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Propriétaires genevois et architectes français au XVIIIe siècle

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Propriétaires genevois et architectes français au XVIIIe siècle

EL-WAKIL, Leïla

EL-WAKIL, Leïla. Propriétaires genevois et architectes français au XVIIIe siècle. In: Architectes et commanditaires: cas particuliers du XVIe au XXe s.. Paris : L'Harmattan, 2006. p.

48-64

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:24216

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PROPRIETAIRES GENEVOIS ET ARCHITECTES FRANÇAIS AU XVIIIe SIECLE Architectes et commanditaires : cas particuliers du XVIe au XXe s.

Paris, Pavillon Suisse Cité Universitaire 15 mai 2005

Leïla el-Wakil

Dans l’éventail des commandes qu’un architecte est susceptible de recevoir, la demeure privée occupe une place particulière : elle tisse en effet des liens étroits entre maître d’œuvre et maître d’ouvrage. A cette occasion et à toutes époques l’architecte est amené à s’immiscer dans l’intimité de son client, lequel a souvent des idées très précises sur le mode de vie qu’il entend mener dans sa nouvelle résidence.

A l’occasion de cette journée de réflexion sur les relations entretenues entre propriétaires et architectes, j’ai choisi de revenir sur un point d’historiographie propre à Genève, qui a fait l’objet de plusieurs études récentes1, à savoir le recours des patriciens genevois à des architectes français dans le courant du XVIIIe siècle. Les historiens du goût tout comme les historiens de l’art et de l’architecture se sont appliqués à montrer combien les penchants des Genevois pour la mode et les usages parisiens incluaient l’architecture.

Dès la fin du XVIIe siècle en effet le patriciat genevois entretint d’étroites relations d’affaires avec Paris et Lyon : en 1696 une délégation de magistrats genevois fut pour la première fois invitée à Versailles, auprès de Louis XIV. Eblouis par l’emphase et le luxe liés au protocole de cour français, ils ramenèrent un peu de cet art de vivre dans la Rome

1 Voir les études de Christine AMSLER et Anastazja WINIGER-LABUDA notamment

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protestante, cité, quoi qu’on en dise2, bridée dans ses idées de grandeur par les ordonnances somptuaires. Membre de cette première délégation le négociant et banquier, Léonard Buisson, fit le premier construire une demeure en hôtel particulier sur un « plan venu de Paris », peut-être de l’agence-même de Jules-Hardouin Mansart. A propos de cette somptueuse demeure on répéta à l’envi dans l’historiographie locale que « le luxe » était « entré à Genève par la porte cochère de la maison Buisson »3.

Le recours des patriciens genevois au « plan venue de Paris », à tout le moins de France, se répéta durant le XVIIIe siècle et nombreuses furent les consultations d’architectes étrangers, couronnées ou non de succès4. J’ai choisi de présenter ici quelques cas exemplatifs du processus de commande, processus qui souvent mobilise, au-delà de l’architecte et du commanditaire, un certain nombre d’intermédiaires chargés de conseiller et de représenter les intérêts du premier, et de mener à bien le projet du second. Les intentions de l’un et de l’autre, l’enjeu des négociations autour de la gestation des ouvrages sont parfois connus grâce à des archives privées relatant, sous forme de correspondances ou de journaux intimes, les va-et-vient des avant-projets. Ceci permet de mieux mesurer la complexité des interactions entre les commanditaires genevois et leur architecte étranger, de palper la fascination des provinciaux pour l’art

2 Voir à propos de l’influence controversée des ordonnances somptuaires les travaux de Danielle BUYSSENS et de Corinne WALKER-WEIBEL

3 cf. Jean-Jacques RIGAUD, Renseignements sur les beaux-arts à Genève, Genève, 1876. Sur l’histoire de cette demeure voir en particulier Livio FORNARA et Barabra ROTH-LOCHNER, « Note sur l’hôtel Buisson », ds. Genava, n. s., t. 30 (1982), pp. 99-116 et André CORBOZ, « Une œuvre méconnue de l’agence Mansart à Genève : l’hôtel Buisson (1699) », ds. Genava, n.s., t. 32 (1984), pp. 89-111

4 La consultation d’experts étrangers la plus fameuse fut sans doute celle occasionnée par le projet de reconstruction de la façade de l’ancienne cathédrale Saint-Pierre, à laquelle furent conviés Jacques-

Germain Soufflot et Benedetto Alfieri. Voir à ce propos Le portique de la cathédrale Saint-Pierre, Un grand chantier à Genève au XVIIIe siècle par Danielle BUYSSENS, Leïla EL-WAKIL, Anastazja WINIGER- LABUDA, Livio FORNARA, Genève, 2003

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métropolitain, mais de saisir aussi le possible fossé des cultures et la mutuelle incompréhension.

Le Creux-de-Genthod (c.1720-1730)

La genèse du domaine du Creux-de-Genthod près de Genève est l’occasion de la rencontre entre un jeune commanditaire genevois fortuné, le pasteur Ami Lullin, et un architecte français encore insuffisamment connu, Jean-François Blondel, quand bien même il fut l’oncle du célèbre Jacques-François Blondel. Originaire de Rouen, Jean-François Blondel5 (1683-1756) est une figure d’artiste complet, à la fois architecte, graveur et professeur. Sa carrière d’architecte demeure toutefois difficile à cerner avant 1718, date de ses premières réalisations, notamment sa collaboration aux travaux menés sur l’hôtel de Lamoignon à Paris6.

Appelé à rénover des églises parisiennes, comme St-Jean-en-Grève pour laquelle il dessine le maître-autel et rafraîchit le chœur (dès 1719) et St-Merri où il agrandit le presbytère (1731), il réalise au milieu des années 1720’ une demeure privée, la maison de plaisance au Grand Charonne (1724)7, très comparable en distribution et en élévation à celle du Creux- de-Genthod. Par la suite on sait qu’il recevra commande de quelques

5 Jean-François Blondel (1683-1756) et son neveu Jacques-François Blondel (1705-1774) n’ont pas de lien de parenté avec Nicolas-François Blondel (1628-1686). Pour éviter la confusion entre les trois Blondel, souvent nommés simplement et indistinctement François Blondel, je m’en tiendrai pour la présente contribution à la dénomination de Jean-François Blondel.

6 Cf. Martine PERROCHON, Une demeure patricienne du XVIIIe siècle à Genève : la maison Mallet, octobre 2002, mémoire de licence dactyl. Concernant l’hôtel Lamoignon, Martine Perrochon s’appuie sur Alexandre GADY, Le Marais, guide historique et architectural, Paris, 1994, pp. 166-167

7 Cf. Jean MARIETTE, L’Architecture françoise ou recueil des plans, élévations, coupes et profils des églises, palais, hôtels & maison de campagne ou de plaisance des environs &de plusieurs autres endroits de France, Paris, 1727-1738, tome I, pl. 149-151

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maisons d’habitations à Paris8, puis de l’agrandissement de l’hôtel du ministre de la marine Antoine-Louis Rouillé (1732).

Sa carrière prend un tournant avec les importantes commandes qui lui sont confiées hors de Paris : il construit des bâtiments pour l’abbaye de Cluny (1729-1746), le palais des Consuls de Rouen (1734-1739), la manufacture de tabacs de Morlaix (1736-1740), et, en fin de carrière, l’hôtel des Gardes du corps de sa Majesté à Versailles (1751-1754).

Parallèlement à cette activité pratique Blondel poursuit une carrière académique : il est nommé professeur de deuxième classe à l’Académie Royale d’architecture (1722), puis de première classe en remplacement de Robert de Cotte, à la mort de ce dernier (1749)9.

C’est donc en début de carrière que Jean-François Blondel fournit des plans pour au moins quatre maisons de ville et de campagne genevoises, lesquels plans seront publiés dans les volumes de L’Architecture française de Jean Mariette (1728-1733). Le jeune et fortuné pasteur Ami Lullin, dont le père, Jean-Antoine Lullin-Camp, venait de faire construire en bordure de la ville de Genève un imposant hôtel particulier, généralement attribué à Joseph Abeille, serait entré en relation avec lui à Paris dès 1719 et lui aurait demandé des plans pour la maison qu’il souhaitait faire édifier sur sa propriété de Genthod, au bord du lac, près de Genève10. Blondel

8 Immeuble Guillier d’Hauteville (1730), 30, rue de Condé, immeuble paroissial, 2, rue de la Verrerie, pour le compte du presbytère St-Jean en Grève (1728-1732), immeuble Didier Moreau, 45, rue Vieille-du- Temple (1731)

9 Martine PERROCHON, Une demeure patricienne du XVIIIe siècle à Genève : la maison Mallet, juin 2003, mémoire de licence dactyl.

10 Christine AMSLER, Maisons de campagne genevoises du XVIIIe siècle, Genève, 2001, tome I, Corinne WALKER et Anastazja WINIGER-LABUDA, « Saussure et l’architecture : entre goût et nécessité », ds.

H.-B. De Saussure (1740-1799). Un regard sur la terre, pp. 453-470, notam. pp. 462-469, ainsi que « De

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parallèlement (avant 1722) dressera les plans du très bel hôtel Mallet, placé à côté de l’ancienne cathédrale Saint-Pierre11.

Grâce à un dossier d’archives de famille, conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève12, l’histoire du chantier d’Ami Lullin est mieux documentée que celle de la plupart des résidences genevoises construites à cette époque. Les documents permettent de déterminer clairement les rôles respectifs de l’architecte étranger et des maîtres locaux. En hiver 1719-1720 un maître-maçon, Joseph Peschaubeis dit La Jeunesse, et un ingénieur local du nom de Gabriel Bernard vont « prendre le niveau des collines »13, c’est-à-dire faire le relevé du terrain. Maître- maçon ou entrepreneur de la plupart des chantiers genevois du début du XVIIIe siècle, Peschaubeis aurait sans doute suivi la construction du Creux- de-Genthod si la mort n’en avait décidé autrement. Tout au long du chantier c’est Bernard qui tiendra lieu d’intermédiaire entre les corps de métiers et le maître de l’ouvrage et c’est lui qui sera chargé de la réception des travaux.

Ami Lullin n’a pas vingt-cinq ans au moment où s’engagent les premiers pourparlers avec Blondel par le biais d’un intermédiaire genevois du nom de Buisson résidant à Thiais. En mai 1720, au profit d’un voyage à Paris, puis à Londres, il se rend chez ce dernier « où il a approuvé le plan que Mr Blondel a dressé de notre campagne [… lequel] Mr Blondel m’a

l’antichambre à l’arrière-cabinet : l’influence parisienne dans la distribution des hôtels particuliers à Genève au début du XVIIIe siècle » ds. Genève-Lyon-Paris, ss. la dir. de Leïla EL-WAKIL, et Pierre VAISSE, Genève, 2004, pp.

11 Martine PERROCHON, Op. cit., Anastazja WINIGER-LABUDA, « La Maison Mallet », ds.

Comprendre la Réforme, sous la dir. d’Olivier FATIO (à paraître 2005)

12 BPU, Ms. Ami Lullin

13 Id. selon Christine AMSLER, Op. cit., t. I, p. 316

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promis de copier son plan et d’en tirer la perspective. »14 On lit donc entre les lignes que le dénommé Buisson est chargé de superviser le projet de Blondel pour le compte de Lullin. On apprend aussi que l’architecte va dupliquer son plan, première pièce du projet, et dessiner plutôt qu’une perspective, comme l’évoque Lullin, sans doute une élévation.

L’affaire semble avoir stagné pour un temps. Quelques deux ans et demi plus tard Blondel se rendra à Genève, où, après avoir pris connaissance du site (Fig. 1), il dressera de nouveaux plans pour le Creux- de-Genthod. A l’occasion de ce voyage il fera bénéficier de ses lumières d’autres propriétaires genevois, dont Gédéon Mallet. Le bâtiment sera mis en œuvre au printemps 1724, parachevé en 1730 seulement ; sa construction aura été menée par toute une équipe de maîtres d’état : le Neuchâtelois Jacques Favre (1677-1754), le Morgien Jean-David Billon (1671-1744) et le Montpélliérain Antoine Gibot (v. 1685-1763). A cette occasion le très jeune Jean Michel Billon (1705-1778), fils de maître-maçon et figure significative à venir de la scène architecturale locale, copiera des plans pour le compte de Lullin.

Si Ami Lullin semble avoir entretenu d’excellentes relations avec Jean-François Blondel qu’il gratifie de versements réguliers « pour soins et peines et pour divers plans qu’il m’a faits pour mon bâtiment de Genthod » (12 Louis d’or, puis 300 Livres de France, puis un ultime versement de 600 Livres de France), on peut se demander comment Blondel vécut leur relation de son côté. Le projet publié dans Mariette diffère en effet de celui réalisé : le ravissant pavillon classique avec toit plat caché derrière une

14 Id. selon Christine AMSLER, Op. cit., t. I, p. 318

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balustrade se retrouva pourvu d’une toiture (Fig. 2 et Fig. 3). Récurrent à travers les âges, le rêve méditerranéen du toit-terrasse cher aux architectes actifs à Genève devait souvent être contrecarré à la réalisation ou rectifié ensuite, pour éviter que les bâtiments ne se transforment en véritables carpières !15

Sachant d’expérience qu’il advenait souvent que le dessin de l’architecte ne fût pas suivi à la lettre par des propriétaires désireux d’y apportent leurs modifications, Blondel mit en garde Ami Lullin de faire exécuter les aménagements intérieurs, lambrissages du salon et de la galerie « exactement […] ou point du tout, parce que si l’on dérange quelque chose, vous en ôterez toute la beauté. » 16

Cette petite phrase au détour d’une lettre dit bien le point de vue de l’architecte et l’importance qu’il attache à son dess(e)in. A lui seul revient le mérite d’un arrangement qui conduit à la beauté. Déranger ce dess(e)in ne peut que nuire à l’esthétique. A travers ces mots Blondel revendique le statut d’homme de l’art avec lequel ne peut rivaliser l’amateur, même éclairé.

Le domaine de Frontenex-Dessus (1734-1736)

Impliquée dans le commerce de luxe des miroirs Saint-Gobain la famille Saladin fait sur plusieurs générations appel aux architectes parisiens pour lui dessiner des demeures ; l’histoire des propriétés Saladin est un sujet de choix de l'histoire de l'architecture genevoise et vaudoise au XVIIIe

15cf. Leïla EL-WAKIL et Barbara ROTH-LOCHNER, « Le diplomate et les entrepreneurs ou comment Pictet-de-Rochemont fit construire sa maison de Lancy (1816-1824) », ds. Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Genève, tome XVII, fasc. 2, Genève, 1982, pp. 207-236

16 Id. selon Christine AMSLER, Op. cit., t. I, p. 323

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siècle. Parmi ces propriétés figurent le domaine d’Onex, celui de Vincy (VD), le château de Crans (VD), celui du Grand Malagny, l'éphémère domaine romantique de Pregny et le domaine de Frontenex.

Le cas de Frontenex est tout autre que celui de Genthod, puisqu’il s’agit de transformer une première demeure, acquise lors de la

constitution du domaine par les frères Antoine et Jaques Saladin au XVIIe siècle17. Au début du XVIIIe siècle des aménagements paysagers sont attestés : en 1711 déjà, il est fait mention dans un contrat de vignolage d'un grand jardin à la française comportant des « allées à tenir nettes »,

« des haies et des buis taillés et coupés »18.

En 1715 Joseph Abeille (1673-1756) est approché pour un projet de transformation de la maison. Architecte fameux d’origine française19, à qui le palais de Jean-Antoine Lullin-Camp (1707-1712) et la maison Cramer à la Tertasse sont attribués20, il est consulté par les autorités genevoises pour la construction de l’Hôpital Général et récompensé de 15 louis d’or en 1710.

Ses compétences dans le domaine du génie civil lui valent d’être chargé de la construction de la machine hydraulique de Genève. Par la suite, le

puissant officier bernois Hieronymus von Erlach, lui confie la réalisation d’une première résidence de campagne, celle de Thunstetten (1713-1715), entourée d’un parc français, inspiré des préceptes de Le Nôtre, puis d’une seconde demeure en 1721, la résidence de Hindelbank, encore plus

17 Cf. Christine AMSLER, Op. cit., t. 2, pp. 70-81 et Leïla EL-WAKIL, Frontenex-dessus. Rapport historique, dactyl. pour la Confédération, Genève, 1997

18 AMSLER, Op. cit., p. 72

19Leïla EL-WAKIL, “Aspects of Genevois Architecture from the Reformation to the Nineteenth Century.

The part played by foreigners between repression and status”, ds. 1000 Years of Swiss art, New York, 1992, pp. 220-241

20 Corinne WALKER et Anastazja WINIGER-LABUDA, „Saussure et l’architecture: entre goût et nécessité », ds. H.-B. De Saussure (1740-1799). Un regard sur la terre, Genève, 2001, pp. 453-470

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somptueuse. Abeille reçoit à Berne des commandes publiques, notamment la réalisation de l’Hôpital de l’Ile en 1715. Dès 1720 Abeille sera appelé en France pour s’occuper de la reconstruction de la ville de Rennes.

Approché par les intermédiaires des frères Saladin, le grand Joseph Abeille se rendit donc à Frontenex dans le but de dresser un projet, ce que relate ainsi Isaac de Cambiague, proche des Saladin :

« Suivant vos patentes de plein pouvoir, nous nous sommes encore transportés à Frontenay (Mrs Trembley et Daussin étant de la partie).

Nous avons pris le plan général du sol sur lequel Mr. Abeille va

exercer sa science pour imiter en petit le Tusculum de Pline le Jeune;

vous savez que c’était une maison de campagne des plus agréables.

La vôtre ne le sera pas moins et coûtera peu, comme je l’espère. »21 Abeille n’avait pas pour usage de faire dans la demi-mesure, comme l’antécédent grandiose de Thunstetten le montre. A partir du levé de la propriété genevoise, établi par les amis de la famille, MM. de Cambiague et Du Quesne, il traça un projet, desquels il était coutumier et qui n’eut pas l’heur de plaire.

Le récit épistolaire fait à Jean-Daniel Saladin narre les événements.

Dans une première lettre du mois de mai 1715 Du Quesne relate ce qui suit:

« Quant aux plans pour Frontenex qu’on vous a envoyés, je ne puis m’empêcher de les regarder comme un jeu, comme l’effet d’un désir de vous marquer du zèle et d’un si grand entêtemt pour bâtir, qu’on y veut per fas et nefas porter les autres, quand on ne le veut faire soi-

21 Archives du bureau Ernest Martin, Quelques notes sur l’origine de Frontenex-Saladin lues par

Marguerite Van Berchem lors d’une réunion de la Société genevoise de droit et de législation à Frontenex le 17 juin 1965. Lettre adressée à Jean-Daniel Saladin et à son frère Jacques André alors à Paris, datée Genève, le 25 mars 1715.

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même. Ces beaux plans détruisent votre allée de charmes toute venue et transportent ailleurs votre plantage de marronniers tous bien repris et qui font le plus bel effet du monde. Ô que votre maison, telle qu’elle est, suffit pour un véritable philosophe et pour une habitation commode et agréable! Laissons le soin de la détruire, et d’en élever une autre à nos successeurs, s’ils courent après

l’emphase et la fumée. »22

Sans doute le projet échafaudé par Abeille eut-il, aux yeux des

Saladin, le tort de ne pas tenir suffisamment compte de ce qui existait déjà.

Ce que l’on sait du grand architecte porte à croire qu’il ne put se satisfaire d’apporter des amendements mineurs à la propriété de Frontenex.

Probablement somptueux, pour ne pas dire somptuaire, son projet venait bouleverser les dispositions déjà mises en place, ce à quoi Saladin n’était pas préparé. Le coût fut par ailleurs vraisemblablement jugé prohibitif et l’affaire en resta là.

Si les projets de reconstruction de la maison ne furent pas suivis, divers travaux furent exécutés dans le jardin, notamment un talus pour soutenir la terrasse. Là aussi le souci d’économie l’emporta et l’on renonça à édifier un mur de soutènement, bien trop onéreux:

« Nous sommes revenus de la pensée de border et soutenir votre terrasse de Frontenex par une muraille. Le devis qu’on en a fait portait à une grande dépense. Il n’allait pas à moins de 80 seilles (?) de chaux, et une quantité de pierres si considérables que Mr Baraban demandoit un très longtemps pour les fournir. Au lieu donc d’une

22 AEG, Archives privées, Saladin, Lettre de M. De Cambiague à Jacques André Saladin, Genève, le 10 juillet 1715

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muraille si chère et si difficile, votre terrasse sera bordée d’un talus gazonné, à la tête duquel on posera une barrière peinte, comme celle de notre Treille. L’effet en sera solide et agréable ... »23

La refonte de l’ancien bâtiment fut ajournée; elle eut lieu vingt ans plus tard, entre 1734 et 1736, comme nous l’apprennent quelques lettres de la main même de Jean-Michel Billon, conservées dans les archives

Saladin. Jean-Daniel Saladin s’était entre temps marié; il avait épousé Marie Grenus en 1721.

Dans un premier temps l’architecte genevois Billon se rendit à Paris pour présenter aux frères Saladin un projet de transformation de la maison qui ne fut pas adopté. Ce projet était plus important que celui qui fut

finalement exécuté. Billon y fera allusion en ces termes une fois son travail achevé:

« S’il y a quelques critiques à y [aux ouvrages réalisés] faire, je ne les mérite certainement pas toutes & je dis pour ma justification en donnant pour preuve de ce que j’avance que les plans que j’ai eu l’honneur de vous présenter à Paris ou je taillais en pleins draps n’auraient coûté que mille écus de plus & ne m’auraient pas tant donné de peine dans l’exécution que ceux que l’on a construits […]. »24

La lecture de la correspondance, les échanges de croquis entre Billon et les intermédiaires des Saladin nous procurent une idée des travaux entrepris (Fig. 4 et Fig. 5). Aux Saladin qui souhaitent faire exécuter

23 AEG, Archives privées, Saladin, Lettre de De Cambiague à Saladin, Genève, le 12 avril 1715

24 AEG, Archives privées, Saladin, Tir 271/2, J Michel Billon, Genève ce 16 avril 1736

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certains aménagements à la façon parisienne, Billon répond en faisant valoir les usages provinciaux.

Ainsi défend-il le principe des cheminées à chambranle de gyps contrairement à celles à chambranles de marbre ou de bois, fréquentes à Paris, qui ne recueillent pas son adhésion:

« Je ne sais pas Monsieur si vous êtes au fait de la manière que l’on fait ici les façons des cheminées. Je vais vous en informer. On les fait en gis soit en plâtre qui reste d’un très beau blanc et cela

s’accompagne fort bien avec les plafonds qui sont faits aussi avec du même plâtre. Cela sied fort bien aussi avec les boisages. Nous

appelons communément ce plâtre gréé & le plus fin du gis, c’est pourquoi les ouvriers se nomme gipiés. Ils exécutent bien les dessins qu’on leur donne, quand même ils sont bien décorés. Je n’entends pas la ressemblance des figures humaines toute entières, quand même ils en font quelquefois. A ces ouvrages il faut les proportions justes et beaucoup de légèreté. Vous comptez peut-être, Monsieur, que l’on doit faire les cheminées de menuiserie; elles coûtent la moitié plus & ne sont pas si gaies. »25

L’aménagement de la salle à manger suscite bien des discussions (Fig. 6. Fig. 7). On en apprend beaucoup sur les usages genevois, fort

différents de ceux de Paris, puisqu’à Genève la maîtresse de maison vaque elle-même aux occupations domestiques:

« A l’égard de la salle à manger, […] il ne faut pas en appréhender les plus petites apparences; le service de la table ne se fait pas ici tout à

25 AEG, Archives privées, Saladin, 29 avril 1734

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fait comme vous le désignez. Et les buffets ne sont pas tant saillants.

Ils ne sont faits que pour resserrer les ornements de la table,

certaines vaisselles d’argent, porcelaines, verres, etc. Ce que je dis ici n’est pas pour m’opposer à faire tout ce que l’on propose. Mais l’usage dans ce pays est de faire les offices au goût des dames & le plus à leur portée qu’il est possible. Elles ordonnent presque toujours leur cuisine & salle à manger à la différence des dames de Paris qui ne s’embarrassent presque point; je dis ceci sans vouloir manquer de respect pour elles. Chaque pays ses usages. »26

La salle à manger actuelle comporte toujours les belles boiseries à panneaux du XVIIIe siècle. Sans doute le panneautage a-t-il donnée lieu à divers ajustements, si l’on en juge par une petite phrase de Billon: « ... je trouve le boisage de cette salle à manger, comme les plus simples qu’il y ait dans ce pays; j’avoue que le goût ne consiste pas toujours dans la quantité des panneaux, pilastres, ni confusion de moulures. »27

La correspondance de Billon en dit long sur l’état de la main d’oeuvre à Genève : difficile d’y trouver des artisans capables d’exécuter des travaux de sculpture ou dorure ! L’architecte déplore de ce fait que l’on ne puisse envoyer de Paris les miroirs et les cadres tout faits:

« j’aurais souhaité Monsieur que l’on eût envoyé de Paris les cadres

& les glaces, supposé qu’ils ne fussent pas assemblés pour la facilité de l’emballage. Cela ne fait rien. Qui plus est on dore mieux à Paris qu’à Genève. Il est vrai que pour le peu de sculpture qu’il y a à faire, nous serons obligé de faire venir un sculpteur de Suisse et, si on peut

26 AEG, Archives privées, Saladin, 23 mai 1734

27 AEG, Archives privées, Saladin, 29 avril 1734

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en avoir un, je lui ferai faire le surplus aussi bien que des bossages des faces extérieures du bâtimt »28

Il déplore pareillement la difficulté de faire exécuter des éléments de décor que l’on trouve tout faits à Paris:

« On ne trouve pas ici des lambris, des trumeaux de glace, des parquets, des portes & des croisées, ni des chambranles de

cheminées & tables de marbre tout faits comme à Paris. Ainsi il faut du temps, beaucoup d’argent & de peine pour l’exécution du

tout. »29

A la fois à l’écoute des maîtres de l’ouvrage, mais conscient des usages provinciaux et des compétences des maîtres d’état locaux, Jean-Michel Billon réussira à mener à bien la transformation de la demeure de Frontenex-Dessus en conciliant les désirs de grandeur tout parisiens des premiers et en se conformant au savoir-vivre et au savoir-faire genevois.

Le château de Crans (1763-1766)

Le dernier exemple que j’étudierai dans le cadre de cette approche des relations entre architecte et commanditaire sera celui du château de Crans, en terre vaudoise, commandité par Antoine Saladin-Saladin, l’une des plus grosses fortunes de Genève à la fin de l’Ancien Régime. Antoine Saladin (1725-1811) « la tête dirigeante » de la Manufacture des Glaces de Saint-Gobain, achète la terre de Crans en 1763. Des archives de famille nous renseignent sur l’histoire du projet et du chantier. Plusieurs architectes seront amenés à dresser des plans. Claude-Jean-Baptiste Jailler

28 Ibid.

29 AEG, Archives privées, Saladin, 23 mai 1734

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de Savault (1740-1807), élève de Soufflot et employé auprès de l’agence Gabriel, fera partie des architectes sollicités pour l’établissement des plans de la demeure de Crans s/Céligny avec Léonard Râcle (1736-1791), ingénieur et architecte établi à Saint-Genis et chargé de l’entretien des Ponts et Chaussées du Pays de Gex et Jean-Louis Bovet père (1699-1766), maître-maçon genevois dont les plans seront suivis.

Les opérations débutent tout naturellement par le relevé géométrique du domaine, effectué par un certain Rembosson (Fig. 8) et accompagné par des notes manuscrites d’Antoine Saladin lui-même et de son épouse. Par culture familiale Antoine Saladin sait très précisément ce qu’il se veut : il énonce un programme détaillé pour lequel il a même déjà réfléchi à un début de distribution. L’implantation du bâtiment est indiquée ainsi qu’une partie de la disposition intérieure. La marge de manœuvre laissé aux architectes :

« Une maison dont la face au levant sur une terrasse eût 85 pieds ; profondeur de la maison : 42 pieds ; les 2 ailes : 32 pieds sur 30 de face ; cour de largeur entre deux ailes 53 pieds. L’on voudrait placer les cuisines, offices, etc. dans l’aile au midi. Dans celle au nord une chambre de justice, une petite chambre pour les archives, et du reste un appartement à coucher. Dans le corps de logis du milieu, on veut une porte d’entrée de la maison au milieu de la face sur la cour et entrer dans un vestibule au bout duquel, du côté du nord, on placerait un escalier pour monter au premier étage. A droite du vestibule, du côté du midi, la salle à manger qui prendrait jour sur la cour ; après la salle à manger, on trouverait un second escalier pour

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monter au premier étage ; sur la face au levant sur la terrasse, un salon de compagnie avec une porte et deux fenêtres. Une galerie au nord de 33 pieds de profondeur sur 16 de large ; à droite, au midi, on voudrait 3 chambres à lits et 2 cabinets.

Il faut aussi des privés à l’anglaise, et d’autres ordinaires. Les escaliers pour monter au premier étage doivent être commodes sans tenir trop de place. Le premier étage doit être distribué en appartements à coucher, dont 3 ou 4 pour les femmes, et le reste pour les hommes, en sorte qu’il y ait 8 à 10 lits de maîtres, et 5 ou 6 pour domestiques, sans ceux des domestiques de la maison. Pour rendre le rez-de-chaussée sec il doit être creusé dessous, et l’espace employé en caves pour l’usage de la maison, bûchers, jardins d’hiver et autres commodités d’usage en campagne. »30

Approché par un ami de Saladin en mai 1764, Isaac Robert Rillet- Fatio, futur constructeur de Varembé, séjournant alors longuement à Paris, Jaillier étudie aussitôt la question s’adjoignant les conseils de Jacques- Germain Soufflot.:

« Je passai … une heure avec lui. Nous parcourûmes ensemble ton plan, ton mémoire à la main, et je lui expliquai du mieux qu’il me fût possible les diverses observations que nous avions faites ensemble. Il me parut satisfait de tout ; et bien aise d’avoir à travailler sur un plan aussi agréable, et sur lequel il se présente peu de difficultés à surmonter. Je lui dis que, comme tu connaissais bien Monsieur Soufflot, tu aurais été bien aise qu’il prit ses conseils sur

30 Monique FONTANNAZ et Monique BORY, « Le Château de Crans, une œuvre genevoise ? », ds.

Genava, n. s., t. XXXVII, 1989, pp. 59-114, notamment pp. 61-62

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cet objet, et il me répondit tout de suite qu’il les lui demanderait très volontiers, que, quoiqu’il ne travaillât plus chez lui, il ne laissait pas de le voir souvent et de lui communiquer tout ce qu’il faisait, que c’était lui qui l’avait placé chez Monsieur Gabriel, et qu’en sortant de chez moi, il irait tout de suite consulter Monsieur Soufflot. »31

Dans la lettre qui accompagne l’envoi des plans à Saladin en juillet 1764, Rilliet se montre peu convaincu par le projet pour la maison :

« Je ne sais si tu seras bien satisfait des plans de la maison ; je crois que ceux que tu as faits faire à Genève et que tu m’a fait voir, sont bien pour le moins aussi agréables et aussi commodes que ceux de M. Jaillet, qui a force de vouloir donner à toutes les chambres à coucher des cabinets, garde-robes, dégagements etc., a, ce me semble, un peu estropié les appartements, et rendu les chambres trop petites ; cela est trop assorti aux usages de Paris, où l’on ne va point en campagne que l’on ne mène avec soi ses domestiques

… »32

Jailler rédigea un Mémoire instructif pour joindre aux plans et projet de la terre de Cran . Il y explique pour quoi il « a pris le parti de changer la direction du bâtiment projeté », pourquoi il « ne s’est pas asservi à la figure du bâtiment tracé » et se permet de critiquer les faces latérales des ailes qui « auraient eu, en exécution, l’air boiteuses ». Il continue en ajoutant qu’il « ne s’est point astreint non plus à la forme figurée sur le plan ni aux mesures précises qui avaient été données dans l’idée que la personne qui

31 Id., p. 62

32 Id., p. 63

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fait bâtir, désire le mieux possible, et que, sans trop de dépense, la manière dont on l’a arrangé trouve toutes les commodités nécessaires. » Il conclut en disant : « Au reste si ces projets-ci ne conviennent point la personne est priée de vouloir bien l’écrire sur le champ (…) l’Architecte en ferait de nouveaux même sur les plans et formes envoyées quoique défectueuses

… »33 (Fig. 9)

La négociation s’arrêtera là. Rilliet négociera à la baisse les honoraires de Jailler, qui de 500 Livres passeront à 288, arguant que Saladin ne fera aucun usage de ses plans. On ne retint pas pour le château les plans de Jaillet, mais ceux du maître-maçon Jean-Louis Bovet père (Fig. 10, Fig. 11). En revanche l’implantation de la demeure et la disposition des jardins furent influencées par le « Grand plan de Paris pour la maison et jardin ».

Conclusion

L’étude des trois cas pris dans le XVIIIe siècle genevois illustre l’implication des propriétaires dans le projet. Souvent « éclairés » dans le domaine de l’architecture, ils prennent parfois plus d’un avis avant d’entreprendre.

Sensibles aux nouvelles conventions architecturales venues de France, que ce soit l’hôtel particulier ou la résidence d’agrément à la campagne, ils ne se laissent toutefois pas détourner de leurs besoins par les impératifs d’une mode internationale. Leur demande est précise, teintée d’un esprit pratique et d’un sens aigu de la convenance, affûté par le système local des ordonnances somptuaires qui, quelle que soit la richesse, modèrent chaque

33 Ibid.

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tentation ou tentative de démesure. Genève n’est pas Paris et les usages de la capitale ne conviennent qu’en partie aux nobles genevois dont le train de vie n’entend généralement pas égaler celui des aristocrates parisiens ; il faut donc souvent élaguer dans les dispositions somptueuses des architectes français pour les adapter aux usages locaux. Face à de tels propriétaires, l’homme de l’art doit être à l’écoute, prompt à suggérer sans jamais imposer. Les architectes français consultés sous-estimeront parfois la détermination de leurs commanditaires et s’épuiseront en (contre- )propositions qui resteront lettre morte.

La scène architecturale genevoise se transforme dans le courant du XVIIIe siècle. Face aux nombreux maîtres-maçons locaux, les figures d’architectes manquent d’abord cruellement, au moins jusqu’à l’apparition du dénommé Jean-Michel Billon (1705-1778), fils de maître-maçon du reste, puis de Jean-Louis Bovet fils, mort prématurément à Paris, alors qu’il travaillait dans l’agence des Gabriel. Aux yeux du patriciat genevois les plans venus de France seront gage d’esthétique. Ainsi les notables genevois que sont Ami Lullin ou Gédéon Mallet suivent sans les remettre en question les projets de Jean-François Blondel. Dans la seconde moitié du siècle, - est- ce le fait de la création de l’Ecole de Dessin (1751) ? -, les maîtres-maçons n’ont plus grand-chose à envier aux architectes étrangers, dont ils auront retenu les leçons. Les notables genevois sont mieux à même de préciser leur commande, processus au terme duquel, soit dit en passant, certains s’intituleront même architectes au siècle suivant. Ils établissent précisément le programme de leur demeure et vont même jusqu’à esquisser la distribution sous forme de plans sommaires. Les relations qu’ils

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tentent d’établir avec un architecte, qui n’aura parfois plus pour tout rôle que la cosmétique des façades, tournent alors court. Le maître-maçon redevient le meilleur interlocuteur.

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Figures

Fig. 1 Jean-François Blondel, Plan d’ensemble de la propriété du Creux-de-Genthod, ds. Jean Mariette, L’Architecture française, vol. 3

Fig. 2 Jean-François Blondel, élévations du Creux-de-Genthod, ds.

Jean Mariette, L’Architecture française, vol. 3

Fig. 3 La façade du Creux-de-Genthod donnant sur la cour d’honneur. Etat 2001 (Photo de l’auteur)

Fig. 4 La façade de Frontenex-Dessus donnant vers le lac. Etat récent. La véranda fut ajoutée à la maison ancienne au début du XIXe siècle (Photo de l’auteur)

Fig. 5 Le relevé du rez-de-chaussée de Frontenex-Dessus effectué par l’entreprise de chauffage fait encore état des dispositions établies par Jean-Michel Billon pour les Saladin. (Archives Ernest Martin, Photo de l’auteur)

Fig. 6 Vue récente de la salle à manger avec les boiseries et le pavement de Jean-Michel Billon (Photo Max Oettli)

Fig. 7 Vue récente de la salle à manger montrant le poêle installé au début du XIXe siècle dans les boiseries du XVIIIe siècle (Photo Max Oettli)

Fig. 8 Esquisse d’Antoine Saladin avec bâtiments projetés (tiré de Monique Fontannaz et Monique Bory, Le Château de Crans, une œuvre genevoise ?, Op. cit., p. 61)

Fig. 9 Plan-masse du château et plan des jardins projetés par Jailler- de-Savault (tiré de Monique Fontannaz et Monique Bory, Le Château de Crans, une œuvre genevoise ?, Op. cit., p. 63)

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Fig. 10 La façade du Château de Crans donnant sur le lac. Etat 2001 (Photo de l’auteur)

Fig. 11 Le grand escalier du Château de Crans dessiné par Jean-Louis Bovet. Etat 2001 (Photo de l’auteur)

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