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Kiss pas cool autochtone

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

Images en Dermatologie

Vol. X - n° 1

janvier-février 2017 14

Le coup d’œil

Cas clinique

Légendes

Figure 1. Lésion en miroir à J5, érythémato- pustuleuse du pli du bras gauche (cas 1).

Figure 2. Lésion en miroir à J7, érythémato- pustuleuse et croûteuse du pli du bras droit (cas 2).

Figure 3. Lésion en miroir à J1, érythémato- nécrotique du pli du bras gauche (cas 3).

Pédérose • Paederus • Lésions en miroir.

Paederus • Kissing lesions.

Kiss pas cool autochtone

Kiss not cool indigenous

M.H. Jégou

1

, N. Genillier-Foin

2

, N. Dejeammes

3

(

1

Cabinet de dermatologie, Blanquefort ;

2

Cabinet de dermatologie, Bayonne ;

3

cabinet de dermatologie, Villefontaine)

Observations Observation n

o

 1

Une patiente, âgée de 52 ans, vivant dans le Médoc, consulte, en septembre 2016, à la suite d’une lésion apparue au pli de son bras gauche, à type d’érythème cuisant. Elle a un antécédent de carcinome du sein gauche avec lymphadénectomie homo latérale, et devant l’évolution pustuleuse de la lésion sur une base très infl ammatoire, son médecin traitant, qui craint un érysipèle ou un zona, l’adresse en urgence à notre cabinet . À l’examen, il existe un vaste placard infl ammatoire recouvert de pustules, se répartissant en miroir par rapport au pli du coude (fi gures 1 et 2) . Cette lésion évolue depuis 5 jours. La patiente n’a pas d’adénopathie palpable, ni de fi èvre. De principe, une bactériologie est réalisée dans ce contexte à risque et reste négative. La patiente cicatrise en quelques jours sous topique cicatrisant Cicalfate

®

et pristinamycine.

Observation n

o

 2

Une patiente, âgée de 62 ans, vivant au Pays basque, consulte, en septembre 2016, pour un avis concernant une lésion du pli du bras droit apparue dans les suites immédiates de travaux de jardinage, et qui n’a pas disparu au bout d’une semaine. Elle décrit une lésion initiale assez infl ammatoire, qui lui tirait dans le bras, puis sont apparues des pustules en voie d’assèchement. À l’examen à 8 jours, on constate une lésion isolée symétrique, en miroir, par rapport au pli du coude, érythémato-pustuleuse et croûteuse (fi gure 3) . La patiente guérit en quelques jours sous acide fusidique topique.

Observation n

o

 3

Une petite fi lle, âgée de 7 ans, vivant en Isère, vient pour la prise en charge de verrues.

Elle montre conjointement une lésion du pli du bras gauche apparue alors que, la veille, elle s’est plainte d’avoir ressenti une piqûre. Cette lésion, examinée à 24 heures, est très prurigineuse. On observe un placard infl ammatoire symétrique par rapport au pli du coude et centré par 2 zones nécrotiques. Il n’y a pas d’altération de l’état général.

La lésion cicatrise sous désonide en quelques jours, ne laissant aucune séquelle.

Discussion

Ces 3 cas stéréotypés, décrits comme des lésions en miroir, ou kissing lesions , évoquent le même diagnostic. Il s’agit d’une dermatite à Paederus ou pédérose.

Le Paederus est un coléoptère de la famille des Staphylinidae , pour lequel il existe plus de 620 espèces  (1) . Il est longiligne, mesure 10 à 15 mm et est caractérisé par l’alternance de 2 bandes rouges et de 3 noires. Il a de petites ailes repliées qu’il utilise peu. Il redresse ses segments abdominaux comme une queue de scorpion pour faire peur aux prédateurs. Il est généralement attiré la nuit par les lumières artifi cielles.

Sa présence est bien connue en région tropicale, surtout à la saison des pluies  (1) ,

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Cas clinique

ce climat étant favorable à sa multiplication, mais sa répartition géographique est bien plus étendue, et touche notamment la France  (2) .

La dermatite à Paederus survient quelques heures après un contact par écrasement, car le Paederus ne pique pas ni ne mord . L’écrasement libère de la pédérine, une toxine à activité caustique. Il s’agit d’un amide contenu dans l’hémolymphe de l’insecte femelle qui ne peut le produire qu’en présence d’un endosymbiote de type Pseudomonas   (3) . Elle l’utilise en moyen de défense contre des prédateurs.

Dans les 24 heures suivant l’écrasement de l’insecte, apparaît un érythème linéaire, concentrique, en bouquet, en placard ou, le plus typique, au niveau des plis, en miroir.

Puis il devient papulo-vésiculeux, voire bulleux et pustuleux par nécrose épidermique.

Il est généralement symptomatique, les patients décrivant des sensations de tirail- lements, de picotements ou de brûlures. Seule la localisation oculaire a une morbidité signifi cative  (4) . Les principaux diagnostics différentiels sont l’herpès, le zona, l’eczéma, la dermatite à la cantharidine et les phytodermatoses.

Si l’insecte écrasé est vu, il faut immédiatement laver à l’eau et au savon pour se débarrasser de la pédérine  (1) . Il n’y a donc pas de recommandation thérapeutique codifi ée à adapter en fonction de la clinique : antiseptique, topique cicatrisant, voire antibiothérapie locale ou générale. La guérison spontanée est habituelle en 8 à 10 jours, sans séquelles en l’absence de surinfection. Une dyschromie passagère est parfois constatée. Les moyens de lutte contre ce Paederus sont en cours d’investigation, notamment l’utilisation de certains agents répellants  (5) .

Conclusion

Si vous croisez ce petit insecte dans nos contrées, chassez-le, mais délicatement en souffl ant simplement dessus, surtout ne l’écrasez pas ! Il faut savoir y penser en dehors

du contexte épidémiologique des zones tropicales. II

Références bibliographiques

1. Vanhecke C, Malvy D, Guevart E, Laloge V, Ezzedine K. Dermatite à Paederus : étude rétrospective de 74 cas survenus en 2008 à Conakry, Guinée. Ann Dermatol Venereol 2010;137(3):189-93.

2. Bong LJ, Neoh KB, Jaal Z, Lee CY. Paederus outbreaks in human settings: a review of current knowledge.

J Med Entomol 2015;52(4):517-26.

3. Kador M, Horn MA, Dettner K. Novel oligonucleotide probes for in situ detection of pederin- producing

endosymbionts of Paederus riparius rove beetles (Coleoptera: Staphylinidae). FEMS Microbiol Lett 2011;

319(1):73-81.

4. Prasher P, Kaur M, Singh S, Kaur H, Bala M, Sachdeva S. Ophthalmic manifestations of Paederus derma-

titis. Int Ophthalmol 2016. [Epub ahead of print]

5. Zhang Q, Wu X, Liu Z. Primary screening of plant essential oils as insecticides, fumigants, and repellents

against the health pest Paederus fuscipes (Coleoptera: Staphylinidae). J Econ Entomol 2016. [Epub ahead of print]

Merci au Dr Guillaume Orieux de Saigon, qui nous a fait connaître cette pathologie, sur le blog Dermatolist.org

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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