FACULTE DE
MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNEE 1897-1898 M»
ESSAI
TmiTEIIT DU
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue
publiquement le 8 Décembre 1897
François-Emile-Marie LEMASLE
Né àVal-Saint-Pére (Manche), le9 août 1873
Élève duService de Santé de la Marine
Examinateurs delaThèse:•
MM.ARNOZAN professeur.... Président.
DEMONS professeur....
DUBREUILH agrégé )Juges.
AUCHÉ agrégé
Le Candidat répondra aux questions
qui lui seront faites
surles
diverses parties de
l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU
MIDI
—PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEA.UX —
91
189 7
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS
MM. MIGÉ
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AZAM > Professeurs honoraires.
DUPUY."
)MM. MM.
. .
, ) PICOT. Physiologie
JOLYET.
Clinique interne
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PITRES. Hygiène LAYET.\ DEMONS. Médecinelégale MORACHE.
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Clinique des maladies cutanées et syphilitiques Clinique des maladies des voiesurinaires
Maladies dularynx, desoreilles etdunez Maladies mentales
Pathologieexterne Accouchements Chimie
DUBREUILH.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
DENUCÉ.
RIVIÈRE.
DENIGES Le Secrétaire de la Facilité: LEMA1RE.
Par délibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les
Thesesqui luisontprésentées doivent être considérées comme propres à leursauteurs, et qu'elle n'entend leur donner ni approbation niimprobation.
MEIS ET AMI CIS
A mon Président de Thèsù
MONSIEUR LE DOCTEUR ARNOZAN
PROFESSEUR DE THÉRAPEUTIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE MÉDECIN DES HOPITAUX
. •' . .
'
1
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r
-
AVANT-PROPOS
Nous croyons qu'il existe deux méthodes à suivre pour écrireune thèse : ou exprimer sur une question plus ou moins accessible des idées nouvelles, ou résumer le résultat decompilations plus ou moins pénibles. Exprimer des idées nouvelles, ajouter à la médecine un chapitre nouveau sont choses aussi louables que difficiles. Il faut, pour cela, une
connaissance approfondie de son sujet, une habitude de puiser dansson
esprit et
nondans
samémoire les renseigne¬
ments nécessaires, un talent d'observation enfin, que la
rapidité forcée de
nosétudes, l'impossibilité de
sespécialiser
et lesouvenir encore tropfrais denos manuels ne nous per¬
mettent pas
d'atteindre. Aussi, modeste élève de maîtres
modestes, nous avons dû choisir unsujet facile, persuadéque les grandes
entreprises préparent les grandes décep¬
tions.
Pendantnos visitesà la consultation du professeur agrégé
W. Dubreuilh, nous avons pu remarquer combien était fréquente cette
affection
ouplutôt cette affliction qu'on
appellesycosis, et combien la guérison
enétait difficile
quandelle n'était
pasimpossible.
Sur les conseils de M. le Dr Frèche, nous avons lu certain article publié dans le
Vratch
parTilé, de Saint-Pétersbourg,
article ayant rapport
à
untraitement
nouveauet sûr de
l'eczéma pilaire. Ce
traitement est actuellement le seul
em¬ployé à la
Clinique du D1 Dubreuilh
; nous avons pu, par nous-même, en constater lesrésultats, et
cesont
cesrésul-
tats que nous
soumettons aujourd'hui à l'examen de
nos juges.Nous serions ingrat si nous passions sous
silence
un article du Dr Frèche,publié
dansles Annales de policlinique
de 1895 et ayant rapport au
traitement de l'eczéma pilaire
par
le procédé Tilé, article dans lequel
nous avonssouvent puisé.
Enoutre, de collaboration avec M.
le
DrFrèche,
M.le
pro¬fesseur
agrégé Dubreuilh
asouvent dirigé
nosrecherches
;nous tenons à leur adresser aujourd'hui, à tous les
deux,
nos remerciements.
AM. le
professeur
Arnozan,qui
nousfait l'honneur de
présider notrethèse,
nousadressons l'assurance de notre
profonde gratitude.
On distingue
généralement deux sortes de sycosis
:le
sycosis
parasitaire et le sycosis
nonparasitaire. Le sycosis
parasitaire n'est autre chose
quede la trichophytie dont il
est la phase
ultime. Nous
ne nous occuperons pasde cette
maladie, pour
deux raisons
:la première, c'est
quedans le
sycosis
trichophytique la lésion sycosique n'est qu'une
lésion surajoutée et
d'une importance secondaire; la
seconde, c'est quenotre
thèse
a poursujet
untraitement
nou¬veau du
sycosis et
nonde la trichophytie.
Nousparlerons
seulement du sycosis
nonparasitaire; de
cette lésion banale et récidivante, aux
traitements aussi
variés qu'inefficaces,
de cette lésion dont
on adit :
«C'est
une affliction
plutôt qu'une affection, et à
cetitre, elle fait souventledésespoirdumédecin, après avoir faitlesupplicedes
malades». En effet, si lesycosis estpeugrave par
lui-même et
s'il nefait courir à la viedu
malade le moindre danger, il est
tout au moins fort incommodant. Son
siège préféré
:la face,
sa ténacité, ses récidives
fréquentes
pour nepasdire fatales,
ont fait de cette lésion si
simple, si banale et si répandue,
un véritabletourment pour ceux
qui
ensont atteints. Aussi,
tous les trésors de l'arsenal
thérapeutique ont-ils été
em¬ployés et,
il faut l'avouer,
sansgrand résultat. Il n'est guère
de médicaments qui
n'aient été préconisés et leur nombre et
leur variété sont une preuve
de leur inefficacité. Aussi,
avons-nous cru faire œuvre
de médecin,
enessayant, sinon
de trouverun nouveau
traitement,
aumoins d'en vulgariser
— 10 -
un, encorepeu connu et incontestablement supérieur à tous les autres.
Notre thèsecomprendra quatre
chapitres.
Dans lepremier, nous étudierons surtout les causes diver¬
ses du sycosis, etnous essaierons, en partant de là, d'éclair- cir sa pathogénie encore trèsobscure.
Dans le second, nous ferons un
historique
succinct des différents traitements employésjusqu'ici
et nousindique¬
rons celui que nous leur préférons actuellement.
Le troisième chapitre sera consacréaux observations que
nous avons prises nous-même, ou qui nous ont été commu¬
niquées.
Dans le quatrième enfin, nous conclurons
d'après
nos résultats et nousessaierons, en même temps,d'expliquer
le moded'action du traitement que nous préconisons.CHAPITRE PREMIER
Etiologie du sycosis. Sa pathogénie
Au moment de commencer notre étude sur le sycosis, il
serait peut-être bon de
donner de
cetteaffection
unedéfini¬
tion
précise.
La naturede
cettemaladie
aété le sujet de
discussions que notre peu de
compétence
ne nous permetpas de
trancher. Toutefois si
nous en croyonslès articles les
plusrécents
et lesrenseignements qu'on
abien voulu
nous donner, nous pouvonsdéfinir le sycosis
: unefolliculite
causée par
l'introduction d'un
germepathogène dans l'appa¬
reil pilo-sébacé. Quand aux
différents
nomsd'eczéma pilaire,
eczéma récidivant de la lèvre
supérieure, folliculite pilaire
de la lèvre supérieure,
donnés
tousà
unemême lésion, ils
ontété employés
à
une époqueoù la nature du sycosis était
encore fort peuconnue et
où chaque
auteurle désignait
par le symptômequi lui paraissait dominant,
parl'aspect qui
lui semblait caractéristique.
Et en effet, la folliculite
pilaire
peutrevêtir différentes
formes, se
présenter
sousdivers aspects.
Pour nous, nous nous
contenterons de donner
unedes¬
cription
clinique de
saforme la plus habituelle, la plus
fréquente,celle de la lèvre supérieure, d'origine nasale.
Dans ce but nous necroyons
pouvoir rien faire de mieux
que de
reproduire textuellement
unarticle de Tissié publié
dans lesAnnales de médecine de 1892.
«A la suite d'écoulement nasal persistant ou
à répétition
ayant déjàà plusieurs reprises amené de la
rougeurdu
— 12 —
pourtour des
narines
sedéveloppent des lésions plus
mar¬quées
;c'est d'abord
unpetit placard
rougerosé, légèrement
saillant, de petites
dimensions (pièce de 0,20) siégeant
au- dessous d'une narine, parfois au-dessousde la cloison.
Cette plaque est
légèrement prurigineuse, quelquefois môme
douloureuse lorsque la cloison est
prise L'irritation qui
en résulte peut se traduire par unécoulement nasal plus
abondant
(phénomène réflexe). Par le fait du grattage (pico¬
tements,
fourmillements),
l'acterépété de
semoucher, les
lésions s'accentuent, la plaquerouge se recouvre
de petites
croûtelles blanchâtresou blanc jaunâtre, en
même
temps qu'elles'étend
etenvahit toute la moustache du côté malade,
et même celle du côté opposé.
» Ace moment la plaque estrouge,
légèrement tuméfiée et
indurée.
» Aux lésions
érythémateuses de
cettepremière période
— et les choses peuventen resterlà
—succèdent bientôt des
lésionspustuleuses.
» Autour de la racine du poil, on voit un
petit soulèvement
épidermique,dont le contenu
netarde
pasà devenir nette¬
ment purulent et
jaunâtre
;la rupture
enest précoce (troi¬
sièmeou quatrième
jour),
etlaisse
unesurface suintante qui
se recouvre de croûtellesjaunâtres.
» Ces pustules évoluent par poussées
successives, et cette
période de pustulation peutdurer des semaines. Les pustules,
lorsque cette période està
sondéclin, deviennent plus
rares et plus volumineuses.» A cettephase, les malades
éprouvent des sensations
assezpénibles
: chaleur etdistension
auniveau des pustules
;il
n'ya pas de chutedes poils.
» La lésion
après
ce permierstade (stade folliculite),
va maintenantprendreles caractères de l'eczéma
:la
peau seride,
elle est le siège d'un léger suintement qui se
concrète
en croûtelles jaunâtres, se détachant assezfacilement, et
serecouvre de squames foliacés blanchâtres ; ce
n'est qu'ex¬
ceptionnellement, en l'absence de tous soins
hygiéniques
que
l'on voit le suitement eczémateux mêlé au contenu des
pustules former
unesorte de carapace englobant et réunis¬
sant les
poils
parleur base.
» Dans cedernier cas,lessensations
de cuisson, de brûlure,
sontparfois
très vives.
» Leslésionspeuvent
persister longtemps à cet état (eczéma
chronique)
présentant des périodes d'augmentplus ou moins
espacées,
survenant
sousl'influence d'une augmentation de
lasécrétion nasale,souventd'un
simple excès alcoolique. Ces
poussées
aiguës
ousubaiguës sont suivies de période de
calme relatif; le
suintement eczémateux et la pustulation
disparaissent, la
peauest sèche ou humide seulement par
places,
légèrement vernissée,
unpeu indurée, et d'une colo¬
rationplus ou
moins vive. Elle est le siège de démangeaisons
d'ailleurs intermittentes.
» Que
deviennent les poils ? Nous avons vu le siège circum-
pilaire
des pustules
;le poil qui traverse le sommet acuminô
des
pustules peut tomber spontanément ou sous l'influence
d'une légère
traction. C'est qu'en effet la gaine de la racine
est altérée : aspect
gélatineux, augmentation de volume.
Mais les poils
tombés repoussent bientôt normaux ou par¬
fois plus
grêles, moins colorés (lorsque la lésion du bulbe a
été plus
marquée)
;il arrive souvent qu'après la guérison
les poils
repoussent dans tous les sens.
»Tel estl'aspect
général des lésions
;elles peuvent s'éten¬
dreaudelà de la lèvre
supérieure et envahir toute la barbe,
» On asignalé,
chez le sujet scrofuleux et lymphatique, des
poussées
d'œdème, à évolution rapide et la coexistence de
l'eczéma
pilaire de la moustache et de la blépharite ciliaire.
» Un descaractères
particuliers de l'eczéma consécutif aux
affections nasales et
leur tendance aux récidives, récidives
qui
apparaissent lorsque la lésion du nez s'aggrave ou se
reproduit, et qui finissent par évoluer d'une façon un peu
différente de celle que nous avons
décrite.
» C'est dans cescasque
l'on voit,
eneffet, parfois les lésions
pustuleuses prendre une plus grande importance. Les
— u —
pustules sont plus volumineuses et souvent confluentes.
Elles creusent une espèce cle godet
hémisphérique
autourdechaque
poil etparfois les lésionsdu bulbe pileux sont assez intensespour que le poil ne repousse plus.» Enfin, la répétition desrécidivespeut entraîner un
épais-
sissement persistant de la peau (A.
Jurasz) déformant
la lèvre supérieure. »Telle est la
description clinique
dusycosis delà lèvre supé¬rieure donnée parTissié.
Cet auteur considère avec raison les affections nasales comme les causes les plus
fréquentes
desycosis, et pourtantce ne sont pas les seules. Il suffit de lire les auteurs qui ont étudiécette maladie poursavoircombienson
étiologie
diffère suivant celui qui l'étudié. Nous ne ferons que citer rapide¬ment età titre de mémoire les différentes causes de cette
lésion, considérées par les uns comme
principales,
comme secondaires par les autres.Pour les uns,le sycosis serencontre surtoutchezles scrofu- leux et les
lymphatiques;
pourd'autres,
chez lesarthritiques;
pour d'autresenfin, commeAlibert,chez lesindividusrobus¬
tes, colorés et sanguins. On a accusé le rasoir,et la rasure a été considérée par certains auteurs comme la cause seule
importante de cette lésion. Lespressions
répétées
pourraient également produire lafolliculite,
et c'est ainsi qu'onl'expli¬
querait chez ceux qui jouent du violon. Les poussières irri¬
tantes, la
malpropreté,
le tabac à priser, un feu ardent ont été également considérés comme des causes du sycosis. Ona également cité un sycosiscadique, résultantde l'action sur la peau de frictions à l'huile de cade.
Telles sontactuellement les idées généralement
admises,
les idées classiques sur
l'étiologie
du sycosis.Pour nous, sans nier l'influence de l'arthritisme ou de la scrofule, sans rejeter
complètement
les différentes causesinvoquées
à tour de rôle par les auteurs les plusautorisés,
nous croyons que le sycosis est la
plupart
du temps le résultat d'une affection nasale.Gomment alors se produirait la lésion; end'autres termes, quelleserait sa pathogénie?C'est là un point fort mal étudié jusqu'ici, et parconséquent trèspeu connu; point que,grâce
auxauteurs que nous avonslusetauxrenseignements qu'on
a bien voulu nous donner, nous allons essayer d'éclaircir.
Dès 1854, Bazin
(Considérations
sur lesmentagres)
avaitdit: « La mentagrepustuleuse peut être produite par le con¬
tact des mucosité du nez... comme l'angine
pharyngée
gra¬nuleuse est un effet du coryza, quand les mucosités
s'échap¬
pentparles ouvertures postérieures des fosses nasales etse
répandent
sur la paroipostérieure du pharynx. »Ce passage de
Déminent
dermatologiste français pourrait servir de conclusion à ce chapitre. Si l'on se rapporteà l'épo¬que
où
ont été écrites ces lignes, onéprouve
un double sen¬timent, celui de la justesse et de la précision d'une opinion que l'on croirait émise d'hier, et celui moins consolant de la difficulté qu'ily a parfois pour les idées scientifiques exac¬
tesà devenir classiques. Cette théorie, eneffet, a eu assezpeu de partisans et c'est seulement de nos jours que certains dermatologistes, parmi lesquels Brocq, Perrin et Aslanian l'ont remise en vigueur. Pour ces auteurs, en effet, la folli- culite pilaire résulterait de deux choses : 1° l'action irritante des liquides qui s'écoulent du nez, action d'ordre purement chimique; 2° la pénétration dans l'appareil pilo-séhacé de germespathogènes.
MM. Perrin et Aslanian, à la Société de dermatologie
(réunion
du 3 août1894)
ont nettement démontré la présence du staphylocoque blanc et du staphylocoque doré dans le pusdel'eczéma pilaire. Dans leurs expériences à ce sujet,ces deux spécialistes ont suivi la marche suivante: ils ont d'abord examiné les lèvres
supérieure
et inférieure d'un homme sain, puis les lèvressupérieure
et inférieure d'un homme atteint d'eczéma pilaire.Dans le cas de l'homme sain, ils sont arrivés aux conclu¬
sions suivantes :
1° Il existe sur lalèvre
supérieure
et dans lesorifices nari-naires normauxdel'homme, desmicroorganismes en
certain
nombre; le staphylocoque blanc estl'hôte habituel et parfois
exclusif de ces régions; mais le plus souvent
aussi, il est
accompagné du staphylocoque jaune;2° Ces microorganismes sont capables de
cultiver rapide¬
mentsurles milieuxartificiels,etcescultures inoculées dans
la cornée d'un lapin ne produisentpas de
lésions.
Dans le cas de l'homme malade, leurs
expériences, qui
portent surcinq individus présentantdiversdegrés d'eczéma
pilaire, les ont amenés à ces conclusions:« On peut dire d'une façon
générale
quesi
on compareles
cultures obtenues sur des lèvres saines et celles obtenues dans les cas d'eczéma sous-narinaire, ces
dernières
se rap¬prochent despremières chez les malades
atteints superficiel¬
lement ou qui sont dans un état de
quasi-guérison. Les cul¬
tures provenant des
eczémateux
sont plusabondantes et
plus fertiles quand leslésions
de lalèvre
sontplus
accen¬tuées; la virulence est plus marquée, puisque nos
inocula¬
tions faites avec des cultures provenant
de sujets sains ont
toutes été négatives, tandis qu'un
certain nombre ont été
positives avec des culturesprovenantd'eczémateux. Ces ino¬
culations avaient été faites avec des colonies jaunes. Nous
sommes bien loin cependant de pouvoir
conclure
quele sta¬
phylocoque
doré joue un rôle importantdans la production
de l'eczéma récidivant de la lèvre supérieure.
Nous
savons,en effet, que les germes de staphylocoques
dorés
se rencon¬trentsur des lèvres normales. »
MM. Brocq etVeillon ayant remarqué que
l'eczéma pilaire
survenait surtout chez les personnes atteintes
de
coryza ont poussé leurs recherches jusque dans les fosses nasales.M. Veillon y a trouvé encorele staphylocoque doré enabon¬
dance et presque pur, « le coryza semblerait donc
s'être
ino¬culé surla lèvre. »
Cesexpériences et les conclusions qui en
résultent
ne con¬tribuent pas peu à éclaircir la pathogénie du sycosis,
fort
obscure
jusqu'ici.
Il est probable, en effet,que les staphvlo-— 17 —
coques
blanc
etdoré, hôtes habituels des fosses nasales de
l'homme sain, devenus pathogènes dans les cas
de
coryza, envahissent lalèvre supérieure et s'ydéveloppent
encréant
la lésion. D'un autre côté les germes de la lèvre supérieure pourraient
devenir pathogènes
pareux-mêmes
enévoluant
sur un bonterrain de culture. Les personnes
atteintes fré¬
quemment
d'eczéma pilaire, telles
queles arthritiques et les
scrofuleux,
présenteraient
ceterrain favorable. Quant
aux autres causes, telles que rasoir,poussières irritantes, feu
intense,
pommades, fards, etc., elles n'agiraient qu'en
créant un point de
moindre résistance
ou enouvrant à l'in¬
fectionuneporte
qu'elle
netarde
pasà franchir.
En d'autres termes, la lésion évoluerait comme un
simple
furoncle;l'arthritisme etla scrofule seraient les
causesgéné¬
rales del'affection, le rasoir et les
poussières irritantes
en seraient les causes locales. Dansce cas, le sycosis de cause internen'existeraitpasplus
quele furoncle de
causein¬
terne.
Telles sont nosidées
personnelles
surla pathogénie du
syco¬sis; ellessontle
résultat d'une hypothèse, c'estvrai, mais cette hypothèse
noussemble soutenable. Et,
eneffet, le furoncle
et la folliculite pilairese
ressemblent
parbien des points.
L'action du frottementetdes
poussières irritantes, les excès
de table, d'alcool, l'abus
des mets épicés
nesont-ils
pas au¬tant decauses communes à ces deux
affections. L'une et
l'autre ne se
développent-elles
pasde préférence chez les
su¬jets arthritiques;
n'ont-elles
passouvent comme origine
commune un bouton d'acné irrité par
le
passagedu rasoir
ou enflammé par
l'application de pommades irritantes ; ne siègent-elles
pastoutes les deux dans l'appareil pilo-sébacé.
Si à ces causes semblables nous
ajoutons
unepathogénie
commune, comme
il semble résulter des expériences de Per-
rin et Aslanian, et si l'une
et l'autre de
cesaffections sont
guéries par un
même traitement, pourquoi,ou lieu d'en faire
deux maladiesbien distinctes, ne pas
les considérer sinon
comme identiques, au
moins
commefort ressemblantes ?
Lem.
D'ailleurs, grâce aux renseignements de M. le professeur Dubreuilh, nous pouvons affirmer que le traitement que nous préconisons pour le sycosis, réussit également bien contre la furonculose.
On nousobjectera sans doute que le sycosis est une affec¬
tion beaucoup plus tenace etbeaucoup plus
récidivante
que le furoncle. A cetteobjection nous répondrons quele furon¬cle estégalement très récidivant et très tenace, et ceux
qui
en ont été atteints, surtout dans la région de la nuque, sa¬
vent combien la désinfection de cette partie estdifficile. Sur
ce point, d'ailleurs, nous pouvons citer notre
expérience
personnelle. D'un autre côté, une ténacité et une récidivité plusgrandes prouvent peut-êtresimplement l'existenced'une floremicrobienne plus riche, ou l'exposition plus directe dusiège
de la lésion aux causes déterminantes.CHAPITRE II
Traitement du
Syeosis.
« Le premier but de l'art est deguérir, disait Alibert
(Mo¬
nographie des dermatoses, 1832).
A quoi nous serviraient,eneffet, les
descriptions
les plus exactes des maladies, si ellesne nous dirigeaient avec sûreté vers les méthodes cura- tives? »
Ce grand principe, que l'on pourrait appeler le
principe
essentiellement humain de la médecine, a régi seul cette dernièrependant toute sa période non
scientifique,
pendantson
époque
empirique. Aussi avec une affection telle que le syeosis, affection mal connue, banale,récidivante,
regar¬dée souvent par le médecin comme incurable et considérée toujours parle malade comme un supplice,
l'empirisme
a-t-il dû créer des traitements dont l'étude seule ferait le sujetd'un ouvrage.
Aussi, sansremonteraux temps de Celseou dePline, nous nous contenterons d'examiner les traitements les plus ré¬
cents qui, s'ils ne sont pas exempts de tout empirisme, ont
au moins donné quelques résultats. Nous ne parlerons pas du traitement de la cause, qui varie comme la cause elle- même; nous aurons seulement en vuela lésion sycosique.
Bazin est un despremiers qui ait véritablementétabli un traitement rationnel et efficace de la folliculite pilaire. Nous essaierons d'en donner ici un aperçu en citanttextuellement la thèse de Catois, qui put par lui-même constater le mode d'emploi et vérifier les résultats de ceprocédé curatif.
- 20 —
« Etant donné un sycosis, dit
Catois, la première chose à
faire, si l'ons'adresse
à
unsycosis
nonparasitaire, artificiel,
accidentelou decause externe, c'est de
supprimer la
cause qui leproduit et qui l'entretient. Suspendez alors et suppri¬
mezmême tout à fait l'usage des
cosmétiques, des fards, des
pommades,si telles sont les
causesdu mal, et prescrivez des
potions
émollientes, des cataplasmes amidonnés, etc. Si le
sycosis est
produit
parl'irritation causée
par unmauvais
rasoir,on devra
proscrire la
rasure,la barbe
serarasée
avecdes ciseaux courbés sur le plat et
l'on évitera ainsi tout
contactirritant pour
le derme. On
couperala barbe tous les jours s'il le faut, de manière à
ce queles poils soient pres¬
que au ras
de la
peau;les cataplasmes émollients que l'on
appliquera
alors pourront faire sentir leurs effets
surles par¬
ties lésées. On se trouvera également bien
de l'emploi de
bainslocaux, de douches de vapeur
émollientes et de fumi¬
gations
d'eau de camomille. Le plus souvent,
pour unsycosis
non
parasitaire commençant,
cesseuls
moyensthérapeuti¬
ques
suffisent. On le voit, il
nes'agit
pasici de pommades
irritantes, de drogues
empiriques, de cautérisations,
commele
préconisaient les médecins d'autrefois, et
commemalheu¬
reusement le font encore quelques
praticiens d'aujourd'hui.
Lasimple
suppression des
causes,des applications et lotions
de principes
émollients (amidon, fécule de
pommede terre,
camomille, guimauve,etc.) suffisent parfois
pourproduire
un amendement considérables dans lessymptômes.
»
Cependant, malgré
cessoins, l'affection peut continuer
son évolution : despustules
sedéveloppent, des nodosités
sous- cutanées se formentdansl'épaisseur
du derme;quelle
seraalors la conduite du médecin? Lapustule,
développée à l'ori- j
fice du conduit
pilifère,
nousindique l'inflammation du folli¬
culepileux
lui-même; mais le poil, implanté
aumilieu de
ce IY®' follicule, agit comme uneépine,
comme un corpsétranger
dont la présence
entretient
sans cessel'inflammation. C'est
alorsqu'il convient
d'appliquer l'épilation, dont
nousn'avons
pas
à décrire
lemode opératoire si bien décrit
parBazin. !>
— 21 —
Disons d'abord que cette petite
opération doit être surveillée
et dirigéepar le
médecin même
ou par unépileur de profes¬
sion. Il nous est, en effet, arrivé d'observer les
malades qui
nesavaientpas
s'épiler, faute de conseils et d'avis
;le plus
souvent, ilsarrachaient un
poil sain et laissaient
unpoil
dont lefolliculeétaitbaigné de pus ; d'autres
fois, fort
peu habiles dans le maniement de la pince à épiler,ils cassaient
lepoil au
niveau de l'orifice du conduit pileux, alors qu'ils croyaient sincèrement
enavoir pratiqué l'avulsion.
»L'épilation, en
outre qu'elle débarrasse le follicule pileux
d'un corps
étranger, agit
encorecomme unesorte de petite
saignée locale,
résolutive et déplétive
endégorgeant ce folli¬
cule. Dansle sycosis non
parasitaire, l'épilation doit donc
être partielle,
limitée
auxfollicules malades
;elle doit éviter
les
parties saines
souspeine de venir augmenter l'inflam¬
mation qui existe
déjà.
«Lorsque les
pustules sycosiques sont implantées sur des
tubercules, des
nodosités profondes et sous-cutanées, carac¬
téristiques
d'une inflammation du tissu cellulaire, c'est alors
que
l'épilation n'est plus suffisante, il nous faut chercher un
moyen
de suppléer à cette insuffisance ; ce moyen consiste
en mouchetuers, en
scarifications,
endébridements
quel'on
pratique sur
les parties enflammées.
» Les moucheturessont pratiquéesavee une
pointe de lan¬
cette; on fait sur
les parties malades un nombre plus ou
moinsconsidérable de
piqûres;
onobtient
par ceprocédé
unesorte de saignée
locale plus efficace et plus complète que
la seule épilation.
Il existe
encoreun moyen plus efficace
que les
mouchetures,
nousvoulons parler des scarifica¬
tions.
»Cette petite
opération
sepratique suivant la méthode de
M. Vidal,à l'aide
de couteaux spéciaux ; c'est le mode de
traitement que nous avons vu
souvent employer à l'hôpital
Saint-Louis. Les
scarifications sont plus ou moins profondes
et les incisionsse
croisent
ourestent parallèles entr'elles.
»Le
procédé
parla curette de Volkmann et Squireestmoins
— 22 —
souvent usité. Ce traitement énergique, suivi d'applications émollientes maintenues avec persévérance, suffit le plus
souvent.Lès tuberculeset les indurationssycosiques s'affais¬
sent, l'inflammation diminue peu à peu et la peau reprend
sa couleur normale.
»Nousavons vu souventpratiquer ces scarifications, non seulement pour le sycosis vrai, mais aussi pour ces formes composéescompliquant un eczéma ou un impétigo. Nous ne
craignonspas de l'affirmer, c'estun procédé
héroïque
pour amenerla résolution de ces gros tubercules indolents, deces nodositésprofondes qui viennent si souvent
compliquer
le sycosis. Aucune pommade, aucun agent irritant ou réso¬
lutif nepeut les faire
disparaître
; une seule ou quelquesséances de scarifications triomphent de ces complications inflammatoires
»On peut aussi avoir à traiter ces engorgements phlegmo-
neux ou furonculeux qui s'observent parfois à la fin du sycosis. On interviendra
énergiquement
et on ouvrira large¬mentl'abcès: il faudra seulement toujours songerà la cica¬
tricequi résultera de
l'opération
; on aura donc soin de la rendre la moins apparente possible.»Que faut-il maintenant penser de toutes lespommades préconisées et si souvent usitées dans letraitement de la mentagre. En thèse générale, nous les regardons comme
inutiles, au moins dansle plus grand nombre de cas, parfois même nuisibles. Toutefois, nous faisons ici une restriction : nous rejetons formellement les pommades excitantes et irri¬
tantes, telles que :
emplâtres
mercuriels,pommade
au bi-io- dure demercure, au bi-ioduredesoufre,
etc.»Dans certains cas, on pourra recourir aux
adoucissants,
aux linimentsémollients, etc., glycérine, baume du Pérou.
Une pommade, qui rend de bons services, c'est la pommade à
l'oxyde
dezinc.» Lesapplications caustiques et les cautérisations dont on
faisait autrefois unsi grand abus sont absolument contre-
indiquées.
Nous lerépétons
encore, l'épilationdes poils, dont— 23 —
le follicule enflammése traduit par l'émergence
d'une
pus¬tule, l'application contenue et
persévérante
decataplasmes
émollients, l'usage journalier de douches de vapeur;tels sont les moyensles plus propres à
combattre le mal.
» Les
poils enlevés intégralement,
on peutremplacer
avan¬tageusement danscertains cas les
cataplasmes
par un mas¬que de caoutchouc
enveloppant les parties malades. Nous
devons entrer ici dans quelques détails.
D'un emploi plus
commode que les
cataplasmes, la bande de caoutchouc est
placéeen formede mentonnière, exactement appliquée
sur la surface malade qu'elle doit préserverdu contact de l'air.
« Enveloppe
imperméable, elle entretient
auniveau de la
partie qu'elle recouvre une
douce chaleur et
unetempéra¬
ture à peu
près constante, tout
enl'entourant d'une atmos¬
phère toujours humide. Véritable bain permanent, par la
condensation qu'elle
effectue des produits de la sécrétion
cu¬tanée, elle hâte le nettoyage
du tissu morbide dont les
débris serassemblent à sa surface interne»
(Kinzelbach,
loc.
cit.).
«L'application
de l'appareil doit durer vingt-quatre heures
consécutives; pendant
les premiers jours le malade
seplaint
de démangeaisonsassez
vives
sous sonappareil
;mais elles
disparaissentbientôt. Tous les soirs
en secouchant, le ma¬
lade change sonmasque
de caoutchouc et il le remplace
parun semblablepour
permettre de nettoyer et de faire sécher le premier.
»Tel est dans son ensemble et exposé
d'une façon très
som¬maire letraitement local du
sycosis
nonparasitaire. Parfois
un état constitutionnel
entretient cette affection, l'éternise
pour
ainsi dire. Nous aurons alors à nous adresser simulta¬
nément à un traitement
général,
enmême temps qu'à
une médication locale.»Si le sujet porteur
d'un sycosis paraît entaché descrofule,
011 aura recours à
l'administration d'huile de foie de morue,
de l'iodure de fer, avec
l'adjonction de toniques. On combat¬
tra l'art hri tis par les
alcalins joints aux amers, par quelques
purgatifs salins pris à intervalles plus ou moinsrapprochés, etc*, etc.
» Si, grâceà cette médication générale et locale, on obtient laguérison de l'affection, il faudra encore, après avoir traité le présent, se prémunir contre les nouvelles atteintes de l'avenir.
» C'est alors que les soins hygiéniques entrent en ligne de compte et acquièrentune importance majeure; le maladene doit pas oublierque son affection n'est qu'à l'état de repos, et quela moindre provocation suffirait à amener une nouvelle atteinte.
» Il s'abstiendra donc de priser (eczéma
sycosiforme), de
seraser la barbe, si les conditions sociales le luipermettent, et surtout il
n'appliquera
sur elle aucune pommade, aucun cosmétique. Il devra en même temps éviter tout excès, pros¬crire tout excitant, soit en boisson, thé, alcool, café, soit en
aliments, mets épicés, charcuterie, poissons de mer, etc... » Ainsi s'exprime Catois dans sathèsesurlesycosis, publiée
à Paris en 1882.
Nous avons peut-être un peu insisté sur ce mode de traite¬
ment, et fait, pendant de trop nombreuses pages, œuvre de copiste. Nousavons cru devoir agir ainsi pourdeux raisons : la première, c'est que ce passage dela thèse de Catois con¬
tient d'excellentes choses au point de vue thérapeutique; la deuxième, c'estque ce traitement tel qu'il le préconise a été et estencore actuellement le traitement de choix de la plu¬
part des pratiquants.
Acôté de ce traitement viennent ceux de Besnier, Ilallo- peau et Brocq que nous nouscontenterons de résumer.
1° Traitement de M. Besnier. —
Après épilation
totale, on prescrit des douches de vapeur etl'enveloppement
perma¬nent avec du caoutchoucqui doit être bien fixé pour ne pas devenirune cause d'irritation pour les parties voisines. La surface de la moustache sedéterge rapidementet l'irritation
se calme.
2° Traitement de M.
Hallopeau.
— Epilationcomplète:
- 25 —
huile
phéniquée à 1/10 pendant
unehuitaine de jours ; en¬
suite
application
en permanencede doubles de tarlatane im¬
bibésd'une solution de sublimé à
1/5000; lorsque la pustu-
lation a cessé et que
la
peauest sèche, emplâtre rouge de
M. Vidal :
Minium 2,50
Cinabre 1,50
Emplâtre
de diachylon.. 26 grammes.
3° Traitementde M. Brocq. —
Le premier jour, onguent
styrax
coupé de deux parties d'huile.
Le deuxièmejour,
pommade à l'oxyde de zinc au 1/10 et
ensuite alternativement.
Qu'on nous
permette maintenant de citer, à titre de mé¬
moire, les pommades
mercurielles
aucalomel, à l'oxyde
jaune, au
précipité blanc, l'emplâtre de Vigo, l'emplâtre
rouge, les
pommades à l'acide borique, à l'acide salicylique,
au tanin, à
l'ichthyol, le sulfo-ichthyolate d'ammonium en
solution dans l'acide phénique,
le soufre, le goudron, la ré-
sorcine,etc... Sans
vouloir contester d'ailleurs l'action de
ces divers topiques
rationnellement administrés, on peut
direqu'ils
sont généralement insuffisants. Leur nombre et
leurvariétésont une preuve
de leur inefficacité.
Qu'on nous
permette maintenant d'exprimer nos idées per¬
sonnelles sur les différents
traitements;
surles différentes
méthodescuratives que nous venons
d'indiquer.
Dans cebut, nous necroyons
pouvoir mieux faire que de
citertextuellement un
article du DrFrèche publié dans les
Annales de Policlinique
de 1895 et ayant pour sujet le traite¬
mentdes fol 1iculites de la
barbe. Dans cet article, M. le Dr
Frèclie s'exprime
ainsi
:« On a aussi conseillé
l'épilation et la rasure. Les avis sont
partagés ence
qui concerne l'emploi de ces deux méthodes.
Tandis que
certains dermatologistes prescrivent l'épilation,
la considérant comme
nuisible, d'autres la préconisent vive¬
ment.
— 26 —
» Pour nous, sansaller
jusqu'à
la croirenuisible, nouspen¬sons qu'elle est au moins inutile. Elle peut illusionner la maladeet le médecin, car après l'ablation du poil la pustule disparaît en général, ce qui ne l'empêche pas de reparaître, dès quele poil de nouvelle formation vient pointer.
» Quant à la rasure, elle est très douloureuse
lorsque
les tissus sontenflammés;
de plus, elle peut favoriser les inocu¬lations. Ces deux raisons doivent rendre très prudent pour sonemploi.
»Pour lescas
rebelles,
on a enfinpréconisé lesscarifications et aussi la cautérisation des pustules au galvanocautère.»Laplupartdes traitementsétantsanseffet,ons'estadressé
au
merveilleux;
aussqavons-nouspulire, aucommencement del'année,
l'histoire d'un professeur de l'Université de Mos¬cou atteint d'une folliculitede labarbe qui, aprèsavoir con¬
sultélesprofesseursKaposi
(devienne), Schwimmer
(de Buda¬pest), Lassar
(de Berlin),
Stukovenkoff(deKieff)
s'abandonnaàçrune
sage-femme qui traitaithabituellementjses
maladespar les herbes. Celle-ci laissa cette fois les plantes de côté; ellese rencontra à
cinq
heures du matin avec le malade dansl'église
duSauveur,
sur les bords de la Moscowa, et se miten prières pendant trois ou quatre minutes. De nouvelles
prières eurent lieu le soir et le lendemain matin.
» Dès la première
séance, l'éruption
sycosique s'améliora, paraît-il; la suppuration cessa, le gonflement s'atténua et envingt-quatre
heures, toutsigne de la maladie avait disparu.»
L'histoire,
racontée par le malade, est confirmée parle professeur Kogevnikof.»Le merveilleux n'étant pas à la portée de tous, nous som¬
mes obligé de nous en tenir à des moyens plus accessibles.
»Depuis deux années environ, on emploiedans la Clinique
du professeur W. Dubreuilh, pour le traitement des follicu- lites de la barbe,une solution
alcoolique
do subliméque nous trouvons bien supérieure à tous les médicaments conseillés.Ce
traitement,
qui a étépréconisé
par Tilé (de Saint-Péters¬bourg),
et avant lui, parait-il, parKromayer,
avait donné à— 27 —
Tilé un résultaLsi parfait que M. le professeur
Dubreuilh
se décida à remployer.Tilé
arapporté
endétails dans 1 eVratch
son observationcomplète, dontvoici quelques extraits :
»Atteint d'un sycosis de la
lèvre
supérieuredepuis le mois
defévrier 1892, Tilé s'adressa à plusieurs de ses
confrères spécialistes, qui
tousfurent d'accord
surle diagnostic, mais
qui
instituèrent des traitements différents. Les
unslui
con¬seillèrent la rasure, d'autres l'épilation des
poils occupant
le centre des pustules;
d'autres enfin, l'épilation
en masse.Certains aussi
préconisèrent les scarifications. Le malade
s'arrêta au traitement qui lui parut le
moins pénible, l'épi¬
lationauniveaudes pustules suivie
d'un badigeonnage d'une
solution
sulfo-iclithyolée.
» Au bout de deux semaines,les résultats étaient
nuls mal¬
gré une
exécution scrupuleuse du traitement. La nuit et le
matin, il se produisait une
apparition de pustules nouvelles.
Le malade remplace
alors la solution ichthyolée
par une pommadeà l'ichtliyol. Aucune amélioration
ne sefaisant
sentir, il rase la moustache. Alors commence
le défilé des
pommadesà l'acide salicylique et
au mercure, auprécipité
blanc et à la
glycérine,
ausoufre et à la créosote, la solution
de nitrate d'argent, l'huile de
térébenthine
avec saupou¬drage de fleur de
soufre, etc...
» L'affection
persistait toujours; emploi d'une solution al¬
cooliquede
sublimé à 1/300, la
rasureet l'épilation sont sus¬
pendues. Dès les
premiers jours, l'emploi de cette solution
amena une amélioration sensible;
l'infiltration diminua, la
rougeur pâlit et
les pustules devinrent plus rares. Quelques
temps après, on
remplaça la solution précédente par une
plus forteà
10/0 et l'affection rétrocéda rapidement, en même
temps que
la sensation de constriction et de chaleur. Un
mois plus tard,
il n'y avait plus trace de pustules, il ne per¬
sistait plus qu'une
légère infiltration de la lèvre et un peu de
desquamation.
» Débarrsssé de son affection.
Tilé voulut s'assurer, à tout
prix, si le
sublimé constituait réellement un moyen radical
— 28 —
contre le sycosis. Dans ce but, il pria ses confrères de lui adresser des malades, et eut bientôt l'occasion
d'appliquer
letraitement sur un officier de cavalerie atteint depuis deux
ans d'un sycosis
tricophytique.
La guérison fut obtenue au bout de deux mois. Puis se présenta à lui, pendant l'été de 1893, un musicien militaire, pour une folliculite de la barbe remontant à deux ans. Le malade, en sa qualité de militaire,nepouvait se faire raser la moustache, et avait pratiqué l'épilation avec des pommades diverses sans aucun résultat.
»A la barbe etaux moustaches, on constate des nodules rougeâtrescentrés par des poils. Par place, plusieurs de ces nodules sont réunis et forment des nodosités diffuses. Il existe aussi une grande abondancede pustules et de croû- telles grisjaunâtre. Les poils qui traversent lespustuless'ar- rachent facilement et sans douleur. Cesycosis, qui estencore parasitaire, guérit au bout de deux semaines. Deux ans
après,
survint une récidive qui céda très vite au même trai¬tement.
» L'observation la plus intéressante et à la fois la pluspro¬
bante est celle qui suit :
» Lecolonel E..., atteint depuis le mois de janvier 1894 d'un sycosis de la moustache et de l'entrée des narines, fut traité,
au début, parla pommade de Wilkinson et celle de Ilébra à
l'oxyde
de plomb.Après
une légère amélioration, survintunecrise aiguë : la lèvre gonfla et se couvrit d'un grand nombre de grossespustules; la douleur était très vive à ce moment. On appliquealors une lotion au nitrate d'argent, puis dès que la crise fut un peu atténuée, l'alcool
salicylé
et la pommade à l'oxyde de plomb. En avril 1894, on propose au maladel'épilation,
qui estpratiquée
à raison de soixanteà cent poils parjour.Ce traitementdurependant quatre mois '
et les pustules apparaissenttoujours. Le malade se décide à aller trouver un grand spécialiste, qui institue une médica¬
tion des plus rigoureuses et des plus complexes : rasure, épilation, scarifications et cautérisations au nitrated'argent, accompagnées d'applications de pommades qu'on modifiait