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Spécialisation des tâches et organisation sociale. L'exemple du travail des matières animales chez les Tchoutches (Sibérie), les Konso et les Gamo (Ethiopie).

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Sylvie Beyries e t Kathryn Weedman

Spécialisation des tâches

et

organisation

L'exemple

du

travail

de

chez

les

Tchoutches

(Sibérie),

les

Sylvie Beyries (UMR 630, Sophia Antipolis, Valbonne),

Kathryn Weedman (University of South Florida, St Petersburg, Florida)

Dans notre exposé, nous avons mis en parallèle trois types d'organisations sociales, le premier pris en Sibérie Orientale, chez des éleveurs d e rennes, les deux autres en Éthiopie dans des groupes d'agriculteurs.

1. Le premier exem ple est pris chez les Tchouktches qui se répartissent en deux groupes : les

Tchouktches d e l'inté rieur éleveurs-chasseurs de rennes e t ceux d e la c ô te qui vivent de la chasse des mammifères marins. C haque groupe est structuré autour d e la fam ille a v e c une prédom inance du père, la fe m m e é ta n t considérée c o m m e très inférieure à l'hom m e.

Les Tchouktches d e l'intérieur nom adisent au rythm e du d é p la c e m e n t des troupeaux. Les Tchouktches d e la c ô te o n t leurs a ctivités qui s'organisent en fonction des saisons de p ê ch e des mammifères marins.

Traditionnellement, il n'existe pas d e hiérarchie réelle mais c h a c u n a un rôle bien défini e t l'extrême rudesse du clim at co n d u it à une organisation précise d e l'ensemble des activités. Les activités techniques sont toutes liées à la survie : transhum ance des troupeaux, chasse, boucherie, ramassage du bois, p ê ch e , sellerie... sont des activités masculines. Cueillette (baies, cham pignons...), boucherie, travail du cuir, p ê che, cuisine,., sont pratiqués par les femmes. Si le travail des femmes est b e a u co u p plus dur que celui des hommes, les activités des hommes sont en revanche b e a u co u p plus dangereuses (ceci

est encore plus vrai pour les Tchouktches d e la côte). Tous les actes sont fortem ent ritualisés e t on peut noter un cham anism e familial très présent encore aujourd'hui.

Pour le travail des matières animales il existe deux dom aines exclusifs : l'a b a tta g e pour les hommes e t le véritable travail du cuir pour les femmes, Toutes les autres activités, m êm e si elles sont réalisées préférentiellem ent par un sexe ou l'autre, peuvent être partagées.

L'été, Tchouktches d e l'intérieur e t de la c ô te se re n co n tre n t afin d 'é c h a n g e r des peaux de m am m ifère marin (im perm éables e t indispensables pour la fabrication des semelles de certaines bottes) c o n tre des pea u x d e rennes (c h a u d e s et indispensables pour la fa b rica tio n des vêtem ents d'hiver).

On a d o n c une société, fa ib le m e n t hiérarchisée a v e c des spécialisations des activités au sein du clan familial. La seule rupture intervenant dans c e t équilibre, se passant au m o m e n t des échanges entre groupes.

2. Les deux autres groupes (Konso et Gamo)

vivent dans des régions « riches » d'Éthiopie. C'est-à- dire dans des massifs arrosés e t qui contrastent avec l'aridité du reste du pays. La vég é ta tio n est très variée a v e c des genévriers e t des cultures en terrasses. Il s'agit de sociétés à caste valorisant très fortem ent le travail de la terre.

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Spécialisation des tâches e t sociétés

a. La so cié té Konso est p a tria rc a le e t patrilinéaire. Jusqu'au XVe siècle, il s'agissait d'un royaum e organisé en régions dirigées par des chefs de lignée. Le système social est fo n d é sur la position sociale du père qui est représentative de la position sociale d e la lignée e t sur l'âge. Tous les 5, 12 ou 18 ans, une nouvelle génération a c c è d e au pouvoir.

Dans le système d e caste qui régit c e groupe, on a d'un côté, les seigneurs-fermiers qui possèdent les terres, les troupeaux ainsi que le pouvoir politique et religieux e t d'un autre côté, les artisans qui (à l'exception des potiers, étrangers e t au statut très particulier) n'ont pas de réelle spécialisation.

L'abattage des animaux se fait exclusivement lors de fêtes religieuses et peut être e ffe ctu é par tous les hommes. En revanche, la boucherie ne pe u t être réalisée que par des bouchers ou des tanneurs, la viande restant la propriété des seigneurs-fermiers.

Le cuir est travaillé par les tanneurs : 75 % de femmes qui fabriquent tous les produits e t 25 % d'hom m es spécialisés dans la fabrication des sacs et de la literie. Il n'existe pas de division des tâches ou de collaborations à deux exceptions près, les m anches des outils servant au travail du cuir qui sont taillés par les hommes. Les noix d e ricin participant à la colle qui fixe le tra n ch a n t sur le m anche sont broyées par les femmes. Pour le reste, ch a q u e artisan se charge d e la totalité d e la chaîne opératoire.

L'intégralité des apprentissages, qu'il s'agisse d e choix de m atière première, d e la taille d e la pierre, du g ra tta g e des peaux ou d e la couture est aux mains des femmes. Ce sont elles qui apprenn ent aux hommes ou jeunes hommes c o m m e n t e ffe c tu e r toutes ces tâches

L'ensemble d e ces opérations se sont réalisées dans des lieux officiels, les marchés, qui sont des lieux fondam en taux puisque c'est là que s'effectuent tous les échanges e t les rites.

b. La société G am o patriarcale et patrilinéaire. Jusqu'au XVe siècle, il s'agissait d'un royaum e organisé en régions, les dérés présentan t des c o m p lé m e n ta rité s économ iques. Des guerres perm anentes entre les dérés ont toujours e m p ê ch é la mise en p la ce d'un royaum e centralisé. Nécessité é cono m iq u e oblige, des trêves é taient faites au m om ent des récoltes et des échanges. À la tê te de c h a q u e déré se trouve un ch e f d e lignée.

La structure sociale des G a m o est plus com plexe que celle du groupe précédant, e t ce

n'est pas sans ra p p o rt a v e c c e fonctionn em ent traditionnel d e guérilla.

A ctu e lle m e n t, on est fa c e à trois classes (seigneurs, anciens esclaves e t artisans). C hacun de ces groupes a un statut e t une histoire particulière. Les différentes activités se répartissent de fa ço n rigide autour des ces trois classes.

• Les seigneurs sont les représentants d e la lignée (titre acquis par le dro it d'aînesse), ils possèdent la m ajorité des terres e t des troupeaux. Les terres sont transmises aux hommes au prorata d e leur rang dans l'ordre d e succession. Les seigneurs ont un rôle politique im portant dans les assemblées.

Les seigneurs tra va ille n t la terre, tissent, travaillent le bois, gard e n t les troupeaux, ils jouent un rôle politique, e ffe ctu e n t les sacrifices, a b a tte n t le bétail e t autrefois faisaient la guerre.

• L'abolition d e l'e scla va g e d a te d'une soixantaine d'année. Les esclaves étaient des « butins d e guerre » ; il s'agissait de seigneurs capturés durant les guerres entre les dérés. Leur rôle a toujours été fo n d a m e n ta l. En effet, d'o rigine seigneuriale, ils p o u v a ie n t travailler la terre laissant ainsi aux seigneurs la possibilité d e guerroyer sans abandonner ses terres.

Avec leur ém ancipation, ils ont obtenu des droits e t une considération im portante. À l'heure actuelle, les anciens esclaves sont paysans, peuvent posséder des terres, participer aux réunions publiques en jo u a n t un rôle politique, participer aux sacrifices. En outre, ils tissent, travaillent le bois.

• Certains artisanats sont exclusifs, seuls les individus a p p a rte n a n f à la casfe correspondante peuvent les pratiquer : fossoyeurs, forgeron m édecin, travail du cuir, potier, ... M êm e si aujourd'hui les artisans ont la possibilité théorique d e travailler la terre, ils se d éroben t de fa ç o n implicite. Un artisan qui travail la terre d é cle n ch e sécheresse, épidém ie et famine.

C ontrairem ent aux deux groupes précédents, l'artisan n'a pas d'a ccès à la propriété, ne participe pas à la vie politique. En revanche sa présence est indispensable lors d e certains rites com m e les prises d e titre, les funérailles, les circoncisions.,.

Artisanat sous-entend im pureté, d a n g e r surnaturel. L'artisan est d o n c en position d'infériorité, e t c'est pour ces raisons qu'il est exclu du pouvoir politique, n'a aucun droit sur la terre. En outre, les

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Sylvie Beyries e t Kathryn W eedman

co n ta cts a ve c lui sont fortem ent réglementés. Chez les Gamos, esclaves et artisans sont e n d o g a m e . Mais, à la d iffé re n c e des artisans, a ucune règle d'é vitem ent n'interdit un c o n ta c t avec un ancien esclave. À l'origine un esclave n'était pas impur e t il est devenu esclave pa r hasard.

Tous les agriculteurs (seigneurs e t anciens esclaves) travaillent le bois, tissent e t ont des activités artisanales. Les règles d'é vitem ent n'ont d o n c pas pour fo n d e m e n t un m ode d e production, il s'agit d'une opposition idéologique fo n d é e uniquem ent sur la notion d'im pureté relative au m atériau travaillée, L'hyper spécialisation est d o n c liée aux tabous.

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