Editorial
Le web a radicalement modifié la manière d’envisager l’informatique dans tous les domaines de la société, tout comme l’ont fait les objets en leur temps. Les contraintes de fonctionnement du web privilégient la modularité et l’autonomie des éléments manipulés, qui sont des qualités d’ordinaire attribuées aux objets. Ainsi, les objets sont naturellement présents sur le web, pour encoder les documents, représenter des contenus, implémenter des serveurs, etc. Il faut ajouter à cela la problématique de la représentation des connaissances et du raisonnement, en particulier de la représentation des connaissances par objets, qui prend toute son importance dans la nécessité de plus en plus actuelle de manipuler des documents par l’intermédiaire de leur contenu. Pour cela, il faut pouvoir associer un sens aux documents, et la possibilité de les manipuler sur la base de connaissances disponibles sur le domaine des documents. En d’autres termes, il faut définir une sémantique des documents.
Ainsi, les objets se retrouvent au confluent d’un ensemble de recherches portant sur l’exploitation du web, et notamment sur l’avènement du web sémantique. Il faut comprendre ici les objets à la fois en tant qu’éléments de programmation, de représentation, et d’échange, ce qu’ils sont en réalité intrinsèquement.
Dans ce numéro spécial intitulé XML et les objets, nous avons essayé, en fonction des soumissions reçues, de faire une première photographie d’un univers en constante mutation et en pleine effervescence, l’univers du web à la lumière de la technologie des objets. Ce numéro spécial se compose de quatre articles, dont le premier introduit les grandes lignes de recherche liées au web et aux langages qui y sont associés, au premier rang desquels figure bien sûr XML. Ce dernier langage reste le générateur de toute une galaxie de langages et de systèmes, dont l’objectif est la manipulation de documents en tout genre sur le web. Plus avant, il faut également compter avec les langages de description de ressources comme RDF et RDFS, et les langages de représentation des connaissances pour entrer dans le monde du web sémantique. Ce premier article essaie de (re-)tracer toutes ces lignes de recherche, de montrer les points de convergence de la technologie toujours très changeante du web et de celle plus stable des objets.
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur objet.revuesonline.com
8 RSTI - L’objet – 9/2003. XML et les objets
Ensuite, l’idée est d’aller de la programmation par objets et de son utilisation dans le cadre du web, à la représentation des connaissances par objets, et son exploitation dans le cadre du web sémantique. Pour commencer, l’article « De UML vers les schémas XML » d’Abdalhmed Maran et Dominique Marcadet traite des rapprochements et passerelles possibles entre UML et XML, et plus particulièrement le langage XML Schema. Les auteurs s’attachent à définir des processus de transformation entre UML et le langage XML Schema : le principe est justement d’utiliser UML pour produire des structures en XML Schema, d’utiliser UML comme guide de programmation pour les objets mais aussi pour XML et XML Schema. L’article suivant, intitulé « L’apport des technologies XML et objets pour un générateur d’environnements : SmartTools », de Carine Courbis, Pascal Degenne, Alexandre Fau et Didier Parigot, décrit un générateur d’environnements de développement pour langage de programmation et langages « métiers », qui combine les technologies des objets et de XML. Ces environnements de développement sont engendrés à partir de spécifications qui peuvent être données dans l’idiome XML - DTD ou schémas par exemple - pour produire des éléments et des composants dédiés à certaines tâches en programmation ou dans le cadre de langages métiers. Ici, la modularité et la réutilisation propres aux objets jouent leurs pleins rôles. Certaines techniques des objets qui sont étudiées et utilisées dans les deux articles dont il vient d’être question sont très actuelles, la méta- modélisation et le MOF (« meta object facility ») pour le premier, et la programmation par aspects et les composants pour le second.
Enfin, la problématique du web sémantique est abordée dans le dernier article de la sélection, intitulé « Le modèle des graphes conceptuels pour le web sémantique », d’Alexandre Delteil, Catherine Faron, et Rose Dieng. Dans cet article, les auteurs décrivent la problématique du web sémantique et les problèmes posés par la représentation des connaissances dans un tel cadre. Les objets élémentaires sont ici des graphes, et les langages dont il est question sont RDF et RDFS, langages de description de ressources sur le web, et standards du W3C. Il s’agit de pouvoir associer à RDF et RDFS la puissance des constructions disponibles dans les langages de représentation des connaissances par objets pour représenter et raisonner. Ainsi, les auteurs proposent une extension de RDF et RDFS qui s’appuie sur les graphes conceptuels, et qui permet de représenter des connaissances contextuelles, de définir des axiomes, des classes et des propriétés pour résoudre des problèmes impliquant des documents sur le web. Cette extension de RDF et RDFS s’inscrit dans le cadre des recherches sur la définition de langages de représentation d’ontologies, éléments nécessaires pour une mise en oeuvre véritable du web sémantique.
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Editorial 9 Nous espérons que ce numéro saura répondre aux nombreuses attentes des lecteurs dans ce domaine très fluctuant. Nous remercions l’ensemble des personnes qui ont participé à la construction de ce numéro spécial, les auteurs qui ont vu leur article publié mais également ceux qui ont proposé une soumission, les lecteurs des articles, qui se sont tous acquittés de leur tâche avec un très grand soin, et enfin les responsables de la revue L’Objet pour nous avoir permis de mettre sur pied un numéro spécial sur un thème qui nous tient à cœur.
Jérôme EUZENAT
Jerome.Euzenat@inrialpes.fr
Amedeo NAPOLI Amedeo.Napoli@loria.fr
COMITE DE LECTURE
Mariano Belaunde
CNET, Issy-les-Moulineaux Pierre-Antoine Champin LISI, Lyon
Hidde de Jong INRIA Rhône-Alpes Emmanuel Nauer LORIA, Nancy Yannick Prié LISI, Lyon Alain Viari
INRIA Rhône-Alpes
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