ces villages décalés ou superposés dans la baie de Concise ont livré un matériel abondant.

La séquence est particulièrement bien stratifiée et dilatée pour le Néolithique moyen (fig. 4), pour lequel 6 ensembles représentant une dizaine de phases d’abattage ont été identifiés (fig. 5 à 10). Les couches correspondantes sont riches en matériel : céramiques, silex, os, bois de cerf, pierres polies, matériaux de mouture, tissus, outils en bois, restes végétaux divers… reflètent largement la culture matérielle des habitants préhistoriques. La dilatation de la séquence et les datations dendrochronologiques assurent que les structures et les objets présents dans un niveau sont quasiment contemporains, déposés sur un laps de temps de l’ordre d’une génération. De même la sédimentation très rapide assure que le matériel est resté en place, là où il avait été rejeté. Ceci permet d’aborder les relations spatiales au sein d’un village dans une perspective ethnographique qui est très rarement accessible en archéologie. Nous pouvons ainsi suivre l’évolution des villages à la génération près et développer une approche palethnologique en s’affranchissant des problèmes temporels qui sont le lot commun des archéologues. La situation est donc idéale pour se poser des questions sur l’organisation des villages, les liens sociaux, le peuplement et appliquer des modèles ethnoarchéologiques (fig. 11).

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3. Constitution du corpus, traitement de la céramique et codes descriptifs

Le matériel a été prélevé par ¼ m2, couche et décapage. Les tessons sont comptés et pesés après lavage et marquage. On a procédé à des remontages exhaustifs. Les récipients sont attribués aux ensembles après les collages. Ceux-ci sont représentés spatialement et permettent de réduire l’ensemble des tessons qui composent une céramique à un point situé dans l’espace.

On obtient des séries importantes, aussi bien de tessons que de pots remontés, et bien datées par les couches auxquelles elles appartiennent. Elles montrent que la céramique peut être étudiée d’un point de vue palethnologique par village.

Une typologie a été élaborée pour décrire le corpus régional du Néolithique moyen et les séries de Concise, elle est présentée ici.

3.1. Constitution du corpus

3.1.1 Récolte et traitement préalable, bases de données de terrain

L’ensemble du matériel, à l’exception des pieux, des bois couchés et des artéfacts en matériaux périssables (tissus, cordes…), a été récolté en vrac par couche et décapage, au ¼ m2 pour les zones 2 et 3, au m2 pour la zone 1. Pour la zone 1 la numérotation est continue pour l’ensemble du site, pour les zones 2 et 3, elle est continue par m2 (Winiger 2003). Quelques secteurs ont été tamisés pour des niveaux particuliers ; comme on le verra, ceci n’a pas d’incidence particulière sur les plans de répartition des vestiges.

Avant lavage, les éventuels restes de caramel alimentaire sont prélevés. Leur numérotation est continue, une fiche indique le numéro d’objet du tesson correspondant au numéro d’échantillon nutritionnel.

Après lavage et consolidation, les tessons sont marqués du nom du site (de code coc), de l’année et d’un numéro d’objet. Pour la zone 1 le nom du site et l’année sont suivis d’un nombre qui se rapporte au m2, au décapage et à la couche de prélèvement. Pour les zones 2 et 3, le nom du site et l’année sont suivis du m2 et d’un nombre qui se rapporte au ¼ de m2 (a, b, c ou d), à la couche et au décapage du prélèvement. S’il y a lieu, le numéro d’échantillon nutritionnel précédé de EN est également marqué sur le tesson de provenance1.

Une première base de données2 permet donc simplement de mettre en relation ces numéros d’objets avec la couche de prélèvement par secteur, le décapage et le ¼ m2 ou le m2.

Une seconde étape a consisté à compter et peser en grammes les tessons par numéro d’objet. On a donc un comptage et pesage des tessons par ¼ m2, couche et décapage. Une base de données met en relation chaque numéro d’objet avec le nombre et le poids des tessons correspondant. On a arbitrairement attribué un poids de 2 grammes aux tessons de trop petite taille pour être marqués et qui ont été jetés avant lavage.

3.1.2 Bases de données par ensemble

Ariane Winiger a effectué la corrélation des couches pour l’ensemble du site (Winiger 2003). Comme chaque secteur a été fouillé individuellement, la numérotation des unités stratigraphiques était différente d’un secteur à l’autre. Le tableau de corrélation obtenu met en relation les numéros de couches attribués dans chaque secteur avec une numérotation des couches générale à l’ensemble du

1 Le lavage, le traitement et le marquage ont été effectués en parallèle de la fouille, sous la responsabilité de Serge Deduald, Andréas Schmauder, puis Boris Pajak.

2 Les structures et les mises à jour des bases de données ont été supervisées par Dean S. Quinn, puis par J.

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site. Parallèlement, pour chaque secteur, les projections des décapages sur les stratigraphies ont permis de corriger les erreurs de fouilles et d’attribuer le matériel de manière correcte aux couches.

Enfin, sur la base des rapports de synthèse du LRD, Ariane Winiger a défini des ensembles chronoculturels en se basant sur les positions stratigraphiques des bois couchés datés. Les couches ont ainsi été datées et les datations données aux objets (Winiger 2003).

On peut ainsi mettre en relation numéro d’objet et ensemble chronologique. On cumulera les poids et nombre de tessons par ensemble pour obtenir des répartitions spatiales des vestiges. Il en est de même pour les poids et nombre de torchis prélevés. Le tableau suivant présente le nombre et le poids en grammes des tessons et du torchis récoltés lors de la fouille (fig. 12). Le nombre et le poids sont comptés après marquage.

Les manipulations effectuées du prélèvement au marquage, en passant par le lavage et la consolidation, ont légèrement altéré ces mesures par rapport à ce qui existait sur le terrain : le poids devait être plus important et le nombre de tessons moindre.

3.1.3 Remontages

L’option retenue est celle des remontages exhaustifs, dans la mesure du possible et d’un temps raisonnable3. Nous ne nous sommes pas contentés d’obtenir des profils archéologiques complets, mais avons tenté de retrouver la totalité des collages et appariements présents. Ceci dans le but d’étudier la répartition spatiale des vestiges en définissant des unités d’habitation, des dépotoirs ou des ruelles, en complément des données dendrochronologiques et de l’étude des structures architecturales.

L’attribution du matériel à l’une de ces structures permet ensuite d’étudier la répartition du matériel par maison.

a. Base de données des remontages et des pots

Pour la numérotation des pots, seuls ont été pris en compte des éléments descriptibles en terme de classification typologique (voir chapitre 3.2 typologie). Les fragments de bord non orientables ou d’arc de cercle trop court pour estimer le diamètre ne sont en général pas numérotés, de même pour les fonds, les fragments de panse ou les éléments de préhension isolés quand on ne peut préciser la catégorie à laquelle appartient le récipient. Seul le nombre minimum de céramiques est donc accessible et il correspond à notre nombre de pots (plats à pain, cuillères, pesons…inclus).

Une base de données des remontages a été constituée, elle comprend tous les collages et appariements, ainsi que les pots ne comportant qu’un seul numéro d’objet. De plus on a indiqué la présence d’un échantillon nutritionnel prélevé sur un pot et son numéro. Seuls les échantillons nutritionnels attribuables à un pot sont enregistrés.

Les pots sont numérotés en continu sur l’ensemble du site de 1 à 1096 et 2001 pour le Néolithique moyen, à part 346, 387 et 409 qui appartiennent au Néolithique final et 34 qui est Bronze ancien (voir catalogue).

Les collages sont numérotés en continu pour l’ensemble du site et des périodes (de 1 à 1089 pour le Néolithique moyen).

A un numéro de remontage peut correspondre ou non un numéro de pot suivant que le remontage est décrit typologiquement ou non. De même un numéro de pot peut correspondre ou non à un numéro de remontage suivant que le pot est ou non constitué de plusieurs numéros d’objet.

3 Ces remontages ont eu lieu durant 3 ½ ans, à mi-temps, avec l’aide intermittente des membres de l’équipe d’élaboration et durant quelques semaines de deux stagiaires, Pauline Véjux et Delia Sieber, que nous tenons à

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Les remontages comprennent les collages effectifs, ainsi que les appariements, qui sont des regroupements de tessons appartenant certainement à un même pot, sans collage effectif. On a subdivisé les remontages en groupes de collages : un pot peut être constitué de plusieurs collages appariés. Ces groupes sont numérotés alphabétiquement de A à Z, avec le groupe A qui correspond au groupe le plus important. Dans chacun des groupes, un numéro entre 1 et 3 a été attribué à chaque tesson. Le tesson 1 correspond au plus grand tesson du groupe, les tessons 2 correspondent à tous les fragments qui collent avec 1, les tessons 3 correspondent à des éléments isolés, uniquement appariés.

Les tessons d’un même groupe de collage ayant le même numéro d’objet ne sont pas différenciés, ils n’apparaissent pas comme numéro de collage. Ceci permet de définir pour chaque collage un centre : le ou les tessons 1. De même chaque pot comportant des remontages aura un centre : le ou les tessons 1 du groupe A, ou le tesson A3, s’il n’y a pas de collages pour le groupe A. Ceci permet de se faire une idée des axes de collages préférentiels et de la dispersion de la céramique (fig. 13 et 14).

Chaque tesson d’un remontage est attribué à un ensemble ou à une structure. Pour attribuer les remontages, il faut tenir compte de l’ensemble des attributions des éléments qui le composent.

Lorsque tous les tessons appartiennent au même ensemble, le remontage est attribué à celui-ci.

Lorsque certains tessons appartiennent à des structures (trous de poteau ou auréoles de pieux), on ne tient compte que de l’attribution des tessons découverts dans des couches stratifiées.

Il peut arriver que certains des éléments proviennent d’horizons de réduction, des plages, comprenant le matériel de plusieurs ensembles. On retient alors pour l’attribution définitive les tessons du remontage qui appartiennent à des couches bien datées. Lorsque tous les tessons appartiennent aux couches de réduction, le tri est typologique (on sépare le Bronze ancien, le Néolithique final et le Néolithique moyen). Si un seul ensemble du paquet typologique est concerné par l’horizon de réduction, le remontage lui est attribué. Par contre, si plusieurs ensembles sont concernés, on ne peut pas trancher et le remontage garde l’attribution à plusieurs ensembles (par exemple E5,4). De même, lorsque tous les tessons proviennent de structures, l’attribution finale se fait par élimination typologique, puis en regardant quels ensembles de la période sont concernés. Ce tri n’est pas possible pour tous les collages, ce qui explique les collages attribués à l’ensemble du Néolithique (« Néo » de la figure 15).

Il existe quelques cas de collages entre tessons bien stratifiés d’ensembles différents, ces cas sont rares et ne concernent que des tessons périphériques par rapport à la partie principale du pot. On attribue alors le remontage aux tessons les plus grands (A1). Ces remontages peuvent provenir d’erreurs de fouille (structure non vue, erreurs de décapage, céramiques verticales découpées à la fouille…), ou de petits éléments flottés, lorsqu’on se trouve dans les couches de sable en principe stérile entre deux ensembles. Enfin quelques rares cas restent indécidables, souvent lorsque tous les tessons du collage se trouvent dans des structures.

On obtient pour le Néolithique moyen un total de 1089 pots répartis entre les ensembles comme sur le tableau (fig. 15). Ceux-ci sont présentés sur les planches 1 à 75 et dans le catalogue succinct extrait de la base de données.

b. Dessins des pots

Tous les pots orientables et dont on peut estimer le diamètre ont été dessinés, et seulement eux, à part de rares éléments de décor et quelques profils dont le diamètre est douteux. Les pots numérotés correspondent aux pots dessinés plus 26 exceptions où le pot est caractérisé typologiquement, mais trop fragmenté pour être dessiné4.

A la fin, la population effectivement étudiée par rapport à la population céramique observable variera selon le niveau de l’étude (fig. 16). Mais quelque soit le degré auquel on se place, la quantité de céramiques mise au jour assure une bonne représentativité de la céramique conservée et la possibilité de tenir un discours cohérent en fréquence, comme au niveau spatial. La qualité des attributions

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stratigraphiques ainsi que les remontages exhaustifs assurent que les céramiques sont bien attribuées à l’ensemble qui leur correspond. La perte d’informations due à la fouille et à la restriction du corpus aux éléments bien calés stratigraphiquement est donc faible. Pour la céramique en tout cas, les conditions préalables à notre proposition 2 nous semblent remplies avec une série importante tenant toutes les promesses découlant des conditions du gisement. En annexe à cette proposition 2, nous pouvons donc affirmer que l’étude de la céramique d’un point de vue ethnologique, avec des niveaux synchrones de l’ordre d’une génération est possible (fig. 17).

3.2 Typologie : principes et définitions

3.2.1 Principes

La typologie a été définie sur la céramique régionale des sites contemporains de Concise. Elle a deux objectifs principaux. Il s’agit d’une part d’obtenir une typologie culturelle efficiente pour distinguer les ensembles céramiques Cortaillod des ensembles NMB. D’autre part, elle doit conduire à une chronotypologie permettant d’appréhender l’évolution des formes dans chacune des deux cultures durant les quelques siècles d’occupation du Néolithique moyen II de Concise.

Les définitions des catégories et des familles sont celles que F. Schifferdecker a appliquées à la céramique Néolithique moyen d’Auvernier (Schifferdecker 1982, p.17-18). Comme elles sont fondées sur des critères de proportions (hauteur et diamètre à l’embouchure), elles sont extensibles à des céramiques de différentes traditions. Bien que les noms de ces catégories et familles aient une connotation fonctionnelle, ils ne présagent encore en rien d’une typologie fonctionnelle qui fera l’objet d’une étude ultérieure. Les proportions et mesures absolues des récipients sont les critères principaux d’une typologie fonctionnelle et les deux typologies se recouperont partiellement, mais il ne s’agit ici que d’opérer un classement permettant d’attribuer à chaque récipient une catégorie et une famille.

Celles-ci semblent faire sens (fig. 20), et les proportions sur lesquelles elles se fondent sont la plupart du temps repérables sans effectuer de mesure. Néanmoins, il existe toujours des éléments pour lesquels le classement est plus ambigu, il y a alors choix d’une famille ou l’autre.

Bien qu’intuitivement fonctionnelle, cette classification en famille peut également avoir une signification culturelle et chronologique, du fait d’une éventuelle restriction du spectre (les familles non représentées au niveau céramique ont pu être fabriquées dans des matériaux organiques par exemple, on connaît des exemples ethnologiques de ce phénomène, comme celui des Peuls du Mali (de Ceuninck 1994 et 1996)). Le spectre des familles peut également varier selon la fonction même du site ou la position à l’intérieur du village (grenier, site refuge, maison d’artisanat spécialisé, habitat permanent, halte de chasse…). Les comparaisons entre sites sur la base de la représentation des familles, que ce soit du point de vue chronologique, comme du point de vue culturel, demandent donc la plus grande prudence.

Chaque famille est séparée en types morpho-stylistiques qui sont communément utilisés et admis comme dépendant essentiellement de critères chrono-culturels. Ce sont donc surtout eux qui permettent de distinguer le Cortaillod du NMB et de suivre l’évolution chronologique des formes céramiques dans ces deux traditions. La chronotypologie du Cortaillod est déjà bien connue. En effet de nombreux sites lacustres ont été publiés pour cette culture (p. ex. Stoeckli 1981 a et b, Schifferdecker 1982, Hafner et Suter 1999 et 2000, Wey 2001). Ceux-ci ont fourni un abondant matériel bien stratifié et daté précisément par dendrochronologie. Nous ne prétendons pas révolutionner la chronotypologie du Cortaillod, mais plutôt tenter préciser celle du NMB récent, essentiellement représenté par des sites terrestres ou non datés. Surtout il nous faut pouvoir préciser comment la céramique de Concise s’intègre dans son cadre général.

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3.2.2 Définitions de la classification

La classification des catégories et familles se base essentiellement sur les dimensions absolues et les proportions des récipients ; pour le vocabulaire et les mesures, on se référera aux figures 18 et 19.

Les récipients qui ne sont pas complets et qui forment la majorité des pots reconstitués peuvent en général être attribués à une famille, en effet les proportions des céramiques sont le plus souvent estimables sur des fragments et le doute n’intervient que dans les cas limites entre deux catégories ou familles.

Etant donné la grande quantité d’éléments segmentés présents dans la région d’étude, nous n’avons pas différencié à ce stade les céramiques segmentées des non segmentées. Cette différentiation interviendra au niveau des types par famille.

Les types sont essentiellement définis par la morphologie de la partie supérieure des céramiques et par la présence ou l’absence de segmentation, ainsi que par la position de celle-ci.

Certains des types définis ici ne sont pas représentés à Concise, mais dans des sites contemporains.

a. Catégories, familles et types

Les catégories et familles sont définies sur la hauteur et le diamètre à l’embouchure. Comme on le voit sur le graphique (fig. 20) présentant tous les récipients de Concise pour lesquels la hauteur et le diamètre à l’embouchure sont connus, la partition est claire, à part pour les petites formes (bols, coupes et gobelets), qui sont plus regroupées. La césure la plus importante intervient entre les catégories 2 et 3 (marmite et gobelets/bols, jattes et grandes jattes).

Ces familles sont divisées en types sur des critères morphologiques de rapport de dimensions, de forme du bord ou de présence/absence de segmentation suivant les cas (fig. 21 et 22 à 29). Etant donné la faible proportion de récipients complets, nous n’avons pas tenu compte pour ces types de la forme du fond et, en général, la connaissance de la forme de l’embouchure jusqu’au diamètre maximal suffit à préciser le type. Celui-ci a une définition très courte, sur des critères en principe facilement reconnaissables, qui permettent une classification rapide. La définition est accompagnée d’un exemple tiré de la céramique de Concise (fig. 22 à 29), quand le type y est présent, les autres types ne sont pas illustrés.

Catégorie 1

Les récipients plus hauts que larges : le rapport de la hauteur (H) sur le diamètre à l’embouchure (DE) est plus grand ou égal à 1 (fig. 20).

Familles: Bouteille : la hauteur est supérieure à 14 cm, le rapport de la hauteur sur le diamètre à l’embouchure est supérieur à 2, c’est-à-dire que l’embouchure est étroite. La famille des bouteilles est séparée en 5 types définis dans les figures 21 et 22.

Jarre : la hauteur est supérieure à 14 cm, le rapport de la hauteur sur le diamètre à l’embouchure est inférieur à 2. La famille des jarres est séparées en 10 types définis dans les figures 21 et 23.

Catégorie 2

les récipients aussi hauts que larges : le rapport de la hauteur sur le diamètre à l’embouchure est compris entre 0.75 et 1 pour les marmites, est plus grand que 0.75 pour les gobelets qui comprennent tous les récipients élancés de petite taille (fig. 20).

Familles : Gobelet: la hauteur est inférieure à 14 cm, l’embouchure est inférieure à 12 cm, la hauteur et l’embouchure sont supérieures à 7 cm. La famille des gobelets est séparée en 9 types définis sur les figures 21 et 24.

Marmite : la hauteur ou l’embouchure est supérieure à 14 cm. La famille des marmites comprend 5 types définis par les figures 21 et 25.

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Catégorie 3

Les récipients moins hauts que larges : le rapport de la hauteur sur le diamètre à l’embouchure est compris entre 0.75 et 0.39 (fig. 20).

Familles : Bol : l’embouchure est comprise entre 7 et 14 cm.

Jatte : l’embouchure est comprise entre 14 et 18,5 cm.

Grande jatte : l’embouchure est supérieure à 18,5 cm.

Ces trois familles ne se différenciant que par la taille, les typologies suivent la même numérotation avec « b » pour bol, « jj » pour jatte et « Jj » pour grande jatte. On a défini 12 types pour cette catégorie, ils sont présentés sur les figures 21 et 26. En général, les bols sont très bien représentés dans les formes simples et n’apparaissent pratiquement pas dans les formes segmentées.

Catégorie 4

Les récipients bas et larges : le rapport de la hauteur sur le diamètre à l’embouchure est inférieur à 0.39 (fig. 20).

Familles : Coupe : l’embouchure est comprise entre 7 et 14 cm.

Ecuelle : l’embouchure est comprise entre 14 et 18,5 cm.

Assiette : l’embouchure est comprise entre 18,5 et 24,5 cm.

Plat : l’embouchure est supérieure à 24,5 cm.

Cette catégorie de récipients bas et larges se différencie en quatre familles uniquement sur des critères de taille absolue. Nous avons gardé la même numérotation des types d’une famille à l’autre en faisant précéder le type de « c » pour coupe, « é » pour écuelle, « a » pour assiette et « p » pour plat. On a ainsi 10 types définis sur les figures 21 et 27.

Catégorie 5

Les petits récipients : ni la hauteur, ni l’embouchure ne dépassent 7 cm (fig. 20).

Famille : Godet: 5 types de godets ont été définis, ils sont présentés sur les figures 21 et 28.

Autres

Les plats à pain et les cuillères (fig. 29).

Les plats à pain

Cette catégorie n’est pas subdivisée en types. Egalement appelés disques dans la littérature, ces éléments sont des disques minces, en général de diamètre important, avec un rebord plus ou moins marqué. Si le rebord existe il se trouve sur la face que nous désignons comme supérieure, la face inférieure peut ne pas être lissée et peut présenter des empreintes de natte.

Les cuillères

Cette catégorie correspond à des objets creux, de plan ovale, munis d’un manche (fig. 29). Elle recoupe les cuillères, louches, puisoirs habituellement différenciés selon leur taille.

b. Eléments morphologiques

Les types définis par la présence ou non de segmentation et la forme de l’encolure (fig. 21 à 29) sont affinés par des critères morphologiques descriptifs qui concernent des éléments particuliers de la céramique. Ils sont présentés ici et on se référera à la figure 18 pour la nomenclature des différentes parties.

(21)

Les lèvres

Arrondie : le bord se termine en arc de cercle en gardant la même épaisseur.

En biseau : le bord devient de plus en plus fin, si l’affinement ne se produit que d’un côté, on parle de biseau interne (cas le plus général) ou de biseau externe.

Rabattue : le surplus de pâte utilisé pour façonner la lèvre est encore visible et forme un petit boudin soit à l’intérieur, soit à l’extérieur du récipient.

Aplatie : le bord se termine par un replat.(fig. 30) Les bords et l’encolure

Cette classification est une combinaison de la forme du bord proprement dit (convexe, rectiligne ou concave) et de la morphologie de l’encolure par rapport à la paroi. Le bord est rentrant si l’indice du diamètre extérieur du col sur le diamètre à l’embouchure est supérieur à 1, vertical s’il est égal à 1 et évasé s’il est inférieur à 1(fig. 21).

Les bords sont parfois épaissis sous la lèvre.

Les fonds

Rond : le fond est rond et il n’y a pas de rupture de courbe entre fond et paroi.

Arrondi : le fond est rond, mais légèrement aplati par rapport à la paroi.

Aplati : le fond est plat, le raccord entre paroi et fond forme une rupture peu marquée. Il s’agit d’un fond au départ rond, aplati dans un deuxième temps.

Très aplati : le fond est plat, le raccord entre paroi et fond forme un angle marqué. Au moment du montage, le fond et le début de la panse sont montés simultanément en continuité.

Convexe : le fond est convexe et monté en même temps que le départ de la panse (fig. 30).

Les moyens de préhension et de suspension

Mamelons et languettes : les mamelons sont des protubérances subcôniques, alors que les languettes sont allongées avec une longueur au moins deux fois supérieure à la largeur. Les languettes peuvent être disposées verticalement ou horizontalement suivant l’orientation du plus long côté.

Mamelons et languettes peuvent être perforés, biforés, voire plus, soit horizontalement, soit verticalement.

Des anses sont également présentes, il s’agit d’un boudin d’argile plus ou moins aplati, on parle de anse en boudin ou en ruban suivant cet aplatissement, collé à la paroi en ses deux extrémités ; le décollement médian permet de glisser au moins un doigt entre la paroi et l’anse.

Enfin on peut ranger les cordons horizontaux dans les moyens de préhension, il s’agit d’un colombin rajouté après montage, formant une protubérance entourant horizontalement le récipient. Il peut être perforé ou décoré d’impressions.

Le nombre des moyens de préhension et de suspension, le fait qu’ils soient groupés ou non par paire, voire par trois, ainsi que leur position seront également pris en compte.

Les segmentations

Pour la définition des types, nous ne tiendrons compte que des segmentations d’ordre morphologique, c’est-à-dire qui sont consubstantielles au montage de la céramique. Il s’agit de l’épaulement, de la carène et de l’épaule marquée.

L’épaulement est un replat sur la paroi formé par un décalage entre les parties supérieure et inférieure, la partie supérieure étant plus étroite.

La carène est un angle obtus vif, l’épaule marquée un angle obtus mousse au niveau de l’épaule (fig.

30).

Nous tiendrons également compte de la position de la segmentation lors des descriptions.

Les cannelures ou sillons et les cordons horizontaux sont des décors ajoutés après le montage. Leur présence segmente visuellement la céramique en une partie inférieure et une supérieure. On observe parfois qu’un sillon ou une cannelure surligne un épaulement ou une carène.

(22)

Les décors

Quelques éléments de décor, au demeurant rares, seront décrits au coup par coup. Il s’agit de décors plastiques en relief, essentiellement des cordons (lisses, triangulaires, décorés de coups d’ongle ou d’impressions au doigt, éventuellement perforés…), de décors incisés (lignes, chevrons, triangles,…) ou impressionnés (à la baguette, à l’ongle, au doigt …), de quelques cannelures et sillons et de décors à l’écorce de bouleau collée sur la paroi, dont la présence n’est parfois attestée que par un reste de colle.

On trouvera en annexe la description des champs de la base de données descriptive ainsi que la liste des descripteurs (annexe).

(23)

4. Description générale de la céramique du Néolithique moyen de Concise

Il s’agit d’une présentation générale de toute la céramique attribuée au Néolithique moyen avec des considérations sur le montage et le lissage, la couleur externe, les dégraissants, les décors et les moyens de préhension, ainsi qu’une approche de la fonction des céramiques par l’ethnoarchéologie.

Cette dernière approche indique que les catégories typologiques définies par les proportions des récipients correspondent à des blocs fonctionnels.

Deux autres points sont à souligner : la présence d’un lissage externe vertical relevée surtout sur des formes segmentées et la variété des dégraissants qui se partagent entre dégraissants cristallins et calcaires.

4.1 Conservation de la céramique et traces de réparation

D’une manière générale, la céramique est bien conservée, puisque sur l’ensemble du site, plus de 70 % des pots numérotés ont conservé la majeure partie de leur surface originelle (valeur 1 et 2 du champ

« conservation ») (fig. 31). Cette constatation se nuance quelque peu entre les ensembles. En effet, dans les ensembles 2 et 6, le pourcentage de pots très bien conservés dépasse celui de l’ensemble du site. La conservation des ensembles E1, E3 et E4 est moins bonne, puisque ce pourcentage se situe entre 58 % et 65 %, enfin elle est médiocre pour l’ensemble E5 où ce pourcentage tombe à 35 %. Cette conservation différentielle explique en grande partie le petit nombre de pots reconnus pour l’ensemble E5 par rapport à la surface fouillée, une partie importante de la céramique a été érodée et a disparu ou est trop endommagée pour permettre des collages et reconnaître des formes. C’est moins le cas pour le village de l’ensemble E1, qui n’est certes pas le mieux conservé, surtout parce qu’il est situé dans sa majeure partie hors de la zone fouillée. Le matériel est normalement moins abondant et plus fragmenté que dans le cœur du village.

Seuls quatre récipients, un dans l’ensemble E2 (629), deux dans l’ensemble E3 (704 et 906) et un dans l’ensemble E4 (377), portent des traces manifestes d’une exposition à une forte chaleur.

Enfin, 12 récipients montrent des signes d’une réparation. Trois jarres possèdent des perforations destinées à recevoir une ligature (148, 533, 1008). Deux assiettes (441, 665), un bol (310), une bouteille (436), une grande jatte (507), deux jarres (180, 373), une marmite (164) et trois plats (542, 701, 994) gardent encore des traces de colle à l’emplacement de cassures anciennes, que se soit juste sur le bord ou sur toute la panse avec un véritable remontage de plusieurs tessons. Sur ces onze récipients, sept ont un dégraissant coquillier ce qui est significativement plus important que la moyenne.

4.2 Montage

Le montage des récipients n’a pas fait l’objet d’une étude spécifique. On peut néanmoins affirmer au vu de l’orientation des cassures et des irrégularités dans l’épaisseur de la pâte que le montage de la panse est fait au colombin, à part pour certains godets qui ont simplement été montés d’un bloc en relevant les parois dans la paume de la main. La partie inférieure, fond et bas de la paroi, a été fabriquée en premier, puis des colombins sont adjoints pour monter la panse. Pour certains fonds un léger surplomb à la rupture fond/panse indique que le fond a pu être moulé sur forme concave (Huysecom 1994, Huysecom, de Ceuninck 1996), il s’agit des jarres 134, 150, 266, 293, 369, 647, 751, 752, 925, 1033, 1068, de l’assiette 665, de la bouteille 863 et du bol 954.

Quelques épaulements ou carènes sont épaissies par un colombin rajouté à l’extérieur, sans doute pour renforcer la pièce au niveau de la segmentation (162, 173, 179, 216 et 338).

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