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Manipulation du jugement moral et manipulation émotionnelle

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Manipulation du jugement moral et manipulation émotionnelle

VACELET, Virginie

Abstract

Dans notre vie quotidienne, nous formons un grand nombre de jugements moraux, dont certains se traduisent dans nos actions. Dans la recherche actuelle, une littérature abondante Dans la recherche actuelle, une littérature abondante en psychologie suggère que les émotions jouent un rôle crucial dans la formation du jugement en psychologie suggère que les émotions jouent un rôle crucial dans la formation du jugement moral...

VACELET, Virginie. Manipulation du jugement moral et manipulation émotionnelle. Master : Univ. Genève, 2013

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:30622

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Manipulation du jugement moral et manipulation émotionnelle

MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DE LA MAITRISE UNIVERSITAIRE EN PSYCHOLOGIE

ORIENTATION

PSYCHOLOGIE AFFECTIVE

PAR Virginie Vacelet

DIRECTEUR DU MEMOIRE

Prof. David Sander JURY

Florian Cova Julien Deonna

GENEVE, Septembre 2013

UNIVERSITE DE GENEVE

FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L'EDUCATION SECTION PSYCHOLOGIE

(3)

RESUME

Dans notre vie quotidienne, nous formons un grand nombre de jugements moraux, dont certains se traduisent dans nos actions. Dans la recherche actuelle, une littérature abondante en psychologie suggère que les émotions jouent un rôle crucial dans la formation du jugement moral. Une première source de donnée en faveur de cette thèse provient de l’étude empirique des dilemmes moraux et un autre argument peut être trouvé dans le fait qu'induire des émotions influence les jugements moraux. A l’aide de vidéos neutres et dégoutantes, nous avons manipulé l’état émotionnel d’un certain nombre de participants puis mesurer leurs réactions morales au sujet de courts scénarios. Dans deux expériences successives, nous avons étudié l’effet de l’émotion induite sur les jugements moraux des participants. Alors que nous n’avons observé aucun effet dans notre première expérience, les résultats de notre seconde expérience suggèrent que le dégoût diminue la sévérité des jugements portant sur l’action, mais pas celle des jugements portant sur l’agent.

(4)

Sommaire

1. Introduction ... 5

2. Théorie ... 12

2.1 Le domaine moral est lié à certaines émotions ... 12

2.2 Les différents types de jugements moraux... 14

2.3 Les jugements moraux sur l’action et sur l’agent ... 15

3. Hypothèse ... 16

4. Expérience 1 : méthode ... 16

4.1 Participants ... 16

4.2 Matériel ... 17

4.2.1 Stimuli ... 17

4.2.2 Scénarios, questions et questionnaires ... 17

4.2.3 vidéo ... 19

4.3 Protocole ... 19

5. Résultats expérience 1... 20

5.1 Vérification de l’effet de la manipulation ... 20

5.2 Effet de l’induction sur les jugements « moraux généraux » ... 20

5.3 Effet de l’induction sur les jugements moraux « locaux »... 21

6. Discussion expérience 1 ... 22

7. Expérience 2 : méthode ... 23

7.1 Participants ... 23

7.2 Matériel ... 23

7.2.1 Stimuli ... 23

7.2.2 Vidéo ... 23

7.2.3 Scénario, questions, questionnaires ... 24

7.3 Protocole ... 25

(5)

8. Résultats expérience 2... 26

8.1 Vérification de l’effet de la manipulation ... 26

8.2 Vérification de l’ambiguïté et de la difficulté des scénarios ... 26

8.3 Effet de l’induction sur les jugements moraux « généraux » ... 27

8.4 Effet de l’induction sur les jugements moraux « locaux »... 27

9. Discussion ... 29

10. Conclusion générale ... 30

11. Bibliographie... 32

12. Annexe ... 37

Annexe A : Scénarios de l’expérience ... 37

Annexe B : Scénarios de l’expérience 2 ... 41

(6)

1. Introduction

Dans notre vie quotidienne, nous portons régulièrement des jugements moraux. Par exemple, très récemment, la France a été très choquée face aux aveux du ministre Mr Cahuzac qui avait déclaré ne pas avoir de compte en Suisse pour finalement avouer qu’il en avait bien eu un. Ce scandale a provoqué de nombreux jugements négatifs de la part des Français et des membres de la classe politique.

Mais quelle est la source de ces jugements moraux ? En philosophie, il est historiquement possible de distinguer deux grandes traditions, avec d'un côté le rationalisme (par exemple : Descartes et Kant) et de l'autre le sentimentalisme (par exemple : Hume et Adam Smith). Les tenants du rationalisme soutiennent que nos jugements moraux sont idéalement des produits de notre raison, bien qu’ils admettent que nos émotions puissent venir influencer nos jugements moraux en les biaisant, tandis que les sentimentalistes soutiennent que nos jugements moraux sont de manière fondamentale le produit de nos émotions.

Loin d’être purement philosophique, ce désaccord entre d'un côté les tenants de la raison et de l'autre côté les tenants de l’émotion, se retrouve en psychologie dans le champ de la psychologie morale. Cependant, au cours de ces dernières années, les développements de la psychologie morale ont apporté de puissants arguments en faveur de la thèse sentimentaliste.

En effet, dans la recherche actuelle, une littérature abondante en psychologie suggère que les émotions jouent un rôle crucial dans la formation du jugement moral.

Une première source de donnée en faveur de cette thèse provient de l’étude empirique des dilemmes moraux. Afin de mieux comprendre, prenons l'exemple du dilemme du trolley inventé à la base par deux philosophes : Philippa Foot et Judith Jarvis Thomson, et repris dans le champ de la psychologie par Hauser, Cushman, Young, Kang-Xing Jin, et Mikhail (2007) dans leur étude interculturelle sur un grand nombre de participants. Soit les deux cas suivants :

(7)

Premier cas : Denise dévie le train

Denise est passagère d'un train dans lequel le conducteur vient de s'évanouir. Plus bas sur la voie principale se trouve 5 personnes. Sur la voie principale se trouve un levier qui ferait changer la direction du train vers la gauche et Denis à la possibilité de l'actionner. Il y a 1 personne sur la voie de gauche. Denise peut dévier le train en ne tuant qu'une personne ou alors elle peut s'abstenir de dévier le train ce qui tuerait les 5 personnes. Est-il moralement acceptable pour Denise de dévier le train ?

Figure 1. Schéma de Hauser et al. (2007) illustrant le premier cas.

Deuxième cas : Franck pousse l'homme

Franck est sur le pont au-dessus de la voie du train. Il voit un train hors de contrôle s'approcher du pont. Il y a 5 personnes sur la voie. Franck sait que le seul moyen de stopper le train est de pousser un objet assez lourd sur la voie. Le seul objet suffisamment lourd est un homme de forte corpulence qui lui aussi regarde le train depuis le pont. Franck peut pousser l'homme sur la voie du train, ce qui le tuerait, ou il peut ne rien faire, ce qui tuerait les 5 personnes. Est-il moralement acceptable pour Franck de pousser l'homme ?

Figure 2. Schéma de Hauser et al. (2007) illustrant le deuxième cas.

(8)

Dans le premier cas, Hauser et al. (2007) ont trouvé que 85% des personnes interrogées jugeaient acceptable de pousser le levier pour sauver cinq personnes, tandis que, dans le second cas, ils ont observé que seul 12% des personnes interrogées jugeaient acceptable de pousser l'homme sous le train. Bien que, dans les deux cas, il s'agisse de sauver cinq personnes au prix d’une seule vie, les résultats montrent que les gens réagissent différemment au fait de pousser un levier pour détourner un train sur la victime et à celui de pousser directement la victime sous le train. Mais quelles sont les sources psychologiques expliquant cette différence ?

Pour expliquer cette différence, Greene, Sommerville, Nystrom, Darley, et Cohen (2001) commencent par distinguer deux types de scénarios mettant en scène des violations morales : les scénarios « personnels » et les scénarios « impersonnels ». Un scénario est personnel s’il met en scène des violations morales dont « les conséquences corporelles sont graves, pour un autre individu en particulier, et de telle façon que le tort n'est pas le résultat d'une déviation d'une menace existante ». A l’inverse, un scénario est « impersonnel » lorsque les critères cités auparavant ne sont pas remplis. Du point de vue de ces critères, le fait de pousser le levier est plus « impersonnel » que pousser la personne sous le train, car, dans ce cas, le mal n’est pas infligé directement, mais est le résultat de la déviation du train.

Forts de cette distinction, Greene et Haidt (2002) expliquent la différence de réactions entre les deux types de scénarios en terme de réactions émotionnelles : les scénarios personnels seraient jugés moins acceptables parce qu’ils évoqueraient des réactions émotionnelles plus fortes, en raison du caractère plus « direct » des violations morales qu’ils décrivent. Pour défendre cette théorie, ils s’appuient sur l'étude menée par Greene et al.

(2001). Dans cette étude les sujets devaient répondre à des dilemmes moraux personnels, à des dilemmes moraux impersonnels ou à des dilemmes non-moraux servant de contrôle tandis que leur activité était enregistrée par IRMf. Les aires cérébrales associées aux émotions telles que le gyrus frontal moyen, le gyrus cingulaire postérieur et les gyrus angulaires gauche et droit s'activaient plus lors d'un jugement moral impliquant des scénarios

« personnels » que dans le cas des scénarios « impersonnels » et non- moraux. Selon Greene et al. (2001), le fait de pousser directement la personne sous le train engendrerait une activité négative tellement importante que les participants décideraient de ne pas pousser la personne.

De ce fait, lorsque les aires de l’émotion sont impliquées, les personnes ont tendance à faire des jugements moins « utilitaristes », c’est-à-dire à trouver moins acceptable de sauver 5 personnes en n’en sacrifiant qu’1 (Greene, Nystrom, Engell, Darley, & Cohen, 2004).

(9)

Afin de déterminer dans quelle mesure les jugements moraux sont influencés par les réactions émotionnelles, et quelles sont les aires cérébrales impliquées dans l’élaboration affective du jugement moral, Koenig et al. (2007) ont travaillé avec deux différents types de patients. Ils ont comparé des patients souffrant de dommages bilatéraux au cortex préfrontal ventromédian, et par conséquent incapables de réagir à la valence émotionnelle d’un stimulus, avec des patients constituant un groupe contrôle car n’ayant aucun déficit émotionnel en raison de leurs lésions. Ayant soumis à ces patients les dilemmes moraux utilisés par Greene et al. (2001) ils ont observé que les patients ayant des lésions dans le cortex préfrontal ventromédian avaient significativement plus tendance à choisir de sacrifier une personne pour sauver le plus grand nombre. Cela suggère que les émotions jouent un rôle dans la condamnation morale, puisque, chez les participants du groupe contrôle chez qui l’émotion est impliquée dans le jugement moral, les personnes ont moins tendance à choisir de sacrifier 1 personne pour en sauver 5.

Néanmoins, les études sur les dilemmes moraux ne sont pas la seule raison de penser que les émotions sont une cause importante de nos jugements moraux : un autre argument en faveur de cette thèse peut être trouvé dans le fait qu'induire des émotions influencerait les jugements moraux.

Induire une émotion consiste à déclencher une émotion chez un participant à l'aide de stimuli. Il existe différentes techniques d’induction telles que les vidéos, l'odeur, les scénarios ou encore l'hypnose. Selon l’émotion que l’on souhaite induire, certaines méthodes fonctionnent mieux que d’autres. Par exemple, pour le dégoût, les méthodes privilégiées sont les odeurs et les films. Pour la joie et la tristesse, la méthode la plus utilisée consiste à demander aux participants de raconter un événement récent, joyeux ou triste, de leur vie.

Si les émotions jouent un rôle dans la formation des jugements moraux, alors nous pouvons nous attendre à ce qu’induire une émotion perturbe et modifie les jugements moraux des participants. Et c’est ce que nous observons dans un grand nombre d’études. Le cas le plus étudié est celui du dégoût qui, lorsqu’il est induit, tend à rendre plus sévères nos jugements moraux (Schnall, Haidt, Clore, & Hordan, 2008 ; Wheatley & Haidt, 2005).

Le tableau 1 récapitule l’ensemble des études testant l’influence de l’induction émotionnelle sur les jugements moraux, en spécifiant pour chaque étude, l’émotion induite, le type de scénario, la technique d’induction, et les résultats obtenus.

(10)

Auteurs Émotion Types de scénarios

Méthodes d’induction

Résultat

Valdesolo & De Steno (2006)

Hilarité Dilemmes moraux (personnel/

impersonnel)

vidéo Induire de l’hilarité entraîne une probabilité plus forte de choisir de pousser la personne sous le train pour sauver 5 personnes.

Wheatley &

Haidt (2005)

Dégoût Scénario moralement dégoûtants (Ex : cousins qui ont des relations sexuelles ensemble)

hypnose Induire du dégoût entraîne des jugements moraux plus sévères.

Schnall, Haidt, Clore, et Hordan (2008),

Expérience 1

Dégoût Scénario dégoûtant

odeur Induire du dégoût entraîne des jugements moraux plus sévères (dépend du niveau de sensibilité au dégoût de chaque participant).

Schnall, Haidt, Clore, et Hordan (2008),

Expérience 2

Dégoût Scénario dégoûtant

travailler dans une salle dégoûtante

Idem

Schnall, Haidt, Clore, et Hordan (2008),

Expérience 3

Dégoût Tristesse

Scénario dégoûtant

se rappeler une

expérience physique dégoûtante

Idem

Schnall, Haidt, Clore, et Hordan (2008),

Dégoût Tristesse

Scénario dégoûtant

vidéo Idem

(11)

Expérience 4 Strohminger, Lewis et Meyer

(2011)

Hilarité Elévation

1

Dilemmes moraux (personnel, impersonnel)

clip audio Induire de l'hilarité tend à rendre plus tolérant vis-à-vis des transgressions morales.

Induire de l’élévation rend au contraire les gens moins tolérants.

Ugazio, Lamm, et Singer

(2011), Expérience 1a

Dégoût Dilemmes moraux (personne/

impersonnel) Scénario dégoûtant Scénario

« croyance »2

odeur Induire de la colère rend les participants plus tolérants.

Induire du dégoût rend les participants moins tolérants.

Ugazio, Lamm, et Singer

(2011), Expérience 1b

Dégoût clip vidéo Idem

Ugazio, Lamm, et Singer

(2011), Expérience 2

Colère donner un

feedback négatif sur des

dissertatio ns

Idem

Seidel et Prinz (2013)

Colère Dégoût

Violations de l’éthique de l’autonomie

son, musique

Induire de la colère augmente la sévérité des jugements concernant des

1Terme forgé par Haidt (2000), l'élévation désigne une émotion positive, un sentiment de beauté suscité par des actions morales, et dirigé vers des personnes vertueuses.

2 Scénarios dans lesquels un agent viole une norme morale, mais sur la base de fausses croyances, et donc fait quelque chose de mal sans en avoir l’intention.

(12)

(par exemple :

tuer un

enfant) Violations de l’éthique de pureté (par exemple : manger de la chair

humaine)

crimes contre des personnes, comme par exemple un vol.

Induire du dégoût augmente la sévérité des jugements concernant des crimes contre la nature, comme par exemple un homme qui mange son chien déjà mort.

Inbar, Bloom, et Pizarro

(2012)

Dégoût Aucun odeur Induire du dégoût entraîne une augmentation des attitudes négatives implicites vis-à-vis d'un groupe social (homosexuel).

Lerner, Goldberg et Tetlock (1998)

Colère clip vidéo Induire de la colère entraine une augmentation de la tendance à attribuer des fautes à la personne jugée, même pour des fautes qu’elle n’a pas commise.

Tableau 1 :

Émotion induite, type de scénario, technique d'induction et résultats obtenus

Toutes ces études ont ainsi montré que l'induction permettait d’influencer le jugement moral des personnes, et que l’influence sur le jugement moral différait selon l’émotion induite.

Ces recherches soulignent l’importance des émotions dans la formation de nos jugements moraux. Cependant, on peut se demander si les émotions ont toutes le même effet sur le jugement moral ou si elles jouent des rôles différents. Les études citées suggèrent que seules certaines émotions influencent notre jugement moral (par exemple Schnall et al. 2008, ont observé qu’induire du dégoût, mais pas de la tristesse, rendait les jugements moraux des participants plus sévères).

(13)

Ugazio, Lamm, et Singer (2011) ont émis l’hypothèse que l’influence des émotions sur les jugements moraux dépendrait de leur dimension motivationnelle. Les auteurs ont testé l’effet de la colère et du dégoût, deux émotions de même valence (négative) mais avec des implications motivationnelles différentes (approche pour la colère contre évitement pour le dégoût). Les participants devaient ensuite répondre à quatre types de scénarios différents (dilemmes moraux personnels ou impersonnels, actes dégoûtant et actes basés sur une croyance fausse). Les résultats ont montré que la colère, associée avec une tendance à l’approche rendait les jugements moraux plus tolérants, tandis que le dégoût, associé à une tendance à l’évitement, les rendait moins tolérants.

2. Théorie

2.1 Le domaine moral est lié à certaines émotions

Les différentes émotions jouent-elles des rôles différents et lesquels ? Dans cette partie, nous allons présenter les différentes théories traitant des différents rôles joués par différentes émotions dans nos jugements moraux.

Shweder, Much, Mahapatra, et Park (1997), ont proposé une division du domaine moral en trois formes différentes d’éthiques sur lesquels les cultures s’appuient pour résoudre les problèmes liés à la morale. Il s’agit de l’éthique de la communauté, de l’éthique de l’autonomie et de l’éthique de la divinité, qui constituent ce qu’ils ont appelé les « Big Three of morality ». L’éthique de la communauté concerne le respect des principes de base d’une communauté comme la hiérarchie, le respect et le devoir envers les membres de son groupe, et concerne des violations comme le fait de brûler le drapeau national. L’éthique de l’autonomie concerne le respect des droits de chacun et de leur liberté individuelle et concerne des violations comme battre sa femme. Enfin, l’éthique de la divinité porte principalement sur le respect de sa propre pureté et sainteté, et concerne des violations comme l'inceste.

S’inspirant de cette théorie, Rozin, Lowery, Imada, et Haidt (1999) ont proposé une théorie devenue depuis lors très influente sous le nom de « CAD (Contempt, Anger, Disgust) triad hypothesis ». Ils reprennent les trois différentes formes d’éthique du domaine moral (autonomie, communauté et pureté) de Schweder et al. (1997) pour les associer à trois émotions (colère, mépris et dégoût), en associant une émotion précise à chaque éthique. Selon

(14)

eux, les violations de l’éthique de l’autonomie provoquent la colère, les violations de l’éthique de la communauté provoquent le mépris et les violations de l’éthique de la pureté entrainent le dégoût. Ils ont testé cette hypothèse au travers de plusieurs expériences, menées à la fois sur des étudiants américains et japonais, pour s’assurer de la validité interculturelle de leurs résultats. Dans la première expérience, il était demandé aux participants de lire des situations décrites en une ou deux phrases et de déterminer à l’aide de photographies quelle expression faciale ferait une personne assistant à la violation morale décrite dans le scénario, tandis que, dans la deuxième expérience, il leur était demandé de dire en un mot quelle émotion était susceptible de ressentir la même personne dans cette situation.

Les résultats de ces expériences suggèrent qu’il existe bien un lien entre les différentes formes d’éthique et les différentes émotions induites. Cependant, la délimitation entre chaque catégorie n’est pas toujours claire. De ce fait, quelques objections peuvent être faites vis-à-vis de cette hypothèse.

Tout d'abord les différentes formes de violations morales ne sont pas les mêmes en fonction des deux cultures choisies.

Imada, Yamada, et Haidt (1993) ont proposé à des participants japonais et américains de décrire trois événements dégoûtants que les chercheurs ont par la suite classés en huit catégories différentes, comme par exemple la nourriture, le sexe ou encore l'hygiène.

Qu’importe leur origine culturelle, chaque participant était capable de citer une grande variété d’événement. Néanmoins, dans cette étude, certains participants citaient des actes appartenant à l’éthique de l’autonomie comme dégoutant, comme le racisme dans le cas des participants américains. Or, le racisme ne relève pas de l’éthique de la pureté mais de l’éthique de l’autonomie. (Rozin, Haidt, & McCauley 2008).

Dans une étude interrogeant l’existence du dégoût « moral », Chapman, Kim, Susskind et Anderson (2009) se concentrent sur trois types de dégoût : gustatif, basique et moral en comparant leurs expressions faciales respectives. Les trois types de dégoût entraînent une élévation du muscle facial appelé levator labii qui est l'expression typique du dégoût (lèvre supérieur remonté et nez retroussé). Ce qu’il est important de souligner est que Chapman et al. (2009) ont observé cette expression lorsque les participants assistaient à un acte injuste. Ainsi, face à un acte qui appartient à l’éthique de l’autonomie, les participants ressentaient du dégoût.

(15)

Par conséquent, le dégoût en tant qu’émotion morale ne serait pas seulement lié à la violation de la divinité mais aussi à la violation de l'autonomie (Rozin, Lowery, & Ebert, 1994). En effet, Sherman, Haidt, et Coan (2007, cité par Rozin, Haidt, & McCauley, 2008) ont montré que lorsque des participants voyaient une vidéo d’Américain néo-nazi ils ressentaient à la fois du dégout mais aussi de la colère.

2.2 Les différents types de jugements moraux

Dans cette recherche nous allons donc proposer une autre hypothèse qui ne va pas différencier les émotions par le type de normes morales violées mais par le type de jugements moraux auxquelles elles sont liées.

En effet, il faut noter que, si de nombreuses recherches (cf tableau 1) ont étudié l’effet de l’induction d’émotions sur les jugements moraux, elles ont toute manqué de faire la distinction entre les différents types de jugements moraux qui peuvent exister.

La littérature en philosophie morale, quant à elle, distingue de nombreux types de jugements moraux. Tout d'abord ceux portant sur l’action (comme par exemple « c’est bien »), puis ceux portant sur les motivations (comme par exemple « il a de mauvaises intentions »), mais aussi ceux portant sur des traits de caractères (« il est cruel ») et enfin ceux portant sur l'agent pris en entier (« c’est un sale type »).

Au départ, les premières études en psychologie se sont intéressées à l’évaluation morale de l’acte, comme c’est le cas de Smart et Williams (1973, cité par Pizarro &

Tannebaum, 2011). Cependant, il faut aussi prendre en considération l’évaluation morale de la personne comme le font certaines théories psychologiques du blâme (Pizarro &

Tannenbaum, 2011).

Il faut donc faire la distinction entre d'un côté les jugements portant sur une personne, que Tannenbaum, Uhlmann et Diermeier (2011) définissent comme une évaluation morale globale, et de l'autre les jugements portant sur une action, qu'ils considèrent comme une estimation de l'acceptabilité ou de la permissibilité d'un comportement donné. Nous pouvons observer une dissociation entre les deux types de jugements. Ainsi, dans l’une de leurs études, lorsque les participants doivent juger l'action, ils trouvent que battre sa femme est plus mauvais que battre son chat. Cependant, lorsqu’ils jugent la personne, ils trouvent que quelqu'un qui bat son chat est plus mauvais que quelqu'un qui bat sa femme.

(16)

2.3 Les jugements moraux sur l’action et sur l’agent

Nous allons donc nous intéresser à ces deux types de jugements moraux, à savoir les jugements portant sur une action et les jugements portant sur un agent. Dans la littérature, des données suggèrent que ces deux types de jugements moraux suscitent des émotions différentes. Ainsi, la culpabilité semble être associée aux jugements que nous portons sur nos actions (nous nous sentons coupables pour ce que nous avons fait), tandis que la honte semble associée aux jugements que nous portons sur nous-mêmes (nous avons honte de ce que nous sommes) (Tangney, 1996). Pour le dire autrement : la honte est directement liée au soi alors que la culpabilité semble porter sur des comportements spécifiques (Teroni & Deonna, 2008).

Ainsi, la honte porterait sur un agent alors que la culpabilité porterait sur une action.

Cependant, honte et culpabilité sont des émotions en première personne, et nous allons ici essayer de transposer cette distinction à la troisième personne, en attribuant à la colère et au dégoût différents rôles dans le jugement moral.

La colère semble être une réaction face aux crimes commis contre des personnes tandis que le dégoût semble lié aux crimes contre la nature, comme par exemple le cannibalisme (Seidel & Prinz, 2013). De plus, le dégoût serait lié à la pureté morale et suscité plus pas les crimes qui vont à l’encontre la nature que par ceux qui vont à l’encontre de la justice (Horberg, Oveis, Keltner, & Cohen, 2009).

Par conséquent, la colère serait déclenchée par le fait que quelqu'un a fait quelque chose de mal, et donc par l'action commise, alors que le dégoût serait déclenché par la perception que quelqu'un est une mauvaise personne, et donc par la personne elle-même (Nichols, 2010).

La théorie pourrait se résumer de cette manière :

À la première personne : Culpabilité / Honte

Jugements sur l'action Jugements sur l’agent

À la troisième personne : Colère / Dégoût

(17)

Cette recherche permettra de déterminer le rôle respectif de chaque émotion dans la formation de nos jugements moraux et de mettre à l’épreuve la théorie que nous venons de présenter.

3. Hypothèse

Les émotions retenues pour nos études ont été le dégoût et la colère, car ce sont des émotions proches l’une de l’autre puisqu’elles ont toutes les deux une valence négative. Cependant, la colère est liée à un comportement d’approche tandis que le dégoût est lié à un comportement d’évitement.

La colère et le dégoût ont été choisis car ce sont des émotions faciles à induire. En effet, de nombreuses recherches ont utilisé le dégoût et la colère car il était plus facile de faire ressentir ces deux émotions aux participants.

Comme indiqué dans la section précédente, nous pensons que le dégoût est lié à l’évaluation de l’agent. De ce fait, nous pensons qu'induire du dégoût aura plus d'effet sur l'évaluation morale de l'agent que sur l'évaluation morale de l'action.

Pour la colère, à l’inverse, nous avons fait l’hypothèse qu’elle est liée à ce que fait une personne, aux actes qu’elle a commis. De ce fait, nous pensons qu’induire de la colère aura plus d'effet sur l'évaluation morale de l'action que sur l'évaluation de l'agent.

Les expériences présentées dans ce mémoire portent sur la première prédiction. Nous avons testé l'effet de l'induction du dégoût sur les différents types de jugements moraux, en prédisant une interaction entre le type d'émotion induit et le type de jugements moraux.

4. Expérience 1 : méthode 4.1 Participants

Soixante participants (51 femmes, 9 hommes, Mage = 21,4 ans, ETage = 3,01) ont été recrutés pour cette expérience. Tous étaient étudiants à l'Université de Genève en deuxième année de psychologie. Tous les participants ont donné leur consentement. Il n’y avait aucun critère d’exclusion. Les participants participaient en échange de crédits universitaires.

(18)

4.2 Matériel 4.2.1 Stimuli

Pour cette expérience, nous avions besoin de vidéos neutre et dégoûtante ainsi que de questions portant de façon distincte sur l’évaluation de l’agent et l’évaluation de l’acte. De ce fait, nous avons créé différents types de scénarios et de questions, puis les avons prétesté sur internet. 240 participants recrutés sur Amazon mechanical turk ont pris part au prétest.

4.2.2 Scénarios, questions et questionnaires

Chaque scénario utilisé dans cette étude existe en trois versions. Dans une première version, le personnage agit pour de mauvaises intentions et son action a de mauvaises conséquences.

Dans ce cas, nous nous attendions à ce que les participants condamnent l’agent et l’action.

Dans une deuxième version, l’agent agit pour des intentions neutres, mais son action a toujours de mauvaises conséquences. Dans ce cas, nous nous attendions à ce que les participants ne condamnent que l’action. Enfin, dans une dernière version, l’agent agit pour de mauvaises intentions mais les conséquences de son action sont neutres. Dans ce cas, nous nous attendions à ce que les participants ne condamnent que l’agent. En plus de ces scénarios, deux scénarios neutres servant de baseline et ayant déjà été validés dans d’autres études ont été ajoutées.

Un exemple de scénario

Version Mauvaises Intentions + Mauvaises Conséquences

Pierre est dans la rue et se dirige vers l’arrêt de bus. Il voit une vieille dame ouvrir son sac et décide de lui voler avant de partir en courant. Dans sa hâte il ne regarde pas autour de lui et fait tomber violemment à terre une jeune femme. La jeune femme se brise une jambe.

Version Intention Neutre + Mauvaises Conséquences

Pierre est dans la rue et se dirige vers l’arrêt de bus. Il voit le bus arriver au loin et se met donc à courir pour ne pas le rater. Dans sa hâte, il ne regarde pas autour de lui et fait tomber violemment à terre une jeune femme. La jeune femme se brise une jambe.

Version mauvaises intentions + conséquences neutres

Pierre est dans la rue et se dirige vers l’arrêt de bus. Il voit une vieille dame ouvrir son sac

(19)

et décide de lui voler. Il se met à courir à toute allure en direction de la vieille dame. Dans sa hâte il ne regarde pas autour de lui et trébuche puis tombe au sol. La vieille dame monte dans le bus, saine et sauve.

Un exemple de scénario neutre

Daniel est un étudiant en économie très impliqué dans la vie universitaire. Il a créé une association des étudiants en économie dans son université, et organise chaque semaine des réunions entre enseignants et étudiants, durant lesquelles ceux-ci peuvent discuter de divers sujets. Chaque semaine, Daniel propose un sujet de conversation, et il s'efforce de proposer des sujets de discussion qui conviennent et qui plaisent à la fois aux enseignants et aux étudiants.

Tableau 2 Exemples de scénarios

Chaque participant recevait une seule version de chaque scénario (déterminé aléatoirement) ainsi que les deux scénarios neutres. Après chaque scénario, le participant devait répondre à une série de questions. Les questions se divisaient en trois catégories.

Des questions d’ordre général :

- A quel point [prénom de l’agent] mérite-t-il d’être blâmé ? - A quel point [prénom de l’agent] mérite-t-il d’être puni ? Des questions portant sur le caractère de l’agent :

- Est-ce que [prénom de l’agent] est quelqu’un de bien ? - Est-ce que [prénom de l’agent] est quelqu’un de gentil ?

- A quel point les intentions de [prénom de l’agent] étaient-elles bonnes ?

Des questions portant sur les conséquences de l’action et sur la responsabilité de l’agent :

- Est-ce que [prénom de l’agent] a fait du tort à quelqu’un d'autre que lui?

- Est-ce que [prénom de l’agent] a nui à quelqu'un d'autre que lui ?

- A quel point [prénom de l’agent] est-il responsable d’avoir fait du mal à quelqu’un d’autre que lui ?

Pour chaque question, les participants répondaient sur une échelle allant de 1 (pas du tout) à 9

(20)

(énormément).

4.2.3 vidéo

Pour réaliser l’induction d’émotion, une vidéo neutre et une vidéo dégoûtante ont été sélectionnées. Pour la vidéo dégoûtante, il était important que les personnes ressentent seulement du dégoût et non de la souffrance. La vidéo de dégoût que nous avons retenue était un extrait du film « trainspotting » (1996) déjà utilisé dans d’autres expériences et proposé par Schaefer, Nils, Sanchez et Philippot (2010) sur internet. Quant à la vidéo neutre choisie, il s’agit d’un homme en train de tondre la pelouse.

Afin d'avoir le même temps de présentation pour chaque vidéo, elles ont été coupées à une minute et six secondes.

4.3 Protocole

On commençait par expliquer aux participants qu’ils allaient devoir évaluer des stimuli émotionnels et moraux qui seraient utilisés pour une autre expérience. L'expérience se passait dans un laboratoire car nous avions besoin d'un ordinateur pour montrer les vidéos. Le reste de l'expérience se faisait sur questionnaire papier.

Le participant arrivait dans le laboratoire et s’installait devant un ordinateur. Nous lui demandions ensuite de lire et de remplir le formulaire de consentement. Le participant devait ensuite remplir un questionnaire comportant les questions démographique d’usage (leur âge et leur sexe) ainsi qu’un rapide test de personnalité en 10 questions (une version courte du

« Big Five »)3.

Juste avant de regarder la vidéo, les participants remplissaient un questionnaire sur leur état émotionnel actuel. Ils le remplissaient une seconde fois juste après afin de vérifier que le visionnage de la vidéo avait bien induit l’émotion désirée. Le questionnaire demandait aux participants d’évaluer sur une échelle de 0 (pas du tout) à 9 (énormément) à quel point il ressentait chacune des émotions suivantes : la colère, le dégoût, la joie, et enfin la tristesse.

Finalement, après avoir vu la vidéo et répondu à la seconde version du questionnaire,

3 Certains traits de personnalité (par exemple, l’extraversion) sont liés à la capacité des personnes à gérer leurs émotions. Nous pensions donc qu’il était intéressant d’avoir une mesure de ces traits, afin de voir si l’effet de l’induction était plus important chez les participants moins capables de gérer leurs émotions. Cependant, étant donné l’absence d’effet, nous n’avons pas utilisé ces mesures par la suite.

(21)

le participant était mené dans une autre salle pour y lire les 8 scénarios et répondre aux questions correspondantes.

Chaque participant était testé individuellement et était assigné de manière aléatoire à une des deux conditions (vidéo neutre ou dégoûtante).

5. Résultats expérience 1

5.1 Vérification de l’effet de la manipulation

Nous avons commencé par vérifier si nos vidéos avaient eu l’effet escompté et induit l’émotion désirée. Pour chaque vidéo (neutre et dégoutante), nous avons comparé les réponses des participants aux questions sur leurs états émotionnels avant et après visionnage de la vidéo.

Vidéo Neutre Vidéo Dégoutante Colère N = 30, t = -1.58, df = 29, p > .05 N = 30, t = 0.50, df = 29, p > .05 Dégoût Mavant : 0,63 / Maprès : 6,67 N = 30, t = -1.49, df = 29, p > .05 N = 30, t = 11.66, df = 29, p < .05 Joie Mavant : 5,53 / Maprès : 4,33 Mavant : 5,07 / Maprès : 3,33

N = 30, t = -2.92, df = 29, p < .05 N = 30, t = -4.56, df = 29, p < .05 Tristesse N = 30, t = -2.47, df = 29, p < .05 N = 30, t = 0.13, df = 29, p > .05

Tableau 3 Indique pour chaque vidéo et chaque émotion le résultat d’un test de Student apparié ainsi que les moyennes du dégoût pour la vidéo dégoûtante et de la joie.

Avec le tableau 3, nous avons remarqué que, pour les deux vidéos (neutre et dégoutante), les participants ont une moyenne de joie assez élevé tant avant qu’après l’induction. Toutefois, les sujets sont moins joyeux après qu’avant l’induction.

5.2 Effet de l’induction sur les jugements « moraux généraux »

(22)

Nous avons effectué une première Analyse de variance (ANOVA) à mesures répétées sur les jugements moraux généraux, c’est-à-dire sur les questions d’ordre général portant sur le blâme et la punition.

Par rapport au blâme :

Source DDl Somme des carrées Carré moyen Test-F p-valeur Blâme 1 1.09 1.8708 0.1847 0.6675 Résidus 475 4810.5 10.1274

Tableau 4. Il n’y a aucun effet significatif pour la question sur le blâme (p >.05) Par rapport à la punition :

Source DDl Somme des carrées Carré moyen Test-F p-valeur Blâme 1 1.04 1.3918 0.1336 0.7149 Résidus 476 4958.9 10.4179

Tableau 5. Pour la punition il n’y a aucun effet significatif (p > .05) 5.3 Effet de l’induction sur les jugements moraux « locaux »

Pour les trois questions portant sur le caractère de l’agent, nous les avons agrégé afin de les rassembler en une seule variable appelée « a » et nous avons réalisé la même opération pour les trois questions portant sur les conséquences de l’action et sur la responsabilité de l’agent que nous avons agrégé en une seule variable « c ». Puis, nous avons dû modifier l’échelle de la variable « a » en la soustrayant à 10 car elle était inversée par rapport à la variable « c ».

Finalement, « a » et « c » sont devenues une seule et même variable « v », chaque participant ayant pour chaque scénario deux points de données en « v » : un pour les questions portant sur l’agent et un pour les questions portant sur l’action. Le type de questions a été traité comme un facteur à deux niveaux.

Toutes nos données ont été traitées avec un seul modèle d’analyse, il s’agit de l’Analyse de variance (ANOVA) à mesures répétées. Nous avons utilisé cette analyse car

(23)

nous pouvions tester nos hypothèses d’interactions entre nos variables, le seuil a été fixé à 0.05.

Une première analyse de variance à mesures répétées selon le plan 2 x 2 (vidéo [neutre, dégoût] x (question [agent, action]) a été effectuée en prenant « v » comme variable dépendante a été effectuée.

Source DDl Somme des carrées Carré moyen Test-F p-valeur vidéo 1 0 .0 0.030 0.0034 0.95370 question 1 35.0 34.959 3.9523 0.04709*

vidéo x 1 3.2 3.156 0.3568 0.55041 question

Résidus 954 8438.3 8.845 Note : p<.05‘.’, p<.01‘*’, p<.001 ‘’

Tableau 6. Nous pouvons voir qu’il y a un effet du type de question F(1,954) = 3.95, p < .01 En revanche, nous pouvons remarquer qu’il n’y a pas d’effet de la vidéo ni d’interaction entre la vidéo et le type de question (p > .05).

6. Discussion expérience 1

Notre objectif était de déterminer le rôle du dégoût dans la formation de nos jugements moraux. Nous avions émis l’hypothèse que le dégoût influencerait de manière spécifique les jugements portant sur l’agent et nous avons fait cette expérience dans le but d’observer une interaction entre le type de vidéo utilisé et le type de questions posées.

Nous n’avons pas obtenu de résultats significatifs et nous avons donc décidé de faire une seconde expérience.

Pour cette deuxième expérience, nous nous sommes interrogés sur les raisons du manque de résultats dans notre première expérience. Nous en sommes arrivés à la conclusion que les différents scénarios utilisés n’étaient peut-être pas assez ambigus. Un scénario est

« ambigu » quand il requiert une réflexion de la part du participant, qui est incapable de décider immédiatement si ce que le personnage a fait est bien ou mal. Dans l’étude d’Ugazio, Lamm, et Singer (2011), qui testent différents scénarios tels que les dilemmes moraux, les scénarios dégoutants et les scénarios « croyances », les résultats suggèrent qu’il n’y a un effet

(24)

de l’induction que pour les scénarios dégoutants et les dilemmes moraux, c’est-à-dire des scénarios provoquant des conflits entre diverses considérations.

Nous avons donc décidé de rajouter des dilemmes moraux ayant déjà été validé ainsi que d’autres scénarios moralement dégoutants.

De plus, étant donné que pour des raisons techniques, nous avons dû dans un premier temps faire regarder les participants la vidéo dans une salle puis les changer de salle afin qu’ils répondent aux questionnaires, nous nous sommes demandés si l’effet de l’induction n’avait pas été estompé par cette coupure entre les deux tâches. Nous avons donc décidé de faire passer la deuxième expérience dans la même salle et afin d’amplifier et de consolider l’effet de l’induction, nous avons rajouté des questions portant sur la vidéo qui forceraient les participants à se remémorer ce qu’ils venaient de voir.

En ce qui concerne les vidéos, nous avons gardé les mêmes car le but n’était pas de tout changer mais d’apporter des modifications à partir de la première expérience.

De plus, à la fin de chaque scénario des questions sur la complexité du scénario ont été posées afin de vérifier que les scénarios n’étaient pas trop simples d’un point de vue moral.

7. Expérience 2 : méthode

7.1 Participants

36 participants ont été recrutés à l’université de Genève. L’expérience était rémunérée 10CHF.

7.2 Matériel 7.2.1 Stimuli 7.2.2 Vidéo

Les vidéos de la première expérience ont été conservées (extrait de Trainspotting pour la vidéo dégoutante et vidéo d’un homme qui tond la pelouse pour la vidéo neutre).

(25)

7.2.3 Scénario, questions, questionnaires

La procédure était semblable à celle de notre première expérience, à quelques différences près. Ainsi, après avoir vu la vidéo, les participants devaient résumer en quelques lignes le contenu de la vidéo qu’ils venaient de voir et aussi décrire l’événement qui les avait le plus marqué dans cette vidéo, tout cela dans le but que les participants regardent bien la vidéo et qu’ils se la remémorent, améliorant ainsi l’effet de l’induction.

Se basant sur l’étude d’Ugazio, Lamm, et Singer (2011), nous avons aussi rajouté des scénarios moralement dégoutants ainsi que des dilemmes moraux, puisqu’ils avaient trouvé un effet de l’induction pour ces scénarios.

Voici un exemple de dilemme moral rajouté :

« Dans un pays en Guerre, Claire vit avec ses deux enfants, âgés de 5 et 8 ans, dans un territoire occupé par l’ennemi. Au quartier général ennemi se trouve un docteur qui réalise sur les prisonniers de guerre des expériences extrêmement douloureuse qui se soldent inévitablement par la mort du sujet. Un jour, il annonce à Claire qu’il a l’intention de réaliser une de ces expériences sur l’un de ses enfants. Elle a 24 heures pour choisir lequel des deux subira l’expérience, sans quoi il prendrait les deux et leur fera passer à tous les deux son expérience. Après une nuit de doute et pour sauver au moins un de ses enfants, Claire livre son enfant le plus jeune au docteur ».

Nous avons aussi repris des scénarios moralement dégoutant proposé par Haidt (2001) à des étudiants comme cet exemple qui suit :

« Julie et Marc sont frère et sœur et tous deux sont à l’université. Pendant, leurs vacances d’été, ils décident d’aller visiter ensemble les plus belles régions d’Italie. Une nuit, alors qu’ils sont ensemble dans une cabane près de la plage, ils se disent que ce serait drôle et intéressant de faire l’amour ensemble. Au pire, ça sera une expérience inédite. Julie prend déjà la pilule, mais juste pour être certain, Marc décide d’utiliser aussi un préservatif. Ils prennent tous les deux beaucoup de plaisir à faire l’amour, mais décident de ne jamais recommencer. Ils font de cette nuit leur grand secret, un secret qui les fait se sentir encore plus proches l’un de l’autre qu’auparavant ».

(26)

Et enfin deux scénarios servant de baseline mis au tout début afin d’ancrer les réponses des participants ont été ajoutés, comme par exemple :

« Daniel est un étudiant en économie très impliqué dans la vie universitaire. Il a créé une association des étudiants en économie dans son université, et organise chaque semaine des réunions entre enseignants et étudiants, durant lesquelles ceux-ci peuvent discuter de divers sujets. Chaque semaine, Daniel propose un sujet de conversation, et il s’efforce de proposer des sujets de discussion qui conviennent et plaisent à la fois aux enseignants et aux étudiants ».

Les questions d’ordre général, les questions sur l’agent ainsi que les questions sur l’action ont été gardées, seul deux questions ont été rajoutées afin de tester l’ambiguïté des scénarios ainsi que la certitude des participants quant à leurs réponses. Il s’agit de :

-A quel point êtes-vous certains de vos réponses aux questions précédentes ? -Avez-vous rencontré des difficultés à répondre aux questions précédentes ?

Nous avons aussi conservé le questionnaire sur l’état émotionnel des participants, mais le donnions cette fois-ci toute à la fin de l’expérience, dans le but de vérifier l’influence de nos scénarios.

7.3 Protocole

Le participant s'installe devant l'ordinateur, nous lui apportons la feuille de consentement afin d’avoir son accord pour la recherche. Nous lui expliquons à l’oral qu’il va voir une vidéo assez courte et qu’il aura par la suite à répondre à des questions sur la vidéo ainsi qu'à évaluer des stimuli émotionnels et moraux. Le questionnaire avec les scénarios est posé face cachée sur le bureau afin qu'une fois la vidéo terminée le participant commence immédiatement à répondre aux deux questions sur la vidéo. Ensuite, il lit les scénarios (8 au total) et répond aux questions. A la fin le participant répond au questionnaire sur les émotions.

(27)

8. Résultats expérience 2

8.1 Vérification de l’effet de la manipulation

Dans cette expérience, nous ne pouvons pas faire une comparaison entre avant et après car nous avons fait passer le questionnaire sur les émotions qu’une seule fois. Nous avons donc fait une comparaison entre la vidéo neutre et la vidéo dégoutante.

Vidéo Neutre / Dégoutante

Colère Mneutre : 0.94 / Mdégoût : 1.27

N = 18, t = 0.58, df = 34, p > .05

Dégoût Mneutre : 3.05 / Mdégoût : 4.61

N = 18, t = 1.59, df = 34, p > .05

Joie Mneutre : 2.72 / Mdégoût : 4.11

N = 18, t = 1.72, df = 34, p > .05

Tristesse Mneutre : 2.05 / Mdégoût : 1.72

N = 18, t = -0.43, df = 34, p > .05

Tableau 7 Comparaison entre la vidéo neutre et la vidéo dégoutante avec un test de student et les moyennes.

Avec le tableau 7 nous pouvons remarquer que la moyenne concernant le dégoût est assez forte dans nos deux conditions de vidéos. Les scénarios ont certainement eu un rôle, cependant, les participants ont plus ressenti du dégoût avec la vidéo dégoutante qu’avec la vidéo neutre.

8.2 Vérification de l’ambiguïté et de la difficulté des scénarios

Nous avons vérifié l’ambigüité des scénarios au moyen de la question concernant la certitude des participants.

NM (scénarios expérience 1) D (dilemmes)

P (dégoutants)

-2.423611 -0.79 -1.690972

(28)

Etant donné que les dilemmes moraux sont proches de 0 (-.79), ils sont très ambigus tandis que les scénarios de l’expérience 1 ne l’étaient pas du tout (-2,42).

Nous avons vérifié la difficulté des scénarios grâce à la question sur la difficulté, il n’y a pas d’effet F(3,280) = 1.35, p > .05

Source DDl Somme des carrées Carré moyen Test-F p-valeur Type scénario 3 13.06 4.3534 1.3538 0.2573 Résidus 280 900.42 3.2158

Tableau 9 Vérification de la difficulté des scénarios

8.3 Effet de l’induction sur les jugements moraux « généraux »

Par rapport à la première question portant sur le blâme, nous avons fait une analyse de variance à mesures répétées sur les réponses de la question du blâme.

Source DDl Somme des carrées Carré moyen Test-F p-valeur Blâme 1 2.07 2.0728 0.2777 0.5988 Résidus 213 1589.94 7.4645

Tableau 10 Il n’y a aucun effet significatif pour la question portant sur le blâme.

Nous avons refait la même analyse pour les réponses à la question portant sur la punition.

Source Punition Résidus

Ddl 1 213

Somme des carrées 3.44

1203.16

Carré moyen 3.4363 5.6486

Test-F 0.6083

p-valeur 0.4363

Tableau 11 Il n’y a aucun effet significatif pour la question portant sur la punition.

8.4 Effet de l’induction sur les jugements moraux « locaux »

Tout comme pour la première expérience, afin de pouvoir analyser nos résultats, nous avons additionné les trois questions portant sur le caractère de l’agent ce qui nous a permis d’avoir la somme d’une seule variable appelée « a » pour pouvoir ensuite faire la moyenne. Ensuite,

(29)

nous avons réalisé la même opération pour les trois questions portant sur les conséquences de l’action et sur la responsabilité de l’agent que nous avons nommé « c ». Puis, nous avons dû modifier l’échelle de la variable « a » en la soustrayant à 10 car elle était inversée par rapport à la variable « c ». ». Et enfin, nous avons recrée une variable « v » qui intègre les variables

« a » et « c ».

Puis nous avons effectué une analyse de variance (ANOVA) avec comme facteurs les vidéos et les types de questions.

Source Ddl Somme des carrées Carré moyen Test-F p-valeur question 1 1.8 1.7996 0.2391 0.62512 Vidéo 1 16.8 16.8356 2.2367 0.13551 Quest : vidéo 1 30.7 30.6720 4.0749 0.04415*

Résidus 426 3206.5 7.5271 Note : p<.05‘.’, p<.01‘*’, p<.001 ‘’

Tableau 12 Il n’y a pas d’effet significatif du facteur vidéo, ni du facteur type de question mais par contre nous pouvons observer un effet significatif d’interaction entre le facteur type de question et le facteur vidéo (p < .05)

Afin de comprendre la source de cette interaction, nous avons effectué une moyenne des trois questions portant sur le caractère de l’agent (« a ») et des trois questions portant sur les conséquences de l’action (« c »).

a = Questions sur le caractère de l’agent

c = Questions sur les conséquences de l’action

Neutre 5.12 5.43

Dégoût 5.23 4.49

Tableau 13. Il s’agit d’un tableau de moyennes

Nous pouvons remarquer que le dégoût augmente plus la sévérité des jugements portant sur l’agent que sur l’action.

(30)

Nous avons effectué une analyse de variance à trois facteurs (vidéo x type de questions x types de scénarios) afin de vérifier s’il y avait une interaction.

Source Ddl Somme des carrées Carré moyen Test-F p-valeur question 1 1.8 1.7996 0.3484 0.55534 vidéo 1 16.84 16.8356 3.2593 0.07173 question : vidéo 1 30.67 30.6720 5.9380 0.01523 * question : scénario 1 21.44 21.4404 4.1508 0.04224 * vidéo:scénario 1 0.13 0.1349 0.0261 0.87168 quest:vidéo:scén 1 0.39 0.3920 0.0759 0.78309 Résidus 420 2169.44 5.1653

Note : p<.05‘.’, p<.01‘*’, p<.001 ‘’

Tableau 14. Il n’y a pas d’interaction triple entre le type de scénarios et le type de questions et le facteur « vidéo ».Cependant, il y a une interaction entre le facteur « vidéo» et le facteur

« type de scénarios » et le facteur « type de question » et le facteur « type de scénarios ».

9. Discussion

L’objectif de cette étude était de déterminer le rôle du dégoût dans la formation de nos jugements moraux.

Nous avions émis l’hypothèse que le dégoût serait lié aux jugements portant sur un agent et que la colère serait liée aux jugements portant sur une action.

Dans notre deuxième expérience, nous n’avons trouvé aucun résultat significatif sur les questions d’ordres générales, pas contre nous avons trouvé une interaction entre le type d'émotion induit et le type de jugements moraux demandés. Nous avons l’interaction que nous avions prédite car le dégoût augmente plus la sévérité des jugements portant sur l’agent que celle des jugements sur l’action. Cependant, il faut noter que si nous comparons avec la vidéo neutre, nous pouvons remarquer que le dégoût à diminuer la sévérité des jugements sur l’action

(31)

10. Conclusion générale

Nous avions fait une première expérience qui n’avait donné aucun résultat significatif, nous avons donc décidé de modifier les scénarios car nous pensions qu’il s’agissait surement de la raison du manque de résultats significatifs. Grâce à notre deuxième recherche, nous avons trouvé que le dégoût augmente plus la sévérité des jugements portant sur l’agent que celle des jugements sur l’action. Cette interaction va dans le sens que nous avions prédit puisque nous pensions qu’induire du dégoût aura plus d'effet sur l'évaluation morale de l'agent que sur l'évaluation morale de l'action. Toutefois, ce n’est pas exactement ce à quoi nous nous attendions, puisque lorsque nous comparons les deux vidéos, la sévérité des jugements sur l’action a plus diminué pour l’induction du dégoût tandis que les jugements sur l’agent sont à peu près les mêmes. En se basant sur différentes études (Schnall, Haidt, Clore,

& Hordan, 2008 ; Wheatley & Haidt, 2005) qui ont démontré que lorsque le dégoût est induit, celui-ci tend à rendre plus sévères nos jugements moraux, nos résultats sont difficiles à expliquer puisque les jugements moraux portant sur l’agent et sur l’action avec la vidéo neutre sont eux aussi élevés. Par conséquent, il faudrait chercher pour quelles raisons les participants avaient des jugements moraux sévères dans la condition neutre et je n’ai pu trouvé d’hypothèse permettant de le faire.

Cependant, cette recherche comprend certaines limites. Tout d’abord, étant donné le nombre de participants très petit, il faudrait refaire l’expérience avec un nombre plus important.

Pour la première expérience, les étudiants venaient en échange de crédits universitaire, ils étaient donc « forcés » à faire des expériences, et il est possible qu’ils n’étaient pas assez concentrés pour répondre aux différentes questions. En effet, il faut noter que pour la deuxième expérience, les étudiants étaient payés et, de ce fait, probablement plus motivés à faire l’expérience sérieusement.

Il serait peut-être aussi nécessaire de modifier les vidéos, et cela pour deux raisons.

Tout d’abord car le passage que nous avions pour la vidéo dégoutante n’était que d’une minute et six secondes, et même s’il y a eu un effet de l’induction, il faudrait savoir exactement quel est le meilleur temps à choisir pour l’induction d’une émotion avec une

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vidéo. Mais aussi parce que la vidéo dégoutante a provoqué comme émotion non seulement le dégoût (M = 4.61) mais aussi de la joie (M = 4.11) et même si les participants sont plus dégoutés que joyeux, il est préférable que les participants ne ressentent que l’émotion de dégoût. Une piste intéressante serait de changer la technique d’induction et de ne pas prendre une vidéo, mais une odeur dégoutante (et pas d’odeur pour la condition neutre) dans une prochaine expérience. En effet, l’odeur provoquerait seulement le dégoût, et nous n’aurions plus d’autres émotions qui viendraient modifier les résultats de notre expérience.

De plus, nous avons vu que nos questions portant sur le blâme et la punition n’ont pas donné de résultats significatifs, il faudrait donc en trouver des nouvelles afin de voir s’il n’y a vraiment pas d’effet ou si ce sont nos questions qui n’allaient pas.

Et enfin, pour ce qui est des scénarios que nous avions dans notre deuxième expérience, il serait intéressant de tous les tester afin de comprendre pourquoi certains ont eu un effet et d’autres pas.

En conclusion, il faudra dans l’avenir, tester notre deuxième hypothèse qui porte sur la colère car nous n’avons pas pu le faire. Nous avions choisi de réaliser nos deux hypothèses séparément, car comme nous l’avons montré dans ce mémoire, il existe différentes techniques d’induction et, selon les émotions, certaines techniques n’ont aucun effet. Pour la colère, des techniques d’inductions appropriées consisteraient soit à donner un feedback négatif aux participants qui viennent de remplir des questionnaires, soit à utiliser des sons agaçants.

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