A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
P. A PPELL
Sur les équations différentielles homogènes du second degré à coefficients constants
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 3 (1889), p. K1-K12
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K.I
SUR LES
ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES HOMOGÈNES DU SECOND ORDRE
A COEFFICIENTS CONSTANTS,
PAR M. P. APPELL.
1. Soit une
équation
difl’érentielledont le
premier
membre est unpolynôme homogène
irréductible par rap-port
à une fonction y de la variable x et à ses dérivéesy’, y"
: les coefficients de cepolynôme
sontsupposés
constants, c’est-à-direindépendants
de x.L’intégration
del’équation
se ramène immédiatement auxquadratures :
ilsuffit,
eneffet,
de poserpour obtenir une
équation
dupremier
ordredonnant x en fonction de u par une
intégrale
abélienne.Ainsi
qu’on
le fait pour leséquations
linéaires ethomogènes,
onpeut
trouver des solutions de
l’équation ( 1 ) ayant
la formespéciale
C
désignant
une constante arbitraire et r une constante, racine del’équa-
tion
Dans le cas des
équations linéaires,
les solutions ainsi obtenues sont toutesparticulières :
on peut se demander s’il en est encore ainsilorsque l’équa-
tion différentielle
homogène
n’estplus
linéaire.Nous allons montrer que certaines de ces
intégrales peuvent
êtreparti- culières,
d’autressingulières,
en donnant en mêmetemps
le moyen de re- connaître si une de cesintégrales
estparticulière
ousingulière.
On verraque, dans des cas
limites,
toutes lesintégrales
de la formepeuvent
êtreparticulières,
ou toutessingulières (’ ~.
2.
L’équation (2)
obtenue en faisantest de la forme
où ~o
( u),
y,( u),
...,r~n ( u)
sont despolynômes,
dont le dernier apour racines les constantes r donnant les solutions
Soit r une racine de
9n (u)
il est évident quesera une
intégrale
del’équation (3);
ils’agit
de voir si cetteintégrale
doitêtre
regardée
commeparticul.ière
ou commesingulière.
Lorsque
l’on fait u = r,l’équation (3)
en u’ a au moins une racine nulle.Supposons
d’abordqu’elle
n’en aitqu’une,
c’est-à-dire que la valeur u = rn’annule pas
o~~~(~) :
: alorsl’intégrale
u = r estparticulière
parrapport
à la branche de la fonction
intégrale
dont la dérivée s’annule pour u = r.En
effet,
comme pour u = r une seule valeur de u’s’annule,
cette valeurest, pour des valeurs de u voisines de r,
développable
en une série de laforme
( 2 )
( 1 ) Pour la théorie des intégrales singulières des équations du premier ordre, consulter
les travaux de Darboux ( Comptes rendus, I870) et Cayley (Messenger of Mathema- tics, I872, I876) et une Note de M. Kapteyn (Bulletin des Sciences mathématiques, 1888).
Pour les intégrales singulières des équations du second ordre, nous signalerons un travail
de Goursat (American Journal, t. XII).
( 2 ) Voir BRIOT et BOUQUET, Théorie des fonctions elliptiques, Livre V.
p étant un entier
positif.
On tire de làet, en cherchant
l’intégrale qui
se réduit à uo pour x = o,où
A’o
= i et où le termecorrespondant
à s = p - r doit êtreremplacé
parEn écrivant cette
intégrale
on voit que,
lorsque
tend vers r, tous les termess’annulent, excepté (u - r)P-f
on trouvedonc,
en faisant tendre uo vers r,ce
qui
montre que u = r est bien uneintégrale particulière
pour la branclle considérée del’intégrale générale.
On verra sanspeine
comment il faudrarnodifier le calcul
précédent
dans le casparticulier où p
= I ; lespremiers
termes du
développement (4)
sont alors deslogarithmes;
la conclusion sub-siste, u
= ; estintégrale particulière.
Supposons
maintenant que la valeur considérée u == r annule non seule-ment ~n
( u),
mais aussi( u),
~n_?( u),
....Alors, quand
u tend vers r,plusieurs
des valeurs de u’ définies parl’équation
tendent vers zéro. Ces valeurs se
partagent
ensystèmes
circulaires com-posés
de racinesqui
se permutent dans levoisinage
de M == r. Pour l’un deces
systèmes circulaires,
on aurap et q~ étant des entiers
positifs.
On vérifiera par un calculidentique
auprécédent
que, sila solution
doit être
regardée
comme uneintégrale particulière,
pour la branche de la fonctionintégrale
satisfaisant àl’équation (5).
l’lais, si
cette solution u = r devra être
regardée
comme uneintégrale sillgulière.
En
effet, cherchons,
commeplus haut, l’intégrale
uqui
se réduit à uo pourx = o; nous verrons que cette
intégrale
ne tend pas vers u = rquand uo
tend vers ;. Pour cela nous pouvons
procéder
commeplus
haut : écrivonsl’équation
d’où,
enintégrant,
la constante
Ao ayant
la valeur i. Actuellement tous lesexposants
dusecond membre sont
positifs, puisque!!.
1 : si donc on fait tendre uo versr,
l’intégrale précédente
tend vers la fonction u définie parl’équation
fonction
qui n’est
pas du tout u = r.t L’intégrale u
= r est doncsingulière.
On arriverait
également
à cette conclusion en faisant dansl’équation ( 5 )
lasubstitution
Il
peut, d’après cela,
arriverqu’une
même solution u = r doit être en-visagée
commeparticulière
ou commesingulière,
suivantqu’on
la compareà l’une ou à l’autre des branches de la fonction
intégrale.
Les
règles précédentes permettront
de reconnaître facilement si une solu- tion u = r estparticulière
ousingulière.
Parexemple,
sil’équation
est telle que
l’intégrale
abéliennesoit de
première espèce,
c’est-à-dire restepartout finie,
toutes les solutions de la forme u = ; serontsingulières.
3. Si nous revenons aux
équations algébriques homogènes
à coefficientsconstants en y,
y’, y",
nous somrnes maintenant en mesure de
reconnaître, parmi
lesintégrales
dela forme
celles
qui
sontparticulières
et cellesqui
sontsingulières.
Nous allons traitercomme
exemple
le cas leplus simple,
à savoir le cas d’uneéquation
homo-gène
du second ordre et du seconddegré
les coefficients ao, a2, ait,
bt, b2, b3
étantsupposés
constants. Cetteéqua-
tion admet des
intégrales
de la former étant racine de
l’équation
dequatrième degré
Si nous faisons
l’équation
différentielle devientDans le cas
particulier où ao = o,
cetteéquation
est dupremier degré
en
u’;
les trois valeurs de uqui
annulent ~,( u)
donnent alors desintégrales particulières.
Supposons
maintenant ao différent de zéro. Si aucune des racines dupolynôme
duquatrième degré
~?( r~~
n’annule le trinômeles
quatre intégrales
obtenues enégalant u
à l’une des racines de~~ (u )
sont
particulières;
les solutions de la formede
l’équation (6)
sont donc toutesparticulières.
Si une racinesimple
de03C62
( u)
annule le trinôme 03C61(u),
la solutioncorrespondante
estsingulière;
les autres sont
particulières.
Si deux racines
simples
de ~~( u)
annulent le trinôme ~~( u),
les deux in-tégrales correspondantes
sontsingulières;
les deux autres sontparticu-
4. Ce dernier cas est
remarquable
en ce quel’intégrale générale peut
se mettre, dans ce cas, sous une formeparticulièrement simple.
Eneffet, puisque
~2( u)
est divisible par( u),
onpeut
écrireou, en
développant
etidentifiant,
Cela
posé, l’équation
en us’écrit en divisant tous les termes par ao,
remplaçant ~.,(u)
par sa valeuret p osant
b’
= ~~,Si l’on
appelle r’
et r" les racines du trinôme u2 + a u+ 03B2 supposées distinctes,
etp’
etp"
celles du trinômesupposées également distinctes,
les solutionsC e’’’x
seront
particulières,
les solutionsseront
singulières.
Pour obtenir d’unefaçon simple l’intégrale générale,
posons
d’où
l’équation
deviendraou, en
écrivant 1’
ety’
à laplace
desconstantes ) - ri2,
y -ri2,
et, en revenant à la fonction J par les formules
Diflérentiant enfin cette
équation
parrapport
à x, on trouveDonc toute solution de
l’équation (g)
annule l’un des deux facteurs linéairesIntégrons
d’abordl’équation
linéaire et à coefficients constants. Son
intégrale générale
estou encore
puisque
r et 1" sont les racines del’équation
Si l’on substitue cette
intégrale
dans lepremier
membre del’équation
différentielle
( 8 ),
cepremier
membre~~ (.~", z’, z) prendra
une valeur con-stante,
puisque
sa dérivée deviendra nulle. Cette valeur constante sera évi- demment une formequadratique
deC, C’,
C" : : enégalant
cette forme àzéro,
on aura une relation déterminant une des constantesC, C’,
C" enfonction des deux autres; sous cette
condition, l’expression (10)
sera l’in-tégrale générale
del’équation
en z. Ainsil’intégrale générale
del’équa-
tion
(8 )
en z est de la formeremarquable
C, C’,
C" étant liés par une certaine relationalgébrique
obtenue enégalant
à zéro une forme
quadratique
deC, C’,
C".L’intégrale générale
de l’é-quation
en y sera,puisque y
=Pour former la relation
qui
lieC, C’, C", remplaçons z
parl’expres- sion (10)
dans lepremier
membre~(z", z’, z)
del’équation (8).
Commel’expression (10)
donnenous aurons d’abord
puis,
commenous aurons enfin
valeur
qui
est bien constante. Si donc on établit entreC, t~’,
C" la relationl’expression (10)
estl’intégrale générale
del’équation. Faisons,
pour sim-plifier,
nous verrons que
l’intégrale générale
del’équation (8)
en z estet, par
suite,
celle del’équation
en y,avec deux constantes arbitraires À et Sur cette forme de
l’intégrale gé- nérale,
on voit bien que er’x et er’lx sont desintégrales particulières
corres-pondant
à p = o et X = o.Nous avons obtenu cette
intégrale générale
enégalant
à zéro lepremier
facteur de
l’expression
de‘~y (g).
Si nouségalons
à zéro l’autre facteurnous aurons une
équation
du second ordreayant
pourintégrale générale
ou encore
puisque
nous avonsappelé p’
etp"
les racines del’équation
Si l’on substitue cette valeur de z dans
l’expression y~(~", .~’, 2~,
cetteexpression
deviendra encore une constante,puisque
l’on aura encoreet cette constante sera une forme
quadratique de g"
Enégalant
cetteforme à
zéro,
on établira une relationentre g’
etg"
si cette relation estsatisfaite, l’expression (12)
sera uneintégrale
del’équation
différentielle~~ = o, avec une constante arbitraire. Pour former cette
relation, substi-
tuons
l’expression
.dans le
premier
membrey~(â", â’, z)
del’équation
différentielle(8).
Commecette
expression
donneon a
Si donc on suppose
l’expression (12)
sera uneintégrale
dey~(2", ~’, z)
= o. On trouve ainsi lesdeux
intégrales
ou encore
Comme on a
on en
déduit,
pourl’équation
différentielleproposée,
les deuxintégrales
qui
sontsingulières,
comme nous l’avons vu.L’équation
que nous venons d’étudier rentre dans unecatégorie générale d’équations
différentielles dont nous nous sommesoccupés précédem-
ment dans une Note insérée dans les
Comptes
rendus des séances de l’Académie des Sciences(second
semestre1888)
et dans un Mémoire Sur les invariants dequelques équations différentielles, publié
dans le Joui- nal deMathématiques (4e série,
t.V, I889).
Remarque
J. - Nous avonssupposé
les racines r’ et r" del’écluation
distinctes,
c’est-à-diredifférent de zéro. Si l’on
avait 1’
= o,Inéquation ~r~(2", .~’, ~ ~
= o deviendrait d’oùl’renant d’abord â"’= o, on a
et, en
portant
dansy~ ( â", ,~’, ~ ),
Si donc on fait
l’expression ( 13 ), c’est-à-dire
est
l’intégrale générale
del’équation ~
= o avec deux constantes arbitrairesh et p.
L’intégrale générale
del’équation
en y estComme
plus haut,
les solutionssont
Remarque
ll. - Nous avonssupposé
les racinesp’
et03C1"
del’équation
distinctes,
c’est-à-dire03B3’
_ 03B3 - oc2 différent de zéro. Si03B3’
étaitmil,
tion
K.I2
ne serait
plus
irréductible et sedécomposerait
en deux facteurs linéairesil en serait de même de
Inéquation proposée
en y.Enfin nous avons
supposé 1’
différent dey’.
Si l’on avaiton aurait
et le
premier
mernbre de cetteéquation
serait le carré d’une fonction li- n éaire .En revenant à
l’équation
en uil resterait à examiner
quelques
casparticuliers,
parexemple
le cas où uneracine
simple
de03C61(u)
serait double outriple
pour03C62( u).
Mais l’examende ce cas,
qui, d’après
la théoriegénérale,
neprésente
aucunedifficulté,
n’offre pas d’intérêt