Ça
te seraittrèsincommode.Garde
ton idéal bien netComme
ton plastron de chemise;Et
garde aussi dans ton carnetLe
portrait de quelque Arthémise.Afin que, serein sous les cieux,
Tu
puisses avoir dela femme,Comme
unelumière, sesyeux Et,comme
talisman, son âme.16 FIGURINES
Faii- ton devoir de chaque jour, Auréolé dansta besogne Par
un
rayon de son amour:C'est
mieux
que le meilleur bourgogne!Rondel
àRogerMaillet
Chapeau
blanc et boutons dorés, Ventre rondcomme
une galère,Bâton
ferme et cerveau timbi-c:C'est la force constabulaire!
Roi
du
« nolime
tangere»,Intelligence musculaire,
Chapeau
blanc et boutons dorés, Ventre rondcomme
une galère,18 FIGURINES
Semblableà l'Hercule sacré,
Devant
nos corpsmoléculaires, Passe, de bêtise bourré,Dans
lavoiture cellulaire,Chapeau
blanc etboutons doré».A
laBasoche
Auxétudiantsdemontemps.
Laisse-moi te chanter,
amante De
l'Art,du Code
etdu
Scalpel,De
tous nos cerveaux en tourmenteLe
sûr et tranquille archipel.O
promontoiredu
franc verbe,Nouveau
jardin d'Academus,De ma
prime jeunesse enherbe Entends les pieux oremus!20 FIGURINES
Que
j'ai passé de belles heuresA me
sentir jeune et vantard, Suivantlescours « sansfeunifourre »Où
j'étais toujoursen retard!les coursdans le froid matin!
Les uns Ixîillent, les autresdorment, Sachant devoir être demain
De
savants avocats. .. sousl'orme.O
les cours où, l'air ennuyé,Le
professeur lit et défricheLe Code
vagueet embrouillé Qui fait payer le client riche.Un
basochien qui vient d'Oka Et sent mauvais—
c'estsynonyme
!Frise, avec des aii-s délicats,
Un
brin demoustache minime.A
LA BASOCHE
21Sapiente université!
—
Soit dit sans repcntance,—
C'est dans tonsein que j'ai tété
Le
lait de lajurisprudence.Sonnet
bachiqueàRoland Maillit
Ton
rire ensoleillé de notes Estaussi bruyant qu'unbarnum, Et
tes petits yeux de cocotteMe
soûlent plus que ce vieux rhum.Ton
bec sucré queje bécotte Estun
bouquet de géraniums.Ton
minoism'emberlificote, Tes seins fanés fleurent l'opium.24 FIGURINES
J'accours... mais lu t'enfuis, frivole!
Mon
front de douleur virevoleEt
se cogne surun
poteau.Je vois tournerle réverbère.
Je flirte avec la lune, en-haut,
Dont
le gros ventre s'exubère.Soliloque
Matinal
à Léopold HouLÉ
Ce
matin,jeme
couche avecun
airfurieux.J'arrive chiffonné d'un bal cérémonieux
Où
les fleurssevendaient les deux yeux dela tête ;Où
j'ai dansé des waltzs, des fox-trots de tempête,Où
lesviergesmontraientle hautseuldeleursseins, Afin de nous donner de fort troublants desseins ;Où
jem'ingurgitai defroides limonadesEt
d'oùjereviensseul, latêteenmarmelade,Avec un
plastron flasque,un
faux-coltout mouillé,]\Ion gousset au passif,
mon
bilan embrouillé...
26 riGURixES
Pendant un
mois, grand Dieu! j'engouffrerai des [fèvesPour
avoir,un
beausoir, voulu desfilles (UËveLe
troublant deleursseins, la flannnede leursyeuxEt
pour avoirhumé
leparfum
des cheveux...
Me
voilàde retour enfin de ce grandmonde Où
les blasésvousont des gueules de Joconde!...
Mes
piedsserrésfontmal
dansces souliers vernis...
Eh
bien ! j'en ai soupe ! X. I. ni c'est fini !Adieu fleurs et parfums, plastrons blancs et coi'sa-[gcs!
J'ai trompéle
bohème
et roturier usageDe manger mon
pain sec et de faire des vers:Car
la danse embourgeoise et nousmet
à l'envers.Rêvasseurde
poème
etamant
dela Muse,J'ai trahi
ma
maîtresse avec d'autres méduses...Pour comble de bêtise, en allant
me
coucher, J'ai complété la gaffe en payantun
cocher!lespassés
.
. .
O
les passés perclus des vieux quartiers latins !Fumistes à deux sou.s, échevelés, folâtres,
Allcz-vous-en les bons amis des jours lointains,
Des
béretsde velours et des pipes de plâtre!Le siècle du veau d'or forge des philistins,
La
femme, les cafés, les cartes, le théâtre<)nt remplacé les soirs d'étude et les matins
Des
bérets de velours et des pipes de plâtre!28 FIGURINES
Adieu Philippe. Ubald, Roger, Jean, Paul, Victor,
Et
toi, Marcel, vieux frère,aust3'le et aucœur
d'or.Amants
desbérets noirs etdes pipesde plâtre!O
les passés perdus des vieux quartiers latins,Des
bérets de velourset des pipes deplâtre. . .Allez-vous-en les vieux, les vieux passés lointain!
!
II
A
«L'ARCHE
»«Nousreverronsle triste temps,
«Qu'onraclaitdesairsdo bohêm(r
«Etrêvions demansardesblêmes.
»
HenryBataille.
Le Bohême
AUbaldPaquin
Il a la face toujours blême,
Mais
ilest très gras en poèmes.Son pantalonest déchire
Et
ses deux coudestonsurés.Son chapeau lui sert de toiture;
Son
lit estun
lieu de torture.32 FIGURINES
Il s'appeîle roger-bon-temps, Gousset à plat et
cœur
content.Son grenier i<ale est
un
Parnasse Plein de bouquins, de paperasses.Il aimeBacchus etl'amour
Et
tourne bien le calembour.Poui' lui, vouloir payer ses délies Estla bêtise la plus bête.
Son cœur
est souvent en lambeaux.Mais
il guéritquand
il fait beau.Sa bourseestune « île escarpée »
Où
l'orestun
conte de fée.Pensant à rien et
mangeant
peu,Il vit et meurt.. . bah!...