G ERGONNE
Arithmétique. Sur un complément que réclament les élémens du calcul
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 21 (1830-1831), p. 117-132
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II7
ARITHMÉTIQUE.
Sur
uncomplément que réclament les élémens du calcul;
Par M. G E R G O N N E.
OMISSION
DESÉLÉMENS.
EXPRIMER
exactement, par unefraction,
unegrandeur
moindreque son unité de mesure est un
problème qui , lorsqu’il
estpossible ,
estsusceptible
d’une infinité desolutions , puisque ,
lors-qu’on
a obtenu une fractionqui
lerésout,
cette traction nechange
pas de valeur en
multiplant
ses deux termes parquelque
nombreentier que ce
puisse
être.Réduire des fractions
proposées
au même dénominateur estéga-
lement un
problème susceptible
d’une infinité desolutions , puis-
que, dès que , par
quelque procédé
que cepuisse être,
on estparvenu à amener les fractions
proposées
à cetteforme
elles laconservent encore
lorsqu on multiplie
les deux termes de chacuned’elles par un même nombre
quelconque.
Or ,
la raisondit ,
que toutes les foisqu’un problème peut
être résolu deplusieurs manières,
etqu’une
seule de ses solutions estdemandée,
c’est à laplus simple
de toutesqu’on
doit donner lapréférence.
Lors doncqu’on
propose , soitd exprimer
en fractionune
grandeur
moindre quel’unité ;
soit de réduire au même dé- nominateur des fractionsdonnées ,
on est raisonnablement fondé àexiger
que , dans l’un comme dans 1 autre cas , les fractions aux-quelles
onparviendra
soientexprimées
aussisimplement
que la na-ture du
problème
pourra lecomporter.
Tom. XXI. I6
II8 OMISSION
C’est là ce
qu"on fait,
erleffet, lorsqu’il s’agit d’exprimer
ehfraction une
grandeur
moindreque l’unité,
ou , cequi
revient au’même , lorsqu’il s’agit d’exprimer numériquement
le rapport en-tre deux
grandeurs homogènes ;
et c’est mêmetrès-probablement
le désir
d exprimer
constamment cerapport
de la manière laplus simple qui
a donnénaissance
à la théorie duplus grand
commundiviseur ,
dont les besoins de lagéométrie
et de1 analyse
ont faitétendre ensuite les
applications
à deuxlignes droites ,
à deux arcsde même rayons et enfin à deux
polynômes.
Mais on peut aussi avoir à
exprimer
lerapport
entreplus
dedeux
grandeurs homogènes ,
et désirerégalement
d’obtenir ce rap-port
sous la forme laplus simple ;
or , lesélémens,
même lesplus complets,
demeurent tout à fait muets sur la manière de ré-soudre ce
problème.
En outre , la méthode que l’on
donne ,
dans tous lestraités
,comme méthode
normale,
pour la réduction des fractions au mêmedénominateur ,
est rarement propre à donner les fractions trans- formées sous la forme laplus simple. A
lavérité,
dansplusieurs
de
ces ouvrages , on fait remarquer que souvent la formeparti-
culière des fractions
proposées permet
d obtenirdes fractions plus simples
que cellesauxquelles
conduitl’application
duprocédé
or-dinaire ; mais ,
au lieu de donner sur cesujet
despréceptes gé-
néraux ,
on seborne ,
pourl’ordinaire ,
à unexemple unique ,
et on se repose , pour le
surplus ,
sur l’adresse etl’intelligence
du calculateur.
Étrange bizarrerie ;
onréprimanderait
durement un élèvequi
annoncerait ,
comme résultat final dequelque recherche ,
que deuxlongueurs proposées
sont entre elles comme los nombres78897
et82654 ,
attendu que lerapport
entre ces deux nombrespeut
êtreremplacé
par lerapport plus simple
de 21 à 22 ; et ,bien que
lerapport
entre les trois nombres78897 , 82654 , III265 , puisse également
êtreremplacé
par lerapport plus simple
entreles trois nombres
464I , 4862 , 6545 ,
onne
sauraitnéanmoins
DES II9
faire
aucunreproche
fondé à ce même élèvesi ,
au lieu de direque trois
longueurs
sont entre elles comme ces trois derniers nom-Lres ,
il disaitqu’elles
sont entre elles dans lerapport
des troispremiers ,
attenduqu’on
ne donne nullepart
despréceptes qui enseignent
à passer des uns aux autres.Pareillement on accuserait à bon droit un élève d’être bien peu familier avec la science des
nombres,
s’il disait d’unelongueur qu’elle
est lesI0290 II025
de sonunité
, parcequ’en
effet cette frac-tion
peut
êtreremplacée
par la fractiontrès-simple I4 I5 ;
maissi
ayant
à réduire au même dénominateur les trois fractionsI4 I5
,20 2I , 34 35 ,
il donnait comme fractionstransformées ,
au lieu des frac-tions assez
simples 98 I05 , I00 I05 , I02 I05 ,
les fractionscompliquées I0290 , I0500 , I07I0 ,
il n encourait aucunreproche,
parcequ’en
effet ce sont les trois dernières que donnel’application
duseul
procédé
que l’onenseigne complètement
dans les livres.On dira
peut-être qu’un
élève tant soit peu exercé etintelligent
saura bientôt comment il faut
s’y prendre
pour réduire des frac- tions au même dénominateur aux moins de fraispossible ,
etje
yeux bien l’accorder pour le moment; mais un élève tant soit peu exercé et
intelligent
saura bientôt aussi réduire une fraction à sonexpression
laplus simple ;
etpourtant
on ne se croit pas pour celadispensé d enseigner
cette rétluction dans les livresd’arithmétique.
D’ailleurs ceux
qui
étudient sont loin d’être tousintelligens,
etc’est pour le
plus grand
nombre des lecteurs que les élémens doi-vent être écrits.
Dira-t-on
qu’après
tout,lorsqu’on
a besoind’ajouter
ou mêmeseulement de comparer entre elles
plusieurs fractions ,
l’essentiel estuniquement
de les amener à avoir un mêmedénominateur ,
quel qu’il soit ,
etqu’il importe
assez peu d’ailleurs que ce dé- nominateur commun soit un peuplus grand
ou un peuplus
pe-tit ? Je veux bien encore , pour le moment, faire cette conces-
sion ;
mais ne sera-t-on pas dès lors contraint de m’accorder aussi que,lorsqu’il s’agit d’exprimer
par une fraction unequantité
moin-dre que
l’unité ,
1 essentiel estuniquement
que cette fraction en soitl’expression
exacte , etqu’il importe
assez peu d’ailleurs queses deux termes soient un peu
plus grands
ou un peuplus
pe- tits ? Et ne voilà-t-il pas dès lors l’art de réduire les tractions à leurs moindres termes , etconséquemment
la théorie duplus grand
commun
diviseur,
d où cette réductiondépend , qui
devront être considérés comme dessuperfluités qu’on
pourra , sans grave in-convénient ,
bannir des élémens.Mais , objectera-t-on ,
en ne réduisant pas constamment les fractions à leurs moindres termes , on courrait souvent lerisque
d’introduire dans les
équations
des racinesqui
leur seraient étran-gères. Si ,
parexemple ,
onadmettait ,
sanssimplification ,
l’é-quation
en chassant le
dénominateur , transposant
etréduisant ,
il en ré-sulterait l’équation
du seconddegré
tandis
qu’en
réduisantpréalablement à
ses moindres termes la frac-tion
qui
forme lepremier
membre del’équation proposée ,
celteéquation
devientsimplement
qui donne,
en chassant ledénominateur , transposant
etréduisant
,la
simple équation
dupremier degré
DES ELEMENS.
qui
est lavéritable équation
duproblème.
Je me ren-ds très-volontiers à cette
objections j’accorde
que toutenégligence
decalcul ,
dont l’effetpeut
être d’introduire dans uneéquation
des racinesqui
lui soientétrangères,
est une faute ma-jeure qu on
ne sauraittolérer , et j’en
tire une nouvelle preuve enfaveur
de la thèse queje
défends,Soit ,
eneffet, l’équation
en réduisant au même
dénominateur ,
par laméthode réputée
nor-male,
les trois fractions dont se compose sonpremier membre ,
et
prenant
ensuite la somme des fractionstransformées ,
elle de-vient ,
en divisantpar
2 ,d’où ,
en chassant ledénominateur , transposant
etréduisant ,
Mais ,
suivant leprocédé réputé exceptionnel,
on réduit aussiau même dénominateur les trois fractions
qui
forment lepremier
membre de la
proposée ,
enmultipliant
les deux termes de lapremière
parx-3 ,
ceux de la seconde par x-2, et ceux de la troisième par x-i. Prenant alors la somme de cesfractions, il viendra ,
endivisant
par 2,d’où en
chassant
ledénominateur, transposant
etréduisant,
I22
véritable
équation
duproblème , qui
n’est que du troisième de-gré
seulement ; Je sorte que , par l’effet de1 application
du pre- mier des deuxprocédés,
trois racinesétrangères
ont été introduites.C’est donc en vain
qu’on
tenterait de se dissimulerqu’il
y asur ce
point,
dans lesélémens,
une omission grave, une lacune manifestequi ,
sansdoute ,
aurait étéremplie depuis long-temps
sil’on n’avait pas la mauvaise habitude de faire des livres avec
d’au-
tres
livres ,
et d’écrireplutôt
sous la dictée de la routine que sousl’inspiration
de’laphilosophie. Il y
adéjà plus
de trente ans que,choqué
de cetteomission , je
me suis attaché à ysuppléer
dansmon
enseignement.
Sijusqu’ici je
n’en ai rienécrit,
c’est que ladisparate
me semblait tellementchoquante ,
et en mêmetemps
si facile àcorriger , que j’espérais toujours
que, dansquelqu’un des
nombreux traités élémentaires
qui
ont parudepuis
cetteépoque,
on
songerait
enfin à yporter
remède. Constammenttrompé
dans monattente ,
je
merésigne enfin ,
àregret ,
à faire ici moi-même ceque j’aurais préféré voir
faire parquelqu’un ayant
autoritédans
science.
Ce
qu’on
va lire sur cesujet
est , pour lefond , une des
no-tes que
j’avais rédigées , en I803 ,
pour une traduction des -Dis-quisitiones
arithmetic0153 de M.GAUSS ,
dontje m’occupais alors,
etque la
publication
decelle
de M. Poullet-Delisle m’a faitensuite
abandonner.1.
J’appelle
diviseurd’un nombre,
tout autre nombrequi
setrouve contenu dans celui-là un nombre de fois exactement.
Ainsi,
par
exemple , 4
est diviseur de I2 ; parce que 12 le contient trois fois exactement.2.
J’appelle
dividende d’unnomhre ,
tout autre nombrequi
con-tient celui-là un
nombre
de fois exactement.Ainsi ,
parexemple,,
DES ELEMENS. I23
I2 est dividende
de 4 ,
parce que4 y
est contenu troisfois.
3. On voit
qu’ici
les mots diviseur et dividende sontemployés
sous une
acception plus
restreinte que cellequ’on y
attache com-munément. On voit aussi que
si ,
de deuxnombres,
lepremier
est diviseur du
second,
le second sera nécessairementdividende- tiu premier,
etréciproquement.
4.
Tout nombre atoujours
au moins deuxdiviseurs ;
savoir : l’unité et lui-même. Un nombrepeut
n’avoir que ces seuls divi-seurs , comme il
peut
fort bien en avoird’autres , toujours
com-pris
entre ces deux-là. Parexemple,
5 n’a d’autres diviseurs que1
et -5 ;
tandis que6 ,
outre lesdiviseurs i
et6 ,
a encore lesdeux diviseurs 2 et 3.
5. Un nombre a
toujours
une infinité dedividendes ,
dont leplus petit
est ce nombre lui-même. Les autres en sont les mul-tiples
à l’infini.6. Un nombre est dit
diviseur
commun àplusieurs
autres , lors-qu’il
est , enparticulier ,
diviseur de chacun d’eux. Tel est, partemple ,
le nombre6 ,
parrapport
aux trois nombres24, 42, 6o.
7. Un nombre est dit dividende commun à
plusieurs
autres ,lorsqu’il
est, enparticulier,
dividende de chacun d’eux. Tel est, parexemple ,
le nombre60 ,
parrapport
aux troisnombres I0 ,
12 , 15.8. Des
nombres , pris
auhasard ,
onttoujours
au moinsl’unité pour diviseur commun. Ils
peuvent
n’avoir que ce seul diviseur commun , comme ilspeuvent
aussi fort bien en avoird’autres ,
dont aucun d’ailleurs ne saurait(4)
êtreplus grand
que leplus petit
d’entre eux. D’où l’on voit que le nombre des di- viseurs communs,à plusieurs
nombresproposés,
est nécessairementlimité ,
etqu’il
en esttoujours
unqui
est leplus grand
de tous.Tel est , par
exemple ,
le nombre6 ,
parrapport
aux trois nom-bres 24, 42,
6o.9. Des
nombres , pris
auhasard ,
onttoujours
une infinitéde dividendes communs ; car de ce nombre sont leur
produit
et tous ses
multiples.
Mais ilspeuvent
souvent en avoir de.I24
plus petits
que leurproduit , lesquels
toutefois ne sauraient(5)
être moindres que le
plus grand
d’entre eux. D’où l’on voit que ,.parmi
lesdividendes
communs àplusieurs nombres ,
il en esttoujours
unqui
est leplus petit
de tous. Tel est, parexemple,
le nombre
60,
parrapport
auxnombres I0 ,
I2 , I5.I0. Des nombres sont dits
premiers
entre eux ,lorsqu’ils
n’ontd’autres diviseurs communs que l’unité. Tels sont, par
exemple ,
les quatre
nombres24 , 25 ,
2y , 30.II.
THÉORÈME. Si,
en divisantplusieurs
nombresdonnés par
un de leurs diviseurs communs, on obtient des
quotiens qui
ne soientpas
premiers
entre eux ; ces nombres auront au moins un autre di-viseur commun,
plus grand
que celui-là.Démonstration. Soit d un diviseur commun aux nombres
G, H, K,
... T,U, Ir,
dont ladivision,
par cediviseur
donne lesquotiens,
nonpremiers
entre eux,g03B4, h03B4, k03B4,
....t03B4, u03B4, v03B4 ;
on aura ainsi
or , si l’on pose
d03B4=D>d ,
on tirera de làd’où l’on voit que
D>d
sera un autrediviseur
commun,
commenous l’avions annoncé.
I2.
Donc ,
si l’on diviseplusieurs
nombres donnés par leurplus grand
diviseur commun , on obtiendra desquotions premiers
entreeux, car , s’il en était autrement , on
prouverait (II) qu’il
existeun autre diviseur commun
plus grand
que celui-là.I3.
THÉORÈME. Si,
en divisant tour à tourplusieurs
nombresdonnés par deux de leurs diviseurs communs, l’un de ces diviseurs donne des
quotiens premiers
entre eux , celui-là sera nécessairement leplus grand
des deux.I25 Démonstration. Soient d et d’ deux diviseurs communs aux nom-
bres
G, H, K, ... T, U,
V; supposonsqu’en
les divisant par d onobtienne les quotiens respectifs g, h, k,
... t, u, v, etqu’en
les divisantpar d’
on obtienne lesquoiiens respectifs g’, h’, k’, ... t’, u’, v’;
il en résulteraet par suite
d’où l’on voit d’abord que les
produits gd, hd , kil, ... td , ud , cd,
doivent être tous divisibles pardl,
et doiventconséquemnicnt
contenir toutes les sortes de facteurs
premiers de d’ ,
et au moinsen même nombre que
dans dl ,
pourchaque
sorte.Mais si les
quoliens g , h , k , ...
t, u, v sontpremiers
en-tre eux , aucun des facteurs
premiers
de dl ne pourra se trouver à la fois dans tous cesquotiens ;
afin donc que lesproduits gd, hd , kd ,
...td , ud,
vd soient tous divisibles pard’,
il faudraque toutes les sortes de facteurs
premiers
de dl se trouvent dansd,
et au moins en même nombre pourchaque
sorte, cequi
don-nera
d>d’,
comme nous nous l’avions annoncé. On voit en ou-tre
qùe d
estmultiple
de dl.r4. Donc ,
deux diviseurs communs àplusieurs
nombres ne sau-e raient
donner ,
l’un etl’autre ,
desquotiens premiers
entre eux,car , s’il en était
ainsi ,
onpourrait
prouver duplus petit
de ces.diviseurs
qu’il
estplus grand
que l’autre.15. Donc
si ,
en divisantplusieurs
nombres par un de leurs diviseurs communs , on obtient desquotiens premiers
entre eux,ce diviseur commun sera le
plus grand
de tous , car , s’il ne l’é-tait pas , le
plus grand
diviseur commun donnerait aussi(12)
desquotiens premiers
entre eux ; cequi est
par cequi précède.
I7. THÉORÈME. Si, en
divisant parplusieurs
nombres donnésTom. XXI. I7
un de
leurs
dividendes communs, lesquotiens
ne sont paspremiers
entre eux , ces nombres auront au moins un autre
dividende
com-mun ,
plus petit
que celui-là.Démonstration. Soit D un dividende commun aux nombres g ,
h , k ,
... t, u ,v , qui ,
divisant cedividende ,
donnent les quo- tiens nonpremiers
entre euxÇA, H0394, K0394,
...T0394, U0394, V0394;
on aura ainsi
or , si l’on
pose D =dD ,
on tirera de làd’où l’on voit que
dD
sera un autre dividende commun , commenous l’avions annoncé.
18.
Donc,
si l’on divise parplusieurs
nombresdonnés
leurplus petit
dividende commun(e) ,
on obtiendra desquotiens premiers
en-tre eux , car , s’il en était autrement, on
prouverait (I7) qu’il
existeun autre dividende commun
plus petit
que celui-là.I9.
THÉORÈME. Si,
en divisant tour à tour parplusieurs
nom-bres donnés deux de leurs dividendes communs , l’un de ces dividen-
()
Dans la traduction del’ouvrage
de M.Gauss,
mentionnéplus haut , gavais
hasardé deremplacer
cespériphrases
un peulongues : plus
grand di-viseur commun ,
plus
petit dividende commun , par ces autrespériphrases
unpeu
plus
courtes et tout aussiexpressives :
diviseur maxime, dividende mi-nime. J’étais
jeune
alors, etje croyais qu’il
suffisait à une innovation que l’onproposait
d’être raisonnable pour la voir aussitôt accueillie.L’âge
et l’ex-périence
ne m’ont que trop bienappris
depuis que ce n’est pas du fond d uneprovince qu’on
peat tenterd’opérer
des réformes , etqu’il
faut abso-lument habiter la
capitale
pour oser innover avecquelque
chance de suc- cès, ne fusse même que sur lafigure
desvirgules.
Plus timide encore quemoi , M. Delisle a traduit
l’expression
minimus communis dividuus de M Gausspar cette
longue périphrase : plus
petit nombredivisible ,
à lafois ,
par, etc.I27 des donne des
quotiens premiers
entre eux , celui-là sera nécessaire-ment le
plus petit
des deux.Démonstration. Soient D et D’ deux dividendes communs aux
nombres
g , h , k , ... t , u , v , qui ,
divisant lepremier,
don-nent les
quonens respectifs G , H ,
K , ....7’, U, F,
etqui ,
di-visant
le second,
donnent lesquotiens respectifs G’, H’ , K’ , ....
T’ , U’ , V’ ;
il en résulteraet , par sui te ,
d’où l’on voit d’abord que les
produits CD’ , HD’ , KD’, ... TD’ , UD’ ,
VD’ doivent être tous divisibles par D , et doivent consé-qucmment
contenir toutes les sortes de facteurspremiers
deD ,
et au moins en même nombre que dans
D,
pourchaque
sorte.Mais si les
quotiens G, 1/ , K,
...T,
U, V sontpremiers
entre eux , aucun des facteurs
premiers
de D ne pourra se trou-ver à la fois dans tous ces
quotiens ;
afin donc que lesproduits
GD/ , HD’ , KD’ , ... TD’ , UD’ ,
VD’ soient tous divisibles parD,
il faudra que toutes les sortes de facteurspremiers
de D setrouvent
dans D’ ,
et au moins en même nombre pourchaque
sorte, ce
qui
donneraDD’ ,
comme nous l’avions annoncé.20. Donc deux dividendes communs à
plusieurs
nombres ne san-raient donner l’un et 1 autre des
quotiens premiers
entre eux , car , s’ilen était
ainsi ,
onpourrait
prouver duplus grand
de ces divi-dendes
qu’il
estplus petit
que l’autre.21. Donc
sr,
en divisant parplusieurs
nombres un de leurs di-videndes communs , on obtient des
quotiens premiers
entre eux ,ce dividende commun sera le
plus petit
de tous, car, s’il ne t’c-tait pas,
le plus petit
dividende commun donnerait aussi(I8)
desI28
quetions premiers
entre eux, cequi
estimpossible
par cequi pré-
cède.
22. THÉORÈME.
Leplus grand
diviseur commun àplusieurs
nom-bres ne
change
paslorsqu’on remplace
deuxquelconques
d’entreeux par leur
plus grand
diviseur commun.Demonstration. Soient
G, H, K,
.,...T, U,
V des nombresdonnes ;
ils’agi
t de prouver que, si D est leplus grand
diviseurcommua à U et
V,
etque 3
soit leplus grand
diviseur communà G, H, K,
...7’, D; 03B4
sera aussi leplus grand
dhiscur com-mun aux nombres
proposés.
Soient,
eneffet, u
et c- lesquotiens qu’on
obtient en divisantU et V
par D ;
cesquotiens
seront(I2) premiers
entre eux , et1’on aura
Soient,
en outre,g , h , k ,
.... t,d,
lesquoticns qu’on
obtientpn divisant
respectivement G , H , K ,
...T ,
Dpar 03B4 ;
ces quo- tiens serontégalement premiers
entre eux , et 1 on aurade là on conclura
or , aucun des facteurs
premiers
communsà g , h , k , ... t ,
sitoutefois il en existe de
tels ,
ne pourra se trouverdans d, qui
est
premier
avec l’ensemble de cesnombres ;
il ne pourra davan-tage
se trouver à la fois dans u et v ,qui
sontpremiers
entre eux ;donc ,
aucun de ces facteurspremiers
ne pourra se trouver à la f01s dans ud etvd ; donc ,
ell divisant les nombresproposés
par03B4 ,
on obtient desquoticns premiers
entre eux ; donc enfin 03B4 est(I5),
comme nous Favionsannonce, le plus grand
diviseur com-mun à tous ces nombres.
23. Si donc 1 on sait seulement déterminer le
plus grand
divi-seur comm un à deux nombres
proposés,
on pourratoujours
ré-’DES
ELEMENS.
I29duire à un de moins tant de nombres
qu on voudra ,
dont on auraà chercher le
plus grand
diviseur commun ; on pourradonc,
deproche
enproche ,
réduire ces nombres à deux seulement.25. THÉORÈME.
Leplus petit
dividende commun tplusieurs
nombres rie
change
paslorsqu’on remplace
deuxquelconques
d’en-ire eux par leur
plus petit
dividende commun.Demonstration. Soient g,
h, k
... t , u , v des nombres don-nés ;
ils’agit
de prouver que, si d est leplus petit
dividende com-mun à u et v , et
que 0394
soit leplus petit
dividende commun àg,
h , k , ...
t,d;
A sera aussi leplus petit dividende
com-mun aux nombres
proposés.
Soient ,
eneffet ,
U et Ij lesquoticns qu’on
obtient en divi-sant d par u et v ; ces
quotieos
seront(18) premiers
entre euxet l’on aura
Soient ,
en outre,G, H , K, ... T ,
D lesquotiens qu’on
ob-tient en divisant
respectivement
A parg , h , k , ... t , d ;
cesquotiens
serontégalement premiers
entre eux, et l’on aurade là on conclura
or, au un des facteurs
premiers communs à G, H , K, ... T ,
si toutefois il en existe de
tels ,
ne pourra se trouverdans D
,qui
estpremier
avec l’ensemble de cesnombres ;
il ne pourra da-vantage
se trouver dans U et Vqui
sontpremiers
entre eux ;donc ,
aucun de ces facteurspremiers
ne pourra se trouver , à lafois,
dans UD etVD ; donc ,
en divisant 0394 par les nombres pro-posés,
on desquotiens premiers
entre eux ; donc enfin(21)
A est , comme nous 1 avions
annoncé ,
leplus petit
dividendecommun à tous ces nombres.
I30
26. Si donc l’on sait seulement déterminer le
plus petit
divi-dende commun à deux nombres
proposes ,
on pourratoujours
rc-duire à un de moins tant de nombres
qu’on voudra ,
dont on auraà chercher le
plus petit
dividende commun ; on pourradonc ,
deproche
enproche ,
réduire ces nombres à deux seulement.27.
THÉORÈME.
Lequotient
de la division duproduit
de deuxnombres par leur
plus grand
diviseur comnmn est leurplus petil
di-f-idende commun.
Démonstration. Soient G et H deux nombres dont d soit le
plus grand diviseur commun ; il s’agit
de prouver que, si l’on aGH d =D,
-D sera le
plus petit
dividende commun aux deux nombres G et H.Soient,
eneffet, g
et h lesquotiens qu’on
obtientrespective-
ment en divisant G el H par
d ;
cesquotiens
seront(12)
pre-miers entre eux et l’on aura
on aura donc
D=ghd ,
et, parsuite ,
les
quotiens qu’on
obtient en divisantD ,
tour à tour ,par G
etH sont donc
premiers
entre eux; D est donc(21),
comme nousl’avions
annoncé ,
leurplus petit
dividende commun.28. Si donc l’on sait seulement déterminer le
plus grand
divi-seur commun à deux nombres
préposés ,
on saura aussi déterrni-ner le
plus pelrt
dividende commun à ces deux nombres.29.
THÉORÈME.
Leplus grand
diviseur commun auplus petit
de deux nombres et au reste de leur
division,
est aussi leplus grand
diviseur commun à ces deux nombres.
Démonstration. Soient G et H ces deux
nombres ,
H leplus
pe-tit, Q
lequotient
et R le reste de leur division. Ils agit
deprouver que
si d est
leplus grand
diviseur commun à II etR,
ce sera aussi le
plus grand diviseur
commun à G et H.DES ELEMENS.
On a , en
effet ,
or, I.° de ce
que d
divise Il etR,
il doit aussi diviserHQ,
etconséquemment HQ+R
ouG ;
ainsi d est d abord diviseur com-mun à G et II.
2.°
Si,
en outre, G et Hpouvaient
avoirquelque
autre diviseurcommun
D>d ,
cediviseur,
divisantG ,
devrait diviserHQ+R ; nm!s , divisant H ,
il devrait diviserHQ ;
il faudrait donc aussiqu’il divisât R ;
il seraitdonc
diviseur commun à H etR ,
dont d neserait
plus
dèslors ,
comme nousl’ayons supposé ,
leplus grand
diviseur commun.
3o. On
peut
donctoujours
ramener la recherche duplus grand
diviseur commun à deux nombres donnés à la recherche du
plus grand
diviseur commun auplus petit
et à un autre nombreplus petit
quelui ;
on pourradonc ,
deproche
enproche,
amener leplus petit
des deux nombres à êtrezéro,
et alors l’autre résoudrale
problème.
3 1.
Ainsi,
enrésumé, I.°
pour déterminer leplus grand
divi-seur commun , à deux nombres
donnés ,
on divisera(30)
leplus grand
par leplus petit ,
leplus petit
par le reste, lepremier
restepar le
second ,
le second par letroisième ,
et ainsi desuite , jus- q u ’à
cequ’on
soit parvenu à une division exacte , et alors le der-nier
diviseur sera leplus grand
diviseur commun cherché.2.° Pour déterminer le
plus petit
dividende commun à deux nom-bres
seulement ,
il faudra(27)
diviser leproduit
de ces deux nom-bres par leur
plus grand
commun diviseur.3.0
S’agit-il
enfin de déterminer soit leplus diviseur,
soitle
plus petit
dividende commun àplus
de deuxnombres ;
on cher-chera d’abord
(22)
et(25)
leplus grand
diviseur ou leplus
pe- tit dividende commun à deux d entre eux ;puis
leplus grand
di-viseur ou le
petit
dividende commun au résultat obtenu et à untroisième
nombre ; puis
leplus grand
diviseur ou leplus petit
di-I32 OMISSION DES
ÉLÉMENS.
vidende commun au second résultat ct à un
quatrième nombre ,
et ainsi de suite,
jusqu’à
cequon
aitopéré
sur tous les nombresrroposés,
ct le dernier résultat obtenu en sera leplus grand
di-vlseur ou le
plus petit
dividende commun.32. Si ton
veut simplifier,
autantqu’il
estpossible,
un rap-port exprime
parplusieurs nombres ,
il faudra diviser tous lestermes dont se compose ce
rapport
par leurplus grand
diviseurcommun.
33. Si l’on veut réduire des fractions
proposées
au même déno-minateur ,
et obtenir des fractions tranformécs aussisimples
que lecomporte
la nature duproblème,
il faudramultiplier
les deuxtermes , de chacune des fractions
proposées,
par lequotient
obtenuen divisant le
plus petit
dividende commun aux dénominateurs detoutes ces fraciions par son dénominateur propre.
34.
S’ils’agit
defaire disparaître
les dénominateurs des ter-mes fractionnaires d’une
équation
de la manière laplus simple ,
il faudra
multiplier
les deux membres de cetteéquation
par leplus petit
dividende commun à tous ces dénominateurs.35. Bien que , dans tout ce
qui précède,
il n’ait étéquestion
que de
quantités numériques,
tout ce que nous avons ditpeut
néanmoins être exactement
appliqué
soit auxlignes droites ,
soitaux arcs de même rayon , soit enfin à des
polynômes.
Il faut seulement observer 1.0 que le
plus grand
diviseur com-mun à des droites ou à des arcs de même rayon
peut quelque-
fois se réduire à un
point ;
2.0 que leurplus petit
dividende com-mun
peut quelquefois
êtreinfini ;
3.°enfin ,
que ta recherche duplus grand
diviseur commun à deuxpolynômes exige
leplus
souvent
quelques précautions particulières
que nous ne mention-nons pas