M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
J EAN P ÉLISSIER Y VES L IGNON
Sur certains résultats d’une enquête : la connaissance et la perception des mathématiques chez les étudiants en lettres et sciences humaines
Mathématiques et sciences humaines, tome 40 (1972), p. 35-48
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1972__40__35_0>
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SUR CERTAINS RÉSULTATS D’UNE ENQUÊTE
LA CONNAISSANCE ET LA PERCEPTION DES MATHÉMATIQUES
CHEZ LES ÉTUDIANTS EN LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
par
Jean
PÉLISSIER
et Yves LIGNON 1RÉSUMÉ
Les auteurs, de
formation mathématique
etenseignant
cettediscipline
aux étudiants enpsychologie depuis
la mise en
place
de laréforme Fouchet,
ontentrepris
cetteenquête
pour essayer dedéfinir l’image
des mathé-matiques
dansl’esprit
des étudiants en lettres et sciences humaines de Toulouse.Dans cet
article,
sontexposés
les résultats concernant la connaissance, au senslarge,
des mathé-matiques
au sein de lapopulation
étudiée.L’analyse
des données est volontairementlimitée,
dans laplupart
des cas, au niveau
descriptif.
Deplus,
il n’a pas étéjugé
nécessaire de mentionner lesimplications,
relationsou corrélations
fournies
par ledépouillement,
mais évidentes par elles-mêmes.I. INTRODUCTION
L’existence,
dès octobre1966, d’enseignements
officiels demathématiques
dans les sciences humainesa
été,
aux yeux de certains, lepremier
pas vers unepluridisciplinarité
des établissementsd’enseignement supérieur. Quelques
annéesplus tard,
l’idée depluridisciplinarité
agagné beaucoup
de terrain. Cette idéerisque
d’entraîner un certain nombre de confusions. Eneffet,
si à l’heure actuelle lamajorité
desuniversités
disposent, quelles
que soient leurs activités, d’undépartement
demathématiques, l’emploi
des
termes « mathématiques
etstatistiques »
par les textes officiels de la réforme Fouchet a suscité ungrand
nombre dedébats ;
on peut d’ailleurs penser que certains de ces débats ne sont pas terminés :une certaine forme de
pratique
destechniques statistiques
n’amène-t-elle pas souvent àenvisager
l’inutilité de connaissances de
mathématiques ?
C’est à
partir,
d’une part de notre situationd’enseignants (et plus particulièrement
pour résoudre desproblèmes pédagogiques),
et d’autre part de notreimplication
dans lesquestions
depluridiscipli- narité,
que nous avons vouluappréhender
laspécificité
de l’attitude des étudiants en lettres et sciences humaines vis-à-vis desmathématiques.
Nous avons cité ailleurs 2 un certain nombre d’observations relatives à l’attitude des étudiants. Cetteenquête
a pourbut,
non de résoudre lesproblèmes évoqués,
mais
d’essayer
de les poser clairement. Pourcela,
il nous a paru nécessaire de tenir compte de l’environ-1. UER Sciences du comportement et de l’éducation, Université de Toulouse-Le Mirail.
2. Jean Pélissier et Yves Lignon : " L’enseignement des mathématiques dans les disciplines littéraires et les sciences humaines:
Présentation d’une enquête ", Annales Université Toulouse-Le Mirail, homo X-1971.
nement familial et du
passé
scolaire 1 mais aussid’expliciter
l’attitudeprésente
de l’étudiant en lettreset sciences humaines : raisons de l’orientation vers ce type
d’études,
informations reçues ou recherchéesen dehors de
l’université, problèmes posés
par une éventuelle utilisation desmathématiques
dans letravail
universitaire,
statut desmathématiques modernes,
finalité desmathématiques (en
rapport avec la situationd’étudiant).
Nous avons deplus essayé
d’évaluer le niveau du savoir enmathématiques,
aussibien pures
qu’appliquées.
Notre
questionnaire comprend plus
de 150 items. Cenombre,
bienqu’important,
ne permetcependant
pas d’aborder la totalité duproblème.
Leprincipal
facteur de limitation était le désir de ne pas rebuter l’étudiant en lettres en lui demandant trop d’attention pour un domaine dont on admetgénéralement qu’il
est, à ses yeux,particulier
et secondaire. Nous pouvons considérer cetobjectif
comme atteint
puisque
seulement5%
desquestionnaires
n’ont pas étéremplis jusqu’au bout,
biensouvent par manque de temps.
Nous avons
également
pu observer dans lapopulation
un nombre élevé de manifestations d’intérêt pour notre étude.411
questionnaires
constituent l’échantillon « en cours d’études »(CE)
et ont étéremplis
par des étudiants suivant desenseignements
de niveau 100(première
année duDUEL)
aux environs defévrier 1971.
385 autres
proviennent
d’étudiants prenant leurpremière inscription
àl’université ;
la trèsgrande majorité
de ces étudiants venait d’être reçue au baccalauréat(juillet 1971) :
cet échantillon estdénommé « nouveaux inscrits»
(NI)
2.Bien
entendu,
le total desréponses
à certains items n’est paségal
à 796.Dans la mesure où l’on demande des
prises
deposition
nettes, il y atoujours
dessujets qui
ne seprononcent pas, même s’il
s’agit
d’uneenquête
concernant lesmathématiques.
Les items utilisés ici, mais non
cités,
ou insuffisammentexplicités
dans le texte,figurent
en annexe.Dans ce
qui
vasuivre,
nous ne mentionneronsséparément
les résultats relatifs àchaque
échantil-lon,
quelorsque
les différences serontstatistiquement significatives.
Le
dépouillement
a été effectué sur l’ordinateur IBM 7044 de l’Université Paul-Sabatier à Toulouse. A ce propos, nous nous devons designaler
que c’estgrâce
à laparticipation
de l’un d’entre nousà un stage
dirigé,
enjuin
1971 àParis,
par JeanGrémy (UER Mathématiques, logique
formelle etinformatique,
UniversitéRené-Descartes),
que les programmes ont pu être élaborés.II. CE
QU’ILS
SAVENTHuit items
(108
à115)
avaient pour but d’évaluer le niveau enmathématiques
au moment de lapassation
du
questionnaire. Sept
de ces items avaient trait à desquestions
trèssimples enseignées,
ou ayant pul’être,
dans le secondaire.1. Bien que très intéressants, les résultats concernant ces questions ne figurent pas ici, car il nous a semblé plus important
de présenter la situation actuelle. Disons quand même quelques mots du« prof. de maths» dans le secondaire.
- Nombre moyen de professeurs par étudiant : 5,4 (écart-type = 2,2)
- Nombre moyen de professeurs ayant intéressé l’étudiant : 1,7 (écart-type = 1,4)
- Nombre moyen de professeurs ayant intéressé l’ensemble de la classe : 1,5 (écart-type = 1,4)
- Nombre moyen de professeurs ayant intéressé l’étudiant et l’ensemble de la classe : 1,2 (écart-type = 1,2)
En général, l’enseignant de mathématiques est bien ou moyennement classé par rapport aux enseignants des autres disciplines.
2. Nous envisageons d’interroger (à partir de mars 1972) les étudiants terminant leurs études de maîtrise.
Étant
donnéqu’on
peut admettrequ’il
est difficile de poser desquestions
demathématiques
àune
population
telle que la nôtre, nous avonsadopté
latechnique
de laréponse
par VRAI - FAUX - SANSRÉPONSE (sauf
pour l’item111).
item 108 :
(a
+b)2
= a2 + °b2 - 2 ab.109 : Le
signe
Vsignifie :
pour tout.110 : La réunion de 2 ensembles est l’ensemble des éléments
qui appartiennent
à la fois aux deuxensembles.
111 :
Écrivez,
si vous le pouvez, la traduction enlangage
courant de : A n B B1 1
112 : La dérivée
de -9
113 : Tout ensemble
composé
deplusieurs
éléments est un groupe.114: Dans tout
triangle
l’orthocentre et le centre degravité
sont deuxpoints
confondus.115 : La
probabilité
est un nombre dont laplus grande
valeurpossible
est 1.La distribution des
réponses
faitl’objet
du tableau 1.Tableau 1
Nous avons noté 79
réponses
exactes à l’item 111.Le lecteur remarquera sans doute avec nous que, si la
géométrie classique
est presque oublié*et la connaissance des
probabilités
trèsconfuse,
les notions restantesd’algèbre
etd’analyse classiques l’emportent, qualitativement
etquantitativement
sur les notions restantes demathématiques
modernes.Remarquons
à ce propos que 457sujets
ont déclaré(voir plus loin)
avoir suivi unenseignement
desmathématiques
modernes. Pour lamajorité,
l’initiation de cessujets
a eu lieu dans le secondcycle
de-l’enseignement
secondaire.Après
423 bonnesréponses
à l’item 109, nous obtenons un nombreplus
réduitde
réponses
exactes aux items 110 et 113(288
et287)
et un nombre trèspetit (79)
à l’item 111. On estdonc amené à penser que les « souvenirs de
mathématiques
modernes »s’estompent
d’autantplus qu’ils
se réfèrent à des notions
plus
élaborées.Compte
tenu de ceci, nous pouvons croire que le «rabachage»
bien connu de certaines formules
explique
le nombre élevé de bonnesréponses
aux items 108 et 112.Il est intéressant de s’attarder sur l’item 113. En effet, nous savions a
priori,
que seul unpetit
nombre de
sujets pouvait
éventuellementposséder
la notion de groupe, cequi permettait d’espérer
uneforte
majorité
de SANSRÉPONSE.
Il est clair que larépartition
desréponses
observées pose desproblèmes
de comportement intellectuel que, en tant que
mathématiciens,
nous nousgarderons
bien d’aborder.III. SONT-ILS ICI A CAUSE DES
MATHÉMATIQUES ?
Nous avons
décomposé
l’étude de ceproblème
en troisparties : Généralités,
Rôle dupassé scolaire,
L’orientation proprement dite.
1. GÉNÉRALITÉS
Item 35 : Avez-vous
effectué,
dansl’enseignement supérieur,
d’autres études que celles que vous pour- suivez actuellement ?Item 36 : Avez-vous dû abandonner certaines études
supérieures
à cause desmathématiques ?
Item 37 : Si vous en aviez la
possibilité,
vous inscririez-vous à des UV demathématiques ?
Item 38 : Y a-t-il
parmi
vosproches
unexemple
d’échec retentissant enmathématiques ?
Item 39 : Les
mathématiques
ont-ellesfavorisé,
directement ou indirectement la réussiteprofessionnelle
~d’un de vos
proches ?
.La
répartition
desréponses
faitl’objet
du tableau 2.Tableau 2
Remarquons qu’un
pourcentage assezimportant
dessujets (près
de1/6)
a effectué d’autresétudes,
mais les mauvaises orientations à cause des
mathématiques
sont très minoritaires. Lesréponses
àl’item 37 sont sans doute en rapport avec
l’image mitigée
desmathématiques
dont nousparlons plus
loin.Il est
possible qu’un
nombre nonnégligeable
desujets
ait vu son orientation conditionnée parl’image
desmathématiques
au sein de son entourage. Lesréponses
en faveur de la bonneimage
sont biensupérieures
à celles en faveur de la mauvaiseimage.
2. RÔLE DU PASSÉ SCOLAIRE
Une autre série d’items
(51
à57)
concernait les résultats lors descompositions
demathématiques
dansle
secondaire, puis
les bons résultats(réponse
par OUI ouNON)
enphysique (item 76),
en chimie(item 77) ;
enfin, enréponse
à l’item 78, lesujet
devait dire si il estimaitque « la
nature de ses résultatsen
physique
et chimie était en relation avec la nature de ses résultats enmathématiques ».
L’observation des résultats
indique
que lamajorité
des étudiants estiment avoir effectué un cursusmathématique honnête,
mais ne se montrent pas excessivement satisfaits des résultats enphysique
et chimie. A cesujet,
l’échantillon CEsemble,
par rapport à l’échantillonNI,
valoriser cepassé
scolaire. Cephénomène
estégalement observable,
mais moins nettement, sur lesréponses
concer-nant les
mathématiques.
De
plus,
si nous utilisons lex2
ici comme par lasuite,
sans faire référence à la distribution deprobabilité,
donc seulement en tantqu’indice
de liaison entrevariables,
nous pouvons admettrequ’il
ya une étroite liaison entre les résultats en
physique
et les résultats en chimie(Tableau 3).
Parailleurs,
l’observation des autres tables de
contingence
nous confirmequ’il
y a une liaison entre résultats enphy- sique
et chimie et résultats enmathématiques.
Un certaindegré
de similarité entre les deux dernières tables(items
76 et 78 et items 77 et78)
permet, deplus,
de dire que les étudiantsqui
considèrent avoir réussi enphysique
ou enchimie,
pensentgénéralement
que ces résultats ne sont pas en relation avec leurs résultats enmathématiques ;
les autressujets
n’ont pasd’opinion précise
sur la relation entre leurs résultats dans lesdisciplines
considérées.Tableau 3
3. L’ORIENTATION PROPREMENT DITE
Item 79 : Votre orientation dans
l’enseignement supérieur
a-t-elle été conditionnée par vos résultats enmathématiques ?
Item 80 et 81 : Le rôle déterminant dans votre orientation vers les
disciplines
littéraires a-t-ilété joué :
80 : par vos résultats dans les
disciplines scientifiques ?
81 : par d’autres raisons ?
La distribution des
réponses
à ces items faitl’objet
du tableau 4.Tableau 4
On remarquera d’abord que les étudiants admettant que les
mathématiques
ontjoué
un rôledans leur
orientation,
sont nettement minoritaires, bienqu’en
nombre relativementimportant.
Cettesituation minoritaire est accentuée dans l’échantillon CE
(ceci
estpeut-être
à mettre en rapport avec lesphénomènes
de valorisationdéjà mentionnés).
D’autre part, si onélargit
laquestion
auxdisciplines scientifiques,
larépartition
reste sensiblementcomparable, Enfin, près
de 200 étudiants n’ont pas fourni deréponse
à l’item 81 ; ceciétant,
larépartition
obtenue neprésente
aucuneambiguïté.
L’observation des tables de
contingence
ci-dessous(Tableau 5),
nous amène à conclure quelorsque
lesmathématiques
ontjoué
un rôle dansl’orientation,
ce rôle a été perçu avec netteté par les étudiants enquestion.
Tableau 5
IV. L’INFORMATION
REÇUE
OURECHERCHÉE
ET L’UTILISATIONDES
MATHÉMATIQUES
PAR LES ORGANES DE GRANDE INFORMATIONAnalysons
les résultats parrubriques.
1. INFORMATION ÉCRITE
Dans les
journaux
ou revues que vous lisezhabituellement,
avez-vousremarqué :
item 83 : des articles consacrés aux
mathématiques ?
item 84 : des articles où les
mathématiques
sont utilisées ? Larépartition
desréponses
faitl’objet
du tableau 6.Tableau 6
Ces
réponses indiquent,
noussemble-t-il,
que notrepopulation,
si elleprend généralement
connaissance d’articles dans
lesquels
elle pense avoir une utilisation desmathématiques,
ne peut pasêtre considérée comme intéressée par les articles consacrés
spécialement
auxmathématiques.
Unecomparaison
à d’autres résultats montrecependant
que cette conclusion n’est pas valable pour les étudiants intéressés par l’éventuelleinscription
dans les UV demathématiques.
Chez les étudiants encours
d’études,
on peut noter unelégère
tendance à remarquerplus
souvent les articles utilisant lesmathématiques.
L’item 85 et ses résultats méritent une attention
spéciale :
item 85 : Dans les collectionsd’ouvrages d’enseignement supérieur
relatifs à votrediscipline,
existe-t-il des ouvragesspécifiquement
mathéma-tiques
oustatistiques ?
La
répartition
desréponses
faitl’objet
du tableau ci-dessous.Sur l’échantillon CE nous pouvons observer
qu’environ
le tiers des étudiantsinterrogés
reste dansl’ignorance.
Cetteproportion
est bienplus grande
pour l’échantillon NI. Ceci n’apeut-être
rien d’étonnantmais est un peu
inquiétant
quant aux informations dontdisposent
les étudiants au moment de leur orientation.2. L’UTILISATION D’UN LANGAGE
On peut conclure des
réponses
aux items 86 à 88, que si le rôle utilitaire dulangage mathématique
estreconnu, des réserves sont émises quant à son utilisation
objective. L’importance
de cette attitude varied’un échantillon à l’autre.
Items 86 à 88 : Pensez-vous que les organes d’information utilisent un
langage mathématique (ou parfois pseudo-mathématique) ?
86 : pour éclairer
l’opinion publique ?
87 : pour «
gonfler »
certaines informations ? 88 : pour fausser certaines informations ?La
répartition
desréponses
faitl’objet
du tableau 7.Tableau 7
Comme il était
prévisible,
les distributions desréponses
à cesquestions
sont très liées entre elles.De
plus,
lessujets
de sexemasculin,
ou ceux ayant effectué d’autresétudes,
ontdavantage
tendance àrépondre
OUI à l’item 88.3. L’ORTF
Les items 89 et 90 étaient relatifs à l’existence d’émissions consacrées par l’ORTF aux
mathématiques
ou à leur
enseignement.
Les3 J4
dessujets interrogés
ayantrépondu
OUI dans les deux cas, cette infor-mation n’appelle
pas de commentaire immédiat. Mais un certain nombrede x2 significatifs indiquent
que lessujets
ayantremarqué
cesémissions,
auront une attitude favorable si lesmathématiques
sontintroduites dans leur
discipline.
4. LES SONDAGES D’OPINION
Nous avons
remarqué,
au cours de notreenseignement,
que le fait de lier intervalle de confiance etsondages d’opinion
accroissait le niveau d’intérêt des étudiants. D’où l’item 91,grâce auquel
noussavons que 1 b8 étudiants estiment que les
sondages
utilisent destechniques
d’un niveau inférieur aubaccalauréat
qu’ils
ontobtenu;
193 estiment que cestechniques
sont d’un niveauégal
et 261 d’un niveausupérieur.
Nous nous sommes cantonnés à la technicité dessondages d’opinion
afin d’éviter lesjugements
de valeur.
5. COMPLÉMENTS
Pour
pouvoir
aborder un autre aspect del’information,
nous avons demandé aux étudiants(item 92)
s’il existe un Prix Nobel de
mathématiques ;
les résultats dont letragi-comique
estévident,
sont lessuivants : OUI: 371 NON: 305
NE SAIS PAS: 295
En
réponse
à l’item93,
seule une soixantaine d’étudiants a pu citer exactement le nom d’un mathématicien du 19~ ou du 20e siècle : leplus
souvent Riemann,Lobatchevsky
ou Bourbaki. Peu ontsongé
à H. Poincaré(bien
que sonportrait figure
souvent dans les livres dephilosophie
des classesterminales).
Lesréponses
inexactes vont de Leibniz àEinstein,
avec unpoint
d’accumulation autour de Fermat(qui
futlongtemps toulousain).
V. ATTITUDE FACE A UNE
ÉVENTUELLE
UTILISATION DESMATHÉMATIQUES
Les
réponses
aux items 94 et 95 amènent à penser que l’ouverture àl’égard
desmathématiques
restedans des limites bien
précises :
environ50%
dessujets
acceptent de voir utiliser lesmathématiques,
mais cette
proportion
est réduite de moitiélorsqu’il s’agit
de les utiliser soi-même.L’item 96 nous
apprend qu’un
peu moins de la moitié des étudiants de l’échantillon CE considère que lesenseignants
« ont faitappel
à desmathématiques ». Quelques
réservess’imposent
à propos de ce pourcentage satisfaisant : eneffet,
la notion d’utilisation desmathématiques prend
sans doute un senstrès
large
aux yeux des étudiants.Les items 100 et 101 situent cette utilisation : le
plus
souvent au niveauméthodologique.
Nousremarquons avec intérêt que les
sujets
ayant réussi enphysique
et chimie dans lesecondaire,
ont trèssouvent une attitude favorable. Cela
peut-il s’expliquer
par le fait que ces deuxdisciplines
utilisent lesmathématiques
en tantqu’outil ?
VI. STATUT DES
MATHÉMATIQUES
MODERNESLes
réponses
aux items 116 et 117 intéresseront sans doute certains des lecteursparticipant
aux discus-sions « pour ou contre les
mathématiques
modernes ». En effet, sur 742réponses,
nous notons 408sujets
ayant
appris
lesmathématiques
modernes dans le secondaire(généralement
au niveau du secondcycle) ;
49 étudiants seulement ont été initiés aux
mathématiques
modernes dansl’enseignement supérieur.
Les items 118 et suivants avaient pour but
d’expliciter
l’attitude des étudiants et l’évolution de cette attitude lors de l’initiation auxmathématiques
modernes(ces
items ne concernaient que les étudiants ayantrépondu
OUI à l’item116).
A peuprès
le même nombre d’étudiants(environ 250)
reconnaît que, d’une part il était
dépaysé,
mais que d’autre part il était satisfait d’avoir àapprendre
les
mathématiques
modernes. Maisun x2
hautementsignificatif,
nous amène à considérer que l’indice de satisfaction estbeaucoup plus
élevé pour l’échantillon CE(151
satisfaits sur244)
que pour l’échan- tillon NI(90
satisfaits sur170).
Cecipourrait s’expliquer
par uneprise
de connaissance del’application
des
mathématiques
modernes. Il estpossible
que cetteprise
de connaissance modifie le souvenir del’enseignement
secondaire. Pour en revenir audépaysement,
il semble s’être résorbéquelque
peu, au bout d’un certain temps depratique (items
120 et121).
Les étudiants mentionnentégalement
que, dansle même
délai,
leur intérêt a diminué. Cette tendance estplus marquée
pour l’échantillon CE que pour l’échantillon NI.Les items 122 à 126 nous apportent une information corollaire : la
grande majorité
dessujets ignore
les réactions des camarades de classe àl’égard
de l’introduction desmathématiques
modernes.Par
ailleurs,
lesexemples d’applications pratiques
ont pourconséquence
une meilleureréceptivité
de
l’enseignement
desmathématiques
modernes(item 127).
Les items 128 et suivants concernent les
mathématiques
modernes à l’université. Le tiers des étudiants reconnaît que sadiscipline
utilise lesmathématiques
modernes d’unefaçon qui
n’est pasexcessive,
estime que dans cettediscipline
lesmathématiques
modernes ont une bonneperspective d’avenir, perspective
àlaquelle
cessujets
sont favorables.Pour les
2/3 qui
n’utilisent pas lesmathématiques modernes,
la situation est satisfaisante. Ces étudiants pensentégalement
que lesmathématiques
modernes ne seront pas introduites dans leurdiscipline
et seraient de toutefaçon
peu favorable à une telle introduction. Il est bien évident que lesprolongements
de ces résultats s’étendent au delà du niveau où nous avons voulu situer leprésent
article.
Enfin,
un autre aspect de la connaissance desmathématiques
modernes est abordé par les itemssuivants, dont nous ne commenterons pas les résultats 1.
Item 135 : 244 étudiants pensent que les
mathématiques
modernes sontquelque
chose de différent desmathématiques classiques ;
316 étudiants
quelque
chose decomplémentaire ;
35 étudiants
quelque
chosequi
rend lesmathématiques classiques inutiles ;
89 étudiants ne se prononcent pas.
Item 141: 84 étudiants estiment que les
mathématiques
modernes ont été élaborées entre 1870et 1900 ;
127 étudiants entre 1900 et 1940 ; 160 étudiants
après
1940 ;337 étudiants ne savent pas.
Pour les
questions
suivantes :Item 136 2 : Peut-on dire
qu’il
y a autant de différence entre lesmathématiques
modernes etles
mathématiques classiques qu’entre
l’industrie et l’artisanat ?Item 137 : Les sciences non
mathématiques
auraient-elles pu atteindre leur niveau actuel sans lesmathématiques
modernes ?Item 138 et 139: Pensez-vous
qu’on puisse
désormais sedispenser d’enseigner
lesmathématiques classiques ?
138 : à l’école
primaire ?
139 : dans les classes secondaires ?
Item 140 : Les
expressions
«mathématiques
modernes » et « théorie des ensembles » sont-ellessynonymes ?
La
répartition
desréponses
faitl’objet
du tableau 8.1. Ces items concernaient tous les sujets quelle que soit la nature de leur connaissance des mathématiques modernes.
2. Item suggéré par la lecture d’une préface de M. Choquet.
Tableau 8
Force nous est de constater que l’ensemble de ces
réponses
n’induit pas une bonneimage
desmathématiques
modernes. Lacomparaison
avec d’autresréponses
laisse supposer que cetteimage
estmeilleure chez les étudiants
disposant
d’une certaine information.VII. SUR LES DISCIPLINES VOISINES
Nous n’avons pu
(pour
ne pas alourdir lequestionnaire
et ne pas « agacer» lesujet)
utiliserqu’un
oudeux items pour chacune des
rubriques : statistiques, informatique
etlogique.
Nouspublions
cettepartie
du
questionnaire uniquement
à titre d’information :Item 147 : 133 étudiants pensent que le vocable «
statistiques» désigne
des ensembles de pour- centages ;16 étudiants des listes de nombres autres que des pourcentages ; 10 étudiants un ensemble de
règles
dedécision ;
202 étudiants une manière de recenser des
données ;
195 étudiants un ensemble de
techniques
basées sur la théorie desprobabilités.
140 étudiants ne savent pas.
Item 148 : 45 étudiants pensent que
l’informatique
est une branche de lalogique ;
190 étudiants une branche des
mathématiques ;
73 étudiants
qu’elle
estindépendante
desmathématiques
et de lalogique ;
304 étudiants
qu’elle
est à « cheval sur lesdeux» ;
184 étudiants sans
réponse.
Item 149 : 135 étudiants estiment que pour utiliser un ordinateur on peut se contenter d’un niveau inférieur à celui du baccalauréat
qu’ils possèdent ;
115 étudiants
jugent
nécessaire un niveauégal ;
451 étudiants un niveau
supérieur ;
95 étudiants sans
réponse.
Enfin,
Item 150: Est-ce que des connaissances de
logique
peuvent aider à étudier lesmathématiques ?
Item 151: Est-ce que des connaissances de
mathématiques
peuvent aider à étudier lalogique ?
Item 152: Ordinateur est-il synonyme de machine à calculer ? La
répartition
desréponses
faitl’objet
du tableau 9.Tableau 9
VIII.
FINALITÉ
DESMATHÉMATIQUES
Les items 142 à 145 devaient nous permettre d’aborder le
problème.
Item ~42: Les
mathématiques
visent-elles à la formation d’une élite ?Se prononçant
davantage,
les étudiants de l’échantillon CE estiment doncgénéralement qu’il n’y
a pas identité entre
appartenir
à une élite et une certaine connaissance desmathématiques.
Si l’onadmet,
avec certains auteurs, que les étudiants se considèrent comme faisant
partie
d’uneélite,
ce résultat n’estpas contradictoire avec la mauvaise connaissance des
mathématiques
que nous avonsdéjà
mentionnée.Cependant
il semble de bon ton deposséder
une certaine culture. En effet :Item 143: Un certain niveau de connaissances
mathématiques
doit-il fairepartie
de la culturegénérale
de toutdiplômé
del’enseignement supérieur ?
OUI : 552 NON: 133
NE SAIS PAS: 111
Nous ne doutons pas que la
majorité
des lecteurs considérera comme satisfaisante larépartition
des
réponses
aux items 144 et 145.Précisons, qu’à
notreavis,
ces items n’étaient pas trèsimplicants
pour l’étudiant.Item 144 : Les
mathématiques peuvent-elles
réduire le fossé entre lesdisciplines
littéraires(lettres
et sciences
humaines)
et lesdisciplines scientifiques ?
OUI : 404 NON : 170
NE SAIS PAS : 322
Item 145: Le rôle des
mathématiques
dans la vie courante est-il devenuplus important depuis vingt
ans ?OUI : 654 NON : 37
NE SAIS PAS : 105
Ajoutons
que les indicesx2
nous permettent de dire que :1)
~ Dans lamajorité
des OUI aux items 143 et 144, on doit trouver laplus grande partie
des étudiantsayant connaissance
d’ouvrages
demathématiques
relatifs à leurdiscipline ;
et aussi laplus grande partie
des étudiants satisfaits de l’utilisation desmathématiques
dans leurdiscipline.
2)
2013~ Les étudiantsqui
auront une attitude défavorable si on faitappel
auxmathématiques
dansl’enseignement,
considèrent que lesmathématiques
ne font paspartie
de laculture,
ne peuventpas réduire le fossé entre diverses
disciplines,
mais visent à la formation d’une élite.Cette attitude
confirme,
selon nous, l’existence de véritablesblocages
àl’égard
des mathéma-tiques.
3)
-+ Lamajeure partie (4/5)
des étudiants ayantrépondu positivement
à l’item144,
ontégalement répondu positivement
à l’item 143.IX. CONCLUSION
Nous avons seulement voulu tenter de dessiner un
profil.
Celui-ci commencepeut-être
àapparaître
sommairement : il se
précisera
sans doute avec d’autres recueils d’informations et aussigrâce
à d’éven-tuelles
possibilités
de traitementsplus
fins pour l’informationdéjà disponible.
Nous ne savons pas, notamment, si ceprofil
estdynamique
oustatique,
bien que certaines observations effectuées au coursde notre
enseignement,
nous fassepencher
vers lapremière
alternative.Ce
profil
se caractérise d’abord par les traits suivants :- Souvenirs du secondaire
estompés
- Rôle non écrasant des
mathématiques
dans l’orientation- Information reçue
plutôt
que recherchée-
Scepticisme
quant à l’utilisation desmathématiques
à l’université- Connaissance peu enthousiaste des
mathématiques
modernes-
Manque
d’information sur lesdisciplines
voisines- Reconnaissance du rôle «
quotidien»
et culturel desmathématiques.
Le
point
leplus important
étant à notre avis celui-ci :plus
laqualité
del’image
desmathématiques (aux
yeux des étudiants en lettres et sciences humaines deToulouse)
estbonne, plus l’implication (de
ces
étudiants)
àl’égard
desmathématiques
est faible.ANNEXE
Item 94:
Quelle
sera votre attitude si l’on faitappel
dansl’enseignement ? favorable, défavorable,
indifférente.
Item 95 : Si vous avez à utiliser les
mathématiques
dans votre travailpersonnel,
serez-vous :satisfait, profondément gêné,
indifférent.Item 116 : Avez-vous suivi un
enseignement
demathématiques
modernes ?Item 11 ?’ : Si oui, à