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L RAYON DANS LE BROUILLARD

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Academic year: 2022

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L RAYON

DANS LE BROUILLARD

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Ouvrages parus dans la même Collection Voir pages 6 et 159 la

CLAUDE ANET 64. La Rive d'Asie.

107. L'Amour en Russie.

JACQUES BAINVILLE 84. Jaco et Lori.

JEAN BALDE 162. La Survivante.

181. L'Arène Brûlante.

277. La touffe de gui.

VICKI BAUM 285. Lac-aux-Dames.

EMILE BAUMANN 132. Job le Prédestiné.

TRISTAN BERNARD 127. Les Moyens du Bord.

LOUIS BERTRAND 249. Philippe II.

PRINCESSE BIBESCO 259. Les huit paradis.

BINET-VALMER 136. Le Désir.

157. La Femme qui travaille.

RENE BOYLESVE 16. Souvenirs du jardin détruit.

32. Les nouvelles leçons d'amour dans un parc. CHARLES BRAIBANT 238. Le roi dert (I).

239. Le roi dort (II). PAUL BRULAT 309. L'âme errante.

FRANCIS CARCO 7. Les innocents.

103. Au Coin des Rues. 150. Perversité.

228. Le roman de François Villon.

250. Prisons de femmes.

284. Paname.

LOUIS-FERDINAND CELINE 226 et 226 bis. Voyage au bout de la nuit.

BLAISE CENDRARS 120. L'Or.

ANDRE CHAMSON 105. Les Hommes de la Route.

160. Roux le Bandit.

209. Héritages.

234. L'Auberge de l'Abîme.

LOUIS CHARBONNEAU 114. Mambu et son amour.

JACQUES CHARDONNE 159. Les Varais.

185. L'Epithalame.

199. Claire.

214. Eva.

256. L'Amour du Prochain.

A. DE CHATEAUBRIANT 12. M. des Lourdines (Prix Goncourt).

235. La réponse du Seigneur. GASTON CHERAU 20. Le flambeau des Riffault.

57. Le Monstre.

78. L'Egarée sur la Route.

98. Valentine Pacquault (1).

99. Valentine Pacquault (2).

130. Monseigneur voyage.

192. Fra Camboulive.

227. Celui du bois Jacqueline.

266. La volupté du mal.

289. La maison du quai. GABRIEL CHEVALLIER 274. Clochemerle.

291. Clarisse Vernon. 2. La Maison de Claudine. COLETTE 6. Les Vrilles de la Vigne.

69. Le Blé en Herbe.

90. L'Envers du Music-Hall.

104. Le Voyage égoïste.

119. La Naissance du Jour. 131. La Seconde.

189. Ces Plaisirs...

216. Sido.

224. La Chatte. 290. Duo.

310. Prisons et Paradis. F. DE CROISSET 67. La Féerie cinghalaise.

143. Nous avons fait un beau Voyage.

236. La Dame de Malacca (tome I).

287. La Dame de Malacca (tome II). L. DAUDET 124. Un Jour d'orage.

135. Le Sang de la Nuit. MAURICE DEKOBRA 223. Le Sphinx a parlé. 11. Le Pain blanc. LUCIE DELARUE-MARDRUS

23. La Mère et le Fils.

59. Graine au Vent.

91. Le beau Baiser.

110. La Petite fille comme ça.

139. Rédalga.

158. Anatole.

171. Hortensia dégénéré.

198. L'Ange et les Pervers.

218. L'autre Enfant.

237. François et la liberté. 275. L'enfant au coq.

288. L'hermine passant.

313. La G i r l . 50. Jeanne d'Arc (Prix Fémina). JOSEPH DELTEIL 93. La Fayette.

Pour paraître le 15 Juin prochain :

PIERRE VILLETARD

TONIA, MON AMOUR

ROMAN INÉDIT Dessins de MIRANDE gravés sur bois par HERMINE MAYÉRAS

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EDMOND JALOUX

de l'Académie française

LE RAYON

DANS LE

BROUILLARD

Bois originaux de CLAUDE ESCHOLIER

Collection bi-mensuelle paraissant le 1 et le 15 J. FERENCZI ET FILS. ÉDITEURS

9. rue Antoine-Chantin, Paris (XIV MCMXXXIX

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Ouvrages parus dans la même Collection : (suite)

A. DEMAISON 92. Diato.

133. Le Livre des Bêtes Qu'on appelle sau- vages.

164. Les Oiseaux d'ébène.

193. La Comédie animale.

220. Le Pacha de Tombouctou.

301. D'autres bêtes qu'on appelle sauvages.

PIERRE DOMINIQUE 144. Notre-Dame de la Sagesse.

184. La Proie de Vénus. GEORGES DUHAMEL 153. Le Prince Jaffar.

178. La Pierre d'Horeb.

215. Les Plaisirs et les Jeux.

229. Le club des Lyonnais.

244. Tel qu'en lui-même...

254. Querelles de famille.

280. Les hommes abandonnés. MARC ELDER 15. La Maison du Pas Périlleux.

30. La Passion de Vincent Vingeame.

118. Jacques et Jean.

130. La Belle Eugénie.

161. Les Dames Pirouette.

186. Jacques Cassard.

262. La Bourrine. RAYMOND ESCHOLIER 3. Dansons la Trompeuse.

44. Cantegril (Prix Femina).

95. Quand on conspire.

151. La Nuit.

203. Mahmadou Fofana.

302. Le sel de la terre. 24. L'âme de la Brousse. JEAN D'ESME EDOUARD ESTAUNIE 10. Solitudes.

22. L'Empreinte.

29. L'infirme aux matns de lumière.

37. L'Ascension de M. Baslèvre.

47. Un simple.

54. Bonne-Dame.

63. La Vie secrète (Prix Fémina).

72. L'Appel de la Route.

100. Le Ferment.

129. Les Choses volent. GENEVIEVE FAUCONNIER 255. Claude (Prix Fémina). HENRI FAUCONNIER 167. Malaisie (Prix Goncourt). ROBERT FRANCIS 246. La Grange aux trois belles (tome I).

247. La Grange aux trois belles (tome II). 305. La maison de verre. J.-J. FRAPPA 146. Le Fils de M. Poirier.

172. Les Vieux bergers. JEANNE GALZY 70. Les Allongés (Prix Fémina).

83. Le Retour dans la Vie.

111. La Grand'Rue.

147. La Femme chez les Garçons.

191. L'Initiatrice aux mains vides.

261. Les démons de la solitude. M. GENEVOIX 36. La Joie.

45. Raboliot (Prix Goncourt).

128. Les mains vides.

187. La boite à pêche. CHARLES GENIAUX 197. Le Choc des Races. JOSE GERMAIN

5. Pour Genièvre.

168. Ma Poupette Chérie.

281. Le chemin de New-York.

MARION GILBERT 53. Le Joug (Prix Northeliffe). JEAN GIONO 203. Jean le Bleu.

213. Un de Baumugnes.

278. Le serpent d'étoiles. 76. Provinciales. JEAN GIRAUDOUX 2 43. Simon le pathétique.

265. Aventures de Jérôme Bardini.

303. Eglantine. CHARLES LE GOFFIC 112. La Payse. GUILLOUX 273. La Maison du Peuple. GYP 122. Le Chambard.

137. Le Coup du Lapin.

175. Le Monde à côté.

LOUIS HEMON 40. Battling Malone.

LEON HENNIQUE 180. Minnie Brandon.

PHILIPPE HERIAT 222. L'Araignée du matin.

236. L'Innocent. 51. L'Aube ardente. 58. La Journée brève. 8. Les noces vénitiennes. ABEL HERMANT 77. Le Crépuscule tragique.

102. Camille aux Cheveux courts.

134. Les Epaves. CHARLES-HENRY HIRSCH 46. La Grande Capricieuse.

101. Mimi Bigoudis.

245. L'Homme aux Sangliers.

282. Les Rouchard.

EDMOND JALOUX 4. L'amour de Cécile Fougères.

17. La fête nocturne.

121. L'Agonie de l'Amour.

169. Le Démon de la vie.

251. Sous les oliviers de Bohême.

263. Le jeune homme au masque.

307. Le roman inachevé. RENE JOUGLET 283. Le jardinier d'Argenteuil, JOSEPH JOLINON 149. Le Joueur de balle.

264. Dame de Lyon. JACQUES DE LACRETELLE 258. Le Demi-Dieu. MARIUS-ARY LEBLOND

87. L'Ophélia. GEORGES LECOMTE 31. La lumière retrouvée.

123. Le Mort saisit le Vif.

177. Les Forces d'amour. 85. Grand-Louis l'Innocent (Prix Fémina. 96. Le Poste sur la Dune. MARIE LE FRANC 221. Hélier fils des bois.

297. La Rivière Solitaire.

306. Pêcheurs de Gaspésie. LEON LEMONNIER 201. L'Amour interdit. ANDRE LICHTENBERGER

9. Rédemption.

35. Père.

125. Le Cœur de Lolotte.

252. Des voix dans la nuit.

315. La main de sang. ALFRED MACHARD 142. Coquecigrole.

211. Le Royaume dans la Mansarde.

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A EDOUARD ESTAUNIË.

I

Quand Mlle Ellapéroumal était seule, son visage, qui, dans l'animation de la causerie, exprimait un empressement joyeux et un peu enfantin, se contractait au lieu de se détendre et perdait, pour revêtir une sévé- rité douloureuse, cet air d'innocence qui lui était particulier. Ces expressions se succé-

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daient si rapidement qu'elles semblaient pro- venir de deux êtres distincts, dont l'un était plus vieux que l'autre et s'effaçait parfois devant lui.

Dans l'atmosphère quotidienne, lorsque circulait un souffle plus tonique, on voyait jaillir de sa chrysalide brumeuse une se- conde Sophiana — une Sophiana qui avait foi dans la vie et pour qui l'amour n'était pas seulement un mot que l'on lit dans les livres.

Ce visage de Mlle Ellapéroumal était tout près d'être beau mais il ne l'était pas ; il aurait fallu pour qu'il le devînt que ses con- tours fussent moins anguleux ; plus fraîche et pulpeuse, sa peau. Cependant, ses yeux montraient, nageant dans une sclérotique d'un blanc légèrement teinté, cet iris d'un brun noir, velouté, mélancolique, affectueux et soumis, qui donne tant d'émotion au re- gard du nylgaut et de certaines antilopes.

Mlle Ellapéroumal avait, comme celles-ci, je ne sais quoi de farouche, de furtif et de réservé, — mais il sortait de cette pudeur presque sauvage de grands courants de ten- dresse qui venaient à vous et vous remuaient comme le cri d'appel d'une femme qui se noie. Elle ne se plaignait pourtant de rien, et quand on s'approchait d'elle, sa figure tout

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entière se mettait à sourire, comme si on lui apportait justement ce qu'elle cherchait depuis toujours, ce rendez-vous avec l'allé- gresse, dont l'un de ses deux visages avouait cruellement la nostalgie.

Du moins, telle était la Sophiana Ellapé- roumal que l'on voyait chez M. François du Chenez ; l'autre, on ne la connaissait pas...

L'autre demeurait onze mois par an dans une maison ancienne de Clermont-Ferrand où elle servait de dame de compagnie, d'in- tendante, d'infirmière et de souffre-douleurs à une vieille cousine rhumatisante qui se fai- sait des rentes sur le ciel avec sa charité.

Quand juin venait, Mme de Scitivers pas- sait quelques semaines chez son fils, qui pos- sédait un château près de Sedan, et Mlle Ella- péroumal, ayant gagné ses vacances, accou- rait les prendre à Louveciennes, auprès de M. François du Chenez, qui avait été le meil- leur ami de ses parents, au temps où ceux-ci vivaient encore avec éclat, dans cette opu- lence extravagance qui les avait ruinés.

Lorsque les hôtes de M. du Chenez s'appro- chaient de Mlle Ellapéroumal et qu'ils la voyaient s'épanouir sous leurs regards, ils se doutaient bien que jamais elle ne rayon- nait ainsi, enfermée dans l'austère maison

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de lave de Clermont-Ferrand, qui s'ouvrait sur une place déserte. Aussi lui parlaient-ils avec insouciance, afin que ce sourire naïf et un peu tendu, qui avait quelque chose de guindé, comme une fleur poussée en serre, ne cessât pas trop vite de découvrir les dents, ni de modeler doucement une joue qui man- quait de mollesse. Mais celui des amis de M. du Chenez qui se plaisait le plus à ce sou- rire, c'était Maurice Dieudé.

Bien que Maurice Dieudé, à ce moment, dépassât à peine la cinquantaine, le travail et les chagrins l'avaient précocement vieilli;

et bien que Mlle Ellapéroumal eût bientôt trente-deux ans, il la traitait encore en petite fille. Peut-être avait-il fait un si long et si cruel voyage dans l'âme humaine qu'il avait raison de se croire un vieillard. Il avait par- fois l'illusion de laisser tomber sur ses inter- locuteurs des paroles lourdes de la sagesse et de l'expérience de plusieurs siècles, car il avait traversé une grande souffrance, et les années avaient eu beau rouler depuis lors leur cours limoneux, cette souffrance durait toujours.

Cependant, Maurice Dieudé avait obtenu de la vie ce qu'on a coutume d'appeler ses avantages matériels. Après une jeunesse dif-

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ficile et obscure, il connaissait, sinon la gloire, du moins une certaine renommée. Il avait écrit quelques beaux livres en même temps vrais et allégoriques, dont il pouvait espérer qu'ils garderaient son nom de périr, du moins quelques années après sa mort ; quelques-uns d'entre eux, l' Enlèvement d'Europe, le Rêve et la Vie d'une femme, les Dédaignées, n'étaient pas oubliés.

Beaucoup de ses confrères enviaient Dieudé d'avoir, à force de labeur, gagné une situation qu'ils n'avaient pas et qu'ils croyaient due à leur paresse. Mais il n'en tirait aucune vanité ; la destinée lui avait enlevé le seul bien auquel il eût attaché un prix : tout le reste lui parais- sait dérisoire, il travaillait parce que le travail était un dérivatif à son chagrin et parce que son dernier plaisir était d'inven- ter et de faire vivre des êtres, des êtres pareils à ceux qu'il connaissait, mais auxquels il demandait d'exprimer ces grandes vérités révélatrices que ceux qu'il connaissait n'exprimaient jamais, peut-être par pudeur, peut-être aussi parce qu'ils n'en possédaient pas le secret intime. Ainsi était- il exact et plus près de la réalité que la réa- lité elle-même.

Grand et maigre, d'une extrême gaucherie

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de manières et fort distrait, Maurice Dieudé, s'était voûté à force de se pencher sur son bureau ; son teint avait pris à la longue cette couleur plombée des hommes qui ne vivent pas assez au grand air. Ses cheveux, déjà blancs, mais épais et touffus, avec de gran- des mèches révoltées, étaient rejetés en arrière. Son visage entièrement rasé mon- trait une bonhomie souriante et mélancoli- que, tempérée de malice; mais ses yeux d'un bleu très clair, derrière leurs lunettes à bran- ches d'or, gardaient le plus souvent une expression anxieuse et préoccupée. Parfois, leur douceur un peu hagarde se transformait en une dureté inexplicable, quand ils ne se fixaient pas sur l'un des familiers de l'écri- vain. Maurice Dieudé semblait toujours ail- leurs, très loin, dans un de ces laboratoires mystérieux, où, distillant dans un alambic, l'essence de centaines d'existences, les ro- manciers essaient comme les alchimistes d'autrefois, de retrouver les secrets de la vie et d'en communiquer le mouvement à des hommes faits de mots.

Ce soir-là, assis sur un banc, dans le grand parc de Louveciennes, Maurice Dieudé, plus distrait encore que d'habitude, n'entendit pas venir Mlle Ellapéroumal, qui avançait sous

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les arbres et s'arrêta à quelques mètres de lui, hésitant à lui parler. Elle finit par s'as- seoir par terre en attendant qu'il l'aperçut.

De temps en temps, elle allongeait le bras, cueillait un brin d'herbe et le suçait en si- lence. Le soir venait, et avec lui, sa paix rapide. Mlle Ellapéroumal éprouvait une impression de détente ; il lui semblait qu'elle avait fini d'attendre, qu'elle se reposait pour longtemps. Elle soupira d'aise. Elle était comme ces gens, qui, bousculés, malmenés depuis des mois dans une grande ville hale- tante, sont jetés par un train, un jour de juillet, près d'une maison de crème battue, devant un bout de mare chatoyante, entre un groupe de poiriers et une rose trémière qui hisse son pavillon. Il montait des profon- deurs de son être des bouffées de bonheur.

Elle voyait devant elle une vie sans début, ni fin, une éternité de recueillement. La terre, à travers un réseau de fibres végétales, lui envoyait sa rauque exhalaison. Elle ne s'en- tendait plus penser, ni même sentir; elle était comme une route ouverte, une route ano- nyme, que l'Esprit du monde parcourait.

A la fin, Mlle Ellapéroumal éprouva les fourmillements d'une crampe ; elle voulut changer de place ; le bruissement de sa robe réveilla l'attention de Maurice Dieudé, et, au

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moment ou il la regarda, la jeune fille tenta de se lever, mais son pied s'embarrassa dans l'ourlet de sa jupe et elle tomba à quatre pat- tes. Elle rougit de confusion, tandis que l'écrivain la considérait avec surprise, comme si, dans la nouveauté de ses mouve- ments, elle eût fait paraître à ses yeux une créature à laquelle il n'eût jamais pensé, une créature presque animale.

Sophiana, honteuse, s'était rassise, s'ap- puyant de la main dans l'herbe ; elle vit que sa jupe découvrait une de ses jambes, une jambe nerveuse et pure, dont le mollet com- mençait très haut ; au-dessus du genou, tremblait une bande de chair, couleur de fleur. Maurice Dieudé parut confus ; il ache- vait de découvrir que Sophiana était une femme, et non cette amie sans sexe, qu'il aimait, mais qu'il traitait en enfant. Sa phy- sionomie anxieuse révéla à la jeune fille la liberté de sa toilette. Elle tira sa jupe avec impatience.

A ce moment, Maurice Dieudé lui tendit la main, elle la saisit et se ramassant sur les jarrets, d'un bond, fut debout.

— Voilà ce que je ne peux plus faire, dit- il en souriant.

— Oh maître ! quelle coquetterie ! Pour- quoi voulez-vous toujours vous vieillir ?

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— D'abord, Sophiana, je vous l'ai déjà dit vingt fois, ne m'appelez plus maître... Maître de quoi ? Pas de ma vie, ni de ma mort, bien sûr ! Appelez-moi Maurice, appelez-moi M. Dieudé, appelez-moi du nom que vous voudrez, mais ne me donnez pas ce titre ridi- cule ! Pensez donc, j'ai été l'ami de votre père, j'ai connu votre mère enfant, et vous me traitez comme les jeunes gens qui me ren- dent visite pour me demander un service...

— C'est vrai, vous me l'avez déjà dit... Mais c'est plus fort que moi. Je ne vois pas en vous l'ami de ma famille, je vois l'auteur des Dé- daignées, l'auteur des Architectures humai- nes, l'homme qui m'a aidée à vivre pendant les heures sinistres de ma vie, et il me sem- ble que vous êtes vraiment mon maître. Non, croyez-le, je ne vous appelle pas ainsi pour faire comme ces jeunes gens qui vont vous voir. Pour moi ce n'est pas une vaine for- mule de politesse, c'est... c'est une réalité...

Sophiana rougit de nouveau comme si elle en avait trop dit, et Maurice Dieudé, intimidé aussi par cette explosion de sincérité, ôta ses lunettes et en essuya soigneusement les verres.

Ils étaient assis sur le banc, côte à côte, tandis que le ciel au-dessus des arbres s'éva-

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« LE LIVRE MODERNE ILLUSTRÉ » EST TIRÉ SUR PAPIER DE LUXE

ET IMPRIMÉ

SUR LES PRESSES DE L'IMPRIMERIE MODERNE 177, route de Châtillon, à Montrouge.

LE VINGT-CINQ MAI MIL NEUF CENT TRENTE-NEUF

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