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De la chirurgie bariatrique à la chirurgie métabolique : recommandations, résultats et perspectives

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Le Courrier de la Transplantation - Vol. XVI - n° 3 - juillet-août-septembre 2016 116

L. Genser

* Service de chirurgie digestive hépato- bilio-pancréatique et transplantation hépatique, groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris.

** Institut de cardiométa- bolisme et nutrition (ICAN),

groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière, Paris.

*** Service de nutrition, groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris.

L’

obésité a été offi ciellement reconnue en tant que pathologie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1998. La progression exponentielle de sa prévalence et des comorbidités associées (hypertension artérielle, diabète de type 2, dyslipidémie, stéatohépatite non alcoolique, inferti- lité, etc.) est un enjeu majeur de santé publique. Selon l’OMS, près de 2 milliards d’individus adultes seraient en surpoids (indice de masse corporelle [IMC] > 25 kg/ m 2 ), et 500 millions seraient obèses (IMC > 30 kg/ m 2 ).

Cette pandémie n’épargne aucune classe d’âge , avec 41 millions d’enfants de moins de 5 ans en surpoids (1) . Cette croissance est liée à la nature complexe et multi- factorielle de l’obésité et à l’ineffi cacité à long terme de la prise en charge médicale exclusive dans l’obésité sévère (2) . La chirurgie bariatrique est une approche récente née au début des années 1950 (3) . Les inter- ventions initiales consistaient en des résections intesti- nales associées à des courts-circuits intestinaux ou à des vagotomies et étaient à l’origine d’une morbimortalité très élevée. Progressivement, la chirurgie bariatrique a évolué, s’est standardisée pour devenir effi cace et peu morbide (4) . Ces avancées ont été permises par

les progrès médicaux (techniques d’anesthésie spéci- fi ques, maîtrise des risques opératoires, réhabilitation précoce) et technologiques (laparoscopie) [3] et la mise en place de fi lières de soins spécifi ques (5) . Les recom- mandations de la Haute Autorité de santé (HAS) ont validé la chirurgie en tant que traitement de l’obésité sévère (IMC ≥ 35 kg/m 2 ) et morbide (IMC ≥ 40 kg/ m 2 ) en 2009 (5) . Depuis, le nombre d’interventions n’a cessé de croître, pour dépasser les 50 000 procédures en 2015 en France.

Considérations préalables à la chirurgie : le parcours de soin

L’obésité est défi nie par un excès de masse grasse ayant des conséquences néfastes pour la santé (1) . Les déterminants de cette pathologie chronique sont multiples (alimentation, facteurs psychologiques, activité physique, infl uences sociétales et environ- nementales, susceptibilité individuelle et familiale) et, le plus souvent, intriqués. En conséquence, la prise en charge des patients obèses doit être globale et

Résumé Summary

» La chirurgie bariatrique, réalisée au sein d’équipes pluri- disciplinaires, est le traitement de référence de l’obésité sévère (IMC ≥ 35 kg/m 2 ) en raison de son efficacité (réduction du poids et des comorbidités) et de sa faible morbidité. Le bypass gastrique Roux-en-Y et la gastrectomie longitudinale représentaient 90,5 % de l’activité bariatrique française en 2014. L’amélioration postopératoire précoce des comorbidités métaboliques ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques dans les maladies métaboliques.

Mots-clés : Chirurgie bariatrique − Obésité − Chirurgie métabolique .

Bariatric surgery, performed in multidisciplinary team, is the gold standard treatment for severe obesity, allowing an important and long-lasting weight loss concomitant with the improvement of comorbidities and limited morbidity and mortality. In 2014, Roux-en-Y gastric bypass and sleeve gastrectomy represented more than 90% of the procedures performed in France. The fantastic early postoperative improvement of metabolic comorbidities beyond body mass consideration claims for the wide adoption of metabolic surgery.

Keywords: Bariatric surgery − Obesity − Metabolic surgery .

De la chirurgie bariatrique à la chirurgie métabolique : recommandations,

résultats et perspectives

From bariatric surgery to metabolic surgery : guidelines, results and perspectives

L. Genser*,**, C. Poitou**,***, A. Torcivia*, A. Saget*, N. Helmy*, J.C. Vaillant*, J.M. Oppert**,***, O. Scatton*, J.M. Siksik*

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Le Courrier de la Transplantation - Vol. XVI - n° 3 - juillet-août-septembre 2016 117

Figure. Classifi cation de l’obésité et du surpoids et prise en charge thérapeutique de l’obésité chez l’adulte ; description du parcours clinique du patient obèse candidat à la chirurgie bariatrique et opéré (d’après [5]).

Surpoids 25-29,9

Obésité Modérée 30,0 -34,9

Classification de l’obésité et du surpoids

Classification IMC (kg/m2)

Prise en charge : indications Modification

du mode de vie Traitement

médical Traitement chirurgical

+

+ +

+ + ±

+ + +

• IMC : 35-39,9 kg/m2 sans comorbidité susceptible d’être améliorée par l’amaigrissement

• Absence de prise en charge médicale multimodale spécialisée préalable au cours des 6-12 derniers mois

• Troubles cognitifs/mentaux sévères

• Troubles sévères et non stabilisés du comportement alimentaire

• Incapacité prévisible du patient à participer à un suivi médical prolongé

• Dépendance à l’alcool aux substances psychoactives licites et illicites

• Pathologies mettant en jeu le pronostic vital à court et moyen terme

• Contre-indications à l’anesthésie générale

OUI NON

Décision collective Réunion de concertation

pluridisciplinaire

Sévère 35,0-39,9

Morbide ≥ 40

Prise en charge multidisciplinaire

≥ 6 mois

Chirurgie

Suivi à vie Contre-indication(s)

à la chirurgie bariatrique ? Évaluation globale

multidisciplinaire

Éducateur

la fi gure .

Seuls les patients atteints d’obésité sévère ou morbide sont éligibles pour la chirurgie. Le patient est préparé à la chirurgie pendant une durée minimale de 6 mois.

Cette période, qui peut paraître longue, est néces- saire, d’une part, pour réaliser un bilan préopératoire extensif des diff érentes comorbidités et, d’autre part, pour informer et éduquer le patient sur la chirurgie elle-même (bénéfi ces et objectifs attendus, compli- cations) et sur la nécessité d’un suivi régulier à vie. Ce travail en amont, réalisé par le patient avec les diff é- rents intervenants médicaux, paramédicaux et avec l’aide des associations de patients, permet de placer le futur opéré au centre du dispositif et de le rendre acteur de sa prise en charge. Après une évaluation multidisciplinaire du patient et de son environne- ment, l’équipe prend collectivement la décision de l’intervention lors d’une réunion de concertation pluri- disciplinaire (RCP) dédiée. L’effi cacité de la chirurgie dépendant directement de la qualité du suivi, cette préparation est primordiale (5) .

Plus d’une cinquantaine d’interventions bariatriques, en comptant toutes les variantes , ont été décrites au cours des 60 dernières années (3) . Quatre d’entre elles se sont imposées en raison de leur reproductibilité et de leur bonne balance bénéfi ce-risque (réduction du poids et des comorbidités versus morbimortalité) [5] : l’anneau gastrique ajustable (AGA), la gastrectomie longitudi- nale (GL), ou sleeve gastrectomy , le bypass gastrique de Roux en Y (RYGB) et la dérivation biliopancréatique avec switch duodénal (DBP-DS).

L’AGA et la GL ont une action purement restrictive (dimi- nution de la capacité gastrique entraînant un rassasie- ment précoce), alors que le RYGB et, a fortiori, la DBP-DS, combinent restriction et malabsorption (court-circuit de l’intestin grêle, plus ou moins important selon l’interven- tion). Les caractéristiques techniques des diff érentes inter- ventions sont présentées dans le tableau I, p. 118 . En 2014, la GL était l’intervention la plus couramment réalisée en France (n = 28 563 ; 60,7 %), devant le RYGB (n = 14 014 ; 29,8 %) et l’AGA (n = 4 364 ; 9,3 %) en perte de vitesse depuis 2010, en raison de ses résultats décevants à long terme,

(3)

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Tableau I. Description des interventions recommandées et de leurs résultats respectifs (d’après [4-11]). Iconographie d’après (5) ; www.has-sante.fr.

Interventions Action

R/M Effi cacité à 5 ans (%) Morbidité (%) Mortalité (%)

Globale Réintervention pour complication

AGA R Perte d’excès de poids : 65 %

Rémission des comorbidités – DT2 : 13 %

– HTA : 60 % – dyslipidémie : 50 %

10 9,6 0,09

GL R ➢ Perte d’excès de poids : 64 %

➢ Rémission des comorbidités – DT2 : 80 % (études observationnelles) – HTA : 45 %

– Dyslipidémie : 68 %

11 5 0,3

RYGB R > M ➢ Perte d’excès de poids : 65 %

➢ Rémission des comorbidités – DT2 : 42 % (étude randomisée) – HTA : 80 %

– Dyslipidémie : 72 %

16,5 4 0,3

DBP-DS M > R ➢ Perte d’excès de poids : 75 %

➢ Rémission des comorbidités – DT2 : 68 % (étude randomisée) – HTA : 50 %

– Dyslipidémie : 50 %

30 13 0,7

AGA : anneau gastrique ajustable ; GL : sleeve gastrectomie ; RYGB : bypass gastrique Roux-en-Y ; DBP-DS : dérivation bilio-pancréatique avec switch duodénol ; ? : longueur d’anse non mesurée et donc inconnue (anse commune dans le RYGB et anse alimentaire dans le DBP-DS) ; R : restriction ; M : malabsorption ; DT2 : diabète de type 2 ; HTA : hypertension artérielle.

20 cc

30 cc

150 cm

100 cm 250 cm 70 cm ?

? 200 cc

de sa mauvaise tolérance et de la morbidité inhérente aux dispositifs implantables. La DBP-DS est l’intervention la plus effi cace mais également la plus morbide et la plus com- plexe sur le plan technique. Pour ces raisons, sa diff usion reste limitée à certains centres experts (143 procédures réalisées en France en 2014 ; 0,3 %) [12] .

Les avancées techniques en laparoscopie telles que le monotrocart (13) ou la chirurgie robotique (14) ont démontré leur faisabilité et leur innocuité. Cependant, leur bénéfi ce, par rapport à l’approche laparoscopique conventionnelle, reste à démontrer. L’objectif étant d’évoluer vers des techniques minimalement invasives, de nombreux dispositifs chirurgicaux endoscopiques ont été développés (par exemple, la NOTES [Natural Orifi ce Translumenal Endoscopic Surgery] ), sans qu’aucun ne démontre une quelconque supériorité par rapport à la prise en charge médicale associée aux modifi cations du mode de vie (15) .

Résultats : une balance bénéfi ce-risque comparable pour chaque procédure (tableau I) De nombreuses études (plus de 4 000) ont rapporté les résultats des 4 interventions et de leurs variantes tech-

niques dans diff érentes populations (7) . Leur hétéro- généité et l’absence d’études contrôlées randomisées comparant les 4 techniques ne permettent pas de déter- miner quelle est la meilleure intervention en général et en fonction du terrain de chaque patient (sévérité de l’obésité, comorbidités, prise d’antirétroviraux ou d’immunosuppresseurs à long terme) [4-11] . Toutes présentent une balance bénéfi ce-risque équivalente, malgré une effi cacité et une morbidité variables selon les interventions (5) .

À long terme, l’AGA off re des résultats satisfaisants chez des patients sélectionnés, éduqués (maintien d’une activité physique régulière) et suivis très régulière- ment (16) . Cependant, dans la population générale, ses résultats sont décevants et aboutissent, dans 50 % des cas, à l’ablation du dispositif soit pour insuffi sance de la perte pondérale, soit pour complication liée à l’anneau (bascule, glissement, migration intragastrique) ou au boîtier. Cette technique est certes la moins effi cace, mais également la moins morbide.

À l’inverse, la DBP-DS est la plus effi cace, car elle permet une perte de poids très importante et durable à très long terme (20 ans) [10] , mais elle est également la plus

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marqué qu’avec les autres techniques.

Le RYGB et la GL sont les 2 techniques les plus répan- dues (90 %) [12] , car elles sont non seulement effi caces mais aussi peu morbides. La principale complication redoutée est la fi stule digestive. Son incidence a considé- rablement diminué au cours de la dernière décennie et est comparable entre la GL (2,2 %) et le RYGB (1,9 %) [6] . Indépendamment du caractère restrictif ou malabsorptif des diff érentes techniques, toutes imposent la prise de suppléments vitaminiques, de fer et de calcium, pour une durée minimale de 1 an après AGA ou GL, et à vie en cas de RYGB ou de DBP-DS (5) .

Le suivi : à vie (tableau II)

L’obésité est une maladie chronique, et la chirurgie baria- trique, une étape dans sa prise en charge. L’objectif est le même qu’en cas de prise en charge médicale de l’obésité : perdre du poids, mais, surtout, maintenir le nouveau poids à long terme. Toutes les interventions exposent au risque d’échec, surtout en cas d’interruption de la surveillance : la reprise pondérale n’excède alors pas 15 % de l’excès de poids perdu (2) . Le suivi est donc capital, car il conditionne les résultats. Il sera multidisciplinaire et comprendra au minimum 4 visites la première année suivant l’opération puis 1 fois par an à vie afi n de s’assurer

Perspectives : la chirurgie métabolique

De la chirurgie de l’obésité à celle

des comorbidités indépendamment de l’indice de masse corporelle initial

Les diff érentes interventions décrites ci-dessus ont été initialement conçues dans le but d’obtenir une perte de poids importante et durable. Cependant, toutes − et surtout celles comprenant un court-circuit digestif (RYGB et DBP-DS) − ont montré qu’elles permettaient d’obtenir la rémission des comorbidités métaboliques, et notamment du diabète de type 2, peu de temps après l’opération, indépendamment de la perte de poids et de l’IMC initial (inférieur à 35 kg/m 2 ou non ). Ces bénéfi ces sont corrélés à la diminution du risque cardiovasculaire à moyen et long terme et à la baisse de la mortalité chez les patients opérés (2) . L’amélioration du contrôle glycémique chez les patients diabétiques après chirurgie bariatrique est connue depuis les années 1970, et depuis 1940 dans le cas des gastrectomies pour cancer (3) . Ces données sug- gèrent que l’intestin grêle occuperait une place prépon- dérante dans la régulation de l’homéostasie glucidique et pourrait donc constituer une cible thérapeutique dans les maladies métaboliques. Plusieurs études randomisées, Tableau II. Description du suivi après chirurgie bariatrique (5).

Première année : 3, 6 et 12 mois Années suivantes

Évaluation clinique ➢ Complications chirurgicales, conseils en cas d’urgence

➢ Perte de poids

➢ Ajustement des traitements

➢ État nutritionnel

➢ Contraception

➢ Situation psychologique

➢ Complications chirurgicales

➢ Évolution du poids (maintien, reprise)

Modifi cation comportementale sur le long terme (alimentation, activité physique)

➢ Comorbidités

➢ État nutritionnel (carences)

➢ Observance médicaments (vitamines)

➢ Complications fonctionnelles : diarrhées, hypoglycémies

➢ Contraception, grossesse

➢ Conseils de chirurgie réparatrice

➢ Situation psychologique

➢ Situation sociale

Examens biologiques 3, 6, 12 mois puis tous les ans : NFS, bilan martial, créatinine, ionogramme complet glycémie, vitamine D, calcémie, albumine, préalbumine

➢ HbA1c en cas de diabète

➢ Vitamine B9 (femme en âge de procréer)

➢ Vitamine B12, PTH à 1 an

Vitamine B1 et bilan vitaminique complet (groupe B, zinc) en cas de vomissements répétés, d’asthénie importante, de perte de poids majeure et de signes neurologiques

Examens

complémentaires ➢ Évaluation de la composition corporelle et ostéodensitométrie (idéalement à 1, 5 et 10 ans)

➢ Transit œso-gastroduodénal (suivi annuel en cas d’AGA)

➢ En fonction des antécédents chirurgicaux (tomodensitométrie, fi broscopie œso-gastroduodénale, etc.)

➢ Pour évaluer les comorbidités (par exemple épreuves fonctionnelles respiratoires, gaz du sang)

➢ En cas de complications fonctionnelles, par exemple hyperglycémie provoquée par voie orale

(5)

Le Courrier de la Transplantation - Vol. XVI - n° 3 - juillet-août-septembre 2016 120

comparant la chirurgie bariatrique au traitement médical chez les patients diabétiques atteints d’obésité, sévère ou non, ont démontré que la chirurgie était le seul traitement capable d’induire la rémission du diabète de type 2 à 2, 3 et 5 ans. Ainsi, un consensus récent validé par près de 50 sociétés savantes de diabétologie et de chirurgie a validé l’introduction de la chirurgie dans l’algorithme thérapeutique du diabète de type 2, indépendamment de la sévérité de l’obésité (11) .

Chirurgie bariatrique et cirrhose sur stéatohépatite non alcoolique

La stéatohépatite non alcoolique est une complication métabolique de l’obésité. Cependant, l’opportunité de la chirurgie bariatrique dans cette indication, indé- pendamment de la sévérité de l’obésité, et au stade de cirrhose n’est actuellement pas établie, en raison du faible niveau des preuves disponibles.

Contre la chirurgie bariatrique

Selon les recommandations de la HAS (5) , la cirrhose est une “maladie mettant en jeu le pronostic vital à court et moyen terme” et constitue, en théorie, une contre-indica- tion à la chirurgie bariatrique. En eff et, indépendamment de l’étiologie, la cirrhose a été identifi ée comme étant un facteur de risque de morbi mortalité, non seulement en chirurgie abdominale ( risque multiplié par 8 ) [17]

mais aussi en chirurgie bariatrique, avec un risque de mortalité multiplié par 2 en cas de cirrhose compensée et par 21 en cas de cirrhose décompensée (18) . Pour la chirurgie bariatrique

L’impact négatif de l’obésité tout au long du parcours clinique du patient ayant reçu ou attendant une transplantation hépatique, associé à l’ineffi cacité des règles hygiénodiététiques, posent la question de la place de la chirurgie bariatrique dans cette population. En eff et, plus de 50 % des patients présentant une cirrhose sur stéatohépatite non alcoolique sont obèses. L’obésité est un facteur limitant l’accès à la greff e, en raison, d’une part, de l’augmentation de la morbi mortalité et, d’autre part, du risque d’inadéquation entre la taille du greff on

et le receveur (small-for-size syndrome) [19] . Aux États- Unis, l’obésité morbide (IMC > 40 kg/m 2 ) est même une contre-indication à la greff e hépatique. Ces facteurs augmentent le délai de prise en charge, limitant d’au- tant la probabilité d’une transplantation et la survie des patients en liste d’attente. En outre, l’obésité sévère est un facteur indépendant de morbidité au cours de l’opération ( pertes sanguines) [20] et dans les jours qui suivent (< 30 jours) [21, 22] . Les conséquences de l’obé- sité sur la survie du greff on et du patient sont un sujet débattu, cependant une étude de registre de l’OMS portant sur plus de 75 000 patients suivis pendant 20 ans a démontré que l’obésité morbide préopératoire était un facteur indépendant de décès par complications cardiovasculaires, sepsis et cancer (23) . L’ensemble de ces travaux montre l’importance d’une prise en charge effi cace de l’obésité avant la greff e et de la place poten- tielle de la chirurgie bariatrique dans cette population.

Une revue systématique parue récemment (24) a fait la synthèse des courtes séries et des cas cliniques publiés.

Les auteurs montrent que la chirurgie bariatrique, et plus particulièrement la GL, était réalisable chez les patients cirrhotiques sans hypertension portale aussi bien avant que pendant la transplantation, au prix d’une morbidité postopératoire non négligeable (12,5-27 %) et d’un taux élevé de nouvelles interventions pour compli- cations (7,7-12,5 %). Les résultats pondéraux à moyen terme étaient comparables à ceux de la population générale, et aucune diffi culté concernant la gestion de l’immunosuppression postopératoire n’était rapportée.

Conclusion

La chirurgie bariatrique est aujourd’hui le seul traite- ment permettant d’obtenir une perte pondérale impor- tante et durable chez les patients atteints d’obésité sévère, au prix d’une morbidité faible et maîtrisée.

L’amélioration postopératoire précoce des comorbidités métaboliques a ouvert la voie à la chirurgie métabo- lique. Néanmoins, la pérennité de ses bénéfi ces à long terme, dans cette indication, reste à confi rmer.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

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R é f é r e n c e s b i b l i o g r a p h i q u e s

VOCABULAIRE

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Société Francophone de Transplantation Président : B. Barrou

Le Courrier de la Transplantation - Vol. XVI - n° 3 - juillet-août-septembre 2016 121

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eRÉUNION ANNUELLE

SOCIÉTÉ

FRANCOPHONE

DE TRANSPLANTATION

LIÈGE

6-9 DÉCEMBRE 2016

www.transplantation-francophone.org

Informations - contacts : VBCE-SFT 43, rue de l’Abbé-Groult - 75015 Paris - France Tél. : + 33 (0)1 45 33 60 46 - Fax : + 33 (0)1 45 33 57 15 Email : secretariat@transplantation-francophone.org

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