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8INOING UST Ofc^ 1 ^ -îr>.

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8INOING UST Ofc

^ 1 ^ -îr>.

*

(4)

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in

2009

witii funding from Universityof

Ottawa

littp://www.arcliive.org/details/figurinesgazetteOOcliau

(5)
(6)
(7)
(8)
(9)

'b

FIGURINES

(10)
(11)

•e^if-^

EDOUARD CHAUVIN

«9j

FIGURINES

gazettes rimées

PREMIER MII.I-B

IMPRIMÉ AU DEVOIR MONTRÉAL

191S

(12)

PS

(13)

A

LIMINAIRE

(14)
(15)

:\

Liminaire

Cesvers sont du quartierlatin

Et

d'un poète Qui préfère le ton badin

A

l'ode sombre et désuète.

•Tp n'ai pas eu pourprofesseur

Un

ps3'chologue:

Les grandsanalystes

du cœur

Ont

peu de vogue.

(16)

10 FIGURINES

On

souffre assez

du

mal, hélas!

Qui nous arrive,

Sans qu'un romantique, au

cœur

la»,

En un

sonnet nousledécrive.

D'ailleurs, de voir gémir

ks

gens Souventennuie:

Trop

ont les airs décourageants

Des

jours de pluie.

Je haisles pleurs in-octavo.

Vivela joie!

Que

ton œil rie, queton cerveau,

Comme un

brasier ardent, flamboie!

(17)

I

QUARTIER LATIN

(18)
(19)

Aux

Bacheliers

Salut! doctes collégiens,

Gavés

des beautés de la Grèce, Cicéronicns, Virgiliens,

Amants

d'Horace et de Lucrèce.

Au

diable les IMarais Pontins

Et

le

combat

des Thermopj'les!

Vivele grand Quartier Latin,

Rêve

de vosdortoirs tranquilles!

(20)

14 FIGURINES

Parés

du

titre de B.A.,

Vous

maudirez levieil Ovide;

Vous

laisserez, d'un œil béat, Fuir Iphigénie en Tauride.

Vous

oublierez Amaryllis Et les abeilles de l'IIymette, Pour dévorer desyeux Phyllis

Qui

met du

rouge à ses pommettes.

C'est ça, vieux carabin d'un jour, Souffre que l'araignée agile

De

sa toile fasseletour

Du

crâne

énorme

de Virgile,

Enterre Cicéron phraseur

Au

fond d'unevieille valise,

Pour courir chez le confiseur Croquer

du

sucre avec Denise.

(21)

AUX BACHELIERS

15

Admire

son chapeau menu,

Tout

en buvant une anisette;

Souris par dessuston

menu A

ses jolisyeux do grisette.

Ne

mêle pas l'amour de l'Art

Avec

lecauchemar

du Code

:

Pour

digérer ta fèveau lard

Ça

te seraittrèsincommode.

Garde

ton idéal bien net

Comme

ton plastron de chemise;

Et

garde aussi dans ton carnet

Le

portrait de quelque Arthémise.

Afin que, serein sous les cieux,

Tu

puisses avoir dela femme,

Comme

unelumière, sesyeux Et,

comme

talisman, son âme.

(22)

16 FIGURINES

Faii- ton devoir de chaque jour, Auréolé dansta besogne Par

un

rayon de son amour:

C'est

mieux

que le meilleur bourgogne!

(23)

Rondel

àRogerMaillet

Chapeau

blanc et boutons dorés, Ventre rond

comme

une galère,

Bâton

ferme et cerveau timbi-c:

C'est la force constabulaire!

Roi

du

« noli

me

tangere»,

Intelligence musculaire,

Chapeau

blanc et boutons dorés, Ventre rond

comme

une galère,

(24)

18 FIGURINES

Semblableà l'Hercule sacré,

Devant

nos corpsmoléculaires, Passe, de bêtise bourré,

Dans

lavoiture cellulaire,

Chapeau

blanc etboutons doré».

(25)

A

la

Basoche

Auxétudiantsdemontemps.

Laisse-moi te chanter,

amante De

l'Art,

du Code

et

du

Scalpel,

De

tous nos cerveaux en tourmente

Le

sûr et tranquille archipel.

O

promontoire

du

franc verbe,

Nouveau

jardin d'Academus,

De ma

prime jeunesse enherbe Entends les pieux oremus!

(26)

20 FIGURINES

Que

j'ai passé de belles heures

A me

sentir jeune et vantard, Suivantlescours « sansfeunifourre »

j'étais toujoursen retard!

les coursdans le froid matin!

Les uns Ixîillent, les autresdorment, Sachant devoir être demain

De

savants avocats. .. sousl'orme.

O

les cours où, l'air ennuyé,

Le

professeur lit et défriche

Le Code

vagueet embrouillé Qui fait payer le client riche.

Un

basochien qui vient d'Oka Et sent mauvais

c'est

synonyme

!

Frise, avec des aii-s délicats,

Un

brin demoustache minime.

(27)

A

LA BASOCHE

21

Sapiente université!

Soit dit sans repcntance,

C'est dans tonsein que j'ai tété

Le

lait de lajurisprudence.

(28)
(29)

Sonnet

bachique

àRoland Maillit

Ton

rire ensoleillé de notes Estaussi bruyant qu'un

barnum, Et

tes petits yeux de cocotte

Me

soûlent plus que ce vieux rhum.

Ton

bec sucré queje bécotte Est

un

bouquet de géraniums.

Ton

minoism'emberlificote, Tes seins fanés fleurent l'opium.

(30)

24 FIGURINES

J'accours... mais lu t'enfuis, frivole!

Mon

front de douleur virevole

Et

se cogne sur

un

poteau.

Je vois tournerle réverbère.

Je flirte avec la lune, en-haut,

Dont

le gros ventre s'exubère.

(31)

Soliloque

Matinal

à Léopold HouLÉ

Ce

matin,je

me

couche avec

un

airfurieux.

J'arrive chiffonné d'un bal cérémonieux

les fleurssevendaient les deux yeux dela tête ;

j'ai dansé des waltzs, des fox-trots de tempête,

lesviergesmontraientle hautseuldeleursseins, Afin de nous donner de fort troublants desseins ;

jem'ingurgitai defroides limonades

Et

d'oùjereviensseul, latêteenmarmelade,

Avec un

plastron flasque,

un

faux-coltout mouillé,

]\Ion gousset au passif,

mon

bilan embrouillé..

.

(32)

26 riGURixES

Pendant un

mois, grand Dieu! j'engouffrerai des [fèves

Pour

avoir,

un

beausoir, voulu desfilles (UËve

Le

troublant deleursseins, la flannnede leursyeux

Et

pour avoir

humé

le

parfum

des cheveux..

.

Me

voilàde retour enfin de ce grand

monde Où

les blasésvousont des gueules de Joconde!..

.

Mes

piedsserrésfont

mal

dansces souliers vernis..

.

Eh

bien ! j'en ai soupe ! X. I. ni c'est fini !

Adieu fleurs et parfums, plastrons blancs et coi'sa- [gcs!

J'ai trompéle

bohème

et roturier usage

De manger mon

pain sec et de faire des vers:

Car

la danse embourgeoise et nous

met

à l'envers.

Rêvasseurde

poème

et

amant

dela Muse,

J'ai trahi

ma

maîtresse avec d'autres méduses...

Pour comble de bêtise, en allant

me

coucher, J'ai complété la gaffe en payant

un

cocher!

(33)

lespassés

.

. .

O

les passés perclus des vieux quartiers latins !

Fumistes à deux sou.s, échevelés, folâtres,

Allcz-vous-en les bons amis des jours lointains,

Des

béretsde velours et des pipes de plâtre!

Le siècle du veau d'or forge des philistins,

La

femme, les cafés, les cartes, le théâtre

<)nt remplacé les soirs d'étude et les matins

Des

bérets de velours et des pipes de plâtre!

(34)

28 FIGURINES

Adieu Philippe. Ubald, Roger, Jean, Paul, Victor,

Et

toi, Marcel, vieux frère,aust3'le et au

cœur

d'or.

Amants

desbérets noirs etdes pipesde plâtre!

O

les passés perdus des vieux quartiers latins,

Des

bérets de velourset des pipes deplâtre. . .

Allez-vous-en les vieux, les vieux passés lointain!

!

(35)

II

A

«

L'ARCHE

»

«Nousreverronsle triste temps,

«Qu'onraclaitdesairsdo bohêm(r

«Etrêvions demansardesblêmes.

»

HenryBataille.

(36)
(37)

Le Bohême

AUbaldPaquin

Il a la face toujours blême,

Mais

ilest très gras en poèmes.

Son pantalonest déchire

Et

ses deux coudestonsurés.

Son chapeau lui sert de toiture;

Son

lit est

un

lieu de torture.

(38)

32 FIGURINES

Il s'appeîle roger-bon-temps, Gousset à plat et

cœur

content.

Son grenier i<ale est

un

Parnasse Plein de bouquins, de paperasses.

Il aimeBacchus etl'amour

Et

tourne bien le calembour.

Poui' lui, vouloir payer ses délies Estla bêtise la plus bête.

Son cœur

est souvent en lambeaux.

Mais

il guérit

quand

il fait beau.

Sa bourseestune « île escarpée »

l'orest

un

conte de fée.

Pensant à rien et

mangeant

peu,

Il vit et meurt.. . bah!...

comme

ilpeut.

(39)

fai

rêvé d'elle

APhilippePanneton

Dans mon

grenier aux

murs

gercés,

A

la chandelle,

Avec

des

mots

tristes, lassés, Je parle d'Elle.

Le

froid

monte

parl'escalier.

Parla fenêtre.. .

On

dirait

un

bruit de soulier:

C'est vous, peut-être?

(40)

34 FIGURINES

Oh! oui, que tu es bonne, toi,

D'être venue. . .

Tu

ne trouves pas qu'il fait froid.

Tes mainssont nues.

Viens! là, je vais te réchauffer.

Que

tues belle

Ce

soir!.. . Tiens, tu t'es fait coiffer.

Quelle nouvelle?

Non. Ne

parle pas. Situ veux Oublions l'heure.

Mon

frontseperddanstescheveux.

Comment

! tu pleures?

Je baiseraijusqu'à

demain

Tes yeux candides. .

.

Mais

quoi, jene sens plus ta main!.

...

Ma chambre

est vide.

(41)

j'ai

rêvé

d'elle 35

Dans mon

grenier auxrniirs gercés,

A

la chandelle,

En

un songe triste, lassé, J'ai rêvé d'Elle.

(42)
(43)

La

tribu des casoars

dédiéaux bonsziguesde"l'Arche'

Ce

soir, loin de l'été brûlant, Assisauprèsdelafournaise Qui

me

donne

un

refletsanglant, Je songe à la saison mauvaise,

Et mon cœur

est

un

gueuxtremblant.

Lo

(( Cerbère» et Va

Homo

» s'entêtent

A

défricherle jeu des rois,

— Le

jeu d'échecs

. ]Moi, ça m'embête.

Par cestempsde guerre on en voit,

Par malheur, trop de ces sornettes!

(44)

38 FIGURINES

La

lune argentéleschromos Clouésàlamuraillel:)lanche.

,J'écris, currentecalamo,

Des

tasde vers en avalanche

Que

jedébite

mot

àmot.

La

molle chandelle s'écrase;

La

cire pend au chandelier

Comme

des glaçons

du

Caucase.

Le

vent grimpe parl'escalier,

Mais

je

me

f... de son ukase.

Ses doigts sautillant sur les trous,

Le

« Sphinx » joue

un

air sur safliite.

Jescande

mes

versen courroux;

Mais, bang! une chaise culbute:

Zut!je metsla

Muse

à l'écrou.

Le

pouls del'horloge est pluslent: L'heure doit allonger sa marche.

L'(( Hiérophante» est là, ronflant Sur le meilleur grabat de r« Arche ».

(45)

LA

TRIBU DES

CASOARS

39

Et

cela se passait en l'an.

Note:Lelecteurremarquera, aveceffroi!,lesnomsbaroques autant que mystérieux qui se sont glissés dans cette pièce.

Ceux qui n'ont pas eu le bonheur d'assister à ces galas de Arche»,devivifiante mémoire, seront peut-être heureux de savoir que chaque membre de la «Tribu desCasoars«,

société littéraire non moins qu'artistique

est affublé, lorsde soninitiationdans!'«Arche»,d'unpseudonyme sym-

bolique. Il seraitpeut-être bon, aupointdevuehistorique, delivrer aupubliclesnoms des Casoars,aucascetterace tendrait à disparaître! Ce sont donc: le «Tsé-tsé humani- taire», la «Fourmisavante», !'«Hiérophanteessentiel», le

«Vibrion sceptique»,le «Trombone galUnacé»,

Homo

cavernarum», le «Sphinxd'Halifax», le «Cerbèrethésauri- seur», le «Diamant natatoire», le «Xiphias édenté» etIcare illuné».

(46)
(47)

Chanson

des

Bohèmes

àHonoré Parent

On

nousappelle gens de rien, Toqués, blasés etgrands vauriens.

Mais

nous N-ivonsheureux

quand même,

A

la

Bohême.

Nous sommes

pauvres enargent,

Mais

nous

sommes

intelligents !

Pom-

nousl'Art sert de diadème,

A

la

Bohême.

(48)

42 FIGURINES

« L'Arche » estlelieu de nos amours, Pour nous, c'est notre

Luxembourg,

C'est le parrain de nos poèmes,

A

la

Bohême.

Nos

jours sont, desfois, pas

mal

gris.

Mais

on fait des charivaris Pour éclairer notre front blême,

A

la

Bohême.

On

suitle jeûne avec ardeur;

Par chance on rencontre

un

noceur.

Mais

d'ordinaire on fait carême,

A

la

Bohême.

Quand

on est cassé

comme un

clou,

Sans gêne, on

emprunte

cent sous C'esttoujours le meilleur sj'stème,

A

la

Bohême.

(49)

CHANSON

DES

BOHÈMES

43

Parfois ontâte de l'amour,

On

apprend le truc des

mamours;

Mais

on ne

va

pas à l'extrême !

A

la

Bohême.

D'habitude, ça n'est paslong, Alor?, adieu! les cheveux blonds Et les parfums de chrj'santhème,

A

la

Bohême.

(50)
(51)

Muni printemps

AMlleMimiD.

Le

Printemps, en gogiietto, est entré ce matin

Dans

(( l'Arche » réveillée à son rire de fille.

Ses blondscheveux auventetson

cœur

qui babille,

La

voici

ma

saison, en robe de satin!

Au

diable les soirs gris de

mon

grenier latin

Bourré de vieuxbouquins et poudreux deguenilles!

Je mêle

ma

chanson aux oiseaux des charinilles, Je m'emplib le regard de lilas et de thym.

(52)

46 FIGURINES

Tends-moi par lafenêtre ouverte, hospitalière, Teslèvresde

parfum

ettoncou de lumière

Et

défais ton corsage aux baisers

du

Zéphir.

Embaume mon

taudis de chants, de pâquerettes;

A

ton vieil amoureux, viens-t'en conter fleurette Et remplis-moi les yeuxde tesyeuxde saphir.

(53)

En

entendant

un graphophone

àMlleAlineG.

Ce

soir,

un

grinçant graphophone Joue

un

aircru de hipanar,

Chez

les voisins.

Ça me

chiffonne D'entendre ce disque traînard.

Transperçant,

quand même, ma chambre Et

transperçant

mon cœur

aussi,

Cette voix détonne, se canil)re, S'égoiiillcà donner le si.

(54)

48 FIGURINES

Et moi

qui voulais,

ma

chérie,

Pendant

cette nuit, te chanter

Un

tas de foHchonneries,

Histoire dete taquiner

J'allais te dire combien douce Estlamusiciue de tavoix,

Comme un

ruisseau surde la mousse

Ou comme un

baiser, quelquefois!

J'allais te dire qu'en sourdine

Mon cœur accompagne

toujours

Ton

petit

cœur

qui se dandine Entre la pudeuret l'amour.

J'allais te dire quejerêve

Au

froufroude ton blanc jupon

Qui fait « crich-crich »,

quand

le soulève

Le

vent d'automne polisson.

(55)

EX ENTENDANT UN

GIIAPHOPIIONE 49

J'allai& te dire.. . oh!tant de chofees

Qui bouillent dans

mon

lourd cojvpnu;

j\Iais ce graphophone qui glose Et braille connue un jeune veau

Éteint en moi la sérénade

Que

je voulais t'expédier Et, le

cœur

pesantet malade, Je regagne

mon

vieuxgrenier.

(56)
(57)

III

FIGURINES DU PAVE

(58)
(59)

LAdo7îis

kM.EdouardMomtpbtit

On

le connaît par pas grand'chose:

Ila surlui tousses tiroirs

Et

il parfume à l'eau-cle-rose

Ses gants couleur d'œuf «au-miroir ».

II porte des cravates ((

Tooke

>>

Et

des chemises de chez << Peck )).

Il

fume

dansune chibouque, Pourfaire le snob turc avec.

(60)

FIGURINES

Il ne débite que fadaises,

Coups

d'encensoir et lieux

communs.

Son

frac est chic, mais bien niaise Est sabelle tête d'emprunt.

Il fréquente les grands théâtres;

Il est toquéde Vu

Orpheum

)),

son plastron blanc

comme

plâtre

Brille plus que son décorum.

Il sait, d'un clin d'œ'û olympique,

Charmer

celles dont les cheveux Sont

du

plusbeau safranchimique:

— On

comprendra, mais sil'on veut

Sa voix anglophile soupii-e

Après Girt}-, Helen, Ethel.

Dans

lalangue de Shakespeare

Illance son galant appel:

(61)

l'adoxis 55

« Let us go :it is not toolate ;

« Corne to thc « movies »,

my

dear ;

« ril

buy you

sonie chocolaté.. .

« Listen, nn' hcavt jump.s like a clcor ! «

C'e<. ain&i qu'il passe savie,

Toujours ])eau

comme un

Phidias, Alais n'ayant point îa moindre envie D'être moins âne que Midas.

Et ces pauvres petits

bonshommes, Avec

la badine à la main,

Nourris de « scopes » et de

gomme,

Ce

sont nos honnnes de demain !

(62)
(63)

Le gueux

àPhilippe L.vferrieri

L'orage gronde dansla nuit, L'eau dégoutte des réverbères.

Jesuis

un

pauvre gueux qui fuit,

Tâchant d'oublier

mes

misères.

Je n'ai pas dîné, ce midi;

J'ai la figure famélique.

Je traîne

mon

pied engourdi Surle pavé mélancolique.

(64)

58 FIGURINES

Jevais, bo)teiix, exténué,

Le

dos rompu, leregard sombre, Par latempête bafoué;

Les chiensjappent après

mon

ombre.

Dans

les crevasses du trottoir Je pense trouver quelque pièce

Qu'un

noceur aurait laissé choir,

En

revenant

un

soir d'i^Te?se.

Des

fois, j'auraisvoulu voler,

Comme un

malfaiteurou

un

lâche, Parce qu'en

moi

j'entends hurler

Le

loup de lafaim qui sefâche.

C'est mal; mais delongtemps souffrir

On

finit par haïrles

hommes.

Le cœur

ne sait plus s'attendrir, C'estlamisère quil'assomme.

(65)

Le

Philistin

J'aidel'argenttout plein

mes

poche», Jesuiscourtieret je suis fort,

Je mange, je dorset j'embroche;

jMort, vous mettrez sur uneroche:

« Ci-gît,

un

ventru coffre-fort

* * *

L'optimiste

Qu'importe la tombe, je chante Lesjours, la

femme

et la liqueur.

La

vieest rose et pasméchante.

Sur

mon tombeau

je veux qu'on plante:

(( Ci-gît l'éternel Jean Bonheur. »

(66)

GO FIGURINES

Le

pessimiste

Je n'ai connu quela misère, J'aile

cœur

flasque etalangui;

J'aile

mal

d'unebelle-mère!

Et puis, je

meurs

sans avoirri:

« Ci-gît la louve de Vignj' ! »

^ îj; ^

Le

poète

Je rêve d'éternels poèmes,

Plusforts quelemarbreet l'airain!

Je chantel'Idéal quej'aime,

Et

je

m'en

vaislefront serein:

« Ci-gît, Muse,

un

poète blême ! »

(67)

Le jeune homme

gai

àmonfrère .Iran

Il était gai, très gailuron!

Il ignoraitles airs moroses,

Et

il avaitla bouche en rond

A

force de sourire aux cho&es.

Il était gai, très gailurot!

Ilavait

du

feu plein latête;

Il aimait levin, mais pastrop, Et les femmes, aux j'eux en fête.

(68)

62 FIGURINES

Il était gai, trèsgai lura!

Fût-il cassé

comme

une cruche,

A

sec

comme

le Sahara

Et n'y eût-il rien dans sa huche.

Il était gai, très gailuri!

Il était toujours de la noce:

Faut pas mourir sansavoir ri,

Toujours grogner, ça rendféroce.

Il était gai, très gai luré!

S'ilfréquentait les sales bouges,

Ce

n'était pas pour s'écœurer,

Mais

pour brûlersa gaîté rouge.

Il était gai, très gai luru!

Il adoraitlesmarguerites.

Fleurs ou femmes... ça pousse dru!

Et c'était ses deux favorites.

(69)

LE JEU

NE HOMME

(JAI 03

Il était gai, très gai, gai, gai!

L'hiver, l'été, sans diffcrenco,

Et mangeait, sans se fatiguer, Son pain sec et son l)eurre ranee.

Il resta gai jusqu'àla fin!

La

mort le prit sans trop de peine, Persuadé, le

cœur

serein,

Qu'il allait voir l'île aux Sirènes!

(70)
(71)

Les Bacchantes

à VictorJBar«ba«

C'estdansquelque quartier fripon

la lune fait la grimace.

Des

femmes, traînantle jupuii, Passent, les cheveuxen filas.sc.

Un

gros cocher, les bras ballants, Dort surson siège, dans la l^rumr

.

Un

réverbère aux reflets lilanc*

Mire son œil sur le bitume.

(72)

GO FIGURINES

Tandisqu'à traversles faubourgs, S'en vont auxsaletés fiévreuses

Des femmes

et des

hommes

lourds

De

vin, en soie et en vareuse.

Laissant dépasser leur mollet,

La

])oueheamère et l'œil sans flamme, Le teint phtisiqueet violet.

Le coi'jxs défait, l'âme sans âme,

Des

rosessont dans leurscheveux

Dont

les corolles effeuillées

Tombent;

et le fond de leurs yeux N'ont que des clartésendeuillées.

Silongtemps elles ont couru Aprèb le lourd venin des villes Qu'elles n'ont gardé que le cru Et le froid de^ voluptés viles.

(73)

LES BACCITANTES 67

Mordant

leurs lèvresjusqu'au sans, Pleines du poison qui les brûle, Elles ne peuvent vivresans Cettel)oue et cette crapule.

La

lèvre peinte de carmin, Épaves de chairs dégoûtantes, Faisant de l'œillade auxgamins, Passent les modernes bacchantes.

(74)
(75)

A

elles

II

Plo\'ant,sous vos râpéscorsages, Vos hanchesà des

amants

soûls,

D'un

imperturbablevisage,

Vous

vous donnez pourquelques sou*.

Délicieusement féroces, Fornicatrices de beauté,

Tout

ce qu'il

y

a de plus rosse

Est, pour vous, dela volupté!

(76)

70 FIGURIXES

Que

vosbaisers ont de morsures,

Que

vos

mots

bavent de liqueurs!

Que

jevous plains, car vos blessures Saignent jusqu'au fond de vos cœurs!

Un

soir, j'ai compi'is la tristesse

De

ce toxique sensuel

Qui, sournoiset caché, vousIplesse,

Dans

vos erotiques duels.

Que

je vous plains, prostituées,

Ames

en détresses de nuit,

Ames

tiistes,

âmes

tuées.

Qu'on devrait fuir. .. mais que l'on feuit.

Que

je vous plain.^^, que je vous pleure!

Que

je voudrais tant vous sauver,

Vous

pour (lui l'amour est un l(>urre.

Vous

qui ne savez plus prier.. .

(77)

Pri}itemps

urbain

:\EustaohpLETKi.i.iKitiloSt-Jl^t

Le printemps ouvre

ma

fenêtre Et nie fait son premier clin d'œil.

L'hiverest mort au thermomètre:

La

neige veuve pleure, en deuil!

Les oiseaux célèbrent leur fête, Là-haut, très gais, sur leurs orteils:

Ils sesont tous drogués la tête Avec

un

ravon de soleil.

(78)

72 FIGURINES

La

rueest une

immense mare Où

jx'itaugcnt tous les passants.

Les trannva3's font

un

tintamarre Sur le bitume éclaboussant.

^Nlais il y a, clans la lumière,

Tant

de chaleuret tant de feu Qu'on divinii^e cette ornière Et ces pavés ci'ottés, boueux.

Le

tohu-bohu des voitures, Lescris des petits camelots,

Les

moineaux

piaillant des toitures,

Lescloches branlantleurs grelots,

Tout

cela

me

vient à l'oreille,

Colnme un

chant ivre de gaîté.

Tiens!

du

sud accourt la corneille:

Postillon noir tlu clair été.

(79)

PRINTEMPS

URBAIX

73

Et

lesquare se désendeuille.

L'espoir chantedans les rayons.

L'on voit des petits becs defeuilles Percerles bourgeons vermillons.

Les fillesen chapeaux de paille,

Offrant leurgorge au doux zéphir, Passent avecleursairs canailles

Et

leurs jolis yeux de saphir,

Tandis queles bachotsà canne.

Avec

leurs moustachesen crocs,

Leur débitent,

comme

la

manne,

Des

compliments très allégros.

(80)
(81)

IV

FIGURINES SOUS L'ABAT-JOUR

(82)
(83)

Adieu,

notrepetite table!

àMlleC.D.

La mort

a passé dans les plats!

Un

céleri pique unetête

Dans

une tasseà chocolat:

Dernier

monument

dela fête.

Un noyau

dur rêve, affaissé

Surson ventre écailleux etrêche, Pauvre

cœur

sec et crevassé, Triste squelette d'une pêche.

(84)

78 FIGURINES

Le

thé, remplissant le boudoir

De

sonoriental arôme,

Estlà, stagnant

comme un

lac noir,

Dedans

lathéière qui chôme.

Une

cigarette s'éteint

Au

fond d'une assiette salie Et, dansles coupes, ini vieux vin Surit avec mélancolie.

Penchant son cahce fané.

Une

rose blême s'effeuille.

Et

son

parfum abandonné

Est

comme un

beau jour qui s'endeuille.

Hélas!la nuit assombrit tout!

L'heure exquise devient souffrance,

Le

passé

tombe

on ne sait: C'estleprésent quirecommence. .

(85)

ADIEU,

NOTRE

PETITE

TABLE

! 79

On

dirait que meurt pour toujours

Le

bonheur

quand

s'en va lafemme.

La chambre

voit naître lejour.

Et

il faitfroid au fond de l'âme!

..

.

Tout

s'efface dans le matin;

Les baisers, les brins d'amourettes,

Le

rire

mousseux du

festin,

Lesfleurs, levin, les cigarettes.. .

(86)
(87)

La chambre

àLouisSaint-Jacques

Douce

ambiance de la

chambre Où

flotte une odeur de tabac,

Fumé

dans une pipe d'ambre

Au

fourneau

comme un

ventrebas.

Sur le tapisrouge le livre,

Tel

un cœur

ouvert^ abîmé, Repose, essayant derevivre Lesyeuxrêveurs qui l'ont aimé.

(88)

82 FIGURINES

Une

peinture estune phrase.

La

tablea ses propos défunts.

Un parfum

est danschaquevase

Quiravive d'autres parfums.

Les rideaux, paisiblesfantômes, Ont, reflétés par l'abat-jour,

Des

proj&lsindécis de

mômes Aux

lèvresrouges de l'amour.

Oui, la

chambre

c'est toute une âme,

Un

souvenirtristeou joyeux;

Un

ruban rappelleune

femme,

,

Le

miroir a

connu

ses yeux.

C'estle

monde

de nos pensées,

Des

projets de nos lendemains,

Des

espérancestrépassées

Qu'ontenait, la veille, ennos mains.

(89)

LA CHAMBRE

83

On

découvre

un

peude soi-même

Dans

chaque coin, dans chaque pli:

C'est le secret, c'estle

poème De

l'âme intime qu'on

y

lit.

Ah!

l'aimer d'une bontéforte,

La bonne

chambre, ah! oui, l'aimer.

Car, lorsqu'on enfermela porte, C'estson

cœur

qui reste enfermé.

(90)
(91)

Nocturne

àIsaïeNantais

J'écoute dans le soir,

Tous

les arbres frissonnent.

J'écoutedanslesoir

Mes

désirs qui résonnent.

J'écoute dans

mon cœur Tous

les battements d'ailes

De

quelque oiseau

moqueur

Quichanterait

comme

Elle.

(92)

86 FIGURINES

J'écoutele jet d'eau

Du

square qui verdoie;

J'écoutelejet d'eau

— Et

l'or

du

soir poudroie!

J'écoute tousles nids Quibabillent en rêve;

J'écoutetous lesnids,

Car

lanuitesttrop brève.

J'écoute dans nos corps

La même

ardeur devivre.

Il n'est pas jom*encor.. .

Je t'aimeetje suis ivre!

(93)

Béguin

seniimenlal

Pourtouslesbéguinsquel'auteur aeus.secrètoment!

« Depuis que jevous ai connue».

.

— Ce

versestbanal, j'enrépond»!

Je rêve, oh! nedites pas non,

A

votre prochaine venue.

Je rêveetj'ai de longsfrissons;

Je ne dors plus desnuits entières:

Votre fin minois d'écolière

M'a

fait tomberen pâmoison.

(94)

FIGURINES

J'ai des

amours

de Bucoliques!

Mon cœur

résonne

comme un

luîh.

Tel celui de

Booz

et de

Rut

h,

Aux

heureuses moissons bibliques!

Je rêve à vos douces chansons:

Vous

gazouillerez sur la rive Près des roseaux àladérive,

Ou

près des nids dans les buissons.

Je rêve aux soirs,

quand

le vent pleure,

l'on a besoin de sentir,

Tout

près, quelqu'un pours'y blottir,

Pour

oublierle vent et l'heure.

Alors, près de l'abat-jour bleu.

Dans

le complet oubli des choses.

Comme

le vent berce les roses, Jebercerai ton corps frileux.

(95)

BÉGUIN SENTIMENTAL

89

Sur

un

léger

thème

quigrise, Je vous ferai des vers d'amour;

Je serai votre troubadour,

Ce

soir-là, vous serez marquise.

Ou

bien, frissonnante à

mon

bras,

Nous

irons, au sein des étoiles,

Nous

aimerseuls,

quand

dans ses voiles

La

nuit couvrira tout, en bas.. .

Voilà

comment,

à

ma

fenêtre,

Pardonnez-moi, c'est

mon

travers,

J'ai chanté, ce soir, en desvers.

Nos amours

de demain, peut-être.

(96)

I

(97)

V

FIGURINES DE COUVENT

(98)

i

(99)

Dans un

parloir de

nonnes

à ErnestTremblât

Un

matin que j'étais entré

Dans un

petit parloirde nonnes

le soleils'était cloîtré

Dans

de grands rideaux de cretonnes,

Je vis la nudité

du

mur, Les petites chaises enligne,

La

table avec sontapismûr,

Lesportraits des saints àl'air digne,

(100)

Q4 FIGURINES

Au

fond, le grandtableau d'honneur,

La

statuette d'une Vierge,

Un

Christ, le front plein de douleur,

Aux

pieds duquel s'écrase

un

cierge.

Dans

sa boîte de styleancien

Dort

le vieux

cœur

d'une pendule;

En un

coin, veuf de musicien,

Un

piano dont lepied bascule.. .

Et,

comme

en unevision,

Passaient despetites sœurs, lentes,

Avec

des gestes d'onction

Murmurant

des chosesdolentes,

Tandis que des cantiques vieux

Comme

des airs de villanelle,

J'en ai des larmes dansles

yeux

Venaient

du

fond de lachapelle..

.

Et, cejour-là, j'ai priéDieu.

(101)

Lettre de couvent

àPaulRaxger

Huit heures.

Cher ami, Je suis

Dans

la grandesalle d'étude.

Révérende

Mère me

suit

De

ses yeux de sollicitude.

J'ai reçu, le

cœur

plein d'émoi, Votre lettre par une élève.

Jel'ai relueune et centfois,

Au

dortoir, et j'ai fait

un

rêve!.

(102)

96 FIGURINES

Demain, Mère

Saint-Stanislas Corrigera nos analyses

Sur Louis Veuillot. Je crains, hélas, D'avoir écrit bien dessottises.

Oh! je pense à vous trèssouvent!

On

s'amuse dans legrand

monde Hein?

C'est ennuj'eux le couvent,

Quand

on est jeune, aimante et blonde.

Tenez: l'autre jour, on secret,

Mère

a visité nos valises;

J'avaiscaché votre portrait, Sans cela, j'auraisété prise.

Bon!

la cloche vient de sonner.

Mon

Dieu! quele

temps

passevite

Avec

vous!

P. S.

— Répondez

Sans faute.

Un

gros bec.

Marguerite.

(103)

VI

FIGURINES PAYSAGISTES

(104)
(105)

Paysage

blanc

a MlleCécile P..

Les sillons dorment sons la neige.-

La

l^ourrasqiie siffle en sacrant.

Le grand vent

du Nord

désagrège Les bancs de neige dans le « rang »,

A

l'hoi'izon des routes l)lanches, Se tassent les sapins frileux,

Et l'on n'entend plus sur les branches Les engueulades des "siffleux".

(106)

100 FIGURINES

Les toits dansla

campagne

morte Veillent. Le froid cerne la porte.

Et la Grand'Ourse, au firmament,

Là-haut, à cent mille lieues,

Segèlele bout de la queue.

Sansgrogner... éternellement!

(107)

Le pauvre moineau

all<'goriedupoète

C'était

un

pauvre etsale oiseau,

Aux

maigres ailes dénudées, Qui barbotait dansle ruisseau,

Ne

pouvant atteindre aux nuées.

Son tapisétait le pavé.

Il logeait au borddes gouttières.

Ce

n'était pas

un

gros gavé:

Son

nid n'avait point de portières.

(108)

102 FIGURINES

Ilne savait qu'une chan^'on Qui lui causait bien des critiques

De

la part de Monsieur Pinson Qui riaitde ses airs rustiques.

Ce

n'était pas

un

orgueilleux, Il ne suivait jamaisla

mode:

Toujours rester saleet pouilleux

Ça

n'est pas chic, mais c'est

commode.

Ilignorait les

champs

de blé Et les beaux arbres où l'on chante,

Dans

l'épais feuillage assemblés, Bien loin de la villeméchante.

Désireux d'horizons

nouveaux Et

blasé de la vie urbaine, Il s'en alla par monts, par vaux.

En

quête de meilleure aubaine.

(109)

LE

PAUVRE MOIXEAU

103

Ilpartit sans revoirson nid,

Sans dire adieu au voisinage Et, le

cœur

rempli d'infini, Il entreprit son grand voyage.

Mais, faible et n'ayant point mangé,

Il

tomba mort

dans

un

boissombre.

L'orage, ayant tout saccagé.

Emporta

ses plumes dans l'ombre.

Et son pauvre nid délaissé Aujourd'hui pend à la gouttière,

Comme un

crêpe de trépassé

Pourl'oiseau mort dans la poussière.

(110)
(111)

Les

petites feuilles

àMlle AliceT.

Oh

! les petitesfeuilles vertes

De

tes lèvres ont le velours, Oui, de teslèvres entr'ouvertes,

Quand

tu souris,

ma

naie, aujour.

Oh! les petitesfeuilles frêles Qui semettentlabouche en

cœur

Pourrecevoir lesbaisers grêles

Des

oiseauxet

du

vent moqueur.

(112)

106 FIGURINES

Oh! les petitesfeuilles folles Bniissent

comme

ton jupon,

Quand

tu danses, fille frivole,

Le

nez en l'air et l'œil fripon.

Oh! les petites feuilles pâles C'est le miroir de tes yeuxpers Qui chatoient

comme

des opales

Et

mettent

mon cœur

àl'envers.

Dans

la petite feuille pâle

Tu

m'as donnétes grandsj-enx pers

Et

je m'en suis fait des opales Pour égayer

mes

froids hivers.

Dans

la petitefeuille folle,

scintille une goutte d'eau

Tu

m'asdonné, fillefrivole,

Une

larme

comme

cadeau.

(113)

LES PK-riTES FEUILLES 107

Dans

la petite feuille grêle

Tu

m'as donné, pour

mon

vieux cœur,

Un

peu de ta jeunesse frêle,

Coimne

on donne

un

baiser moqueur.

Dans

la petite feuille verte

Tu

m'as donné toutle velours, Oui, de tes lèvresentr'ou vertes.

Lourdes de

mes

baisers d'amour!

(114)
(115)

Chantez

! les

oiseaux

. . .

àBernardLabergi

Chantez, pinsons, Sur une branche,

A

l'aube blanche, Chantez, pinsons!

Dans

les buissons

l'ombre penche

Le

nid s'épanche!

Et

vos chansons,

(116)

110 FIGURINES

Bouvreuils et merles,

Ce

sont les perles

Des

clairs taillis.

Chantez! les feuilles

Entre elles cueillent

Vos

gazouillis.

(117)

VII

FIGURINES DE POÈTES

(118)
(119)

Le

poète-misère

à MarcelDrcA»

Maigre

comme un

ratde prison,

Le

pauvre poète-misère Était, ce soir, en oraison

Devant

sa

Muse

aventurière,

Sa Muse

au bras des troubadours,

Des

jouvenceaux

du moyen

âge,

Des

vieuxseigneurs auxbeaux atours,

Des

gueux et des grands personnages.

(120)

114 FIGURINES

Des

poètes

du bon

vieux

temps

:

j\Iarot, Ronsard, Régnier, Malherbe, Villon, ce

bohème

épatant,

Rabelais, ce conteur superbe,

Des

tristes, desgais amoureux,

Des

maraudeurset des apôtres,

Des

petits pierrotsmalheureux.

Des

ironistes,... de tant d'autres.

Ilen passa tant devant lui Qu'il les prit à la dérobée, Et, durant desjours et des nuits, Il écrivit une épopée.

Épuisé de ce jet sacré

Et

d'une

humeur

massacrante,

Il s'endormit, l'esprit bourré

De

rimes abracadabrantes.

(121)

LE POÈTE-MISÈRE 115

Ils'endormit... Le vent léger Déshabillait les branchesgrises.

Toutes les feuilles

du

verger Allaient titubant, sousla bise..

,

Le ciel était

comme un

caveau

l'on dort entouré de cierges.

L'n matin, on vit des corbeaux Dévorer un mortsur la berge.

(122)
(123)

Le

poète divague. . .

àJoseph-L.Girouak»

J'ai pris

mon

vieux

bougon

de plâtre, J'ai pris

ma

tête entre

mes

mains, J'ai pris une

flamme

dans l'âtre.

J'ai pris

un

pli de parchemin.

J'aipris

mon

glossaire de rimes, J'aipris

mon

génie avec moi.

J'ai pris

mon

beau glaive d'escrime,

Ma

plume, et, le

cœur

plein d'émoi.

(124)

118 FIGURIXES

J'aivoulu faireune satire;

Mais, dans

ma

naïve candeur,

Rêvant

d'un poétique empire, Je n'ai gueule que des fadeurs!

Je suis triste dans

ma

chambrette.

La

nuit endort

mon cœur

en deuil.

Ma

lyre al'air d'une soubrette Qui cligne son premier clin d'œil.

En

bas, desfugues de musiciue

Me

grisent d'ivresse et despleen.

Oh!

comme

je

me

sens phtisique

A

cesaccords de Lohengrin!

Ceux

ciui, le pli

moqueur

aux lèvres,

Ne

peuvent comprendrepoiu'quoi

On

peut avoir de telles fièvres Et, devant le Beau, rester coi;

(125)

LE

POÈTE

DIVAGUE. . . 119

Ceux

qui, jobards et prosaïques,

Ne

sont que vulgaires musards,

Pour

qui ce sont des archaïques

Que

les vers de Pierre Ronsard;

Ceux-là riront de

me

voir faire

Le

philosophe sous lestoits, ]\Ie prendront pour

un

somnifère

Et

se diront : « Il est fou, quoi!»

Mais

je m'enivre de

mon

rêve, J'adore l'éclatante nuit

Qui m'est conune un ful^^urant glaive Qui

me

donnela verve et luit!

Je chante la folie ardente

De mes

strophesdansant en rond!

Je vais, d'une allure pédante,

Avec mes

vers àla Piron!

(126)

120 FIGURINES

J'ai pris quatre grains crellcbore

Et

j'ai relu

sans

un

remords

— Tout

ce qu'aforgé Pj^thagore,

Et

les « Dialogues des

Morts

».

Aux

coupes d'or j'ai

bu

la vie, Si bienque, sens dessus dessous, Afin d'éteindre

ma

folie,

Je m'endormis tout à fait soid!

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