• Aucun résultat trouvé

Programme à Long Terme dans le EURO 4000/4 Domaine de la Pharmacodépendance

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Programme à Long Terme dans le EURO 4000/4 Domaine de la Pharmacodépendance"

Copied!
20
0
0

Texte intégral

(1)

W O R L D H E A L T H O R G A N I Z A T I O N O R G A N I S A T I O N M O N D I A L E D E LA S A N T É R E G I O N A L O F F I C E F O R E U R O P E B U R E A U R É G I O N A L D E L’ E U R O P E

В С Е М И Р Н А Я О Р Г А Н И З А Ц И Я З Д Р А В О О Х Р А Н Е Н И Я Е В Р О П Е Й С К О Е Р Е Г И О Н А Л Ь Н О Е Б Ю Р О

Programme à Long Terme dans le EURO 4000/4

Domaine de la Pharmacodépendance

RAPPORT SUR

LES MODIFICATIONS RECENTES DES MODALITES DE L ;ABUS DES DROGUES EN TCHECOSLOVAQUIE, FRANCE ET YOUGOSLAVIE

par le D r Т.Н. Bewley1

^ Psychiatre oonsultant, Unités de Traitement de la Pharmacodépendance, Hôpitaux St. George's, St. Thomas' et Tooting Bec

(2)

W O R L D H E A L T H O R G A N I Z A T I O N O R G A N I S A T I O N M O N D I A L E D E LA S A N T É R E G I O N A L O F F I C E F O R E U R O P E B U R E A U R É G I O N A L D E L’ E U R O P E

В С Е М И Р Н А Я О Р Г А Н И З А Ц И Я З Д Р А В О О Х Р А Н Е Н И Я Е В Р О П Е Й С К О Е Р Е Г И О Н А Л Ь Н О Е Б Ю Р О

Programme à Long Terme dans le EURO 4000/4

Domaine de la Pharmacodépendance

RAPPORT SUR

LES MODIFICATIONS RECENTES DES MODALITES DE L ;ABUS DES DROGUES EN TCHECOSLOVAQUIE, FRANCE ET YOUGOSLAVIE

par le D r Т.Н. Bewley1

^ Psychiatre oonsultant, Unités de Traitement de la Pharmacodépendance, Hôpitaux St. George's, St. Thomas' et Tooting Bec

(3)

-

1

-

A la suite de la réunion à Genève

}

en janvier 1970» d ’un petit groupe d ’experts originaires de pays européens dans lesquels le problème de la pharmacodépendance a pris une acuité croissante au cours de ces dix der­

nière années, je me suis rendu, à la demande du Bureau régional de l'Europe de l'Organisation mondiale de la Santé, dans trois pays qui, jusqu'à ces deiniers temps, n'avaient que peu ou pas de problèmes d'abus des drogues, mais dans lesquels certains indices donnent à penser que la situation pour­

rait être en passe de changer. Il s'agissait de la Tchécoslovaquie, de la France et de la Yougoslavie, et j'ai pu passer quelques jours à Prague, Paris et Belgrade afin de m'y entretenir de la situation avec des représen­

tants des gouvernements respectifs ainsi que des personnes travaillant dans les services de santé et les départements universitaires. En Tchécoslovaquie, je me suis rendu au Ministère de la Santé, à l'institut de Recherche psy­

chiatrique, au Département de Chimie médicale de l ’Université Charles, à la Clinique de Traitement des Alcooliques, Apolinarska 4, et à 1 ‘Hôpital psy­

chiatrique de Prague; en France, au Ministère de la Santé, au Ministère de l ’intérieur et au Ministère de la Justice; en Yougoslavie, à la Commission de Coopération .avec les Organisations sanitaires internationales, à l'insti­

tut fédéral de la Santé publique, à l'institut de Recherche criminologique et criminelle de Belgrade, à la Clinique neuro-psychiatrique universitaire de Belgrade, et à l'institut de Santé mentale de Belgrade.

La liste des personnes rencontrées et des lieu:: visités figure en annexe au présent rapport.

Tchécoslovaquie 1.1 Historique

Le seul type de dépendance qui puisse être considéré comme ayant posé un problème majeur en Tchécoslovaquie est l'alcoolisme. J u s q u ’à une date ré­

cente, les médicaments légalement prescrits constituaient la principale source d'approvisionnement et la cause primordiale de pharmacodépendance. Ces m é ­ dicaments se répartissent en trois groupes : d'abord les barbituriques ou

1. In tr o d u c tio n

1 Organisation mondiale de la Santé, Bureau régional de l'Europe (1970) Groupe de Travail sur l :Abus des Médicaments psychotropes. Rapport, Copenhague

(4)

autres sédatifs; ensuite les analgésiques tels que l ’amidopyrine, la phé- nacétine, l'acide acétyl-salicylique et des combinaisons de ces substances;

enfin, plus récemment, les médicaments psychotropes,, principalement la phenmétrazine et la dexphenmétrazine. L'abus de cannabis ou d ’héroïne est inconnu, de même que celui de LSD, et l'opium est soumis à une loi très stricte. Dans les cas de toxicomanie, ce sont les services psychiatriques qui, en règle générale, ont assuré le traitement des patients. Par exemple, la clientèle de la Clinique de Traitement des Alcooliques, à Prague, est composée de dix fois plus d'alcooliques que d'autres types de toxicomanes.

1.2 Changements récents et situation présente

Depuis plusieurs années, le volume des comprimés de stimulants du système nerveux central prescrits a augmenté régulièrement, mais l'année dernière, à la suite du durcissement de la politique en matière de pres­

cription, on a noté une certaine baisse dans la quantité de dexphenmétra­

zine obtenue sur ordonnance. Par contre, les prescriptions d'autres médi­

caments, comme le chlordiazepoxide par exemple, ont augmenté (tableau l).

En 1969» le nombre d'hospitalisations pour abus de barbituriques et tentatives de suicide a été estimé à 5000* En général, les sujets ayant contracté une dépendance à l'égard des barbituriques les ont d'abord obte­

nus sur prescription légale, mais certains médicaments contenant des bar­

bituriques peuvent être délivrés sans ordonnance. Théoriquement, il ne devrait pas être possible de s ’adresser à plus d ’un médecin, mais en pra­

tique certaines personnes peuvent choisir leur médecin soit au lieu de leur travail soit au lieu de leur résidence, lesquels peuvent être situés dans des districts différents. Les substances dont il est actuellement fait une consommation abusive sont des médicaments couramment utilisés en médecine et l ’âge des pharmacomanes a probablement baissé. L'abus des drogues se rencontre dans des groupes sociaux très variés, par exemple chez les étu­

diants, les artistes, les athlètes, ainsi que dans les sous-cultures cri­

minelles . Certains médicaments psychotropes peuvent être obtenus sans or­

donnance ; c'est le cas, entre autres, de la bénactyzine (suavitil), avec laquelle il y a eu des cas d'intoxication régulière.

(5)

- 3 -

Tableau 1 MEDICAMENTS PSYCHOTROPES

Consommation pour 10 000 habitants en Tchécoslovaquie

comprimés 1963 1964 I965 19 6 6 1 9 6 7 19 6 8 1) Stimulants du système

nerveux central

Dexphenmétrazine it 5750 7420 6 9 6О 6 12 2 4 7 1 2 4770

Phenmétrazine n 4949 4833 4092 2632 1 6 1 2 1 3 5 6

Méthylphénidate (Ritaline)

m I6 5O 1 6 6 7 2 12 8 2 9 9 1 2 9 2 7 4307

2) Antidépresseurs Amitriptyline

(Saroten, Elavil)

gouttes - - 287 2803 4108 5 2 6О

dito ampoules 1 , 2 1 , 2 1 , 5 0 ,2 9294

Imipramine (Tofranil)

gouttes 2382 5511 5415 6416 9455

3) Tranquillisants mineurs

Benactyzine (Suavitil) gouttes 1595 1677 1895 2020 2062 I837 Chlordiazepoxide

(Librium)

gouttes - 153 72 558 1235 I919O

Méprobamate comprimés 30400 I8723 22004 20540 2 4 4 7 1 254 0 7

Diazépam (Valium) comprimés - - - 480 2285

4) Hypnotiques

Amobarbital 0,1 g 3550 3 5ОО 3642

Barbital 0,4 g 570 500 5 2 1

Phénobarbital 0,1 g 1 9ОО I8 5O I807

Hexobarbital 275 270 OJ t 0

Cyclobarbital

(Dormiphen) 11 2497 2662 2937

Noxyron 0,25 S

1 3947 j 6 5II 5667

(6)

1.3 Réactions aux changements récents

L attitude du public face à l'abus des drogues se reflète dans les articles publiés recemment dans la Dresse quotidienne et dans les magazines.

La loi relative à l'opium est déjà stricte et englobe les opiacés, le can­

nabis, et maintenant le LSD. La phenmétrazine et le méthylphénidate y seront inclus dans deux mois. Le contrôle de l'utilisation médicale du LSD a été également renforcé, et tout médecin utilisant cette drogue à des fins thérapeutiques doit maintenant être muni d'une autorisation spéciale d !un Comité ministériel. Un numéro d'enregistrement est attribué à tous les thérapeutes qui travaillent avec du LSD-25 et seule une pharmacie est au­

torisée à distribuer cette drogue. La phenmétrazine n'est plus distribuée à present que par trois pharmacies de Prague. La drogue n'a pas donné lieu à un grand nombre de poursuites, car on estime que c'est un problème qui intéresse beaucoup moins la police que les autorités sanitaires.

1.4 Plans futurs et recherche

Une enquête de trois mois est en cours d'exécution sur toutes les or­

donnances délivrées dans un district de Prague. Elle devrait fournir de nombreuses informations sur le volume et la nature des médicaments psycho­

tropes prescrits et, comme les services de santé sont centralisés, elle

devrait donner un bon aperçu du niveau d'utilisation de certains d'entre eux.

On ne croit guère à la possibilité d'un recul des problèmes liés à la phar­

macodépendance, et il semblerait au contraire, d'après certains indices, que l ’abus des substances psychotropes s 'intensifie. Bien que le problème soit encore à l'heure actuelle relativement circonscrit, on se propose de mettre sur pied une unité de recherche sur la pharmacodépendance. La liste des travaux projetés comporte des enquêtes sur les ordonnances, sur le trafic illicite des drogues, sur le dopage dans les milieux sportifs, et sur la relation entre l'abus des drogues et les accidents. Il a été jugé opportun de combiner cette dernière étude aux recherches sur l ’abus de l'alcool et sur les accidents causés par l ’ivresse.

(7)

- 5 -

I.e tableau de la pharmacodépendance en Tchécoslovaquie a subi des mofi- fications au cours des dernières années. On a observé une augmentation pro­

gressive du volume des psychotropes prescrits ainsi qu'un accroissement de la dépendance à l'égard de médicaments du type de la phenmétrazine, ainsi que des analgésiques et des barbituriques. Plus récemment, la preuve a été faite qu'il existe également un certain trafic illicite de drogues, mais dans la plupart des cas il s'agit de drogues obtenues initialement par des voies lé­

gales, puis ultérieurement détournées. Il ne semble pas y avoir d'abus de cannabis ni de drogues prises par injection. Mais la situation est peut- être en train de changer et on estime qu'il est important d'entreprendre des recherches sur l'abus non seulement des drogues obtenues illicitement mais aussi de celles délivrées sur prescription médicale, ainsi que sur la relation entre les drogues et les accidents et l'usage des drogues chez les sportifs.

2. F rance 2.1 Historique

L'usage des stupéfiants a été introduit en France à la fin du dix-neuvième siècle, notamment dans les milieux d'écrivains, d ’artistes et d'intellectuels, ce qui a amené le législateur à s'en préoccuper : les grandes lois du 1 9 juillet l3';-5 et du 12 juillet 1916, le décret-loi du 29 juillet 1939 et la loi du 24 décembre 1 9 5 3 marquent les principales étapes de l'évolution législative.

Toutefois, jusqu'à une date récente, l'abus des drogues n'avait jamais été une grande source de préoccupation. C'est ainsi que le rapport annuel pour 19 6 8 du Gouvernement français sur la mise en application des traités interna­

tionaux relatifs aux stupéfiants évaluait à 200 le nombre des toxicomanes re­

censés au cours de cette année, 2 9 personnes ayant été par ailleurs inter­

pellées pour usage de psychotropes. En outre, il était fait une certaine consommation de cannabis parmi les nords-africains, et il y avait un petit nombre de preneurs de drogues à usage thérapeutique. Le principal problème

1 . 5 Resume

(8)

- б -

auquel faisaient face les autorités jusqu'à ces dernières années était la contrebande internationale des stupéfiants, les trafiquants utilisant le territoire français pour le transit et la transformation de ces substances.

L'opium principalement était apporté en contrebande en France pour y être transformé en héroïne dans des laboratoires clandestins, puis envoyé aux Etats-Unis d'Amérique.

2.2 Evolution récente et situation actuelle

La situation a beaucoup évolué au cours des deux dernières années et, plus particulièrement, depuis l'été 1 9 6 9. Jusqu'à 1969, l'abus des drogues était plus courant parmi les classes supérieures et chez les artistes, mais il semble à présent s'être étendu aux jeunes et aux classes inférieures et avoir gagné toutes les couches de la société. L'été I968 a marqué le début d'une épidémie de toxicomanie parmi les jeunes, et en 1 9 6 9, le nombre d'arres­

tations pour infractions à la législation sur les drogues a augmenté. Avant 1 9 6 9, il n'y avait que 40 fonctionnaires de police exclusivement chargés des problèmes de la drogue, essentiellement celui du trafic international des stupéfiants, mais en 1 9 6 9» ЗСЮ agents supplémentaires ont été affectés à la lutte contre les stupéfiants et particulièrement l'abus des drogues.

Tableau 2

Arrestations de toxicomanes et de trafiquants en France (I9 6 5-I9Ô9)

ANNEE ARRESTATIONS TOTAL

Toxicomanes Trafiquants

I9 6 5 60 10 5 I65

1966 82 86 16 8

19 6 7 155 120 275

1968 207 15 4 3 6I

19 6 9 994 206 1 200

Source : M in is t è r e de l 'i n t é r i e u r

(9)

Le nombre de toxicomanes connus des autorités médicales et de la police s'élève actuellement à 3 5 0 0, mais leur nombre réel est estimé se situer entre 5000 et 6000. En 1 9 6 9, 12 à 15$ d'entre eux étaient des héroïnomanes.

Le Bureau des Stupéfiants du Service central de la Pharmacie et des Médicaments tient un fichier des cas signalés; les informations proviennent a) des rapports des inspecteurs de la pharmacie et b) des rapports de police.

Les chiffres donnés dans le rapport annuel pour 1968 adressé à l'Office des Nations Unies à Genève montrent que, alors que six ans auparavant 460 noms étaient fichés, exclusion faite des trafiquants, le fichier en contenait 7 3 8 en 1 9 6 8, dont 200 nouveaux cas enregistres au cours de l'année. On observe d'autre part un abaissement de l'âge des toxicomanes. Parmi les nouveaux sujets recensés en 1 9 6 8, 29

%

étaient âgés de moins de 1 9 ans et étaient répartis comme suit :

1 9 ans ... po

l8 ans ... 14

1 7 ans ... ... 9

l6 ans ... 2

1 5 ans ... 3

Quantitativement, les changements notés sont les suivants : les drogues pouvant faire l'objet d'abus, soit seules, soit en association, tendent à se multiplier et certains jeunes ont maintenant recours aux injections. Il

semble que la toxicomanie ait augmenté dans les écoles et les universités, en particulier l'abus du cannabis qui est la drogue la plus couramment uti­

lisée. Des cas d'abus d'amphétamines ont également été observés. A l'origine, elles étaient employées sous forme de comprimés comme moyen de rester éveillé ou d'accroître l'endurance ou encore, chez les sportifs, pour chasser la fa­

tigue et améliorer les performances sportives. L'utilisation d'amphétamines par injection a conduit à l'adoption d'une réglementation très stricte concer­

nant la prescription de ces substances., ce qui n'empêche que les amphétamines soient encore utilisées, avant tout par les jeunes, qui dissolvent les compri­

més dans l'eau puis s'injectent le mélange. Il y a eu des abus de LSD et

(10)

- 8 -

certains cas de psychoses consécutives à la prise de cette drogue ont néces­

sité une hospitalisation. C'est pourquoi, depuis

1Ç66,

les hallucinogènes sont strictement contrôlés.

Le dépendance de type morphinique a aussi augmenté, la substance la plus fréquemment employée étant l'héroïne. On a également noté des cas d'opiomanie, où les sujets s'injectent de la teinture d ’opium benzoïque

(élixir parégorique) après avoir fait évaporer l'alcool dans une cuillère chauffée sur une bougie et dissous le résidu dans l'eau. Mais l'arrêté du l8 novembre 1 9 6 9 inscrivant cette substance au tableau C prescrit qu'elle sera délivrée ’'en association exclusive avec des sirops médicamenteux ne contenant ni produit opiacé ni dérivé de l'opium et ayant une teneur mini­

male en sucre conforme aux exigences de la pharmacopée française". Cette préparation a pour but d'entraîner, en cas de chauffage, la production d'un caramel ne permettant pas d'isoler l'opium.

2.3 Réactions à l'égard des changements récents survenus dans l'usage des drogues

L'opinion publique commence à s'émouvoir ainsi qu'en témoignent le nombre croissant d'articles de journaux et de magazines consacrés à l'abus des drogues. Le ministère de la Santé et de la Sécurité sociale a pris des mesures pour informer le personnel professionnel s'occupant des problèmes de pharmacodépendance et pour recenser les moyens disponibles pour le trai­

tement des drogués. Le Ministère de la Justice a examiné la situation du point de vue légal et une nouvelle législation est envisagée qui prévoit notamment des peines plus sévères pour les trafiquants de drogues. Dans certaines circonstances, les autorités judiciaires pourront astreindre les utilisateurs de drogues à subir une cure de désintoxication, sans prendre de sanctions; de même, les individus inculpés pour avoir fait usage de drogues pourront demander à bénéficier d'un traitement volontaire sans avoir nécessairement à comparaître devant le tribunal. L'intention est de donner la possibilité aux toxicomanes de se soumettre à un traitement.

Parmi les autres modifications apportées à la législation on citera la proscription de 1 ’héroïne pour tout usage médical depuis le début de 1 9 7 0;

(11)

- 9 -

d'autre part, une nouvelle loi est à l'étude en vue d'interdire la publi­

cation dans la presse de tout article tendant à inciter à l'abus des drogues, à l'encourager ou à en faire l'apologie.

2.4 Possibilités d'évolution future

La situation actuelle en France rappelle en bien des points celle qui existait dans certains pays d'Europe septentrionale au début de l'année i9 6 0. Compte tenu de ce qui s'est passé dans ces pays, il existe une possibilité que l'abus des drogues se répande en France de manière analogue, en parti­

culier chez les jeunes. Cette évolution pourrait être accélérée en raison de la facilité accrue des échanges d'informations, d'idées et de connaissance sur les drogues, ainsi que par la multiplication des déplacements entre les pays. L'Institut national de la Santé et de la Recherche scientifique se propose d'entreprendre une enquête sociologique sur les problèmes de l'ado­

lescence à l'occasion de laquelle des données seraient recueillies sur l'at­

titude des jeunes à l'égard de la drogue.

2.5 Résumé

Il semble qu'au cours des deux dernières années il se soit produit en France une modification du tableau de la pharmacodépendance et de l'inci­

dence de la consommation des drogues de tous types. Il est possible que l'abus de drogues continue à augmenter, et à bien des égards la plupart des changements observés rappellent ceux qui ont eu lieu dans les pays d'Europe septentrionale il y a une dizaine d'années. L'usage du cannabis s'est ré­

pandu parmi les jeunes de toutes les catégories sociales. Plus inquiétante encore est la tendance naissante à abuser des stimulants du système nerveux central et d'opiacés par voie intraveineuse. Cependant, les mesures de prévention précoce qui ont été prises, associées aux programmes de recherche sur les problèmes plus généraux de l'adolescence, permettront peut-être de déterminer les moyens nécessaires pour enrayer l'abus des drogues avant qu'il n'atteigne des proportions incontrôlables.

(12)

- 10 -

3- Yougoslavie 3.1 Historique

Jusqu'à une date très récente, la pharmacodépendance n'était pas un problème on Yougoslavie, le seul type de dépendance constituant un problème majeur étant l'alcoolisme. Il n'y г. pas longtemps encore, la principale préoccupation concernant les drogues engendrant la dépendance était le contrôle de la production légale d'opium en Macédoine (Bulletin des Stupé­

fiants, I960), mais il n ’y avait pour ainsi dire pas de problème d'abus d'opium, à l'exception de cas sporadiques occasionnels.

3.2 Changements récents et situation présente

Même si la pharmacodépendance restait un problème mineur, on s'est rendu compte que ce qui s'était passé dans d'autres pays européens pouvait se produire en Yougoslavie, compte tenu en particulier du fait que la Yougo­

slavie attire un nombre croissant de voyageurs et devient un lieu de transit de plus en plus importent. D'après la loi yougoslave, la possession de drogues placées sous contrôle ne représente pas en soi un délit, mais leur délivrance non réglementée est interdite. Le Département des Affaires inté­

rieures est responsable du contrôle des drogues et tient une liste des uti­

lisateurs connus, mais on ne peut pas dire qu'il y ait officiellement de

"toxicomanes fichés". A Belgrade, entre 19^-8 et 1968, il y a eu l80 cas de toxicomanie connus, alors qu'en i9 6 0, 15 0 nouveaux cas ont été enregistrés et que les cas signalés ont à nouveau augmenté au cours des deux premiers mois de 1970.

A l'institut de Santé mentale de Belgrade, on a noté entre 19 6 3 et I9 7O une augmentation du nombre de toxicomanes admis pour traitement.

II semblerait que les modalités de l'abus des drogues chez les jeunes soient en train de changer. Un grand nombre de jeunes pourront prendre des drogues psychotropes (en comprimés) dès un jeune âge (par exemple : un comprimé de diazepam (valium) avant un examen difficile) puis passer au haschish ou à la marijuana et, de là, à l'opium ou à la morphine ou au

"panopin" (mélange d'alcaloïdes do l'opium). Les jeunes semblent disposés à

(13)

- 11 -

prendre n'importe quelle substance qui affecte la conscience, par exemple la phenmétrazine, le méthylphénidate ou le diazépam. On a meme vu des jeunes expérimenter diverses mixtures telles que de l'aspirine dans la bière, de la thioridazine (melleril) en prises ou des bananes dans de l'alcool, dans l'espoir qu'elles altéreraient la conscience. Il y a eu également des cas d'auto-injection.

Tableau 3

Nombre de toxicomanes admis cour traitement à l'institut de Santé mentale de Belgrade

1 9 6 3 .. 9

1964 . . . 1

19 6 5 .. 6

1 9 6 6 . .. 4

1 9 6 7 - • • 5

19 6 8 . . . 21

19 6 9 •• 15

1 9 7 0 . .. 11 (deux mois)

Total 72*

*

dont 36 hommes et 36 femmes; 41 des sujets étaient âgés de 20 ou de moins de 20 ans, et parmi eux 30 étaient encore à l ’école.

3*3 Réactions aux changements

En Yougoslavie, l'usage de drogues ne constitue pas un délit. Pour l'ins­

tant, on n'envisage pas de changer les lois concernant l'abus des drogues, bien que le public soit de plus en plus conscient du problème. Une des mani­

festations de cette prise de conscience a été la création d'un groupe appelé

"Mouvement contre la Toxicomanie", lancé par des jeunes non utilisateurs de drogues. Les buts de cette organisation sont en général de rechercher les utilisateurs de drogues et de les aider à s'en détourner en leur proposant d ’autres activités.

(14)

- 1 2 -

Le traitement a été jusqu'ici assuré dans les établissements psychia­

triques, mais il n'existe pas encore de services psychiatriques spécialisés dans la pharmacodépendance. A Belgrade, toutefois, il a été projeté de créer un nouvel Institut de traitement des alcooliques. Le département des alcooliques de la Clinique universitaire, qui est entré en service il y a 1 5 ans en tant que petite section de soins ambulatoires sera également développé et on se propose d'ouvrir un service de 120 lits dont le tiers

(40 lits) sera réservé aux toxicomanes. Dans la planification future, on tiendra compte de ce problème grandissant et de la manière dont il peut être enrayé dans le cadre des conditions sociales, culturelles, et économiques particulières à la Yougoslavie. Des enquêtes sur le terrain, orientées spécialement vers les facteurs qui entrent en jeu, figurent en tête des priorités, et l'aménagement de services spécialisés de traitement, de pré­

vention et de réadaptation sera également pris en considération.

3.5 Possibilités d'évolution future

L'abus des drogues chez les jeunes pourrait bien prendre des proportions croissantes en raison de phénomènes nouveaux tels que le développement des communications et l'intensification aussi bien des voyages à l'intérieur du pays, que des transits. Avec l'afflux des touristes, le contrôle du passage des drogues devient de plus en plus difficile du fait que Belgrade et Zagreb se trouvent sur une des voies d'acheminement de ces substances. Par suite de l'amélioration de la situation économique et des conditions de vie dans le pays, un bien plus grand nombre de jeunes sont maintenant en mesure d'ache­

ter des drogues. L'abus des drogues pourrait bien devenir un problème pré­

occupant du point de vue de la santé publique. On sait que les utilisateurs de drogues sont en étroit contact les uns avec les autres et envoient sou­

vent un ou deux membres de leur groupe acheter des drogues dans d'autres pays, pour ensuite se les partager entre eux ou avec d'autres groupes. Ces preneurs de drogues appartiennent tous à une sous-culture plus vaste, et il y a de nombreux contacts entre les jeunes d'autres pays européens et les 3•4 T ra ite m e n t des u t i l i s a t e u r s de drogues

(15)

jeunes yougoslaves. Il semble qu'il existe une certaine affinité entre les toxicomanes de tous les pays d'Europe, et le problème de la pharmacodépen­

dance est très probablement appelé à gagner du terrain en Yougoslavie comme ailleurs. Compte tenu de ce fait, la recherche sociologique et épidémiolo­

gique recevra une priorité élevée. La possibilité de profiter de l'expé­

rience des autres pays sera accueillie avec intérêt.

~j>.6

Résumé

Jusqu'à il y a deux ans, l'abus des drogues n'était pas considéré comme un problème en Yougoslavie, mais, depuis, l'abus de drogues de tous types, y compris celles prises par injection, a progressé. Ces changements intéressent essentiellement les jeunes, dont un grand nombre de moins de 20 ans. On étudie actuellement les mesures qui permettraient d'étendre les services de traitement, mais on n'envisage pas de modifier la loi. La gra­

vité du problème est reconnue, et on pense qu'il serait très utile d'être informé des résultats des recherches sur les différentes méthodes d'approche et des études comparatives sur le succès des mesures adoptées dans les

différents pays.

4. Résumé général

Dans chacun des trois pays visités, l'abus des médicaments psychotropes est apparemment en progression. On pourrait sans doute décrire ce type d'abus comme un usage de la drogue à des fins de "divertissement" en ce sens qu'il est motivé par des raisons a.utres que thérapeutiques. Là où les

voyages et les communications se sont intensifiés, on a enregistré une aug­

mentation de l'usage du cannabis et des signes d'un accroissement de l'abus des drogues "fortes" prises par voie Intraveineuse. Il semble que l'utili­

sation des drogues s'insère dans le cadre d ’une évolution sociale plus gé­

nérale, qui fait que les attitudes de certains jeunes à .l'égard des institu­

tions sociales sont en train de changer. Il semble que, dans les trois pays, les jeunes désirent expérimenter des substances qui altèrent la conscience, et n'hésitent pas à faire personnellement la découverte des effets des drogues.

(16)

- 14 -

Certains indices donnent également à penser que l'absorption de doses exces­

sives de sédatifs sans intention de suicide, de même que l'abus de stimu­

lants chez les sportifs et la consommation de drogues dans certains sous- groupes culturels, comme les délinquants, sont en augmentation.

Bien que le nombre d'individus qui abusent des drogues dans chacun des pays visités soit pc-u élevé en valeur absolue, l'augmentation dans certains secteurs a été très marquée, et le type de pharmacodépendance a changé. La situation est, à bien des égards, analogue à celle de l'Angleterre et des pays scandinaves il y a dix ans où d'infimes changements dans les pratiques abusives avaient été le point de départ d'une véritable escalade de la toxi­

comanie, notamment chez les jeunes.

Dans les trois pays visités, le problème majeur est celui de la dépen­

dance à l'égard de l'alcool, et on étudie la possibilité d'établir des ser­

vices combinés pour le traitement des alcooliques et des toxicomanes.

Aucun des changements survenus ne paraît facilement réversible. Dans les trois pays, on manifeste un intérêt pour des échanges d'information et des confrontations d'expérience. On s'accorde généralement sur l'opportu­

nité de réaliser des études comparatives internationales et sur.la néces­

sité, pour les pays dans lesquels l'abus des drogues commence à poser un problème sanitaire grave, de pouvoir profiter de l'expérience des pays qui mènent depuis plus longtemps des activités de traitement, de recherche et de réadaptation.

(17)

- 15 -

ANNEXE I

Dans les trois pays dans lesquels je me suis rendu, j'ai eu l'occasion de m'entretenir des problèmes de la pharmacodépendance avec les personnes dont les noms suivent :

TCHECOSLOVAQUIE M. L. Otevralova

Département des Relations extérieures, Ministère de la Santé, Prague 1 Dr J . Skala

Clinique de Traitement des Alcooliques, Apolinarska 4, Prague 2 Dr V. Dolezal

Premier Département, Chimie médicale, Université Charles Kuterinska J2, Prague 2

Dr J . Rubes

Hôpital psychiatrique, Ustavni Г39, Prague 8-Bohnice Dr 0. Vinar

Département de Psychopharmacologie, Institut de Recherche psychiatrique Prague 8-Bohnice 95

FRANCE M. Carrère

Commissaire divisionnaire, Office central pour la Répression du Trafic illicite des Stupéfiants, Ministère de l'intérieur,

11.. rue des Saussaies, 75-Parie 8e D. Charbonneau

Inspecteur général des Affaires sociales, Conseiller technique, Ministère de la Santé publique et de la Sécurité sociale,

7, rue de Tilsitt, 75-Paris 7e M. M. Florio

Magistrat à la Direction des Affaires criminelles et des Grâces, Ministère de la Justice, lj), place Vendôme, 75-Panis 1er

M. M. Viennois

Chef du Bureau Droit pénal international et européen, Sous-Direction de la Législation criminelle, Direction des Affaires criminelles et des Grâces, 15, place Vendôme, 75-Paris 1er

D. F. Vieillard

Médecin Inspecteur de la Santé, Sous-Direction de I'Action médico­

sociale, Direction générale de la Santé publique, Ministère de la Santé publique et de la Sécurité sociale, 1, place de Fontenoy, 75-Paris 7e

(18)

- 16 -

Annexe I

Professeur P. Boulenger

Directeur général de la Santé publique, Ministère de la Santé publique et de la Sécurité sociale, 20, rue d'Estrées, 75-Paris 7e M. Verde

Pharmacien Inspecteur divisionnaire de la Santé, Chef du Bureau des Stupéfiants et Substances vénéneuses, Section technique,

Service central de la Pharmacie et des Médicaments, Ministère de la Santé publique et de la Sécurité sociale, 9, avenue de Lowendal, 75-Paris 7e

Dr Mabileau

Inspecteur général adjoint des Affaires sociales, Délégué français à la Commission internationale des Stupéfiants, Ministère de la Santé publique et de la Sécurité sociale et Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Population, 1, place de Fontenoy, 75-Paris 7e Dr J.C.H. Meillon

Médecin Inspecteur principal de la Santé, Liaisons internationales et Coordination, Division des Relations internationales, Ministère de la Santé publique et de la Sécurité sociale et Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Population, 1, place de Fontenoy, 75-Paris 7e

YOUGOSLAVIE Dr D. Jakovljevic

Secrétaire à la Santé et Vice-Président de la Commission sanitaire de Coopération avec les Organisations sanitaireè internationales, Brankova uliea br. 25, Belgrade

Dr M. Kilibarda

Chef du Service de Santé mentale, Institut fédéral de Santé publique, Slobodana Penezica p5> Belgrade

Professeur J. Ristic

Clinique nauropsychiatrique universitaire, Faculté de Médecine, Belgrade

Docent Slavka Moric-Petrovic Dr M. Popovic

Dr M. Antonijevic

Institut de Santé mentale, Palmoticeva p7> Belgrade Mme Smiljana Naumovic

Fonctionnaire chargée des Relations internationales, Département de 1 'Enseignement post-universitaire, Institut de Santé publique de Serbie, Dr Subotica Str. 5, Belgrade

(19)

- 17 -

Annexe I

Dr Predrag Naumovic

Spécialiste en Médecine sociale, Institut municipal de Santé publique Belgrade

L'Institut de Criminologie et de Recherche criminelle, Belgrade

(20)

- 18 - ANNEXE I I

1. Conseil de l ’Europe, Comité européen pour les problèmes criminels, Sous-Comité No X (1 9 6 9) Rapport sur les aspects pénaux des narco­

tiques et de la toxicomanie en France, Strasbourg (Restricted d o ­ cument DPC/CEPC X (69) 8 - 14.299/OS.2/56.3 0 Z )

2. Conseil de l'Europe (1 9 6 9) Commentaires de la France sur le question­

naire sur la toxicomanie, Strasbourg (document D 3 2.3 0 3) 5. Nations Unies (1 9 6 8) Circulaire d'information ST/NAR/INF/R.5.

11 septembre 1968

4. France, Comité français d'éducation sanitaire et sociale (1970) Informations sur la drogue (Supplément à la Santé de 1'Homme, No I6 5), Paris

5. Kusevic, V. (i9 6 0) Cultivation of the opium poppy and opium produc­

tion in Yugoslavia, Bull. Narcot . 1 2 , 5-44

6. Nations Unies (1968) Circulaire d'information ST/NAR/INF/R.12, 20 décembre 1968

7. Vondvacek, V. et al (1 9 6 8) Recent pattern of addiction In Czechoslovakia, Brit. J. Psychiat., 114, 285-292

AUTRES SOURCES D'INFORMATION

Références

Documents relatifs

Même s’il est possible de noter une diminution de l’usage du cannabis, il faut tout de même être conscient qu’il touchait plus du quart des élèves fréquentant une

Bien que Ms4Yah présente une évolution de réponse différente de celle retrouvée dans la population PLT des témoins, la réponse témoin présente une importante augmentation

À l’aide d’un tableur, on souhaite calculer les premiers termes de la suite de à.. Quelle formule faut-il écrire en B3 et à

Créée en 2011, la Caisse des Dépôts et de Développement de MAURITANIE est un établissement public à statut spécial au service de l’intérêt général et a vocation à

L’article 103 du traité instituant la Communauté européenne (version consoli- dée) prévoit que : « La Communauté ne répond pas des engagements des admi- nistrations

Even considered as one of our four decision-making problems, the team building problem is not studied individually, it is always considered together with the agent assignment

Pédiatrie Chirurgie Pédiatrique Dermatologie Gynécologie Obstétrique Ophtalmologie Urologie Traumatologie Orthopédie Pédiatrie Ophtalmologie Traumatologie Orthopédie

Football Canada, l’ACOF et les associations locales d’officiels de football doivent absolument faire mieux dans le domaine du recrutement et de la rétention d’athlètes qui