African
Programmefor
OnchocerciasisControl (APOC)
Programmeafricain
de lutte contre l'onchocercoseJAF-FAC
JOINT ACTION FORUM Office
of the ChairmanFORUM D'ACTION
COMMLTNE Dixième sessionKinshasa
(DRC).7-9
décembre 2004FORUM D'ACTION COMMUNE
Bureau du PrésidentJAFIO/INF/DOC.3 ORIGTNAL :ANGLAIS
Septembre 2004
Vaincre la cécité des rivières:
Trente années de succès en Afrique
Vaincre la Cécité des Rivières:
Trente Années de Succès en Afrique
Cette étude de cas a été rédigée par Jesse B. Bump, Bruce Benton, Amdoga Sékétéli, Bernhard H. Liese, et Christina Novinskey. L'adresse de Jesse B. Bump est comme suit: jbump@worldbank.org , tel.: 202 458 5475. Celle de Bruce Benton est: Bbenton@worldbank.org
;teli
202 473 5031. On peut contacter Azodoga Sékétéli à: seketelia@oncho.oms.bf et au +226 50 34 29 53. Bernhard H. Liese peut êtrejoint
à I'adresse suivante: Bliese@worldbank.org et au202 458 4491. Les auteurs expriment leur reconnaissances à Katherine Allen pour son assistance dans les recherches et à George Callen pour la préparation des graphiques et de la présentation en Powerpoint..JAFIO/INF/DOC3
Pageii
Abréviations
APOC FAO ONGD OCP TDRUNDP/PNUD OMS
Programme
Africain
de Lutte contre l'OnchocercoseFood and Agriculture Organization
of
the United Nations (Organisation des Nations Unies pourl'Agriculture
etl'Alimentation
Organisation Non4ouvernementale de Développement
Onchocerciasis
Control
Programmeof West Africa
(Programmede Lutte
contre I'Onchocercose en Afrique de I'Ouest)United
Nations
Development Programme/WorldBank/World
Health Organization Special Program for Research and Training in Tropical DiseasesUnited Nations
Development Programme (Programme desNations
Uniespour
le DéveloppementOrganisation Mondiale de la Santé
Au
cours des 30 demières années, I'onchocercose, un fléau qui, pendant des années, avait frappé la plupart des pays au sud du Sahar4 a été éliminée d'une grande partie du continent, grâce aux efforts conjuguésd'un
large partenariat intemational. Le partenariat a vaincu la maladie dansla
majeure parlie deI'Afrique
de l'Ouest et est en train également d'engranger des succès dans les pays endémiques restants en Afrique centrale et de I'est.La maladie a frappé une trentaine de pays, du Sénégal en Ethiopie au nord, et de
I'Angola
auMalawi
dans la partie méridionaledu
continent.Avant le
lancement des Programmesde
lutte, des dizaines demillions
de personnes étaient parasitées,et
des centaines demilliers
souffiaientdu
symptômele
plus atrocedu fléaq
à savoir la cécité.La
lutte contre la cecité des rivières enAfrique
de l'ouest a commencéen
1974 sous formed'un
vaste projetrégional (Encadré l). L'unique
méthodede lutte
disponibleà l'époque
étaitla lutte
antivectorielle, qui consistait à traiter aux larvicides les gîtes des simulies. Auparavant, des efforts de lutte remontant aux années 1950 avaient démontré quela
cécité des rivières se transmettaità l'échelle
régionale. Les premiers projets étaientde
petitetaille, d'otr la
ré-infestation persistante des zonesde
savane.La
phase ouest africaine du Programme a donc débuté dans le cadre d'un projet régional afin de vaincre les facteurs épidémiologiques qui minaient les efforts entrepris au niveau villageois. Dès les premières années,le
Programme s'est élargi de manière systématique pourcouvrir
entièrement plusieurs réseauxfluviaux
dans sept pays, mais ces efforts combien ambitieux n'étaienttoujours
pas suffisants.En
conséquence,la
couverturedu
Programmea
été doublée pour atteindre II
pays. La lutte antivectorielle était la stratégie principale enAfrique
de I'Ouest, avec la distribution des médicaments, qui est venu en supplément vers la fin des années 1980 début 1990.Box l.
Chronologie de lalutte
contre la cécité desrivières
enAfrique
suEsaharienne 19681970 1972
Au cours d'une réunion d'experts à Tunis, les participants se sont mis d'accord sur la nécessité d'une lutte d'envergure régionale contre la cécité des rivières.
Une équipe OMS, financée par le PNUD, élabore une shatégie régionale pour
I'Afrique
de I'Ouest.Réunion Banque Mondiale à Londres avec la participation de la FAO, du PNUD et I'OMS, qui, conjointement assurent le parrainage de la Phase
I
du partenariat contre la cécité des rivières, et se répartissent les rôles selon leurs domaines d'expertise.Lancement de la Phase I.
Extension du Programme à la partie sud de la Côte
d'lvoire
pourjuguler
la réinvasion des simulies.Introduction de la stratégie de rotation des larvacides comme solution viable à la résistance.
Des fluctuations des cours de devises créent un déficit de 35 millions de dollars US au niveau du Fonds Fiduciaire du Programme.
Extension du Programme vers l'ouest et le sud
Approbation de l'ivermectine
pou
le traitement chez l'hommeDes stratégies de livraison du médicament sont mises au point et testées.
Elaboration d'un plan pour transférer et dévoluer les activités et la surveillance post-Phase I aux gouvernements des pays participants.
L'accent est mis sur I'approche 'traitement sous directives communautaires.
Les études de TDR poursuivent l'évaluation et l'optimisation des méthodes.
Lancement de la Phase
II
: couverture de 19 pays supplémentaires ; 4 premiers projets mis en place.Les Projets de distribution sont au nombre de 29.
Les projets de distribution sont au nombre de 63.
Fin Phase
I:
la cécité des rivières est éliminée en tant que problème socioéconomique et de santé publique dans la plus grande partie del'Afrique
de l'Ouest.Les projets de la Phase
II
sont au nombre de l07ts.Phase
II
: poursuite de l'extension du réseau de distribution dans lesl9
pays endémiques restants, et promotion de la prestation d'une large gamme d'intervention en matière de.D'ici
2010, les PhasesI
etII
auront protégé environ 150 millions de personnes.l98l
Mi-1980
I 986 1987
I 988-95 1994 1995
1995- à
cejour
1996t974
19781997 2000 2002 2003 Présent
JAFIO/INF/DOC3 Page2
La phase
II
a été lancéeen
1996 pourcouwir
19 pays supplémentaires, les pays restants qui étaient toujours infestés. Les activités de la PhaseII
reposent sur la distribution du Mectizan (ivermectine). Merck&
Co., qui avait mis au point le médicament dans les années 1980,ofte
gracieusement le médicament et pour une duÉe illimitée, pour la lutte contre la cécité des rivières.La
PhaseIl
est beaucoup plus classique quela
première phase, par rapport à I'extensiondu
Programme. La distribution du Mectizan est assurée par les communautés elles-mêmes et celles-ci sont formées et appuyees par les partenaires oeuvrant dansla
lutte contre la cécité des rivières, lesquels partenaires étant constitués pardes
organismes,y compris les
agences internationales,les
gouvernementsdes pays participants,
les organisations non gouvernementales(ONGD),
les pays donateurs,et
bien entendu les communautés elles- mêmes.La Phase
It
a été larrcée sur une échelle réduite d'abord, avant de s'étendre progressivement à travers la mise en æuvre de plus en plus de projets. C'est ainsi qu'après des débuts modestes en 1996, le Programme finançait 107 projets versfin
2003. Ces projetsont
assuré, en 2003 seulemenqle
traitement de plus de35 millions
personnes.
A la
dated'avril
2004, six projets supplémentaires avaient été mis sur pied, etd'ici
2007, 9 autres projets auront été lancés, ce qui portera le nombre de personnes bénéficiant du traitement à 65millions. D'ici 20t0, où la
phaseII
prendrafirU
150millions
de personnes auront été protégées dans tous les pays dans le cadre des deux phases du projet(voir
Encadré 2).Le réseau de distribution de l'ivermectine est également en train d'être testé en vue de son utilisation pour [a prestation d'autres interventions
en
matièrede
santé. Cette situationoffre
une opportunité d'extension des actionsà la lute
contre d'autres maladies dansles
zones onchocerquiennes,qui
sont éloignées, rurales et pauvres.La
plupart des personnesvivant
dans ces airesne
sont pas touchées par d'autres Programmes. et d'autres ne sont même pas atteintes par leurs propres gouvernements.Encadré 2.
Trente
années de réalisations dans le cadre de lalutte
contre la cécité desrivières
1975
r 979-80 1989-90 1989-90 1994 2001
2002
Protection de dix millions de personnes; 10.000 kilomètres de rivières sont traités, soit une couverture de 660.000 km2 dans sept pays.
Protection de 20 millions de personnes assurée; traitement de 40.000 kilomètres de rivières, soit une couverture de 780.000 km2 dans huit pays.
Trente millions de personnes protégées; traitement de 50.000 kilomètres de rivières, soit une couverture de 1.3
millions
km2 dans II
pays. Le traitement par voie aérienne est en plein essor.Démarrage de la distribution à grande échelle de l'ivermectine, et le traitement de 60.000 personnes.
Protection de 35 millions de personnes; traitement au Mectizan de 2 millions de personnes; les traitements larvacides se poursuivent.
Mise en place sous la Phase
II
du réseau de distribution sous directives communautaires du médicament dansl6
pays.Protection de 66 millions de personnes, soit 40 millions dans le cadre de la Phase I et 26
millions
sous la Phase
II.
Fin de la Phase I. Prévention de 600.000 cas de cécité, etl8
millions d'enfants protégés du risque de contracter la cécité des rivières. 25 millions d'hectares de terre sont libérés pour être repeuplés et pour des fins agricoles, ce qui assurera l'alimentation de 17 millions de personnes additionnelles. Traitement au Mectizan, sous la PhaseII
de 26 millions de personnes.Protection de 75
millions
de personnes. Traitement de 35 millions de personnes dans 68.000 communautés au niveau de I'aire de la PhaseII;
Formation et recyclage de plus de 160'000 distributeurs communautaires et 18.0ü) agents de santé.Il
est prévu de protéger 105millions
de personnes, incluant le traitement au Mectizan de 65millions
dans 100.000 communautés dansl6
pays dans le cadre de la PhaseII.
La protection prévue de 150 millions de personnes au niveau de tous les 30 pays sous les deux 2003
2007
2010
Fin de la Phase
II
Que veut
dire
la cécité desrivières
et comment Ialutte
est-elle menée?L-'Onchocercose, ou
"oncho,"
est connue sousle
nom de cécité des rivières en raison de sa prévalence aux alentours des fleuves à courant rapide, et du fait qu'elle occasionne la cécité des rivières. La maladie provoque un prurit persistant, des cicatrices dues au gmttage permanent, la dépigmentation et le durcissement de la peau, une baisse de la vision et éventuellement la cécité. Plus de9ÿ/o
des cas de cécité onchocerquienne se trouve en Afrique.La
cécité desrivières
est une maladie parasitaire, causéepar
des vers.Au
stade adulte, ces vers peuventmesurer près d'un mètre de long, et
ils
vivent en couples enroulés dans des nodules sous-cutanés. Les femelles adultes reproductrices pondent environ 2.000 vers immatures parjour.
Ces jeunes vers migrent sous la peau et vers les yeux, causant ainsi divers symptômes de la maladie. Ces vers immatures, bien que causant des dégâts, ne peuvent muer en adultes sansla
simulie.l'hôte
intermédiaire. Les mouches (simulies) ingèrent des vers immatures lorsqu'elles piquent des personnes infectées. Se trouvant dansle
corpsde la simulie,
les vers mûrissent sexuellement après une semaine,et si la
mouche pique une personne,le ver en
maturation est inoculé et grandit pour atteindrele
stade adulte dansle
corps humain.Le
cycle de transmission est achevé lorsque les vers adultes trouvent des partenaires, se renferment et produisent d'autres vers immatures.La durée de vie du ver adulte, qui est de
l5
ans, renddiffîcile
la lutte contre la cécité des rivières. Les femelles adultes aussi restent fécondes presque toute leur vie, et bien que les vers immatures ne vivent dans la peau que pendant deux ans,ils pullulent
sans cesse tant que les femelles adultes restent vivantes dansle corps.
Enconséquence, la maladie ne disparaîtrait pas naturellement pendant les 15 ans
(la
durée devie
du ver adulte) même dansle
casd'une lutte
instantanéeet
réussie. Dansla
pratique,ceci veut dire
que toute tentative d'élimination de la maladie devra durer au moins 20 ans.Dans Ie cadre de la Phase
I
du Programme en Afrique del'Oues! l'on
s'est attaqué au fléau en tuant les larves des simuliesqui
sontà l'origine de la
transmission des vers.Il
s'agissait detuer
les mouches des stades immatures pendant une période suflisamment longue pour que tous les parasites adultes dans les vers des hôtes humains meurent.Une fois l'élimination des vers
adultes reproducteurs assurée,les simulies
piqueuses n'ingéreront plus de parasites, et le cycle de hansmission sera rompu. L'essentiel de cette approche consiste à réduire la population simulidienne pendantl5
ans afin dejuguler
la transmission, et puis assurer la pérennité de ces réalisations par des activités de surveillance pour prévenir toute recrudescence. Etant donné que la Phase I a couvert progressivement les aires affectées en plusieurs éÎapes,il
aurafallu
plus de 30 années de lutte pour y éliminer le problème de santé publique que constituait la cécité des rivières.Une deuxième stratégie a été adoptée par la Phase I, stratégie qui est la base de la Phase
II,
et mise en æuwe enAfrique de l'Ouest
versla fin
des années 1980début
1990, aprèsla
miseau point
de I'ivermectineet
sa donation parMerck. (Voir
cartel).
JAFlO/INF/DOC3
Page 4
Carte
1,]fL nÆffi1r;****- Ë.
Source: Unité de Coordination Oncho de la Banque Mondiale.
La
PhaseII du
Programme, mise en Guvre dansla
partie endémique restante del'Afrique
sub'saharienne, reposesur la distribution de l'ivermectine, la lutte
antivectoriellen'y
étant pas réalisableen
raisonde
la couverture forestière quiem@he
des épandages aériens duÿpe
de ceuxqui
ont été conduits enAfrique
de I'Ouest. Cette approche a pour but d'interrompre la transmission parun
mécanismelout
àfait difftrent.
Le médicament n'est efficace que contre les jeunes parasites;il
tue 95Yo d'entre eux en une seule dose, mais le ver adulte continue à vivre et à produire de nombreux vers immatures. Cependant, étant donné que se sont les jeunes parasitesqui
sontà I'origine de la
maladie, l'ivermectinea
uneffet
immédiat sur les synptômes et permet au corps humain d'entamer la guérison. Des doses du médicament ne sont nécessaires qu'une fois par an, mais doivent être adminishées aussi longtemps- jusqu'à l5
ans - que les adultes sont en vie. L'ivermectine diminue également, et de manière drastique, les chances d'ingestion du parasite par les simulies piqueuses, en tuant la presque totalité des vers immatures.Il
est impératif, pour avoir un impact sur Ia transmission, de traiter un pourcentage important de patients dans une communauté donnée, la raison étant que si un nombre infime de personnes prennentle
médicament,les
simulies continuerontà
transmettreles
parasites ingérés lorsqu'ils piquent les personnes qui n'ont pas été traitées..Effets socioeconomiques dévesteteurs de la cécité des rivières
L'infection
comportede
graves conséquences.Les
personnes parasitées sont confrontéesà une infirmité
physiqueet
une stigmatisation sociale pouvantinfluer
négativementsur la qualité de leur vie. Le prurit
insupportableet la cécité constituent un blocage à la contribution de ces
personnesà leur
propre épanouissement, et sapent la santé économique et émotionnelle du ménage et de la communauté(voir
Encadré 3). De cefait.
la cécité des rivières, qui frappe surtout les personnes démunies dans les régions reculées, a un lien direct avec la pauvreté.!
Pnase troct',f
ehrro ltitP.).r-r1
Encadré
3. La réalité
humaine de la cécité desrivières:
I'agoniejourna
Llièred'une
nigérianeLes éruptions cutanées sont apparues lorsque
j'avais
six ans ; c'est en ce moment que les démangeaisons ont commencé. Je ne pouvais pas me concentrer à l'école en raison des démangeaisons incessantes. Mes camarades se moquaiènt de moi ;j'ai
donc arrêté de fréquenterà
l'âge de neuf ans. Ensuite,je
me suis mariée en 1989, un mariage de raison voulue par mon père. Mon mari ne m'avait pas vu avant le mariage.A
notre rencontre,il
s'est fâché quandil
a vu mes éruptions cutanées.J'ai
vécu aveclui
pendant quelques mois etje
suis tombée enceinte. Les éruptions se sont aggravées, et malgré la grossesse,il m'a
renvoyée chez mei parents.A
partir de ce moment-là jusqu'à l'accouchement de mon bébé,je n'ai
eu aucun soutien de mon mari ; aucun sous, ni pour moini
pour mon bébé. Vous pouvez faire le constat vous-même ; ça me gratte tout le temps, et cela influe sur les soins queje
peux apporter à mes enfants. Je peux à peine dormir la nuit. Je me sens affaiblie en raison des douleurs et de la nuisance qui sont permanentes. Que puis-je?-Agnes,
une mère nigériane, 1995 Les symptômes d'Agnès ont disparu après haitement à I'ivermectine. et elle s'est réconciliée, depuis [ors, avec son manIl y
avait très peu de connaissances surle
lien entrela
cécité des rivières etla
pauvreté enAfrique,
avant la deuxièmeguere
mondiale. Les colons avaient négligé la maladie, puisqu'elle ne constituait pas une menace à leurs intérêts. Par contre, elle frappait les plus pauvres vivant dans les régions rurales les plus reculées.Lorsque les scientif,rques ont commencé à effectuer des recherches sur la cécité des rivières dans les villages et distriôts endémiques en
Afrique
de I'Ouest, ils ontfait
des découvertes étonnantes et troublantes, à savoir que plusde
600Â dela
population dela
région de savane était porteuse du parasite, et quel9/o
de la population adulteet la moitié
des hommes agés de plus de40
ans étaient aveugles. 30%o dela
population avaient des troubles visuels et des signes précoces de la cécité des rivières.Les scientifiques se sont finalement rendu compte des conséquences socioéconomiques immenses des taux élevés
d'infection qu'ils ont pu
constater.Au fur et
à mesure quela
cécité dans les villages atteignait une envergrue épidémique,le nombre de bras valides pour travailler les
champsdiminuait. Les
pénuries alimentaires etle
marasme économiqueont
obligé les habitants à abandonner leurs villages dans les vallées fluviales fertiles. t e déplacement de ces populations vers les hautes terres et les zones forestièresoffrait
certes une protection contre de nouvelles infections, mais cela obligeait les paysans à travailler sur des sols pauvres, avec les pénuries d'eau et des terres surpeuplées.Tout
comptefait, la
cécité des rivières avait enfoncé des communautés prospères dansla
pauvreté. Surla
basede
ces nouvelles connaissances relativesà l'impact
socioéconomiquede
I'onchocercose, les agencesde
développementont fait
de cette maladie une nouvelle priorité.Une vision devient
réalité
Les fondements
du
Programme et du partenariat pour vaincrela
cécité des rivières en tant que problème de santé publique enAfrique
remontentaux
années 1940, mais cen'est qu'en
1968qu'un
planglobal a
été élaboré.La
question relativeà la
cécité des rivièresa
été soumise à une évaluationlors d'une
rencontre à Tunis, rencontre financée par le gouvernement français par le truchement de I'OCCGE, (l'organisation ouest africaine de lutte contre les maladies endémiques), l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l'Agence des Etats-Unispour le
Développement(USAID). A cette réunion les
expertsavaient
convenuqu'il
étaittechniquement faisable et souhaitable de mener une lutte contre la cécité des rivières dans le bassin
fluvial
de la Volta en Afrique de I'Ouest, la région qui avait les taux de cécité les plus élevés.Sur
financementdu
Programmedes Nations Unies pour le
Développement(PNUD), une équipe
de scientifiques et de consultants OMS a commencéen
1970 à établirla
base technique d'une grande initiative régionale visant à vaincre la cécité des rivières.En
1972, la communauté intemationale de développement semobilisait déjà à combattre
la
maladie(voir
Encadré4),
eten
1974" les pays affectes et quahe agences des Nations Unies (Banque Mondiale, OMS, FAO et PNUD) ont lancé un partenariat sans précédent pour vaincre la cécité des rivières.Encadré 4.
La
vision deRobert McNamara
de lalutte
contre la cécité desrivières
Lors d'une visite effectuée en 1972 en Haute Volta (aujourd'hui Burkina Faso) et au
Mali,
le président de la Banque Mondiale, Robert McNamara a vu des villages brisés et des champs abandonnés, une caractéristique qui était fréquente à l'époque dans les régions frappées par la cecité des rivières.Il
a vu des chaînes d'aveugles guidés par de petits enfants dont la vision n'avait pas encore été atteinte par le fléau. Suite à une rencontre avec des scientifiques,il
eut la conviction que la lutte contre la maladie était faisable. Selon les prévisions, un Programme de lutte contre cette maladie devrait coûter 120 millions de dollars US sur 20 ans, au taux de change de 1973.Une trentaine de jours après sa visite ouest africaine, McNamara a convoqué une réunion à Londres avec ses homologues de
I'OMS,
du PNUD et de la FAO, et ensemble, ils ont convenu de parrainer conjointement le Programme, et d'en constituer un comité de pilotage. Des réunions annuelles devraient rassembler Ie conseil d'administration, qui devait être constitué de tous les donateurs, les pays participants, et les quahe agences parrainantes du système des Nations Unies.« Rien de pareil n'avait été fait auparavant >>, se souvint plus tard McNamara Nous [les quatre agences des Nations Unies] avons rassemblé un groupe de parties intéressées, aussi bien les pays des zones infectées que des donateurs potentiels. C'était une organisation très rigoureuse. Elle n'a jamais une grande bureaucratie et nous avons su obtenir des engagements pour un soutien financier à terme de différents gouvernements»
JAFIO/INF/DOC3
Page 6
Le Programme de lutte contre la cécité a financé deux phases distinctes, à savoir le Programme de Lutte contre l'Onchocercose en
Afrique
de l'Ouest (OCP) entre 1974et20o2
(PhaseI)
et le ProgrammeAfricain
de Lutte contre l'Onchocercose (APOC) entre 1996 et 2010 (PhaseII).
L^a PhaseI
avait un double mandat: éliminer la cécité des rivières en tant que problème de santé publique et obstacle au développernent socioéconomique. La PhaseII
également a pour butd'éliminer
la cécité des rivières en tant que problème de santépublique,
mais les besoins de développement socioéconomique del'Afrique
del'Est
et Centrale ne sont pas identiques à ceuxde I'Afrique
del'Ouest
pendantla
PhaseI.
Les effets dela
cécité des rivières sont différents en Afrique Centrale et del'Est,
la raison étant que la souche du parasite qui sévit hors de la ceinture de la savane est moins cécitante, mais a un plus grand impact sur la peauIl
estdifficile
de quantifier la stigmatisation etl'invalidité
provoquées par ces effets dermatologiques, mais les seules raisons humanitaires étaient plus que suffisants pourjustifier
l'investissement pour la lutte. La force dehavail
perdue à cause des démangeaisons se chiffre à desmillions
de personnes-années annuellement ; cette force de travail renforce les économies rurales au fur et à mesure que la maladie est vaincue.Avant
Iafin
de Ia PhaseI, le
Programme avait couvert 1,3millions
km'?de terre dans1l
pays, et protégé 40millions
de personnes à risque. Sur la base des leçons tirées, la PhaseII
a été lancée au milieu des années 1990 pour vaincre la maladie dans lesl9
pays endémiques restants du continent.Extension progressive
(1 97 7 -1992)
(D<-696 (116% a iôx
Carte2
Phase I (OCP) en 1974
La ligne rouge indique
l'aire
initiale de lutte dans les 7 pays de départ. La ligne bleue encerclel'aire
de lutte dansles I 1 pays et montre les extensions du Programme pendant sa mise en ceuvre.l-a
carte indique également les taux de prévalence de I'infection en 1974.Phase I (OCP) en2002
La
cartemontre
l'aire qui a été jusqu'e n 2002 couvelte, et les taux d'infection beaucoup plus faible obtenus après 28 ans de partenariat.Source: Unité de Coordination Oncho de la Mondiale '':jl
;
--)' .\irévalence en 2002
(Lrr% lsol
.16!É >rCoosPhase
I: Lutte
contre la cécité des rivières enAfrique
del'Ouest
Rien qu'en tenant compte de son envergure et de sa durée,
I'on
peutdire
quela
cirmpagne pour vaincre la cécité des rivières est unique en son genre.Le
Programme, couvre30
pays à traversl'Afrique,
créant une approche globale visantl'élimination
de la maladie en tant que problème de santé publique.[l
est à souligner que sept des neuf donateurs initiaux participent à la campagne de manière soutenue depuis trois décennies. UntLl
engagementà long terme est d'importance
capitale,car il faut jusqu'à 20 ans pour
interrompre la transmission de la maladie.Etant donné que
la
migration des simuliesfait
abstraction des frontières internationales, les gouvemements concernés et les experts intemationaux étaient convaincus que seul un Programme régional était à même de lutter efficacement contrela
cécité des rivières.Fort
de cette conviction,la
PhaseI
aciblé
sept pays ouest africains (Bénin,Burkina
Faso, Coted'Ivoire,
Ghana,Mali, Niger
et Togo). Les opérations delutte
ont été convenueset
planifiéesavec la
collaborationet
l'engagementpolitique de ces
pays.La lutte
larvicide antivectorielle étantla
stratégie de base, les aéronefs effectueraient l'épandage de larvicides n'ayant pas de.
4e96JAFIO/INF/DOC3
Page 8
risques pour I'environnement, dans les rivières à courant rapide, au niveau des gîtes de
l'hôte
intermédiaire, à savoir la simulie.Maîtriser
les simuliespar
la lutte antivectorielleAu
démarrage, les opérations antivectorielles couvraient 660.000 km2 dansse$
pays-
une aire qui avait étéjugée suffisamment grande pour circonscrire le vecteur simulidien. Cependant en
mai
1975, après trois mois d'opérations couronnées de succès, beaucoup de simulies migrantes venant des cours d'eau non soumis au traitement ont réapparu, menaçant ainsi de réintroduire la maladie au niveau del'aire
du Programme. <<Nous étions vraiment très inquiets r> s'en souvient leDr
Azodoga Seketeli,qui
participait aux opérations techniques du Programme depuis 1976. «Après des enquêtes, nous nous soûrmes rendu compte que les simulies venaient de zones qui étaient situéesjusqu'à
600 km de [a zone que noustraitions.»
En guised'action
de riposte, le Programme a procédé à l'extension de ses operations dans quatre autres paysd'Afrique
de I'ouest-
Guinée, Guinée Bissau, Sénégal, et Sierra Leone(voir
Cæte 2). La superficie del'aire
du Programme atteignait alors 1,3millions
km2, cequi
permettait à la campagne d'augmenter le nombre de personnes protégéesde l0
à 30 millions.Les experts
du
Programme,qui
ont conçula
stratégiedite
«stratégieà
long terme»ont
reconnule fait
que l'extension des opérationsde lutte avait
deuxobjectifs, le
premier étantde freiner la
réinvasionde
I'aireinitiale par
les simuliesinfectées et
de rendrele
Programme suffisammentfort
pourqu'il soit
en mesured'éliminer
la maladie dans la plus grande partie de la sous-région ouest africaine. Le deuxième objectif était de presque doublerle
nombrede
personnesà
risque protégéesde la
maladie, renforçant ainsiet de
manière significative, le bien-être d'une forte proportion des villages mraux ouest africains. (La carte 2 montre I'impact du Programme sur la prévalence de la maladie). Au regard de cette opportunité qui s'est offerte au Programmede
protéger beaucoup plusde
personnesil
s'est élargi au-delàde
cequi
était nécessaires pourjuguler
la réinvasion del'aire
initiale.Ce grand
effort
de départn'était
pas une opération typique d'extension, maisl'écologie
dela
maladie cible nécessitait une grande envergureinitiale.
Certaines questionsdoivent
être abordéesà l'échelle
régionale;parfois une approche à plus grande échelle peut marcher là où une approche circonscrite a échoué.
l-a
cécitédes rivières fait partie de ces épidémies qui sont mieux affrontées à I'echelle globale.
La limitation de
l'aire,
entraînant la réinvasion, n'était pas le seul problème rencontré dans le cadre de la PhaseL
En 1980, alors que le Programme se débattait avec le problème de réinvasion, les simulies ont commencé à développer une résistance génétique aux doses precédemment létales du seul larvicide disponible au niveau du Programme. «C'était vraiment mauvais portr nous tous»> se rappelle le Dr Sékétéli«Avoir
une telle résistance, en plus du phénomène de la réinvasion ressemblait à une catastrophe.»A
travers des recherches et expérimentations scientifiques intenses, les scientifiques du Programme se sont mis à lutter contre la résistance, tout en menant la recherche de nouveaux larvicides.Ils
ontfini
par trouYer une stratégie innovatriced'utilisation
en rotation de sept differents larvicides. Etant donné que chaque larviciden'est utilisé
que pendant quelques semainesà la fois, la
population simulidiennen'a
pasla
possibilité de développer une résistance avant de faire face à un autre insecticide.la
composition et le mode d'action de ces insecticides sont suffisamment peu identiques pour prévenir égalementla
résistance croisée. Cette stratégie, qui a pris en compte plusieurs paramètres et normes écologiques, est parvenue à éliminer Ia résistance au seinde la
population simulidienne,et
est devenuede
nosjours le
modèle standardde
lutte antivectorielle. Cet aspect du Programme peut s'appliquer directement à d'autres Programmes de lutte contre les insectes.L'expansion des opérations en vue
d'une
lutte contrela
ré-invasion,et la
recherche de nouveaux larvicidespour
vaincrela
resistance engendraient d'énormes dépenses nouvelles.Mais
finalement I'engagement des donateursa été
maintenu. <<I-es donateursont
appréciénotre
capacitéde leur foumir des
explications scientifiques aux problèmes >»dit le Dr
Sékétéli. <<Leur engagement sansfaille
et leur compréhension étaient essentielspour nous. Ils ont toujours répondu
favorablement,et
augmentéle budget de la
recherche opérationnelle en conséquence.» Et Bruce Benton, responsable del'Unité
de Coordination Oncho de la Banque Mondiale, d'ajouter, «Si la Banque était l'agence d'exécution, la réponse aurait pu être differente. Je pense que notre capacitéà parler aux
donateurs comme égauxa fait
naîtrela
confiance,et la conviction
que nous pouvions surmonter ces crises. »Au
début des années 1980, des efforts onéreux déployés en vue delamise
au point de nouveaux larvicides ont commencé,et ont
duré piusieurs années.Au milieu
des années 1980, lorsque cesefforts
atteignaient leur vitessede
croisière,te
marché internationalde
devisesa
assenéun coup dur au
Programme.Le
Fonds Fiduciaire,libellé
en dollarsEU, a
connu une chute vertigineuse en valeur, pendant que les obligations du programme augmentaient, en raison du cours élevédu
franc français et du yen japonais. En un peu plus dedeù
ans,"",
change*ents associés à I'augmentation du coût de la lutte contre la résistance, ont créé un déficit budgétaire de 35 millions de dollars US.La campagne étant compromise, la Banque a pris
l'initiative
de contacter autant de donateurs que possible pour solliciteràur"nt"g"
de soutien. En se basant sur son rôle d'homologue donateur dispose à réinvestir dans le programme, laBàque
a convaincu d'autres partenaires àlui
emboîter le pas. Bruce Benton a dit à ce sujet que«La volonté des donateurs d'augmenter
leui
appui montre leur engagement envers le Programme, mais cela démontre égalementl'importanie
de maintenir de bonnes relations avec les donateurs.Si
nous les avions appelés de façon ponctuelie, ils n'auraient pas répondu si favorablement. Mais étant donné que nous les avions iÀptiquestout
aulong
du processus, les tenant informéset
essayant de respecter leurs propres priorités,je pense'qu'ils
avaientacqrii un
sens beaucoupplus profond
d'appropriationdu
Programme.La survie
duitogrurn-"
est devenue ieur défi à eux aussi. La série de crises, qui auraient pu anéantir le Programme, a mis.n o".gr"
deux aspects : L'engagement gtobal de divers partenaires, et l'importance de définir clairement les rôles. L]es agentsde I'OMS
pàuvaient procéderà la
résolution des problèmessur
Ie terrain,y
compris la résistanceeila
mise enæuui" de la
stratégie àlong
terme, etla
Banque de sapart
pouvait s'adresser aux donateurs en leur disant que 'nous avons un problème, maisil
n'est pas insurmontable. C'est un problème que nous pensons pouvoir j uguler' »Le programme a aussi souffert de menaces d'instabilité politique, notamment deux grands conflits qui auraient pu
entriver
les activités de la campagne au cours de la PhaseI.
Mais heureusement,le
succès des opérations avait relevé le niveau de connaissances relatives à la maladie et à son impact socio'économique dévastateur.Ce succès
a
permis au Directeurdu
Programme de convaincre les chefsd'état qu'ils
devaient permettre la poursuite des opérations sans interruption.Au
début du Programme, une des bases régionales des opérationsâé.i"*", était au Ghana mais suite à la fermeture des frontières
ghanéennespendant la
périoderévolutionnaire
de
1978-1979,la
cirmpagne dans son ensemble a été compromise.Le
président Gnassingbe Eyadéma du Togo, dont les parents avaient été victimes de la cécité des rivières a vu la nécessité de poursuivre l'épandage larvicide, et a offert une nouvelle base àKar4
au Togo pour les opérations.Avant
1982 toutes les operations aériennes avaient été transférées du Ghana au Togo où elles demeurentjusqu'à
cejour.
Quelquesannées plus tard, en 1985, le Programme
a
été encore menacé quand le Burkina Faso et [eMali,
enconflit,
ont fermé leurs frontières communes.Mais
suiteà
un appel lancé parle
Programme, ces paysont
accordé des autorisations exceptionnelles permettant aux aéronefs de continuer l'épandage larvicide'(Jn nouveau médicament et de nouvelles possibilités: lq luue contre la cécité des rivières
par
l'ivermectine La rotation des larvicides parvenait à rompre le cycle la transmission, mais la stratégie ne pouvait pas alléger les symptômes des personnes déjà parasitées. Vers la fin des années 1970, le Mectizan (ivermectine) de Merck& C; ; fait
sespi"ures
comme étantun produit
efficace contre les jeunes versqui
sontà I'origine
des symptômes de la maladie. Après un processus lent et onéreux de mise au point du médicament, et des essais pouip.oun".
son innocuité, l'ivermectine a été enfin homologuée en 1987. Un patient sous traitement connaît une d-iminution rapide des insupportables démangeaisons,la
guérison dela
peau et sauYe éventuellement sa vue, à conditionqu'il
ne soit pas encore totalement aveugle.Etant donné que l'ivermectine ne tue pas les vers adultes, une personne infectée doit, dans les normes, prendre
le
médicament tous les6 (six) à
12 (douze) mois, pendant 20 ans pourpouvoir
interromprela
transmission.Une
communauté donnéedoit
atteindreun taux de
couverture thérapeutiquede
65Yopour
interrompre la transmission de la maladie.La
plupart des personnes souffrant de la maladie vivent dans les zones rurales qui sont souvent inaccessibles pour les servicei nationaux de santé. De ce faig maintenir un niveau de couverture du médicament pendant unepériode suffisamment longue en vue de l'interruption de la
transmissionconstitue un défi
énorme.JAFlO/INF/DOC3
Pagel0
Reconnaissant l'importance
du
médicament,et
l'incapacitédu
partenariatpour [a
lutte contre Ia cécité des rivières d'en acheter, Merck&
Co a acceptéen
1987 de le donner gracieusement, et ce, aussi longtemps que nécessaire. (Encadré5). Le
médicament,qui
est efficace, sûret gratuit
maintenant,offrait la
possibilité de lutter contrela
cécité des rivières dans les zones reculéesoù I'utilisation
de larvicides coûteux s'avère peu pratique. En outre, la mqjorité des gîtes de simulies horsd'Afrique
de l'Ouest sont couverts de feuillages, ce qui empêchait Ia mise en æuwe de la stratégie d'épandage aerien appliquée dans le cadre de la Phasel.
Au
départ,le
Programmen'a utilisé
l'ivermectine que dans les aires fortement endémiques,où le
risque de ceÆité était le plus grand.Au fil
du temps,il
était évident que l'ivermectine était bien tolérée, tant sur le plan physique que culturel. Le partenariat4
par conséquent, intensifié le traitement.Au
cours des premières années (1989-1990) d'expansion du traitement à I'ivermectine,le
partenariat a administré des doses d'ivermectine à 60.000 personnes.Le
processus d'expansions'est
poursuiviet a
atteint2 millions de
personnesen
1994, s'étendant sur une plus grande partie du territoire sous la PhaseI.
La combinaison de l'épandage aérien et dela dishibution de l'ivermectine a permis une
couverture complète, I'allègementrapide des
symptômes,l'interruption
permanente de la transmission et Ia détermination de la date d'arrêt du partenariat sur la base de Encadré 5.Utiliser
unproduit vétérinaire pour lutter
contre une maladie humaine: commentMerck &
Co. a décidé de
faire
don duMectizan pour
lalutte
contre la cécité desrivières
Le Programme de Donation du Mectizan est la résultante d'une combinaison de plusieurs facteurs.
L'ivermectine a été testée initialement et mise au point par la suite comme produit vétérinaire anti-parasitaire à très large spectre d'action. L'ivermectine a été
I'un
des plus gmnds succès de Merck sur le marché vétérinaire, et la formulation animale du médicament a été utilisée et l'est toujours de manière extensive chez les bovins, les moutons et d'autres animaux d'élevage, ainsi que pour le traitement du ver du chienL'ivermectine n'avait pas été conçue pour
l'utilisation
humaine, car on en avait pas besoin dans les pays où la plupart des produits pharmaceutiques sont vendus. Mais certains membres du personnel scientifique de Merck avaient de l'expérience des régions africaines frappées par la cécité des rivières, et s'étaient rendu compte du potentiel du produit contre cette maladie humaine. La plupart des essais effectués à cet effet par la suite ont été menés au Ghan4 dans un centre de rechercheaffilié
au Programme, en collaboration avec les scientifiques de Merck, qui ont souvent effectué des travaux en sacrifiant leur temps personnel.Lorsqu'il
est devenu évident que le médicament serait utile, la Direction de Merck envisagea de le vendre à unprix
réduit. Cependant, à l'époque, personne ne connaissait le degré d'efficacité du médicament, etl'on
était déçuqu'il
ne puisse pas tuer les parasites adultes. Les donateurs ont donc décidé de ne pas l'acheter. Entre temps, la Direction de Merck et certains des scientifiques, qui avaient pris part aux travaux de mise au point, commencèrent à discuter d'une donation du produit. En l'absence d'acheteurs, Mercky
voyait une opportunité d'apporter un impact significatif sur la santé publique. Plusieurs chercheurs étaient d'avis que le médicament devait être donné gracieusemenq car aucune des personnes affectées par la maladie n'avait les moyens de l'acheter, et les pays donateurs n'étaient pas disposés à le faire; et pourtant le besoin était là.En 1987 Merck annonça
qu'il
donnera le médicament sur une base illimitée, étant donnée que sa stabilité financièrelui
permettait de faire un tel engagement à long terme. Le manque de besoin humain sur le marché s'est avéré utile, car Merck n'avait pas à se faire de soucis pour une éventuelle contrebande d'ivermectine dans les pays, ce qui allait compromettre des ventes légitimes.Cette expérience était inhabituelle, car en général le manque de marché commercial signifie qu'aucune recherche n'est entreprise et qu'aucun produit pharmaceutique n'est mis au point. Lorsque des médicaments sont mis au point, les sociétés pharmaceutiques ont généralement des problèmes à les donner gracieusement dans certains pays, et les vendre dans d'autres, ainsi que démontré par
l'effort
déployé pour approvisionner les pays en développement en produits pharmaceutiques gratuits oubon
marché contre leVIH/SIDA.
LeProgramme de lutte contre la cécité des rivières avait la chance de trouver un produit sans autre utilisation humaine, et une société pharmaceutique qui était disposée à le donner gracieusement à grande échelle.
la
duréede vie des
versadultes. Avanl
2002,le
partenariatavait fait
baisserle taux de
prévalence del,infection, et
[a transmissionétait
virtuellement interrompue dansl0 des
1I
pays ouest africainsoir
ellesévissait2.
Lorsque
I'on
procèdeà la planification pour d'autres
Programmes nécessitantl'implication des
sociétés pharmaceutiquà.,o,
ne peut pas imaginer quele
fabricant donnera gratuitement le produit. Cette expérience montre,""p"rrd*t,
ce queI'on
peut réaliser avec des dons de médicaments; elle peut s'avérerutile
de faire connaîtreà
d'autres sociétés pharmaceutiquesles
opportr:nitésqui s'ofkent
aussià
elles d'envisager des initiatives philanthropiques à leur propre niveau'phase
II:
Expansion des activités en vue de lalutte
contre Ia cécité des rivières àtravers
touteI'Afrique L'introduction d. I'ir.r*ectine était
synonymede défis et
d'opportunitésqui
sont devenusun
catalyseur d'expansionà tous les
niveaux. Cette introductiona
transforméle
Programmeen le
faisant passer d'uneinitiâtive
sanitaire à base technologique àun
processus de traitement sous directives communautaireset
de responsabilisation des communatrtés mettant l'accent. bien entendu, sur la cécité des rivières, mais applicable également à d'autres maladies. Cette approche à la base a non seulement contribué à une large couverture de la pôpuhtion et habilité les communautés à prendre en charge leur propre santé, mais elle a aussijeté les bases de ia àurabilité, un élémentvital
pour une maladie qui doit être traitée pendant au moins 20 ans pour interrompre sa transmission.Le
problème du médicament étant résolu, grâce àMerck &
Co.,le
Programme devait trouver une approche p."tique et effrcace par rapport au coût de distribution de l'ivermectine dans les régions reculéesd'Afrique,
où iu-ai"di"
est endémique. Beaucoup de vaccins, vaccinations et vitamines sont moins chers ou gratuits, mais ne sont pas utilisés, parcequ'ils
ne peuvent pas parvenir à ceuxqui
en ont besoin.En
1990,le
Programme a lancé une distribution à grande échelle au niveau des aires d'extension-
au sud et à I'ouest del'aire
initialed'Afrique
de I'Ouest, enutilisant
des équipes mobiles munies de véhiculesjeep,
avecl'appui du
personnel local de santé.Dans
le
cadrede
cette première étapevers
l'expansion des activités, des professionnels locauxde
santé rémunérés convoquaient tes membres des communautés à un endroit centralisé en vue de l'administration du médicament. Dans plus de 30 bassinsfluviaux, la
couvefture thérapeutique était en moyenne 650/oen
1987, passant à plusde
70%oen
1995.L'utilisation
au niveau local des agents de santé formés revenaitchers.
Le Programme a donc étudié différentes options de recouvrement de coût mais sans succès.Une solution a été trouvée, de manière indirecte. au coût élevé des équipes mobiles. Invariablement, lors de la distribution
du
médicament, certains villageois étaient absents, soità la
chasse, entrain
detravailler ou
en déplacement. Comme solution, dès lorsqu'il
était devenu évident que I'innocuité de I'ivermectine permettait une administration non supervisée, le Programme avait autorisé les équipes mobiles à laisser des doses à leur départ pour les membres absents de la communauté.Au
cours dela
deuxième étape vers l'expansion, les services nationaux de santé se sontjoints
au personnel local de santé pour €§surer la distribution du médicament, à travers une approche à base communautaire. Cette approche a eu plusieurs avantages, par rapport aux équipes mobiles, notamment des taux élevés de couvertures à moindre coût. Cependan! même les approches à base communautaire se sont révéléestrop
onéreuses, car certaines zones reculées nécessitaient des perdiems et des frais de voyage élevés en faveur du personnel de supervision. Après évaluation des méthodes à base communautaire, le Programme a conYenu que la clé d'une distribution efficace, reproductible et moins onéreuse, était d'améliorer davantage en adoptant le « traitement sous directives communautaires ))-
une stratégiequi a
permisaux
co[rmunautésde
prendreen
charge la distribution et, partant, leur propre santé(voir
encadrés6
et 7). Cette décision a marqué un tournant décisif dans le Programme de lutte contre la cécité des rivières.'Bénin,
Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, et Togo. Les opérations suspenduesen
Siera Léone en raison d'une décennie de guerre civile, sont en train de reprendre.JAFIO/INF/DOC3
Page 12Encadré 6. Comparaison
du traitement
sous directives communâutaires avec celui effectuépar
les services sanitaires conventionnelsA
cours de la période 1994-96,Ie partenariat contre la cécité des rivières et le Programme Spécial de Recherche et de Formation en Maladies Tropicales (TDR) du PNUD/Banque Mondiale/OMS, ont conjointement procédé à une comparaison des méthodes de distribution du médicament utilisées par les services de santé avec celles utilisées par les communautés dans cinq pays. Au niveau des services de santé, les prestataires de services de santé arrêtent les étapes et le calendrier, ainsi que la conception et la mise en æuvre.Par contre, dans les systèmes de haitement sous directives communautaires, la communauté, après la formation et l'appui, choisit elle-même la manière dont le traitement doit être organisé pour ses membres, y compris la sélection du distributeur, la fixation de la période et la méthode d'enlèvement et de distribution du
médicament, ainsi que la soumission des rapports aux prestataires locaux de soins de santé. De ce fait, le rôle de la communauté change, car de son statut de simple bénéficiaire de services dans les limites des directives définies par des donateurs extérieurs, elle occupe une position de premier plan en tant que principale partie prenante et décideur dans les services de santé au niveau communautaire.
L'étude, menée au Cameroun, au Ghana, au
Mali,
au Nigéria, et en Uganda, a montré que le traitement sous directives communautaires renfermait plusieurs avantages de taille, à savoir :*
Moins de travail pour les prestataires de santé locaux*
De meilleurs taux de couvertures géographique et thérapeutique*
Une plus forte capacité à adapter le Programme de distribution et de traitement au changement des besoins communautaires.*
Un sentiment plus fort d'engagement et d'appropriation du Programme, qui favorise, à son tour, la durabilité et éventuellement I'intégration dans le système local de santé.La conclusion de l'étude arévélé que le traitement par l'ivermectine sous directives mmmunautaires était faisable et efficace dans plusieurs contextes géographiques et culturels africains, et pouvait être reproduit dans d'autres communautés où I'onchocercose est endémique. Elle a recommandé que cette approche devienne la principale méthode de lutte contre la cécité des rivières en Afrique.
Les taux de couverture du traitement sous directives communautaires dépassent de loin ceux des services réguliers de santé du Chana et du Kenya
(voir
figure). Le traitement sous directives communautaires présente des taux de couverture thérapeutique qui sont supérieurs au seuil de 65%o, qui est nécessaire pourl'élimination
à long terme de la cécité des rivières.
Source:TDR.
Eer,i
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ues ri:=: tr;ritente nt=r-r urj rlirer:ttir E:j r:;u fi]tïu rr;1ut'r ire'; au G [i;itt,r
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{4% r:clüÈf,Î i3lü
Tr3tt nrr lt
:i:' r r ,lltr,::tttÈs r:iifirrr il 3l t
3lrif.
Le programme a adopté le traitement sous directives communautaires en 1995 dans le cadre de la Phase
I.
Par cette afproche, chaque communauté choisissait de manière collégiale un distributeur local du médicament au sein de ia population villageoise. Cette personne, qui servait de contact entre la communauté et les services desoins de
santé, réceptionnait annuellementdes stocks d'ivermectine. Les distributeurs étaient sous
la supervisiondes
agentsde
santéet des ONGD,
aprèsformation par ces demiers, et les
distributeurs administraient les doses appropriées à ceux qui en avaient besoin. Les communautés elles-mêmes décidaient de la compensation,s'il
y en avait, à donner aux distributeurs.La
formation etla
communication entre les distributeurs et leurs formateurs, (ONGD et agents de santé) ontété
essentiellespour le maintien de la qualité et de la
réceptivité des services.En
outre,les
canaux de communication établis entre les ministèresde la
santé,les ONGD et les
agentsde
santé,ont facilité
les opérations sur le terrain. De manière générale, les liens étroits entre les différents partenaires ont permis une plus grande appropriation, innovation et couverture du traitement'Encouragés par le succès éclatant réalisé dans le cadre de la Phase
I,
et renforcés par la donation de Merck de médicamenti gratuits, ainsi que par la faisabilité etl'efficacité
du traitement sous directives communautaires, le programmJs'est lancé dans une mission beaucoup plus large et plus ambitieuse pour le compte de la PhaseII. (Vàir
Encadré7).
Ensemble, les mêmes agences parrainantes, les mêmes donateurspo*Ju
plupart,et
19 nouu"uu* pays participants ont conjugué leurs efforts pour vaincre la maladie dans tout le continentAfricain"
r1.es pays participants de la Phase
ll
sont comme suit: Angola, Burundi, Cameroun, République Centrafricaine, Tchad, ifepublique Démocratique du Congo, République du Congo, Guinée Equatoriale, Ethiopie, Gabon, Kenya, Libéria, Malawi, Mozambique, Nigériq Rwanda, Soudan, Tanzanie, et Ouganda'ElËi- - - -
s8+t
rif
I
sÊriil eri,lÈ p,:ur eliminer la mal:die
JAFIO/INF/DOC3
Page 14Encadré 7. Expansion des activités de lutte contre la cécité des
rivières
auNigéria
Le
Nigéri4
pays le plus peupléd'Afrique,
constitue un bon exemple d'expansion sous differents angles: nombre de projets, population traitée, couverture thérapeutique réalisée et nombre de distributeurs communautâires formés.Année l 995 1996 1997
I 998 1999 2000 2A0t 2002
4.237.982 5.90r.96r 8.617.602 9.000.000 13.180.987 np 16.586.354 18.552.844 Projets
approuvés
Phase
II
TotalProjets Population traitée
Couverture thérapeutique
o//o
Distributeurs communautaires
formés nd nd 4.884 37.663 49.352 56.797 58.384 traitement
II pre-Phase
;
9
t7
25 26 26 27
20 66 70 77 86 64 75 75 4
5 8 8
I
0
I
-
non applicable nd: non disponibleSource: Programme
Africain
de Lutte contre l'Onchocercose.Avec la participation
officielle
du Nigéria à la Phasell
en 1997,Ie partenariat contre la cécité des rivières a mis en æuvre quatre principaux projets dans le pays en utilisant le traitement parI'ivermectine sous directives communautaires. Depuis cette date, le partenariat a assuré le traitement de près de 20 millions de personnes par an, formé des dizaines de milliers de distributeurs
communautaires, et dépassé le seuil de couverture de traitement requis pour interrompre la
transmission .
En2002les
activités de traitement sous directives communautaires ont réaliséfixé
un taux de couyerture géographique moyen de95%o, et un taux de couverture thérapeutique moyen de 75Yo, avec 18,5 millions de personnes traitées. De plus, plusieurs projets du Nigéria ont ajouté d'autres interventions en matière de santé au traitement de la cécité des rivières sous directives communautaires, y compris le haitement de la filariose lymphatique, de la carence en vitamineA,
de la schistosomiase, du ver de guinée, les soins primaires oculaires et I'identification de la cataracteLe Programme a pu réaliser I'expansion de ses opérations, grâce au traitement sous
directives communautaires.Le
Programme ajusqu'ici
crééun
réseau dedistribution du
médicament dansl6
paysdes
19 quecompte la
PhaseII. Atteignant
les zonesruralesles plus
éloigrrées, ce réseau a,de
manièrefiable, distribué des
dosesannuelles de médicament là où les
servicesnationaux de
santésont
peu performantsou
inexistants. En 2003, 35millions
de personnes au niveau de 68.000 communautés ont été traitées,doublant ainsi la
couverturede 2001.
Plusde
160.000distributeurs
communautaireset
18.000 agents de santé ont été formés ou recyclés en 2003.D'ici
2010, le Programme de lutte contre la cécité des rivières aura protégé 150millions
de personnes.Tableau
l.
Expansion dela
PhaseII'
1996-20031996 1997
19981999 2000 2001 2002 2003
TotalProjets sous Directives Communautaires approuvés
4251612661127107
Traitements annuels
(millions de personnes)
'7.9 10.5 t4.l 17.0 22.0 24.5 28.0 35.0
159Couverture
géographique (%)u
69.6 69.6 73.6 7s.s 82.6 83.3 87.7
88.1Couverture
thérapeutiqu e (o/ùb
51.2 52.7 54.2 55.7 59.7 60.8 64.5
74.0-
non applicablea. Pourcentage de l'aire traitée par rapport à l'ensemble de l'aire à risque' b. Pourcentage de personnes couvertes par rapport à la population totale.
Source: OMS 2003e.
La
Phasell
est confrontée à beaucoup de problèmes,y
comprisle
manque d'infrastructures sanitaires dans plusieurs régions affectées par l'onchocercose(voir
encadré8).
Comme un peu partout dansle
monde, lesinfirmiers et médecins qualifiés de beaucoup de pays africains préËrent travailler dans les zones urbaines,
loin
des zones frappées par la cécité des rivières. Cependant, les effectifs de ces médecins et infirmiers ne cessent de baisser en
Afrique
en raison duVIH/SIDA. Afin
de renforcer les capacités, les ONGD partenaires sont en train de former le personnel de santé pour leur faire assumer beaucoup plus de responsabilités en matière de formation des distributeurs de médicaments.Encadré 8. Renforcement des capacités là où les services de santé sont les plus faibles
Le manque de personnel de santé qualifié dans les pays endémiques de la cécité des rivières, particulièrement dans les zones rurales reculées, présentait un défi énorme à la maximisation des taux de couverture et à
l'élimination
de la cécité des rivières en tant que problème de santé publique : comment distribuer les médicaments quand les systèmes nationaux de santé n'ont pas suffisamment accès aux populations mrales, le principal groupe cible? De ce fait, le Programme a orienté la recherche vers l'efficience des opérations.Jusqu'à nos jours, le traitement sous directives communautaires s'est avéré comme étant I'une des méthodes les plus réussies de distribution dans les pays en développement
d'Afrique;
méthodequijète
les bases de la durabilité à long terme de la distribution de I'ivermectine.(Voir
figure).Source:TDR..
Suô-sâhânen
@
FlrasÊ I Pilase ll
Èali trels industriairsésPays
Traitement sous directives communauffi.
Projection OtvlS en personnel de santé
Par popllatron de 100 0C0 / mc/enne par anr'1ar341938)
\l.Ce. -s
160 144 124 100 80
40
0