EPFL
Algèbre linéaire 1ère année 2008-2009
Corrigé de la série 23
Exercice 1.
1. Exemple : A=
0 1
−1 0
. At=−A 6=A et AAt=AtA= 1 0
0 1
. 2. Exemple : B =
0 1 0 0
. BBt= 1 0
0 0
et BtB = 0 0
0 1
. Exercice 2. On pose A = [T]B =
a c b d
. Puisque B est orthonormale, At = [T∗]B, et AtA= AAt commeT est normal. Explicitement,
a b c d
a c b d
=
a c b d
a b c d a2+b2 ac+bd
ac+bd c2+d2
=
a2+c2 ab+cd ab+cd b2+d2
.
Alors a2+c2 =a2 +b2 ⇒b2 =c2 ⇒ c=±b. Si c=b alors T est auto-adjoint, contradiction.
Alors c=−b. Du coefficient (1,2), on trouve maintenant que ab−bd =ac−cd =−b(a−d), donc 2b(a−d) = 0. Or, b 6= 0 car T n’est pas auto-adjoint, donc a=d.
Exercice 3. 1. L’adjoint deT est donné parT∗ = (−T∗T)∗ =−(T∗T)∗ =−T∗T =T, donc T est auto-adjoint. Soit λ ∈ Spec(T) et v ∈Vλ\ {0}, donc T v = λv. Appliquer T∗ =T aux deux côtés donne−T v =λ2v. Par conséquence, (λ+λ2)v = 0, et doncλ(λ+ 1) = 0.
Il s’ensuit que λ= 0 ou bienλ=−1.
2. Si (e1, . . . , en)est la base canonique deCn.TB(ei)est lai-ème colonne de la matrice i·A.
Donc on aTB(ei) =iTA(ei)pour i= 1, . . . , n, et donc TB=iTA.
On obtient par conséquent TB∗ = (iTA)∗ = ¯iTA∗ =−iTA∗ =−iT−A =iTA =TB. Donc TB est auto-adjoint, et ses valeurs propres sont donc forcément toutes réelles.
Nous montrons maintenant queSpec(TA) =−iSpec(TB), ce qui impliquera queSpec(TA)⊆
−iR=iR.
Soit λ ∈ Spec(TB). Il existe alors v ∈ Cn non-nul tel que TB(v) = λv. On obtient alors TA(v) = −iTB(v) = −iλv, donc −iλ ∈ Spec(TA). De même, si TA(v) = λv pour un v ∈Cn non-nul, alors TB(v) =iTA(v) = iλv. Comme on a λ =−i·iλ, on a montré que Spec(TA) =−iSpec(TB).
3. Ecrivons T =TA+iB. Rappelons que T∗ est représenté par la matrice (A+iB)∗. De plus, nous avons (A+iB)∗ = A∗+ (iB)∗ = A−iB∗ = A−iB, comme A,B sont réelles et symétriques. Alors :
T T∗ =T∗T ⇔ (A+iB)(A+iB)∗ = (A+iB)∗(A+iB)
⇔ (A+iB)(A−iB) = (A−iB)(A+iB)
⇔ A2+iBA−iAB+B2 =A2−iBA+iAB +B2
⇔ 2i(BA−AB) = 0 ⇔ AB =BA.
1
Exercice 4. 1. Pour les noyaux : Pour tout v ∈ V, kT vk = kT∗vk. Alors kT vk = 0 ⇔ kT∗vk= 0. Par conséquent, T v= 0 ⇔T∗v = 0. Donc kerT = kerT∗.
Pour les images :ImT∗ = (kerT)⊥= (kerT∗)⊥= ImT.
2. On procède par récurrence. Pour k = 1c’est la définition d’opérateur normal. Supposons, pour un certain k ≥2, que T∗ commute avec Tk−1, c.-à-d. que T∗Tk−1 =Tk−1T∗. Alors T∗Tk =T∗Tk−1T =Tk−1T∗T =Tk−1T T∗ =TkT∗, ce qui termine la récurrence.
On sait par la proposition 9.1 du polycopié que (T∗)∗ = T, donc T est normal si et seulement siT∗est normal. En applicant le résultat ci-dessus àT∗, on obtient(T∗)kT∗∗= T∗∗(T∗)k et donc (T∗)kT =T (T∗)k.
3. La preuve est par récurrence. Pour k = 1 c’est l’hypothèse. Supposons que Tk−1 est nor- mal, k ≥ 2. Alors (Tk)∗Tk = (Tk−1T)∗Tk−1T = T∗(Tk−1)∗Tk−1T = T∗Tk−1(Tk−1)∗T = Tk−1T∗(T∗)k−1T = Tk−1T∗T(T∗)k−1 = Tk−1T T∗(T∗)k−1 = Tk(T∗)k = Tk(Tk)∗, où on a utilisé les résultats de la question précédente.
4. Tout d’abord, le noyau. On utilise la récurrence. Si k = 1 c’est évident. Supposons, pour un certain k > 1, que kerTk−1 = kerT. Soit v ∈ kerT. Donc T v = 0, d’où Tkv = Tk−1(T v) = 0, et v ∈kerTk. Par conséquent,kerT ⊆kerTk. Réciproquement, supposons que v ∈ kerTk. Alors T(Tk−1v) = 0, donc Tk−1v ∈ kerT = (ImT∗)⊥ = (ImT)⊥, en utilisant le résultat de l’exercice 4.1 et le fait que T est normal. Commek−1 >0, on a k−2≥0et on peut écrire Tk−1v =T(Tk−2(v))∈ImT. Donc Tk−1v ∈ImT∩(ImT)⊥= {0}. Par conséquent,Tk−1v = 0, doncv ∈kerTk−1 = kerT par hypothèse, ce qui termine l’étape de récurrence.
On montre maintenant queIm(Tk) = Im(T)pour toutk ∈N. Soitk ≥1.Tkv =T(Tk−1v) alors ImTk ⊆ImT. Réciproquement, on considèreT v; il faut montrer qu’il existe u∈V tel que T v =Tku. Or, V = ImTk−1⊕(ImTk−1)⊥. Mais (ImTk−1)⊥ = ker(Tk−1)∗. Selon l’exercice 4.3, Tk−1 est normal. Donc (ImTk−1)⊥ = ker Tk−1∗
= kerTk−1 d’après le cours et l’exercice 4.1. De plus, kerTk−1 = kerT par la première partie de cette question.
Donc on peut écrire v ∈ V sous la forme v = Tk−1u+w, où u ∈ V et w ∈ kerT. Donc T v =T(Tk−1u+w) = Tku.
Exercice 5. 1. Soit B= (e1, . . . , en) la base canonique deFn. On a alors ϕ(x1, . . . , xn) =ϕ
n
X
i=1
xiei
!
=
n
X
i=1
xiϕ(ei)
par linéarité de ϕ. En posant ϕ(ei) =:ai ∈F pour i= 1, . . . , n, on obtient ϕ(x1, . . . , xn) =
n
X
i=1
xiai.
2. On a
ϕ(x1, . . . , xn) =
n
X
i=1
xiai =h(x1, . . . , xn),(a1, . . . , an)i
pour tout(x1, . . . , xn)∈Fn. Le vecteurvcherché est donc le vecteurv = (a1, . . . , an)∈Fn. Exercice 6.
1. On refait ici le raisonnement de l’exercice 4.3 de la série 20. Soit α ∈ R. Considérons l’évaluation enα (ou opérateur de Dirac)evα ∈P(R)] défini parevα(q) =q(α)pour tout q∈P(R).
2
Admettons qu’il existe p ∈ P(R) tel que hq, pi = evα(q) = q(α) pour tout q ∈ P(R).
Ceci est alors également vrai pour q ∈ P(R) donné par q(x) = (x−α)2p(x). Mais on a evα(q) = 0, et donc 0 = hq, pi = k(X −α)pk. Cela implique (X −α)p = 0, et par conséquent p= 0. Mais alors, on a 1 = evα(1) =h1, pi=h1,0i= 0, une contradiction.
2. Si l’espace vectoriel est Pn(R), on peut définir evα ∈Pn(R)] de la même façon : evα(q) = q(α) pour tout q ∈ Pn(R). Comme Pn(R) est de dimension finie, la formule du cours (donnée dans la preuve du Théorème 9.1) nous donne dans ce cas un polynômepα ∈Pn(R) satisfaisant evα(q) = hq, pαipour tout q ∈Pn(R). Donc l’argument utilisé dans la preuve de l’exercice précédent ne peut pas être valable ici. En relisant cette dernière, on se rend compte qu’on ne peut ici pas affirmer que (X−α)2pα est de degré inférieur ou égal àn.
On montre que le polynôme (X − α)2pα n’est pas un élément de Pn(R). Si on avait (X−α)2pα ∈Pn(R), alors on aurait l’égalité
0 = evα((X−α)2pα)
=h(X−α)2pα, pαi= Z b
a
(x−α)2pα(x)2dx=k(X−α)pαk2.
On pourrait en conclure comme en haut que (X −α)pα = 0, et donc pα = 0. Mais alors on aurait 1 = evα(1) = h1, pαi = h1,0i = 0. Ceci n’est pas possible. Le polynôme (X−α)2pα n’est donc pas un pôlynome de degré inférieur ou égal à n. Par conséquent, on a degpα ∈ {n−1, n}.
Noter qu’il n’est pas évident de montrer cela rien qu’avec la formule du cours pour pα! Exercice 7. 1. Soient p, q ∈V. Alorshp, Dq+D∗qi=hp, Dqi+hDp, qi=R1
0 pq0+R1 0 p0q= (pq)|10 =p(1)q(1)−p(0)q(0).
2. Soitq ∈V,q(x) =xetp∈V. Alorshp, Dq+D∗qi=p(1)·1−p(0)·0 =p(1) = ev1(p). La fonction q0 :=Dq+D∗q aurait alors la propriété hp, q0i =δ1(p) pour tout p∈V. Par la preuve de l’exercice 6.1, un tel q0 n’existe pas. Contradiction ! L’hypothèse que D∗ existe était donc fausse.
3