Problème de Stokes et condition de convergence
Laetitia Giraldi
giraldi@cmap.polytechnique.fr 18 novembre 2011
1 Equation de Stokes
L’équation de Navier-Stokes est couramment utilisée pour modéliser les fluides Newtoniens im- compressibles (par exemple l’eau). Celle-ci s’écrit, dans le cas où la pesanteur est la seule force extérieure :
ρ(∂u∂t + (u5)u)− 5p+µ4u = ρgez,
div u = 0, (1)
oùρreprésente la densité du fluide,µsa viscosité etgla constante gravitationnelle. Les inconnus uet preprésentent la vitesse et la pression du fluide.
Cette équation aux dérivées partielles provient de l’écriture du principe fondamental de la dy- namique dans lequel l’accélération (premier terme de l’équation) écrite dans le repère mobile avec le fluide, est précisément égale aux forces qui s’appliquent sur une portion de fluide Fext. La se- conde équation rend simplement compte du fait que le milieu considéré est incompressible et doit se déformer en préservant son volume.
Question 1 : Mise sous forme adimensionnée de l’équation Soit u solution de l’équation 1.
En posant u∗ = Uu, où U (en ms−1) est de l’ordre de la solution u, x∗ = Lx, où L est l’échelle spatiale (enm), ett∗=Tt, où T est l’echelle de temps qui nous intéresse (ens), réecrire l’équation de Navier-Stokes (1) sous la forme d’une équation enu∗ et p∗ :
Sr(∂u∂t∗
∗ + (u∗ 5∗)u∗)− 5∗p∗+Re1 4∗u∗ = F r12ez,
div∗u∗ = 0,
où :
– p∗=ρUp2
– Sr le nombre de Strouhal – Rele nombre de Reynolds – Frle nombre de Froude en fonction deL,U,T, ρ,µ, pet g.
En sachant que la viscosité de l’eau est de l’ordre de 10−3P a.s, la constante gravitationnelle de l’ordre de10m3kg−1s−2et la densité de l’eau est de l’ordre de1donner l’ordre de grandeur des nombresRe,Sret Fr lorsque l’on s’interesse à des objets de longueurL∼1µm, se déplaçant à la vitesseU ∼1µms sur des périodes de temps de l’ordre de la seconde(remarque :T =UL).
Pourquoi dans ce cas peut-on se ramener à une équation linéaire ?
Donner deux cadres physiques dans lesquelles on peut faire cette approximation.
2 Existence et unicité de la solution de l’équation de Stokes
SoitΩun ouvert borné connexe deRd. Typiquement,d= 2oud= 3.
NotonsB(0, r)la boule de centre 0et de rayon r.
On cherche une fonction vectorielleu= (u1, . . . , ud)et une fonction scalaireptelles que :
µ∆u− 5p =f dans Ω, div u = 0 dans Ω,
u = 0 dans∂Ω.
(2)
Question 2 :
Donner une formulation variationnelle du problème (2) : Trouver(u, p)∈H01(Ω)×L20(Ω) tel que :
a(u, v) +b(p, v) =l(v) ∀v∈H01(Ω),
b(w, u) = 0 ∀w∈L20(Ω). (3)
oùaetb sont des formes bilinéaires,l est une forme linéaire que l’on prendra soin d’expliciter.
Question 3 :
On introduitV ={v∈H01(Ω);div(v) = 0}.
Réecrire la formulation variationnelle (3) sous la forme : Trouveru∈V tel que :
a(u, v) =l(v) ∀v∈V .
Montrer que cette formulation variationnelle admet une unique solution.
Question 4 :
Rappelons queV⊥est un sous espace deH01défini par :V⊥={v∈H01;< v, w >H1
0= 0∀w∈V}.
Nous admettrons que l’opérateur divergence définit un isomorphisme deV⊥ surL20. Soit T son inverse. (Cette affirmation est une conséquence du théorème de Rham.)
Soitu∈V, notons F(v) =a(u, v)−l(v).
Monter qu’il existe un uniquep∈L20 tel queF s’écrive sous la formev7→R
Ωp div v.
Question 5 : Conclure.
3 La condition de Ladyzenskaia-Babushka-Brezzi (LBB)
Définition :SoitX etM deux espaces de Hilbert muni des normesk kX respectivementk kM. Soit b une forme bilinéaire continue surXxM :
On dira que la forme b vérifie la condition LBB si et seulement si il existeβ >0 tel que :
p∈Minf sup
v∈X
b(v, p) kvkXkpkM
≥β
Notons Xh ⊆X et Mh⊆M les espaces de dimensions finis d’approximation des solutions. Le but de cette partie est de comprendre que pour obtenir une bonne approximation de la solution par la méthode des éléments finis il faut avoir :
p∈Minfh
sup
v∈Xh
b(vh, ph) kvhkXkphkM
≥βh≥β∗
Question 6 :
On notera X0 et M0 les espaces duaux deX etM. Expliciter les espacesX etM pour le problème 2.
Montrer que b induit une application linéaire B de X versM0 et expliciter B0 :M →X0 son application duale.
Question 7 :
Notons, V =ker Bet V0=
f ∈X0;f(v) = 0 ∀v∈V .
Montrer que, sous la condition LBB,B0 est injective et d’image fermée dansX0. Indication : On pourra montrer que
kB0pkX0 ≥ kpkM
Grace à la question6 et en appliquant le théorème de l’image fermée de Banach, on a que : Im(B0) =V0
donc on obtient que B0 est un isomorphisme de M dans V0. Puis par dualité, que B est un isomorphisme deV⊥ dansM0.
Question 8 :
Montrer que si B est un isomorphisme de V⊥ dansM0 alors la condition LBB est vérifiée.
Question 9 :
Montrer que sous la condition LBB, le problème 2 admet une unique solution (u, p)∈V ×L20.
Soient Xh ⊆X et Mh ⊆M les espaces de dimension finie d’approximation de la solution. On cherche à trouver(uh, ph)∈Xh×Mh tel que :
a(uh, vh) +b(ph, vh) =l(vh) ∀vh∈V Xh,
b(wh, uh) = 0 ∀wh∈Mh. (4)
Question 10 :
Montrer que le problème 4 est équivalent à la recherche des vecteursUhet Ph tels que : AhUh+BthPh =Lh
BhUh = 0
Définition :
On dira que la forme b vérifie la condition LBB discrète si et seulement si il existeβh >0tel que :
p∈Minfh
sup
v∈Xh
b(vh, ph)
kvhkXkphkM ≥βh
Question 11 :
Donner une condition pour que le problème 4 ait une unique solution dansXh×Mh.
Question 12 :(Question difficile, on pourra admettre le résultat pour la suite).
Montrer que sous cette condition, la solution du problème 4 vérifie l’estimation : ku−uhkX+|p−ph|M ≤C( inf
vh∈Xhku−vhk+ inf
qh∈Mhkp−qhk) OùC =max(Cαb + (1 +Cβb
h),Cαa + (1 +Cβb
h)(1 + Cαa))avecCa, respectivementCb, la constante de continuité de a, respectivement de b et α, respectivement β, est la constante de coercivité de a, respectivement deb.
Question 13 :
Quelle est la limite de C lorsqueβh tend vers0 Que peut-on en conclure ?
4 Applications
Dans cette partie on se place dansR2.
4.1 Comparaison des flots
Question 14 :
Voici un flot avec obstacle :
!"#$%&'()%'%(&*+,+%-.)#/+(%0#,12"'3
Re = 0 Re > 250
25
Ravello course on motility at microscopic scales. Antonio DeSimone, SISSA (Trieste, ITALY)
Drag = 6 ! µ R V (Stokes, 1851)
Tracer, En utilisant Freefem++, le flot visqueux (i.e. la solution u) qui correspond à l’équation suivante :
∆u− 5p= 0 dans Ω,
div u= 0 dans Ω,
u= 0 sur∂B,R2,R4,
u=
y(1−y) 0
surR1, (Condition de Neumann surR3),
(5)
où le domaine Ωest défini par le dessin suivant :
-10 10
5
-5
R1
R2
R3
R4 B
Comparez votre résultat. Conclure ?
4.2 Comparaison des espaces d’approximation
Question 15 : Dans cette section, on pose que l’erreur entre les fonctionsu= (u1,· · ·, un) et v= (v1,· · ·, vn)est le réel suivant :
e(u, v) =
n
X
i=1
kui−vikL2
Soient : – Ω =B(0,1)
– u(x, y) = (2xe + 2y+ 3y2,−2y+ 2x−3x2) – p(x, y) = 3xe 2y−6x
Calculerf pour que(eu,p)e soit solution du problème de Stokes suivant :
∆u− 5p =f dans Ω, div u = 0 dans Ω, u = ˜u|∂Ω sur∂Ω.
(6)
Question 16 :
En utilisant FREEFEM++, calculer l’erreur de l’approximation en faisant varier la discrétisation de l’espace, dans les cas suivant :
1. lorsqueXh=P2et Mh=P1 2. lorsqueXh=P1et Mh=P2 3. lorsqueXh=P1b etMh=P1 4. lorsqueXh=P1et Mh=P0 Que peut-on en conclure ?
Question 17 :Pour chaque cas, tracer en Scilab la courbe d’erreur de l’approximation en faisant varier la discrétisation de l’espace ?
Question 18 : On se place dans le domaine bornée deR2 suivant :Ω =RrB(0,1)où R est un rectangle suivant :
On considère le problème de Stokes suivant :
∆u− 5p = 0 dans Ω, div u = 0 dans Ω, u = (1,0) sur∂B(0,1),
u = 0 sur∂R .
(7)
Résoudre avec Freefem ce problème en faisant varier la discrétisation de l’espace, de manière à stocker la solution provenant de la discrétisation la plus fine et calculer l’erreur entre cette solution et celles provenant des discrétisations plus grossières. (Faire au moins 4 résolutions à discrétisation distinctes)
Faire cette étude en utilisant comme espace d’approximation – Xh=P2 et Mh=P1
– Xh=P1 et Mh=P2
Enfin, comparer les solutions provenant de la discrétisation la plus fine lorsque l’espace d’ap- proximation varie.