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Submitted on 1 Jan 1985
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Effet photovoltaïque dans des couches minces de phtalocyanines
M. Khelifi, M. Mejatty, J. Berrehar, H. Bouchriha
To cite this version:
M. Khelifi, M. Mejatty, J. Berrehar, H. Bouchriha. Effet photovoltaïque dans des couches minces de
phtalocyanines. Revue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP, 1985, 20 (7),
pp.511-521. �10.1051/rphysap:01985002007051100�. �jpa-00245364�
Effet photovoltaïque dans des couches minces de phtalocyanines
M. Khelifi (*), M. Mejatty, J. Berrehar (**) et H. Bouchriha
Département de Physique, Faculté des Sciences de Tunis, Campus Universitaire, 1060 Tunis, Tunisie (*) Département de Physique, E.N.S., Bizerte, Tunisie
(**) Groupe de Physique des Solides, Tour 23, 2, place Jussieu, 75221 Paris Cedex 05, France
(Reçu le 16 novembre 1984, révisé le 15 février 1985, accepté le 19 mars 1985)
Résumé. 2014 Nous avons élaboré des cellules photovoltaiques utilisant des couches minces de phtalocyanines entre
deux contacts métalliques en or et en aluminium (Al/MPc/Au). Ces couches absorbent fortement dans l’ultraviolet
et le visible, les coefficients d’absorption étant de l’ordre de 105 cm-1.
Le spectre d’action de ces cellules dépend à la fois du côté de l’éclairement et de l’épaisseur de la couche. Nous
avons montré que c’est le contact Al/MPc qui est actif dans le mécanisme de création des porteurs, et nous avons déterminé les longueurs de diffusion des paires (~ 2 10-6 cm) ainsi que la largeur de la barrière de potentiel (~ 10-6 cm).
L’analyse des caractéristiques I-V a montré que le rendement de conversion énergétique est maximal pour une
épaisseur voisine de 2 000 A et est de l’ordre de 10-2-10-1 % pour la phtalocyanine de magnésium. La variation
de Vco (~ 0,5 V) et de Jcc avec l’intensité de la lumière excitatrice a permis d’atteindre un facteur de diode voisin de l’unité.
L’étude des caractéristiques C-V a permis de déterminer la densité de charge d’espace et le potentiel de diffusion (~ 0,7 V), on a pu ainsi évaluer les largeurs de bandes interdites (~ 2 eV) et les travaux d’extraction (~ 5 eV) pour les différentes phtalocyanines.
Enfin l’analyse par microscopie électronique de transmission a montré que les couches ont une structure
en chaînes à peu près parallèles et équidistantes ce qui est propice à l’infiltration d’impuretés dopantes; ainsi un dopage à l’iode a été efficace et a permis l’amélioration des performances des cellules.
Abstract.
2014We have elaborated photovoltaic cells using thin layers of phtalocyanines between two metallic con-
tacts of gold and aluminium (Al/MPc/Au). These layers absorb strongly in the ultraviolet and the visible, absorption coefficients are in the range of 105 cm-1.
The action spectra of these cells depends both on the illuminated side and on the layer thickness. We found that it is the Al/MPc contact which is active in the carriers generation mechanism and we have determined diffusion
pairs length (~ 2 10-6 cm) and potential barrier width (~ 10-6 cm).
The analysis of the I-V characteristics shows that the energetic conversion efficiency is maximal for a layer
thickness of about 2 000 A and is in the range of (10-2-10-1 %) for magnesium phtalocyanine. The dependence of Voc (~ 0.5 V) and Jsc on the light intensity gives a diode factor of about one.
The C-V characteristics analysis allowed the determination of the space charge density and the diffusion poten- tial (~ 0.7 V), we have so evaluated the gap energy (~ 2 eV) and the work functions (~ 5 eV) for the different
phtalocyanines compounds.
Finally, transmission electron microscopy shows a chain type structures nearly parallels and equidistants which
is favourable to doping impurities infiltration, as for iodine doping which gives more performant cells.
Classification Physics Abstracts
72.40 - 71.35
1. Introduction.
La conversion de l’énergie solaire sous forme d’énergie électrique est liée au coût de fabrication des cellules
photovoltaïques. Ces cellules sont actuellement faites essentiellement à partir du silicium monocristallin et
sont encore coûteuses à cause des prix du silicium et de
la technologie de leur élaboration. C’est pourquoi
d’intenses recherches s’orientent vers d’autres maté- riaux nouveaux à coût réduit et permettant la réalisa- tion de cellules solaires avec des technologies relati-
vement simples.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:01985002007051100
Parmi ces matériaux les colorants organiques
offrent une bonne perspective. De nombreux colorants sont peu coûteux et des dispositifs en couches minces
sont possibles. En fait des recherches sur l’effet photo- voltaïque des solides organiques ont été faites [1] ] ou
sont en cours. Les résultats obtenus ne sont pas très encourageants mais cela est dû au moins en partie à ce qu’on a essayé de réaliser des cellules photovoltaïques
avant de bien comprendre les mécanismes de conduc- tivité et les processus qui limitent la probabilité de
création de paire électron-trou par absorption d’un photon.
A travers cette étude, on cherchera à évaluer les
possibilités d’utilisation des composés organiques, plus particulièrement les phtalocyanines, dans la con-
version photovoltaïque de l’énergie solaire. On cher- chera à comprendre les mécanismes mis en jeu et à
faire apparaître- les limitations fondamentales des rendements obtenus. On interprétera les propriétés photovoltaïques observées en terme de barrière de Schottky [2] en considérant le matériau organique
comme un semi-conducteur de type p ; cette approche
résultant de la simplicité de ce modèle qui s’accorde
bien avec le mécanisme de génération de charges dans
les semi-conducteurs inorganiques, nécessitera dans
ce cas une analyse plus prudente.
On a entrepris cette étude sur la phtalocyanine H2Pc et sur ses dérivées métalliques obtenues en substi-
tuant H2 par un atome métallique (CuPc, MgPc, ZnPc, MnPc). Le produit primaire est une poudre disponible
dans le commerce dont on a vérifié la pureté par diffraction X [3]. Cette poudre est connue depuis longtemps comme un colorant résistant. Elle peut cristalliser facilement [4] ou s’élaborer en couches minces par évaporation thermique. La molécule est plane et centrosymétrique (Fig. 1).
Fig. 1.
-Molécule de phtalocyanine de cuivre.
[Copper phtalocyanine molecule.]
2. Dispositif expérimental
Les cellules que nous avons réalisées sont formées d’une couche de colorant placée entre deux couches
semi-transparentes d’aluminium et d’or (Fig. 2), le dépôt métallique primaire se faisant sur une lame de
verre (3 x 4,5 cm2) qui a été soigneusement nettoyée après un séjour dans une solution détergente. Ces
couches sont obtenues par évaporation thermique
dans un évaporateur conventionnel et dans un vide de l’ordre de 10-6 mm Hg. La couche de colorant a une épaisseur variant de 500 à 5 000 eut les contacts
métalliques ont une épaisseur de 100 À.
La cellule est éclairée par une lampe à filament de
tungstène (OSRAM-250 W-10 A) ayant un spectre
couvrant le visible; cet éclairement peut être soit direct soit par l’intermédiaire d’un monochromateur
(Jobin-Yvon HR 1000). La tension provient d’une
alimentation stabilisée de haute précision (Sodilec
60 V-1,5 A) de résolution 1 mV. Le courant est lu
sur un picoampèremètre (Keithley 614). En outre un jeu de filtres neutres calibrés et un radiomètre per- mettent de faire varier l’intensité de la lumière excita- trice.
Fig. 2:
-Vue des cellules Al/MPc/Au.
(a) Vue de face; (b) Vue de profil.
[View of Al/MPc/Au cells.
(a) Front view; (b) Side view.]
3. Spectre d’absorptioa
La figure 3 montre les spectres d’absorption des
couches minces de diverses phtalocyanines d’épaisseur
2 000 A analysées dans les mêmes conditions dans un
spectrophotomètre Beckman.
On remarque que ces couches présentent une forte absorption dans l’ultraviolet et dans le visible. Le spectre d’absorption présente 5 à 6 maxima plus ou
moins prononcés (Tableau I). Dans le visible la valeur maximale du coefficient d’absorption est voisine de 105 cm-1 et correspond à une profondeur de pénétra-
tion de la lumière de l’ordre de 1000 A.
On remarque également que les spectres obtenus
pour les différentes phtalocyanines, tout en ayant une allure similaire présentent des spécificités dues à la
nature de l’atome central, en particulier la position
Tableau I.
-Positions des maxima d’absorption dans l’ultraviolet et le visible de couches minces de phtalocyanines.
[Maxima absorption positions in the ultra-violet and the visible for thin layer phtalocyanines.]
Fig. 3.
-Spectres d’absorption de couches minces de
phtalocyanines.
[Absorption spectra of thin phtalocyanine layers.]
des maxima et leur intensité diffèrent un peu d’une
phtalocyanine à l’autre. Enfin l’allure des spectres demeure la même pour des épaisseurs de couches allant de 500 à 5 000 A.
4. Spectre d’action.
Le spectre d’action exprime la variation du photo-
courant (à tension nulle) en fonction de la longueur
d’onde excitatrice. Nous l’avons réalisé sur des cellules où l’épaisseur du colorant varie entre 1000 et 5 000 A.
Pour les couches très minces ( - 1000 À) on constate
que les spectres d’action obtenus en éclairant du côté aluminium ou du côté or ont tous deux la même allure et sont à peu près parallèles au spectre d’absorption (Fig. 4). Pour des couches plus épaisses (1
~4 000 A) ; lorsqu’on éclaire du côté de l’aluminium le spectre d’action est parallèle au spectre d’absorption alors qu’un éclairement du côté de l’or donne un spectre d’action opposé au spectre d’absorption (Fig. 4).
On peut interpréter cette allure des spectres en considérant que c’est le contact AI/MPc (M
=H2, Cu, Mg...) correspondant au métal de plus faible
travail d’extraction (WA1
=4,25 eV et WAu
=4,65 eV) [5] qui est actif dans le mécanisme de création des porteurs.
En effet en admettant que l’absorption de la lumière
crée directement des paires électrons-trous, ces paires
diffusent jusqu’au contact actif où règne un champ électrique pouvant les séparer. Dans ces conditions si
on éclaire du côté de l’aluminium les paires seraient
créées dans la zone active où elles sont séparées et
donnent un photocourant, par contre si on éclaire du côté de l’or la lumière créerait des paires dont la majorité se recombinent avant d’atteindre l’interface
Al/MPc. Ce n’est que si la couche est très mince c’est- à-dire égale ou inférieure à la longueur de diffusion des
paires que la lumière fortement absorbée peut donner
lieu à un photocourant.
Fig. 4.
-A : Spectre d’absorption de la couche MgPc.
B : Spectre d’action de la cellule Al/MgPc/Au éclairée
côté Au.
C : Spectre d’action de la cellule Al/MgPc/Au éclairée
côté Al.
[A : Absorption spectrum of thin MgPc layer.
B : Action spectrum of Al/MgPc/Au cell illuminated on the Au side.
C : Action spectrum of Al/MgPc/Au cell illuminated on the Al side.]
On peut rendre compte de ces résultats en suivant
une démarche similaire à celle de Ghosch [6] :
Le nombre des porteurs photocréés dans l’épaisseur
dx à la distance x de la surface éclairée (Fig. 5) est :
Fig. 5.
-Schéma du niveau d’énergie du système Al/MgPc/
Au. La barrière est à l’interface Al/MgPc.
[Energy level scheme of the Al/MgPc/Au device. Barrier is at the Al/MgPc interface.]
où 0 est le flux de photons incidents, a le coefficient
d’absorption et ~q le rendement quantique.
En éclairant du côté de l’or la densité de porteurs
est donnée par :
où fi
=1 /L, L étant la longueur de diffusion des paires
et lb la largeur de la barrière.
En éclairant du côté de l’aluminium le nombre total de porteurs sera :
de sorte que les photocourants qu’on mesure en éclai-
rant du côté or ou aluminium sont :
La figure 6 montre les spectres d’action d’une cellule
Al/MgPc/Au d’épaisseur 4 000 A éclairée par une lumière d’intensité 0 - 2 x 1015 photons/cm2 s et
dont le rendement quantique est
Fig. 6.
-Spectres d’action expérimentaux (traits pleins, discontinus) et théoriques (points et cercles) d’une cellule
Al/MgPc/Au.
A : Eclairement du côté Al.
B : Eclairement du côté Au.
[Expérimental (solid and dashed lines) and calculated
(points and open circles) action spectra of Al/MgPc/Au cell.
A : Cell illuminated on the Al side.
B : Cell illuminated on the Au side.]
Les points représentés correspondent au spectre
théorique obtenu par le modèle de Gosch. Un meil- leur accord avec l’expérience est obtenu pour L
=2 x 10-6 cm et lb
=5 x 10-6 cm valeurs proches de
celles obtenues par Gosch pour Al/MgPc/Ag [6].
Nous avons réalisé les spectres d’action pour les autres
phtalocyanines (H2Pc, CuPc, ZnPc, MnPc) on obtient
dans tous les cas des effets similaires. Le tableau II donne les valeurs de L et de lb pour les cellules éla- borées à partir de ces matériaux et dans les mêmes conditions expérimentales. On remarque que la lon- gueur moyenne de diffusion est de l’ordre de 10-6 cm
et qu’elle est voisine de la largeur de la barrière lb.
5. Caractéristiques courant-tension (1- JI).
La caractéristique courant-tension I V d’une cellule consiste en la mesure du courant I débité par la cellule
lorsqu’on lui applique une tension extérieure V.
Nous avons réalisé ces caractéristiques à la tempé-
rature ambiante et sous vide sur les diverses phtalo- cyanines qui font l’objet de ce travail.
Tableau Il.
-Longueur de diffusion des paires et largeur de la barrière de potentiel pour les cellule.s
AllMPclAu (1
=2 000 A).
[Diffusion pairs length and potential barrier width for the AI/MPc/Au cells (1
=2 000 A).]
5.1 CARACTÉRISTIQUES À L’OBSCURITÉ. - Les caracté-
ristiques à l’obscurité ont toutes la même allure que celles représentées sur la figure 7. Elles mon-
trent un effet de redressement, un courant de court- circuit non nul J cc et une montée rapide suivie d’un
régime plus atténué.
L’apparition à l’obscurité d’un courant de court- circuit non nul et donc d’une tension de circuit ouvert
V co est caractéristique de ces cellules, cette tension
est de l’ordre de 0,3 à 0,6 volt à l’air libre et à la tempé-
rature ambiante.
Des mesures faites sous vide juste après l’élaboration de la cellule donnent un Vco faible de l’ordre de 20 à 100 mV; en détruisant le vide on constate que V,,
augmente et se stabilise, la valeur atteinte n’évolue
plus pendant toute la durée des expériences et pour des périodes assez longues (~ 3 mois).
Cet effet de batterie, comme on l’appelle communé-
ment [7] est dû probablement à l’accumulation des porteurs injectés par les électrodes métalliques [8] et piégés par les défauts et dislocations présents dans la couche ; il est vraisemblable que la densité de pièges est plus importante à l’air libre que sous vide, une diffu-
sion de l’oxygène dans la couche n’étant pas exclue.
Ceci est d’ailleurs confirmé par la mesure de la dépen-
dance du courant en fonction de la température, faite
sur des cristaux de CuPc par Barbe et Westgate [9]
qui localisent un niveau de pièges situé au voisinage
du niveau de Fermi et attribué à la diffusion de l’oxy- gène et de l’hydrogène dans le cristal.
Une étude sur la dépendance de Vco avec la pression
et avec la température nous permettra sûrement de mieux comprendre le mécanisme de cet effet.
L’analyse des caractéristiques pour les tensions
Fig. 7.
-Caractéristiques courant-tension d’une cellule
Al jCuPc/Au : (a) à l’obscurité, (b) éclairée côté Au, (c) éclairée côté Al.
[Current-voltage characteristics for Al/CuPc/Au cell : (a) in darkness, (b) illuminated on the Au side, (c) illumi-
nated on the Al side.]
positives montre qu’elles présentent deux régimes (Fig. 8).
-
Aux faibles tensions ( Y 1 V) le courant
admet un comportement exponentiel conforme à celui généré par une barrière de Schottky [2].
Jg étant le courant de saturation inverse d’origine thermoionique et m le facteur de diode.
-