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Travaux récents sur les tourbillons cellulaires et les
tourbillons en bandes. Applications à l’astrophysique et
à la météorologie
Henri Bénard, Douchan Avsec
To cite this version:
TRAVAUX
RÉCENTS
SUR LES TOURBILLONS CELLULAIRES ET LES TOURBILLONS EN BANDES APPLICATIONS AL’ASTROPHYSIQUE
ET A LAMÉTÉOROLOGIE
Par HENRI BÉNARD et DOUCHAN AVSEC
(1).
Laboratoire de Mécanique des Fluides de la Faculté des Sciences, Université de Paris.
Sommaire. 2014 L’intérêt pratique des tourbillons thermoconvectifs de Bénard s’est accru, dès qu’on s’est aperçu qu’on pouvait expliquer par leur mécanisme différents phénomènes naturels. En particulier, on explique
par la théorie des tourbillons cellulaires, soit polygonaux, soit en bandes, les formations nuageuses similaires
qu’on observe fréquemment dans le ciel. Le mérite d’expliquer les nuages en bandes par les tourbillons en
rouleaux revient incontestablement à Paul Idrac. Cette théorie a été adoptée sans réserve dans le domaine de la météorologie : ce sont surtout les météorologistes anglais qui ont le plus contribué à son développement.
Tout de même, beaucoup de questions restent encore à expliquer. En France notamment, la Commission de Turbulence Atmosphérique, présidée par M. Ph. Wehrlé, directeur de l’Office National Météorologique, pour-suit activement ces recherches. M. Bénard lui-même dirige la partie concernant la turbulence d’origine thermo-convective. Dans le présent article, il laisse à expliquer cette partie intéressante à l’un de ses collaborateurs M. D. Avsec, qui travaille sous sa direction personnelle depuis quelques années.
M. Bénard s’est réservé d’aborder ici un autre phénomène, auquel la théorie des tourbillons thermoconvectifs
s’applique aussi bien: à savoir l’existence des granulations de la photosphère solaire. Quelques travaux
frag-mentaires ont été déjà publiés. Tout dernièrement, une contribution importante à cette explication est venue
de la part d’astrophysiciens anglais et allemands. En vue d’appuyer cette théorie plus solidement encore,
l’auteur passe en revue les publications qui s’y rattachent. L’analyse précise des faits observés mène à la conclusion qu’on pourrait définitivement adopter la théorie des tourbillons cellulaires pour expliquer aussi bien les granulations solaires que pour interpréter les nuages en bandes.
I.
Astrophysique:
Granulations de laphoto-sphère
solaire.Dès mes
premières publications
(2)
sur les tour-billons cellulaires dans lesliquides,
P.-L.Mercanton,
deLausanne,
m’avaitsignalé
lesanalogies frappantes
présentées
par eux avec lesgranulations
de lapho-tosphère
solaire,
photographiées
parJanssen(1896) (3).
(Voir
lesfigures
1,
2 et 3. Les deuxpremières
repro-duisent les tourbillons cellulaires duspermaceti
et latroisième la
granulation
solaire).
Mais c’est H. Deslandres
qui
apublié
lepremier,
en 1909(4),
uneapplication
astronomique précise
des tourbillons cellulaires. Son mémoire concerneparti-culièrement les filaments dus aux
f locculi
brillantsFig. 1. - Tourbillons cellulaires du
spermace ti. (Méthode employant la poudre de graphite en suspension
dans le liquide : BÈNARD 1901 ; carré dessiné = 1
em2).
de la couche
supérieure
de lachromosphère,
photo-graphiés
augrand spectro-héliographe
de Meudon en lumièremonochromatique
K3
du calciumionisé,
ou avec la raieHU2
del’hydrogène.
Lespolygones
formés par ces filaments auraient deslargeurs
de l’ordre de 30 000 km.D’après
L.d’Azambuja
(5),
lescellules-tourbillons de Deslandres auraient
plutôt
leur
siège
dans laphotosphère,
ou au moins dans lacouche renversante ou couche inférieure de la
chro-Fig. 2. -- Tourbillons cellulaires du spermaceti.
(Liquide
pur ; méthode optique, BÉNARD, 1901 ; diamètre du champ observé = 32 mm.).487
mosphère, épaisse
dequelques
centaines dekilo-mètres. ,
1)’Azambuja
admet en effet comme évidente la structuregranulaire
de la coucherenversante,
avecdes éléments
granulés larges
de 5 000 km environ.C’est aussi la
largeur
admise par G. Bruhat(Le Soleil,
collectionBorel) (l),
qui
aégalement
rapproché
lesgranulations
de laphotosphère
des tourbillonscellu-laires.
D’Azambuja
a confirmé l’existence réelle des gra-nulations de la couche renversante en lesphoto-graphiant,
au mêmeinstant,
avec diversesradiations,
telles que Fe 4 202 et Ca 4 227 : l’identité des formes estrigoureuse.
Moi-même ai
esquissé
une étude d’ensemble dela
question
dans le volumejubilaire
offert à M. M.Bril-louin
(1935)
sous le titre : « Laphotosphère
est-elle une couche de tourbillons cellulaires? » D’autres
publications
récentes confirmentparfaitement
monpoint
de vue; ce sont celles de H. Strebel(7),
deMunich,
et de H. H. Plaskett
(8),
d’Oxford.On admet en
général
que laperfection
desphotos
de J. Janssen
(1896)
n’aguère
étésurpassée, grâce
d’une
part
à sesplaques,
au collodioniodo-bromuré,
à
grain
extrêmement fin et à maximum desensi-bilité très
accusé,
cequi
rendaitinsignifiante
l’in-fluence des défauts d’achromatisme duréfracteur ;
grâce
aussi,
d’autrepart,
à la durée de pose trèsfaible
(9. ~5
000 desec),
cequi
a révélé les formesvraies des
granules indépendamment
de leursmou-vements et de leurs
déformations,
car les poses de1 100
de sec donnentdéjà
de lasurimpression.
La durée de vie moyenne d’ungranule
est de 3 min 12 sec,d’après
P. tenBruggencate
et W. Grotrian(9),
à Post-dam(1936),
confirmantHansky
(1906) (1°)
et Chevalier(1908) (1x).
D’autrepart,
lesgranulations
de Janssensont incontestablement
polygonales
avec des diamètresréels extrêmes des
grains
variantgénéralement
de1 000 à 2 000 km. Ce résultat est
intéressant,
car onadmet,
dans la théorie radiative actuelle desétoiles,
que lerayonnement
solaire estcomplètement
absorbépar une
épaisseur supérieure
à 100 km ou 200 km.L’épaisseur
de laphotosphère
fluide
serait donc del’ordre,
à peuprès,
de celle dont lerayonnement
nousparvient.
L’examen le
plus superficiel
desphotos
de Janssen ou deHansky
montre que lesgranules
ne sont pas despetites
taches rondes oupolygonales réparties
auhasard,
maiss’alignent
et s’oriententmutuellement,
absolument comme les tourbillons cellulaires
poly-gonaux du
type
pseudo-régulier
ayant
comme limitele réseau
hexagonal parfait.
Les « accidents »inter-rompant
larégularité
du réseau sont d’autrepart
exactement les mêmes que ceux des meilleuresphotos
de tourbillons cellulaires.On
peut
objecter
qu’il
y a là une nécessitépure-ment
géométrique :
il estévident,
parexemple,
qu’un
seulpentagone
nepeut
s’intercaler dans unréseau
d’hexagones
réguliers :
il en fautplusieurs
contigus,
constituant leplus
souvent,
soit une rosette dequatre pentagones ayant
un sommetquaternaire
commun, soit deuxrangées
parallèles
depenta-gones. En
fait,
les réseaux depseudo-hexagones
réguliers,
dont lesexemples
abondent dans les formes des êtresvivants, présentent
exactement, euxaussi,
les mêmes « accidents ».
La
plupart
desastro-physiciens
réservent le rôledes courants de
convection,
mais en lesreléguant
dans les couches tout à faitsuperficielles.
C’estlà,
eneffet,
que se trouve la conciliationpossible
entre la théorie radiative et l’existence des tourbillons cellulaires dans laphotosphère.
Au sein de cette couche extérieure relativementmince,
lesvariations,
bienqu’encore
considérables,
de la densité et de latempérature
d’un fluide secomportant
comme ungaz
parfait,
ne sontplus
absurdes.Déjà,
dansl’at-mosphère
terrestre,
comme lesmétéorologistes anglais
l’ont
montré,
la transmission de la chaleur s’effectuepresque
uniquement
parrayonnement
et turbulence. Comme Schwarzschild(fondateur
de la théorie del’équilibre
radiatif desétoiles) (12)
l’avaitdéjà
re-marqué,
en1906,
si les facteurs de la théorieradia-tive,
savoir : lerayonnement
et lagravité,
déter-minaient à eux seulsl’équilibre thermique
etméca-nique
del’atmosphère
solaire,
ces facteursdonne-raient à la
photosphère
une structurerigoureuse-ment uniforme sur toute sa
surface,
sans aucunedifférenciation locale. Or ce sont
précisément
lesaccidents
locaux, taches, facules,
granulations qui,
venant troubler cetteuniformité,
à la fois dans letemps
et aux diverspoints
de la surfacesolaire,
caractérisent les mouvements turbulents.L’équilibre
radiatif non troublé ne
représente
doncqu’une
première approximation
del’astrophysique
solaire. Si l’on tientcompte
avec H. Strebel(1930)
et H. H. Plaskett(1936)
des mouvementsturbulents,
il y a lieu de remarquer que lesgranulations réparties
uniformément dans letemps,
distribuéeségalement
d’une
façon
uniforme sur toute la surface de laphoto-sphère,
doivent nousrenseigner
d’unefaçon
parti-culièrement instructive sur la nature de cette
photo-sphère,
et fournir les donnéesnumériques
lesplus
précises
permettant
de calculer les élémentsstatis-tiques
de la turbulence.Depuis
Janssen(1896)
lesphotos
dequalité
desgranulations
sont rares. Parmi lesmeilleures,
il fautsurtout citer celles de H. Strebel
(1930-35)
àMunich;
avec ses collaborateurs Schmidt et
Thüring
(13),
H.Stre-bel,
utilisant untélescope
à miroirsqui
donne desimages
solaires de 87 mm dediamètre,
aopéré
enlumière ultra-violette avec un coin
photométrique
noncalibré : il a été le
premier
à obtenir la démonstrationincontestable de l’existence
physique
desgranula-tions, grâce
aux variations de brillance mesurées aumicrophotomètre.
Plaskett toutefois croit que les observations de Strebel serapportent
aux élémentsde la couche renversante des
spectrohéliogrammes
488
Janssen
(d’où
F augmentation
du diamètre moyenqui
atteint 4 000 km au lieu de 1 500km).
H. Strebel
parle
souvent d’ailleurs comme s’ilexistait une double couche
photosphérique.
Enbas,
celle despetites
granulations (diamètres
1" à2 ").
Enhaut,
celle desgrandes
granulations
(diamètres
5" à
10 "),
identiques
à celle de la « coucherenver-sante » ou
partie
basse de lachromosphère.
La théorierécente de Brunt
(14)
et de Low(15), proposée
pourl’atmosphère
terrestre,
montreprécisément
que lestourbillons
empilés
peuvent
exister si les fluidessuperposés
sont de natures différentes : cequi
est lecas pour la
photosphère supérieure
et la coucheren-versante.
H. Strebel a démontré l’existence
physique
desgranulations
en examinantsoigneusement
lui-mêmed’une
façon
trèsméthodique
et trèsapprofondie
les modifications de forme et de dimensionsappa-rentes,
apportées
par l’action de tous les facteursd’origine
solaire ou extra-solaire. La méthodecri-tique
a étéappliquée
aussi par le même astronomeaux clichés antérieurs de
Janssen,
deHansky
et deChevalier
(aberration
chromatique
pour lesréfrac-teurs,
diffusionmoléculaire, diffraction,
échauffementde l’air du
tube,
etc.).
H. Strebel a insisté
beaucoup
et souvent sur la forme en réalitépolygonale
desgranulations.
Cetauteur a bien voulu me dire récemment
qu’il appuie
très fort ma théorie thermo-convective en basant son
opinion
sur l’ensemble des documentsphoto-graphiques
réunis par lui.Je résumerai maintenant le travail de H. H.
Plas-kett paru en mars 1936 dans les
1Vl oitthly
Notices. Cet astronome aégalement
confirmé l’existencephysique
desgranulations
en mesurant la variationde brillance observée
pendant
la traversée de la sur-face d’ungranule.
Il a travaillé successivement aux observatoires de Victoria(Canada)
et d’Oxford(Angleterre).
Il s’est serviuniquement
de réflecteurs. Diamètre desimages
solaires : 306 mm à Victoriaet 208 mm à Oxford. Le
télescope
a été engénéral
monté en
microphotomètre-spectrographique
(avec
une fente de0,22
mm, le diamètreangulaire
effectif d’unegranulation
dépasse
cinq
fois lepouvoir
sépa-rateur,
cequi
donne toutegarantie
d’exactitudeaux mesures de
brillance).
On obtient au
microphotomètre enregistreur,
sur uneligne
droite traversant toute unerangée
degranu-lations,
des courbes de brillance en excellente concor-dance à 2 à 3 pour 100près,
quelle
que soit la xparti-culière choisie au
spectrographe.
On en choisit 5ou 6. Chacune d’elles est
corrigée expérimentalement
par lecalibrage
direct du coinphotométrique
utilisé. Toutes corrections faites(diffusion
moléculaire parl’atmosphère
terrestre,
aberrationsvariées),
lerapport
des brillances extrêmes(plage
centrale d’ungranule,
et
région intergranulaire), plages qui
occupent
des surfaces à peuprès
équivalentes,
a été trouvé de1,10.
La’ variation est donc de 10 pour 100. Résultatcapital :
cerapport
est le même sur toute lasur-face du
disque
solaire,
bordscompris.
Plaskett,
commeStrebel,
trouve environ 5" soit3 700 km pour le diamètre réel des
granules,
au lieude 2" soit 1 500
km,
diamètre trouvéplus
ancienne-ment parJanssen, Hansky, Chevalier,
mais sur desplaques
contrastées,
renforcéesplusieurs
fois,
cequi
donne des courbes de brillance
présentant
despics
au lieu des courbes sinusoïdales de Plaskett.
Dans la deuxième
partie
de sonmémoire,
Plaskettessaie de concilier les résultats de ses
expériences
spectrophotométriques
avec la théorie del’équilibre
radiatif de Schwarzschild
(1906)
et d’Unsôld(19~0)
(16),
en utilisant en mêmetemps
la théorie des tourbillons cellulaires établie parRayleigh
(1916) (17),
et ses successeurs
Jeffreys
(18),
Low, Brunt,
théoriedont il faudrait
peut-être
modifier actuellement les résultatsnumériques
en tenantcompte
des idées de P. Vernotte(1936) (19).
Origine
de lagranulation
et structure del’atmosphère
solaire. z Nousvenons de voir que l’existence de la
granulation
entraîne un flux variableà la fois avec les coordonnées de l’élément de surface choisi et avec le
temps,
doncincompatible
avecl’hypothèse
d’un transfertd’énergie
purement
radia-tive à traversl’atmosphère
solaire.Les brillances extrêmes mesurées au
microphoto-mètre,
et lestempératures
extrêmes déduites de laloi de
Stefan-Boltzmann,
permettent
le calculcomplet
del’énergie
radiativebeaucoup
trop
petite,
démontrantle rôle
prédominant
de la convection. D’autrepart,
Schwarzschild,
pour un gazparfait
à moléculesmonoatomiques, puis
Unsôld(1930)
pour un gaz à moléculespolyatomiques
etionisées,
ont calculé les conditionsd’équilibre
radiatif stable.En admèttant
qu’il
existe une zone d’instabilitédont la
profondeur
atteindrait environ 650km,
ilfaut d’abord montrer que la convection
prend
nais-sance dans cette zone d’instabilité et que lagranu-lation observée est le résultat de cette convection.
Rappelons
seulement le cas bien connu del’atmo-sphère
terrestre :Que
l’instabilité ne soit passuffit-sante à elle seule pour
produire
lemouvement,
cela résulte de l’existencefréquente
degradients
superadia-batiques
detempérature.
Le criterium d’instabilité(équilibre préconvectif
deBénard)
résulte de laformule de
Rayleigh
(1916)
confirmée parJeffreys
(1926).
A de l’ordre de
1000,
constante sansdimensions,
1
dépendant
des conditions aux limites.Pour la
photosphère,
je
citerai la conclusion dePlaskett. « Eu
égard
à laprobabilité
que les granu-lations soient dues à des courants deconvection,
ilparaît
raisonnable d’identifier legranule
et larégion
489
cellules de Bénard
emplissant complètement
la zone d’instabilité d’Unsëld. »A l’aide des formules
d’Eddington
(2°),
onpeut,
d’autrepart,
comparer la distribution réelle detempérature
en
profondeur
avec les valeurs calculées à l’aide de larépartition
des brillancessuperficielles.
Les désaccords de la courbe de
répartition
de latempérature
enprofondeur,
avec celle que donneraitl’équilibre
radiatifseul,
sontparfaitement expliqués
par les courants de convection dus aux
granulations.
La distribution observée de
température (rapport 1,9 )
montre que laprofondeur
desgranulations
dépasse
les 650 km d’Unsôld et atteint exactement la pro-fondeur
qui correspondrait
à un diamètre de 3 700 km pour lesgranulations.
Plaskett
indique également,
commemoi-même,
parmi
les autresphénomènes
solaires en relation avec lesgranulations, l’explication
immédiate des filaments despénombres
des taches(dessinés
parLangley).
Ce sont évidemment desstrip-vortices
deRayleigh-Idrac-Walker
et sesélèves,
dont la struc-ture fibreuse dans lapénombre
des taches adéjà
été décrite par Strebel etparaît
absolument évidente.En
résumé,
même si la théorie de Plaskettexige
quelques
retouchesnumériques
principalement
duesà l’incertitude sur la valeur exacte du criterium de
Rayleigh,
ilparaît
possible d’espérer
un accord pro-chain entre les mesuresmicrophotométriques
debrillance et la théorie des gaz
parfaits complétée
par les formules de
rayonnement
d’un gaz ionisé données parEddington
et Unsôld.Dès
maintenant,
les tourbillons cellulaires et lestourbillons en bandes
paraissent
bienrégler,
à euxseuls,
la totalité desphénomènes
solaires relatifsaux
granulations
et auxpénombres
des taches. II. Travaux récents sur les tourbillonsthermo-convectiîs dans une couche d’air.
Application
à la
météorologie.
Généralité. - M. le
professeur
H.Bénard,
qui
vientd’expliquer
dans lapremière partie
de cet article lesgranulations
de laphotosphère
solaire par le mécanisme des tourbillonscellulaires,
m’aconfié,
il y a trois ans, l’exécution d’une
partie
d’un vasteprogramme de recherches de laboratoire sur les
tourbillons
thermoconvectifs, qui
seproduisent
dans une couche d’air chauffée par endessous,
recherches dontje
me propose de donner les résultats un peuplus
loin.Leur but
principal
était d’examiner la valeur dela théorie
thermoconvective,
énoncée pour la pre-mière fois par P.Idrac,
lorsqu’il
tentaitd’expliquer
par le mécanisme des tourbillons cellulaires lesphé-nomènes se
produisant
dansl’atmosphère
libre,
et rendus visibles par laprésence
des nuages en bandesorientées dans le sens du vent
général.
Quelques
difficultés seprésentent,
quand
on veutappliquer
à des formations nuageusesgéométrique-ment semblables les résultats
provenant
de l’étudethéorique
etexpérimentale
des tourbillonsthermo-convectifs. La
principale
de ces difficultésprovien-drait de ce que les deux
échelles,
une aulaboratoire,
l’autre dans
l’atmosphère libre,
sont extrêmement différentes.Dans ces
conditions,
il serait d’un intérêt toutparticulier
depouvoir
réaliser des tourbillons ther-moconvectifs à une échelleintermédiaire,
dépassant
considérablement celle desexpériences
habituelles. Il est trèsremarquable,
que tous lesexpérimen-tateurs s’étant
occupés
de laproduction
destour-billons
cellulaires,
signalent
que les formesrégu-lières cessent
d’apparaître
quand
ils ontessayé
d’augmenter l’épaisseur
de la couche d’air au delàde 1 cm. C’est la raison pour
laquelle
j’ai
établi unprogramme
modeste,
à savoir :production
detour-billons
thermoconvectifs
dans une couche d’air ayantune
épaisseur
de l’ordre deplusieurs
centimètres.En
fait,
la tentative a réussi. On en a tiré desren-seignements
encourageant
l’entreprise d’expériences
à une échelle
supérieure.
Appareillage
et modeopératoire.
- Lesplus
grands
soins ont étéapportés
à la construction del’appareil-producteur
des tourbillons thermoconvectifs dans l’air. Le schémareproduit figure
4, représente
une constructionplus
perfectionnée
que cellequi
a .été
employée
par A. Graham(21).
Une
plaque
d’acierA,
de 130 cm delong,
de 50 cmde
large
et d’uneépaisseur
de 1 cm, forme la surface inférieure chauffante de la chambred’expériences.
Cetteplaque
repose sur un cadre en boisCB,
qui
renferme le
dispositif
chauffantélectrique
E. Le tout estposé
sur un bâti en bois B. Achaque
extré-mité de laplaque
d’acier,
deux rouleauxR,
etR2
sont montés sur despaliers
à billes. Latangente
‘
commune aux
cylindres
touche exactement la sur-face de laplaque
d’acier. Les deux rouleauxR,
etR2
servent à la translation d’une bandemétallique
BM,
qui glisse
ensuite très étroitement sur laplaque
d’acier. La bande est rivée en un seulpoint,
cequi
procure un ruban sans fin. Pour la maintenir bien
tendue,
onemploie
un troisième rouleauR3.
La
plaque
deglace
V constitue leplafond
de lachambre
d’expérience.
L’épaisseur
de la couche d’air enexpérience
peut
être variée d’unefaçon
continuede 3 à 100 mm au moyen des boulons
supports
S.Pour assurer une
régularité
du mouvementgénéral
dans le
canal,
la chambred’expériences
estpro-longée
de son côté droit par un canalDl.
L’entraî-nement de la couche d’air est assuré soit par la bande
métallique
BM en mouvement(*),
soit parl’aspi-ration à la sortie du canal.
Le
dispositif aspirant
est constitué par un collec-(*) Les expériences avec la bande métallique en mouvementne sont pas encore terminées. On trouvera ici uniquement les résultats relatifs à une couche d’air, limitée par deux plaques
490
Fig. 4.
teur
D2
monté enposition
verticale. Sonextrémité,
proche
de la sortie ducanal,
a la mêmelargeur
quecelui-ci,
et va en diminuant vers le haut. Un tube flexible T est raccordé à la sectionrectangulaire
du éollecteur. L’autre tubeT,,
aboutissant à l’intérieurdu tube
T,
amène de l’aircomprimé.
On obtient un écoulement uniforme etréglable
de l’air dans le canald’expérience
par lesimple
réglage
en aircom-primé
ou par leréglage
de laposition
du collecteurD2.
Un moteurélectrique,
dont la vitesse est réduitepar un réducteur de vitesse et une combinaison de roues, assure le mouvement de la bande
métallique
BM. Onpeut
ainsi varier sa vitesse de 2mm /sec
jusqu’à
une valeursupérieure quelconque.
L’éclairage
se fait dans le sens de l’axelongitu-dinal du canal. Une
lampe électrique
à filrectiligne
de 1 500 W estplacée
du côté de la sortie. Le faisceau lumineux estdirigé
dans la chambred’expérience.
Au-dessus de la
chambre,
unappareil
photogra-phique
est monté sur unsupport,
guidé
dans leplan
horizontal par deux
glissières
GL. Celapermet
d’a-mener instantanément
l’appareil
au-dessus del’en-droit désiré.
Afin d’éviter les reflets
gênants
de laplaque
deglace
couvrant la chambred’expérience,
toutl’appa-reil-producteur
des tourbillons estprotégé
par desrideaux noirs.
Les mouvements tourbillonnaires
qui
seproduisent
dans la couche d’air pur, ne sont pas visibles sans artifice.Après
beaucoup
d’essaispréliminaires,
j’ai
choisi dans la
plupart
desexpériences
la fumée deta-bac comme indicateur des courants thermoconvectifs. J’ai construit pour la
production
de la fumée unpetit
générateur
enlaiton,
très maniable. On voit sa coupelongitudinale
sur lafigure
5. Il est constituéFig. 5.
par un tube
t rempli
depoudre
detabac,
d’unpiston
p creux
qui comprime
le tabac et amènel’air,
né-cessaire à lacombustion,
d’un couvercle c, vissé sur un bout du tube pourguider
lepiston,
et d’unepièce
r,percée
d’un trouconique qui
débite la fumée. Une toilemétallique
fine m, serrée entre lapièce r
et le tube t,
empêche l’échappement
de lapoudre
de tabac. Une fentef
estcoupée
dans le tube pourqu’on
puisse
allumer le tabac.On
règle
laproduction
de fumée par le débit del’air,
amené par lepiston
creuxqui
estlié,
à sontour,
à la canalisation d’aircomprimé
par un tube de caoutchouc. Lepetit
générateur
peut
êtredé-monté instantanément pour être
nettoyé
ourempli.
L’introduction de la fumée dans la chambred’ex-périences
se fait par lestrous,
prévus
dans leplafond
du canal-collecteur
D,.
La fuméeremplit
le fond de cecanal,
et ensuitepénètre
dans la chambred’expé-rience,
entraînée par le courant d’air. Ceprocédé
convient enparticulier
à laproduction
destour-billons en bandes transversales et
longitudinales.
Pour la
production
des tourbillons en cellulespoly-gonales,
il vaut mieux introduire la fuméedirecte-ment dans la chambre par un tube
long.
La fumée de tabac est blanche et
épaisse
pendant
quelque
temps
après
la combustion. Elle est un peuplus
lourde que l’air pur. Néanmoins dès que les courants thermoconvectifs se sont établis dansl’air,
la fumée est entraînée par eux et les rend vi-sibles.
Mécanisme et classification des tourbillons thermoconvectifS. - 1. TOURBILLONS EN BANDES LONGITUDINALES. -
L’appareil
actuelsoigneusement
construit et lesprocédés expérimentaux,
qu’on
vient dedécrire,
ont assuré laproduction spontanée
destourbillons thermoconvectifs sous des
épaisseurs
deplusieurs
centimètres.491
parallèles
au courant de fluide. On en a obtenu sousdes
épaisseurs
variant de 1 cm à 8 cm.Nous
désignerons
par un tourbillon en bandes unepaire
de rouleauxsymétriques contigus,
orientés dans le sens du courantgénéral.
Lafigure
6 donne leschéma de ce
type
de tourbillons. La section desFig. 6. ,
rouleaux individuels
est,
enpremière
approxima-tion,
une section carrée.Chaque
rouleau tourneautour de son axe : le
premier
àdroite,
le deuxièmeà
gauche,
le troisième à droite et ainsi de suite.Tout l’ensemble du fluide se meut le
long
du canalavec une vitesse de translation
qui
est engénéral
supérieure
à 2cm ~sec.
Lestrajectoires qui
en ré-sultent à l’intérieur des rouleaux constituent unesorte d’hélice.
Voyons
tout d’abord comment les tourbillons enbandes
prennent
naissance. On chauffepréalable-ment le fond du canal et on établit simultanément le courant
général
parl’aspiration
à la sortie.Ensuite,
on introduit de la fumée de tabac. La fumée blanche
et lourde
pénètre
doucement dans la chambred’ex-périence,
tout en couvrant son fondmétallique.
Deux couches nettement
séparées
s’établissent : la couche inférieure de fumée et la couchesupérieure
d’air pur.Le schéma
(fig.
7)
montre lesquatre
phases
suc-cessives suivantes dans le
développement
des bandesFig. 7.
longitudinales.
Cesdessins représentent
les coupes transversales.Première
phase:
On remarque que -la surface dela
couche,
dessinée ennoir,
devientlégèrement
on-dulée. Ces
dépressions,
orientées dans le sens ducourant
général,
indiquent
que les tourbillons en bandes se forment au sein de la couchesupérieure
d’air pur.’
Derzxième
phase :
lesdépressions s’approfondissent.
La fumée de tabac estpoussée
vers les bords destour-billons croissants. Elle s’accumule en crêtes
aiguës
qui indiquent
les centres des courants ascendants.La
fumée,
concentrée ainsi em crêtesallongées, -
est entraînée par le mouvement tourbillonnaire. Lesrouleaux se revêtent d’une mince
gaine
de fumée. Celle-ci vue enprojection, signale
par uneligne
finele centre des courants descendants.
Troisième
phase:
Les réserves de fumée sontépuisées.
Elle est
passée
tout entière dans lesgaines qui
sontdevenues très
régulières
et opaques.Quatrième phase:
La masse axiale des rouleaux s’écouleplus
vite que la massepériphérique, laquelle
est freinée par les
parois.
Le centre sepurifie
peu àpeu. Puis les
rouleaux,
d’abord opaques, deviennenttransparents.
-J’ajoute
deuxphotographies.
Lapremière (fig.
8)
correspond
à la deuxièmephase
dudéveloppement.
Fig. 8.
On y voit les crêtes
blanches
defumée,
qui indiquent
lesplans
aux courantsascendants,
et leslignes
finesqui indiquent
les courants descendants.La deuxième
photographie (fig.
9)
donne unephase
plus
avancée. La fumée estpassée
dans les rouleaux. Ondistingue
lestrajectoires hélicoïdales,
rendues visibles par un filament de fumée.492
Fig. 9.
on ne voit
plus
de tourbillons.Mais,
une nouvelleinjection
de fuméepermet
de les rematérialiser. Cetteopération
estreproduite
sur lafigure
10. La fumée blanchepénètre
exactement dans les rouleauxFig.10.
précédents.
Le nombre des vrilles est alors celui des rouleaux. Ondistingue également
le caractère héli-coïdal du mouvement interne.Ce
qui
nous intéresse toutd’abord,
c’est la valeurdu
rapport
a ~h,
où l’ondésigne
par x lalargeur
de deux rouleauxjumeaux
et par h leurépaisseur.
D’après
la théorie de LordRayleigh
(17),
cerapport
est
égal
enpremière approximation
à2,
et celaindé-pendamment
despropriétés
physiques
du fluide enjeu
et de lagrandeur
del’épaisseur
h.En faisant varier
l’épaisseur
de la lame d’air de1 cm à 8 cm,
j’ai
trouvé les résultats suivants : 10 Lerapport
xlh
est leplus
fréquemment
supé-rieur à
2 ;
2° Il y a une tendance à
l’augmentation
de cerapport
quand
l’épaisseur h
va encroissant ;
30 Le nombre de rouleaux
longitudinaux
esttoujours
pair.
Quand
il y a, en apparence, un nombreimpair,
onpeut
observer soitl’apparition
d’un rouleaucomplémentaire,
soit ladisparition
d’un rouleausuperflu ;
40 Le nombre de rouleaux varie un peu d’une
ex-périence
àl’autre,
parconséquent
lerapport
xi
varieégalement.
J’ai
beaucoup
insisté pour chercher àexpliquer
cette variation du nombre des rouleaux. Il mesem-blait
qu’il
faudrait faire intervenir le rôle desper-turbations
initiales,
dues au hasard. J’ai démontréexpérimentalement
l’exactitude de cettehypo-thèse.
Pour assurer un nombre
imposé
derouleaux,
il asuffi de
placer
à l’entrée du canal des obstacles solidestrès
petits,
sous la forme depetits cylindres
de 1 cmde diamètre et de 1 cm de hauteur. En arrière de
chaque
obstacle se forme une sorte desillage,
,marqué
par les crêtes blanches de fumée de tabac. Elles se
propagent
tout lelong
du canal et déterminent lesparois
deséparation
entre deuxpaires
consécutives des rouleaux.C’est ainsi que
j’ai
fait varier le nombre de rouleaux entre des limites trèslarges.
Enfait,
j’ai
obtenupour le
rapport
xlh
des valeurscomprises
entre1,25
et 5.Comme
conclusion,
lerapport X/h
peut
varier dans un intervalle trèslarge.
Mais il faut remarquerque les formations
correspondant
aux valeurs ex-trêmes sont peu stables : unepetite perturbation
accidentelle dans lechamp
d’observationpeut
pro-voquer suivant le cas, soit la
diminution,
soitl’aug-mentation du nombre des rouleaux. Il est très
pro-bable que la formation la
plus
stable sera laplus
fréquente,
les autres étant menacées d’êtreplus
aisément détruites.2. TOURBILLONS EN BANDES TRANSVERSALES
On
appelle
tourbillons en bandes transversales lescourants
thermoconvectifs,
spontanément
organisés
en rouleaux
équidistants
etperpendiculaires
au sens du courantgénéral
de la couche fluide. Cette for-mation est moinsfréquente
que celle des tourbillons en bandeslongitudinales,
parce que pour leur appa-ritionplusieurs
conditions doivent être réalisées.Signalons
de suite que l’on ne les ajamais
encoreobtenus dans les
liquides.
On constate sur le schéma
(fig.
11)
lagrande
res-semblance de ces tourbillons avec les tourbillons en bandes
longitudinales.
La couched’air,
chauffée par endessous,
est divisée en rouleauxéquidistants
et
perpendiculaires
au sens du courantgénéral.
Lasection des rouleaux est
approximativement
carrée.Tout l’ensemble de
rouleaux,
tournantalternative-ment à
gauche
et àdroite,
se meut lelong
ducanal,
avec une vitesse de translation
qui
est engénéral
493
Fig. 11.
Cette forme a été obtenue pour la
première
fois par MM. A. C.Philipps
et Sir G. I. Walker(22)
pourune couche d’air de 6 mm
d’épaisseur.
Vu la faibleépaisseur,
les deux auteurs n’ont pas pu donner uneexplication
sûre del’origine
des bandestransver-sales. Nos
expériences
effectuées àplus grande
échelleont
permis
d’observer que les bandes transversalesrésultaient de la
superposition
de deuxphénomènes
suivants :
10 Formation
spontanée
de vagues transversalesà la surface de
séparation
entre la couche de fumée et la couche d’airsupérieure,
animées chacune devitesses
dinérentes ;
2~
Développement
de rouleaux transversauxd’ori-gine
thermoconvective,
chaque paire
de rouleauxétant
placée
dans le creux formé par les deux crêtesdes vagues successives.
Les
quatre
coupesdessinées,
qui reproduisent
lesphases
lesplus
caractéristiques
dudéveloppement
des tourbillons en bandes
transversales,
sontrepro-duites sur la
figure
12.Fig. 12.
Première
phase :
On introduit dans le canal de lafumée de tabac. Deux couches
séparées
s’établissent : la couche inférieure constituée par la fumée et la couche d’airsupérieure. Après,
on chauffe le fond ducanal,
dont la sortie n’estqu’entr’ouverte
pour assurerune faible vitesse. On remarque aussitôt que la sur-face de la couche de fumée devient
légèrement
on-dulée. Lalongueur
d’onde estmarquée
par z, et laflèche
indique
le sens du courantgénéral.
Deuxième
phase:
Dans le creux, entre deux crêtes de vaguesapparaissent
les courants thermocon-vectifsayant
la forme de deux rouleaux tournant ensens
opposés.
Lafumée, poussée
vers lapériphérie
des tourbillons en état de
croissance,
s’accumule en crêtesaiguës
qui indiquent
des courants ascendants.Troisième
phase:
Les crêtes de fumée sepenchent
alors dans la direction du courant et
enveloppent
les rouleaux
qui
lesprécèdent
immédiatement.Quatrième
phase:
La fumée de tabac est entière-ment absorbée par lesystème
de rouleauxtransver-saux roulant vers l’aval du
canal,
tandis que lesystème
de rouleauxcomplémentaire
doit rester trans-parent par manque de fumée.L’origine
de deuxsystèmes
derouleaux,
l’unopaque, l’autre
transparent,
e~L ainsiexpliquée
d’unefaçon simple.
La
figure
13représente
quelques
rouleaux trans-versaux, formés dans une couche d’air de 22 mmd’épaisseur.
Lesystème
de tourbillons se compose de rouleaux blancs(fumée
detabac)
et de rouleauxtransparents
(ils
apparaissent
noirs,
parce que lefond du canal l’est
aussi) qui
se succèdentalterna-tivement.
~
494
3. TOURBILLONS EN CELLULES POLYGONALES ET
QUELQUES AUTRES FORMES. - Les tourbillons
cellu-laires
polygonaux
apparaissent spontanément
dansFig. 1 ~.
’
une couche fluide au repos, uniformément chauffée
par en dessous. On les observe
également
dans une couchepossédant
une vitesse de translation faible Les tourbillons cellulairesproduits dans une
coucheliquide
sont connusdepuis
les travauxclassiques
deM. H. Bénard
(2).
C’est la raison pourlaquelle je
nedonne que le schéma
(fig.
14)
d’un élémenttour-billonnaire pour
rappeler
la circulation à l’intérieur d’une cellulehexagonale.
Le
liquide
chaud etplus
léger
monte dans lapartie
centrale suivant la verticale. Il se
dirige
à lasurface,
dans le senscentrifuge,
vers lesparois
latérales de lacloison ;
pendant
cettepériode
il se refroidit encontact avec
l’atmosphère
ambiante et redevientplus
dense. Ilplonge
ensuite suivant lesparois
laté-rales.Quand
il atteint lefond,
il sedirige
vers lecentre ;
c’est laphase
du réchauffement. Ceprocédé
se renouvellepériodiquement
et une circulationper-manente du
liquide
à l’intérieur dechaque
cellulehexagonale
s’établit.On observe le même
phénomène
dans une couchegazeuse. La seule différence est que le sens de
circu-lation est
inverse,
àsavoir,
la montée se fait suivantles
parois
latérales et la descente dans larégion
centrale des cellules. Cela entraîne que la fumée de tabac estpoussée
sur lefond,
non vers lecentre,
mais vers le contourpolygonal
des cellules.La
photographie, reproduite figure 15,
repré-sente un tel’ réseau
polygonal
endéveloppement.
Lesendroits, marqués
par les crêtes blanches de fuméeaccumulée,
correspondent
aux courants ascendants. On observe sur le même cliché que les cellulespoly-gonales s’alignent
en chaînes.Quand
lesparois
séparant
les cellulessuccessives,
disparaissent,
deux rouleauxlongitudinaux
en résultent.Fig. 15. Les conditions de passage d’un
type
à l’autre de.
tourbillons,
étudiésci-dessus,
ne sont pasparfaite-ment définies. En
effet,
on observe detemps
entemps
l’apparition
simultanée de deux ou trois formes495
céder enfin sa
place
à cellequi
estplus stable ;
c’est letype
de bandeslongitudinales qui prévaut.
Lafigure
16 donne un telexemple.
Lesystème
derou-leaux
longitudinaux
est suivi d’unsystème
de rouleauxobliques.
Ces derniersproviennent
de rouleaux trans versauxqui
vont se transformerprogressivement
par des
positions obliques
en rouleauxlongitude
naux.
Fig. 16.
Courants thermoconvectifs en fonction de la différence de deux
températures
extrêmes.- Nous allons
préciser
le rôle quejoue
ladiffé-rence de
température
de deux faces limitantes dansle
phénomène
des courants thermoconvectifs.L’expérience
montrequ’on
peut
définir enfonc-tion de cette différence de
température
troisrégimes
principaux,
à savoir :a)
lerégime préconvectif
stable,
b)
lerégime
des courants thermoconvectifsor-ganisés
encellules,
dont la formedépend
des condi-tionsspéciales
etc)
lerégime
des courants thermoconvectifsdé-sorganisés,
ou lerégime
de la turbulenceproprement
dite.
a)
RÉGIME PRÉCONVECTIF STABLE. CRITÉRIUM DELORD RAYLEIGH-BÉNARD
(23).
- Cequ’il
y a deplus
important
dans le mémoire de LordRayleigh,
où il a
essayé
d’expliquer théoriquement
lestour-billons thermoconvectifs de
Bénard,
est l’annonceque le
régime
convectif doit êtreprécédé
d’unrégime
préconvectif
stable,
faitqui
avaitéchappé
à l’atten-tion desexpérimentateurs
antérieurs.Il a démontré que la différence de densités des
deux faces doit atteindre une valeur suffisamment
grande
pour que les courants thermoconvectifspuissent
apparaître.
Si l’on se trouve au-dessous de cettevaleur,
lesperturbations
locales s’amortissentgrâce
à la viscosité du fluide etl’équilibre
stable se rétablit bien que les couchessupérieures
soientplus
denses que les couches inférieures.
Les deux
régimes
sontséparés
par un nombrecritique
sans dimensionsA,,
dont la valeur varie selon les conditions aux limites.On se trouve alors dans le
régime préconvectif
stable,
si
-où l’on
désigne
par p, et p, les densités extrêmesdes deux faces de la lame
fluide,
g l’accélération due à lapesanteur,
hl’épaisseur
de la lamefluide,
x lecoefficient de diffusibilité de la chaleur et v le coeffi-cient de viscosité
cinématique.
On passe au
régime
des courantsthermocon-vectifs,
dès que la valeur de lapartie gauche
de cetteinégalité
estplus grande
que~1~.
Dans le cas desgaz, il convient de
remplacer
les termes de densitéspar une
expression équivalente
en termes detempé-ratures. On obtient alors
où l’on a mis dans le dénominateur la
température
moyenne
Tm.
Lord
Rayleigh
n’a traité que le cas abstrait d’une496
bonnes
conductrices,
mais sansfrottement. D’après
lui,
et pour ces conditionsH.
Jeffreys (18)
et A. R. Low(14)
ont étudié des casoù les conditions aux limites se
rapprochent
davan-tage
de celles réalisées dans lesexpériences.
Pour lecas d’une nappe fluide contenue entre deux
parois
rigides
avec lefrottement
et bonnesconductrices,
les deux auteurs trouvent à peuprès
la même valeur pour lecritérium,
valeur voisine de 1 710. Cescondi-tions sont réalisées dans les
expériences
avec le gaz,où il est nécessaire de maintenir la couche fluide
entre deux
parois.
1~~
pour une nappe limitée par une seuleparoi
plane
avecfrottement
et bonneconductrice,
tandis que la surface reste libre et nonconductrice,
seraitégal
à 571. Ce sont les conditions auxlimites,
pour une nappeliquide,
où la surfacepeut
rester libre.J’ai calculé la différence de
température
critique
pour les trois valeurs deA,
en fonction de latempé-rature moyenne,
lorsque l’épaisseur h
a été fixée à1 cm. Le
diagramme (fig.
17),
où l’on aporté
surFig. 17.
l’axe des abscisses la
température
moyenne et surl’axe des ordonnées la différence des
températures
extrêmesAT,
montre que latempérature
moyenneexerce une influence considérable sur la différence
critique
destempératures :
celle-ci croît avec latempé-rature moyenne. Par
exemple,
la différencecritique
AT,
pourA,
=1 709,5,
étantégale
à11,5° C
à unetempérature
moyenne de0~ C,
augmente
jusqu’à
24,70
C à unetempérature
moyenne de 50~ C.La vérification
expérimentale
de ces critériums constituait dans les vues de M. H. Bénard unepartie
essentielle des travauxenvisagés.
Voici les résultats quej’ai
obtenus pour le cas d’une couche d’air limitéepar deux
parois
rigides.
L’intervalle
d’épaisseurs,
où
cette vérificationpeut
êtreréalisée,
est très restreint. La limite infé-rieure estimposée
par le fait que le critérium deLord
Rayleigh-Bénard
a son sens pour des valeurs de AT relativementpetites.
Le désaccord est trèsimportant,
dès quel’épaisseur
de la couche d’air est au-dessous de 10 mm. La limitesupérieure
estégale-ment
imposée,
mais cette fois par le fait que les instruments de mesure ont une limite deprécision.
En
supposant
qu’il
soitpossible
de mesurer latem-pérature
à1/200C
près,
onpeut
calculerl’épaisseur
maximad’après
laformule,
tirée del’inégalité
deLord
Rayleigh,
On trouve à la
température
moyenne de 200 C et pourAp == 1 710,
hmax =
68 mm ; elle diminue à50 mm pour la valeur
~1~
=657,5.
L’expérience
a montré que les résultats étaientincertains
quand
on adépassé
uneépaisseur
de 50 mm. Dans cesconditions,
l’intervalled’épaisseurs
exploré
a étécompris
entre 10 et 50 mm. Ledia-gramme suivant
(fig.
18) représente
les résultatsFig.18.
(t
expérimentaux
comparés
aux valeursthéoriques.
On aporté
sur l’axe des ordonnéesl’expression
et sur l’axe des abscisses
l’épaisseur
h. Pour trois critériums571, 657,5
et1 709,5,
on obtient les courbesthéoriques qui
sont dessinées en traitsfins. La courbe
expérimentale,
AT =f (h),
estrepré-sentée par un trait
épais.
On voit que la courbe réelle a une allure