M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
C. L E C ONTE DE P OLY -B ARBUT
Sur les treillis de Coxeter finis
Mathématiques et sciences humaines, tome 125 (1994), p. 41-57
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1994__125__41_0>
© Centre d’analyse et de mathématiques sociales de l’EHESS, 1994, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Mathématiques et sciences humaines » (http://
msh.revues.org/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.
numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est consti- tutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit conte- nir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
SUR LES TREILLIS DE COXETER FINIS
C. LE CONTE de
POLY-BARBUT1
RÉSUMÉ -
Björner (1984) a montré que l’ordrefaible
de Bruhatdéfini
sur un groupe de Coxeter fini (Bourbaki 1969) est un treillis.Dans le cas du groupe symétrique Sn ce résultat (treillis
permutoèdre)
a été prouvé par Guilbaud - Rosenstiehl (1963).Dans ce papier nous montrons que des propriétés connues des treillis
permutoèdres
peuvent s’étendre à tousles treillis de Coxeter finis et
qu’inversement
despropriétés
démontrées sur tous les Coxeterfinis
ont desretombées intéressantes sur les
permutoèdres.
En
particulier,
les Coxeter finis sont touspseudo-complémentés
et ont une congruence dont le quotient estune
algèbre
de Boole. Le résultat de Solomon sur unesous-algèbre
del’algèbre
de groupe concerne cette même congruence.Dans le cas du
permutoèdre
l’équivalence "même premier tableau deYoung " est
unesous-équivalence
de celleassociée à la congruence.
Nous montrons également que les treillis de Coxeter sont
semi-distributifs.
SUMMARY -
On finite
Coxeter lattices.Björner (1984) has
pointed
out that the weak Bruhat order of a finite Coxeter group (Bourbaki, 1969) is a lattice.In the case of the symmetric group Sn, this result
(permutohedron
lattice) wasproved by
Guilbaud-Rosenstiehl (1963).
In this paper we show that several known properties of the
permutohedron
lattices hold for any Coxeter lattice.Especially
we will show that Coxeter lattices arepseudo complemented,
so that any Coxeter lattice has acongruence whose quotient is a boolean
algebra.
Solomon’s result (1976) on asubalgebra
of the groupalgebra
concerns the same congruence.
In the case of the
permutohedron
theequivalence
"same first Young’s tableau" is asubequivalence
of thatequivalence
associated with the congruenceUsing the
pseudo complementation
and an isomorphism property of intervals we will show that Coxeterlattices are semi distributive.
Properties that
hold for
every Coxeter lattice are especially interesting in thepermutohedron
case.INTRODUCTION
Les groupes de Coxeter finis
comportent
quatre familles infinies et six groupes isolés.La
plus
connue de ces familles infinies est celle des groupessymétriques
finis Sn ou groupes depermutations
d’ensemblesfinis,
avec poursystème générateur
lestranspositions
d’élémentsadjacents
dans{ 1,...,n }.
Cespermutations peuvent
être étudiées sous leuraspect
ordinal etsous leur
aspect
théorie des groupes. c’est donc essentiellementl’objet permutoèdre qui
estconcerné ici. Cet
objet,
l’ensemble des ordres totaux avec uneproximité qui
se traduit entre autre par la distance de Kendall estjusticiable
d’une lecture combinatoire(structure d’ordre,
detreillis)
mais
également
d’une lecturealgébrique.
1 C.A.M.S. - 54, bd Raspail 75270 PARIS Cedex 06
Cette double lecture se retrouve pour tous les Coxeter finis et la confrontation des deux
points
de vuepermet
d’ailleurs d’obtenirquelques
résultats. Lapossibilité d’application
de cegenre de
mathématique
aux Sciences Sociales tient au fait que lepermutoèdre
est la structure surlaquelle
viennent se situer "naturellement" des donnéesorganisées
selon des ordres totaux : votes, choix selonplusieurs critères,
ordres depréférence
etc...1 - LES ORDRES SUR LES GROUPES DE COXETER
Ce
paragraphe reprend
des définitions et résultatsfigurant
dans Bourbaki[5]
etBjômer
etWachs
[4]
Nous donnonsquelques
démonstrationsqui
ne sont pas toutes dans les ouvrages cités.DÉFINITION 1
Un groupe de Coxeter
(W,S)
dontl’opération
est notéemultiplicativement
et l’élément neutre eest défini par un
système générateur
S du groupe W et des relations entregénérateurs
vérifiantles conditions
1)
et2) :
1)
tout élément s de S est d’ordre 2 :2)
pour s, s’ ES
soitm(s,s’)
l’ordre de ss’(si m(s,s’)
estfini,
c’est leplus petit
entier telque
(ss’)m(s,s’)
=e).
Soit I l’ensemble descouples
de S tels quem(s,s’)
soit fini.L’ensemble S et les relations
(ss’)’(’,")
= e pour(s,s’)
dans 1 forment uneprésentation
du groupe W
(cf.
Bourbakip.12).
En d’autres termes W estquotient
du groupe libreengendré
par
S,
parl’équivalence
définie par la donnée desm(s,s’).
Enparticulier,
S est unsystème générateur
minimal.DÉFINITION
2La
longueur l(w)
d’un élément w de W est leplus petit
entier r tel que w soit leproduit
de réléments de S.
= sl...sr avec
l(w)
= rsl...sr est dite
décomposition
réduite de w.QUELQUES
RAPPELS-
l(w) =
car si s 1...sr est unedécomposition
réduite de w, Sr...SI 1 est unedécomposition
réduite de w-1.-
l(w ~’) ~ l(w)
+l(w’) :
isi est
décomposition
réduite de w ets’l...s’i
unedécomposition
réduite de w’si ... sr
s’l...s’,
estégal
à ww’ mais n’est pas forcément unedécomposition
réduite.Y w e W l(sw)
=l(w)
± 1- Un segment d’un
produit
si ... sr d’éléments de S est unproduit
d’éléments consécutifs de la suite si, s2 ,..., sr.Tout
segment
d’unedécomposition
réduite est unedécomposition
réduite.Dans le cas
fini,
W admet un seul élément delongueur maximum,
noté wo. Cet élément estd’ordre 2 car
l(wo)
=l(wo-1) et peut
être caractérisé par :on a
également :
et :
LA CONDITION
D’ÉCHANGE
On
désigne
sous ce nom l’assertion :Soient w E W et s E S tels que
1(s w) l(w).
Pour toute
décomposition
réduite sl...sr de w il existe unentier j
tel que :1 >_ j >_
r et s s, ...sj-i sj(Bourbaki, p.15).
Cette condition
d’échange
que nous utiliserons àplusieurs reprises
est fondamentale car elle caractérise les groupes de Coxeter :THÉORÈME 1
(Bourbaki p. 17)
Pour que
(W,S)
soit unsystème
de Coxeter il faut et il suffitqu’il
satisfasse à la conditiond’échange.
Exemple
d’utilisation de la conditiond’échange
De toute
décomposition
réduite s, ...sr de w on peut extraire unedécomposition
réduite de sw,dans le cas
1(sw)
lw.s s, ...sr n’est pas une
décomposition
réduite de swqui
est delongueur r-l,
mais3 j :
et si
Sj+l
... sr(noté également
si ...Sj
...signifiant
que leterme sj
estsupprimé)
est unedécomposition
réduite de swextraite,
parsuppression de sj
de ladécomposition
réduite de w.En
appliquant plusieurs
fois la conditiond’échange
on obtient le résultat suivant :[Bourbaki,
ex.
1,
p.36]
de toutedécomposition
non réduitesr
d’un élément w on peut extraire unedécomposition
réduite oùj(l), ... j(k)
est une suite croissante d’entierscompris
entre 1 et r.
DÉMONSTRATION
Soit i le
plus grand
entier tel quesi si+l...sk
soit non réduit. Alors1 ... et, par
application
de la conditiond’échange,
ilexiste j compris
entre i+1 et k et si,, ...Sj
... sk est unedécomposition
réduite de si Si,l ... ~.En itérant le
procédé
de droite àgauche
on obtient le résultat.LE GRAPHE DE CAYLEY DE (W,S)
C’est le
graphe
dont les sommets sont les éléments de W et les arêtes lescouples (w,w’)
telsque w’ = sw pour un élément s de S.
(On
remarque que l’on aégalement
sw’ = w et que legraphe
deCayley
n’est pasorienté).
On
appellera graphe étiqueté
legraphe
deCayley
dontchaque
arête(w,sw)
estétiqueté
par s.Ce
graphe
deCayley
que l’onappellera graphe
deCayley
àgauche
admet un dual : legraphe
de
Cayley
à droite dont les sommets sontégalement
les éléments de W et les arêtes lescouples (w,w’)
tels que w’ = ws.L’application qui
à tout w faitcorrespondre w-1
est unisomorphisme
entre les deuxgraphes
de
Cayley :
LES ORDRES FAIBLES DE BRUHAT SUR W
Sur W l’ordre
faible
de Bruhat àgauche
L est défini par :et
la relation de couverture de cet ordre :
et avec
coïncide avec le
graphe
deCayley
àgauche
orienté par leslongeurs
croissantes. L’ordre faible de Bruhat àgauche
est la fermeture transitive dugraphe
deCayley
àgauche
orienté par leslongueurs ; le diagramme
ougraphe
de couverturede
coïncide donc avec legraphe
deCayley
à
gauche
orienté.Les arêtes du
diagramme peuvent
êtreétiquetées
comme dans legraphe
deCayley.
Dualement l’ordre de Bruhat à droite R est défini par :
Ici encore
l’application
w 9w est
unisomorphisme
entre L et R.Dans la suite nous
entendrons,
saufprécision,
par ordre sur W l’ordre faible àgauche
maistout résultat sur L est transférable en un résultat sur R en raison de
l’isomorphisme.
L’ORDRE FORT DE BRUHAT
Un troisième ordre que nous n’utiliserons pas dans cet article a été très étudié
[3], [4], [14] :
T est l’ensemble des
conjugués
des éléments deS,
noté encore ensemble desréflections.
L’ordre
fort
de Bruhat est défini parL’ordre fort contient les deux ordres faibles.
Les trois ordres sont des ordres
gradués (i.e.
toutes les chaînes maximales entre deux élémentscomparables
ont mêmelongueur),
admettent e pour minimum et le rang d’un élément w, oulongueur
des chaînes maximales entre e et w estégal
à lalongeur de w,
pour les trois ordres.LES INTERVALLES DANS L’ORDRE FAIBLE
Dans l’ensemble ordonné
(W,L)
l’étude des intervalles se ramène entièrement à celle des intervalles de minimum e. Nous donnons une démonstration du résultat suivant(Bourbaki
remarque
p. 10
etBjorner
et Wachs[3]) :
Soit Wl w 2 et l’intervalle de minimum Wl et de maximum W2. La translation à droite
Twil qui
à tout élément w de[w
1,W2] fait correspondre
wwll
est unisomorphisme de
dansMontrons que :
L’ordre u V :5 W2
implique
l’existence d’unedécomposition
réduite de W2"passant"
par v, u, W 1 en ce sens que cettedécomposition
réduite estpartitionnable
ensegments
dl, d2, d3, d4
et W2 =dl d2 d3 d4
Les translatés à droite par
wi1
de cesquatre éléments,
soit : v uWi1
et e ontdes
décompositions dl d2 d3, d2 d3, réduites, puisque
segments de ladécomposition
réduited3 d4
donc :La translation
Tw
estinjective
comme toute translation dans un groupe.Il reste à montrer que V a,b
~On considère une
décomposition
réduite dew 2w il
et sapartition
ensegments d’ 1, d’2, d’3
tels
que : b
=d’2 tl3
a =d’3 .
Les deux
décompositions réduites dl d2 d3
etd’1 d’2 d’3 comportent
le même nombre determes de
S, égal
à lalongueur
dew2w11
et w2. =W2W 1wl
1 =d’l d’2 d’3 d4
est unedécomposition
réduite dew 2 ;
donc :
et TWi1
dont laréciproque
estTw
1 est unisomorphisme
de[Wl,W2.]
dans[e,
Dans l’étude des groupes de
Coxeter,
les ensembles Ws oùW s =
+1 } jouent
un rôleimportant.
Nous démontrons le lemme suivant :LEMME 1
DÉMONSTRA nON
#
si s w, il existe une
décomposition réduite si ..,
sr s de w et ws = SI". sr s s = sret
l(ws)
=l(w)-1
donc w Ws .===
si w
WS , 1(ws)
=t(w)-1
et =
l(ws)
= == sw-1 1 et la condition
d’échange
peuts’appliquerà
w-1 et sw-1:
si
sr ...
s, est unedécomposition
réduite dew-1,
sw-1 admet unedécomposition
réduitesr
...
... S1et s sr
..."
S1 estune décomposition
réduite de 1...’"
sr ss r ---si ...
SI i et ss,...
SI 1 est unedécomposition
réduite dewi1.
0 U SI." S Sr sest
une décomposition réduite
de w et w > s.1
De
plus,
la translation à droite par s est unebijection
entre WS et Wss et Ws U Wss = W.En effet : w E ws ~ WS car
l(wss)
=l(w) l(ws)
et
d’après
le lemme :w ~ w > s donc il existe une
décomposition
réduite w = si --- sr set ws = sl ... s,ss = si ... sr ;
l(wss)
=l(w)
=l(ws)+1
d’où ws E Ws etw E Wss.
Nous en déduisons les résultats suivants :
LEMME 2
La translation à droite par s est un
isomorphisme
entre lefiltre
Wss ={ w,w>_s }
et l’idéalWs =
1 w,w k s 1 qui forment
unepartition
de W. ,Lorsque
W est fini Wss est l’intervalle[s, wo]
et Ws l’intervalle LEMME 2’Dans le cas
fini,
pour tout élément s deS,
WS et Wss sont deux intervallesisomorphes qui
forment une
partition
de W.LEMME 3
(Bourbaki)
Si w E Ws et
s’w 4
Ws alors s’w = wsDÉMONSTRATION
WS contient
[e,w]
doncs’w 4w
et s’w > w. Il existe w’ E Ws et s’w = w’s. ,Soit si 1 ... s,,s une
décomposition
réduite de s’w.D’après
la conditiond’échange appliquée
à w =s’(s’w)
il existe si et w = sl...s;
... s,s etLE TREILLIS FINI
Bjômer signale
que dans le casfini,
W est un treillis pour l’ordrefaible
de Bruhat[3].
DÉMONSTRATION
a)
ToutW,
fini ou non est uninf-demi-treillis,
i.e. toutcouple
d’éléments de W a unplus grand
minorant commun pour l’ordre faible.
Tout d’abord tout intervalle
[e,w]
est fini car w est delongueur
finie et sesdécompositions
réduites sont en nombre fini. Soit
w
1 etw2
deux éléments noncomparables
W2 4 Min(wI’ w2) _ { w, w
_ w 1 et ww2 ),
ensemble des minorants communs, est fini. C’est l’intersection des intervalles[e, wj
et[e, w2].
Si wl et w2 n’admettent pas deplus grand
minorant commun ouinfimum,
l’ensembleMin(wl , w2)
aplusieurs
élémentsmaximaux. Soient m un élément de
longueur
maximum et m’un élément maximalquelconque
dans
Min(wl, w2).
Nous montrons que m’ = m cequi implique
Wl n w2 = m.Supposons
y~’ ~ m et dans l’ensemble Min(m,m’)
soit v un élément delongueur
maximum. On a v ~ m et v ~ m’. La translation à droite par v-1 est un
isomorphisme
entre
[v’WI]
et[e,wl v-1]
et entre[e,w2
La démonstration se fera sur les translatés par v-1 et une translation à droite par v donnera le résultat cherché.
Si v est de
longueur
maximum dansMin(m,m’)
alors l’infimum de m v-1 et m’ v-1 1est e :
(A) m
v-1 e, car si un élément1,
avec 1 # e,appartenait
àMin(m v-1,
m’v-1),
son translaté à droite par v, soit
lv,
serait élément deMin(m,m’)
et strictementplus grand
que v, ce
qui
contrediraitl’hypothèse
selonlaquelle
v est delongueur
maximum.Soient des
décompositions
réduites :en raison de
(A)
- -
donc m v-l E
Ws’ et
m’ v-1 E Wspar contre w, Ws’ car s’ _ m’v-1 _ w, v-1 et w2 v-1
ft
WS car s _ m v-1 il existe donc unplus grand
i r-1tel que si ... ... WS et u = ... Sr ... Sl S E Ws . On est dans le cas Ws’ et u E Ws’
donc
(Lemme 3) si
u = u s’et :avec
m v-i s’ est donc un minorant de w
1 v-1 ,
delongueur supérieure
à celle de m v-1. Ondémontre,
de la mêmefaçon,
que m v-1 s’ est un minorant de w2v.l,
en utilisant unedécomposition
réduites"
1 ...S"k
sr+i ... SI s de w2V-’ ,
avec s # s’. En translatanttout à droite par v, on obtient m v-1 s’ v, élément de
w 2 )
delongueur supérieure
à celle de m cequi
contreditl’hypothèse
selonlaquelle
m est delongueur
maximum donc
b)
Dans le cas fini W est un treillis.Montrons que la translation à droite par wo est un anti
automorphisme.
On a vu que
l’unique
élément delongueur
maximale est Wo =wô ,
que1(sw,)
=l(wo)-1,
La translation à droite
Two
est unebijection
et c’est une involution :Two
oTwo
= identitécar wo est un élément d’ordre 2. Il reste à montrer :
Soit une
décomposition
réduite de wo"passant"
par w2 et w, :Ces deux dernières
décompositions
sont réduites et :La translation à droite par wo est donc un anti
automorphisme (transforme
l’ordreen
ordre >)
et transforme l’infimum de deux éléments en supremum de ses translatés à droite par wo. On a donc :wl
V w2
=(wiwo A W2WO)
est un treillis deminimum e,
de maximumwo et
autodual c’est-à-direisomorphe
à son ordre dual.L’application
w 9 wowwo est unautomorphisme
de la structure d’ordre[2]
en mêmetemps qu’un automorphisme
interne pour la structure de groupe. Lacomposée
de cetautomorphisme
par la translation à droite par Wo est la translation àgauche
par Woqui
estdonc
également
un antiautomorphisme
pour l’ordre.II -
L’ALGÈBRE
DE BOOLE D’INTERVALLESDans ce
paragraphe
nous démontrons que dans W fini les supremum d’atomes et les infimum de coatomes, avec e et wo, constituent deux sousalgèbres
de Boole du treillis etqu’une
familled’intervalles forme une
partition
deW,
dont la relationd’équivalence
associée est unecongruence pour la structure de treillis. Le treillis
quotient
est unealgèbre
de Booleisomorphe
àl’algèbre
des supremum d’atomes et à celle des infimum de coatomes, etisomorphe
àl’algèbre
de
Boole P (S)
desparties
de l’ensemble S. Les treillisqui
ont cespropriétés
sont ditspseudo- complémentés
cf. Chameni-Nembua etMonjardet [6].
La
partition
de W en deux intervallesisomorphes
et[e,wa s]
induit le résultat :(B)
Dans
W,
l’atome(ou
élément delongueur 1 ) s
est inférieur à tous les coatomes(ou
éléments de
longueur l(wo) -1 )
sauf au coatome wo s, car les coatomes autres que wo s nepeuvent
être dans l’intervalle[e,wo s]
et sont dans l’intervalle[s,wo],
donc sontsupérieurs
à s.
De
(B)
on déduit que wo est le supremum des atomes(aucun
élément inférieur à wo ne peut être le supremum des atomespuisque chaque
coatome wo s n’est passupérieur
à l’atomes).
De
(B)
onpeut également
déduirequ’un
élément w estsupérieur
aux seulsatomes si
si
E J c S si et seulement si il n’est pas inférieur aux seuls coatomesWo Sj’ Sj
EJ,
et donc siet seulement si il est inférieur aux seuls coatomes wo S-J.
Nous noterons wj le supremum des atomes d’une
partie
J de Set : avec
l’intervalle
est
égal à
car fl est l’ensemble des éléments
supérieurs aux Sj’ Sj
EJ,
doncsupérieurs
àE J
-
V s., c’est
l’intervalle V
s .,wo
et flWs;
est l’ensemble des élémentsqui
sontJ
s. ES-Jinférieurs aux coatomes wosi, si c-
S-J,
donc inférieurs àA wosi.
C’est l’intervallej; eS-J et l’intersection de ces deux intervalles est l’intervalle
L’ensemble fl
W est
souvent notéWJ [4]
et défini par WJ={ w, l(ws)
=l(w)
+1,
sE J
pour tout s E
J }.
WJ estappelé quotient
àgauche
de W par J et noté W/J. Il est connu(cf.
Bourbaki ex.3
p.37)
quechaque
classe deLagrange
àgauche
de W par le sous-groupeWj
de Wengendré
par J a un seul élément delongueur
minimum et que cet élément est un élément de WJ.Réciproquement
tout élément de WJ est élément delongueur
minimum d’une classe deLagrange
àgauche,
d’où le nom dequotient
donné à WJ.Nous
noterons §j
l’intervalle[wj, wows-jl ;
ces intervallespeuvent
encore être définis par :Par construction tout élément de W
appartient
à l’un de ces 2n intervalles(
I S 1 =n).
Montrons que ces 2n intervalles sont
disjoints
et tous différents du vide.On sait
(Bourbaki,
corollaire 4 p.20)
que les sous-groupesparaboliques
notésWI
ou sous-groupes
engendrés
par unepartie
1 de S ont lespropriétés
suivantes :WI (1 Wil
=I,
S etWI
est un groupe de Coxeter.DÉMONSTRATION
Si pour 1 ~
I’,
on avaitWI
=WI, _
I ou I’ ne serait passystème générateur
minimal etWI
ne serait pas un groupe de Coxeter.Nous démontrons que les sous-groupes
paraboliques
sont des intervalles de W.Soit w, le
plus grand
élément du groupeWI.
On sait[5]
que lalongueur de wI
dansWI
est
égale
à lalongueur de wj
dans W.wi E
Wi implique
l’existence d’unedécomposition
réduitede wi
dont tous les élémentssont dans I.
Soit w un élément de W tel que e w wi. Il existe une
décomposition
réduite de W¡ = avec w =s’ 1 ,...,s’l.
Or toutes lesdécompositions
réduites d’un élément contiennent exactement les mêmes éléments de S[5].
Doncs’1,...,s’t
E I etw E Wi. Wi est bien un intervalle de
W,
Wi =[e,wl].
et I ~ I’=~> wI = Vs,
VSï
si EI siE!’’
Les 2n bornes inférieures des intervalles J sont donc différentes et ces 2n intervalles sont tous non
vides,
d’intersection vide deux à deux et constituent unepartition
de W en 2n intervalles.Nous démontrons le résultat suivant :
LEMME 4
Les supremum
d’atomes,
avec e, constituent un sous-treillis de Wisomorphe
àl’algèbre
deBoole
(ou hypercube), (fJ(S), U,n)
des 2nparties
de S avec l’union pour supremum et l’intersection pourinfimum.
A
chaque partie
1 de Sassocions,
parl’application y,
l’élément Vs,
= wI de W et à0
.
associons e.
car le V est une
opération
associativeest le
plus grand
élément du groupe de Coxeteror
Wini,
=W, 0 Wj,,
et leplus grand
élément de l’intervallequi
est sous-treillisdeW,
etde
WI,
est l’infimumde wi
et de wj, .Les V
d’atomes,
avec e, constituent bien un sous-treillis deW, isomorphe
àF(S).
C’estdonc un
hypercube
à 2n éléments et lecomplémentaire
de Vs,
esti ~
Par
l’anti-automorphisme
w 9 w wo les V d’atomes sont transformés en A decoatomes
qui
constituent avec wo unealgèbre
de Boole.L’application f
de W dansl’algèbre
des V d’atomes définie par :flw)
= V des atomessupérieurs
à west un
morphisme surjectif
de treillis et lapartition WI f est
lapartition
en intervalles~.
LEMME 5
L’application f
de W dansl’algèbre de
Boole des supremum d’atomesdéfinie
par :f(w)
= supremum des atomesinférieurs à
w est unmorphisme de
treillissurjectif
et lapartition W/f est la partition
en intervallesJI.
La relation
d’équivalence - (être
dans le mêmeintervalle JI )
est une congruence pour lastructure de treillis :
w V w’ est
supérieur
aux seuls atomes de 1 U J et inférieur aux seuls coatomes wo sisi E S -
(I
UJ)
tandis que w A w’ estsupérieur
aux seuls atomes de 1 fl J et inférieur auxseuls coatomes wo si, Si E S -
(I n J).
La relation
d’équivalence - peut s’exprimer
de nombreusesfaçons
dans ces treillis ditspseudo complémentés [6] :
Wl - W2 ~ wi et w2 sont
supérieurs
aux mêmes atomes.~ wl et w2 sont inférieurs aux mêmes coatomes.
~ w, et w2 ont un
complémentaire
commun.~ wi 1 et w2 ont mêmes
complémentaires.
Dans ces treillis
4
1 etJs-,
sont mutuellementcomplémentaires.
Nous étudions maintenant
quelques propriétés supplémentaires
de cette congruence dans les Coxeter finis.Partitionnons les arêtes
d’adjacence
de L(les
arêtes dudiagramme
deL)
en deuxclasses,
la classe
AI
des arêtes deL
seul et la classeA2
des arêtesqui
sont arêtesd’adjacence
à lafois dans L et dans R.
LEMME 6
a)
Les classes connexes dugraphes (W,AI)
coincident avec les intervalles~J
b)
Toute arête deA2
est arêted’adjacence
entre deux élélnents de Wappartenant
à deuxintervalles 4j
et~K
distincts.En d’autres termes, les arêtes de
AI
sont les arêtes intra-classe de la congruence etchaque
classe est connexe en tant
qu’intervalle
dansL ;
les arêtes deA2
sont les arêtes inter-classes.Notation : nous noterons
indifférement 4j
ou4~
unintervalle,
classe de la congruence dontwI
ou w est un élément.Démontrons le résultat
équivalent :
w’ et w
adjacents
dans L et dw’ 4:* w’ et wadjacents
dans L et Rsoit
1(w’)
=l(w)
+ 1.4
3 s’ OE S : w’ = s’w et
l(w’)
=/(w)+l
et
Il existe une
décomposition réduite s¡ ... s,s
de w’ etd’après
le lemmed’échange :
s 1 ... est une
décomposition
réduite de wwks
~w s, est une
décomposition
réduite de ww’ = ws avec
l(w’)
=t(w)+ 1
et w
R
w’m
w et w’
adjacents
dans L et R avec w w’3 s,s’ ,
w’ = sw = ws’alors
s’ 4
w, sinon il y aurait unedécomposition
réduite w = sl ...ss’
etw’ = s 1...
s,s’s’
= s 1... sr et on aurait w’ R W contrairement auxhypothèses
doncCorollaire
Tout
couple
d’éléments d’unintervalle 4j peut
être relié par un chemin fini dont les arêtes sontdans le
graphe d’adjacence
de L seul.Exemple.
Pour le groupesymétrique Sn ,
groupe depermutations
de{ 1,2,...,n }
avec poursystème générateur
S les n-1transpositions (i,i+1 )
i e{ 1,...,n-1 }
et pour l’ordre R,un
intervalle JI
Icorrespond
à l’ensemble despermutations
dont les montées et descentes sontassociées à
I ;
le Corollaire traduit le fait que si deuxpermutations
p, et P2 on la mêmeséquence
de montées etdescentes,
onpeut
passerde pl
à p2 par une successiond’échanges
de
termes i, i+1,
voisins dans l’ordre 1 2 ... n mais nonadjacents
dans les ordres associés auxpermutations
concernées.En
particulier
lestranspositions
de Knuth[ 10] (transpositions qui
laissent fixe le deuxième tableau deYoung
associé à unepermutation)
sont destranspositions
dutype précédent
et lapartition
en classes de Knuth est une souspartition
de lapartition
enintervalles 4j.
Pour le
permutoèdre,
c’est-à-direSn
avec l’ordre,,
unintervalle 4j
estcomposé
del’ensemble des inverses des
permutations figurant dans 4j
pour R et ce sont lespremiers
tableaux de
Young qu’il
faut considérer.On déduit de ce résultat un
algorithme simple
de construction de toutes lespermutations
ayant une
séquence
de montées-descentes donnée(cf. § IV).
Les classes descendantes
[4]
définies par : 1 ç J c S°
D J I
=W, l(ws)
= etl(ws)
=l(w)+ 1 b s
ES-J }
sont des unions d’intervalles
4~.
D~
est un intervalle du treillis :«
dans le
quotient
booléen les classes4~ , 1 c K c
J forment un intervalle deisomorphe
àv (J-1).
Les intervalles WJ =
[e, wowjl
sont des casparticuliers
de classes descendantes :0 .°
Les intervalles
J2,
1 ç Sjouent
un rôleparticulier
dansl’algèbre
du groupe W[15], [13].
Ils constituent une sous
algèbre
del’algèbre
du groupe. Ce résultatsignifie
que si un élément d’uneclasse 9K
estproduit
deCïk façons
d’un élément d’uneclasse 9,
par un élémentd’une
classe J,
alors tout élémente IK
estégalement
foisproduit
d’un élémentde 9,
par un élément
K g i~k p I
Dans
l’algèbre
du groupe on al’égalité :
Dans le groupe
symétrique Sn,
et pour l’ordre àdroite, JK
est l’ensemble despermutations
ayant
uneséquence
de montées-descentes associée à K et(C)
traduit le fait que toutepermutation
de montées-descentes associées à K estproduit
du même nombreCijk
(éventuellement nul)
d’unepermutation
de montées-descentes associée à 1 par unepermutation
de montées-descentes associée à J.
Dans les Coxeter finis les intervalles
complémentaires Il
etds-,
sontanti-isomorphes.
ni - LA
SEMI-DISTRIBUTIVITÉ
DES TEILLIS DE COXETER FINISNous étendons ce résultat
(la semi-distributivité),
démontré dans le cas du groupesymétrique [7],
à tous les Coxeter finis.Rappelons [ 1 ] qu’un
treillis T est distributif si :Chacune des deux
égalités précédentes implique
l’autre.On sait
également qu’un
treillis est distributif si et seulement si il n’admet aucun sous treillis dutype
I ou II :Les treillis de Coxeter associés aux groupes
(W,S)
tels quem(s,s’)
= 2 pour toutcouple s,s’
E S sont desalgèbres
de Boole ouhypercubes
dont il est bien connuqu’ils
sontdistributifs.
Nous montrons le résultat suivant :
LEMME 7
Les
hypercubes
oualgèbres
de Boole sont les seuls treillis de Coxeterdistributifs.
En effet si il existe au moins uncouple (s,s’)
d’éléments de S tels quem (s,s’)
>2,
le sous groupeparabolique engendré
par s et s’ est un sous groupe diédral et son treillisassocié,
soustreillis du treillis W est un
polygone
à2m(s,s’)
sommets,planté
en e etgradué.
Ce treillis admet des sous-treillis detype
II et n’est pas distributif. W ne l’est donc pas nonplus.
Par contre :
LEMME 8
Les
treillis finis de
Coxeter n’admettent aucun sous treillis du type 1.En effet si W admettait un sous treillis du
type
1 les translatés à droite par ri des sommetsde ce sous treillis seraient un sous treillis
isomorphe,
de maximumyx° 1,
de minimum e et desommets intermédiaires
ax 1,
bx 1 et cri.On ne
peut
avoir deux de cescinq
sommets dans le même intervalle J de la congruence, e étant le seul de sa classe.Si ces
cinq
sommets sont danscinq
classes distinctes la restriction à cescinq
classes dutreillis booléen
quotient
serait un sous treillis dutype
I cequi
estimpossible
dans un treillisbooléen.
Il
n’y
a donc pas dans W de sous treillis detype
I.Les treillis de Coxeter ne sont donc pas distributifs à
l’exception
deshypercubes
mais necontiennent pas de sous treillis du
type
I. En fait :LEMME 9
Les treillis de
Coxeter finis
sont semidistributifs.
Nous démontrons la A
distributivité,
à savoir :Supposons x
A a = x A b.L’intervalle 1 =
[x A a, x
V a Vb]
avec
isomorphe
à son translaté à droiteI’ par (x
Aa)- 1 :
I’ _
[e, (xV a
Vb)(xA a)-]
Notons u’ le translaté à droite par
(x
A 1 de tout u E Isi x’ l’ensemble des éléments de W dont l’infimum avec x’ est e est l’intervalle
a’ et b’
appartiennent
à cetintervalle
donc a’ V b’également
et x’ A(a’V b’)
= e et entranslatant a droite par x 1B a on obtient :
La V semi distributivité se démontre aisément
grâce
àl’anti-automorphisme
de W.Un schéma du treillis W avec les intervalles :
[e,wJ]
=WJ isomorphe
à[wowj, wo]
[e,wowJ]
= WJisomorphe
à[wj,wo]
[wj,wows_j] = Jj
antiisomorphe
àJs-j
=[ws_J,wowJ]
[e,wows_J]
= Ws-Jisomorphe
à[e,ws_J]
=WS-J isomorphe
à[wows_J, wo]
IV - CAS DU
PERMUTOÈDRE
Le schéma
précédent,
avec sesisomorphismes
etanti-isomorphismes
d’intervalles estnaturellemnt valable dans le cas
particulier
dupermutoèdre
où W est le groupe Sn despermutations
de{ 1,2,...,n }
avec poursystème générateur
S les n-1transpositions : S = { ( 1 2),(2 3),...,(n -1 n) 1.
Pour tout choix de J c
S, Wj
estisomorphe
à unproduit
direct de groupessymétriques
etson ordre latticiel :
[e,wJ]
estisomorphe
auproduit
direct despermutoèdres
associés.Par
exemple
si J ={ ( 12),(23),...,(r -
1r) } WJ
estisomorphe
à Sr et son treillis estisomorphe
aupermutoèdre
Pr.L’identité e est la
permutation
12 ... n etwo wJ est la
permutation
"miroir" de WJ :et wows-j est la
permutation
miroir de ws-j.En outre, comme dans dans tout Coxeter
fini,
par lejeu
des translations àdroite,
tout intervalle[wl,w2],
avec w 1w2 est isomorphe
à l’intervalle.[e,
w2wl-1],
deplus petit
élément e et à l’intervalle