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La consommation de substances hallu­cinogènes reste marginale en population générale. À coté des drogues synthétiques, dont les dangers sont bien connus, le caractère...

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Le Courrier des addictions (20) – n° 2 – avril-mai-juin 2018 8

Les hallucinations fascinent autant qu’elles effraient depuis les origines de l’humanité.

Après une période d’ancrage quasi exclusivement psychiatrique à travers les des- criptions cliniques structurantes des aliénistes du XVIIIe siècle, notre discipline connait un virage théorique important à partir de la fin du XXe siècle qui va enrichir les classifications catégorielles des maladies psychiatriques d’une approche plus dimensionnelle (se situant le long d’un continuum s’étendant du normal au patho- logique), à laquelle l’hallucination n’échappe pas.

Il est désormais communément accepté que les hallucinations, loin d’être pathognomoniques d’un trouble psychiatrique (notamment la schizo phrénie), peuvent être observées dans de nombreux contextes, pathologiques ou non (1).

On estime qu’environ 4 à 5 % des personnes en population générale peuvent présenter de telles expériences (2). L’hallucination reste un phénomène complexe, impliquant a minima des facteurs psychologiques, environnemen- taux et neurobiologiques (3), auxquels s’ajoutent

AVANT-PROPOS

Les hallucinations non psychiatriques

Non-psychiatric hallucinations

R. Jardri*,** et P. Thomas*,***

des facteurs culturels pouvant influencer leur interprétation (4). C’est précisément cet angle intégratif que nous avons choisi pour aborder les hallucinations non psychiatriques dans ce dossier. Fort du succès d’un symposium tenu lors de l’édition 2017 du Congrès français de psychiatrie (p. 61 du programme), trois exemples seront successivement traités. Les deux pre- mières contributions traiteront d’hallucinations non cliniques et de leurs principaux diagnostics différentiels. Marine Bohet et al. nous rappelle- ront ainsi les signes à même d’aider le clinicien à distinguer compagnons imaginaires et hallu- cinations invalidantes de l’enfant, extrêmement fréquentes en période développementales (5).

Martin Dudoignon et ses collaborateurs nous rapporteront le cas des hallucinations d’athlètes de l’extrême, à travers une enquête menée auprès des coureurs de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, mettant en exergue la contribution conjointe de la privation de sommeil, de l’isolement social et sensoriel, de l’altitude ou encore de la déshydra- tation. Certains contextes cliniques, mais non psychiatriques, seront ensuite abordés. Les hallucinations hypnagogiques et les paralysies du sommeil seront illustrées à travers plusieurs vignettes cliniques par Jean-Baptiste Maranci et Isabelle Arnulf. La grande diversité de situations dans lesquelles les hallucinations peuvent sur- venir ne pouvait, bien entendu, pas être traitée

de façon exhaustive. Usagers et professionnels peuvent cependant de plus en plus recourir à des consultations pluri disciplinaires spécialisées (Voice Clinics) afin de caractériser ces expé- riences, telle la Consultation hallucinations &

expériences supra-sensorielles (CHESS) du CHU de Lille, à même de proposer un diagnostic et de définir une prise en charge dédiée et adaptée, que celle-ci soit psychothérapeutique, pharmaco- logique, qu’elle utilise des techniques de neu- romodulation ou qu’elle se base sur une simple surveillance clinique (6).

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références bibliographiques

1. Waters F, Blom JD, Jardri R, Hugdahl K, Sommer IEC.

Auditory hallucinations, not necessarily a hallmark of psychotic disorder. Psychol Med. 2018;48:529-36.

2. Johns LC, Kompus K, Connell M et al. Auditory verbal hallucinations in persons with and without a need for care. Schizophr Bull. 2014;40:255-64.

3. Jardri R, Cachia A, Thomas P, Pins D. The Neuroscience of Hallucinations. New-York : Springer États-Unis ; 2013.

4. Laroi F, Luhrmann TM, Bell V et al. Culture and hallucinations: Overview and future directions.

Schizophr Bull 2014;40:213-20.

5. Pignon B, Geoffroy PA, Gharib A et al. Very early hallucinatory experiences: A school-based study. J Child Psychol Psychiatry 2018;59:68-75.

6. Jardri R, Favrod J, Laroi F. Psychothérapies des hallucinations. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson SAS ; 2016.

* Université de Lille, CNRS (UMR-9193), laboratoire SCALab, équipe PsyCHIC, plateforme CURE, hôpital Fontan, CHU de Lille.

** Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, hôpital Fontan, CHU de Lille.

*** Service de psychiatrie de l’adulte, hôpital Fontan, CHU de Lille.

ACTUALITÉ DES CONSOMMATIONS D’HALLUCINOGÈNES EN FRANCE

La consommation de substances hallu- cinogènes reste marginale en population générale. À coté des drogues synthétiques, dont les dangers sont bien connus, le caractère prétendument plus anodin des drogues dites naturelles favorise leur usage. En attestent plusieurs cas d’intoxication par champignons ou plantes hallucinogènes, avec des compli- cations parfois graves. Ainsi, en population adulte (18-64 ans), l’expérimentation de cham- pignons hallucinogènes concernait, en 2014,

4,8 % de la population (6,8 % des hommes, 2,8 % des femmes) et un usage “actuel” (au moins une fois dans l’année) est déclaré par 0,3 % de la population (1). La part d’usagers “actuels” est en augmentation entre 2010 et 2014 (0,2 % vs 0,3 %), ce qui suggère un enracinement de ces consommations dans certaines populations, en particulier les jeunes adultes. En effet, si l’expérimentation culmine entre 18 et 34 ans (la diffusion de champignons hallucinogènes concerne 6,6 % des 18-25 ans et 8,4 % des 26-34 ans), l’usage actuel concerne surtout les 18-25 ans (1,6 % de cette classe d’âge déclare avoir fait usage de champignons hallucinogènes au moins une fois dans l’année). En population jeune, à 17 ans, l’expérimentation de champi- gnons hallucinogènes concerne 2,8 % de ladite population en 2017 ; ce pourcentage est en recul

(avec une baisse d’un point à la clé) s’agissant de périodes plus récentes (2). À la fin de l’adoles- cence, comme à l’âge adulte, l’expérimentation, comme la consommation plus courante, de ces produits est un phénomène majoritairement masculin. À 17 ans par exemple, l’expérimenta- tion de champignons hallucinogènes concerne deux fois plus souvent des garçons que les filles (3,6 % vs 1,9 %). Olga Obradovic

Références bibliographiques

1. Beck F, Richard JB, Guignard R, Le Nézet O, Spilka S, Les niveaux d’usage de drogues en France en 2014, Tendances, n° 99, OFDT, 2015.

2. Spilka  S, Le Nézet  O, Janssen  E, Brissot  A, Philippon A, Shah J, Chyderiotis S. Les drogues à 17 ans : analyse de l’enquête ESCAPAD 2017, Tendances, n° 123, OFDT, 2018.

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