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Que penser de la suppression du certificat médical ?

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10 | La Lettre du Cardiologue • N° 493 - mars 2016

TRIBUNE

Que penser de la suppression du certifi cat médical ?

Sport: what about no medical certifi cate?

La loi de modernisation du système de santé récemment votée a fait l’objet de nombreux débats, en particulier sur le tiers payant généralisé… Mais une petite ligne discrète a tout autant ému les spécialistes de la médecine de l’activité physique et sportive (APS). Elle se veut une mesure de simplifi cation, favorisant l’accès au sport pour tous : le certifi cat médical n’est désormais plus obligatoire pour les jeunes qui souhaitent s’inscrire dans une association sportive scolaire. On assimile donc ces activités périscolaires aux cours d’éducation physique et sportive à l’école ; l’élève pourra faire les deux sans contrôle médical, dit la loi.

C’est là que commence le débat : s’agit-il de la même pratique ? Oui, en termes d’environnement − l’école ; non, en termes de niveau de pratique, les associations proposant souvent de la compétition et des sports collectifs. Point fondamental, les intensités de pratique ne sont pas les mêmes, les eff orts extrêmes pouvant, en cas de pathologie méconnue, conduire à des accidents, certes rares, mais parfois mortels ! C’est pour limiter ce risque que, pour toute pratique en compétition ( qui oblige le plus souvent à la délivrance d’une licence sportive), a été mis en place le certifi cat de non-contre-indication à la pratique du sport. Ce dernier a pour but de dépister, en particulier chez le jeune, des anomalies souvent génétiques ou congénitales dans le domaine cardiologique ou locomoteur, qui peuvent être responsables de complications inopinées survenant dans le cadre de l’APS . Ce pourrait même être l’occasion, à partir de l’âge de12 ans, de réaliser un ECG, dont on connaît la pertinence pour ce type de dépistage (canalopathie, etc.). Lors de cette consultation de prévention orientée, c’est aussi l’occasion d’aborder d’autres sujets de prévention et d’échanger sur les conduites à risque (tabac, cannabis, alcool…).

Le paradoxe est que le certifi cat médical est maintenu pour la pratique

“civile” lors de compétitions dans des clubs ou des fédérations. Pourquoi instaurer un régime diff érent pour un niveau de pratique et de risque identique ?

Alain Ducardonnet

Institut Cœur Effort Santé, Paris

0010_LAR 10 07/03/2016 17:26:46

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La Lettre du Cardiologue • N° 493 - mars 2016 | 11

TRIBUNE

Il faut, pour être objectif, rappeler quels sont les arguments des instigateurs de cette “libération” du sport périscolaire : accès au sport pour tous, suppression d’un frein financier, pratique du bilan hétérogène sur le plan médical. Tous arguments largement développés par l’Union nationale du sport scolaire (UNSS), ce changement lui étant, bien sûr, très favorable.

L’argument financier est largement mis en avant, en raison d’une consultation à 23 euros non prise en charge par la Sécurité sociale,

puisque c’est de la prévention : un possible obstacle pour certaines familles lors de la rentrée scolaire, en elle-même déjà coûteuse. Mais, en réalité, la plupart des médecins généralistes incluent cet examen à visée sportive dans une consultation pour un autre motif. Quant à la faisabilité, la question est posée par certains en termes de qualité et de quantité. Certes, signer 15 millions de certificats au début du mois de septembre constitue une surchauffe indéniable dans les cabinets médicaux, mais cette mission est globalement accomplie chaque année. Quant à la qualité du bilan, il s’est largement amélioré. Engageant la responsabilité du médecin, les certificats sur le coin d’une table ont quasiment disparu. Il restera, bien sûr, quelques “histoires de chasse”. À côté de cette libéralisation scolaire, il avait été également proposé de rendre le certificat valable pendant 3 ans, sauf pour les sports à risque. Le législateur n’allant pas au bout de son raisonnement de “simplification”, cette proposition n’a pas été retenue dans la loi.

In fine et conformément à la frilosité française à l’égard de tout ce qui touche à la prévention, fallait-il se dispenser d’un premier examen dans la perspective d’une pratique sportive, examen qui, sans être parfait, avait le mérite d’exister et de remplir sa mission, celle, en l’occurrence, de

participer à limiter les morts subites sur le terrain. Il faudrait, dès lors, avoir le courage de dire que la visite médicale de non-contre-indication pour le sport en compétition ne sert à rien puisqu’elle n’est plus nécessaire pour le sport scolaire en compétition.

0011_LAR 11 07/03/2016 17:26:49

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