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Questionner les risques de la mobilisation du patrimoine culturel immatériel (PCI) dans le développement territorial

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Questionner les risques de la mobilisation du patrimoine culturel immatériel (PCI) dans le développement

territorial

Nicolas Canova

To cite this version:

Nicolas Canova. Questionner les risques de la mobilisation du patrimoine culturel immatériel (PCI)

dans le développement territorial. 2ndes journées internationales du patrimoine immatériel, Nov 2009,

Clermont-Ferrand, France. �halshs-00923054�

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Questionner les risques de la mobilisation du patrimoine culturel immatériel (PCI) dans le développement territorial

Nicolas CANOVA

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Introduction : patrimoine, ress ource e t territoire

Pour poursu ivre su r la lancée de Cyril Isnard, ain si que des illustration s proposées par Jean Pinard, je tenterais d’ab order de façon schématique et générale la question des risques existants dans la mobilisat ion du patrimo ine à des fin s de développement. Il s’ag ira p rin cipa lement d ’id entifie r le s blo cages résidants dans les préconisation s et de propose r le lance ment d’un chantie r p lu rid isciplinaire sur l’éva luation po ssible d e ces risque s.

Le constat qu i est co llective ment fa it, et qui est donc large ment re venu dans les discussion s de ces jo urnées, est celu i de la forte assimilation du patrimoine à une ressou rce pour le déve loppement. Pour les fo rme s de développeme nt « classiques », cela ne fait plus de doute. Développe ment économique et culture l, développe ment local…, la ressou rce p atrimonia le est un ato ut qu’il est difficile d’o ublie r. Ma is qu’en est-il pou r le déve lo ppement territo rial ? Le patrimoine peut-il s’assimiler à la ressou rce d ite « territoria le » (Gumu chian ; Pecqueur, 2009 ) ? Cette question mé rite d’être posée au p réalable car, dan s notre hypothèse d’une vision positivée de la ressou rce te rrito ria le, un double critère d ’atténuation des risques peut être mis en avant dans sa participation à la dynamique territo ria le (la ressou rce se rait territo ria le lo rsqu’e lle permet la territo ria lisation et lorsqu ’elle permet le renouvellement des conditions de départ de sa mobilisation). Aussi, les deux réponses qu i éme rgen t aujourd ’hui de s travaux sur cette questio n montrent que : soit le patrimo ine peu t-être constitutif de la ressource te rritoriale (Landel ; Senil, 2008) ; soit il peut constitue r en soi la ressource territo ria le (Canova ; Landel, 2009). Toujou rs est-il que dans les deux cas, il aura ce rta inemen t un grand rôle à jouer dans les modes de développement te rritoria l de dema in.

Mais, au regard de la production « scientifiq ue » de ces trente de rnières années sur la pensée a ménagiste, et plus large ment sur l’action co llective, nous ne pouvons plus faire l’impa sse sur les conséquence s de notre action (Latour B., 1992 ; Soubeyran, 2006 ; Thévenot, 2006 ;…) ; toute action entraîna nt la produ ction d’effets non-intentionn els que nous devrions savo ir considére r. La mob ilisation du patrimoine co mme ressource (territoriale ) n’échappe pas à ce verdict et imp lique donc la p roduction d ’e ffets pe rve rs a vec lesquels nous devront co mposer. Mais, je ne propose pas une mise en défaut du PCI (ni de la convention UNESCO et de ses applications), mais le contre -point du disco urs positif qui encadre sa mob ilisation avec l’espo ir de pa rticiper d’une meilleu re o rganisation collective.

L’hypothèse que j’éme ts ici est la su ivante. Pour le PCI la que stion sera d ’autant plus délicate que :

- L’objet est jeune : nou s sommes dans une p hase test qui ne permet pas encore de mobiliser suffisa mment de matière pour opé rer un re tour ré flexif su r sa mobilisation. Un rega rd sur l’action collective de manière globale se doit donc d’être effectué, nous a llons y revenir.

1 Laboratoire PACTE-Territoires, IGA-CERMOSEM.

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- Il est en déca lage a vec le s fo rme s de p réconisation et/ou de norma lisation produites par le déve loppement durab le : c’e st le 1

e r

point sur lequ el nous a llons nous arrêter.

- Ses caracté ristiques intrin sèques nous éloignent partielle ment du consensus : d’abord pa rce qu’il re fonde des oppositions qui tendent à disparaître ave c un modern isme vieillissan t. Les limites de l’opp osition entre natu rel e t cultu rel on t large ment été mises e n avant (Latour, 1991) et l’ut ilité de sépare r le matériel de l’immaté rie l n’est pas colle ctivement accepté e. Ensuite, parce que sa définition participe d ’un proce ssus d’exclusion par re groupement, mê me si sa défin ition plus large que pour d’autres formes de patrimoine se mble pouvoir permettre une meilleu re modulation. Enfin, il pose le problè me de la repré sentation des instance s inte rnationales et du lien qu’e lles entretiennent ave c les acteu rs situés à l’échelle infra -nationale (Guiguè re, 2 006).

Pour avancée sur les questions conce rnant la min ima lisation de s risques, je propose dans un pre mie r temp s de poursu ivre de man ière accélé rée les effo rts de rééquilib rage entre cu lture et déve loppemen t durab le. Cela nou s permettra it a lors, dans un second temp s, de mieux p rendre en compte une nouvelle typo logie de risques que je qua lifie rais proviso ire ment de « socio cultu rels ». Un troisiè me te mps conclusif fe ra état de deux paradig mes é me rgent en matiè re d’a ction collective qu i pourra ient bien nous servir dans notre entrep rise.

L’idée n’e st alo rs p as de proposer une « géographie du PCI » dans sa mobilisation co mme ressource, ma is bien de considére r que le point de vue d’un géographe puisse con stitue r une app roche autre, un de s maillon s d’une chaîne de nous devons construire collective ment pou r le p rotéger au mieux des risques qu’il encourt. Toutefois, malgré le soup çon de prétention qu i peut résider dans mes propos, il ne s’agit là que d’une proposition qui pourra être reçu à titre info rmatif e t indicatif, mê me si je suis prêt à me mettre au travail avec ceux d’entre-vous qui le souhaitera ient.

Culture e t développe ment dura ble : une re ncontre tardive et inc ertaine

Pour faire un b ref reto ur su r le lien entre cu lture et déve loppement durable, nous proposons de nous ap puyer sur tro is textes

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. Après quelques prop ositions épa rses, c’est en avril 2002 qu e, 10 ans ap rès Rio et quelques mois avant Johannesburg, la Commission Française du Développe ment Durable écrivait

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: « dans les do cuments relatifs au déve loppement durab le, il n’est quasiment jama is qu estion de culture » avant de propose r : « La Commission Française du Dé veloppe me nt Durab le in siste donc sur la nécessité de compléter l’ap proche du développement durable en intégrant la d imen sion culture lle au mê me titre que les d imen sio ns économique s, socia les et en vironne mentales ». Dan s une hypothétique réponse, le Co mité 21 national, lors d’un commun iqué de 2005 in titulé « La cultu re et le développe ment durable : la pe rcée »

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, affirma it au trave rs de Serge Antoine (Présid ent d’honneur de l’époque) : « la cause est entendue : la cultu re sera déso rma is le q uatriè me pilie r du développement du rable ». David Th rosby (profe sseur d’écono mie à Sydney e t memb re des tro is réu nions d ’experts indép endants sur l’avant-projet de con vention sur la p rotection et la promotion de la d ive rsité des exp ressions cu lture lle s) marque

2 Cf. également, Nicolas Canova, « Après le développement durable…un retour à une authenticité culturelle », communication au 1er Colloque de l’ENEC « L’après développement durable », septembre 2007.

3 Avis n° 2002-07 sur la Culture et le développement durable

4 Revue Liaison Energie Francophonie, 3eme trimestre 2005.

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une étape supplé men taire dans un co mmu niqué datant du 14 janvier 2008. Ici, l’a rticle 13 intitu lé « Intégration de la cu lture dans le déve lopp ement durab le » propose que « les Pa rtie s s’emp loient à intégrer la cu ltu re dans les politiques de développement, à tous les niveaux, en vue de créer les conditions propices au développement durab le et, dans ce cadre, de favorise r les a spects liés à la protection et à la promotion de la dive rsité des expression s culture lle s. ». Deux propositions en lien avec nos p ropos y seront a lors souligné es : appliquer le principe de p récautio n en matière cultu re lle et mettre en p la ce un système d’évaluation des mesu res.

Ce n’est donc qu’en 2 008 que les première s proposit ions d’app lica tion concrète des principe s du déve loppement durab le pou rront ê tre indexées sur le PCI. Aussi, e t même si le s propos d e Christelle Blouët

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so nt encourageants, que lques prob lèmes tendent à montrer qu’une sortie définitive des modè les p roductivistes d e développement n’est p as enco re à a ffirmer. Ces p roblè mes sont principa lement liés aux difficulté s d’éva luation en matiè re cultu relle. Ils concernent d ’abord le principe de subsid iarité. Le rô le clé que le s Etats vo nt jouer dans le conventionnement des PCI, et dans l’éva luation du bon fonctionnement de ce dernier, questionne quant à la

« bonne » prise en co mpte et rep résentation des revendication s id entitaires loca les ou des mouvements contre -culture ls par e xemple . Ensuite, c’est la question du principe de précaution que nous devons pointer ici. Co mment l’appliquer en matiè re cultu relle alors qu’il n ous pose déjà de gro sses difficultés en ce qui concerne des objets « lou rds » et in sérés depuis longte mp s dans les processu s d’action co lle ctive (co mme la g rippe par exemp le) ? Ce principe, sensé détruire le s preu ves de sa réussite, peut-il être a ppliqué et évalué co rrectement su r un objet aussi impalpab le et flou que le PCI ? Et si oui, co mment ?

Voilà des question s qui n’ont pour l’instant pas trouver de réponses. Aussi, la mise en p lace des a gendas 21 de la culture san s réelle dé mo nstration de leur opérationnalité ren voie à deux questions : le développement dura ble n’est-il pas un guide pour l’action q ui ne connaît pas le territo ire qu ’il est sensé nous faire découvrir ? Et, pour revenir sur son ap plication, comment p ermettre a lors au politique de garder la place qui est la sienne dans la gouvernance (ce lle d’organisateur, et non de décideur) ? L’inco mpétence collective en matiè re cultu relle doit ici être assu mée, mais je va is être cla ir su r ma position : je pense que les efforts de géné ralisation sont à poursu ivre e t que l’on va dans le b on sens.

La cons truction d’un outil d’évaluation des risques

Pour poursuivre le s initiatives pro metteuses de l’intég ration de la cultu re dans le développement du ra ble, et tenter alo rs de comble r les vides, un e premiè re étape pourra it être d ’intég re r une d imension cu lturelle dan s l’app roche d es risques. Nous avons tous conscience que la mobilisation du PCI pose des problèmes et qu’e lle n’est pa s anodine. Ma is comment en rend re compte ? Co mment s’organiser face à eux ? De que ls outils disposons-nous ? Si la rare té et la fa iblesse des outils a ctuels ne feront pas ici l’o bjet d’un retou r analytique de ma part, la proposition que j’avan ce est de réflé chir à la construction d’une t ypolog ie de risques qui sera it spécifique au phénomène culture l. Une pre miè re phase de travail consiste rai a lors en l’identification, la qualification et la généralisation de ces risques ; toutes les trois effectuée s de manière collective. Vo ici donc schématiqueme nt comment nous pourrions trava iller en semble :

5 Blouët C., communication du 27 novembre 2009 au 2nde journées nationales du patrimoine culturel immatériel, Corum St Jean, Clermont-Ferrand.

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- Identifie r : pour fa ire simple, le risque est une multip lication des facteurs de dangerosité (issue d’u ne action ou d’une n on-action en ce qui n ous conce rne avec le PCI) et de vulnérabilité (qu i conce rn e alors le PCI obje t de l’action ou non-action ). Aussi, des éléments possibles d’identification des risques apparaissent ci et là . Voici une liste no n-exhaustive de quelques-uns des éléments les p lus souvent rep ris : dispersio n des valeu rs et de l’engagement citoyen s ; conflits so ciaux, ethnique s ou relig ieux ; replis ou crispation s identita ire s ; co mmun autarisme ; effaceme nt de l’éth ique (lorsqu’elle est supposée exister) ; constru ction ex nihilo d’authenticité ; ho mogénéisation cultu relle ; folklorisation et fixation des cultures dite « vivantes » ; etc. Aussi, cette liste, tout en éta nt comp létée, devra it pouvoir être illustrée p ar le s retours d’expérience de chacu n d’entre -nous ; constituant alors une base d émonstrative des risques encouru s, mais aussi une capa cité à re lativise r par le réel ce qui tantôt est néfaste, tantôt est heureux, se lon la position de l’énoncia teur.

- Qualifier : le mot « risque » en soi appa raît re lativement souvent dans le s discou rs d ’acteu rs co mme dans les ana lyses « scient ifique s » ou journalistiques.

Mais, en mettant de coté la notion de « prise de risque » (bien q u’elle ne so it pas in intére ssante ), il est difficile de savoir à quel type de risque l’on a à fa ire et surtout quelles en sont le s origine s ; les répercussions é tant plus sou vent mises en avant. Pour revenir su r la question des effets pervers et afin de qualifier cet a spect patrimonia l et cu lture l du développement, j’ai re pris un te rme - osons d ire "risqué" - que l’on pourrait voir sauver de l'oubli en e n reformulant la définition. Il se dé nomme rait "risque so ciocultu re l". Nous nous détacherons bien évide mment de la définition origine lle de « risque cu lturel » à fo rte tendance médico -sociale et entrepreunaria le, pour définir une typologie de risques dont l’o rig ine serait so ciocu ltu relle et qui aurait des répe rcu ssions sur le fonctionnemen t sociétal (comme tout type de risque). Ceci-d it, il appartiend ra à tous, une fois la phase d’identification a va ncée, de requalifie r les risques en question.

- Généralise r : cela passerait prin cipa lement par la mise en commu n des données évaluatives, et ne constitue don c pas l’aboutisse ment des d eux pre miè res phases, ma is p lutôt u n processu s « che min faisant ». Ces donné es évaluatives seraient de deux o rd res : identification et q ualification des a ction s d’un coté ; modes de lecture des impacts par les porteu rs de l’action et de rele cture par des agents exté rieu rs. Le rôle principal de la généralisation étant d e faire le lien avec les autres typolo gies de risque, mais surtout d’imb rique r pro gressive ment le trava il d ’identification et de qualification dans les proce ssus de décision colle ctive, le tran sformant par-là même en ou til pou r l’action.

Voici donc qui constitue l’ouve rture d ’un chantie r dont il me semb le que l’UNESCO devrait être le maître d’œuvre, sachant que tous les acteurs impliqués devraient pou rvoir y travailler san s échelle de valeur. Ce chantier aurait pour rôle et tempora lité p rincipau x d’acco mpagner l’inve ntaire du PCI. Il permettrait a lors de pouvoir opére r un reg ard à la fo is sur les o bjets et le s actions me nées avec l’espoir que la sortie prog ressive de l’inventa ire se fasse dans les me illeures condition s, et surtout que les p roce ssus de conventionne ment et leur app lication concrète s ne reprodu isent pas les e rreu rs du pa ssé, sach e anticiper celle qui commettra et donc agir « à temps ».

Pour revenir sur le s forme s de dé veloppement qui impliquent un e mobilisation

forte du patrimo ine, cette proposition ira it alors dans le sens d e la construction

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colle ctive d’un modèle « horizon tal » défini p ar le lieu d ’articu lation entre le modèle

« top-down » ou descendant et le modèle « bottom-up » ou asce ndant. Le modèle descendant agit su rtou t sur la vu lnérab ilité (p rotection de la d ive rsité cultu relle, lutte contre la dése rtisatio n cultu relle, soutient à la démo cratisation cultu relle…en sont les principaux axe s), alors que le modè le ascendant tend à agir du coté de la dangerosité (asso ciations, mouve ments militants, micro -p rojets, mouvements contre- cultu rels, « veille citoyenne », commun icatio n et informa tion populaire…ma is aussi : soutiens à la créatio n, résidence s d’artistes, projets de quartier…)

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. Ce modèle horizonta l, en ce qu’il permettrait de mie ux intégre r la dimen sion cultu relle au développement te rrito rial, pou rra it a lors faire du PCI une ressou rce territo ria le dans tous les sens du te rme .

Bien évidemment, cette proposition se doit d’être collective ment retravaillée en intégrant une réfle xio n sur la notion de risque de manière géné rale, re lativement bien présente en géographie, notamment su r les effets positifs ou négatifs du risque selon le point de vue des acteurs. Plus co ncrète ment, il s’agirait de repérer les risques éventuels d’u ne action culture lle, avant, pendant et après la prise de décision, afin de co nstru ire chemin faisa nt les g randes ligne s d’une méthode

« souple » d’é valuatio n des initiatives de d éveloppement cultu rel qui soit axée su r les p rin cipes de la réflexivité notamment. L a dimen sion te rrito ria le de cette action devra fa ire finale me nt l’objet d’une a tte ntion pa rticulière, no tamment par le caractè re déte rrito ria lisé de ce rta ines fo rme s de P CI qu i remettra it en que stion la notion de re ssource te rrito ria le.

Conclusion : pra gma tisme et improvisation

En conclusion, je vou drais insiste r su r ce rta ines pistes de réflexio n émergentes qui pourra ient deven ir de futu rs ou tils pou r l’action, du moins peu t on lire en elles une certaine efficience. Il s’agit de rep rendre à titre info rma tif le s paradigme s de pragmatisme appliqué au territo ire pa r Jea n-Paul Ferrie r ou Lucas Pattaron i

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et d’impro visa tion dans l’action collective p rop osée par Fluckïger (1 997) et travaillée actuelle ment par Olivier Soubeyran

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. Le « pragmatisme du territo ire » propose entre autre que les actions soient mises en coo rdination par la réunion possible des différents savo irs (populaire , politique, scientifique, p rofe ssionne l, savant, expérimenta l,…) propres aux objets mobilisé s. Il pourra it alo rs être complémen taire des prin cipes de du ra bilité qui œuvrent plutôt sur la réunion positive des diffé rentes dimensions des obje ts (écono mique, so ciale, environnementa le et culture lle ).

L’accent est p rincipa le ment mis su r les capa cités à mobiliser des compétences pour l’action co lle ctive. Il serait a lors un meilleu r révélateu r du plu ralisme et garant d’une meilleu re prise en compte de la dive rsité. L’imp rovisation co mme parad igme d’action, quant à elle, oppose notamment la métaphore jazzistiqu e à la métaphore du chef d’o rchestre, proposée entre -autre par Adorno (197 8). Il s’ag it de déconstru ire l’idée q u’en action collective le dé cideu r o rdon ne, le technicien applique et le « pu blic » su it (modè le « top-down » ). Dan s ce modèle de l’imp rovisation, qui se mble s’affirme r dans les modes é mergents d ’action collective,

6 Le premier modèle correspondant alors à un « développement des territoires culturels » lorsque le second se définirai plutôt comme une « action culturelle territorialisée ». Cf. N. Canova, « Du développement des territoires culturels au développement culturel des territoires », Colloque International "Le développement culturel: un avenir pour les territoires ?", 17-18 avril 2008, Université de Nîmes.

7 Cf. entre autres, J.P. Ferrier, "Pragmatique et complexité des territoires : les enjeux géographiques ", les rencontres d’Aix, Aix-en-Provence, juin 1999 ; ou plus récemment Luca Pattaroni « approche pragmatique du territoire », Séminaire Méthéo, CERMOSEM, Mirabel (07), janvier 2008.

8 Soubeyran O., laboratoire PACTE-Territoires, IGA-UJF, Grenoble.

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l’accord commun su r le min imu m définitionn el et de possibilité d’a ction (en matière de PCI pa r e xemp le), celui qui est sensé pe rmettre la coo rdination, correspond rait à une grille su r laquelle chacun va pouvo ir à sa guise so it s’ajuste r sur et suivre le thème en « acco rd » avec les autres, soit s’éman cipe r plu s ou moins intensé ment dans des « so los ». L’avantage avancé ici et alo rs la capacité du systè me à rattrape r, de maniè re individuelle ou colle ctive, les « fau sses n otes », et donc à rectifie r le tir pendant l’action de maniè re org anisée. A su ivre.

Pour fin ir, je voudra is répondre aux critiques sur l’in intellig ibilité du discou rs par ces quelques mots. Pe ut être ne nous comp renons nous pas encore (toujou rs), ma is l’idée même de cette proposition est d’a vancé su r la con stru ction d ’un sa voir commun. Ce savo ir n ’est pas encore construit pour la simp le et bonne raison qu’il existe un p roblè me de commun ication au sein des d ifférents a cteu rs inté ressé s pa r la mobilisa tion du PCI, qu ’ils soien t a ctifs, « sur le terrain », pro ches de l’expé rien ce, ou passifs, ob servateurs, à la base d ’une conna issance pouvant paraître déconnectée du monde, ou encore à l’entre -deux co mme la plupart d’entre- nous. Ma is la que stio n est la su ivante : lo rsque vous rencontre r un inconnu qu i ne parle pa s votre langue, alle z-vous refuse r le contact pou r la simp le raison que vou s ne comprenez pas ce qu’il vous dit ? Le pro blème est le même ici. Aussi, si faire un effort de vulga risation du discours scientifique est utile pour ga rder l’attention et l’intérêt d’un la rge public, il prend la forme d’un appauvrisse men t de l’information transmise lo rsqu ’il co rrespond à un g rossissement des mots et de leur sens. Et il en est de même pou r le discou rs inscrit da ns l’action. Trava illon s donc p lutôt la traduction, apprenons le langage de chacun et partageons alors des points de vue tout en gardant nos spécificités, cu ltivons n os diffé rences, celles qui font de nous les parties uniques d ’un tout à imaginer, car il me semb le que cela constitue un préalable à l’ind ispensable coord ination de n os action s.

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