A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
L UIGI B IANCHI
Sur deux classes de surfaces qui engendrent par un mouvement hélicoïdal une famille de Lamé
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 11, no4 (1897), p. H1-H8
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H.I
SUR
DEUX CLASSES DE SURFACES
QUI ENGENDRENT
PAR UN MOUVEMENT HÉLICOIDAL
UNE FAMILLE DE LAMÉ, PAR LUIGI
BIANCHI.
1. Plusieurs Géomètres se sont
occupés
de la recherche dessystèmes triples orthogonaux,
danslesquels
les surfaces d’une famille sont con-gruentes.
Enparticulier, Petot,
dans une Note insérée en auxComptes
rendus dcs séances de l’Académie desSciences,
t.CXVIII,
p. donné une
propriété caractéristique
des surfacesqui engendrent,
par un
déplacement hélicoïdal,
une famille de Lamé. Je mepermets
derappeler
ici l’attention sur deux classesremarquables
de cessystèmes,
quej’avais
rencontrées dans mes anciennes recherches sur lessystèmes
deDupin,
etqui
semblent avoiréchappé
aux Géomètres dans leurs recherchespostérieures.
2. Dans un Mémoire
de 1884,
inséré au TomeXIII,
2Csérie,
desdi
Matematica, j’ai
démontré l’existence de familles deLamé, dépen-
dantes de deux fonctions
arbitraires, composées
de surfaces hélicoïdalesqui
ont même axe et même pas.Le mouvement
hélicoïdal, qui
faitglisser
les hélicoïdes sureux-mêmes, échange
entre elles les surfaces de chacune des deux autresfamilles, qui
sont donc
composées
de surfacescongruentes.
La détermination de ces
systèmes
hélicoïdauxdépend
d’uneéquation
aux dérivées
partielles
du secondordre,
que l’on forme de la manière suivante : Prenons l’axe des hélicoïdes pour axe 0 â et soitl’équation
de leursprofils
méridiens dans leplan
enindiquant par t
un
paramètre qui fait,
envariant, changer
la forme duprofil.
Si l’ondonne aux ~’ courbes
(I)
un mouvement hélicoïdal de pas 27t m autourde on obtiendra une famille hélicoïdale de
Lamé, lorsque
la fonctionc~ (x, t) satisfera,
par un choix convenable duparamètre
t, àl’équation
dusecond ordre
3. On obtient une
intégrale particulière
assezremarquable
del’équa-
tion
( 2 )
en cherchant si lesprofils (i) peuvent
êtrecongruents
par transla- tion lelong
de l’axe Oz. Cela donneh,
désignant
une constante etl’équation (2) exprime
alors que l’hélicoïde ala
courbure constante etégale
àh 1.
Les surfaces des deux autres famillessont aussi des hélicoïdes
congruents
à courbureconstante,
avec même axehélicoïdal,
mais de pas différent. L’élément linéaire del’espace, rapporté
à un tel
système triple orthogonal ( u, v, w), prend
la formecaractéristique
(3) ~-i- +
~-h~)~~
les constantes
A, B,
C étant liées au module k des fonctionselliptiques
par la relationPour les courbures totales
Kf, K2, K3
dessurfaces u, v,
w ontrouve
ainsi donc : Toute
surface
hélicoïdale à courbure constanteengendre,
par rotation autour de son axe, une
famille
de Lamé et lessur~ f aces
desdeux autres
familles, qui complètent
lesystème triple orthogonal,
sontaussi des hélicoïdes
congruents
à courbure constante. Dans l’une desfamilles
la courbure estpositive, négative
dans les deux autres, et lasomme des trois courbur~es est nulle.
Nous
signalerons
encore, pour lesystème triple orthogonal (3),
le cas oùalors les courbes
(rp)
ont le rayon depremière
courbure constantégal
àC,
et les hélicoïdes w == const. sont
applicables
sur la surface de révolutionengendrée
par la tractrice(pseudosphère)
de telle sorteque
les hélicescorrespondent
auxparallèles.
4. J’ai
emprunté
lesrésultats précédents
à mon ancien Mémoire. Je vais maintenant yajouter quelques considérations, ayant
pour but dedéfinir,
dans les
systèmes triples orthogonaux
enquestion,
les surfaces des deuxautres familles.
Soit S une telle surface. Elle est caractérisée par ce fait que tous les
points
d’uneligne
de courbure C deS,
dans un dessystèmes, décrivent,
par le mouvement
hélicoïdal,
des hélicesqui
coupentorthogonalement
lacourbe
C. Tout lelong
d’une telleligne
de courbure C on devra donc avoirc’est-à-dire,
avec les notations deMonge
pour la surfaceS;
En portant
ces valeurs dedx, dy
dansl’équation
différentielle deslignes
de
courbure,
nous trouvons, commeéquation caractéristique
pour la sur- faceS, l’équation d’Ampère
Toute surface S
intégrale
de cetteéquation engendre,
pardéplacement
hélicoïdal de pas 2~m autour de
02,
une famille deLamé, chaque ligne
de
courbure,
dans unsystème,
de Sengendrant
unhélicoïde, qui
coupeorthogonalernent
suivant deslignes
de courbure lespositions
successives de S.L’équation (5) appartient
à cette classed’équations
con-sidérée par Du
Bois-Reymond
etLie,
dont leslignes caractéristiques
’sur
chaque surface intégrale
sont leslignes
de courbure( ~ ).
Le théorème(1) Voir GOURSAT, Leçons sur l’intégration des équations aux dérivées partielles du second ordre, t. ~, p. ~ 56.
général,
dé,montré par ~~. Goursat au n° 85 de sonTraité, prouvant
que deuxcaractéristiques, appartenant
à dessystèmes différents,
déterminentune surface
intégrale
et uneseule, reçoit
ici uneinterprétation géométrique
dans la
proposition
suivante :Étant
donnée unesurface
hélicoïdalequelconque 03A3,
prenons mae courbeC, qui
coupe Eorthogonalement
en uJZpoint
et soittrajectoire oi1fioéroJialc
clcs hélices décrites par sespoints,
dans Lc mouvement héli-coïdal cle
03A3
, mais du reste arbitraire.Il existe une cL une seule
f amille
hélicoïdale deLamé, comprenant
03A3et
coupant orthogonalement
la courbe C.5 .
Rapportons
Inaintenant une de nos surfacesS, intégrale
de( ~),
à seslignes
de courbure(~c, v)
et soitl’élément linéaire de S.
Supposons,
conformément àl’équation (!~),
que l’on ait la relationEn
posant
on trouve
(’ ~
et, par
conséquent)
en
indiquant par 9 (r)
une fonction de v.Maintenant tout
point v)
de Sdécrit,
par le mouvementhélicoïdal,
une courbe dont les coordonnées
courantes x, y, z
d’unpoint
serontdonnées par les
équations
( 1 ) Il faut, pour cela, se rappeler que x, y, z sont des solutions de l’équation de Laplace
d’où l’on
déduit,
pour l’élément linéaire del’espace,
et nous aurons
ce
qui
met en évidence lesystème triple orthogonal,
les surfaces M=iconst.étant les hélicoïdes.
On voit que les coefficients de l’élément linéaire
(6)
sont des fonctionsde u et v, - w. C’est là une
propriété caractéristique
de cessystèmes,
ainsique j e
l’ai démontré dans mon Mémoire cité.6. Je vais maintenant donner un deuxième
exemple,
où la surfacequi engendre,
par un mouvementhélicoïdal,
une famille de Lamé a seslignes
de courbure
planes
dans unsystème.
Ici nous pourrons trouver, par desimples quadratures,
autant de ces familles que l’on voudra. Jem’appuierai
pour cela sur les résultats que
j’ai
établis dans un Mémoire inséréen
1890
au Tome XIX des Annali di Matematica. Prenons une surface hélicoïdalequelconque S
et une de seslignes
decourbure,
soit C. Sur leplan
normal en unpoint
P de C à l’hélicequi
passe parP,
traçons unecourbe arbitraire
r, qui coupe 1 orthogonalement
en P.Traçons
aussi tousles
plans «, qui partent
dechaque point
de C normalement à l’hélice issue de cepoint.
Ilrésulte, du §
1 du Mémoirecité, qu’il
existe une et une seulesurface
S,
contenant C etr,
commelignes
decourbure,
et dont leslignes
de courbure d’un
système
sont situées dans lesplans
La détermination effective de cette surface Sexige
seulement desquadratures.
Notre surface S coupe
orthogonalement
l’hélicoïde 03A3 lelong
de laligne
de courbure C et, si nous donnons à S le mouvement hélicoïdal
qui
faitglisser 1
surelle-même,
les considérations du§
3 de mon Mémoireprouvent
que les diversespositions
de Sappartiennent
à une famille de Lamé. Parmi les surfacesorthogonales
auxlignes
de courbu.replanes
deS,
dans sesdiverses
positions,
iln’y
a que l’hélicoïde 03A3qui glisse
surlui-même,
par ledéplacement hélicoïdal,
tandis que les autres surfacess’échangent,
engénéral,
entre elles et sont, parconséquent, congruentes.
Enparticulier,
si la courbe r est un
cercle,
toutes leslignes
de courbureplanes
sont aussides cercles et l’on a de la sorte un
système cyclique qui
admet un mouvc-ment hélicoïdal. Ces
systèmes cycliques
sont lessystèmes osculateurs,
lelong
des surfaceshélicoïdales,
dessystèmes
considérés dans les numérosprécédents.
7. Un cas
particulier remarquable
est le suivant. Prenons une de cessurfaces hélicoïdales à courbure constante
négative -- I C2, signalées plus haut,
dont les hélices sont deshoricycles.
Si nous traçons, pour toutpoint
P de lasurface,
le cercle de rayonégal
à Cqui part
de Porthogona-
lement à l’hélicoïde et dont le centre coïncide avec le centre de courbure
géodésique
de l’hélice issue deP,
nous aurons unsystème cyclique
deRibaucour et les surfaces
orthogonales
aux cercles seront toutes à cour-bure constante
égale à - I, . Si l’on excepte
la surface initiale,
ces sur-
faces,
dont on obtient leséquations
finies par desquadratures,
ne sont pas hélicoïdales et sont toutescongruentes
entre elles.8. A
l’exemple
du numéroprécédent
se rattachent les considérationssuivantes,
parlesquelles j e
termine.Considérons une surface hélicoïdale
quelconque
à courbure constantenégative - I,; si d’un point quelconque
de la surface comme centre et
dans le
plan tangent,
on décrit un cercle de rayonR,
tous les cercles ainsiobtenus déterminent un
système cyclique
de Ribaucour et sont normaux àune famille de surfaces
qui
sont toutes à courbure constante- 1 .
Ces sur-faces, qui
sont lescomplémentaires
del’hélicoïde,
sont(en exceptant peut-
être une surface
limite )
toutescongruentes
entre elles àl’égard
dudépla-
cement hélicoïdal. Leurs
équations
en termes finis s’obtiennent au moyen des fonctionselliptiques.
Ce ne sont ni deshélicoïdes,
ni des surfacesd’Enneper (avec
unsystème
delignes
de courbureplanes).
Bienplus,
ellesn’ont,
dans aucun des deuxsystèmes,
leurslignes
de courburesphériques,
si l’on
excepte
toutefois un casparticulier remarquable, que j’ai
considérédans une Note ancienne sur les
systèmes cycliques (Giornale
di Matema-tic/le,
t.XXI),
et où leséquations
finies de la surfacedépendent
seulementdes fonctions
exponentielles.
Ce cas seprésente lorsque
l’onprend
pour surface initiale une surface hélicoïdale de M.Dini,
dont leprofil
méridienest une tractrice admettant l’axe hélicoïdal pour
asymptote.
Dans le carré de l’élément linéairede cette surface
complémentaire
del’hélicoïde
de M.Dini,
où u, p sont lesparamètres
deslignes
decourbure,
la fonction 6 est donnée par la relationen
désignant
par o- uneconstante,
2~ sincr étant le pas du mouvement héli- coïda). Leslignes
de courbure u = const. de cette surface sontsphériques.
Les
considérations précédentes
établissent laproposition
suivante :7/ existe des
surfaces à
courbure constante négative, dont leslions en termes
finis s’obtiennent
au moyen desfonctions elliptiques, qui
ne sont ni deshélicoïdes,
ni dessurfaces qui
en-gendrent, par
undéplacement hélicoïdal convenable,
unefamille de
Lamé.
Ajoutons
que les surfaceshélicoïdales
à courbure constante et les sur-faces
d’Enneper engendrent
à leurtour,
parsimple
rotation autour de leur ,axe, une famille de Lamé.
Addition à la Note
Les résultats contenus dans la
première partie
de la Note sontsusceptibles,
ainsique
je
viens del’observer,
de la généralisation suivante :Au lieu d’un groupe à un paramètre de mouvements prenons un groupe à un para- mètre Gi de
transformations conformes
del’espace.
Il est alors aisé d’établirl’existence
de familles de Lamé, dont tous les individus se déduisent d’une surface initiale par les transformations de ce groupe Gi.Nous
rappelons
que le groupe Gio des transformations conformes del’espace
estengendré
par les dix transformations infinitésimales ( 1 )Soit maintenant
(1) ) LIE-ENGEL,
Transforniationsgruppen,
Bd. 1I, p. 45g, et Bd. III, p. I37.H.8
une transformation infinitésimale
quelconque
de Gio, c’est-à-dire une cornhinaisonlinéaire,
homogène,
à coefficients constants, des dix transformationsprécédentes,
etconsidérons le sous-groupe Gi
engendré
par V. Prenons une surface S, dont leslignes
de courbure d’unsystème
coupent àangle
droit toutes lestrajectoires
dugroupe G1, issues de leurs
points. Ainsi qu’on
le démontre pour des considérationsanalogues
à celles du les surfaces de cetteespèce
sont lesintégrales
del’équation d’Ampère
Or
je
dis que, si l’on transforme une telle surface S à l’aide du groupe continu G1,on obtiendra une famille
(S)
de Lamé. Il suffit, pour s’en convaincre, de remarquer que les transformations de G1 conservent les angles et leslignes
de courbure. Il s’en-suit que les surfaces (2)
engendrées
parchaque ligne
de seconde courbure de S, sou-mise à la transformation continue de Gi, coupent orthogonalement, suivant des
lignes
de courbure, les surfaces
(S).
Lecomplément
donné par M. Darboux au théorème deDupin
nous démontre alorsqu’il
existe une troisième famille,qui complète
avec(S)
et ( E ) le
système triple orthogonal.
Prenons comme
exemple
/1. étant une constante. Alors les
trajectoires
de Gi sont des hélicescylindro-coniques,
c’est-à-dire des
lignes loxodromiques
des cônes de révolutionautour
de l’a;e Oz, ayant leur sommet àl’origine
0, et les surfaces (E) sont dessurfaces spirales
deM. Maurice
Lévy
(1). Nous voyons ainsi que l’on peutformer
desfamilles
dP l~amé(qui
comprennent deuxfonctions
ar~bitraires) avec dessurfaces spirales
ayant mêmeaxe et même paramètre.
Puisque
sur toute surfaceintégrale
de (a) leslignes
carac-téristiques
sont encore les lignes de courbure, on prouvera, comme au n~ ’~., que, pour définir une telle famille de Lamé, on peut se donner d’une manière arbitraire unedes surfaces
spirales
et l’une des courbes C,qui
doivent être lestrajectoires
ortho- gonales de la famille, pourvu que lestrajectoires
du groupe Gi issues despoints
de Ccoupent cette courbe à
angle
droit.Je terminerai en observant que les considérations
générales précédentes
sont aussiapplicables
à tout espace à courbure constante,puisqu’un
espace de cette nature admet unereprésentation
conformesur l’espace
euclidien. Enparticulier,
nous aurons,dans tout espace à courbure constante, des familles de Lamé
composées
de surfacescongruentes.
’
( 1 ) yroir DARBOUX, Théorie des surfaces, t. l, p. Ioâ.