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LE RAPPORT DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES

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Academic year: 2022

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U N PLAN DE RELANCE POUR LA FRANCE :

LE RAPPORT DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES

CONFÉRENCE DE PRESSE –MERCREDI 24 JUIN 2020 À 11 heures

DOSSIER DE PRESSE

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Alors que l’ensemble du pays est en train de passer dans le vert au regard de la crise sanitaire, l’économie française rentre dans le rouge avec la diminution de l’activité la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est une crise planétaire inédite dont les conséquences économiques et sociales s’annoncent particulièrement importantes en France.

C’est pourquoi la commission des affaires économiques du Sénat s’est, dès le début de la crise, constituée en cellules sectorielles de veille, de contrôle et d’anticipation pour en mesurer l’impact, évaluer les mesures prises par le Gouvernement dans le cadre du plan d’urgence puis dans la phase de déconfinement et en corriger les failles. Elle s’est désormais fixée comme objectif de définir un plan global de relance de l’activité décliné secteur par secteur.

À l’issue d’un travail de plusieurs mois, avec plusieurs centaines d’auditions, des retours du terrain de sénateurs issus de tous les départements et de toutes les sensibilités politiques, la commission des affaires économiques a élaboré un plan de près de 170 mesures concrètes qui visent, au-delà de la préservation de l’activité, à moderniser l’économie française pour la faire repartir sur de bons rails et renouer avec une croissance plus solide, plus compétitive et plus sobre en carbone.

Convaincue que c’est en gagnant des marchés que nos entreprises créeront de l’emploi, que c’est en anticipant sur la transition énergétique et numérique que nous préparerons l’avenir, la commission des affaires économiques du Sénat veut faire de cette sortie de crise une opportunité. Elle propose à travers ce train de mesures, une relance ambitieuse et lucide, une relance partenariale entre l’État, l’Europe et les collectivités territoriales, une relance orienté e vers les secteurs d’avenir.

Ce premier tome rassemble le diagnostic établi par la commission et les principales mesures du

plan de relance, les tomes suivants traitent des plans de relance sectoriels

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Sénat - 15, rue de Vaugirard - 75291 Paris Cedex 06 - www.senat.fr NOTE DE SYNTHÈS17 JUIN2020 DLC-161 (2019-2020)

R

EMETTRE L

ÉCONOMIE FRANÇAISE SUR LES RAILS

:

170

MESURES POUR UN PLAN DE RELANCE DE L

ÉCONOMIE FRANÇAISE

Commission des affaires économiques

I – La France passe au vert mais l’économie française plonge dans le rouge

1. Des conséquences économiques particulièrement importantes en France La crise actuelle est inédite parce qu’elle résulte à la fois d’une crise sanitaire et d’une mise à l’arrêt volontaire de l’économie. Elle est planétaire et devrait se traduire, selon la Banque mondiale, par une diminution du PIB mondial de 5,2 % cette année ; elle est dramatique en France avec une prévision de – 11 % du PIB pour 2020, soit la plus forte récession dans notre pays depuis la Seconde Guerre mondiale.

Cette crise est plus accentuée en France que pour la majeure partie de nos voisins européens, notamment l’Allemagne, qui prévoit une diminution de son PIB de l’ordre de 6 %. Sans doute la spécialisation de l’économie française explique-t-elle en partie cette différence, avec le poids des services, notamment du tourisme, ainsi que certaines industries de l’aéronautique ou l’automobile, durement impactées.

Vraisemblablement, en Allemagne, un niveau de préparation différent a conduit à une stratégie de gestion de crise plus efficace. Seuls 15 % des chantiers ont continué dans notre pays pendant le confinement contre 80 % en Allemagne, si bien que l’activité du secteur de la construction a diminué de 80 % en France contre 3 % en Allemagne. Même si l’épidémie est jusqu’à présent maîtrisée, l’essentiel de ses conséquences économiques vont se faire sentir à la rentrée. Le chômage pourrait atteindre 11 % d’ici la fin de l’année.

Il s’agit donc d’une crise majeure : c’est pourquoi la réussite du plan de relance est capitale sur les plans économique, social et politique.

2. Une dépendance vis-à-vis de certains fournisseurs qui illustre notre fragilité industrielle

Le premier enseignement de cette crise est une dépendance problématique vis-à-vis de certains fournisseurs. Les difficultés d’approvisionnement en tests, en principes actifs et en masques, particulièrement marquées en France, illustrent la fragilité du tissu industriel français dont la taille en proportion du PIB est deux fois moindre que celle de l’Allemagne.

Un renforcement de la souveraineté économique française, mais aussi européenne, vis-à-vis de ses partenaires commerciaux passera par une diversification des chaînes de valeur et, lorsque cela sera pertinent, par une relocalisation de certaines activités essentielles.

3. Une mondialisation qui rend aujourd’hui difficiles l’anticipation et la gestion des crises

Le deuxième enseignement de cette crise est la difficulté des pouvoirs publics, en France comme ailleurs, à piloter dans la mondialisation actuelle des politiques de prévention et de

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gestion des risques en raison de la vitesse de diffusion des chocs, de la réduction des marges de manœuvre de l’État, de l’absence de politiques publiques à l’échelle supranationale. Il en résulte un manque d’anticipation des pouvoirs publics, alors même que ce type de menace systémique était bien identifié.

4. Un confinement qui met en valeur le caractère stratégique du numérique La période du confinement, avec l’essor du télétravail et du commerce en ligne, a illustré le caractère stratégique du numérique comme secteur d’activité mais également comme dimension essentielle de toutes les autres activités. Cette période a mis en lumière la faible numérisation de l’économie française et l’absence de champion européen dans ce domaine, révélant l’absence de souveraineté numérique européenne.

II – Faire de la sortie de crise une opportunité

La situation préoccupante de l’économie française impose de renouer avec un volontarisme économique audacieux et lucide. La sortie de crise doit être une opportunité pour moderniser notre appareil productif et changer les méthodes d’intervention économique des pouvoirs publics.

1. Approfondir la construction européenne pour peser dans la mondialisation Plus que jamais l’Europe est l’échelon pertinent pour peser sur le monde. Cela exige une Europe plus ambitieuse à l’extérieur, avec une politique commerciale offensive et un

« mécanisme d’ajustement carbone » aux frontières extérieures, plus autonome dans les domaines stratégiques comme le numérique, mais un marché intérieur plus intégré avec une plus grande harmonisation fiscale et sociale, une politique de la concurrence rénovée et des politiques de l’industrie et de l’innovation plus ambitieuses. La commission propose une série de mesures pour une relance de la construction européenne afin de construire une Europe qui protège « vraiment » !

2. Améliorer la compétitivité des entreprises françaises

Si des plans massifs de relance de l’activité sont la bonne stratégie, tant du point de vue économique que budgétaire, la croissance et l’emploi sur le long terme ne proviendront que de l’amélioration de la compétitivité des entreprises françaises. La France est entrée dans cette crise avec un déficit commercial important. La relance économique doit se traduire par une relance vigoureuse des chantiers de simplification, d’investissement, d’innovation et de fiscalité. C’est en gagnant des marchés que nos entreprises créeront de l’emploi.

3. Diversifier les chaînes d’approvisionnement et relocaliser certains centres de décision et de production critiques

Une stratégie de diversification et de relocalisation passe par un diagnostic national et européen. L’élément-clé d’une stratégie de relocalisation demeure une politique de compétitivité et d’innovation et une politique de diversification des chaînes d’approvisionnement. Cette stratégie peut intégrer dans certains domaines critiques une politique plus volontariste de relocalisation en Europe avec des partenariats public-privé comme, par exemple, dans la fabrication de batteries ou de certains principes actifs pharmaceutiques. L’enjeu de la relocalisation de produits à faible coût de production pose la question de l’existence de modèles économiques viables.

4. Faire de la transition énergétique un levier prioritaire de la reprise

La mise en place du plan de de relance est une opportunité pour accélérer la décarbonation de l’économie française. La rénovation énergétique des bâtiments, l’essor

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des énergies renouvelables, la consolidation de l’énergie nucléaire tout comme la diffusion de véhicules et de carburants propres doivent être des éléments structurants de la relance. Loin des postures déclamatoires, les entreprises, les citoyens et les collectivités territoriales attendent de l’État des actions concrètes pour faire progresser la transition énergétique dans nos territoires, à commencer par des engagements financiers et un soutien administratif.

III – Changer de méthode : une relance partenariale associant l’Europe, l’État et les collectivités territoriales

1. Éloigner la pandémie

Un préalable à toute relance réside dans la maîtrise de la pandémie, afin d’éviter l’émergence d’une seconde vague.

2. Capitaliser sur l’énergie et l’agilité déployées pendant la crise

L’application du régime d’urgence sanitaire a poussé à son paroxysme la centralisation de l’économie française, dans un pays qui pratique déjà une conception très verticale du pouvoir. Ce modèle a montré ses limites, mais les périodes du confinement et du déconfinement ont également prouvé l’existence, tant dans le secteur public que privé, d’une forte capacité de mobilisation et d’adaptation. Cette agilité et cette flexibilité méritent d’être conservées tout en revenant à un régime de droit commun. Il convient de capitaliser sur certains dispositifs, en particulier des partenariats public-privé qu’il serait utile de mettre à profit pour la relance.

3. Sortir du centralisme

Le temps de la relance devra être plus collectif en coordination avec, d’un côté, l’Union européenne et, de l’autre, les collectivités territoriales, en application du principe de subsidiarité. L’expérience de la crise a montré la nécessité de poursuivre la décentralisation et la déconcentration, en particulier dans le domaine économique. C’est pourquoi la commission appelle de ses vœux un plan de relance partenariale entre l’État, l’Europe et les collectivités territoriales et la poursuite de la décentralisation.

4. Relancer l’économie mais rester lucide sur l’état des comptes publics

La préservation du tissu productif passe par un plan de relance budgétaire et son rôle contracyclique, l’État jouant son rôle d’assureur en dernier ressort. Ce recours à la dépense publique a néanmoins des limites dans un pays qui est entré dans cette crise avec un endettement public proche de 100 % du PIB et un service de la dette qui représente le troisième poste budgétaire de l’État. En comparaison, l’Allemagne disposait avant la crise d’excédents budgétaires et d’une capacité de relance bien supérieure à la nôtre. Cette situation impose d’être sélectif dans le choix des mesures et d’évaluer leur application.

5. Soutenir davantage l’offre que la demande pour une croissance vertueuse Si le pouvoir d’achat des Français a été affecté mais s’est globalement maintenu, en particulier grâce au chômage partiel, le niveau d’endettement des entreprises atteint aujourd’hui un niveau préoccupant. Cette situation justifie un plan de relance de l’offre et des dispositifs de relance de la consommation très ciblés sur certains secteurs, ou certains publics les plus en difficulté.

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6. Piloter la relance par les résultats

Plus que jamais, le plan de relance doit être l’occasion de mettre en œuvre un pilotage par les résultats : les politiques publiques doivent être adaptées en fonction des résultats observés sur le terrain.

IV – Dix orientations concrètes pour relancer la croissance

L’ensemble des plans sectoriels comporte plus de 170 mesures concrètes pour remettre l’économie française sur les rails de la croissance et de l’emploi. Ces mesures se distribuent autour de dix orientations majeures qui visent, au-delà de la préservation à court terme de notre tissu productif, à sa modernisation.

1. Alléger les charges pour relancer la compétitivité des entreprises et leur transmission

Une première série de mesures concerne l’allègement des charges pour relancer la compétitivité des entreprises. Dans cette catégorie se rangent des mesures d’allègement de la fiscalité sur la production, des propositions visant au renforcement des fonds propres des entreprises ainsi que des dispositifs de suramortissement pour les investissements relatifs à la numérisation des PME et au verdissement de l’appareil productif.

2. Soutenir l’investissement et l’innovation dans les secteurs d’avenir

La commission préconise de soutenir les 14 écosystèmes industriels identifiés comme prioritaires à l’échelle européenne mais également de relancer les pôles de compétitivité, en lien avec les collectivités territoriales et les acteurs économiques, ainsi qu’un certain nombre de mesures relatives aux investissements d’avenir et à la recherche.

3. Diversifier les chaînes d'approvisionnement et relocaliser certains centres de décision et de production critique

Au-delà de l’établissement d’une stratégie d’identification de secteurs-clés, la commission plaide pour une exonération temporaire de certains impôts et la mise en place d’une

« boîte à outils » à la main des collectivités et des préfets afin d’encourager les relocalisations. Cette politique doit être pensée au niveau européen, en lien avec les différentes filières, en particulier les laboratoires pharmaceutiques. Outre des dispositions en faveur de relocalisations dans le pourtour méditerranéen, la commission propose une mesure de renforcement du contrôle des investissements étrangers dans les entreprises françaises et que l’Europe se dote d’un dispositif comparable.

4. Prioriser la décarbonation de l’économie

La commission plaide pour faire de la « neutralité carbone » l’aiguillon du plan de relance, ce qui suppose au préalable l’application pleine et entière de la loi « Énergie-Climat ».

Considérant que la massification des opérations de rénovation énergétique constitue la clef de voûte de toute relance verte, elle propose des mesures de soutien à destination des particuliers comme des professionnels. Afin de conforter notre souveraineté énergétique et d’intensifier la transition énergétique, elle préconise de renforcer la compétitivité de notre électricité décarbonée ainsi que de sécuriser le financement, de faciliter le déploiement et de relocaliser la chaîne de valeur des énergies renouvelables.

Une attention spécifique doit être accordée aux énergies renouvelables les moins valorisées : les biocarburants, le biogaz et l’hydrogène.

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5. Favoriser la numérisation des entreprises et la constitution de champions numériques

Plusieurs mesures sont proposées en faveur de l’accélération de la couverture du territoire en réseaux numériques performants, fonctionnels et abordables. Des dispositifs pour accompagner la numérisation des PME et des TPE et favoriser l’émergence de champions numériques sont également mis en avant.

6. S’appuyer sur la participation comme levier de croissance

La crise a creusé les inégalités mais aussi la distance, aussi bien physique que sociale, entre les travailleurs peu qualifiés et les cadres. De ce point de vue il est fondamental de relancer la participation et d’accroître le dialogue social dans les entreprises, en finalisant les accords de participation dans les entreprises de moins de 50 salariés.

7. Prendre des mesures de relance de la consommation ciblées sur les secteurs en difficulté

La commission propose une série de mesures en faveur du tourisme, de la restauration et du bâtiment, notamment à travers des chèques-vacances et des tickets-restaurants mais également à travers une réduction temporaire de la TVA dans certains secteurs particulièrement touchés.

8. Soutenir résolument l’insertion des jeunes sur le marché du travail

Pour limiter les conséquences de la crise sur l’insertion des jeunes sur le marché du travail, il est notamment proposé une mesure d’exonération des charges pour une embauche en premier CDI ainsi qu’un soutien élargi à l’apprentissage.

9. Œuvrer avec détermination et davantage d’efficacité pour un État moins bureaucratique

En matière de simplification pour les entreprises, la commission préconise de reconstituer un Conseil de la simplification afin d’évaluer et de prévenir les charges administratives nouvelles. Elle préconise également la constitution dans nos territoires de « task forces » pour la simplification administrative, destinées aux nouvelles implantations industrielles.

10. Réformer les politiques de l’Union pour plus et mieux d’Europe

En matière européenne, la commission des affaires économiques du Sénat propose une relance de la construction européenne avec une politique budgétaire et fiscale plus ambitieuse, mais également une plus grande fermeté et une plus grande transparence dans la négociation des accords commerciaux, ainsi que la mise en place d’un

« mécanisme d’ajustement carbone » aux frontières extérieures. Elle propose également une réforme de l’application du droit de la concurrence pour mieux prendre en compte les marchés pertinents à retenir et favoriser une politique industrielle plus ambitieuse. Dans le domaine agricole, la commission plaide pour une PAC volontariste orientée vers la souveraineté alimentaire et la transition écologique. Sur le plan numérique, la commission est en faveur d’une politique continentale à la hauteur des enjeux avec une taxe sur les GAFAM, un cloud européen, des normes garantissant la liberté du consommateur, l’interopérabilité des terminaux ainsi que la préservation des données individuelles et industrielles.

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C

OMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES

Remettre notre économie sur les rails ? Un plan de relance pour la France

Sophie PRIMAS

Rapport sur le plan de relance de la commission des affaires économiques et ses annexes (Tomes 1&2)

http://www.senat.fr/notice-rapport/2019/r19-535-1-notice.html La résilience agricole et alimentaire : un élément de la relance

Laurent DUPLOMB Franck MONTAUGÉ Bernard BUIS Franck MENONVILLE Plan de relance sectoriel pour l’agriculture (Tome 3)

http://www.senat.fr/notice-rapport/2019/r19-535-3-notice.html Pour une relance bas-carbone : résilience, compétitivité, solidarité

Daniel GREMILLET Daniel DUBOIS Roland COURTEAU Plan de relance sectoriel pour l’énergie (Tome 4)

http://www.senat.fr/notice-rapport/2019/r19-535-4-notice.html Pour une relance industrielle stratégique

Alain CHATILLON Valérie LÉTARD Martial BOURQUIN Plan de relance sectoriel pour l’industrie (Tome 5)

http://www.senat.fr/notice-rapport/2019/r19-535-5-notice.html

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Tirer les leçons de la crise, construire pour demain

Dominique ESTROSI SASSONE Annie GUILLEMOT

Plan de relance sectoriel pour le logement, l’urbanisme et la politique de la ville (Tome 6) http://www.senat.fr/notice-rapport/2019/r19-535-6-notice.html

Faire du numérique une priorité de la relance

Anne-Catherine LOISIER Marc DAUNIS

Plan de relance sectoriel pour le numérique, les télécoms et les postes (Tome 7) http://www.senat.fr/notice-rapport/2019/r19-535-7-notice.html

PME, commerce, artisanat : un plan de relance nécessaire

Serge BABARY Anne CHAIN-LARCHÉ Élisabeth LAMURE Fabien GAY Plan de relance sectoriel pour les PME, le commerce et l’artisanat (Tome 8)

http://www.senat.fr/notice-rapport/2019/r19-535-8-notice.html

Pour une véritable relance du tourisme

Michel RAISON Évelyne RENAUD-GARABEDIAN Viviane ARTIGALAS Guylène PANTEL Plan de relance sectoriel pour le tourisme (Tome 9)

http://www.senat.fr/notice-rapport/2019/r19-535-9-notice.html

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Mme Sophie Primas Présidente de la commission

Les Républicains - Yvelines

https://www.senat.fr/commission/affaires_economiques/index.html Commission des affaires économiques - Téléphone : 01.42.34.23.20

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Sénat - 15, rue de Vaugirard - 75291 Paris Cedex 06 - www.senat.fr NOTE DE SYNTHÈS5 JUIN2020 N° DLC-152 (2019-2020)

L

A RÉSILIENCE AGRICOLE ET ALIMENTAIRE

:

UN ÉLÉMENT DE LA RELANCE Commission des affaires économiques

Communication des pilotes de la cellule « Agriculture et alimentation » MM. Laurent Duplomb (Les Républicains - Haute-Loire),

Franck Montaugé (Socialiste et républicain - Gers,), Bernard Buis (La République en marche - Drôme) et Franck Menonville (Les Indépendants - Meuse)

1. L’agriculture et l’agroalimentaire en France : des exemples de modèles résilients en temps de crise

Les producteurs et transformateurs ont su répondre, par leur engagement et la souplesse de leur organisation, à la modification de la consommation alimentaire des ménages durant la crise.

Si ces modifications ont pu engendrer quelques phénomènes de pénuries temporaires, géographiquement circonscrites, les producteurs et les transformateurs se sont organisés pour faire face à la demande. Deux éléments ont fait la force de la filière : l’engagement et la souplesse de tous les acteurs.

¾ L’engagement, tout d’abord, qui s’est retrouvé chez des producteurs agricoles garantissant leurs livraisons malgré l’incertitude et les difficultés d’approvisionnements, de main d’œuvre ou de logistique ; chez les transformateurs qui ont dû faire face à des conditions inédites liées à un taux d’absentéisme plus élevé qu’en temps normal, à une pénurie de masques et de gel hydroalcoolique et à des cadences réduites en raison du nécessaire respect des gestes barrières par les salariés ; et au sein de la grande distribution, qui a garanti des approvisionnements nationaux de certains produits.

¾ La souplesse, ensuite, des modèles productifs a permis d’adapter la production à la nouvelle donne. Les producteurs d’œufs ont par exemple dû s’adapter à une hausse de 41 % des ventes d’œufs en un mois, soit 185 millions d’œufs supplémentaires. Cette prouesse a été réalisée en basculant, en quelques jours, une partie de la production d’œufs destinés aux ovoproduits distribués majoritairement dans la restauration hors foyer, qui n’avaient plus de débouchés, vers la distribution en grandes surfaces. Cette illustration démontre l’importance d’avoir une diversité des modes de production pour renforcer la résilience de notre modèle agricole.

Toutefois, trois facteurs de fragilité ont été repérés :

¾ la logistique : les transporteurs ont été confrontés durablement à la difficulté des retours à vide en raison de la fermeture des autres secteurs d’activités. Pour équilibrer leur modèle économique, ils sont dans l’obligation d’imputer un surcoût à leurs clients. Cette difficulté n’est d’ailleurs toujours pas résolue, même après l’arrêt du confinement. À titre d’exemple, les collecteurs de céréales ont enregistré pendant la crise des hausses de 15 % à 30 % des coûts de transport et la première transformation des hausses sans doute comprises entre 20 à 50 % ;

¾ les approvisionnements : des tensions sur l’approvisionnement en fertilisants ont été constatées en début de crise tout comme sur certains types d’emballages,

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dont la production provient de l’étranger – sans ces approvisionnements, toute la filière peut s’arrêter ;

¾ la main-d’œuvre : outre des difficultés liées au manque d’équipements pour garantir les gestes barrières, l’État a des leçons à tirer de cette crise pour renforcer sa capacité à s’adapter rapidement. Une réflexion générale doit avoir lieu sur la main-d’œuvre saisonnière, essentielle aux récoltes agricoles. Le confinement a eu lieu alors que le besoin de saisonniers agricoles, souvent venus de l’étranger, pouvait atteindre, sans doute, 70 à 100 000 contrats supplémentaires par rapport à la normale. Les restrictions de circulation aux frontières ont considérablement réduit l’afflux de ces travailleurs essentiels pour ramasser les récoltes d’asperges, de fraises et de fruits rouges. À défaut de bras, le risque est de ne pas pouvoir récolter l’intégralité des productions saisonnières.

En dépit d’initiatives essentielles, notamment la mise en place de plateformes comme « Des bras pour ton assiette », qui ont eu un succès mitigé, la crise a démontré la dépendance de l’agriculture à cette main-d’œuvre, ce qui accroît sa fragilité en cas de fermetures de frontières.

2. Ces deux secteurs exemplaires n’ont pas été épargnés par la crise

L’agriculture comme l’agroalimentaire sont toutefois, aujourd’hui, confrontés à un triple phénomène qui met en péril leur équilibre :

¾ les cours de nombreuses matières premières agricoles et les prix payés aux éleveurs ont chuté et pourraient rester durablement bas, compte tenu du stockage réalisé partout dans le monde, ce qui pénalisera les revenus des agriculteurs ;

¾ les charges de productions ont, en revanche, augmenté dans les industries. Outre des cadences ralenties en raison des distanciations sociales et des nécessaires arrêts pour de la maintenance et du nettoyage, il leur est nécessaire de fournir des équipements de protection supplémentaires. S’ajoutent à ces coûts directement liés à la crise des coûts indirects, notamment liés à la hausse des coûts logistiques. Le surcoût total est estimé à 8 % par le baromètre de l’ANIA1 ;

¾ les débouchés ont été durablement dégradés par la fermeture de la restauration hors domicile. Rien que pour la filière amont, cette fermeture est revenue à priver les producteurs de recettes à hauteur de 7 milliards d’euros hors taxe de marchés sur trois mois. Au total, le surcroît de demande en GMS n’a pas suffi à compenser cette perte : l’IRI2 estime que les Français ont réduit de 3,2 % leurs dépenses alimentaires totales au mois de mars 2020 par rapport à mars 2019.

Cette absence durable de quelques débouchés impactent lourdement les filières spécialisées dans la fourniture de denrées au secteur de la restauration hors domicile.

D’une part, elle fragilise les industries spécialisées dans ces marchés : environ 70 % des industriels interrogés3 mettent en avant une baisse de chiffre d’affaires en avril et anticipent un recul sur mai, qui pourrait être supérieur à 50 % pour 24 % des entreprises interrogées. Le baromètre fait état d’une exposition plus importante à ce recul d’activités des TPE et PME4. De nombreuses entreprises fermeront si rien n’est fait.

D’autre part, certaines productions agricoles ne trouvant pas de débouchés ont dû être détruites.

Toute la particularité du secteur agricole et alimentaire réside dans la périssabilité des denrées et dans leur saisonnalité. Contrairement à d’autres industries, si les produits ne sont pas écoulés, ils ne peuvent pas tous être stockés et doivent donc être détruits. Par conséquent, une crise brutale de la demande, en bloquant les débouchés, aboutit pour les producteurs à une situation très problématique : ils ont supporté toutes les charges de production liées à une denrée, mais ne peuvent la commercialiser et doivent donc la détruire (cette destruction ayant, au reste, un coût

1 ANIA, baromètre sur un échantillon de 600 entreprises interrogées du 4 au 7 mai 2020.

2 IRI Vision, Le Mensuel, données arrêtées au 26 avril 2020 (Edition P4 2020).

3 ANIA, Baromètre sur un échantillon de 600 entreprises interrogée entre le 4 et le 7 mai.

4 82 % des TPE et 69 % des PME auraient, selon le baromètre, connu une baisse d’activité depuis mars, contre 40 % pour les grandes entreprises.

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que le producteur doit supporter). Par conséquent, de nombreux producteurs pourraient ne pas avoir de revenu cette année. Plusieurs filières concentrent les difficultés.

400 millions d’euros de perte de chiffre d’affaires pour les producteurs horticoles

En plein pic de production (70 % du chiffre d’affaires annuel réalisé entre le 15 février et le 15 mai), le secteur horticole a été mis brutalement à l’arrêt, compte tenu de l’arrêt des chantiers, de la fermeture des marchés, des fleuristes et des jardineries ou de l’impossibilité pour les horticulteurs de vendre chez eux. Dans la mesure où le produit est périssable et non-stockable, la filière a dû procéder à des destructions de plantes non commercialisables (fleurs coupées ou plants de légumes prêts à être commercialisés avant le confinement). Rien que les productions détruites sont estimées, à la date du 14 mai, à une perte de 52 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour les plantes qui ont pu être sauvées, les producteurs constatent un surcoût lié à l’entretien de ces dernières et ne peuvent mettre en place les productions futures.

50 millions d’euros de pertes de marges pour les producteurs de foie gras

60 % des marchés ont été à l’arrêt entre le 17 mars et mi-mai compte tenu de la fermeture des marchés, de la plupart des boutiques spécialisées, de la restauration hors foyer et de l’export. En outre, la consommation a fortement reculé en grandes surfaces (- 40 %).

En réaction, les producteurs ont conservé leurs canards dans les élevages, ce qui a engendré un surcoût lié au maintien sur pied. Les commandes au secteur de l’accouvage ont, partant, été réduites, entraînant des destructions de canetons et d’œufs à couver. L’activité est à l’arrêt pour l’aval et les besoins de stockage ont explosé.

Les ventes de l’année ne suffiront pas à compenser la perte d’activité, laissant craindre des pertes massives pour la filière, déjà touchée lourdement par deux années de crise aviaire et des effets délétères en 2019 de la loi Egalim.

Sans doute 100 millions d’euros de perte pour les producteurs de fromages sous signes de qualité Près de 2 000 tonnes de fromages n’ont pas trouvé de débouchés avec la crise en raison de la fermeture des rayons coupe en GMS et des modifications des habitudes de consommation des ménages. Sur ces 2 000 tonnes, 100 tonnes de fromages ont été détruites, 170 tonnes ont été données, 600 tonnes ont été écoulées sur des marchés peu rémunérateurs. À cela doivent s’ajouter les effets durables des réductions ou des réorientations de production de lait ainsi que les tensions sur la valorisation des produits stockés, à l’heure où de nombreux fromages doivent être déstockés.

200 millions d’euros de perte de marges pour les petites filières volailles

Ces filières ayant des débouchés importants dans la restauration hors domicile accusent des reculs d’activité massifs : - 50 % d’activité pour le canard à rôtir, la pintade, - 60 % pour les cailles et les poulets de Bresse, - 80 % pour les pigeons.

Du jour au lendemain, les éleveurs ont subi une fermeture de leur marché. Les accouveurs ont vu leur demande fondre, et ont dû, comme certains éleveurs de pigeons, se résoudre à réformer des couples reproducteurs. C’est une perte d’une ressource génétique rare.

Plus grave, la crise menace l’existence même de ces productions de niche et risquent de faire disparaître des savoir- faire anciens qui font la fierté des terroirs français. Plus de 35 % des éleveurs de canards à rôtir pourraient faire faillite d’ici l’été.

En l’absence de recettes, les charges fixes ne sont plus couvertes et les éleveurs pourraient être en déficit de 10,1€ / m² cette année. Aucun d’entre eux ne pourra poursuivre son activité dans ces conditions.

200 millions d’euros pour les pommes de terre de transformation

En raison de l’arrêt de la consommation de frites dans la restauration hors domicile et lors des événements extérieurs sportifs ou culturels, 450 000 tonnes de pommes de terre sont en surplus en France et ne trouveront pas de débouchés valorisés.

Faute d’aides à la destruction, elles pourraient poser des difficultés sanitaires et environnementales liées à des dépôts sauvages. Sur 8 000 producteurs, 2 000 seraient très gravement touchés souvent ceux qui sont spécialisés et ont consenti de lourds investissements.

Une chute brutale des ventes pour la viticulture, les brasseries et les producteurs de cidres Viticulture : les entreprises viticoles ont constaté une chute de 50 % à 70 % de leur activité au mois de mars et avril, ces difficultés s’ajoutant aux pertes de débouchés à l’export compte tenu des sanctions américaines. Les niveaux des stocks sont très élevés faisant craindre une baisse de la valorisation des produits.

Brasseries : 70 % des brasseries déclarent une perte de plus de 50 % de leur chiffre d’affaires. Un stock de plus de 10 millions de litres de bières, en fûts, est perdu.

Cidres : les ventes de cidre ont chuté de plus de 50 %, certains indépendants spécialisés affichant des reculs de 95 % de leur activité. Outre les difficultés de trésorerie, à défaut de stockage disponible, certains producteurs envisagent une année blanche en 2020 alors que la récolte s’annonce prometteuse.

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¾ Si rien n’est fait, la crise sanitaire se transformera en crise agricole au niveau européen.

¾ Au niveau de l’amont, faute de la prise en compte de cette réalité particulière qui menace la survie de nombreuses exploitations en raison des pertes massives enregistrées pendant la crise, ce sont des productions typiques de nos terroirs et des savoir-faire souvent ancestraux qui pourraient disparaître temporairement.

S’ajoute à cet effet la réduction probable des revenus des agriculteurs qui découragera encore le renouvellement des générations.

¾ Au niveau de la transformation, puisque deux-tiers des industries agroalimentaires ont déclaré avoir déjà repoussé leurs investissements cette année, les effets de la crise seront durables sur le secteur agricole et agroalimentaire : avec le recul des investissements et les risques pesant sur l’emploi, c’est toute la filière productive qui est déstabilisée et qui verra réduire sa compétitivité.

3. Des plans de relance agricoles ont été mis en place partout dans le monde, sauf en France

La réaction française et européenne à la crise du secteur agricole et agroalimentaire est insuffisante à ce stade.

En France, le monde agricole et agroalimentaire n’a pas fait l’objet d’un plan de relance spécifique, le Gouvernement ayant privilégié des mesures horizontales. Seul un plan dédié à la distillation et au stockage de crise pour la viticulture a été adopté.

Force est de constater que l’action européenne n’a pas été non plus à la hauteur. Il a fallu attendre le 4 mai, soit près de deux mois après le déclenchement de la crise en Europe, pour que les mesures de gestion de crise prévues dans le cadre du règlement OCM soient activées par la Commission européenne. Surtout, à ce stade, de nombreux secteurs ont tout simplement été oubliés du plan européen (volailles, veaux, brasseries, secteur cidricole) et certains ne sont éligibles à aucune aide financée par l’Union européenne au stockage privé (producteurs de pommes de terre). Au-delà de ces problèmes de périmètre, seuls 80 millions d’euros ont été débloqués par l’Union européenne pour venir en aide aux agriculteurs européens par les aides au stockage privé, soit un peu moins de 8 euros par exploitation. Est-ce suffisant pour une crise qui prive les agriculteurs européens d’une grande partie de leurs débouchés ? En comparaison avec le reste du monde, la stratégie française est isolée. De nombreux autres pays ont très tôt mis en place un plan de relance agricole dédié : - aux États-Unis, le budget fédéral additionnel destiné à consolider l’offre et à relancer

la demande agricole a été abondé de 45 milliards de dollars1 dont 16 milliards d’euros d’aides aux agriculteurs pour compenser leurs pertes de revenus et un plan massif d’achats de produits pour renforcer l’aide alimentaire ;

- au Japon, un plan de soutien à l’agriculture, a été déployé à travers un budget additionnel de 4,7 milliards d’euros dont 1,1 milliard d’euros seront dédiés à soutenir les produits qui ont perdu leurs débouchés et 0,8 milliard pour l’élevage, notamment pour la viande de type « wagyu ».

Même au sein de l’Union européenne, des États membres annoncent des plans de relance ambitieux. En pratique, grâce au relèvement des plafonds des aides d’État, chaque exploitation peut recevoir jusqu’j ௗ euros de subventions nationales.

À défaut d’aides européennes, ce véhicule permet aux États membres de mettre en

1 Dont 3 milliards d’euros d’achat des productions en difficulté, 16 milliards d’euros d’aides directes aux agriculteurs en deux versements, le premier compensant 85 % des chutes de cours intervenues entre le 1er janvier et le 15 avril, et un second, payé plus tard, de 30 % des chutes prévues entre le 15 avril et fin septembre.

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place des plans nationaux de soutien à leur agriculture, dont ils déterminent eux-mêmes les critères1 :

- en Italie, le décret-loi « Rilancio » du 13 mai 2020 prévoit la création d’un fonds d’urgence de 450 millions d’euros pour venir soutenir les filières en crise sous la forme d’aides directes, 145 millions d’euros seront dédiés à la réduction de production et à des aides au stockage. Des fonds à hauteur de 650 millions d’euros servent à alimenter le Fonds d’urgence alimentaire, lequel distribue des bons alimentaires aux plus démunis ;

- la Pologne a décidé d’allouer 1 milliard d’euros du Feader pour aider le secteur agricole afin d’indemniser les élevages en cas de pertes de revenu et donner des subventions d’environ 70 000 euros pour les entreprises touchées pour financer des changements d’organisation ;

- les Pays-Bas ont mis en place un vaste plan de 650 millions d’euros d’aides pour compenser les pertes économiques subies en raison de la pandémie pour les secteurs de l’horticulture et des pommes de terre ;

- des plans plus sectoriels sont également en cours d’élaboration en Espagne, notamment en faveur de la filière ovine (pour 10 millions d’euros), en Lettonie et en Finlande.

¾ Si tous les pays le font, pourquoi la France tarde-t-elle à faire de même ? La perte de compétitivité qui serait induite par cette absence d’aides aux secteurs agricoles et agroalimentaires pénaliserait durablement notre production.

4. Oublier l’agriculture dans le plan de relance serait une erreur stratégique majeure : 4 axes sont à privilégier

Axe n° 1 : Accompagner la sortie de crise des agriculteurs et de l’industrie agroalimentaire.

Mesure 1 : Création d’un mécanisme de compensation des pertes de production similaires aux autres pays pour les filières les plus touchées et mise en œuvre des aides au stockage quand cela est nécessaire.

Un mécanisme similaire à celui mis en place aux Pays-Bas pourrait être envisagé : si la perte est supérieure de 30 % par rapport à la moyenne de l’année précédente, l’agriculteur dans une filière en difficulté pourrait obtenir une compensation financière à hauteur de 50 % de la perte. Rien qu’en additionnant les pertes de production des filières détaillées ci-avant, environ un milliard d’euros sont à couvrir.

Mesure 2 : Défiscaliser les dons des entreprises agroalimentaires en prévoyant un crédit d’impôt avec un plafond adapté aux volumes des dons réalisés.

De nombreux agriculteurs et industriels ont réalisé des dons en nature de produits à des associations caritatives durant la crise, plutôt que de détruire leurs productions2. Or ces dons n’ouvrent droit qu’à une réduction d’impôt, non utilisables cette année en raison de la chute d’activité. La réduction d’impôt pourrait être exceptionnellement transformée en crédit d’impôt et le plafond actuel pourrait être exceptionnellement relevé.

1 Source : Communication de la Commission du 20 mars 2020.

2 Selon l’ANIA, sur le seul volet agroalimentaire, les entreprises alimentaires auraient donné 23 millions de tonnes de produits alimentaires valorisables à hauteur de 135 millions d’euros.

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Mesure 3 : Contrôler la non-application de pénalités à l’encontre des industriels par la GMS, enclenchant la négociation de contreparties.

Compte tenu de la brutale hausse de la demande par la grande distribution, les taux de service des transformateurs sont en-deçà des seuils requis dans les contrats, ce qui les expose à un risque de pénalités élevées. S’il est inconcevable de les appliquer à la période de crise, il est nécessaire de prévoir une période de transition pour les industriels, même après la date de fin du confinement, dans la mesure où la demande en grandes surfaces demeure conjoncturellement élevée.

Mesure 4 : Exonérer partiellement de charges sociales pendant la durée de la crise les industries agroalimentaires et exploitations qui ont accusé les pertes d’activités et de marges les plus élevées, notamment en raison de la fermeture de la restauration hors domicile.

Axe n° 2 : Promouvoir les productions françaises.

Mesure 5 : Faire de la commande publique un levier pour la valorisation des productions françaises.

La restauration collective représente un débouché pour les producteurs français de 3 milliards de repas par an, soit environ 7 milliards d’euros1 d’achats. Elle a été lourdement impactée par la crise et va, sans doute, devoir s’adapter durablement. Mais elle aura son rôle à jouer dans la relance.

À court terme, les contrats pourront être renégociés pour permettre l’écoulement des denrées stockées et congelées prioritairement.

À moyen terme, la commande publique pourrait également permettre d’offrir des débouchés durables aux producteurs afin de stabiliser leurs revenus. Dès la rentrée, elle pourrait être mobilisée pour proposer, par exemple aux producteurs de la filière horticole, des contrats dans un but de verdissement des villes.

La question des prix attribués aux repas devra être reposée : tant que le prix des quatre repas pour une journée à l’hôpital public demeurera à 4,3 euros, il ne sera pas possible de faire autrement que d’avoir recours à des produits importés.

Enfin, la commande publique doit servir à la structuration de ces productions locales, notamment en favorisant les projets alimentaires territoriaux.

À long terme, il apparaît primordial d’enclencher une négociation européenne pour faciliter la possibilité de confier une partie des lots sous critère géographique. A minima, le code des marchés publics doit être clarifié et les formations à destination des acheteurs publics doivent être renforcées.

Mesure 6 : Travailler à un meilleur étiquetage de l’origine des produits alimentaires et favoriser l’émergence d’un label unique englobant, lisible par le consommateur.

Mesure 7 : Lancer une campagne de communication sur les produits français.

Comme cela a été fait au Japon par exemple, une vaste campagne de communication sur les produits agricoles en manque de débouchés pourrait être réalisée. À cet égard, l’article 18 de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, lequel met à disposition à titre gratuit des espaces d’informations périodiques aux interprofessions auprès des sociétés publiques de radio et de télévision, pourrait être mis en œuvre à titre exceptionnel.

1 Panorama de la consommation alimentaire hors domicile 2018, Étude réalisée par GIRA Foodservice pour FranceAgriMer, février 2020.

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Axe n° 3 : Accélérer les transitions agricoles avec une relance par l’investissement.

Mesure 8 : Réduire, par un mécanisme de suramortissement ou de crédit d’impôt, le coût des investissements réalisés par les agriculteurs afin de réduire leurs expositions aux risques climatiques ou sanitaires, d’améliorer la veille sur le bien-être et la santé des animaux, de renforcer leur compétitivité et de diminuer le recours aux produits phytopharmaceutiques.

Les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à s’engager dans la voie d’une production agricole plus respectueuse de l’environnement. Mais, trop souvent, la politique publique passe par la contrainte, se traduisant concrètement par un durcissement des normes applicables aux paysans, au détriment de leur compétitivité.

Il convient de préférer à ce changement par « l’invocation » un changement par

« l’innovation », qui passe non par des mécanismes punitifs mais par des voies plus incitatives.

De nouveaux types de pulvérisateurs ou l’utilisation de drones en agriculture permettent, d’ores et déjà, de réduire considérablement les usages des intrants. Se développe en parallèle un ensemble de technologies basées sur l’existence de capteurs permettant, avec des algorithmes qualifiés, de caractériser les végétaux, plante par plante, afin d’agir buse par buse. Ces équipements, dont les mises en vente ont déjà débuté, permettent de réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques dans une proportion pouvant aller jusqu’à 90 % ! Toutefois, ces technologies particulièrement précises sont délaissées par les agriculteurs en raison du coût d’investissement très important, notamment sur ces marchés qui viennent de naître et n’ont pas encore acquis une certaine maturité. Compte tenu de leurs externalités positives directes pour le consommateur et le citoyen, il convient d’en favoriser le déploiement au-delà de la problématique du coût.

Mesure 9 : Mettre en place, en partenariat avec les professionnels, un fonds de soutien à la capitalisation des coopératives.

Mesure 10 : Améliorer les installations de fret (ferroviaire et fluvial) par de grands projets afin d’améliorer la compétitivité de nos produits à l’export.

Mesure 11 : Revoir les modalités du soutien à l’export et mettre rapidement en place un fonds en faveur de la filière viticole durement touchée par les sanctions américaines.

Axe n° 4 : Refaire de la politique agricole commune (PAC) un instrument au service de la souveraineté alimentaire de l’Union européenne.

Mesure 12 : S’opposer à toute réforme visant à remettre en cause la PAC, et proposer, à l’inverse, une PAC renforcée et incitative, rémunérant en complément les services environnementaux rendus à la société par les agriculteurs

L’Union européenne a été la grande absente de la crise européenne sur le plan agricole et alimentaire. Comme en témoignent la diversité des plans de relance nationaux ou la divergence d’attitudes face au problème des travailleurs saisonniers agricoles durant la crise, la politique agricole n’est aujourd’hui plus commune dans l’Union européenne.

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C’est l’inverse qui devrait se produire : le continent a besoin d’une politique agricole commune forte, afin de garantir la souveraineté alimentaire de l’Union européenne.

C’est pourquoi la baisse du budget sur la prochaine programmation ainsi que la réforme proposée, qui acterait, dans le droit, la renationalisation des politiques agricoles des États membres, propositions dénoncées au Sénat depuis le début, ne sont pas acceptables en l’état.

Il convient plutôt de lui adjoindre un budget supplémentaire pour accompagner les transitions, par la création d’un troisième pilier de la PAC, financé par une enveloppe complémentaire rémunérant les services environnementaux rendus par les agriculteurs à la société, notamment en matière d’aménagement du territoire, de stockage du carbone dans les sols ou de biodiversité cultivée. Des mécanismes similaires sont à penser pour la forêt.

5. Quatre erreurs à ne pas commettre en analysant les effets de la crise

Constatation n° 1 : la réalité des chiffres de la consommation des ménages confirme les stratégies visant à satisfaire les demandes dans toutes les gammes grâce à une complémentarité des modes de production

Les ménages ont privilégié, tout au long de la crise, les produits de tous les jours et ont prêté une attention forte au prix des denrées comme le démontrent quatre phénomènes : - les produits sous marque distributeur ont été plébiscités : déjà en croissance avant le confinement, leur poids dans les ventes des grandes surfaces ont augmenté de 2,4 points par rapport à 2019. C’est cinq fois plus rapide que la tendance d’avant crise1 ;

- les Français ont dû, faute de volumes suffisants sur les références les moins chères, se reporter vers des gammes plus onéreuses, ce qui a expliqué la hausse des prix moyens des courses ressentie par les consommateurs2 ;

- Les enseignes « hard-discount » seraient sorties gagnantes de la crise avec un chiffre d’affaires plus dynamique que la concurrence à fin avril3 ;

- les ventes de produits bio ont crû durant la crise, mais ne portent plus l’essentiel de la croissance des ventes en GMS : 11 % de la croissance des ventes en GMS a été portée par ces produits pendant crise, alors que 87 % de cette croissance était portée par le bio en 20194.

Ainsi, à l’heure de la crise du pouvoir d’achat des ménages, prétendre spécialiser l’agriculture française uniquement dans le haut de gamme est une erreur majeure, qui n’aboutirait qu’à réserver la consommation de produits français à quelques-uns, tout en contraignant les plus démunis à s’approvisionner en produits importés, moins onéreux mais de moins bonne qualité. D’autant que la crise a accentué les inégalités alimentaires, comme en témoignent la hausse du nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire et les difficultés liées à la fermeture de la restauration collective, qui a privé, en pratique, nombre de ses bénéficiaires des seuls repas équilibrés qu’ils consomment en temps normal.

Au contraire, l’agriculture française doit rester riche de sa diversité. Les gammes ne sont pas incompatibles, elles sont complémentaires. La France est capable aujourd’hui de produire des aliments de bonne qualité à des prix raisonnables. Elle doit le rester, tout en permettant, aux producteurs qui le souhaitent de tirer une valorisation supplémentaire de certaines cultures.

1 IRI Vision actualité, La paupérisation de la consommation, données au 13 mai 2020.

2 Selon UFC Que choisir.

3 Ibid.

4 IRI Vision actualité, Bio, données au 12 avril 2020.

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Constatation n° 2 : la résilience de notre modèle passe par une production agricole diversifiée et suffisante, et non par une réduction de la production qui renforcerait notre dépendance aux importations

L’épidémie a révélé la nécessité, pour la France et, plus généralement, pour le continent européen, d’avoir une production agricole et alimentaire suffisante pour subvenir aux besoins des populations en cas de chocs, qui seront de plus en plus fréquents en raison du changement climatique, des incertitudes géopolitiques, de la volatilité des marchés. ...

En cas d’événements exogènes entraînant des difficultés à l’importation, les productions agricoles nationales sont stratégiques et sont seules capables de garantir un approvisionnement suffisant des citoyens. La crise mondiale a en effet rappelé que cet équilibre était fragile. Pendant la crise, la Russie et l’Ukraine ont par exemple pris la décision de restreindre leurs exportations de céréales tout comme le Vietnam et l’Inde l’ont fait sur le riz.

Le renforcement de la résilience alimentaire nécessite une réduction des dépendances à des importations lorsque des productions nationales peuvent s’y substituer : c’est le cas en France des protéines animales, de certains fruits et légumes, du miel, ou de la viande ovine. Plus largement, il importe de limiter la croissance de la part des importations dans la consommation. Cela ne passera que par une production suffisante, en quantité comme en qualité.

La France et l’Union européenne auront aussi leur rôle à jouer dans la résilience alimentaire mondiale. Dès aujourd’hui, une personne sur neuf dans le monde ne mange pas à sa faim. La demande alimentaire devrait augmenter de 50 % entre 2017 et 2050 en raison de la poussée démographique et de l’accès à la classe moyenne de nombreux humains. Or dans le même temps la surface cultivée devrait rester stable. Ce défi ne se relèvera pas par une réduction du potentiel productif.

Constatation n° 3 : la résilience doit s’entendre au niveau national voire européen, non à une échelle trop étroite

Les ménages ont privilégié, durant la crise, les approvisionnements locaux et de proximité, ce dont témoignent les chiffres de croissance des ventes des supermarchés ou des drives de producteurs.

Toutefois, si les approvisionnements locaux doivent se renforcer, les circuits courts ne sauraient s’entendre comme une accumulation d’approvisionnements locaux exclusifs les uns des autres. Comment pourrait-on, dans ce cas, nourrir les villes ? Le taux d’autonomie de 2,1 % en moyenne pour les 100 premières aires urbaines.

De même, pour être plus résilients face aux chocs, l’échelle la plus appropriée semble s’entendre au niveau européen, à la condition de réduire la concurrence déloyale entre les pays européens en harmonisant les normes de production.

En réalité, la résilience doit s’appuyer sur trois piliers : le local, le national, l’européen. Cela pourrait se résumer en une formule : « il faut être bon à domicile, pour pouvoir jouer l’Europe et être considéré comme un des meilleurs du monde ».

Constatation n° 4 : les circuits de distribution pourraient non pas se diversifier mais se concentrer

La grande distribution a répondu à la très grande majorité de la consommation des ménages durant la crise. Les ventes de denrées alimentaires y ont augmenté de 5 % et de 6% en mars et en avril, alors que les spécialistes alimentaires et les épiceries traditionnelles ont été moins fréquentés durant la crise (à l’exception des boucheries, primeurs et spécialistes du surgelé).

Le circuit de distribution ayant été plébiscité par les consommateurs est le e-commerce, qui se réalise essentiellement par le biais des « drives » en France.Près de la moitié des

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gains de chiffre d’affaires des grandes surfaces durant le confinement est due aux seuls drives, qui atteint désormais une part de marché significative de près de 10 %1.

Or le « drive est, en pratique, l’apanage des principaux groupes de distribution. Comme le confirme UFC-Que Choisir, ces derniers y valorisent d’ailleurs davantage les produits sous marque de distributeur qu’en rayon, ce qui réduit mécaniquement le poids des marques pour les PME et ETI de l’agroalimentaires et, partant, la profitabilité de l’industrie agroalimentaire dans son ensemble.

Sophie Primas Présidente de la commission

des affaires économiques Les Républicains – Yvelines

Laurent Duplomb Les Républicains – Haute-Loire

Franck Montaugé Vice-président de la commission

des affaires économiques Socialiste et républicain – Gers

Bernard Buis La République en marche – Drôme

Franck Menonville Les Indépendants – Meuse

Commission des affaires économiques : http://www.senat.fr/commission/affaires_economiques/index.html

1 IRI.

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Sénat - 15, rue de Vaugirard - 75291 Paris Cedex 06 - www.senat.fr NOTE DE SYNTHÈSJUIN2020N° 149 (2019-2020)

F

EUILLE DE ROUTE POUR UNE RELANCE BAS

-

CARBONE

:

45 MESURES POUR FAIRE DE LA NEUTRALITÉ CARBONE LAIGUILLON DU PLAN DE RELANCE

Commission des affaires économiques

Cellule de veille, de contrôle et d’anticipation « Énergie »

Le 7 avril dernier, la commission des affaires économiques du Sénat appelait le Gouvernement à faire de la « neutralité carbone » l’aiguillon du plan de relance, afin de sortir de la crise économique sans dévier de nos engagements énergétiques et climatiques.

Se voulant force de propositions, elle confiait aux sénateurs Daniel GREMILLET (Vosges – Les Républicains), Roland COURTEAU (Aude – Socialiste et Républicain) et Daniel DUBOIS (Somme – Union centriste) la mission de suivre l’impact de la crise du Covid-19 sur le secteur de l’énergie, dans le but de relayer les difficultés rencontrées par les acteurs de terrain et de formuler des orientations dans le cadre du plan de relance.

Après avoir entendu quelque 80 personnalités au cours de 30 visioconférences (grands énergéticiens, fédérations professionnelles de l’électricité, du gaz et du pétrole, représentants de la rénovation énergétique, des énergies renouvelables – EnR – et des biocarburants, Commission de régulation de l’énergie – CRE, Médiateur national de l’énergie – MNE, Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique – CSCEE, Agence internationale de l’énergie – AIE, Haut Conseil pour le climat – HCC, Convention citoyenne pour le climat – CCC), les sénateurs ont formalisé une « Feuille de route pour une relance bas-carbone ».

***

1. Les sénateurs partent d’un constat économique lucide : la crise du Covid-19 place notre société face à un défi énergétique inédit, qui met à l’épreuve notre capacité à atteindre l’objectif de « neutralité carbone » issu de l’Accord de Paris de 2015.

La chute de la demande et des prix de l’énergie déstabilise la trésorerie, le résultat et in fine les investissements de nos énergéticiens : en effet, la crise a engendré une chute de 15 à 20 %1 de la demande d’électricité, de 10 à 25 %2 de celle de gaz et de 75 à 80 %3 de celle de carburants durant le confinement, les prix de marché ayant diminué de 42 % pour l’électricité, 39 % pour le gaz et 50 % pour le pétrole en un an4.

Cette évolution pourrait avoir des effets de long terme sur notre économie : d’une part, un effet inflationniste en sortie de crise, les prix étant susceptibles de « flamber » si l’offre d’énergie déstabilisée ne parvenait pas à accompagner la demande5 ; d’autre part, un effet dépressif dans 2 ou 3 ans, date à laquelle les décisions de report ou d’annulation d’investissements auraient des répercussions palpables6.

1 Réseau de transport d’électricité (RTE).

2 Gaz réseau distribution France (GrDF) et Gaz réseau de transport (GRT Gaz).

3 Union française des industries pétrolières (UFIP).

4 Indices BRENT, SPOT et NYMEX au 28 mai 2020.

5 Institut de l’économie pour le climat (I4CE).

6 Agence internationale de l’énergie (AIE).

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