HAL Id: jpa-00237397
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00237397
Submitted on 1 Jan 1878
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Sur l’ébullition des liquides superposés
D. Gernez
To cite this version:
D. Gernez. Sur l’ébullition des liquides superposés. J. Phys. Theor. Appl., 1878, 7 (1), pp.194-198.
�10.1051/jphystap:018780070019401�. �jpa-00237397�
I94
sur la constitution du Soleil. C’est une méthode nouvelle
qui
s’ouvre devant nous et dont nous pouvons associer les efforts à
ceux de
l’analyse spectrale
et de l’ancienneOptique,
pour résoudre enfin définitivement lesgrands problèmes
que soulève l’astre duj our.
SUR L’ÉBULLITION DES LIQUIDES
SUPERPOSÉS;
PAR M. D. GERNEZ.
M.
Magnus
a annoncé, en1836,
que si l’on fait bouillir unmélange
de deuxliquides qui
n’exercent pas d’action dissolvante l’un surl’autre,
latempérature
duliquide
bouillant estsupérieure
à la
température
normale d’ébullition duliquide
leplus
volatil sou-mis à la même
pression,
mais que latempérature
de la vapeur émise par cemélange
est inférieure à cettetempérature
d’ébullition. Parexemple,
unmélange
d’eau et de sulfure de carbone étant chauiésous la
pression
de752mm,2,
latempérature
duliquide
bouillantétait
470,
celle de la vapeur43",5,
tandis que latempérature
d’ébullition du sulfure de carbone seul sous la
pression
de752mm,2
est,
d’après
lesexpériences
de M.Regnault,
de450,75.
Ces résultats ont été confirmés en
1854
par M.Regnault, qui
arésumé en ces termes les diverses
particularités
duphénomène :
« Les
expériences
quej’ai
faites sur l’ébullition de deuxliquides
insolubles
superposés,
leplus
volatil formant la coucheinférieure,
montrent que cette ébullition est
toujours très-irrégulière
et que lethermomètre,
mêmelorsqu’il
se trouve seulement dans la vapeuréprouve
degrandes
variations suivant la manière dont la chaleurest
appliquée
au fond de la chaudière et suivantl’énergie plus
oumoins
grande
de l’ébullition. Ce n’est que sous certainespressions,
et
quand
l’ébullition esttrès-modérée,
que l’on trouve que le ther- nomètreplongé
dans la vapeurindique
unetempérature qui
s’é-loigne
peu de celle àlaquelle
la somme des forcesélastiques
desdeux vapeurs isolées est
égale
à lapression
del’atmosphère qui s’oppose
à l’ébullition »(1).
Plus
tard,
lfl. Is. Pierre est arrivé à des conclusions analo-(i) Relation des expériences sur les machines à feu, t. Il, p. 742.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018780070019401
I95 gués
qu’il
a fait connaître dans un Mémoire(1)
où ilsignale quel-
ques faits
singuliers
restésdepuis
sansexplication.
Il trouve dureste que la
température
d’ébullition esttoujours
notablementsupérieure
à celle où la somme des tensions maxima des deux vapeurs estégale
à lapression qui
s’exerce sur lemélange.
En étudiant cette
question
dans sesdétails, j’ai
trouvé les con-ditions dans
lesquelles
il convient de seplacer
pour éviter les per- turbations accidentelles duphénomène,
pourreproduire
à volontéet même
exagérer
le retardqu’il présente,
et pour amener sîire- ment, sans le fairebouillir,
lemélange
à unetempérature égale
etmème
supérieure
à latempérature
normale d’ébullition duliquide
le inoins volatil. Il
suffit,
pourcela,
deprendre
lesprécautions qui
assurent d’une manière
générale
le retard del’ébullition,
c’est-à-dire d’éliminer toutes les causes
qui
peuvent laisser dans leliquide
des traces d’air ou de gaz suffisantes pour amorcer le
phénomène.
Grâce aux
dispositions
quej’ai indiquées
dans un Mémoire anté-rieur (2),
on peut chauffer dans untube, jusqu’au
delà de 100°,du sulfure de carbone couvert d’une couche d’eau
distillée,
sousla
pression
ordinaire del’atmosphère
sans en provoquer l’ébulli- tion. Si l’on ne réalisequ’incomplétement
les conditionsexpéri-
mentales du retard de
l’ébullition,
on observe toutes lesirrégularités signalées
par NI.Regnault
etqui s’expliquent
aisément.Qu’arrivera-t-il,
aucontraire,
si l’on seplace
dans des conditionstelles que le retard de l’ébullition ne soit
plus possible
C’est cequ’il
est facile deprévoir,
en se laissantguider
par les résultatsacquis
relativement aumécanisme
de l’ébullition. Ilrésulte,
en effet, desexpériences
mêmes de lfl.Regnault,
que dans le videun
mélange
de deuxliquides
sans actionchimique
l’un sur l’autreémet des vapeurs dont la tension est presque
rigoureusement égale
à la somme des tensions maxima des deux vapeurs à la même tem-
pérature
etqu’il
en est de même dans les gaz. Si donc on amèneune
petite
bulle gazeuse à la surface deséparation
de deuxliquides superposés
que l’oncbauffe,
cette bulle se saturera bientôt des vapeurs émises par les deuxliquides, grossira
et ne pourra rester(’ ) Annales de Chimie et de Physique, 4° série, t. XXVI, p. 169, et Comptes rendus,
t. LXXIV, p. 224 (18 7 2).
(2) Recherches sur l’ébullition, Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. IY, p. 335.
I96
en
équilibre qu’autant
que sa forceélastique
restera inférieure à lapression qu’elle
supporte. Dès que latempérature
ambiante se seraélevée,
de manière que la somme des tensions maxima des deux vapeurs soitégale
à lapression qui
s’exerce sur labulle,
celle-cidevrait
prendre
un volume infini pourqu’il y
eûtéquilibre ;
elle sedégagera donc,
et, si l’ons’arrange
defaçon qu’il
reste,après
ledégagement,
une amorce gazeuse à la surface deséparation
desdeux
liquides,
laproduction
des bulles seracontinue ;
en d’autrestermes, il y aura ébullition.
Pour soumettre ces
prévisions
au contrôle del’expérience, je
mesuis servi de tubes de verre, de om,o2 à
o-,o3
dediamètre,
contenant les
liquides superposés
par couches dequelques
centi-mètres et un thermomètre très-sensible
qui
enindiquait
latempé-
rature. Ces tubes étaient chauffés
par la grande
masse d’eau d’unbain-marie dont la
température
nepouvait
varier que très-lente-ment.
Enfin,
pour provoquerI’ébullition, j’ai
fait usage d’unepetite
cloche à air obtenue en
étranglant
à lalampe
un tube de verre àOm,OI ou 0m,02 de son
extrémité,
et en usantobliquement
lebord de cette
cloche,
de Inanière que, amené à la surface desépa-
ration des deux
liquides,
son orifice soit ouvert, moitié dansl’un,
moitié dans
l’autre ; je
ne laisse dans cette clochequ’une
bulled’air
très-petite qui
suffit à amorcer l’ébullition et à l’entretenirpendant
un tempsquelconque.
J’ai reconnu ainsi que le
mélange liquide
entre en ébullition àune
température qui
ne diffère que d’une fraction dedegré
ex-trêmement
petite
de celle où la somme des tensions maxima des vapeurs des deuxliquides
estégale
à lapression supportée;
dureste, aucune
perturbation
ne se rencontre dans la marche duphénomène.
Jeciterai,
parexemple., quelques expériences
faitessur les divers
mélanges
étudiés par M.Regnault, :
Sulfure
de carbone et eau.I97
Chlorure de carbone et eau.
Benzine et eau.
Les écarts entre les
températures
observées et celles où lessommes des forces
élastiques
maxima des vapeurs seraientégales
aux
pressions supportées
sont donc assezpetits
pourqu’on puisse
admettre que l’ébullition se
produit
exactement auxtempératures
que l’on
pourrait
calculerd’après
les Tables des forces élas-tiques,
etqui
sont celles où la somme des forcesélastiques
desdeux vapeurs est
égale
à lapression
exercée à la surface desépa-
ration des deux
liquides.
L’application
de ceprocédé
conduit à uneexpérience
intéres-sante. On
prend
unepetite
cloche àébullition,
on y introduit de l’eauqui
doit rester adhérente à sesparois
parcapillarité,
onachève de la
remplir
avec une bulle d’air voisine de sonorifice,
onl’immerge
dans de la benzine ou du chlorure decarbone,
et l’onchauffe au bain-marie : on observe que des bulles de vapeur se dé- gagent,
rapidement
eL d’une manièrecontinue,
à destempératures
inférieures de
plus
de 10degrés
aupoint
d’ébullition duliquide
sous la même
pression.
Avec l’essence de
térébenthine,
le mêmephénomène
se pro- duit versg5°. L’explication
de ce fait est desplus simples :
labulle d’air de la cloche se trouve entre deux couches d’eau et de
liquide qui s’y vaporisent ;
si donc latempérature
est telle que lasomme des tensions maxima de vapeur soit
plus grande
que lapression supportée,
la bulle des vapeurs sedégagera
enpartie,
laissant sous la cloche une
atmosphère
danslaquelle
le mêmephé-
I98
nomène se
reproduit jusqu’à
ce que l’eau retenue dans la cloche soitcomplétement vaporisée,
cequi
demande un temps relative-ment considérable,
surtoutlorsque
l’eau est enprésence
deliquides
très-volatils.
On se rend compte aussi facilement des
particularités
décritespar M. Is. Pierre
( 1 ).
Ce savant a reconnu que, si l’on chauffe à feunu sous une couche d’eau divers
liquides,
tels que les ioduresbuty- lique
etéthylidue,
il se détache duliquide
inférieur des gouttes, lestées par une bulle gazeuse,qui,
traversant la couche d’eau super-posée,
arrivent à la surfacelibre, perdent
le gazqui
les entraînaitet retombent vers la couche inférieure. J’ai constaté que ce
phéno-
mène se
produit
avec tous lesliquides plus
lourds que l’eaulorsque,
contenant des gaz en
dissolution,
ils sontplacés
dans des condi- tions telles que ledégagement
des bulles gazeuses soitpossible,
c’est-à-dire
lorsqu’on
les chauffe sans avoir éliminé lespoussières qu’ils
tiennent ensuspension.
Le gaz dissous ne peut sedégager
que sur
l’atmosphère
gazeuse despoussières qui
se trouvent irré-gulièrement disséminées ;
il forme des bullesqui
arrivent à la sur-face de
séparation
des deuxliquides, s’y gonflent
des vapeurs des deuxliquides
enprésence
et s’élèvent en entraînant sous forme de goutte unepartie
duliquide qui
les entourait d’abord. Ces gouttes lestées traversent la couched’eau,
arrivent à la surface libre où la vapeur sedégageait,
et ellesretombent,
retenant leplus
souvent unetrès-petite
bulle dumélange
gazeuxqui
peut servir àreproduire
lephénomène.
Rien n’estplus simple,
du reste; qued’empêcher
laproduction
de ces gouttesliquides :
il suffit de filtrer avec soin leliquide
inférieur pour en enlever les corpsétrangers
en suspen-sion, puis
d’élever lentement latempérature,
ou mieux encore defaire bouillir ce
liquide
aupréalable
pour chasser les gazdissous,
et pour rendre
inactives,
en lespréservant d’air,
lespoussières
ensuspension.
Si l’on neprend
pas cesdispositiohs,
onproduit,
àvolonté,
lephénomène
avec lesliquides
lesplus divers,
avec le sul-fure de
carbone,
le chlorure decarbone.,
etc.(1) Annales de Chimie et de Ph) sique, 4e série, t. XXVI, p. iGg.