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L'Exposition nationale suisse

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Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Journal des débats politiques

et littéraires

(2)

Journal des débats politiques et littéraires. 02/05/1896.

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(3)

'=.

SOMMAIRE

BÔIXÉfm. Pourle suffrage universel.

La. séanced'hieb. F. C.

Kv iODB

le

jour.

Le

mois de Marie et les

en-fantsdeMarie.

tîuy

Tomel.

L'Exposition nationale suisse.

Philippe

Godet.

A t'ÉTBANGEK. L* Angleterreet le

Transvaal.-Les SALONS de 1896. Les dessins de Puvis de

Chavannes.

André

Michel.

BULLETIN

POUR

LE SUFFRAGE UNIVERSEL

M. Bourgeois et ses amis, ayant été batj,us à

la Chambre aussi bien qu'auSénat, essayent

de

persuader aux âmes naïves que c'est le suffrage

universelqui a subicet affront. Les200 à 250 députés qui ont voté

hier

contre

le ministère

ontdécidéqu'ils étaient la propre incarnation

du

suffrageuniversel et qu'en conséquence

leurs griefsétaient-ceuxdu suffrage universel

lui-même.- Dans leurbouche les mots

prennent

un sens tout à

fait

nouvau

le

suffrage

univer-sel;

c'estja

minorité..

Avantla séance

et

les scrutins d'hier, les

ra-dicaux et les socialistesn'avaientaffaire qu'au Sénat. Ils tiraient parti de cette circonstance,

<fue

le

Sénat est élu par lesuffrageuniverselà

deux

degrés, pouropposerles volontésdu

suf-frage

universel

aux

prétentions du suffrage restreint. Cetteantithèse n'était pas trèsjuste, la thèse des radicaux et des socialistes péchait

par la base; mais, enfin, c'était leurmanière de

raisonner.Le suffrage universel d'un côté, le

suffrage restreint de l'autre, un conflit

entre

les deux. C'est -ce qui servaitde prétexte à M.

Bourgeois

et

à son parti pourcrier que le

suf-frageuniversel était en péril, méconnu,insulté etmenacé, etqu'il n'étaitque temps de se por-ter à son secours.

Les radicaux et les socialistes avaient juré

hier, avant' laséance,de combattre pourle

suf-frageuniversel jusqu'à la mort. Les bureaux

de leursgroupes s'étaient réunispour affirmer qu'en cas de dissolution tous les partisansde

M. Bourgeois se présenteraientdevant le pays

étroitement unis, comme jadis les 363, et

comme les champions du suffrage universel.

Après

la

séance et les votes d'hier, ils

au-raient

dû s'apercevoir qu'ils avaient

trop

tôt

pris l'alarme, que le suffrage universel n'était nullementmenacé

et

que, n'étant pas attaqué, il n'avait pas besoin

d'être

défendu. Hier, la

Chambre,le Sénat,

le

gouvernement se sont

trouvés d'accord;

Le

suffrage universel direct,-comme le suffrage universel

sous

une autre

forme,s'est prononcé contre M. Bourgeois

et

contre son parti. M. Bourgeois,les radicaux

et

lês,sociaustesont été

battus;

mais

le

suffrage universel se porte fortbien.

Il

semble que les socialistes et les radicaux,

après cette épreuve, auraient dû changer de

thème. Ilne pouvait plus être question pour

euxdesoutenirsérieusementque.leurcause se

confondait avec celle

du

suffrage universel. Ils

n'avaientqu'à se résignerau rôle qui

convient

|

à uneminoritéetà continuer, dans l'opposition,

la lutte pour leurs idées et leur programme. Cependant,ilspersistent,endépitdes scrutins, à déclarer qu'ilssontla majorité et même qu'ils sont le suffrage universel. Ils ont imaginé de

former une Ligue permanente,un comité de

défenseoù les groupes socialistes et radicaux du Sénatseront représentés,tout cela pour

pro-téger

le suffrageuniversel contre des dangers

imaginaires.

C'est aussi, au nom

du

suffrage universel menacé, quele groupe socialiste

delà

Chambre

a.rédigé hier, aussitôt aprèsla séance, une pro-clamation enflammée.Ces députés socialistes

appellent les citoyensàvenger le suffrage uni-versel de « l'humiliation et de la

défaite

qui

viennent, parait-il,

de

lui être infligées. «

Ré-solus, disent-ils,à tout tenter pour obtenir la

solutionpacifique du grand problème

social,

I nous vous convions à défendre

la

République

FEUILLETON DU JOURNAL DES DEBATS

du 2

mai

1896

LES

v

SALONS

v

DE

1896

LE8 DESSINS DE PUVIS DE CHAVANNES

T

Les Salons qui ont

fait

tant de mal à l'art, suscité tant de « genres » faux, provoqué

tant

d'inutilitésencombrantes, exaspéré

tant

de

va-nités, dévoyé oudébauché

tant

d'artistes,servi enfin dé prétexte àtant de vaine littérature de-vraient .pourtant nous être d'un grand

ensei-gnement.

Pournous d'abord,qui

faisons

pro-fession de raisonner sur

l'art et

d'en étudier

l'histoire, ils

mettent

chaque année sous nos

yeuxdes œuvres qui, si nous savions les voir,

auraient à nous révéler beaucoup de choses dont l'histoire de l'art feraun jour son profit

car c'est

ici,

après tout,dans laconfusionet

l'in-évitable banalité du

grand

déballage

périodi-que,qu'elle s'élabore an par an, cette histoire,

st qu'elle ira chercher plus tard, étonnée sans doutede notre ignoranceet de notre aveugle-ment, des documents quenous n'auronspas su

interpréter au

passage.

Pour les artistes,

pour ceuxdu moins quicherchent autre chose que la satisfactionde leur petite vanité et

l'oc-casion d'une réclame, ilsdevraient être

le

mo-ment d'unexamen de.conscienceet d'un retour

sévèresur soi-même. Essayons,

les

uns etles

au-tres, d!en retirer tout ce qu'ils peuvent nous apporter d'utile

II

convient, cette année, de consacrerà Pu-vis deChavannes notrepremière

visite

aux

Sa-lons.On trouve réunis(au«Champ-de-Mars

»),

à côté des Panneaux destinés

à

la bibliothèque

deBoston, un résumé deson œuvre entier; des

centainesde dessins yracontent à leur manière

comment s'est élaborée dans la pensée du maître, depuis l'Ave Picàrdia nutrix jusqu'à

ses

dernières

œuvres,cette suite de

pèlntu-Reproductiçninterdite.

compromise

et

le suffrage universel menacé. Guerre au Sénat et honte aux

traîtres

1 Vivela

Républiquesocialiste

»

Les

traîtres

ce sont les

propres

élus du suffrage universel. Les

socia-listes

et les radicauxcrient commed'habitude

« Guerre au

Sénat

» Maismaintenant il leur

faut ajouter « Guerre à

la

Chambre!

»

C'est

Je

suffrage universel qu'ils attaquent

et

qu'ils

in-jurient,

sous

prétexte de le défendre. Ils ont contre eux tous les pouvoirs publics émanés du

suffrage universel. Il peut leur être pénible

d'en convenir. Mais qu'ils en conviennent ou

non, tout le monde s'en aperçoit.

La

manifestation

de

dimanche.

La

pre-mière partiede la journée du 1" mai s'est écoulée

sansincidents et toutfait croirequ'aucunnuagen'en

troublera la fin. Ne nous hâtons pas trop cepen-dant de féliciter les socialistes de leur attitude.Ce n'est que partie remise. Si les meneursdu parti ou-vrieront laissé passer lajournéedu 1ermai sans

ma-nifester, c'est qu'ils se réservent pour dimanche pro-chain. Ils ont compris que c'était une cause de

fai-blesse pour leurcause de célébrer lafête du travail

un jour dela semaineet ils ontfinipar se ranger à Tavis desouvriers anglais qui, eux. plus pratiques,

ont

toujours reporté au dimanche la manifestation

dite du 1erMai.' Donc, dimanche prochain, tous les.

comités socialistes et intransigeantssont convoqués

pour organiserune manifestation« ,gr,andiosè et

énergique »,commele ditM.Eugène Baudin. Il pa-raît quelè lion populaire « est seulement endormi

et qu'il va se réveiller etqu'il va -rugir ». La

méta-phore n'esfpasnouvelle;. mais M. Baudin ne sepique

pas de suivre la

mode.

Ce qui est plus nouveau, c'est que la fête du tra-vailchange deplus en plus de caractère.A l'origine,

elle étaitou elle était censée être une fête purenfent pacifique, sans couleur politique.-Seules,les ques-tions touchant au travail étaient agitées. Aujour-d'hui, il n'estmême plus faitallusionnià la journée

de huit -heures, ni à la grève générale il s'agit

uniquement de protester en faveur du ministère

Bourgeois-Cavaignac, qui vient de tomber, et de conspuer vigoureusementle Sénat. Quant aux ques-tions sociales,on s'en occuperaplus tard.

Mais, si la manifestationdu 1er Mai est devenue

beaucoup plus politique que socialiste, elle a gardé

son caractère résolument internationaliste.« Aujour-d'hui, écrit

M.

Vandervelde, député belge, à ses

frèresde Paris, l'Internationale estreconstituée plus grande etplusforte.,» De son côté, M. Liebknecht

déclare que « le 1er Mai sera célébré par toute

l'Al-lemagne ouvrière et socialiste qui ne faitqu'une-avec

lessocialistes de tousles autres paysdu monde. Vive

le socialismeinternational!

»

.

LA SÉANCE

D'HIER

La séanced'hier a été excellentepourle

mi-nistère. Malgré

la

confusion qui existe encore

dans

quelques esprits, malgré

les

menaces des radicaux et des socialistes, malgré le discours

presquerévolutionnaire prononcé parM: Léon

Bourgeois,

le

nouveauCabineta euune

majo-rité de 34 voix. Peut-être avons-nous tort de

direque cette majoritéa été obtenuemalgré le

discours de M. Bourgeois ce discours a cer-tainement contribuéà laformer.

C'est lapremière

fois,

depuis bien longtemps,

qu'au lendemain même de sa chute le président

du Conseil de la veille monte

à

la tribune pour déclarer la guerreà ses successeurs. M.

Bour-geoisl'a fait; ce n'est pas

ce

que nous lui

re-prochons. Les circonstances sont changées. Il y a désormais deux partis tranchés dans la République:d'un côté,les radicaux socialistes de l'autre,

les

modérés. Entreeux, la

concilia-tion, la concentration est devenue impossible, et nous n'yavonsnul regret. Bon gré, mal gré,

on se trouve obligé, de part et d'autre, à faire

des gouvernementshomogènes. Il est donc

naturel qu'un ministre renversé entre tout de

suite et de plain-pied dans l'opposition. A

ce point de

vue,

M.

Bourgeois a presque

donné un bon exemple il a dissipé la fiction

de camaraderie politique qui obligeait les mi-nistres tombés à desménagements apparents envers

leurs

successeurs, et qui leur

interdi-sait la tribunepour

ne leur

laisser que les

in-triguesde couloir. En prenantdès

le

premier

jour l'attitude d'un adversaire, M. Bourgeois a

faitjustice d'une équivoque; mais ce n'est

pas

res murales dont

on

peut bien dire à présent

qu'elles formerontun des grandschapitres de

l'histoire de

l'art

français au dix-neuvième

siècle..

Les dessins d'un artiste, et l'ancienne

or-thographe avaitbien raison d'écrire dessein, ce sont ses confidences, ses intentions révélées,

une à une. Depuis les premiers crayonnages oij la pensée commence à prendre corps et la

vision à se fixer jusqu'au carton définitif qui

n'attend plus que

la

couleur et déjà la suppose, vous pouvez suivrelà l'histoire intime de cha-cune de ses œuvres, voir comment il a

inter-rogé la nature et ce qu'il a voulu choisir dans le répertoire infini, qu'elle mettait à son

ser-vice. Il est seulementregrettable que l'onn'ait pas

facilité,

en groupant plus méthodique-mentces dessins, l'enseignement qu'ils

con-tiennent.

Rien

n'est

mains compliquéqu'uneœuvre de

Puvis de Chavannes la conception sort

tou-jours directe

et

franche de la

nature

même du

sujet; la part

de l'invention littéraire est aussi réduite que possible. L'invention et la

construction plastiques, dès la première

heure,

sollicitent et commandent l'effort de sa

pen-sée. La vision s'ordonne, elle s'adapte aux

formes architecturales dontle cadre inflexible, sans cesse présent aux yeux du peintre, régie

et déterminele jeudeslignesencoreincertaines

et

l'équilibredesmasses

à

peine indiquées, où:

le motif prend corps. Bientôt des formes plus précises, une distribution plus claire des en-sembles, despartispris plus nets apparaissent,

et, pardes tâtonnementssuccessifs, unrythme général se dégage, les éléments de la création future prennent, en larges traits volontaires et

appuyés, chacun son allure et savaleur

pro-pre, dans

la

synthèse qui

s'élabore.

Voyez, parexemple, la série de croquispour l'hémicycle de la Sorbonne,

l'Eté

de l'Hôtel

de Ville de Paris ou

la

Paix

et

le Travail du muséede-Picardie. Pour TEté, en particulier,

la recherchede l'équilibredes grandesmasses, qui sont comme les assises de la construction plastique, a passé

par

plusieursétats. Les bois épais du fond, la charrettechargée de foin qui

inspiraà M. de Vogiié une si belle page, ont

été successivement rapprochées, puis éloignées,

jusqu'à ce que le rythme le plus ample ait été trouvé

pour

le plus grandcontentementde

l'es-prit

ferme

et

clair

qui

l'avait

entrevu. Pour la Sorbonne,

le

groupe des jeunes gens qui

prêtent

serment à la science ou qui cueillent

la seule qu'il ait fait évariouir.H a dévoilé, dé-masqué le fond de

sa

propre politique. Après en avoir soigneusement

caché,

dissimulé

le

caractère pendant six

mois

de gouvernement,

il

l'a

enfin franchement découvert. On a pu

reconnaître, en l'écoutant, l'étendue du

dan-ger

auquel

il

avaitexposé nos institutions dont il

a

entrepris, aux applaudissements des

bou-langistes,

la

critique

amèreet perfide. Tout en

protestantde son respect pour le Sénat, il s'est

fait l'avocat d'une révision qui avait pour objet

de lui enlever ses droits essentiels.C'est tout

juste s'il lui laisserait, comme aux anciens

Parlements, celui de faire des remontrances, mais des remontrancesdont la Chambre et le

ministère ne tiendraient aucun compte. On a

vingt-quatre heures pour maudire ses juges

M. Bourgeois a la malédiction tenace et

per-sistante très au délà de cedélai.Sous la

con-traintequ'il s'efforçait d'imposer à ses paroles, onsentaitquelque chosedeplus profond que la rancune excusable chezun ministre

au

lende-main d'un échec.

Soit

1 On

saura

désormais queM. Bourgeois, homme de gouvernement,

a

inscrit en tête de son programme

la

re-vision delaConstitution,dirigée contre, le

Sé-nat. S'il

revient

au pouvoir, ce sera

pour

la

faire- Il

n'aura

plus le droit de se dérober,

comme dans son dernier ministère,

à

l'exécu^ tion pleine

et

entière des revendications

radi-cales.

Il

nepourraplus tromperlaChambre,

ni

le

pays.

Mais où M. Bourgeois a dépassé toute

me-sure, c'est lorsqu'il a adresséau Cabinet qui

le

remplaçait une

sorte

de sommationd'avoirà

prendre à son compte le conflit si

maladroi-tement, ouvert par lui-même, et d'aller la.

dénouer à Versailles dans unCongrès

révision-niste. Pourquoi donc M. Bourgeois est-il tombé,

si ce n'estparce qu'il avaitprovoqué ceconflit? Pourquoi a-t-il donné

sa'

démission, si ce n'est parce qu'il ne pouvait pas leprolongerplus longtemps? S'il était partisan de la revision

et

s'illa croyait réalisable, d'où vient qu'il ne l'ait pas proposée

îllauraitétédans

son rôle. Ilaurait

pousséjusqu'auboutlalogiquedumalqu'ilavait,

déjàaccompli-Il aurait été fidèle à lui-même.

Mais nonl M. Bourgeois commencepar donner

sadémission puis

il

seretourneversson

succes-seur, M. Méline, et il lui dit C'està vous

de

faire ce que

je

n'ai pas osé faire. Poursuivez

la

politique dontje suis mort.Aggravez la

mésin-telligence que j'ai artificiellement créée

entre

les deux Chambres.Exaspérezcontre le

Sénat/

et, au besoin, contre la Présidence de

la

-Répu-blique, les passions révolutionnaires,les

ins-tincts factieux, auxquels j'ai donné l'éveil.

Je

vous ai cédé la place pour cela. Je

n'ai

pas

voulu

faire

personnellementcette besogne

j'avoue qu'elle me répugnait

et

que

le

cœur

m'a manqué. Mais je l'ai laissée dans mon

héritage et vous ne pouvez pas la répudier.. La dignité du

suffrage

universel

y est inté-ressée.

Tel

a

été lesens du discours de M.Bourgeois.

M. Méline, dans un langage très simple,

très

ferme, empreintde la plus haute honnêteté

po-litique, a répondu

qu'il

nesujvrait pas

son

in-terlocuteursur

le

terrain il l'appelait. Le

nouveau Cabinetest venupour terminerle con-flit et non pas pour l'aigrir encore davantage et pour l'éterniser.Son but,sa raison d'être est de rétablir entreles pouvoirs publics l'harmonie

sans laquelle tout

est

impossible. Lepays veut

l'apaisement.Il est fatigué, écœuré des

agita-tionsstériles. Il attenddes réformes pratiques,

et

on lui propose

la

distraction d'uneespècede

guerre

civile. Legouvernement ne s'y prêtera

pas. Mise en demeure de choisir entre'ces

deux politiques, si nettement indiquées d'un

côté comme de l'autre,la Chambre pouvait-elle

hésiter?

Les radicauxsocialistes avaient tout

l'air

de

croire qu'ellen'hésiteraitpas en effet,et qu'elle

pencheraitde leur côté. M. Bourgeoisa laissé percer cetespoirpar la manière même dont

il

a brûlé ses vaisseaux. Il

s'est

placé

dans

une

telle situationque, s'il ne reprenait pas le pou-voir tout.de suite, il se mettaitdans

l'impossi-bilité de l'exercerde très longtemps.

Il

a joué

des palmesa été de même cherchéetdisposéen

plusieurs arrangements successifs. Tous les

bras se levaient d'abord dans

un

mouvement

unanime d'enthousiasme sacré mais c'étaient

trop de verticales juxtaposées un seul geste

a suffi pour résumer dans sa ligne expressive la commune ferveur et les attitudes se sont

diversifiées, ajoutant à l'harmonie du groupe

sans rienlui enlever de sa forte éloquence.

On peut suivre ainsi tous les états de toutes

les œuvres; ony verratoujoursles choix déter-minés par le bon sens

le

plus clair, la

logique

la plus simple, lesentimentetlebesoin de

l'har-moniele plus impérieux. Les détails, n'existent:

que pourl'ensemble tout est subordonné;

il

n'estpas de

curiosité

ou d'incident, si

amu-santpuisse-t-il être, qui ait

le droit

des'-impo-;

ser à la pensée directrice qui compose,

qui

règle, qui veut; chacun vient prendre place,

disciplinéetsoumis,dans

un

ensembleordonné;

pour

la

plus grande valeurde la synthèse

plas-tique.

Mais il ne .s'agit pas seulement

d'équili-brer

des masses il fauty disposer des formes:

expressives adaptées à la pensée dontl'édifice^

où elles doivent vivre est comme la manifesta-; tîon. C'est icique le peintre se rapprochera; de

la

nature et

lui demandera assistance et conseil. Regardez ces études de gestes,voyez; ces dessins au fusain, à la sanguine ou1 quelquefois au crayon relevé à

la

pointe

d'ar-gent.

Parce qu'il lui

est

arrivé de synthétiser

en abréviations excessives, et

parfois

un

peu gauches, des formes et des mouvements, on

a dit surtous les tons quePuvisdeChavannesné savait pas dessiner,

et

les professeurspatentés

de dessin, les calligraphes d'a'cadémieont répété le mot célèbre « Le dessin est la probité de

l'art.» Certes!voyezplutôt cette femmeoccupée

à

traire une chèvre, qui devait trouver place

avec des modifications dans le groupe de

Paix

au musée de Picardie comparezla

pre-mière étude au crayon de la figure isolée avec l'admirable sanguineoù elle revient dans l'en-semble définitif dont elle occupe le centre. Si ce n'estpas dessiner que souligner avec cette

évidence expressive le double geste de la main qui presse le pis de

la

bête

et

de celle

qui tend l'écuelle au lait blanc

qui

jaillit,

si

ce n'estpas dessiner que puiser à la source

même de la nature les mouvements, les

attitudes qui rythment et- expriment la vie pourenévoquera nos yeuxdes imagesà

la

fois

sivraieset

si

grandes,jeme demande

en

vérité

froidementle toutpour letout, et il

a

perdu

la

partie.

Il

se faisait évidemment

-de

sincères,

mais d'étranges illusionssur la soliditédesa

ma-jorité

delaveiIle, lorsque,s'adr.essantà l'amour-propredetous ceux qui naguère encore votaient pour lui, il lesmettait

presque au

défi de

l'a-bandonner. Pour un chef de parti, c'étaitmal connaître

les

hommes.Au surplus,beaucoupde

membres de

la

Chambre, parmiceux qui ont

soutenu autrefois le ministèreradical, l'ont fait pour échapper au reproche, soit

d'a-voir.voulu empêcher la lumière

sur

certaines

affaires, soit d'avoir voulu empêcher les

réfor-mes démocratiques. M. Paul Desehanel

lui-mêmen'a-t-il pas votéau début pour M.

Bour-geois,parce qu'ilvoulaitlevoirà l'œuvre ? Cela

luidonnait du moins le droit de caractériser l'œuvre accomplie,et il en

a

usé. La lumière promisen'est pas venue: on s'est contenté de la promettre et d'exercer par là un véritable « chantage moral» surla Chambre. Aucune des

réformes annoncées

n'a

été faite, eton s'estmis

dans,l'impossibilitéd'en faire

aucune.

Le

mi-nistère

a

même oublié de présenter

les

rares

lois qui figuraient dans sa Déclaration initiale,

parexemple la loi sur lesAssociations.

Il a

pré-senté, à; la vérité,

le

projet d'impôt sur le re-venu mais, au momentduvote,pressentantlé

.jugementde

la

Chambre,il s'est réfugié dans •unsubterfuge qui a pris la forme d'un ajour-nement. Et

ainsi

pour le restel ainsi pour

tout! Il fallait

entendre

M. Deschanel faire

cette dissection du ministère défunt. Jamais

iln'avait été plus éloquent, parcequejamais

il

n'avait été plus courageux. Cette banqueroute,

non pas partielle, mais totale et irrémédiable

du Cabinet radical,

ne

rendait-elle pas toute

leur libertéà ceux qui avaient pu avoirà son

égardun moment d'illusion? La majoritéadéjà changé plus d'une. foisdans la Chambre

ac-tuelle mais jamais elle ne l'a fait plus légiti-mement que hier. Qù l'avait conduitele

minis-tère radical ? Au. conflit.A quoi M. Bourgeois voulait-il la condamner encore,

et.

toujours?Au conflit. Triste et désolante politique!

L'hon-neur du ministère actuel sera d'y avoir mis fin.

L'accordestdésormais rétabli entre les deux Chambres. L'instrument du progrès est

res-tauré, et redevient- utilisable. On croit sortir d'unmauvaisrêve il n'a que trop duré.

-AU

JOUR

LE

JOUR

LE MOISDE MARIE ET LES ENFANTS 'DE MARIE

Depuishier, dans toutes les, églises de France,

a commencé

la

célébration du mois de Marie: c'est le printempsdes chapelles, et nous sommes

si

habituésen; pays latins à

le

voir refleurir

cha-que année qu'ilnoussemble que l'originede cette

dévotiondoit se perdre déjà dans lanuitdesâges. 'Il n'en est rien, cependant. L'institution,venue d'Italie, date chez

nous

de moins d'un siècleet

n'est point née d'uneimpulsion de l'Église

la

ferveur des fidèles

a

tout fait d'elle-même

au-icunebullepontificale,"aucune loi canonique ne

réglementela célébration du mois de Marie qui

est

entièrementfacultative et ne bénéficie que de

quelquesindulgences spéciales.

L'affectationdes mois de l'année à des cultes

particuliersest d'ailleurs, d'unemanière générale, d'invention toute moderne c'est sous

Louis-Philippe' que

le

mois- de juin fut consacré au Sacré-Cœur,

et

c'est sous l'actuel Pontificat de

Léon XIII que

le

mois d'octobre fut réservé au

culte du Rosaire. Depuis dix ans, ce dernier"se célèbre par ordre papal. La Sainte Vierge a donc

dansla catholicitédeux' mois où on l'honore

da-vantage,l'un par prescription officielle, l'autre par consentement

spontané.-Quoi

qu'ilen soit de ses origines, la dévotion

du mois déMarie, à peinenée, serépanditcomme

parenchantement.Elle franchitles Alpes sous la Restauration et prit, en France,

un

développe-ment considérable. Dès son début,les cérémonies qui l'accompagnèrent furent marquées par une grandeprofusion de chants

qui

nécessitèrent la

création d'une poésieet d'une musique ad hoc.A

la première heure, on

se

trouva un peu

pris

au

ce

qu'on entend par le dessin.Vous vous

rap-pelez

au

Panthéon la petite

sainte

Geneviève

agenouillée devant un arbre. Vous avez ici

quelques-unes des études qui ont servi pour

cette figure; c'est d'abordune fillette nue qui embrasse de se? deux bras serrésle tronc même

de l'arbre; elle est reprise à plusieurs fois,

vêtue ou dévêtue,

et

c'est enfin les mains

jointes, en une ardente oraison,a passé, dans un geste plus approprié, toute la ferveur

du mouvement d'abord essayé, qu'elle est

en-trée dans lacomposition définitive.

Qu'il s'agisse du Charles Martel (pour Poi-tiers), des forgerons, pour

le

Travail d'Amiens,

des lanceursdejavelotpourle Luduspro patria,

deséphèbes cueillant

des

palmes pour

la

Sor-bonne oule-Boissacré cher

aux

ArtsetauxMuses,

partout,pour toutes les figures

qui

peuplent

cette œuvre immense, vous constaterez la

même observation naïve, non pas

du

modèle académique posé

sur

la

planche en attitudes

conventionnelles et apprises, mais de

la

na-ture

et

de

la

vie elles-mêmes, consultées

d'abord dansleurs indications lesplus précises, interprétéesensuite pour les besoins d'une

œu-vre oùelles doivents'accommoderaux exigences

supérieures

d'un ensemble

voulu.

Mais

si la préoccupation des généralisations

nécessaires est sensible dans le plusgrand

nom-bre

des dessins qui nous sont montrés,ce n'est

;pasà dire que

le

détail de la. forme soit sans intérêt pour l'œilHu

peintre;

à ceux qui

vou-draient

le soutenir, on pourrait opposer cent

études de pieds, de

mains,

de chevelures

tres-sées

ou dénouées de femmes, qui, par leur va-leur de recherches analytiques et

documen-taires, peuvent satisfaire les plus exigeants. Mais il va de soi que,dansl'œuvre

monumen-taleà laquelle elles ont servi, ces notes ne pou-vaienttrouverplace etilseraitplus que naïf de s'étonnerdene plus les y voir.

Onsait assez, et nous avons dittrop souvent

pour

y

insister

encore, le rôle que M. Puvis de Chavannesa donnéau paysage dans la dé-coration murale,

et

l'on s'étonnera peut-être

de ne pas trouverdans la collection de ses

des-sins un plus grand nombre d'études

pitto-resques.' On y remarque, en effet, trèspeu de vues de pays ça et là, seulement, quelques dessins très poussés de feuilles et de

bran-ches

mais,

deux ou trois sépias

et

quel-ques aquarelles exceptées,les paysages qui

doivent servir de support et de fond

à

ses

figures* sont seulement indiqués dans

ses

P. C.

dépourvu. Sile texte des cantiques s'improvisait

du soir au lendemain, sans grands efforts de

lyrisme, force-était d'emprunter la musique aux

airs populairesles plus profanes. Le plusancien manuel de piété, paru sous le titre Mots de

Marie, celui du P; Lalomia, missionnaire,

con-tientles indications,suivantes

Cantique tiré du Regina Cœli,sur l'air:Ah

t

vous

dirai-je,maman Oraisonjaculatoire pourdire le matin en se réveillant, sur l'air Réveillez-vous,belle endormie. Pour invoquerDieu dans

latentation, sur l'air Ne v'Iâ-t-ilpas etc.

Il faut croire que cet air« Ne v'là-t-il pas » était

tout spécialement répandu et estimé à l'épo-que,car une douzaine au moins des compositions du missionnaireseréclamentde ses accents.

Evidemment ce mélange du sacré et du

pro-fane n'allait pas -sans quelques inconvénients. Aussi l'obligation de l'inédit incita-t-elle deux

jésuites,les Pères Lambillottèet Alexis Lefebvre,

à "se mettre résolument à la tâche. Le Père

Alexis Lefebvre, surnommé la Souris blanche, parce que sescheveux devinrent d'un blanc

im-maculé dès qu'il eut dix-neufans, futle parolier.

Ses productions n'ont rien de.particulièrement

remarquable mais "son collaborateur, le- Père Lambillottè,étaitunmusicien devaleur dont

nom-bre de mélodiessont devenues rapidementpopu-laireset sont restées au. répertoirexles églises.. ~ïl

nous suffirade rappeler sa traductiondu Memorare;

« Souvenez-vous,ô tendre mère», le cantique qui

débute par cesvers

C'est le moisdé Marie C'est'Ie ftoisle plus beau. et cetautre

De Marie,

Qu'on publie,

Et la gloireetles grandeurs.

pour évoquerles notes qui les accompagnent à

toutes les oreilles. On ne reprocherapas au Père Lambillotte d'avoirabusé de la gloire. Bien rares

sont, je

crois,

parmi les centaines de milliers de

personnes qui chantent, sa-musique^celles, qui

soupçonnent sonnom.

Si la célébrationdu mois de Marie est, comme

onle voit, quasi contemporaine,l'institutiondes enfants de Marie, qu'on en croit volontiers le

complément,est au contrairefort

antérieure.

Qui dit « enfants de Marie », de nos jours,

éveille l'idée'd'une théoried'adolescentes,la taille ceinted'un rubanbleu, et groupées au pied d'un

autel dontleurferveur spéciale leura mérité

d'ê-tre

les servantes. Pourtant, pendant de longues années les enfants de. Marie furent exclusive-ment des hommes."Lacréationen

est

due aux

Pères jésuitesqui, dès les premiers temps où

fonctionnèrentleurscollèges,eurent l'idéede

re-cruter parmi leurs élèves

les

plus zélés une

cohortespéciale, une sorte d'état-major dontles membres

se

lieraientpar desvœux'plus

étroits

et

contracteraientvolontairementdes engagements

plus précis. Lapremière« congrégation» fut éri-géeà Rome, sous le titre del'Annonciationde la

Sainte Vierge, environ

l'an

1568, pour servir de

modèle à toutes les autres. Cette doyenne porte

le nom dePrimaPrimaria elle est restée l'archi-confrérie dont dépendent,très nominalementil

est vrai, toutes les autres confréries de la Vierge qui existent dans la chrétienté.

Ce n'est pointici le lieu de rappeler comment la Congrégation sortit desétablissements scolaires

pour-se répandredans le monde,

et le

rôle poli-tique qu'elle joua à certaines époques. Aujour-d'hui,les confrérieslaïques-d'hommesn'existent

plusguère,que. dans les tiers-ordresdontles

jé-suitesn'ontpointle monopole. Parcontre,depuis une trentaine d'années, les confréries de jeunes

filles, dites enfants de Marie, E. D. M., se sont multipliées dans toutes les paroisses de France.

A Paris, on compte environ 30,000 enfants de Marie qui gardent leur titre depuis la première communion jusqu'aumariage,époqueoù l'Œuvre

des mères chrétiennes lesprend et leur continue son assistancemorale. La Congrégation

de

la Sainte Vierge est donc une sorte de caté-chisme de persévérance

prolongé,

dont les sectatrices ont pour insigne un ruban bleu avec une médaille de

la

Vierge qu'elles

ne

portent, d'une manière apparente, que dans

leurs réunions hebdomadaires ou mensuelles.

cartons par de larges crayonnages. C'est que, cespaysages, il les a dans la tête. Il a emma

gasiné en de longues contemplations et il va renouveler par de fréquents tête-à-tête les

imagesles plus expressives de la nature. Il lui suffira,ensuite d'en résumeren quelques traits

essentielsles aspects permanentset les harmo-nies éternelles.Tous les matins d'ailleurs et tous

les soirs, en suivant la routeplantée de grands

arbresqui conduit à son atelier solitaire, il

ra-jeunit etil entretientcesentiment de la nature

si présente dans son œuvre, et il lui suffirade

la visiond'un soleil couchant reflété dans une

flaque d'eau de l'avenue de Neuilly pour

pein-dre le grand ciel d'or et le lac immobile du Bois sacré cher axixArtsetauxMuses.

Où a-t-il pris, sinon dans ses souvenirs, les

cinqpaysages

si

simples dans leurs éléments,

si

grands dans leuraspect,si beaux dans leur

èffet.si doucementpersuasifsdans leur expres-sion qu'ila évoqués dans lespanneauxdestinés

àla bibliothèquedeBoston?Tout l'accidentelen

estbanni (c'est ici le contraire de

l'impression-nisme).Ce qui passen'existe pas, c'est le

défini-tif qui importe il suffira pour évoquer

à la

pensée

tour à tour la profondeur des

espaces infinisqui effrayait Pascal, la douceur d'idyllede l'églogue virgilienne, la splendeur sereine de l'épopée antique, de" trois états du

ciel.Les Chaldéens, dans la transparenced'une

nuitlimpide, observent la voûte céleste

d'un

seul ton bleu violacé où brillentlestaches

orangées des constellations. Ils s'appuient

sur

un rocher nu qui se teinte de reflets rosés

quelques

notes

de verts rabattus font

vi-brer ces premiers plans où se modèle lar-gement et s'enveloppe de douceur le geste

au-guste et simple des premiers astronomes.

Autour de Virgile, vêtu d'unerobe blanche et

drapé d'un manteau de mauve violacé, une

prairiepaisible où serpenteun ruisseau,

deux

masses lointainesd'arbresque sépare un champ

labouré évoqueront sous un. ciel matinal d'un

bleu cendré

très

doux toute la tendre et claire

mélodie des Géorgiqiies et des Eglogues.

Au-dessus du chœurcharmant et douloureux des

Océanides qui monterrt et descendent sous

l'azur implacable autour du

roc

où souffre

Prométhée,la note ardente et soutenue du ciel, celle plus intense de la mer éclatante

ex-primeront à la fois

la

gloire du

« divin

ether et les rires innombrables des flots

de la mer » qu'invoquait le vaincu

de

Zeus,

l'impuissante compassion des belles vierges..

On

leur prescrit de donner le bon exemple, de

s'abstenirdu bal et dela lecture des mauvais ro-mans, de fréquenter l'église et les sacrements suivant les facilités deleur'état, de prendre part

envoile blancet précédées de leur guidon aux

grandes cérémoniesetprocessionsreligieuses, etc. Les avantages- de l'association sont limités aux

bénéfices moraux et spirituelset ne comportent

aucune assistancetemporelle.

Bien que n'étant point affectéespar destination aux services du mois de'mai, on nesaurait

s'éton-ner,que les enfants de Marie n'en soientles plus ardents zélateurs,et ce sontelles qui forment de-puishier la meilleurepart des fidèles accourusen foule aux piedsdes autels, si richementornés et

si délicatement fleuris que nombre de fiancés avisés

attendent

cette époque de l'année pour participer sans frais à la pompe printanièrequi

jonche

gratuitementdefleurs le premierjour de leur mariage.

Guy Tomel.

A

L'ÉTRANGER

L'EXPOSITION NATIONALE

SUISSE

On nous écrit deGenève

Serait-ce un spectacleindigne de votre attention

que celui d'un petitpeuple laborieuxet pacifique, qui essaye de donner au monde une idée complète

de son activité intellectuelle et industrielle?

L'Expo-sition nationalequi va s'ouvrir àGenève,le 1"_mai,

attendde nombreux visiteurs étrangers,et j'ose dire que cespectacle mériterad'êtrevu.

Sans doute, .toutes les Expositions se ressemblent celle-ci ressemble aux autres

déjà par

le seul fait qu'elle n'est pas complètementprête pour le jour d« l'ouverture mais elle le seradans très peude jours.

Elle

ne

prétendpasrivaliseravec ces manifestations

grandioses que sont les Expositions «universelles». Notre modeste Plainpalaisne rappelle que de loin le Champ-de-Mars,et Parisa vu bien d'autres

splen-deurs.

>

Au%|i bien ne vais-je pas tenter une description

détaillée et complètede l'Exposition helvétique. Mais

îil

me paraît intéressant demettre en relief ce qu'il y

a de spécifiquementsuisse dans l'Exposition suisse,

etde dégager de la banalité cosmopolite que le

visi-teur retrouvera ici, comme dans

toutes

les

exhibi-tions analogues, le caractère local, seul vraiment significatif.

Je suisheureuxde pouvoir l'affirmer hautement lespectacle auquel Genève vous convie est loin d'é

treune simple reproduction, affaiblie, rapetissée, de

ce

qui s'est vu ailleurs. Il a son originalité propre, je dirai même sa grandeur,tant on y devine les

quali-tés solides et le vaillant effortd'un peuple conscient

dece qu'il peut.

Dès l'arrivéesur la vaste plaine de Plainpalaie» que l'activité genevoise a, depuis quelques mois,

transforméecomme par magie,on est saisi parune;

'apparition vraimentimprévue.

C'est

le palais des Beaux-Arts qui se dresse ait

fond

d'un parc élégant et parlequel on pénètredans

l'enceinte

de l'Exposition. Cet édifice est d'une fan-taisie pittoresqueet brillante qu'on ne s'attendrait point à voir se déployer aussi librementdans une ville réputée triste et grise. Il faudrachanger désor-mais lesclichésmisà la modepar tant de touristes

superficiels. Genève triste? Allonsdonc

On

ne

sau-raitrien voir de plus jeune, de plus frais, de plus riant, que cette façade du palais des Beaux-Arts, où

s'est donné .carrière la verve endiablée d'un jeuns

architecte pleinde talent et d'audace, M. Paul

Bou-vier. Retenez,je vous prie, le nom de cet élèvetrès

émancipéde l'atelierCoquard.

I Les promoteursde l'Exposition,

en

gens

très

intel-ligents qu'ils sont, ont pensé que le mieux, lorsqu'on

a affaireà un vraitempérament d'artiste, c'estde lui laisser la bride- surle cou. Cela leur a réussi,audelà même de leur attente M.Bouvier sera pour une

bellepartdans le succès del'entreprise.

Persuadé qu'il y a, •–quoi qu'on eh ait dit, une

architecture suisse, d'où l'on pourraittirer un parti

décoratif applicable à l'architectured'exposition

pro-prement dite, il a tenté de dégager des éléments con-structifsépars dansnotre pays une synthèse qui ne

correspond à rien dans la réalité connue, et qui est néanmoinsprofondémentsuisse par l'espritetle ca-ractère.Pour rendre amusants à l'œil lesvastes toits vitrés du palais des Beaux-Arts, il a fait courir tout

le longde l'édifice un promenoirdécoré de cloche-tonsaux formes d'un archaïsmeétrange, et couverts

de vieilles tuilespolychromes

il

a dressé au centre

unavant-corpsprofilant sur le cielsa silhouette

har-die et brisée;puis ila osé, dans ce pays où la cou-leur est plutôttimide et sobre, se livrer à une belle

oi-gie de couleur; et, chose plus surprenante,il a

qui l'assistent

et

son inutile protestation dans

l'insensible etsplendidelumière.–Surles flancs dénudés d'une colline violacée inclinée sous un ciel qui verdit, les formes élémentaires de remparts primitifs et un panache de fumée

montant au bord de l'horizon suffiront à

rap-peler l'incendiedela villedePriam, tandisqu'au premierplan, assis dans la blancheur, Homère

appuierasonfrontélargi sur samainfatiguée,et,

sans voirsesdeuxfilles immortelles, l'Iliade cas-quée et vêtue de pourpre violacée, l'Odyssée, rame en main et drapée de vertbrouillé comme

la meringrate,qui lui tendentle laurier

d'or.–

Enfin,debout, au fiordd'unetranchée profonde

qiredominent des champsoùla vie éternelle se continue en vertes floraisons, l'Histoire, d'un

gestelent,impérieux

et

doux,fera sortircomme

d'un tombeau et ressusciterales forinôs

ense-velies du

passé.

Et tous ces grands

specta-cles, toutes ces visionss'ordonneront dans

les

images les mieux faites pour éveiller le rôve

dans nos âmes, émouvoir la pensée, reposer et

enchanterrlos yeux; toutyest tranquille,

harmo-nieux et

simple,-il

ne fautpas craindrede

répé-ter le mot; les formesyapparaissentchargéesdu

moindrepoids'de matière, les couleurs posées pargrandes tonalitéségales s'y répandent

ets'y

complètent dans une harmonie faite de

trois

ou quatrenotes au plus. Parendroits, la toile à

peine couverte laisse voir son grain, ou bien elle areçu, étalée comme au couteau,une cou-che unie et Ijsse de pâte àpeinehumide

et

qui,

par

l'homogénéité de sa compositioncomme

parle

poli de sa surface, semble devoir

échap-perà toutes les causes de décomposition

in-terne oude salissureextérieurequi menacent la peinture

moderne.

J'étaisstupéfait l'autre jour

d'entendre des peintres, et qui nesontpas des moindres de l'école, déplorer que tant d'admi-rables choses fussent compromises par les « complications, les surcharges et les

empâte-ments.

demétier ». Puvis de Chavannes, un

métier compliqué!Maisregardez donc:àmoins

de peindre à fresque, et certes ii eût été

souhaitable que

la

chose fût possible,

je

ne

conçois pascommentonp-sut procéder plus

sim-plement.

Rassurons-nous: ces belles

images

iront à

la

postérité elles témoigneront pour

nous, elles diront que dans notre îetnps enfié-vré et troubléun homme se trouva pour rêvef unbeau rêve et faire apparaître aux yeux

fati-guésou souillésdes hommesde pures cortteru~

plations.

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