HAL Id: hal-02725512
https://hal.inrae.fr/hal-02725512
Submitted on 2 Jun 2020
HAL is a multi-disciplinary open access
archive for the deposit and dissemination of
sci-entific research documents, whether they are
pub-lished or not. The documents may come from
teaching and research institutions in France or
abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est
destinée au dépôt et à la diffusion de documents
scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
émanant des établissements d’enseignement et de
recherche français ou étrangers, des laboratoires
publics ou privés.
Elaboration des reserves proteiques des graines a partir
des photosynthetats recents ou remobilises chez deux
varietes de soja. Influence d’irrigations fertilisantes
azotees
J. Calmés, N. Gelfi, G. Viala, A. Bouniols, Rene Blanchet
To cite this version:
J. Calmés, N. Gelfi, G. Viala, A. Bouniols, Rene Blanchet. Elaboration des reserves proteiques des
graines a partir des photosynthetats recents ou remobilises chez deux varietes de soja. Influence
d’irrigations fertilisantes azotees. Agronomie, EDP Sciences, 1989, 9 (3), pp.285-293. �hal-02725512�
Physiologie végétale
Elaboration des
réserves
protéiques
des
graines
à
partir
des
photosynthétats
récents
ou
remobilisés
chez deux
variétés
de
soja.
Influence
d’irrigations
fertilisantes
azotées
J. Calmés N. Gelfi 2 G. Viala A. Bouniols2 R. Blanchet
1 Centre de
Physiologie végétale, Unité de Recherche associée au CNRS, n° 241, Université Paul-Sabatier, 118, route de Narbonne,
31062 Toulouse Cedex;
2INRA, Station d’Agronomie, Centre de recherche de Toulouse, BP 27, 31326 Castanet-Tolosan, France
(reçu le 19-4-1988, accepté le 12-12-1988)
Résumé — Une étude de la
photosynthèse
et de l’utilisation des assimilats pour l’élaboration des réserves desgraines
est réalisée pour deux variétés de
soja
(Glycine
max(L.) Merr.),
l’une «Weber» à croissance indéterminée, l’autre «172-16» à croissance déterminée.Après
descharges
en!4C02
effectuées durant laphase
végétative,
le devenir descomposés marqués
est suivi durant lapériode
de fructification. Leur utilisation pour ledéveloppement
desgraines
estcomparée
à celle desphotosynthétats
de formation récente. Ces derniers contribuent surtout à la mise enplace
des réservesglucidiques
etlipidiques
tandis que lespremiers participent,
pour unelarge
part, à l’élaboration desprotéines.
La
physiologie
des deux variétés est trèscomparable;
seule la distribution des assimilats dans laplante
varie enfonction du type de croissance. D’un
point
de vueagronomique,
le type déterminé conviendrait mieux pour des cultures intensives.L’irrigation
fertilisante durant la fructification, sans modifier fondamentalement la formation et le devenir desphotosynthétats,
réduit le rôle du métabolisme azoté des feuilles dans l’alimentation desgraines.
Elle stimule l’activitéphotosynthétique;
ellepourrait compléter
une insuffisance de réserves azotées du sol et remédier à une fixationsym-biotique
déficiente.soja - transfert - remobilisation -
protéogenèse
des graines -irrigation
fertilisanteSummary — Storage
in the seeds of newlysynthetized
or remobilized assimilates on twosoybean
cultivars:nitrogen fertilizing irrigation efficiency. Photosynthesis
and storage in the seeds ofsoybean (Glycine
max(L.)
Merr)
were studied in two cultivars, an indeterminate genotype «VVeber» and a determinate line «172-16». After leaf!4C02 incorporation during
thevegetative growth,
labelledphotosynthates
were followedduring
fructification.They
were utilized for pod development, preferentially for seed
proteogenesis,
while newlysynthetized
assimilates contribu-ted more tolipidogenesis
andglucogenesis. Photosynthate
translocation and utilization were similar for both geno-types,only
distribution in the wholeplant
was different.Agronomically,
the determinate genotype appearspreferable
for intensive
cropping. Fertilizing irrigation during
fructification does notessentially change
formation and transfer ofassimilates, but foliar
nitrogen
metabolism contributes to a lesser extent to seedproteogenesis;
thenphotosynthesis
is stimulated. Adeficiency
of thesymbiotic
fixation and smallnitrogen
soil reserves can becompensated
byfertillizing
irrigation.
soybean -
translocation - remobilisation - seedproteogenesis - fertilizing irrigation
Introduction
Les réserves
protéiques
desgraines
desoja
représentent plus
de 40% de leur matière sèche(Salado-Navarro
etal.,
1985).
La mise enplace
de ces réserves nécessite
l’apport
d’unequantité
importante
d’amides et d’acidesaminés,
synthéti-sés dans la
feuille,
au cours du métabolismephotosynthétique
(Lea
etMiflin, 1980;
Latchéet al., 1986;
Grima-Pettenatief al.,
1987).
Durantla
période végétative,
le limbe s’enrichit encom-posés
protéiques :
laprotéine
laplus
abondanteest la
ribulose-bisphosphate carboxylase
dont le rôle essentiel est la fixation duC0
2
atmosphé-rique,
maisqui
peut
également
être considéréecomme
protéine
de réserve(Wittenbach
etal.,
1980;
Grima-Pettenati,
1985).
Durant le
remplissage
des gousses, les acides aminés foliairesdisponibles
pour les organesreceveurs
proviennent
soit directement del’activi-té
photosynthétique
et del’absorption
tardived’azote,
soit de ladégradation
desprotéines
accumulées dans le limbe au cours de lapériode
végétative (Calmés
etViala,
1987).
Parmi lesamides et acides aminés transférés vers les
graines
au cours de leurcroissance,
il est difficiled’apprécier
lapart
qui
relève de laphotosynthèse
récente de celle
qui
provient
de laprotéolyse.
Dans cetravail,
desincorporations
de!4C02,
réalisées à deux stades dudéveloppement
de laplante,
permettent
de marquer lescomposés
foliaires
synthétisés
enpériode
de floraison oude
remplissage
desgraines.
Le devenir des assi-milats solubles etinsolubles,
leurs transferts versles organes receveurs et leur contribution à l’ali-mentation des gousses sont étudiés chez deux
variétés de
soja,
différant par leurtype
decrois-sance. L’influence d’un
apport
échelonné d’azote àpartir
du stade floraison estégalement
préci-sée.
Cetapport,
réalisé parirrigations
fertili-santes, évite que la fixation
symbiotique
ne soitfortement
handicapée
par l’abondance du nitratedans le sol
(Bouniols
et al.,
1985, 1986).
Matériel et Méthodes
Matériel
végétal
et conditions de cultureL’expérimentation
est conduite sur deux variétés de groupe deprécocité
1, l’une à croissance indéterminée«Weber», l’autre de type déterminé «172-16»,
lignée
en cours de sélection à l’INRA de Montpellier. Les deux variétés, semées le 16 avril, sont cultivées au
champ
enparcelles
de 30 m2 avec unpeuplement
de60
plantes.
M
-2.
Le sol brun,limono-argileux,
de pro-fondeur 0,7 m, contenait, le 4 avril, 60kg.
ha-1 d’azote minéral provenant dereliquats
de cultures antérieures. Il est bien pourvu enphosphore
etpotassium.
L’inocu-lation est réalisée avant semis parBradyrhizobium
japonicum,
souche G 49; lesplantes
sontabondam-ment nodulées.
Durant la
période
de fructification, lesparcelles
trai-téesreçoivent
150kg.ha-
1
d’azote sous forme d’uréeajoutée
à l’eaud’arrosage
au cours de 3 interventions successives apportant chacune 50kg
de N. Cesarro-sages sont effectués durant la floraison les 2, 9 et 17 7
juillet
pourl’irrigation
appelée
«précoce»
etpendant
la formation des gousses les 6, 20juillet
et 4 août pourl’irrigation
appelée
«tardive». Lesparcelles
témoins ont reçu desirrigations
non fertilisantes. Dans tous lescas, l’eau fournie satisfaisait sensiblement les besoins de
l’évapotranspiration
maximale. Lesplantes
ont atteint la maturitéphysiologique
le 25septembre.
Techniques
utiliséesLes mesures de
photosynthèse
nette du couvert sontréalisées selon la méthode de Wells et al.
(1982),
encaisson transparent à couvercle amovible couvrant
0,5 m2, dans
lequel
l’air maintenu en unelégère
sur-pression
est constamment renouvelé. Laquantité
deC0
2
fixé est déterminéed’après
la différence desteneurs de l’air, à l’entrée et à la sortie du caisson, et
le débit gazeux. Ces mesures sont effectuées en fin de matinée ensoleillée.
Les
incorporations
de!4C02,
réalisées selon unetechnique précédemment
décrite(Calmés
et aL,1987a)
sont effectuées sur la feuille(Fg)
située sur le 9e nœud àpartir
du bas de latige principale.
La foliole centrale bien éclairée estplacée
durant 30 min dans une enceinte de 400 cm3 où l’on faitdégager
3,7
MBq
de!4C02
par action de l’acidelactique
sur du bicarbonate de Na(radioactivité spécifique :
2050MBq.mmole-1
).
Cesincorporations
ont été réalisées le 6juillet (stade R
1
de Fehr et al.,1971)
et le 25 août(stade
R
6
).
Lesplantes marquées
au !4C le 6juillet
etdestinées à être
prélevées
en août ouseptembre
ont reçu unecharge
4 foisplus
élevée(14,8 MBq).
Les folioles, le
pétiole
et les gousses du mêmeétage
sontprélevés séparément
etplacés
aussitôt dans uncongélateur
à -18°C; pour lesexpérimenta-tions de
longue
durée, l’ensemble desparties
aériennes a été récolté.Pour
l’analyse
desgraines,
un gramme environde matériel frais,
broyé
auPolytron
dans 20 ml deN-butanol, est
porté
à 100°C durant 10 min. Leslipides
sont solubilisés par cepremier
traitement suivi de 2 extractions aumélange
chloroforme-méthanol(2 :
1,v/v) (Calmés
et al.,1987a).
Une foisdélipidé,
le résidu est soumis à 3 extractions aqueuses. Les sur-nageants recueillis parcentrifugation
sontmélangés
à l’eau delavage
deslipides
et concentrés; ilsconsti-tuent la fraction soluble,
analysée
ensuite parchroma-tographie
sur résines Dowex 50 et 1. Lesprotéines
contenues dans le culot résiduel sont
hydrolysées
par HCI, 6N et les acides aminés libérés fixés sur résines Dowex 50. La radioactivité des diverses fractions solubles est mesurée au compteur à scintillationliqui-de Packard 460 C; celle des fractions insolubles est
mesurée
après
combustion au moyen de l’Oxidizer Packard. Pour l’analyse des feuilles et des cosses, ladélipidation
est inutile et lebroyage
est effectuédirec-tement en milieu aqueux.
Résultats
Caractéristiques
culturales :photosynthèse
etproductivité
La
photosynthèse
nette du couvertvégétal
estmesurée du début
juillet (floraison) jusqu’à
lami-septembre (fin
duremplissage
desgraines).
Pour la variété
«Weber»,
à croissanceindé-terminée,
l’intensité de laphotosynthèse
présen-te des variations
importantes
(Fig. 1 A).
C’est vers lami-juillet, lorsque
la croissance del’ap-pareil
végétatif
est trèsactive,
que laparcelle
témoin assimile le maximum de
C0
2
(près
dedéveloppement
de latige principale
setermine;
l’assimilation devient environ trois frois
plus
faible;
après
uneaugmentation pendant
laphase
duremplissage
desgraines,
elle décroîtrapide-ment.
L’irrigation
fertilisante ne modifie pasfon-damentalement cette
évolution,
sauf en cequi
concernel’apport
tardif d’azotequi
se traduit parune
reprise importante
de l’activitéphotosynthé-tique
durant le mois d’août.En
revanche,
la variété«172-16»,
àcroissan-ce
déterminée,
présente
des valeurs dephoto-synthèse beaucoup plus
stables : elles se situentaux environs de 12
Ilmoles.m-
2
.s-
1
.
On observecependant
une baisse momentanée de cesvaleurs au début du mois
d’août,
avant l’intensedéveloppement
desgraines.
Lareprise qui
faitsuite à ce fléchissement se
produit plus
tôtlorsqu’il
y airrigation
fertilisante.Les rendements
importants
obtenus enl’ab-sence
d’apport
d’azote(Tableau 1) témoignent
d’une bonne fixationsymbiotique.
Toutefois lesplantes réagissent
àl’irrigation
fertilisantequi
setraduit,
au moins enjuillet
et au débutaoût,
parune
augmentation
de la teneur des feuilles enazote total
(Fig. 1 B).
La valeurmaximale,
qui
sesitue à la fin de la floraison et au début de la for-mation des gousses, croît de 18% par
rapport
autémoin pour le cultivar «172-16» et de 26% pour «Weber». Le cultivar
déterminé,
dont lesrende-ments en
graines
sontgénéralement supérieurs
à ceux du
type indéterminé,
mobilise mieuxl’azo-te et l’ensemble des assimilats au
profit
des gousses;l’irrigation
fertilisante «tardive» accroît sensiblement laproduction
de
graines
pour lavariété «172-16». En
revanche,
avec la variété«Weber»,
l’irrigation
fertilisante est sansgrand
Distribution dans la
plante,
au stade croissance desgraines,
des assimilats formés au début de la floraisonAprès incorporation
foliaire de!4C02
au début dela floraison
(6 juillet :
stadeR
1
),
la distribution dela radioactivité dans la
plante
a étéétudiée,
51jours plus
tard,
durant la croissance desgraines
(stade R
6
).
LaFigure
2indique
larépartition (%)
du radiocarbone et de la masse de matière sèche des feuilles et des gousses
regroupées
enplusieurs
ensembles suivant leur niveau d’inser-tion sur latige.
Pour la variété«172-16»,
lesramifications,
qui représentent plus
de la moitié de la masse totale de laplante, reçoivent
beau-coup de radiocarbone. Les goussesportées
directement par la
tige principale présentent
unmarquage d’autant
plus
intensequ’elles
se trou-vent enposition
basse.Dans les conditions de
peuplement
réalisées,
les
pieds
de la variété «Weber» n’ont pas de ramifications. Enrevanche,
les feuilles et les fructifications situées au-dessus du 9e noeud(zone d’incorporation)
sontbeaucoup plus
nom-breuses que pour le
type
déterminé et drainentdavantage
d’assimilats.Toutefois,
le marquagespécifique
des gousses(radioactivité
parrapport
à la masse de matière
sèche)
s’avère,
commepour la variété «172-16», d’autant
plus grand
qu’elles
s’insèrent vers le bas de latige.
Devenir des assimilats foliaires formés au début
de la floraison et transferts vers les
graines
Une série de
charges
folaires en14
C0
2
est réali-sée le 6juillet.
Unpremier
prélèvement
est effec-tué 30 hplus
tard,
les autressont
échelonnés durant leremplissage
desgraines,
51,
59 ou 66jours après incorporation.
Dans lafoliole,
l’évolu-tion de la
répartition
du carbone 14 entre lescomposés
azotés(protéines
et acides aminéslibres)
etglucidiques (solubles
etinsolubles)
estindiquée
sur laFigure
3. La radioactivitéglobale
des deux
catégories
de métabolites diminuepro-gressivement;
cette diminutionapparaît plus
net-tement pour lescomposés
azotés,
surtout lorsdes deux derniers
prélèvements
effectués àl’époque
où leremplissage
desgraines
estinten-se. Les résultats obtenus sont très
comparables
pour les deux variétés «172-16» et «Weber» : les
valeurs
indiquées
sur lafigure
serapportent
à lapremière.
Corrélativement,
dans lesgraines,
leradiocar-bone
s’incorpore
dans les diversescatégories
de substances mises en réserves(Fig. 3).
Letoujours;
il s’accentue même en fin deremplissa-ge, où la radioactivité des
composés
azotésreprésente
72% de l’ensemble du radiocarbone desgraines.
Comparaison
de l’utilisation des assimilatsnéo-formés et des assimilats stockés
depuis
le débutde la floraison
Cette
comparaison,
effectuée le 26août,
durant lapériode
deremplissage
desgraines,
concerneles
plantes qui
ont subi unecharge
foliaire en!4C02,
les unes 51jours
auparavant,
les autressimplement
30 hplus
tôt. Le marquage descom-posés
solubles(glucides,
amides et acides ami-néslibres), susceptibles
de transfert vers les organes receveurs, est étudié dans lelimbe,
lepétiole,
les cosses et lesgraines
del’étage
traité(Tableau 11).
Pour les assimilats formés au débutde la
floraison,
lerapport
de la radioactivité des amides et des acides aminés libres sur celle desglucides
solublesprésente
une valeur nettementsupérieure
à celle des assimilatsnéoformés,
aussi bien dans les cosses que dans les
graines
et, à un
degré
moindre,
dans lepétiole
et la folio-le.Ainsi,
l’étude de la fraction soluble montre quele marquage des
composés
azotés estpropor-tionnellement
plus important lorsque
l’incorpora-tion de!4C02
date du début floraison. Cecis’ob-serve avec les deux variétés : «172-16» et
«Weber».
Le marquage
important
descomposés
azotésse retrouve
lorsqu’on analyse
l’ensemble desconstituants solubles et insolubles de la
graine :
51jours
après l’incorporation
réalisée au débutde la
floraison,
lescomposés
azotés sont lesplus
radioactifs(Fig. 4);
viennent ensuite lesglu-cides totaux,
puis
leslipides.
Ainsi,
dans lesgraines
de«Weber»,
ces troiscatégories
de constituants renfermentrespectivement
65,
26 et9% du radiocarbone. En
revanche,
après
uneincorporation
effectuée au cours duremplissage
des
graines,
onobserve,
30 hplus
tard,
dans lesradiocarbone : le marquage des
glucides
totauxprédomine largement
sur celui des substancesazotées. Les résultats obtenus avec les deux
variétés sont
comparables (Fig. 4).
L’ensemble de ces données traduit une utilisa-tion différente du carbone pour la mise en
place
des réserves de la
graine
selonl’époque
où il estassimilé
(floraison
ouremplissage
desgraines).
Influence des
irrigations
fertilisantesLes
irrigations
fertilisantes ne modifient en aucun cas lacomposition
desgraines
ni la distributiondu radiocarbone entre ses constituants
(Fig. 5A.).
Deplus,
cette distribution est sensiblement lamême avec les deux variétés
(Fig. 5B)
pourlesquelles
le marquage descomposés
solublesfoliaires est très
comparable (Tableau 11).
Les valeurs moyennes obtenues à
partir
des deux variétés(Tableau III)
permettent
decompa-rer la radioactivité des
composés
solubles deplantes
bénéficiantd’irrigations
fertilisantes,
parréférence à des cultures témoins arrosées avec
de l’eau. Comme
précédemment,
lerapport
de laradioactivité des amides + acides aminés libres sur celle des
glucides
a été établi.L’apport
d’azo-te par
irrigation
modifie les valeurs de cerapport:
elles deviennent
plus
faibles dans les folioles etles
pétioles,
et, aucontraire,
plus
élevées dansles cosses et les
graines.
Discussion
Au moment de la
floraison,
la feuilleFg, qui
a fixéle
!4C02,
se trouve enposition
haute;
peu de feuilles en voie dedéveloppement
se situentau-dessus d’elle dans le cas de la variété « 172-16» à croissance déterminée. Chez la variété
«Weber»,
la croissanceapicale
sepoursuit plus
longtemps
et, peu à peu, laFg
n’estplus
enposi-tion haute. Dans un
premier
temps,
les assimilatsmarqués
contribuent audéveloppement
desjeunes
feuillesqui
se localisent surtout sur lesramifications pour le
type
déterminé et dans larégion apicale
pour letype
indéterminé. Dans unsecond
temps,
les gousses exercent un effetpuits, qui
augmente
au fur et à mesure durem-plissage
desgraines.
Il en résulte unemobilisa-tion croissante des assimilats foliaires
(Thorne
etKoller, 1974; Gent, 1982;
Hanson etKenny,
1985; Calmés et
al.,
1987b).
La redistribution duradiocarbone assimilé au stade floraison se fait au
profit
de toutes les gousses,plus
spéciale-ment de cellesqui
se situent vers le bas de latige.
Cette distributionpréférentielle
pourrait
compenser, en
partie,
le fait que les feuilles du bas deviennent sénescentes lespremières
etali-mentent de moins en moins leurs propres
gousses. En
revanche,
enpériode
deremplissa-ge des
graines,
l’activitéphotosynthétique
d’une feuille bénéficie avant tout aux fructifications insérées à son aisselle(Calmés
etViala,
1981).
L’effet
puits
des gousses se traduitégalement
par une stimulation de l’activitéphotosynthétique
au cours du mois d’août
(Fig. 1A);
cettestimula-tion constatée à maintes
reprises
au cours des annéesprécédentes
(Calmés
etal.,
1987a,b)
est nettement favorisée par les
irrigations
fertili-santes, surtout en cequi
concerne la variété«Weber»,
pourlaquelle
la fertilisation entraîne un accroissement sensible de la teneur en azotePour satisfaire à la demande
importante
d’azo-te nécessaire à la croissance des
graines
(Warembourg
etal.,
1982;
Kock etSchrader,
1984;
Crafts-Brandneret al.,
1984;
Warembourg
et
Fernandez,
1985),
laplante
mobilise les assi-milatssynthétisés
et stockés dans la feuille aucours de la
période
végétative
et de la floraison.Il en résulte un
appauvrissement progressif
du limbe en azote total(Fig. 1 B). Après
incorpora-tion foliaire de!4C02
au début de lafloraison,
onretrouve, au cours du
remplissage
desgraines,
laprésence,
dans lepétiole
et les cosses, d’amideset d’acides aminés libres
marqués
dont la radio-activité est relativement élevée parrapport
à celle desglucides
solubles. Cetteprésence
témoigne
dutransfert,
sans remaniementcom-plet
au niveau des chaînonscarbonés,
de l’azote aminé foliaire vers lesgraines.
Sur 100Bq
accu-mulés dans ces organes
puits,
62 au début duremplissage
et 72 à la fin(67
enmoyenne)
lesont sous forme de
composés
azotés. On saitd’ailleurs que la
graine
conserve encorel’aptitude
à utiliser les
amides,
alorsqu’elle
a cessé demétaboliser le saccharose
(Vernooy
et al.,
1986).
Ainsi le carbone assimilé par
photosynthèse
audébut
de la floraisonparticipe
surtout à la miseen
place
des réservesprotéiques.
En
revanche,
pour le carbone assimilé par lafeuille en
période
de croissance desgraines,
lafraction
qui
est transférée vers ces dernièresn’est utilisée que dans la
proportion
de 24% pourla formation des réserves azotées. Cette
valeur,
mesurée 30 h
après
l’incorporation,
est enaccord avec des résultats antérieurs
(Calmés
e taL,
1987b)
où il a été montréqu’elle
reste sensi-blement constante au moinsjusqu’à
72h. Onpeut
donc considérerqu’elle
représente
lapart
de carbone néoassimilé
intégrée
dans les pro-téines.Durant la
période
de croissance etjusqu’à
maturité,
lesgraines
ont des teneurs en pro-téinesqui
se situent aux environs de 42% de leurmatière sèche
(Calmés
etal.,
1987b);
dans la mise enplace
de cesprotéines,
deuxapports
d’assimilats interviennent simultanément :l’un,
dû à la
remobilisation,
serépartit
pour 67% dansles
composés
azotés de lagraine,
l’autre,
dû à laphotosynthèse
récente,
pour seulement 24%.Dans la mesure où ces deux
proportions
semaintiennent
jusqu’à
maturité,
un calculsimple
montre que
l’apport
lié à la remobilisation fournitplus
de 40% desprotéines
desgraines.
Si
l’irrigation
fertilisante a un effetbénéfique
sur le rendement et l’activité
photosynthétique,
son influence sur le métabolisme et le transfert
des assimilats est
plus
difficile à saisir. Onconstate toutefois que
l’apport
d’azote setraduit,
dans les folioles et le
pétiole,
par un marquageplus
faible des acides aminés libres parrapport
aux
glucides
solubles. Ceci s’observe aussi bien avec lesphotosynthétats
néoformésqu’avec
les assimilats stockés durant laphase
végétative.
Enrevanche, dans les cosses et les
graines,
l’irriga-tion fertilisante favorise le marquage des acides aminés. Cette inversion estprobablement
le fait du métabolisme des gousses. Ellesreçoivent
directement une
part
importante
de l’azote du solet, au cours des remaniements
biochimiques,
les chaînons carbonésd’origine
foliaire sontdavan-tage
impliqués
dans lasynthèse
d’acides aminés.Ainsi,
le métabolisme azoté des feuilles serait relativement moins sollicité pour assurer lanutri-tion des gousses
lorsque
laplante
bénéficied’irri-gations
fertilisantes.D’un
point
de vueagronomique,
dans debonnes conditions
culturales,
les deuxtypes
decroissance,
déterminée ouindéterminée,
nesemblent pas influencer le fonctionnement du
couvert et l’utilisation des assimilats. Ceci
confir-me les observations de Beaver et al.
(1985)
etBlanchet et al.
(1986).
Toutefois letype
détermi-néprésente
une moindre tendance àl’exubéran-ce des organes
végétatifs
et à la verse; son fonc-tionnementphotosynthétique
estplus régulier
(Fig. 1)
et ilparaît
mieuxadapté
pour destech-niques
culturales intensives. Dans cetteperspec-tive,
l’irrigation
fertilisante,
dont l’efficacitéphysio-logique
est démontrée au cours de cefteétude,
pourrait compléter
une insuffisance de réservesazotées de sols peu
profonds
ou filtrants etremédier à une fixation
symbiotique
déficiente.Références
Beaver J. S.,
Cooper
R.L. & Martin R.J.(1985) Dry
matter accumulation and seedyield
of determinate and indeterminatesoybeans. Agron.
J. 77, 675-679 Blanchet R., Bouniols A., Constant S., Gelfi N.,Marty
J.R. & Puech J.
(1986) Biologie
et formation durende-ment de
sojas
déterminés et indéterminés, en bonrnes conditions culturales.Eurosoya 4, 10-17
7Bouniols A.,
Cleyet-Marel
J.C., Crozat Y., Drevon J.,J.,Hecman M.D., Obaton M., Salsac L.,
Lagacherie
B.,Conejero
G., Robin P., Wery J. &Warembourg
F.(1986) Nutrition azotée du
soja :
les deux voies de l’as-similation de l’azote. in: LeSoja, Physiologie
de la Plante etAdaptation
aux Conditions Françaises.Cetiom, Paris, pp. 38-46
Bouniols A., Puech J., Chalamet A. & Mondies l1li.
(1985)
Influence des conditions d’alimentationhydrique
ou azotée à différents stades dudéveloppe-ment sur la
production
desgraines
et la nutritionazo-tée du
soja.
Eurosoya
3, 55-61Calmés J.,
Naudy
M. & Viala G.(1983)
Protéogenèse
desgraines
desoja,
Glycine
max(L)
Merr. :origine
des acides aminés.Agronomie
3, 273-278Calmés J., Gelfi N., Viala G., Cavalié G. & Blanchet R.
(1987a)
Photosynthèse
et élaboration des réservesdes
graines
chez divers types desoja
à croissanceindéterminée, semi-déterminée et déterminée.
Agro-nomie 7, 33-40
Calmés J., Gelfi N., Viala G., Bouniols A., Blanchet H.
& Cavalié G. (1987b) Influence de l’alimentation en azote sur la
participation
des feuilles audéveloppe-ment des
graines
chez lesoja. Eurosoya
6, 7-14 Calmés J. & Viala G.(1981)
Métabolismephotorespi-ratoire :
développement
et fructification dusoja.
Phy-siol.Veg.
19, 503-511 1Calmés J. & Viala G.
( 1987)
Relations organesdon-neurs et organes receveurs chez le
soja : migrations
vers les
graines
descomposés
azotés foliaires. C. R.Acad Sci., Paris, série 111305, 165-169
Crafts-Brandner S.J., Below F.E.,
Harper
J.E. &Hage-man R.H.
(1984)
Effect of nodulation on assimilate remobilization insoybean.
PlantPhysiol.
76, 452-455 Fehr W.R., Caviness C.E., Burmood D.J. &Penning-ton J.S.
(1971) Stages
ofdevelopment description
forsoybean Glycine
max.Crop.
Sci. 11, 929-931Gent M.P.N.
(1982)
Effect of defoliation anddepodding
on
long
distance translocation andyield
inY-shaped
soybean plants. Crop
Sci. 22, 245-250Grima-Pettenati J.
(1985)
Effets d’uneprivation
d’azo-te sur la nutrition carbonée et la
dégradation
des pro-téines foliaires chez lesoja.
Thèse de doctorat de 3ecycle,
Université Paul Sabatier, ToulouseGrima-Pettenati J.,
Bailly-Fenech
G. & Latché J.C.(1987)
Etudecomparative
desmigrations
d’assimilats chez deux variétés desoja,
de type déterminé ouindé-terminé. Influence d’une carence en azote.
Agrono-mie 7, 447-456
Hanson W.D. &
Kenny
S.T.(1985)
Genotypic
diffe-rences in
soybean affecting
the rate of assimilatetransport from the leaf.
Crop
Sci. 25, 229-234Koch K.E. & Schrader L.E.
(1984)
!4C-photosynthate
partitioning
and translocation insoybeans during
reproductive
development. PlantPhysiol.
75, 1040-1043Latché J.C., Calmés J.,
Naudy-de-Serres
M., Viala G. & Cavalié G.(1986)
Mise en réservetemporaire
d’azo-te sous forme
organique
dans latige
et les feuilles desoja.
Physiol. Vég.
24, 707-717 7Lea P.J. & Miflin B.J.
(1980) Transport
and metabolism ofasparagine
and othernitrogen compounds
within the plant. ln: TheBiochemistry
of Plants. 5: Amino Acids and Derivates.(Miflin
B.J.,ed.)
Academic Press, New York, London, pp. 569-607Salado-Navarro L.R., Hinson K. & Sinclair T.R.
(1985)
Nitrogen
partitioning
anddry
matter allocation in soy-beans with different seedprotein
concentration.Crop
Sci. 25, 451-455
Thorne J.H. & Koller H.R.
(1974)
Influence ofassimila-te demand on
photosynthesis,
diffusive resistance,translocation and
carbohydrate
levels ofsoybean
leaves. PlantPhysiol.
54, 201-207Vernooy
C.D., Thorne J.H., Lin W. & Rainbird R.M.(1986)
Cessation of assimilateuptake
inmaturing
soy-bean seeds. PlantPhysiol.
82, 222-225Warembourg
F.R. & Fernandez M.P.(1985)
Distribu-tion and remobilizaDistribu-tion ofsymbiotically
fixednitrogen
insoybean Glycine
max.Physiol.
Plant. 65, 281-286Warembourg
F.R.,Montange
D. & Bardin R.(1982)
The simultaneous use of!4C02
and15
N
2
labelling
tech-niques
tostudy
the carbon andnitrogen
economy oflegumes
grown under natural conditions.Physiol.
Plant. 56, 46-55Wells R., Schulze L.L.,
Ashley
D.A., Boerma H.R. & Brown R.H. (1982) Cultivar differences in canopyapparent
photosynthesis
and therelationship
to seedyield in
soybeans. Crop.
Sci. 22, 886-890Wittenbach V.A. (1978) Breakdown of
ribulose-bis-phosphate carboxylase
andchanges
inproteolytic
acti-vity during
dark induced senescence of wheatseed-lings.
PlantPhysiol.
62, 604-608Wittenbach V.A., Ackerson R.C.,
Giaquinta
R.J. & Hebert P.R.(1980) Changes
inphotosynthesis,
ribulo-se-bisphosphate carboxylase,