DÉCLANCHEMENT SIMULTANÉ DE L’ŒSTRUS DANS UN LOT DE BREBIS
AVEC POSSIBILITÉ DE GESTATION ULTÉRIEURE
L. DAUZIER Suzanne WINTENBERGER
Station de
Physiologie
Animale, Centre National de RecherchesZootechniques, Jouy-en-Josas.
Il
peut
être intéressant pour les éleveurs d’obtenirl’agnelage
à uneépoque
favorable à la vente des agneaux, ou de grouper la mise-bas
(production
dulait,
utilisation de l’inséminationartificielle).
Seul lepremier problème
a faitl’objet
de nombreux travaux dont les résultats sontvariables,
et même contra- dictoires. Laplupart
des auteurs(CO L E
etM ILL E R ,
I935 ; I,ITOVTCH!NKO,193
6 ;
PAC!TCHNIK,1036 ;
HAMMOND et PARKES, I942 ; BEI,I"CAS I DA,
BOHSTED
T, I)ARI,OW, 1941 ;
COLE, HART,
MiLLER, 1945 ; HAMMONDJr.,
1945 ; ZAV A D O V
SKI, 1945 ;
THIBAUI,T,
I,API,AUD,ORTAVANT, I948 ;
ROBINSON,I950)
ont utilisé les hormones
gonadotropes (sérum
dejument gravide,
leplus souvent) injectées
par voie sous-cutanée en une ou deuxinjections espacées
de 17
jours.
Cette méthode ne provoque les chaleurs que chez une faible pro-portion
deBrebis,
l’ovulation seproduit généralement,
mais elle est rarement suivie de fécondation. En traitant 7 Brebis avec I o0o U. I. de sérum dejument gravide, 4 8
heuresaprès injection
sous-cutanée de 35 mgr deprogestérone
R
OBINSON
( I95 2)
n’a obtenu que deux Brebis fécondées. Deplus,
faute de lottémoin,
il n’était paspossible
de vérifier si elles étaient réellement en anoestrus.T HIBAU
r.T, ORTAVA!rT,
DESBOIS, LAURANS,1948,
ontessayé
eninjectant
des hormones
gonadotropes,
de la folliculine et de laprogestérone,
de recons-tituer un
cycle
hormonalartificiel,
mais leurs résultats ne sont passignificatifs
du fait de l’entrée en rut dans le lot témoin d’un certain nombre de Brebis.
Il était donc nécessaire de
reprendre
ces travaux pour trouver une mé- thodepermettant
d’obtenir les chaleurs, l’ovulation et la fécondation.Dans ce but nous avons utilisé 24Brebis Berrichonnes X
Ile-de-F’rance,
dont le rut était détecté
quotidiennement,
6 lots furent constitués. Le lotI a
permis
de connaître l’état des ovaires et du tractus chez les Brebis nontraitées. Le 2eme lot a servi
également
de lottémoin,
afin de déterminer la date normale d’entrée en rut des Brebis. Les lots : 3, ,I, 5, 6 ont été soumiscomme
l’indique
le tableauI,
à desinjections
d’hormonegonadotrope ( 1 ),
( 1
) Hormone gonadotrope Roussel.
et de
progestérone ( 1 ) ;
cette hormoneinjectée quotidiennement,
etpendant
14
jours, bloque
lecycle
des Brebis enpériode
d’activitésexuelle,
et le rut survient dans les 2à 4jours après
la fin du traitement(D U TT
etC ASIDA , 194 8 ; O’MA
RY
,
POPE,CASIDA, 1950).
Tous les animaux ont été abattus entre le 9 et le 16
juillet.
RÉSULTATS
Toutes les Brebis du lot i avaient un tractus différencié et des ovaires
fonctionnels,
avec des corpsjaunes provenant
d’ovulations récentes(de
24heures à 10-12
jours)
ou des follicules différenciés. Ces Brebis avaient donc descycles
nonapparents
sans manifestation de chaleurs.Les
premières
chaleurs des Brebis du lot 2 ne se sont manifestéesqu’à
desintervalles
compris
entre r5jours
et 2 moisaprès
la fin del’expérience (respec-
tivement le
1/ 8
et leio /8,
le1/9
et le15 / 9 /1952).
( 1
) Zooprogestryl Renault.
Le tableau II montre que les divers traitements
essayés
ontprovoqué
dans presque tous les cas une ovulation
groupée
sur 3 ou 4jours ( 15
brebissur
i6).
Toutefois le rut n’est apparu, et la fécondation n’a étépossible,
chezune
proportion
satisfaisante deBrebis, qu’avec
uneinjection
d’hormonegonadotrope préalable
au traitement à laprogestérone (lot
n°4 ).
De l’examen des ovaires sur les animaux
abattus,
il ressort que, dans les lots 4et 5, seules 2brebis sur 8 ont ovulé à la suite du traitementpréalable
à l’hormone
gonadotrope,
aucun neprésentant
de rut, alorsqu’après
lesinjec-
tions de
progestérone (lots
3, 4 et5 ),
l’ovulation s’estrégulièrement produite.
On ne
peut
manquer derapprocher
ce résultat de lapratique
utiliséedans certains cas chez les Bovins pour provoquer l’ovulation et l’oestrus
après l’extirpation
des corpsjaunes.
D’autre
part C OL E,
HART et MILLER(r 945 )
ont observé que chez laBrebis,
les corpsjaunes
formésaprès
unepremière injection
d’hormonegonadotrope
ne
présentaient
pas undéveloppement normal ;
pour eux l’absence dechaleurs, après
une deuxièmeinjection
d’hormonegonadotrope, pourrait
résulter d’une sécrétion insuffisante deprogestérone
par ces corpsjaunes, pendant
lapériode
s’étendant entre les deux
injections
d’hormonegonadotrope.
De mêmeR
OBINSON
( 1952 )
estimequ’un pré-traitement
à laprogestérone,
avant l’in-jection
d’hormonegonadotrope,
est nécessaire pour induire l’oestrus.En fait une telle
expérience (lot 6)
ne nous a paspermis
de confirmerl’opi-
nion de ce dernier auteur,
puisque
lesplus
mauvais résultats ont étéenregistrés
dans ce cas.
Cependant,
il estpossible
que notre échec tienne à d’autres causes(doses d’hormone,
délai ou traitementsinadéquats),
car nous avons effecti- vementremarqué
que laprogestérone
facilite la différenciation normale du tractus et contribue à favoriser les modificationsqui accompagnent
une ovu-lation naturelle et doivent
permettre
la fécondation.En
résumé,
cesexpériences
montrent que : 1°
pendant
l’anoestrus onpeut
déclencher l’ovulation et leschaleurs,
avec
possibilité
defécondation,
chez la moitié environ des Brebistraitées ;
2
° les meilleurs résultats ont été obtenus en
injectant
800 U. I. d’hormonegonadotrope, préalablement
à un traitementprogestatif ;
3
0 la
progestérone
facilite la différenciation du tractusgénital
au repospendant
l’anoestrus.De nouvelles recherches seront
entreprises
ultérieurement pourpréciser
et améliorer les résultats
obtenus,
conditions nécessaires pour la mise enappli-
cation
pratique
de ce traitement.Reçu pour publication
le 10 Octobre 1952BIBLIOGRAPHIE
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