T ÉDENAT
Questions résolues. Démonstration de la fausseté d’un théorème d’analise, énoncé aux pages 36 et 71 de ce volume
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 9 (1818-1819), p. 215-222
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2I5
QUESTIONS RÉSOLUES.
Démonstration de la fausseté d’un théorème d’analise,
énoncé
auxpages 36
et7I de
cevolume ;
Par M. TÉDENAT , correspondant
-de l’académie royale
.1
des sciences.
Au Rédacleur des Annales ;
QUESTIONS RÉSOLUES.
MON CHER
PROFESSEUR,
POUR
occuper les loisirs que me laisseabondamment ,
sur-toutdans cette
saison,
ma résidence dans un paysqui
ne saurait offrirde nombreux
sujets
dedistraction , je
m’étaisimposé ,
par formede
tâche ,
la démonstration du théorème énoncé aux pages 36 et 71 duprésent volume ;
mais un examen un peu sérieux de son énoncé m’a bientôt convaincu que, du moins au-delà duquatrième degré,
lors même que les sommets de la courbe
parabolique qui
corres-pond
àl’équation proposée
sont tousréels ,
ce théorèmepeut
setrouver en défaut dans un si
grand
nombre de cas que l’on seraittout aussi bien fondé à
adopter
laproposition
contraire. Persuadécomme
je
lesuis ,
et comme vous l’ètes sans doute vous-rnême,qu’on
ne sert pas le,; sciences d’une manière moins utile enrepoussant,
dès leurabord ,
les doctrines erronnéesqu’en
établissant des véritésnouvelles je nl’empresse
de vous administrer la preuve de mon assertion.Le théorème dont il
’s’agit
de démontrer lafausseté,
réduit àson énonce le
plus .simple,
revient à cequi
suit :2I6
QUESTIONS
Soit X=o une
~é~u~tion
en x d’undegré
"
9ue~’Lan~tte ~ ,
et soi~‘X’=o sa dérivée.
Si,
entreX=y
et~~=o , -on
élimine x , onparviendra
à uneéquation
Y = 0 en y, dont ledegré
sera m-i ;soient v
et p, r~es~eet~ve~nent ,
le nombre de ses-paria~,iDns
et celui de ses perrnanet~c~es ; ce_qui
donnera.v~p = 1Jl-.,I.
1Si la
proposée
X= 0 est dedegré ~’.~pair~ ~
lenombre
de sesf ‘ .I t / · -
raciae.’ç tmantnarres
sera, -
et
si ,
au~c~ntrair~e ,
elle,es.t d’,ur~ degré pair , ~le nombre
de sesr~a.e~nes
imaginaires
sera.
Cela
posé,
~soitl’équation
ducinquième degré
elle
peut
être mise successivement sous lesdiverses
formes quevoici :
.ainsi,
elle a bien incontestablement une seule racine réelle etquatre
racinesimaginaires. Appliquons-lui
leprocédé -indiqué
dansl’énoncé
1. du théorème en discussion.
’
Sa
dérivée
estou.. cn
simplifiant J
équation qui revient
àRÉSOLUES. 2I7
les
abscisses
,desquatre
sommets de la courbeparabolique
sont donc
+13 , +7, ...~ ~
-- 1 1 ¡ on aura donc les ordonna de ces mêmes sommets, en mettant successivement ces valeurs pourx dans
l’équation (X=y).
Enconséquence ,
on trouvera pour le*équations
-desquatre
sommets, tousréels,
l’équation (Y=o)
sera donc~"est-à-di.re ,
~~ ~
doncici
~s=2, t~~~ ~ puis
doncque le degré
c~ laproposa
est
impair
J lenombre
de sesracines imaginaires, suivant
lethéo-
r~~~ , dwra~t
être2I8 QUESTIONS
tandis que nous avons vu que les racines de cette
sorte y
sontau nombre de
c~ualre.
Nous
pourrions
très-bien terminerici ;
caril@
y a entre la dé-monstration
de la vérité d’uneproposition
et celle de sa faussetécette différence
très-remarquable
que lapremière
ne saurait êtreétablie que par un raisonnement
général ,
très-souvent difficile à-découvrir,
et souventplus
difficile encore à énoncerclairement ;
tandis
qu’au contraire,
pour prouverqu’une proposition
estfausse,
il
suffitsimplement y
ainsi que nous venons de lefaire ,
de la trouveren défaut dans un cas
particulier quelconque. Cependant,
pour nerien laisser à désirer sur ce
sujet,
nous allons montrer que, sans exécuter aucuncalcul,
rien n’estplus
aisé que de s’assurer que,passé
le
quatrième degré,
y le théorème dont ils’agit
sera en défaut toutautant et tout aussi soavent
qu’oa
le voudra.Soit
l’équation
X=o d’undegré impair quelconque ;
et supposons que la courbeparabolique
dont1"équation
esty=X
ait le coursqu’on
voit ici v ,AB étant l’axe
des x ,
etl’origine
étantquelconque
sur cette droite.Il ES 0 LUES. 2I9
JSous
n’avons pufigurer
quequatre
sommetspositifs
etquatre
negaHfs ;
mais les uns comme les autrespeuvent 4tF~
en nombrespairs quelconques.
Soientdonc,
engénëral ~
2p le nom’ re des pre-miers,
et 2q le nombre c!esderniers;
ledegré
de laproposée
seraainsi
~/?-~-~y-)-ï ;
et, comme elle n’aura évidemmentqu’une
seuleracine
réelle,
le nombre de ses racinesimaginaires
sera nécessairementD’un antre
côté, l’équation
Y =o dudegré 2/?-{-2~ ayant 2p
racinespositives ,
et 2q racinesnégatives 1
auracunséquemment
2p variationset 2q permanences ;
donc ,
suivant lethéorème , le
nombre des racinesimaginaires
de laproposée , X=o ,
devrait êtrenombre
qui
pourra différer du véritable autantqu’on
le voudra.Mais la
courbe , toujours supposée
dedegré impair , après
avoircoupé
l’axedes ~ ,
et avoir eu , au-dessous de cet axe , un nombreimpair quelconque
de sommetsnégatifs, pourrait y
en remontant , le couper de nouveau , avoir au-dessus un nomhreimpair quelconque
de sommets
positifs,
redescendre encore , encoupant
une troisième, fois l’axe
des x ,
et ainsi de suite.Supposons qu’elle
le coupe~/2-}-’t fois ;
nous aurons ainsi an séries de sommetspositifs
dont ceux dela
première
série seulement seront en nombrepair ;
de manièreque
nous pourrons
représenter
les nombres de sommets successifs deces séries par
- Nous aurons
pareillement
2n séries de sommetsné6alifs
dont ceuxde la dernière série seulement seront en
nombre pair,
de sorteque nous pourrons
représenter succeSSiVeIt1ent les nombres .des
sommer de ces dernières séries
par
le nombre total des sommets des
deux pênes
acradonc
220
QUESTIONS
le
degré
de laproposée
X= o sera doncet
pni3qtt’elIe
estsupposée
n~avoir que2n+1
racinesréelles, Je
mombfe de ses racines
Ima~Q~Ires
seraMais ,
dt un autrec~té 1
le nombre des variations. del’ é~u~a:ti()n Y = 0
étant ici
et le
nombre
de ses permanencesle
nombre
des racinesimaginaires
de laproposée X=~o ~ devra;t
être,
suivant le théorèmen’ombre
qui
pourra différer du véritable autantqu’on
fe vOtJd~~jJ>Dans les
degrés pairs,
tes choses sepasseront
encore- à peuprès..
de la même manière. Seulement le~ branches extrêmes de la courbe
seront toutes deux situées au-dessus de l’axe
des x ;
de sortequ’en désignant
par 211 le nomBre des racines réeHes. de lapropcsée,
onaura
n+I
séries de sommetspositifs
te’le~; que eeux des deux séries extrêmes seront en nombrepair
et tous les intermédiaires en nombreimpair ,
on aura ensuite 72 séries de sommetsnégatifs ,
emnombre
impair
dan-schaque- série;
de martière que l~ nombres dk lapremière série. pourront
être,représentés
par,
~~
RÉSOLUES.
22Iet ceux de la seconde par
le nombre total des sommets , tant
positifs
quenégatifs ,
seradonc
de sorte que le
degré
de laproposée
X=o serapuis
donc que nous lui avonssupposé
2n racinesréelles,
le nombrede ses racines
imaginaires,
devra êtreD’un- autre
côté r
le nombre des variations del’équation
Y = 0étant ici
et le
nombre
de ses variationsle- nombre des racines
imaginaires
de laproposée
devraitêtre ?
suivant le
théorème ,
nombre
qui
d¡ffèrera duyërItaHe
tout autantqu’on
îs voudra,~’~~. ~.~.
~o222
QUESTIONS
Nous
pensons qu’en
voila bien suffisamment pour établirquf au-
delà du
quatrième degré ,
ce théorème ne saurait pasplus
êtreadmis que toute autre
règle
arbitraire et de pureimagination
que l’onvoudrait
luisubstituer.
La moralité à déduire de tout
ceci ;
car,pourquoi
les fables enseraient-elles
seulessusceptibles ?
c’est que lesplus
habilespeuvent faillir ,
tout aussi bien queles plus faibles ;
queconséquemment
onne doit
jamais
refuser à autruil’indulgence
que l’onpeut
être bientôt dans le cas de réclamer poursoi-même ; qu’il
fautsoigneu-
sement
segarder
de touteprécipitation
et bien mûrir ses idéesavant de les faire
éclore ;
etqu’enfin
on ne doitjamais affirmer
etadmettre comme
fait
certain que cela seulementqui
estrigoureuse-
ment et