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James Bond a 50 ans et Julius No est toujours vivant

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2102 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 31 octobre 2012

actualité, info

Vaccins : la pénurie s’aggrave

Voilà qui tombe mal. Alors que la Suisse manquait déjà de vaccins contre la grippe, le gel de la livrai­

son des doses de Novartis n’améliore pas les choses. Hier, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a confirmé une aggravation de la situa­

tion, conseillant plus que jamais aux médecins de vacciner en premier lieu les groupes à risque et leur entourage proche.

Emboîtant le pas à l’Italie qui a interdit mercredi matin l’utilisation des produits du groupe bâlois, la Suisse a recommandé de ne pas utiliser les vaccins de Novartis jusqu’à nouvel ordre. Une

«simple mesure de précaution» motivée par de petites particules blanches découvertes dans cer­

taines seringues. De quoi inquié ter celles et ceux qui se sont déjà fait vacciner ?

«Non, les patients n’ont aucun souci à se faire», assure la professeure Claire­Anne Siegrist. Des agrégats de protéines, sortes de grumeaux, ne sont pas rares dans les vac cins, explique la pré­

sidente de la Commission fédérale pour les vac ci­

nations. A ce jour, très peu de per son nes auraient reçu des vaccins Novartis (livrés avec du retard).

«Si rien de spécial n’a été ressenti dans les heures suivant l’injection, c’est que tout va bien.

Au pire, ces flocons peuvent être associés à une réaction inflammatoire plus forte, signifiant que l’organisme répond encore mieux que prévu.»

Aider les médecins sera sans doute plus compli­

James Bond a 50 ans et Julius No est toujours vivant

Bond (James Bond) fête aujour d’hui son demi-siècle. Cinquante ans d’existence ci né- matographi que, d’espionnage, de gadgets, de champagne et de jolies filles. Une vie en technicolor. Oui, nous con naissons. Tout a été dit et écrit sur James Bond comme sur Tintin et Milou. Tout ? Peut-être pas.

Cinquante ans, vraiment ? Il sem ble que c’était hier. Sans doute parce que le premier de la série surfait déjà sur un mythe intem- porel : celui du voleur de feu devenu méde- cin maudit. Généralement le médecin est maudit parce qu’il est génial. Il est génial parce qu’il est fou. Aussi ne l’enferme-t-on pas : c’est lui qui préfère s’enfermer ; parfois à double tour. On en vient d’ailleurs à se de- mander si le Nemo du Nautilus ne cachait pas un titre de docteur derrière celui de ca- pitaine. Se demander si Ian Fleming (1908- 1964) n’a pas sciemment copié Jules Verne (1828-1905) en retirant les deux lettres cen- trales au patronyme du monstrueux sous- marinier.

Ce presque copié-collé n’aurait rien d’éton- nant chez un Anglais né à Mayfair. Celui-ci a déjà avoué avoir volé le nom de James Bond à un pacifique ornithologue américain (1900-1989). Il est vrai que ce dernier avait fait ses humani tés au Trinity College avant de devenir un expert de l’avifaune des Ca- raïbes en général, de celle d’Haïti en parti- culier. Les humours insu laires ne con nais sent pas de limites.

Tout, ici, était écrit. Ian Fleming (Eton Col- lege, Académie militaire de Sandhurst, ap- prentissage de l’allemand à Kitzbühel (Autri- che), journaliste pour Reuters puis… agent de change) publie son Doctor No en 1958,

traduction française en 1960. Deux ans plus tard, en technicolor donc, ce sera l’affronte- ment entre son nouveau héros au nom d’or- nithologue et ce génie malfaisant, fruit des ébats entre une Chinoise et d’un pasteur al- lemand. Le tout sur l’île de Crab Key dont il semble que Julius No détienne les titres de propriété. Outre son patrimoine génétique, ce médecin a un lourd passé. Au lendemain de 14-18, il aurait trahi une organisation cri- minelle chi noise qui lui versait pourtant des honoraires. Généralement ceci ne pardonne pas : ils le retrouvent et ils le tuent. Ou plus précisément ils le laissent pour mort : ce gé- nie du mal est aussi un situs inversus. Nous savons que l’on désigne ainsi une maladie sacrément con génitale : elle veut que celui qui en est atteint ait, notamment, le cœur à droite.

On imagine (ou on connaît) la suite : chi- rurgie esthétique, puis études complémen- taires en psychologie, anatomie, physique nucléaire et gaz de schiste radio actifs. Soit un cousin germain de Nemo avec quartier général sur un îlot de 80 kilomètres carrés, un paradis pour pélicans entre Kingstone et La Havane. C’est dans ce paradis de fla- mands, de pélicans et de guano qu’il œuvre pour l’argent des forces du mal. Et c’est là que No affrontera Bond. C’est là aussi que l’on trouve la base structurante de la série de ces films à succès : ces films qui nous disent tout du pragmatisme britannique et des immenses vertus des services secrets de l’Empire. Sans oublier les charmes dont ils jouissent – via James – auprès du sexe faible.

Cinquante ans déjà mais on se souvient encore que James prend l’air via les tuyaux de ventilation. Il fait exploser le tout, monte en marge

sur une barque avec une certaine Ursula, belle fille plus ou moins nue, faite de miel et de précieux coquil lages ; le tout arraché de peu au vice. Puis notre chaste agent rejoint les brouillards de Londres. Avant de décou- vrir les risques inhérents à un surplus de guano, le Dr Julius No a un hobby pour le- quel James est tout désigné : expérimenter sur le corps humain pour savoir jusqu’où ce dernier est capable de résister à la douleur.

Est-ce là le fruit de ses hérédités germani- que, protestante et chinoise ? Nul ne semble le savoir. On peut le postuler.

Flemming n’est pas sans mettre les pas dans ceux de Doyle. James a son Julius quand Holmes a son Pr Moriarty. «Il est de bonne famille et il a reçu une excellente édu- cation, écrit l’avare Conan dans Le Dernier Problème. Prodigieusement doué pour les mathématiques, à vingt et un ans, il publiait une étude sur le binôme de Newton, qui fit sensation dans toute l’Europe et lui valut de devenir titulaire de la chaire de mathéma- tiques dans l’une de nos petites universités.

Tout donnait à penser qu’il allait faire une carrière extrêmement brillante. Mais l’hom- me avait une hérédité chargée, qui faisait de lui une sorte de mons tre, avec des instincts criminels d’autant plus redoutables qu’ils étaient servis par une intelligence exception- nelle.» Doyle ajoute que des bruits fâcheux coururent bientôt sur lui qui l’obligèrent à

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… Une des formes de ce «clonage» vient même de donner lieu à un Nobel de médecine …

Ce texte reprend celui d’une chronique publiée sur le site Slate.fr

quitter la campagne et ses blaireaux pour Londres où il se mit à donner des cours des- tinés aux officiers de l’armée. Londres peut, aussi, être une île.

Flemming emprunte aussi à la tra dition nourrie par Wells, H. G. Wells (1866-1946).

Herbert George Wells qui publie (en 1896) L’île du docteur Moreau. Nous sommes tou- jours dans la sphère impériale britannique mais l’île est dans l’océan indien. Le Dr Mo- reau y vit depuis onze ans après avoir dû

quitter Londres. Ce chirurgien a un hobby : créer des mi-hommes mi-bêtes. Cet homme bon entend isoler la quintessence de l’hu- manité. Et c’est lui, le Maître, qui est regardé comme un monstre. Qui plus est, il ne cesse d’échouer : toutes ses créatures régressent bientôt au stade animal. La révolution couve dans cette ferme des animaux. Un puma à peine huma nisé tue son créateur. Et le nar- rateur parvient, comme le fera James, à s’échapper de l’île à bord d’un radeau pour retourner à la civilisation : Londres et May- fair. On pourrait presque, ici, faire le paral- lèle avec Les Animaux dénaturés de Vercors (1902-1991).

Tout comme on avait transposé à l’écran le Dr No de Flemming, le roman de Wells

fut mis en image. En 1933, par Erle C. Kenton.

En 1977 par Don Taylor. Puis en 1996 par John Frankenheimer. Il ne reste plus qu’à or- ganiser la rencontre entre Bond et Moreau.

Cela se fera avec la même trame mais sacré- ment actualisée. La transgenèse existe bel et bien aujourd’hui. On a multiplié les chi- mères en laboratoire. Personne ne tremble plus quand on greffe le noyau d’un ovocyte de femme dans un ovocyte énucléé de vache.

Une des formes de ce «clonage» vient même de donner lieu à un Nobel de médecine accordé à un Britan- nique et à un Japonais. Et le toujours pragmati que Royau- me-Uni est passé maître dans l’art d’autoriser ce genre de transgression. Reste à franchir le pas : non pas cloner des hommes (on connaît malheu reu se ment déjà le résultat) mais re- pren dre avec des outils moder nes le chantier délaissé, mi-hommes mi-bêtes, par le Dr Moreau. L’éthi que étant ce qu’elle est deve- nue, cela ne pourra se faire que sur une île.

Une île avec des oiseaux et du guano. Dans un site paradisiaque. Avec une femme du tonnerre. A quelques miles de la baie des Cochons.

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

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