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Exposition professionnelle à l’amiante et déterminants du retentissement psychologique

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Academic year: 2021

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Exposition professionnelle à l’amiante et déterminants du retentissement psychologique

Ibrahim Mounchetrou Njoya

To cite this version:

Ibrahim Mounchetrou Njoya. Exposition professionnelle à l’amiante et déterminants du retentissement

psychologique. Médecine humaine et pathologie. Université de Lorraine, 2016. Français. �NNT :

2016LORR0225�. �tel-01530998�

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AVERTISSEMENT

Ce document est le fruit d'un long travail approuvé par le jury de soutenance et mis à disposition de l'ensemble de la communauté universitaire élargie.

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Contact : ddoc-theses-contact@univ-lorraine.fr

LIENS

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Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10 http://www.cfcopies.com/V2/leg/leg_droi.php

http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm

(3)

1 Ecole Doctorale BioSE (Biologie-Santé-Environnement)

Thèse

Présentée et soutenue publiquement pour l’obtention du titre de DOCTEUR DE l’UNIVERSITE DE LORRAINE

Mention : « Science de la Vie et de la Santé » Par Ibrahim MOUNCHETROU NJOYA

EXPOSITION PROFESSIONNELLE A L’AMIANTE ET DETERMINANTS DU RETENTISSEMENT PSYCHOLOGIQUE

Le 5 décembre 2016 Membres du jury :

Rapporteurs : M. Jean-Dominique DEWITTE PU-PH, CHU de Brest Université de Brest M. Alain BERGERET PU-PH, CHU de Lyon Examinateurs : M. Francis GUILLEMIN PU-PH, CHRU de Nancy

Université de Lorraine, Nancy M. Christophe PARIS PU-PH, CHRU de Nancy

Université de Lorraine, Nancy Directeur de thèse

Mme. Isabelle THAON MCU, CHRU de Nancy Université de Lorraine, Nancy Directrice de thèse

Mme. Annie SOBASZEK PU-PH, CHRU de Lille

EA 7298 INGRES « Interactions Gènes-Risques environnementaux et Effets sur la Santé », Faculté de

médecine, Université de Lorraine, 9 avenue de la Forêt de Haye, 54505 Vandœuvre-lès-Nancy

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2

REMERCIEMENTS

A mes directeurs de thèse Monsieur le Professeur Christophe PARIS et Madame Isabelle THAON, pour la confiance qu’ils m’ont accordé, leur disponibilité et leur accompagnement tout au long de cette thèse. Qu’il me soit permis de vous témoigner toute ma gratitude.

Aux membres du comité de suivi de cette thèse, Messieurs les Professeurs Francis GUILLEMIN et Jean-Dominique DEWITTE, pour leur disponibilité, leurs avis éclairés et indépendants qui ont permis de mener à bien ce travail.

Aux examinateurs :

Monsieur le Professeur Francis GUILLEMIN, Monsieur le Professeur Christophe PARIS, Madame Isabelle THAON,

Madame la Professeure Annie SOBASZEK , Pour leur intérêt dans ce travail et leur disponibilité.

Aux rapporteurs :

Monsieur le Professeur Jean-Dominique DEWITTE, Monsieur le Professeur Alain BERGERET,

Pour leur disponibilité et leur participation.

Aux Professeurs Jérôme DINET, Joëlle LIGHEZZOLO-ALNOT et Jean-Claude PAIRON, pour leur collaboration.

A Amandine LUC, pour sa disponibilité et son aide précieuse.

A Stéphanie VANDENTORREN, pour son soutien et ses encouragements.

A tous mes collègues de la Cellule d’Intervention de Santé Publique France en Régions Ile-

de-France et Champagne-Ardenne, pour leur soutien.

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3

A toute l’équipe du programme ARDCO, pour sa mise en place de cette cohorte et le suivi des personnes concernées.

A mon ami Clovis FOGUEM, pour tes encouragements et nos échanges constructifs.

A mes amis, Martin, Steve, Elvis, Achille, Adama, Estelle et Audrick, pour votre soutient.

A mes parents Monsieur Oumarou NJOYA et Madame Zenapou NJOYA, ce travail est le fruit de votre soutien et de vos sacrifices durant toutes mes études. Merci pour tout.

A mes grands frères Hubert FANKA et Ousmane NJOYA et à ma sœur Lamre MAGNEROU, pour leurs soutien et encouragements.

A toi, Aymane, tu es entré dans ma vie à la fin de ce travail, m’apportant ainsi un bonheur immense et la force d’aller au bout de ce projet.

A toi, ma très chère épouse Youwah CHERIFA, pour m’avoir accompagné durant toute cette période, merci pour ton soutien indéfectible et tes encouragements.

Enfin à toute ma famille et belle famille, toujours présente.

(6)

4

TABLE DES MATIERES

LISTE DES TABLEAUX ... 9

LISTE DES FIGURES ... 10

PUBLICATIONS ... 11

Article publié ... 11

Article soumis ... 11

COMMUNICATIONS ... 12

Orale ... 12

Affichées ... 12

LISTE DES ABREVIATIONS ... 13

INTRODUCTION ... 16

1. EXPOSITION A L’AMIANTE ET CONSEQUENCES SUR LA SANTE: ETAT DES CONNAISSANCES ... 19

1.1. L’AMIANTE ... 19

1.1.1. Définitions ... 19

1.1.1.1. Définition d’une fibre « OMS » d’amiante ... 19

1.1.1.2. Les fibres courtes et les fibres fines d’amiante ... 20

1.1.2. Les différents types d’amiante ... 20

1.1.3. Utilisation et manipulation de matière amiantifère ... 23

1.1.4. Les Circonstances d’exposition à l’amiante ... 25

1.1.4.1. Expositions professionnelles à l’amiante ... 26

1.1.4.2. Expositions para-professionnelles et domestiques ... 28

1.1.4.3. Expositions environnementales... 28

1.1.5. Les niveaux d’exposition ... 29

1.1.5.1. Expositions importantes ... 29

1.1.5.2. Expositions intermédiaires ... 29

(7)

5

1.1.5.3. Expositions faibles ... 29

1.1.6. Recommandations sur l’utilisation de l’amiante ... 30

1.1.6.1. Recommandations OMS ... 30

1.1.6.2. Réglementation européenne ... 31

1.1.6.3. Réglementation française ... 32

1.1.6.3.1. Protection de la population ... 32

1.1.6.3.2. Protection des travailleurs ... 32

1.1.6.3.3. Protection de l’environnement ... 33

1.1.7. La surveillance de l’exposition et des pathologies liées à l’amiante en France ... 33

1.1.7.1. La Base de données Ev@lutil : évaluation des expositions professionnelles aux fibres 33 1.1.7.2. Le programme Matgéné : matrices emplois-expositions en population générale ... 34

1.1.7.3. La surveillance du mésothéliome ... 35

1.1.7.3.1. Le Programme National de Surveillance du Mésothéliome (PNSM) ... 35

1.1.7.3.2. Le registre Mesonat ... 37

1.1.7.3.3 Le Centre Expert National Anatomopathologique pour les Mésothéliomes malins pleuraux et les tumeurs péritonéales rares: CNR MESOPATH ... 37

1.1.7.3.4. La base clinicobiologique MESOBANK pour la recherche épidémiologique et translationnelle sur le mésothéliome... 38

1.1.7.3.5. La Déclaration obligatoire (DO) des mésothéliomes ... 38

1.1.7.4. ESPrI : épidémiologie et surveillance des professions indépendantes... 39

1.1.7.5. Le Suivi des victimes de l’amiante ... 40

1.1.7.6. La surveillance médicale des personnes post-exposées professionnellement à l’amiante 43 1.1.7.6.1. Le programme expérimental multirégional de surveillance post-professionnel amiante (SPP-A/APEXS) ... 45

1.1.7.6.2. La cohorte ARDCO (Asbestos-related diseases cohort) ... 46

1.2. L’AMIANTE ET SES CONSEQUENCES SUR LA SANTE ... 47

1.2.1. Les pathologies bénignes ... 47

(8)

6

1.2.1.1. Les pathologies pleurales bénignes ... 47

1.2.1.1.1. Les plaques pleurales ... 48

1.2.1.1.2. Les épaississements pleuraux viscéraux ... 49

1.2.1.2. Les pleurésies bénignes ... 50

1.2.1.3. Les atélectasies par enroulement ou atélectasies rondes (AR) ... 51

1.2.1.4. L’asbestose ... 52

1.2.2. Les pathologies malignes ... 54

1.2.2.1. Les cancers broncho-pulmonaires ... 54

1.2.2.2. Le mésothéliome ... 55

1.2.3. Autres conséquences sanitaires liées à l’exposition à l’amiante : les pathologies psychiques ... 57

2.2.4.1. Les troubles anxieux ... 59

2.2.4.1. Les troubles dépressifs ... 59

2. PRESENTATION DES ETUDES ... 62

2.1. Les objectifs généraux ... 62

2.2. La méthodologie globale ... 62

2.2.1. Le programme expérimental multirégional de surveillance post-professionnelle « amiante » (SPP-A/APEXS) ... 62

2.2.2. La cohorte ARDCO et son suivi ... 63

2.2.3. Population d’étude ... 64

2.2.4. Recueil de données au cours du programme ARDCO II... 65

2.2.4.1. Les Echelles d’évaluation des troubles psychiques ... 65

2.2.4.2. Les stratégies d’adaptation ou coping ... 67

2.2.5. Analyse des données ... 68

2.3. Aspect réglementaire ... 71

2.4. Les études réalisées dans le cadre du programme ARDCO II ... 72

2.4.1. Etude 1 : Evaluation de l’impact d’une notice d’information sur la perception des

risques et sur l’état psychologique des participants de la cohorte ARDCO ... 72

(9)

7

2.4.1.1. Contexte et objectifs ... 72

2.4.1.2. Analyse statistique des données ... 72

2.4.2. Etude 2: Evaluation de l’état psychologique des participants de la cohorte ARDCO ... 73

2.4.2.1. Contexte et objectifs ... 73

2.4.2.2. Analyse statistique de données ... 73

2.4.3. Etude 3 : Evaluation du lien entre les stratégies d’adaptation et les troubles psychologiques chez les participants de la cohorte ARDCO ... 75

2.4.3.1. Contexte et objectifs ... 75

2.4.3.2. Analyse statistique de données ... 76

3. RESULTATS ... 77

3.1. Etude 1 : Evaluation de l’impact d’une notice d’information sur la perception des risques par les sujets et sur l’état psychologique des participants de la cohorte ARDCO ... 79

3.2. Etude 2 : Evaluation de l’état psychologique des participants de la cohorte ARDCO ... 85

3.2.1. Résultats ... 85

3.2.2. Conclusion ... 85

3.2.3. Valorisation ... 85

3.3. Etude 3 : Evaluation du lien entre les stratégies d’adaptation et les troubles psychologiques chez ces sujets post-exposés à l’amiante ... 95

3.3.1. Résultats ... 95

3. Conclusion ... 95

3.3.3. Article ... 95

4. DISCUSSION ET PERSPECTIVES ... 125

4.1. Aspects methodologiques ... 125

4.2. Principaux résultats ... 126

4.2.1. Impact de la notice d’information sur la perception du risque lié à l’amiante et sur l’état psychologique ... 126

4.2.2. Evaluation de l’état psychologique des participants de la cohorte ARDCO ... 128

4.2.3. Evaluation de l’impact et du rôle des stratégies d’adaptation sur les troubles

psychologiques chez ces sujets post-exposés à l’amiante ... 131

(10)

8

4.3. Conclusion et perspectives ... 132

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ... 133

ANNEXES ... 152

(11)

9

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: les différentes variétés et espèces d'amiante (Kirk – Othmer / Encyclopedia of Chemical Technology (Vol 3), 3ième édition, 1978) ... 22 Tableau 2 : Consommation d’amiante brut en France par secteur d’activité - Moyennes

quinquennales (1951-1975) ... 25 Tableau 3 : Évolution de la prévalence d’exposition instantanée à l’amiante en France entre

1950 et 2007 ... 28 Tableau 4 : Affections professionnelles consécutives à l’inhalation de poussières d’amiante

dans le RGSS, Tableau 30 (source INRS : http://www.inrs-mp.fr)... 41 Tableau 5 : Affections professionnelles consécutives à l’inhalation de poussières d’amiante

dans le régime agricole, Tableau 47 (source INRS : http://www.inrs-mp.fr)... 42 Tableau 6 : Cancer broncho-pulmonaire provoqué par l’inhalation des poussières d’amiante

dans le RGSS, Tableau 30 bis (source INRS : http://www.inrs-mp.fr ) ... 43 Tableau 7 : Cancer broncho-pulmonaire provoqué par l’inhalation des poussières d’amiante

dans le régime agricole, Tableau 47 bis (source INRS : http://www.inrs-mp.fr) ... 43 Tableau 8 : Description générale des sujets demandeurs, répondeurs et participants à

l’expérimentation selon les régions au 31 Décembre 2005 (Source, rapport final ARDCO, mars 2010) ... 70 Tableau 9 : Caractéristiques des participants et non-participants à l’étude ARDCO II,

données recueillies à leur inclusion dans la cohorte ARDCO (APEXS) ... 80 Tableau 10 : Description de la population d’étude selon la notice d’information (n=2225) .. 82 Tableau 11 : Association entre le niveau d’exposition, la perception du risque liée à

l’amiante, les troubles psychologiques et la notice d’information (n=2225) ... 83

(12)

10

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Classification des amiantes en fonction de leur nature minéralogique, de

l'importance de leur production et de leur utilisation industrielle (Dumortier, 2003) ... 22 Figure 2 : Production mondiale d’amiante entre 1920 et 2000 (source : US.Geological

Survey) ... 25 Figure 3 : Plaques pleurales bilatérales, coupe axiale en fenêtre médiastinale (source : Atlas

iconographique tomodensitométrique des pathologies bénignes de l’amiante, Revue Maladies Respiratoires, 2007) ... 49 Figure 4 : Epaississement de la plèvre basithoracique gauche, fenêtre parenchymateuse (a) et

coupe axiale en fenêtre médiastinale (b) (source : Atlas iconographique tomodensitométrique des pathologies bénignes de l’amiante, Revue Maladies

Respiratoires, 2007) ... 50 Figure 5 : Atélectasies par enroulement, coupe axiale en procubitus (a) et reformations

sagittales (b,c) (source : Atlas iconographique tomodensitométrique des pathologies bénignes de l’amiante, Revue Maladies Respiratoires, 2007) ... 52 Figure 6 : Progression du nombre de maladies professionnelles liées à l’amiante reconnues

par le régime général de la sécurité sociale depuis 1985 (Source INRS) ... 57

Figure 7 : Cohorte ARDCO et son suivi dans le temps ... 69

Figure 8 : Description de la cohorte ARDCO (Source, rapport final ARDCO, mars 2010)... 70

Figure 9 : Distribution des taches des différentes équipes impliquées dans le programme SPP-

A/APEXS (Source, rapport final ARDCO, mars 2010) ... 71

(13)

11

PUBLICATIONS

Article publié

Mounchetrou Njoya, I., Paris, C., Dinet, J., Luc, A., Lighezzolo-Alnot, J., Pairon, J.-C., &

Thaon, I. (2016). Anxious and depressive symptoms in the French Asbestos-Related Diseases Cohort: risk factors and self-perception of risk. The European Journal of Public Health. doi:

10.1093/eurpub/ckw106 [Epub ahead of print]

Article soumis

Mounchetrou Njoya, I., Paris, C., Dinet, J., Luc, A., Lighezzolo-Alnot, J., Pairon, J.-C., &

Thaon, I. (2016). Role of the coping strategies among anxious and depressive persons in the

French Asbestos-Related Diseases Cohort, ARDCO. The European Journal of Public Health

[Soumis].

(14)

12

COMMUNICATIONS

Orale

Thaon I, Luc A, Mounchetrou Njoya I, Penven E, Pairon JC, Paris C. Anxiety in asbestos exposed subjects involved in chest CT-scan screening program. International Conference on Monitoring and Surveillance of Asbestos-Related Diseases 2014. Espoo, Finland. 11 au 13 février 2014.

Affichées

Thaon I, Mounchetrou Njoya I, Luc A, Penven E, Paris C. Asbestos exposure is associated with high level of anxiety and depression scores in subjects at baseline of a ct-scan screening program of asbestos-related diseases. International Conference of the American Thoracic Society, Philadelphie, 17 au 22 mai 2013 Abstract in Am J Respir Crit Care Med May 2013;

187(1 MeetingAbstracts): A4496

Thaon I, Mounchetrou Njoya I., Luc A., Penven E., Pairon JC., Paris C. The role of knowledge and perceived risks of asbestos-related effects on psychological distress.

International congress of the European Respiratory Society Barcelone, 7 au 11 septembre 2013 Abstract in Eur Respir J 2013;42:Suppl 57. P1909 (Poster commenté)

Thaon I, Mounchetrou Njoya I, Luc A, Pairon JC, Paris C. Anxiety in asbestos exposed subjects involved chest CT-scan screening program. International congress of the European Respiratory Society Munich, 6 au 10 septembre 2014 Abstract in Eur Respir J 2014; 4:Suppl.

58, P4550 (Poster commenté)

Thaon I, Mounchetrou Njoya I, Luc A, Penven E, Pairon JC, Paris C. Anxiété et suivi post-

professionnel amiante au sein de la cohorte ARDCO. 34ème Congrés National de Médecine

et santé au travail. Paris du 21 au 24 juin 2016 Abstract in Archives des Maladies

Professionnelles et de l’Environnement 2016 ; 77 (3) : 498

(15)

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LISTE DES ABREVIATIONS

Afsset : Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail ALD : Affection Longue Durée

APExS : Asbestos Post-Exposure Survey APEXS : Asbestos Post-EXposure Survey AR : Atelectasie Ronde

ARDCO : Asbestos Related Diseases Cohort

BRGM : Bureau de Recherche Géologique et Minière CARET : Beta-Carotene and Retinol Efficacy Trial CAREX : CARcinogen EXposure

CAS : Chemical Abstracts Service CBP : Cancer broncho-pulmonaire

CCPPRB : Comité Consultatif de Protection des Personnes dans le cadre de la Recherche Biomédicale

CépiDc : Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès CHU : Centre Hospitalier Universitaire

CIM-10 : Classification Internationale des Maladies, 10e révision, 57 CIRC : Centre International de Recherche sur le Cancer

CMR : Cancérogènes Mutagènes Reprotoxiques, : Cancérogènes Mutagènes Reprotoxiques CnamTS : Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés

CNIL : Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés CPAM : Caisses Primaires d’Assurance Maladie

D4E : Direction des Etudes Economiques et de l’Evaluation Environnementale DALYs : Disability-Adjusted Life Years

DGS : Direction Générale de la Santé

DGT : Direction Générale du Travail, : Direction Générale du Travail

(16)

14

DMS : Diagnostic and Statistical Manual DO : Déclaration Obligatoire

DST : Département Santé Travail

EPI : Equipements de protection individuelle

Eprus : Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires

ESPACES : Étude de suivi post-professionnel amiante en Centres d’Examen de Santé ESPrI : Epidémiologie et Surveillance des Professionnels Indépendants

FCA : Fibres Courtes d’Amiante FCR : Fibres Céramiques Réfractaires FFA : Fibre Fine d’Amiante

Fiva : Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante FMA : Fibres Minérales Artificielles

HADS : Hospital Anxiety and Depression scale HAS : Haute Autorité de Santé

HCSP : Haut Conseil de la Santé Publique Inca : Institut national du cancer

Inpes : Institut national de la prévention et d’éducation pour la santé INRS : Institut National de la Recherche Scientifique

Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale InVS : Institut de veille sanitaire

IRSN : Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire

Isped : Institut de Santé Publique, d'Epidémiologie et de Développement LSTE : Laboratoire Santé-Travail-Environnement

M.I.N.I : Mini International Neuropsychiatric Interview MDO : Maladie à Déclaration Obligatoire

META : Microscopie Electronique à Transmission Analytique

MOCP : Microscopie Optique en Contraste de Phase

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15

MP : Maladie Professionnelle

OIT : Organisation Internationale du Travail OMS : Organisation Mondiale de la Santé

OSHA : Occupational Safety and Health Administration PCQ : psychological consequences questionnaires

PNSM : Programme national de surveillance du mésothéliome QVLS : Qualité de Vie liée à la Santé

RGSS : Régime Général de la Sécurité Sociale RSI : Régime social des indépendants

SPF : Santé Publique France

SPP : Surveillance post-professionnelle SRC : Structures Régionales de Coordination TDM : Tomodensitométrie

VLEP : Valeur Limite d’Exposition Professionnelle

WHA : World Health Assembly

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16

INTRODUCTION

L’amiante est une substance minérale naturelle fibreuse regroupant deux variétés de structure et de propriétés physicochimiques différentes, les serpentines et les amphiboles (1, 2).

L’exposition professionnelle à l’amiante entraîne l’apparition de pathologies non malignes telles que les plaques pleurales ou l’asbestose, et de pathologies malignes comme le cancer broncho-pulmonaire (CBP) et le mésothéliome (3-6). L’amiante est l’un des produits cancérogènes les plus importants sur les lieux de travail, puisqu’il est responsable de près de la moitié des décès par cancer dus à une exposition professionnelle (7-9). L’incidence des pathologies liées à l’amiante est proportionnelle à l’intensité d’exposition et au délai écoulé depuis le début de cette exposition (10-12). Le tabagisme augmente le risque de cancer pulmonaire résultant de l’exposition à l’amiante (13, 14). Les fumeurs présentant une progression rapide de l’asbestose sont à haut risque de développer un cancer du poumon (15).

Une revue des études de cohortes publiées entre 1990 et 2009, a permis d’estimer pour l’année 2004 le poids de la morbidité et de la mortalité dû à l’exposition à l’amiante. Pour l’année 2004, 107000 décès et 1 523 000 années de vie perdues corrigées de l’incapacité (Disability-Adjusted Life Years, DALYs) ont été attribués à l’exposition à l’amiante, dont 41000 décès et 370 000 DALYs dus au cancer du poumon, 7000 décès et 380 000 DALYs dus à l’asbestose et 59000 décès et 773 000 DALYs dus au mésothéliome (16, 17).

Des études de cohorte des travailleurs de la production (mines et carrières) et de la première

transformation de l’amiante (fibro-ciment, amiante textile, matériaux de friction, papier-

carton) ont rapporté des excès de cancers d’autres sites que l’appareil respiratoire. En dehors

du mésothéliome péritonéal, les autres excès, affirmés par le Centre International de

Recherche sur le Cancer en 2009, concernent le larynx et l’ovaire (18). L’association entre

l’exposition à l’amiante et un excès de risque des tumeurs coliques et des voies aérodigestives

supérieures restent controversées (18). Parmi les études ayant montré une possible association

entre le risque de tumeurs colo-rectales et exposition à l’amiante, une étude récente réalisée au

sein d’une cohorte française de personnes retraitées ayant été exposé professionnellement à

l’amiante (Asbestos Related Diseases Cohort, cohorte ARDCO) a montré une association

significative entre une exposition cumulée à l’amiante et un excès de risque de cancer du

côlon, ainsi qu’entre le temps écoulé depuis la première exposition à l’amiante et des excès de

risque de cancer du côlon et du rectum (19). Deux autres études publiées en 2002 et en 2005

(19)

17

concernaient des populations fortement exposées : une étude française menée dans le Calvados sur des anciens salariés de l’industrie de transformation (20) et l’étude Beta- Carotene and Retinol Efficacy Trial (CARET) engagée depuis 1984 aux USA (21). Dans ces 2 études, les excès de risque les plus importants étaient associés aux expositions à l’amiante les plus élevées. Un excès de cancers de l’intestin grêle et de l’œsophage a aussi été rapporté dans une étude rétrospective française (22) , ainsi qu’un excès de risque modéré du cancer de l’estomac dans une revue de la littérature (23). Une étude publiée en 2014, réalisée au sein d’une cohorte de travailleurs néerlandais exposés à l’amiante n’a pas mis en évidence d’association significative entre les risques de cancers de la cavité buccale, du pharynx et l’exposition à l’amiante, avec néanmoins une tendance à la hausse de ces risques (24). Les incertitudes qui demeurent concernant plusieurs autres sites de cancer justifient la poursuite des recherches (25, 26).

Par ailleurs, certaines publications se sont intéressées à l’impact sanitaire d’une exposition environnementale à l’amiante. Parmi 2175 paysans chinois résidents dans le sud-ouest du pays, 16 cas d’asbestose et 232 cas de plaques pleurales avaient été diagnostiqués (27). Les sujets concernés étaient en majorité âgés de plus de 50 ans et vivaient dans une zone d’affleurements naturels d’amiante où les roches amiantifères étaient utilisées pour les revêtements des routes et pour fabriquer des enduits muraux ou des poêles.

Néanmoins, il apparaît aussi que l’exposition environnementale s’ajoutant à l’exposition professionnelle pourrait accroître le risque d’asbestose. Ainsi, dans une publication récente réalisée chez des ouvriers de 6 grandes installations industrielles de transformation de l’amiante en Turquie, les auteurs ont montré un effet indépendant de l’exposition environnementale sur la survenue d’asbestose, une fois l’exposition professionnelle prise en compte. Dans cette étude, les personnes nées dans une zone avec affleurements naturels d’amiante étaient considérées comme étant exposées de manière environnementale (28).

Cependant, peu d’attention a été portée aux potentiels impacts psychologiques de l’exposition

à l’amiante, des pathologies liées à l’amiante ou des programmes de dépistage des personnes

ayant été exposées à l’amiante. Parmi les travailleurs d’une usine en Israël, il a été montré une

association entre le diagnostic d’asbestose ou de mésothéliome et le stress post-traumatique

chez les collègues non malades (29). Lebovits a rapporté des changements profonds de l’auto

perception de l’état de santé parmi les sujets anciennement exposés à l’amiante,

indépendamment de leur état clinique (30). Précédemment dans l’étude française « Asbestos

Post-Exposure Survey (APExS), il a été observé un niveau significativement élevé de troubles

(20)

18

psychologiques parmi les participants ayant été exposés professionnellement à l’amiante, en comparaison aux participants non exposés. Ces troubles étaient indépendamment associés à l’auto-perception du niveau d’exposition à l’amiante et à l’auto-perception d’être malade ou de tomber malade à cause de l’amiante (31). Une autre étude issue du même programme français a montré une augmentation des troubles psychologiques après un scanner thoracique (TDM), passant de 20% de personnes avec score psychologique anormal avant le TDM à 32%

après le TDM (32). Dans ces deux études, les troubles psychologiques ont été évalués par une échelle validée, utilisée habituellement dans les programmes de dépistage des cancers du sein : le Psychological Conséquences Questionnaire (PCQ) (33). Par ailleurs d’autres études ont rapporté une absence totale de troubles psychologiques chez les sujets ayant été exposé exposés à l’amiante (34) ou à d’autres carcinogènes (35, 36).

Au final, l‘association entre l’exposition environnementale ou professionnelle à l’amiante et les pathologies bénignes ou malignes est largement étudié, tandis que peu d’études ont été publiées sur les troubles psychologiques parmi les travailleurs ayant été exposés professionnellement à l’amiante. Parmi les études publiées à ce sujet, aucune n’a utilisé une échelle largement validée et spécifique aux troubles psychologiques comme le Hospital Anxiety and Depression scale (HADS). En conséquence, le potentiel impact psychologique lié à l’exposition professionnelle à l’amiante et les mécanismes sous-jacents demeurent controversés.

Les principaux objectifs de cette thèse étaient d’évaluer l’impact de l’exposition à l’amiante

(auto-évaluée et déterminée par les hygiénistes industriels) sur la souffrance psychique, ainsi

que les liens entre l’information délivrée à la population concernée, les stratégies d’adaptation

développées par les personnes et les troubles psychiques observés.

(21)

19

1. EXPOSITION A L’AMIANTE ET CONSEQUENCES SUR LA SANTE: ETAT DES CONNAISSANCES

L’objectif principal de ce chapitre est de faire un point sur l’état actuel des connaissances concernant l’amiante, les circonstances d’exposition à ce minéral et les conséquences sanitaires liées à son exposition.

1.1. L’AMIANTE 1.1.1. Définitions

Le terme « amiante » désigne un groupe de minéraux fibreux naturels (serpentine ou amphibole) actuellement utilisés, ou l’ayant été dans le passé, à cause de leur extraordinaire résistance à la traction, de leur mauvaise conduction de la chaleur et de leur résistance relative aux attaques chimiques (1, 17). Son synonyme, asbeste, qui vient du latin asbestos (incombustible), est peu utilisé en français.

1.1.1.1. Définition d’une fibre « OMS » d’amiante

A la fin des années 1960, suite à un consensus établi sur des considérations métrologiques, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a proposé une méthode de référence internationale utilisant la Microscopie Optique en Contraste de Phase (MOCP) (37). Cette méthode définit les caractéristiques des fibres à prendre en compte pour la mesure de la concentration des fibres d’amiante dans l’air en milieu professionnel. Une fibre a été ainsi définie comme toute particule solide, naturelle ou artificielle, allongée à bords parallèles ayant un diamètre (d) < 3 µm, une longueur (L) ≥ 5 µm et un rapport longueur sur diamètre (L/d) >

3 (37). Avec cette méthode, les niveaux d’empoussièrement atmosphérique en fibres ne sont connus que pour ces classes de fibres et plus particulièrement pour une longueur ≥ 5µm.

Comme corollaire, l’ensemble des études épidémiologiques évaluant les relations dose-effet des fibres d’amiante ont reposées sur ces seules classes de fibres.

En 2003, Dodson et ses collègues ont publié une étude critique à la définition de l’OMS, en

s’intéressant à la pathogénicité des fibres d’amiante selon leurs paramètres dimensionnels

(38). Cette étude, sous forme d’une revue de la littérature, a analysé et souligné l’impact

potentiel sur la santé des fibres d’amiante de longueur inférieure à 5 µm. Les auteurs ont

(22)

20

conclu que les données disponibles au moment de l’étude soutenaient l’hypothèse que les fibres d’amiante pouvaient induire une réponse pathologique quelle que soit leur longueur. Ils ont donc suggéré que l’exclusion des fibres courtes d’amiante (FCA) dans la genèse des pathologies liées à l’amiante était critiquable. Suite à la parution de cette publication, la direction générale de la santé (DGS), la direction générale du travail (DGT) et la direction des études économiques et de l’évaluation environnementale (D4E) ont saisi l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset), afin de procéder à une évaluation des risques sanitaires liés aux fibres courtes d’amiante (longueur L < 5 µm, diamètre d < 3 µm et rapport L/d ≥ 3) (39, 40). L’avis de l’Afsset de février 2009, a recommandé l’utilisation de la microscopie électronique à transmission analytique (META) tant pour la réglementation relative à l’environnement général que professionnel, ainsi qu’une prise en compte des fibres fines d’amiante (diamètre < 0,2 µm) et leur comptage (40).

1.1.1.2. Les fibres courtes et les fibres fines d’amiante

En France, la META, méthode de référence utilisée pour l’environnement général et professionnel, permet de visualiser ces deux types de fibres et ainsi de définir la distribution granulométrique des fibres d’amiante. Selon l’avis de l’Afsset de février 2009 (40) :

Une Fibre Courte d’Amiante (FCA) est définie par une longueur L < 5 µm, un diamètre d < 3 µm et un rapport L/d ≥ 3. En France, avant le rapport de l’Afsset de 2009, les FCA n’étaient pas prises en compte lors de mesures réglementaires réalisées en milieu travail ou en environnement général.

Une Fibre Fine d’Amiante (FFA) est quant à elle définie comme toute particule d’amiante présentant une longueur L ≥ 5 µm, un diamètre d < 0,2 µm et un rapport L/d ≥ 3.

Avant le rapport de l’Afsset de 2009, les FFA étaient uniquement prises en compte lors de mesures réglementaires en environnement général. Pour les FFA, la limite de 0,2 µm de diamètre prise en compte pour définir cette classe granulométrique correspond à la limite de résolution de la microscopie optique.

1.1.2. Les différents types d’amiante

L‘amiante regroupe six variétés de ces minéraux fibreux, qui appartiennent à deux familles :

les serpentines et les amphiboles (1, 2). Une seule variété d‘amiante provient de la famille des

(23)

21

serpentines : il s‘agit du chrysotile, encore appelé « amiante blanc ». C‘est la variété d‘amiante qui a été la plus exploitée, son usage industriel représente encore près de 90 à 95 % de l‘amiante commercialisé. Les cinq autres variétés d‘amiante proviennent de la famille des amphiboles; il s‘agit de l‘amiante-actinolite, l‘amosite (amiante brun), l‘amiante anthophyllite, la crocidolite (amiante bleu) et l‘amiante-trémolite (17, 41). La figure ci- dessous résume la classification de ces variétés d‘amiante en fonction de leur nature minéralogique (Figure 1).

Les deux principales espèces amiantifères correspondent au chrysotile et à la trémolite, les autres faciès minéralogiques (anthophyllite, amosite, crocidolite, actinolite) étant nettement plus rares (42). L‘actinolite et la trémolite ont été peu commercialisées en raison de propriétés physico-chimiques et d‘exploitabilité moindres que les autres variétés. Elles peuvent néanmoins être libérées par d‘autres sources, la trémolite est notamment considérée comme un « marqueur de pollution environnementale » et sa toxicité est supérieure à celle du chrysotile.

Ces variétés d'amiante ont en commun d'être composées essentiellement d'atomes de silicium

(Si) et d'oxygène (O) structurés en tétraèdres silicate (SiO4). Plusieurs éléments peuvent se

combiner avec les atomes d'oxygène : magnésium, fer, sodium... (Tableau 1).

(24)

22

Figure 1 : Classification des amiantes en fonction de leur nature minéralogique, de l'importance de leur production et de leur utilisation industrielle (Dumortier, 2003)

Tableau 1: les différentes variétés et espèces d'amiante (Kirk – Othmer / Encyclopedia of Chemical Technology (Vol 3), 3ième édition, 1978)

N° de registre CAS = Numéro d'enregistrement unique établi pour tout produit chimique, polymère, séquence

biologique et alliage par le Chemical Abstracts Service, très pratique pour toute recherche d’information (utilisé

par toutes les sources documentaires d’information).

(25)

23

1.1.3. Utilisation et manipulation de matière amiantifère

Pratiquée depuis l'Antiquité, l'extraction d'amiante a commencé à se développer après 1860, avec la découverte de grands gisements et sous l'impulsion de l'industrie textile. L'exploitation industrielle et commerciale n'a ensuite cessé d'augmenter, et ce jusqu'en 1980 (Figure 2).

L'amiante a longtemps été considérée comme un matériau miracle, peu cher, et aux qualités exceptionnelles. Il a été utilisé massivement pendant plus de 130 ans. La consommation d'amiante en France était à son plus haut niveau entre 1973 et 1975 : on en utilisait alors environ 150 000 tonnes/an (43) (Tableau 2).

Outre son utilisation qui fut très répandue dans l‘industrie pour l‘isolation, les joints et les systèmes à friction (embrayages, freins), l‘amiante est également employée dans d‘autres pratiques courantes qui ne sont pas nécessairement professionnelles. Dans certaines régions du monde, les roches amiantifères ont été utilisées comme matériau d‘isolation et de construction, notamment en Corse (44, 45), en Nouvelle-Calédonie (46, 47), en Italie dans le Piémont (48), en Sicile (49) et à Libby dans le Montana (50).

La pratique la mieux décrite est la fabrication et l‘application d‘enduits utilisés pour couvrir les murs intérieurs et extérieurs des maisons. En Nouvelle Calédonie il s‘agit d‘une utilisation traditionnelle de trémolite, dénommée « pö » dans le langage vernaculaire de la région (46).

Ce type d‘enduit est également employé dans les pays méditerranéens comme en Grèce avec l‘utilisation du luto (51), en Turquie (52, 53), mais est également décrite en Chine (27). Ces roches ont souvent été utilisées en guise de revêtements de routes, de chemins, et pour des remblais.

Enfin, des cas ont permis d‘identifier que des roches d‘amiante pouvaient également être utilisées pour la fabrication d‘objets tels que des poêles en Chine (27), des poteries en Turquie (54) et en Corse avec pour cette dernière région d‘autres objets comme des mèches pour lampes à huile, des briquets et des filtres pour le vin (44). Ces roches ont même été utilisées pour les saunas en Finlande (55) ou comme talc en Turquie à des fins d‘hygiène corporelle (54).

En France, selon l’Institut National de la Recherche Scientifique (INRS), ce sont plusieurs milliers de produits à utilisation industrielle ou domestique qui ont été fabriqués (43) :

 l'amiante brut en vrac était utilisé pour l'isolation thermique en bourrage ou en

flocage (projection)

(26)

24

 l'amiante tissé ou tressé était aussi utilisé pour l'isolation thermique de canalisations, d'équipements de protection individuelle (EPI), de câbles électriques...

 l'amiante sous forme de plaques de papier ou carton d'épaisseur variable (5 à 50 mm) était utilisé pour l'isolation thermique d'équipements chauffants, de faux- plafonds, de joints...

 l'amiante sous forme de feutre servait surtout à la filtration

 l'amiante incorporé sous forme de poudre était présent dans des mortiers à base de plâtre, dans des mortiers-colles, des colles, des enduits de finition...

 l'amiante mélangé à du ciment (amiante-ciment) a permis de fabriquer de multiples composés pour la construction : plaques ondulées, éléments de façade, gaines de ventilation, canalisations...

 l'amiante comme charge minérale était incorporé à des peintures, des vernis, des mastics, des mousses d'isolation...

 l'amiante mélangé à des matières plastiques ou à des élastomères permettait de fabriquer des joints, des revêtements, des ustensiles ménagers, des garnitures de freins...

 l'amiante incorporé aux bitumes servait pour l'étanchéité des toitures, contre la corrosion, pour les revêtements routiers...

L’amiante peut également être présent naturellement dans les sols de certains départements en

France, et se présenter sous forme d’affleurements (Nouvelle-Calédonie, Haute-Corse, Loire-

Atlantique, Hautes-Alpes, Haute-Garonne, Savoie, Haute-Vienne, Côtes-d’Armor…). Le

Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) a établi en 2010 quatre classes d’aléa de

l’amiante environnemental en France et élabore régulièrement les cartographies de ces aléas

(56).

(27)

25

Figure 2 : Production mondiale d’amiante entre 1920 et 2000 (source : US.Geological Survey)

Tableau 2 : Consommation d’amiante brut en France par secteur d’activité - Moyennes quinquennales (1951-1975)

1.1.4. Les Circonstances d’exposition à l’amiante

Principalement, l’exposition à l’amiante se fait par inhalation de fibres présentes dans l’air

contaminé de l’environnement professionnel, ainsi que dans l’air ambiant à proximité de

sources ponctuelles d’amiante ou dans l’air à l’intérieur des habitations ou des bâtiments

contenant des matériaux amiantés friables (17). L’exposition peut également se faire par

ingestion des aliments ou d’eau contaminés (8).

(28)

26

Les degrés d’exposition les plus élevés s’observent au cours du reconditionnement des conteneurs d’amiante, du mélange avec d’autres produits bruts ou de la coupe à sec, avec des outils abrasifs, de produits contenant de l’amiante. Il peut également y avoir une exposition lors de l’installation et de l’utilisation de produits contenant de l’amiante et de l’entretien des véhicules. Il y a toujours dans de nombreux bâtiments des matériaux friables contenant du chrysolite et/ou de l’amphibole qui continuent de donner lieu à des expositions à ces substances lors des opérations d’entretien, de réparation, de dépose et de démolition (17). Des expositions peuvent aussi survenir à la suite de catastrophes naturelles endommageant les bâtiments. Selon les rapports de l’Inserm de 1997 (57) et de l’Institut de veille sanitaire (58), on peut schématiquement classer les circonstances d’exposition en 3 groupes principaux :

1.1.4.1. Expositions professionnelles à l’amiante

Dans les pays industrialisés, la source d’exposition à l’amiante la plus importante provient des activités professionnelles. Il s’agit des personnes qui, dans le cadre de leur activité professionnelle : produisent l’amiante, utilisent ce matériau directement pour diverses opérations de transformation ou d’isolation thermique ou phonique, ou interviennent sur des matériaux contenant de l’amiante.

Du fait de la très large dissémination de l’amiante au fil du temps, les professions concernées par les expositions à ce matériau ont évolué au fil des décennies. Dans les années 1960, les principales professions touchées étaient celles de la production et de l’utilisation de l’amiante qui entraînaient des expositions massives. En revanche, depuis les années 1980 et 1990, les métiers les plus souvent exposés à l’amiante étaient ceux qui impliquaient des tâches d’intervention sur des matériaux contenant de l’amiante, entraînant des expositions discontinues.

La multiplicité des usages de l’amiante explique le nombre très important des personnes ayant

pu être exposées à l’occasion de leurs activités professionnelles. Dans un rapport de l’OMS

publié en 2014, il a été estimé que chaque année, près de 125 millions de personnes dans le

monde sont exposées à l’amiante sur le lieu de leur travail (59, 60). En 2008, l’organisation

américaine pour la santé et la sécurité au travail (OSHA), estimait que 1,3 million d'employés

américains dans la construction et dans l'industrie générale avaient été exposés à l'amiante de

façon significative sur leur lieu de travail (8). En Europe, sur la base de l'exposition

professionnelle aux cancérogènes connus ou suspectés entre 1990 et 1993, la base de données

(29)

27

d’exposition CARcinogen EXposure (CAREX) estimait qu'un total de 1,2 millions de travailleurs ont été exposés à l'amiante dans 41 industries dans les Etats membres de l'Union européenne (8).

En France, il a été estimé qu’environ un quart des salariés hommes actuellement retraités ont été exposés au moins une fois à l’amiante au cours de leur vie professionnelle (61, 62).

Cependant, la prévalence de l’exposition professionnelle a baissée avec le temps (Tableau 3).

En France, trois secteurs d’activité ont été individualisés par le décret du 7 février 1996 (63) :

secteur 1 : fabrication et transformation de matériaux contenant de l’amiante ;

secteur 2 : confinement et retrait de l’amiante ;

secteur 3 : intervention sur des matériaux ou des appareils susceptibles de libérer des fibres d’amiante.

La liste des activités susceptibles d’exposer à l’amiante est disponible sur le site de l’INRS (43). A titre d’exemples, les activités, situations ou métiers suivants sont concernés :

 désamiantage en bâtiment ou sur des équipements (chantier mobile ou installation fixe),

 métiers du second-œuvre (plombier-chauffagiste, maçon, carreleur, peintre, plaquiste, électricien, couvreur, charpentier, isolation thermique…),

 conducteurs de travaux dans l’industrie (fonderie, conducteur de four…),

 réparation navale,

 garagiste,

 maintenance et entretien divers (nettoyage des sols, vérification des systèmes de protection contre l’incendie, égoutiers...),

 téléphonie (installateurs-vérificateurs, lignards),

 travaux publics (terrassements en terrain amiantifère, canalisateurs, travaux de rénovation des routes…),

 jardiniers, entretien des réseaux,

 opérateur de repérage,

 laboratoire de prélèvement et d’analyse de l’amiante…

Selon le rapport de l’Anses de 2011, aucune base de données ne permet de dresser de façon

univoque une liste exhaustive des métiers les plus exposants à l’amiante applicable à

l’ensemble des situations. Chaque base de données possède ses propres spécificités et ses

limites (64).

(30)

28

Tableau 3 : Évolution de la prévalence d’exposition instantanée à l’amiante en France entre 1950 et 2007

1.1.4.2. Expositions para-professionnelles et domestiques

Il s'agit des personnes qui sont en contact de travailleurs exposés professionnellement à l’amiante, notamment en milieu domestique, et qui peuvent être exposées aux poussières d'amiante transportées notamment par les vêtements de travail. On utilise parfois le terme d'exposition « domestique » pour désigner d'autres sources de pollution occasionnées par des objets ménagers contenant de l'amiante (planches à repasser, gants isolants, grille-pain, appareils de chauffage mobiles, etc.). De nombreux cas de cancer du poumon, de mésothéliome ont été décrits chez les épouses et les enfants d’ouvriers travaillant l’amiante, suite à une exposition domestique (17).

1.1.4.3. Expositions environnementales

L’exposition à l’amiante peut aussi être totalement indépendante de l’activité professionnelle,

la caractérisation de populations concernées est plus difficile, en raison d’une part des faibles

concentrations en fibres le plus souvent rencontrées, et d’autre part du manque de données

concernant les fréquences et durées d’exposition ainsi que la nature des fibres. Cette

exposition, appelée communément environnementale, se fait le plus souvent par l’inhalation

des fibres d’amiante dans l’environnement extérieur ou intérieur. On peut les classer en trois

catégories selon la source de pollution :

(31)

29

Source Naturelle : d‘origine géologique, dans certaines régions où le sol contient des fibres d‘amiante qui sont inhalées par les personnes qui les respirent à l‘occasion d‘activités diverses (affleurements naturels d’amiante) ;

Source industrielle (ponctuelle) : par exemple dans le cas des mines d‘amiante et des usines de transformation de l‘amiante qui projettent des fibres d‘amiante dans le voisinage, ces fibres pouvant être inhalées par les personnes vivant et/ou travaillant dans l‘environnement de cette source ;

Source intra murale ou urbaine (exposition passive) : lorsque les fibres sont émises par l‘amiante mis en place dans des bâtiments et des installations diverses et peuvent être relarguées dans l‘atmosphère soit du fait de la dégradation des installations, soit du fait d‘interventions sur celles-ci.

Par exemple, les fibres d’amiante ont été mesurées dans l’environnement et dans les échantillons de poussière déposée à New-York suite à la destruction du World Trade Center (65).

1.1.5. Les niveaux d’exposition

Le jury de la conférence de consensus de 1999 avait proposé la classification de l’importance de l’exposition en trois niveaux (66) :

1.1.5.1. Expositions importantes

 Expositions certaines, élevées, continues et d’une durée supérieure ou égale à 1 an : exemple des activités professionnelles entrant dans le cadre du secteur 1 et de leurs équivalents dans le secteur 3 (flocage et chantiers navals par exemple) ;

 Expositions certaines, élevées, discontinues et d’une durée supérieur ou égale à 10 ans (exemples : mécaniciens rectifieurs de freins de poids lourds, tronçonnage, de l’amiante-ciment).

1.1.5.2. Expositions intermédiaires

Ce sont toutes les autres situations d’exposition professionnelle documentée. La majorité entre dans le cadre du secteur 3.

1.1.5.3. Expositions faibles

Ce sont les expositions passives (exemples : résidence, travail dans un local contenant de

l’amiante floquée non dégradé).

(32)

30

1.1.6. Recommandations sur l’utilisation de l’amiante 1.1.6.1. Recommandations OMS

Sachant qu’il n’y a aucune preuve de l’existence d’un seuil pour l’effet cancérogène de l’amiante et que l’on a observé des risques de cancer accrus dans les populations très faiblement exposées (8, 9, 17), la façon la plus efficace d’éliminer les maladies liées à l’amiante consiste à mettre fin à l’utilisation de tous les types d’amiante. La poursuite de l’utilisation de l’amiante-ciment dans la construction suscite des préoccupations particulières du fait qu’on a affaire à une main-d’œuvre importante, qu’il est difficile de contrôler l’exposition et que les matériaux en place peuvent se détériorer et constituer un risque pour ceux qui effectuent des opérations de réparation, d’entretien, et de démolition (9, 17). Dans ses diverses applications, l’amiante peut être remplacée par des matériaux fibreux et d’autres produits comportant moins de risques ou sans risque pour la santé (17).

Les matériaux contenant de l’amiante doivent être enrobés dans des emballages étanches et en général il n’est pas recommandé d’effectuer des travaux qui risquent de toucher aux fibres d’amiante. S’ils sont nécessaires, de tels travaux ne devront être effectués que dans le cadre de mesures de prévention strictes afin d’éviter une exposition à l’amiante, avec par exemple enrobage des matériaux, procédés humides, ventilation aspirante locale avec filtration et nettoyage régulier. Ils exigent également l’utilisation d’un matériel de protection individuelle comme des respirateurs spéciaux, lunettes de sécurité, gants et vêtements protecteurs et la fourniture d’installations spéciales pour sa décontamination.

Compte tenu de l’augmentation du nombre de cas de maladies liées à l’amiante, le Comité mixte : Organisation Internationale du Travail (OIT)/OMS de la Médecine du Travail, à sa treizième session en 2003, avait recommandé que, dans le cadre de la collaboration future entre l’OIT et l’OMS, une attention spéciale soit accordée à l’élimination des maladies liées à l’amiante (67).

L’OMS s’était engagée à œuvrer avec les pays en vue de l’élimination des maladies liées à l’amiante dans le cadre des orientations stratégiques suivantes :

- reconnaître que la façon la plus efficace d’éliminer les maladies liées à l’amiante consiste à mettre fin à l’utilisation de tous les types d’amiante ;

- fournir des informations sur les solutions permettant de remplacer l’amiante par des

produits de remplacement plus sûrs et à développer des mécanismes économiques et

technologiques visant à favoriser son remplacement ;

(33)

31

- prendre des mesures pour prévenir toute exposition à l’amiante en place et au cours des opérations d’élimination (réduction) ;

- améliorer le diagnostic précoce, le traitement, la réadaptation sociale et médicale des maladies liées à l’amiante et établir des registres des gens ayant été exposés à l’amiante dans le passé et/ou l’étant encore.

L’OMS avait fortement recommandé la planification et la mise en œuvre de ces mesures dans le cadre d’une approche nationale exhaustive visant à éliminer les maladies liées à l’amiante.

Une telle approche doit également comprendre : l’élaboration de profils nationaux ; une meilleure sensibilisation ; le renforcement des capacités ; un cadre institutionnel ; et un plan d’action national pour l’élimination des maladies liées à l’amiante.

La politique de l’OMS en matière d’amiante a été établie par trois résolutions de l’Assemblée mondiale de la santé (World Health Assembly) : WHA58.22 en 2005, WHA60.26 en 2007 et WHA66.10 en 2013 (68). La résolution WHA58.22 sur la lutte contre le cancer priait instamment en 2005 les Etats Membres d’accorder une attention particulière aux cancers pour lesquels le fait d’éviter l’exposition est un facteur important, notamment s’agissant de l’exposition professionnelle et environnementale à des produits chimiques. En mai 2007, à travers la résolution WHA60.26, la Soixantième Assemblée mondiale de la Santé a approuvé un plan d’action mondial pour la santé des travailleurs 2008-2017, incluant une campagne mondiale pour l’élimination des maladies liées à l’amiante. La résolution WHA66.10 de 2013 traitait de la prévention et de la maîtrise des maladies non transmissibles, parmi lesquelles les cancers liés à l’amiante (68).

En fin 2013, plus de 50 pays dans le monde, dont tous les États Membres de l’Union Européenne, avaient interdit l’utilisation de l’amiante sous toutes ses formes, chrysotile compris. D’autres pays ont introduit des limitations moins strictes, tandis que certains ont maintenu, voire augmenté, leur production ou leur utilisation de chrysotile ces dernières années (69).

1.1.6.2. Réglementation européenne

La Directive 97/69/CE de la Commission du 5 décembre 1997 a été adoptée, concernant le rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives relatives à la classification, l'emballage et l'étiquetage des substances dangereuses (70, 71).

La Directive 2009/148/CE du parlement européen et du conseil du 30 novembre 2009

concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à une exposition à l’amiante

(34)

32

pendant le travail fixe la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) à 100 fibres d’amiante par litre d’air inhalé sur 8h de travail (72).

1.1.6.3. Réglementation française

Un décret prévoit en France, depuis 1997, l'interdiction de l’exploitation, de l’utilisation et de la vente de l'amiante (quelle que soit la variété de fibres considérée) et des produits en

contenant (Décret n° 96-1132 du 24 décembre 1996 modifiant le décret n° 96-98 du 7 février 1996 relatif à la protection des travailleurs contre les risques liés à l’inhalation des poussières d’amiante (73).

1.1.6.3.1. Protection de la population

Afin de protéger la population contre les risques liés à une exposition à l'amiante, la

réglementation organise la recherche et la surveillance de l'état de conservation de l'amiante dans les immeubles bâtis. Elle prescrit la tenue d'un dossier technique permettant un accès aux informations ainsi obtenues et prévoit les cas où il doit être procédé au retrait ou au

confinement (encapsulage) de l'amiante présent dans ces immeubles.

1.1.6.3.2. Protection des travailleurs

Afin de protéger les travailleurs contre les risques liés à l'inhalation de poussières d'amiante dans le cadre de leur activité professionnelle, outre l'application des dispositions du Code du travail relatives à la prévention du risque d’exposition à des agents chimiques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR), des dispositions particulières du Code du travail visent :

 les travaux de retrait et d’encapsulage de l'amiante,

 les interventions sur des matériaux ou appareils susceptibles de libérer des fibres d'amiante.

Selon l’arrêté du 14 décembre 2012, les entreprises chargées des travaux de retrait et de

confinement doivent obtenir une certification auprès des organismes certificateurs accrédités

(74). Pour toute opération exposant à l’amiante, les mesures de protection collective et le

choix des équipements de protection individuelle sont précisées par les arrêtés du 7 mars et du

8 avril 2013 (75, 76). Le mesurage de l’empoussièrement et le contrôle du respect de la valeur

limite doivent être réalisés par des organismes accrédités (77).

(35)

33

Les travailleurs susceptibles d’être exposés à l’amiante doivent au préalable recevoir une formation spécifique amiante adaptée à la nature de l’opération et à leur fonction (78). Ils sont soumis à une surveillance médicale renforcée et peuvent demander à bénéficier d’une

surveillance post-professionnelle après avoir cessé leur activité.

Il est interdit d’employer à ces opérations des jeunes travailleurs de moins de 18 ans, des travailleurs intérimaires ou sous contrat à durée déterminée (articles 4153-28 et D. 4154-1 du Code du travail). Cependant, des dérogations sont possibles sous conditions.

Depuis le 1

er

juillet 2015, la valeur limite d’exposition professionnelle en France est de 10 fibres d’amiante par litre d’air inhalé sur 8h de travail (Décret n° 2015-789 du 29 juin 2015 relatif aux risques d'exposition à l'amiante (79), contre 100 fibres/litre auparavant (Décret n°

2012-639 du 4 mai 2012 relatif aux risques d'exposition à l'amiante (80).

1.1.6.3.3. Protection de l’environnement

La protection de l'environnement contre les risques liés à l'amiante fait l'objet de textes réglementaires concernant notamment les installations classées et le traitement des déchets contenant de l'amiante. Ces textes sont rassemblés sur le site du ministère chargé de l’Écologie (81).

1.1.7. La surveillance de l’exposition et des pathologies liées à l’amiante en France

En France, la surveillance de l’exposition à l’amiante est coordonnée par le département santé-travail (DST) de l’Institut de veille sanitaire (InVS), aujourd’hui Santé Publique France (SPF). En effet, depuis mai 2016, l’InVS fait partie de l’Agence nationale de santé publique (Santé Publique France, SPF), issue de la fusion entre l’InVS, l’Institut national de la prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) et l’Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus). Depuis sa création en 1998, le département santé-travail de l’InVS a développé des dispositifs de veille et de surveillance épidémiologique spécifiquement orientés vers les risques professionnels liés à l’amiante (82). On en distingue :

1.1.7.1. La Base de données Ev@lutil : évaluation des expositions professionnelles aux fibres

Ev@lutil est une base de données qui constitue un outil d'aide à l'évaluation des expositions

professionnelles aux fibres d'amiante et aux autres fibres : fibres minérales artificielles

(36)

34

(FMA), englobant les laines minérales (verre, roche, laitier), les fibres céramiques réfractaires (FCR), les filaments continus de verre et les fibres de verre à usage spécial (ou microfibres).

Les particules nanométriques (PN) sont également concernées.

Actuellement, cette base est constituée de données descriptives et métrologiques concernant les situations d’expositions à l'amiante, aux FMA at aux PN qui sont recueillies de manière systématique dans la littérature et auprès d'organismes et laboratoires spécialisés. Elle est accessible à tous, en français et en anglais, via le portail Exp-Pro de Santé Publique France (http://exppro.santepubliquefrance.fr/exppro/accueil) ou directement depuis le site de l’Institut de Santé Publique, d'Epidémiologie et de Développement, Isped (http://etudes.isped.u-bordeaux2.fr/evalutil003/).

La documentation des niveaux des expositions permet ainsi de :

 repérer les situations de travail exposant aux fibres et PN, et d’orienter la mise en œuvre des mesures préventives des risques associés et la surveillance médicale des travailleurs exposés ;

 progresser dans la connaissance des effets sur la santé de l'inhalation de ces différents types de fibres et PN, grâce aux études épidémiologiques.

La base de données Ev@lutil contribue en particulier à l'élaboration des matrices emploi- exposition aux fibres et PN étudiées.

La coordination générale du programme Ev@lutil est assurée par la direction santé travail (DST) de SPF. La responsabilité scientifique d’Ev@lutil est partagée entre la DST et le Laboratoire santé-travail-environnement (LSTE) de l’Isped de l’Université de Bordeaux.

Pour en savoir plus, un rapport a été rédigé en 2005 sur ce dispositif (83).

1.1.7.2. Le programme Matgéné : matrices emplois-expositions en population générale

La mise en place du programme Matgéné a été initiée en 2000 par le DST de l’InVS, en

collaboration avec des partenaires universitaires (84). Ce programme est destiné à élaborer

des matrices emplois-expositions, applicables à la population générale, c’est-à-dire couvrant

toutes les formes d’emplois et tous les métiers ayant pu exister à partir des années d’après-

guerre. Grâce au croisement de ces matrices avec des échantillons de population

(37)

35

représentatifs, il est possible d’évaluer la prévalence d’exposition professionnelle à certaines nuisances en tenant compte de l’ensemble de la carrière professionnelle. Parmi les nuisances déjà étudiées, on trouve les solvants pétroliers et les solvants chlorés, les fibres de laine minérale, les poussières alvéolaires de ciment, les poussières de cuir et de farine, la silice et l’amiante ainsi que les fibres minérales artificielles (laines minérales et fibres céramiques réfractaires).

La matrice emplois-expositions "amiante", initialement développée d’après des résultats d’évaluation d’exposition dans des études épidémiologiques, a été révisée en 2010 afin de répondre aux mêmes exigences d’exhaustivité que les matrices produites dans le cadre du programme Matgéné (85). Cette révision a été réalisée en collaboration avec l’Essat (unité mixte InVS-Université Bordeaux 2) et avec des services universitaires de médecine du travail (Paris et Nancy).

Cette matrice permet d’une part de décrire l’exposition à l’amiante dans la population et son évolution et, d’autre part, de mieux préciser les estimations de nombre de pathologies cancéreuses attribuables à l’exposition professionnelle à l’amiante en France.

1.1.7.3. La surveillance du mésothéliome

1.1.7.3.1. Le Programme National de Surveillance du Mésothéliome (PNSM)

Placé sous la responsabilité scientifique de SPF, ce programme a été engagé en 1998 à la demande de la Direction des relations du travail (aujourd’hui Direction générale du travail - DGT) et de la Direction générale de la santé (DGS) (86). Il associe plusieurs équipes aux compétences complémentaires coordonnées par le département santé travail de l’Institut de veille sanitaire. Il constitue un système de surveillance épidémiologique des effets de l’amiante sur la santé de la population française, à travers le suivi permanent du mésothéliome pleural. Il a pour objectif :

 d'estimer l'incidence du mésothéliome en France ;

 d'étudier la proportion de cas attribuables à une exposition à l'amiante ;

 de contribuer à la recherche d'autres facteurs étiologiques ;

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