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Des effets désastreux de la «War on Drugs»

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Revue Médicale Suisse

www.revmed.ch

13 octobre 2010

actualité, info

courrier

Des effets désastreux de la «War on Drugs»

A propos de l’article : Nau JY : Toutes les dro- gues interdites bientôt autorisées ? (1). Rev Med Suisse 2010;6:1738-9.

L’article de J.­Y. Nau 1 sur les politiques en ma­

tière de drogue et la «Guerre à la drogue» menée depuis des décennies sous la pression idéolo­

gique constante des Etats­Unis, mérite de rete­

nir l’attention. Pas anodin de devoir noter que

«pour certains (mais ils sont de plus en plus nombreux, y compris au niveau des chefs d’Etat, ceux qui osent contredire le grand ami américain – Nau cite même un haut fonctionnaire de police US), la prohibition actuelle ne fait que reproduire l’erreur magistrale de la prohibition des boissons alcooliques dans les années 1920, avec aujour­

d’hui des effets décuplés sur le crime local et international…», et que «le coût de cette prohi­

bition dépasse de très loin les bénéfices». Je vois bien que Nau est ambivalent… nous som mes tous

ambivalents à un degré ou l’autre, n’osant trop nous aventurer à dire que «L’Empereur est nu».

Dans notre pays et dans le canton où j’ai œuvré en santé publique, des groupes dogmatiques continuent comme ailleurs à rêver à l’efficacité de slogans vertueux du genre «Say no to drugs», tout en insistant pour des lois et pratiques puni­

tives qui ont fait la preuve de leur inefficacité. Des voix crédibles s’efforcent de sensibiliser le milieu politique mais elles sont souvent de gauche (A.­C.

Menétrey). Quelques notables exceptions à droite, Félix Gutzwiller, professeur de médecine sociale et conseiller aux Etats, et particulièrement son collègue tessinois Dick Marty. A fin mai 2010, les trois commissions fédérales qui se préoccu­

pent de dépendances (alcool, tabac et produits illégaux) ont rendu public un rapport très estima­

ble,2 demandant une politique pondérée, ration­

nelle et raisonnable qui mette en œuvre les mê­

mes principes de base pour toutes les substan ces

addictives. Malgré le sérieux des auteurs, on peut parier que cette demande est politiquement un dead horse, comme on dit outre­Atlantique.

Eminemment regrettable. Pour qui veut bien re­

tirer ses œillères (je veux croire l’avoir fait après avoir été concerné par la toxicomanie durant plus d’un quart de siècle, cherchant à équilibrer ce qui doit/peut être prévention, répression – qui reste sans doute nécessaire sur certains créneaux –, traitement et aide à la survie), il est clair que les politiques jusqu’au­boutistes «tun­

nelisées» sur la guerre sont des impasses et font le lit des dérives meurtrières auxquelles on assiste (notamment au Mexique). En passant, on regrettera aussi que cette guerre soutienne de routine des régimes durs bien peu sensibles aux droits humains.

Pourquoi la myopie qui ne veut pas voir que, telle que menée actuellement, cette lutte contre des produits exotiques est véritablement désorien­

tée. Le cannabis est consommé dans d’autres régions comme l’alcool par la plupart de ses usagers chez nous – étant entendu que l’alcool entraîne des problèmes graves chez une mino­

rité mais il n’est pas interdit pour autant ; la feuil le

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de coca mérite le respect comme un ingrédient légitime de la vie quotidienne dans les Andes (où, dans des populations très pauvres, elle aide à lutter contre la fatigue et diminue la faim). Refus de voir que, comme sa sœur anti­

alcool il y a tantôt un siècle, elle fait naître des mafias qui deviennent de véritables Etats dans l’Etat, avec un pouvoir de corruption qui n’a guère de limites. Et on maintient une croisade insensée par sa violence, ses effets collaté­

raux et son manque de justifications adé­

quates. Qui, aujourd’hui, est poursuivie notam­

ment parce que des centaines de milliers, des millions, de «gendarmes» (tous les acteurs de cette guerre ici et ailleurs) et de «voleurs» (les trafiquants) en tirent leur gagne­pain.

Dr Jean Martin Ancien médecin cantonal vaudois La Ruelle 6, 1026 Echandens jean.martin@urbanet.ch 1 Nau JY. Toutes les drogues interdites bientôt autori­

sées ? Rev Med Suisse 2010;6:1738­9.

2 Herausforderung Such/Défi addictions.Voir www.bag.

admin.ch/herausforderung_sucht.

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