HAL Id: jpa-00207424
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Submitted on 1 Jan 1973
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Thermodiffusion et convection dans les mélanges dilués 4He dans 3He liquide. I. Étude expérimentale
H. Dandache, J.P. Laheurte
To cite this version:
H. Dandache, J.P. Laheurte. Thermodiffusion et convection dans les mélanges dilués 4He dans 3He liquide. I. Étude expérimentale. Journal de Physique, 1973, 34 (7), pp.635-642.
�10.1051/jphys:01973003407063500�. �jpa-00207424�
THERMODIFFUSION ET CONVECTION DANS LES MÉLANGES DILUÉS 4He
DANS 3He LIQUIDE. I. ÉTUDE EXPÉRIMENTALE
H. DANDACHE
(*)
et J. P. LAHEURTECentre de Recherches sur les Très Basses
Températures, CNRS,
BP n°166,
38042Grenoble-Cédex,
France(Reçu
le 15 décembre1972,
révisé le 12février 1973)
Résumé. 2014 Une étude
expérimentale
desgradients
de concentrationprovoqués
par un flux de chaleur a été effectuée dans deuxmélanges isotopiques liquides
dilués en 4He. Les variations de concentration sont détectées par mesure de la constantediélectrique,
les deuxisotopes
occupantun volume différent. Dans des conditions
expérimentales habituelles,
nous avons montré que l’influence du flux de chaleur peut êtreimportante.
Ledéséquilibre
de concentration est alors unélément
perturbateur
dans les mesures sur ces solutions. Dans unrégime d’instabilité,
nous avonsmesuré le rapport de thermodiffusion effectif. Il est
négatif,
cequi indique
quel’isotope
leplus
lourd
(4He)
est transféré vers lesrégions
chaudes duliquide.
Desperspectives
très intéressantes sont ouvertes à ce type de mesure dans lesmélanges
d’hélium.Abstract. 2014 We present measurements of concentration
gradients
due to heat flow in two diluteliquid
mixtures of 4He in 3He.Changes
in concentration were observedby measuring
the dielectric constant ; the volumesoccupied by
the twoisotopes being
different. We have shown that in usualexperiments
the effects of heat flow may beimportant
and disturbs the measurements. In the in-stability
range we measure the effective thermal diffusion ratio. Itsnegative
value means that theheavier
isotope (4He)
is transfered towards the hot end of theliquid.
Furtherexperimentation
ofthe thermal diffusion ratio should be undertaken in helium mixtures.
Classification Physics Abstracts
14.95
1. Introduction. - La
présence
d’un flux de chaleur dans lesmélanges isotopiques
d’héliumliquide peut perturber
assez sérieusement les solutionshomogènes.
Roberts et
Sydoriak [1]
ont lespremiers suggéré
que des flux de chaleursusceptibles
de provoquer une ébullition locale entraînaient desgradients
de concen-tration
importants
dans leliquide. 3He
est transférésous forme de bulles de vapeur des zones les
plus
chaudes vers les
parties
froides ou la surface libre duliquide.
Des mesures récentes[2]
destinées à déterminerla
température
de transitionsuperfluide
dansquelques mélanges
concentrés en3He
ontprouvé l’importance
de ce
phénomène.
Enprésence
de flux de chaleur pro-voquant
une ébullition locale les variations de concen-tration
peuvent
atteindre par endroit7 %
à 10%.
Lorsque
le flux de chaleur est insuffisant pour pro- voquer l’ébullitionlocale,
il subsistecependant
unediffusion des
isotopes
due à laprésence
d’ungradient
de
température (effet Soret).
Cette diffusion est res-ponsable
d’ungradient
de concentration dans lemélange liquide.
G. Ahlers[3]
aconstaté,
en étudiantla transition
superfluide,
par mesure de la conductibilitéthermique
dans unmélange
contenant15 % 3He,
quece
gradient
de concentration amène unélargissement
de la transition. Il observe que la transition s’effectue dans un intervalle de
température AT,
au lieud’appa-
raître à une
température
bien déterminéeT;.,.
Il est doncfondamental dans toutes les mesures sur les
mélanges
d’hélium de connaître
l’importance
de cephénomène perturbateur.
Dans les solutions
superfluides
diluées en3He,
I. M. Khalatnikov et V. N. Zharkov
[4]
ont calculéles coefficients de
transport.
Ils ont enparticulier
pu établir que pour des solutions diluées(dans
le cadredu modèle à 2 fluides pour
4He)
legradient
detempé-
rature OT est
responsable
d’ungradient
de concen-tration
dx3
à unetempérature
T :avec
X3 est la
concentration
molaire3He,
m3 est la massede l’atome
3He, k
la constante de Boltzmann ets
l’entropie
par unité de massede 4He.
(*) Boursier du Centre National de la Recherche Scientifique libanais.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01973003407063500
636
Les mesures de G. Ahlers
[3]
sont décrites de manière satisfaisante en utilisant la valeur de l’ déterminée àpartir
de la relation(2).
Par
ailleurs,
T. P. Ptukha[5]
a pu, pour des solutionssuperfluides
très diluées en3He,
vérifier lesprévisions théoriques
en mesurant la conductibilitéthermique
effective.
Dans les
mélanges liquides
dilués4He
dans3He,
lasituation est tout à fait différente
puisque
ces solutionsne sont pas
superfluides.
Zharkov et Silin[6]
ontcherché à évaluer les coefficients de
transport
dans ces solutions en considérant4He
comme un gaz dequasi- particules
dans unliquide
de Fermi. Cettedescription
semble d’ailleurs
justifiée puisqu’elle permet d’expliquer
des
propriétés d’équilibre
de cesmélanges [7]-[8].
Dans leurs
calculs,
Zharkov et Silin[6]
ont été amenésà effectuer certaines
approximations qui
ont été par la suite contestées parLeggett
et Ter Haar[9].
Dansleur étude
théorique
despropriétés
detransport,
H.Dandache,
J. P. Laheurte et M.Papoular [10]
ontdiscuté les différentes
approximations
effectuées suc-cessivement par Zharkov et Silin
[7],
etLeggett
etTer Haar
[9],
et ont établi la variation des coefficients detransport
avec latempérature.
Il n’existe malheu- reusement pas de résultatsexpérimentaux
sur les pro-priétés
detransport
dans ces solutionsqui permettent
de vérifier lesprévisions théoriques.
Aussi pour établir l’influence d’un
gradient
detempérature
en tantqu’élément perturbateur
dans lesmesures sur les
mélanges
dilués en4He
et éventuelle- mentapporter
des informations sur lespropriétés
detransport
de cessolutions,
nous avons mesuré la diffusion desisotopes
enprésence
d’ungradient
OT.Dans la seconde
section,
nous décrivonsl’appareil expérimental
et la méthode de mesure. Cettetechnique originale
utilise le fait que les volumes moyens effectifsoccupés
par les deuxisotopes
dans leliquide
sontdifférents. Elle nous
permet
d’obtenir legradient
deconcentration en fonction du
gradient
detempérature.
Dans la troisième
section,
nousprésentons
lespremiers
résultats obtenus pour deuxmélanges
diluésen
4He
et discutons les différents mécanismes respon- sables desgradients
de concentration observés.Enfin dans la
conclusion,
nous discutons les amé- liorationspossibles
etperspectives
pour cetype
demesure.
2.
Techniques expérimentales.
- Nous cherchons à mesurer simultanément legradient
detempérature
etle
gradient
de concentration dans l’état stationnaire.La
technique
habituellement utilisée dans lesliquides [11 ] consiste
àprélever
des échantillons auxpoints
leplus
chaud et leplus
froid et à mesurer leurs concen-trations
respectives.
Cette méthode est difficilementapplicable
dans lesmélanges isotopiques
d’hélium. Ilfaut en effet refroidir ces solutions dans une gamme de
température ri
1 K. Nous avons donc été amenés à utiliser une méthodeoriginale
pour mesurer les gra-dients de concentration
provoqués
par un flux de chaleur.2.1 APPAREIL
CRYOGÉNIQUE
ET MESURE DE TEMPÉ-RATURE. -
L’appareil cryogénique permettant
de refroidir lesmélanges isotopiques
d’hélium est sché-matisé
figure
1. La réduction de lapression,
par pom- page successivement au-dessus d’un bain de 6 14He liquide puis
d’un réservoir(1)
contenant 20cm3 4He liquide,
abaisse latempérature
à1,2
Kpuis £i 0,9
K.La
partie supérieure
duporte-échantillon (Fig. 1)
esten contact
thermique
avec le réservoir(2) 3He liquide.
La
partie
inférieure de ceporte-échantillon
danslequel
est condensé le
mélange
à étudier est par contre en contactthermique
avec un selparamagnétique
d’alunde fer ammonium.
FIG. 1. - Appareil cryogénique.
Le pompage du gaz au-dessus de
3He liquide 1,2 cm3) permet
d’atteindre unetempérature
£i 0,3
K. La désaimantationadiabatique
du sel para-magnétique,
initialementplacé
dans unchamp magnétique
de 20kOe, produit
par une bobine supra-conductrice, peut
réduire latempérature
de0,9
Kà
0,2
K. Nousdisposons
ainsi de deuxréfrigérateurs.
En utilisant l’un ou l’autre de ces
réfrigérateurs,
nousmodifions la
position
dupoint
leplus
froid dans leliquide,
couchesupérieure
ou couche inférieure duliquide.
Deux résistances de carbone
RI
etR2 (220
DSpeer)
sont fixées sur les
plaques
de cuivrequi
constituent lesparties supérieures
et inférieures duporte-échan-
tillon
(Fig. 2).
Cesrésistances,
en bon contact ther-mique
avec les couchessupérieures
et inférieures duliquide,
sont utilisées comme thermomètres. Ces ther- momètres secondaires sont étalonnés au-dessus de1,2
K àpartir
de la mesure de la tension de vapeur de4He liquide
pur. En dessous de cettetempérature,
nousutilisons la mesure de
susceptibilité magnétique
d’unsel de nitrate de cérium
magnésium.
Cet
étalonnage
nouspermet
de relier les valeurs de la résistance R à latempérature
T par des lois dutype
FIG. 2. - Porte-échantillon. Hl, H2, résistances de chauffage
en constantan; Ri et R2, résistances de carbone 220 ÇI Speer utilisées comme thermomètres. Les deux plaques de cuivre
formant les armatures d’un condensateur sont pressées l’une
contre l’autre par l’intermédiaire d’une lame ressort. Celle-ci est fixée à un fil de cuivre qui sert également d’électrode et dont le passage à travers une perle de verre assure l’isolement électrique
de la seconde armature.
La
précision
sur latempérature
absolue est estiméeà ± 2
%.
Dans cetype
de mesure, c’est bien sûr la variation entre l’état initial et finalqui
nous intéresse.Dans ces
conditions,
c’est l’incertitude relative sur la variation detempérature provoquée
par le flux de chaleurqui
estimportante.
Cette incertitude relative est d’autantplus grande
que la variation detempé-
rature est faible.
2.2 MESURE DES CONCENTRATIONS. - La mesure
des concentrations des couches inférieures et
supé-
rieures du
liquide
s’effectue dans leporte-échantillon représenté (Fig. 2).
Le corps duporte-échantillon
esten inox pour
permettre
l’établissement dugradient
de
température.
Les concentrations auxpoints
froidet chaud du
liquide
sont déterminées par mesure de laconstante
diélectrique.
Les couches inférieures etsupérieures
duliquide
dans leporte-échantillon
cons-tituent les
diélectriques
de deux condensateursplans.
Les armatures de ces condensateurs sont formées par des
plaques
en cuivre de 2 à 3 mmd’épaisseur.
Lessurfaces en
regard
des armatures sont isolées. La dis- tance entre deux armatures d’un condensateur est déterminée par des espaceurs enquartz (Fig. 2)
de0,03
mmd’épaisseur.
Ces condensateursplans
dont lacapacité
est cc 60pF
fontpartie
de deux circuitsoscillants à diodes
tunnel,
dont tous les autres élémentssont maintenus à
température
fixe. Lesfréquences
délivrées par ces oscillateurs nous fournissent alors
une mesure directe des constantes
diélectriques
descouches inférieures et
supérieures
duliquide.
Lesfréquences
d’oscillation sont ic 10 MHz tandis que la stabilité defréquence
est N ± 5 x10-’. Pour chaque
oscillateur,
nous mesurons lesfréquences Fo
etFô
avant l’introduction du
mélange.
Les variations defréquence Fi - Fo
etF2 - F§
dues à l’influence dudiélectrique liquide
sontimportantes N -
50 kHz.Elles nous
permettent également
de vérifier le niveau deremplissage
duporte-échantillon.
Enparticulier
nous pouvons ainsi nous assurer que le
liquide remplit
entièrement tout
l’espace
entre les armatures ducondensateur
plan supérieur (Fig. 2).
La
fréquence
d’un oscillateur est reliée à la suscep- tibilitéélectrique
x duliquide
par :Ci
etC2
sont des constantes >0 ;
S est la surface enregard
des armatures ; e la distance entre ces arma- tures et 80 la constantediélectrique
du vide.La
susceptibilité électrique
x est liée au nombre departicules
par unité de volume n par la relation de Clausius Mosottioù a
représente
lapolarisabilité
des molécules. Pour3He, 4He
ou lesmélanges isotopiques
d’héliumliquide,
ce est
identique
etX «
1.Il est dans ces conditions
possible
d’obtenir deséq. (4)
et(5)
la constante
Co
étant donnée par :Fo
est lafréquence
mesurée avant l’introduction dumélange
c’est-à-dire pour x = 0.En mesurant la
fréquence
F nous détectons la densité departicules n présente
entre les armatures. Le nombre departicules
par unité de volumedépend
bien sûr dela concentration molaire
4He, x :
V4 et V3
représentant respectivement
les volumesoccupés
par un atome4He
ou3He
dans la solution.Nous obtenons alors à
partir
des relations(6)
et(8)
que la variation
de fréquence
AF observée sous l’in-fluence d’une variation de
température
locale ATLE JOURNAL DE PHYSIQUE. - T. 34, No 7, JUILLET 1973
638
dépend
à la fois de la variation de concentration Ax et de AT[12]
ap est le coefficient de dilatation
volumique
de3He liquide.
La différence des volumes moyensoccupés
par les atomes
3He
et4He
dans une solution diluéeen
4He
est connue[13]
avec -
fl - 0,33.
Il fautsouligner
que c’est cette différence des volumes(f3
=,é0) qui
nouspermet
de détecter Ax par mesure de la variation defréquence.
2.3 MÉTHODE EXPÉRIMENTALE. - Tout d’abord le
mélange liquide
est enéquilibre
à unetempérature donnée,
déterminée par les valeurs de résistancesR1
etR2.
A cettetempérature
nous mesurons lesfréquences respectives Fi
etF2
des deux oscillateurs. Legradient
de
température
entre les couchessupérieures
et infé-rieures du
liquide
est alorsproduit
enenvoyant
unepuissance
dechauffage
connue dans l’une ou l’autredes résistances de constantan
Hl
ouH2 (Fig. 2).
Latempérature
dupoint
leplus
froid duliquide peut
éventuellement être maintenue constante en
présence
de ce flux de
chaleur,
en modifiant lapuissance frigo- rifique
duréfrigérateur.
Pour
chaque
couche duliquide,
nous mesurons les variations detempérature AT,
etAT2 provoquées
par le flux de chaleur ainsi que les variations de fré- quence des deux oscillateurs
AF,
etAF2.
Nous avonsalors,
ensupposant
lestempératures
moyennes des deux couches deliquide Tl
etT2 :
Bien
entendu,
pour des variations faibles autour del’équilibre Tl L-- T2.
Le
gradient
total de concentration dans leliquide
résultant de la
perturbation
que nous avons créée est :Il
peut
être relié aux variations defréquence
mesuréesdans les deux oscillateurs. En utilisant les
éq. (11)
à(13)
nous obtenons alors :Le
gradient
detempérature AT
dans leliquide,
pro-voqué
par le flux dechaleur,
est déterminé en mesurant les variations des résistancesR1
etR2
Les valeurs du coefficient de dilatation
volumique
otp sont connues[14]
et nous pouvons ainsi tenircompte
de cette correction due à la variation detempérature
pour calculer le
gradient
de concentration molaire dans leliquide (14).
La concentration
massique
c est liée à la concen-tration molaire x par l’intermédiaire des masses des deux
isotopes
m4 et m3 :Pour des
gradients
faibles et en l’absence de convec-tion,
nouspourrions
déduire des mesures lerapport
de thermodiffusionKT
qui
àpartir
des relations(14)
à(17)
s’écrit :Nous montrons dans
l’appendice qu’une
mesure deKT
fournit des indications sur les variations des fonctions de distribution par
rapport
àl’équilibre.
Il faut
signaler
par contre que dans unrégime
d’in-stabilité
KT
déterminé àpartir
de(18)
nereprésente plus
le
rapport
de thermodiffusion mais seulement une valeur effectivequi
mesure les distributions de concen-tration et
température
dans leliquide.
Pour une
température
Tdonnée,
nous faisons varier lapuissance
dechauffage
de manière à obtenir pour différentsgradients
detempérature
lesgradients
deconcentration
correspondants.
Nous vérifions que l’état stationnaire est atteint en observantl’équilibre
des
fréquences
et destempératures
enprésence
duflux de chaleur.
3. Résultats. - Nous avons étudié deux
mélanges
de concentration molaire
4He 2,5 %
et13,5 %.
Une étude
systématique
en fonction dugradient
detempérature
a été effectuée sur la solution à2,5 %
sous
pression
de vapeur saturante. Le niveausupérieur
du
liquide
est situé dans lecapillaire
deremplissage
au-dessus de la boîte
(Fig. 2).
Latempérature
dupotnt froid, correspondant
aupoint
leplus
bas de notreboîte,
est £i1,26 K.
Latempérature
de la couchesupérieure
duliquide
variejusqu’à plus
de 2 K. Lesvariations relatives de
fréquence
sontprésentées
figure
3 pour les deux oscillateurs. Dans cediagramme,
nous n’avons pas directement les variations de concen-
tration
puisque
nous ne tenons pascompte
de l’in- fluence de la dilatationvolumique. Cependant,
il estintéressant de remarquer que l’échelle des variations relatives de
fréquence AFI(FL - Fo)
estproportion-
nelle à celle de la variation de concentration
(Fig. 3).
On constate tout d’abord que pour des
gradients
detempérature ;$ 0,2 K,
les variations defréquence
restent faibles. Dans cette gamme, une
analyse
détailléedes mesures pour obtenir
KT
estdifficile,
car à cettetempérature,
l’influence de la dilatationvolumique
estforte.
Toutefois,
nous observons queKT
estnégatif
et les atomes
4He
diffusent donc vers lespoints
lesplus
chauds
(Ax
et dT sont de mêmesigne).
FIG. 3. - Variations de fréquences observées aux points
froid et chaud en fonction du gradient de température. Ax fournit l’échelle de variation de la concentration.
Par contre, pour des D T >
0,2 K,
la diminution defréquence
observée aupoint
leplus
froid caractérise localementl’augmentation
de la concentration en4He (dx
et AT" designes opposés).
Pour de telsgradients
de
température,
l’ébullition locale des atomes3He
aupoint
chauds’accompagne
donc d’un transfert4He
vers le
point
froid. L’état stationnaire est atteintlorsque
la
vaporisation
aprovoqué
uneaugmentation
de lapression
du gazjusqu’à
sa valeurd’équilibre,
à latempérature
considérée.Cette
expérience
montre que trèsrapidement
l’ébul-lition provoque des variations relatives de concentra- tion considérables. Elle confirme ainsi que les résultats obtenus lors des mesures de résistance
thermique superficielle
dans lesmélanges [2] peuvent
êtreexpli- qués
par la formation de couches deliquide plus
concentrées en
4He
sous l’influence de l’ébullition.Nous avons étudié ce même
mélange
àplus
bassetempérature,
T N0,7
Klorsque
l’influence de la dilatationvolumique
est moins forte. Enprovoquant
desdéséquilibres
detempérature
faiblesAT/T % 10 % (Fig. 4),
nous avons déterminé les variations de concen-tration
résultantes,
tenant encompte
les effets de dila- tationvolumique (14).
Nous obtenons alors :FIG. 4. - Gradient de concentration en fonction du gradient
de température dans le liquide (x N 2,5 %).
puisque
la concentrationmassique
de notremélange
est c N
3,3 %. Finalement,
nous avons étudié unmélange
de concentration molaire4He (13,5 %),
c N 18
%,
de manière à observerplus
facilement les variations de concentration tout en restant dans le domaine linéaire des faiblesperturbations qui
carac-térisent le traitement
d’Onsager [15].
Les résultats obtenus pour cemélange
sontprésentés figure
5 etnous
permettent
d’obtenir :FIG. 5. - Gradient de concentration en fonction du gradient de température dans le liquide (x N 13,5 %).
640
Sous l’influence de
gradients
detempérature plus élevés,
nous observonségalement l’apparition
del’ébullition
qui
tend à modifier le sens de variation de Ax et nepermet plus
uneanalyse simple
des résultatsà
partir
de(14).
L’incertitude relative sur
KT L-- 30 %
estimportante.
Le
signe négatif
obtenu pourKT indique
que le courantd’impuretés
tend à accroître la concentration4He
aupoint
leplus
chaud.Il faut
souligner
que les conditionsexpérimentales
déterminent un
paramètre critique
au-delàduquel apparaît
unrégime
instable[16] (phénomène
de Bénardà deux
composants)
il et y sont
respectivement
la viscosité et le coefficient de dilatationmassique
dumélange, d --
16 mm est ladistance entre les couches froides et chaudes du
liquide, g
l’accélération de lapesanteur. Lorsque R,, k 720,
on observe une instabilité due à la convec-tion. Dans les
mélanges
oùKT 0,
cette instabilitéapparaît
si lepoint
froid est situé leplus
bas. Nousmesurons alors
KT
effectifqui
tientcompte
à la fois de la convection et de la thermodiffusion. Dans nosexpériences
lagéométrie
est différente de celle duproblème classique
de Bénard et le diamètre de la colonne de diffusion doit intervenir.Cependant,
nousnotons que pour nos conditions
expérimentales R,, » 720,
cequi
laisseprésumer
l’existence de convection[17].
Nous avons
remarqué
que lestemps
de mise enéquilibre thermique
et de concentration étaient courts(environ quelques minutes) comparés
à ceux attenduspar
diffusion,
cequi
confirme le caractère dominant de la convection. Il fautégalement signaler
quelorsque
le
point
leplus
bas duliquide
est leplus chaud,
nousobtenons des fluctuations
périodiques (environ quel-
ques
minutes)
de concentration autour de la valeur moyenne. Notons que dans lesmélanges liquides
oùKT 0,
on s’attend à des oscillations de concentration de faibleamplitude
etlongue période [16].
Ces
expériences
nepermettent
donc pas d’obtenir lerapport
de thermodiffusion en raison de la convec-tion mais fournissent du moins son
signe.
4. Conclusion. - Nous avons tout d’abord mis en
évidence
l’importance
desphénomènes
d’ébullition localequi
se manifeste par lavaporisation 3He
et letransfert
4He
vers les zones lesplus
froides duliquide.
C’est un facteur de
perturbation important puisqu’il
entraîne alors des
gradients
de concentration consi- dérables enprésence
desgradients
detempérature.
Le traitement
quantique [10] ayant permis
de cal-culer
KT
n’est certainement pasapplicable
à hautetempérature
et nous obtenons d’ailleurs unsigne
différent de celui attendu. Ce résultat n’est toutefois
pas
surprenant.
D’unepart,
il existe de nombreuxsystèmes [16]
danslesquels
on observe une inversiondu
signe
deKT (dans
la solution benzène-méthanolKT
devient > 0 pour les faiblesconcentrations).
D’autre
part,
lesexpressions théoriques
debnil
etbni2 (voir appendice)
ne seront certainement pas les mêmes à hautetempérature
T >0,1
K et pour des solutions moins diluées. Le choix d’unpotentiel
d’interaction différent dupotentiel
de contact[10],
une variation de
m*
avec latempérature
conduisent à des résultats différents pourôni,
donc pourKT.
Ces
premières expériences
ont montré que cettetechnique particulière permet
de mesurer lerapport
de thermodiffusion dans lesmélanges liquides
binairess’il existe une différence entre les volumes
occupés
par les deux constituants.
Une
augmentation
de la stabilité defréquence
devrait
permettre
d’accroître laprécision
surKT.
Il serait
également intéressant,
pour réduire les erreurs, de mesurer le coefficient de dilatationvolumique
dansle même
porte-échantillon
au cours del’expérience.
De nouvelles
expériences peuvent
êtreenvisagées :
- Une étude
systématique
de la thermodiffusion dans cesmélanges
en fonction de latempérature
etde la concentration devrait
permettre
de détecter uneinversion éventuelle du
signe
deKT.
Il faudrait pour cela modifier les conditionsexpérimentales
en rédui-sant la distance entre les
points
chauds et froids pour décrire les zones d’instabilité et de stabilité(R,, > 720)
et discerner les différentes contributions de
KT
effectif.- Au
voisinage
dupoint tricritique
dans cesmélanges,
lerapport KT
doitdiverger [18].
Nous avonsétabli que ce coefficient
peut
être mesuré et une étude dans unrégime
transitoire[11] peut
fournir des infor-mations sur le
comportement
des coefficients de diffusion D et de thermodiffusion D’.Appendice. Rapport
de thermodiffusionKT.
-Dans un
mélange
dilué en4He
le courantd’impuretés (4He), i,
est lié auxgradients
detempérature
et concen-tration
[19]
p est la densité du
mélange
et Vc legradient
de concen-tration
massique 4He.
Dans l’état
stationnaire,
i =0,
la mesure de Ac etAT
permet
de déterminer lerapport
de diffusionthermique KT.
Les calculs
[6], [10]
deKT
àpartir
del’équation
deBoltzmann donnent des résultats différents suivant la nature des
approximations
faites. Il est intéressant desouligner l’origine
de cette différence et de montrer que la valeur deKT
fournit des informations sur la variation des fonctions de distribution desparticules
par
rapport
àl’équilibre.
Les
impuretés ¢He
secomportent
comme un gaz dequasi-particules
dont lespectre d’énergie
est[7] :
L’énergie
de liaison d’un atome4He
dans leliquide,
-
E4,
et la masse effective de laquasi-particule, m*4,
sont
supposées
constantes[7]-[8]. L’impulsion
de laquasi-particule
est q.Dans la limite basse
température ( T 0,1 K),
lesvariations
ôni
de la fonction de distribution desimpuretés
parrapport
àl’équilibre,
sous l’influence desgradients
detempérature
ouconcentration,
s’écrivent
[10] :
nio est la fonction de distribution
de 4He
àl’équilibre.
C’est celle d’un gaz de Boltzmann dilué
[20]
No
est le nombred’Avogadro,
x et V sontrespecti-
vement la concentration molaire initiale
4He
et le volume molaire dumélange.
f (T)
est une fonction de latempérature qui
estdifférente
[6], [10]
suivant la valeur del’exposant r
de q.
Le courant
d’impuretés
est par définition :Divisant les relations
(26)
et(25)
et utilisant leséq. (22)
et(23),
il vient :En
intégrant
le numérateur parparties,
il est faciled’établir :
Ce résultat est très
important.
Ilindique
en effect[19]
que
KT
est bienproportionnel
à c, le coefficient deproportionnalité
étant lié àl’exposant
rde q
dans lesrelations
(22)
et(23).
Une mesure de
KT
fournit la valeur de r. Dans la limite des solutions très diluées à bassetempérature,
la connaissance de r
permettrait
de vérifier la validité desapproximations
faites dans les calculs théori-ques
[10],
avec r =3,
on doit trouverKT
= 2 c.Cependant,
ces calculs àpartir
del’équation
deBoltzmann sont
uniquement
valables à très bassestempératures,
où la mesure deKT
est difhcile. Eneffet,
les concentrations molaires des
mélanges
stables sontalors très faibles et il est difficile de détecter les varia- tions de concentration
engendrées
par le flux de chaleur. Aplus
hautetempérature
et pour des solu- tions moinsdiluées,
le calcul deôni
n’a pas été effectué.On est alors conduit à utiliser un traitement thermo-
dynamique phénoménologique [10].
La valeurexpé-
rimentale de
.KT,
sa variation avec la concentrationcomparée
avecl’éq. (28)
sont toutefois intéressantes[21 ]
car elles
peuvent permettre
de déterminerqualitative-
ment l’influence de la
température
et de la concen-tration sur
bni2.
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Les variations defréquence
avec latempérature
enl’absence de
diélectrique liquide
sont suffisam-ment faibles pour être
négligées.
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[15]
Ce traitementappliqué
aux solutions diluées en 4Heest
présenté
référence[10].
[16]
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Chem.Phys.
Lett. 12
(1971)
312 etPhys.
Fluids 15(1972)
1707.
[17]
Avec KT > 0, commeprévu [10]
à très basse tem-pérature,
nos mesures dans ce porte-échantillon n’auraient pasprovoqué
de convection et auraient fourni la valeur du rapport de thermodiffusion.[18]
DANDACHE, H., LAHEURTE, J. P. et PAPOULAR, M., à paraître dans J.Physique,
34(1973)
473.[19]
DE GROOT, S. R. et MAZUR, P., NonEquilibrium Thermodynamics (North
Holland Pub.Co) (1969) chapitre
XI.[20] LANDAU,
L. et LIFSCHITZ, E.,Physique Statistique, chapitres
IV et V(Editions
MirMoscou)
1967.[21]
Pour des solutions diluées en 4He, leséq. (34)
et(50)
de référence[10]
pour Jif fontprévoir
lesformes de 03B4ni1 et 03B4ni2
éq. (22)
et(23)
de ce travailsi l’on admet
toujours
le modèle du gaz dequasi- particules
sans interactions et unpotentiel
decontact entre