C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
G. J OUBERT
H. R OSENBERG
Plongement du tore T
2dans la sphère S
3Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 11, n
o3 (1969), p. 323-328
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PLONGEMENT
DUTORE T2 DANS LA SPHERE S3
par G.
JOUBERT
et H. ROSENBERGCAHIERS DE TOPOLOGIE ET GEOMETRIE DIFFERENTIELLE
Vol. XI,3
Le but de cet article est de donner une démonstration
géométrique
du théorème suivant :
T H E O R E M E . Tout tore
plongé dans S 3
borde un toreplein.
Ce théorème a été énoncé pour la
première
fois par Alexanderqui
n’en donne
qu’une
démonstration succinte[ 1 ] .
La démonstration
qui
suit faitappel
aux méthodes utilisées dans[ 2 ]
et[ 3 ]
etqui
ontdéjà permis
de démontrer le théorèmeanalogue
pourles
sphères plongées
dansR 3 (Schônflies différentiable)
et mêmeplus généralement
que toute 3 -variété feuilletée par desplans
est irréductible.Elle a en outre
l’avantage
de ne pas utiliser le«Loop-theorem »
dont ladémonstration est
particulièrement
difficile.DEMONSTRATION. Soi t T
plongé
dansR 3 ;
on peuttoujours
supposer que T estplongé dans S3 - 1 X0
=R 3 .
Si
R 3 = { ( x, y, z ) } ,
soit F lefeuilletage
trivial deR 3
par lesplans P ( z ) ( z
=cte) .
Par le théorème de transversalité de
Thom,
on peut supposer que Test en
position générale
par rapport à F.Soit G le
feuilletage (avec singularités)
induit sur T par F. Puis- que F et G sont enposition générale,
G n’aqu’un
nombre fini desingu-
larités
qui
sont des centres et despoints
de selle.On peut
toujours
supposerqu’il n’y
a pas deuxpoints singuliers
dans le même
plan P ( z ) .
Il en
résulte, puisque
en outreP ( z )
est fermé dansR 3 ,
que tout élément de G est une courbe fermée : soit une courbe ferméesimple,
soitun
point (centre),
soit unefigure
«huit».On a besoin du lemme
général
suivant :L E M M E . Soit X un
champ
de vecteurs sur le tore T dont les zéros sontdes centres ou des
points
de selle.Supposons
que lèstrajectoires
de X soient, ou bien des centres, ou bien des courbesfermées simples (trajec-
toires
périodiques)
ou bien des courbeshoméomorphes
à R , partant et aboutissant à un mêmepoint
de selle. Dans cesconditions,
il existe aumoins une
trajectoire périodique
nonhomotope
à zéro sur T .DEMONSTRATION; Si le
champ
n’a pas desingularités,
alors nécessai-rement toutes les
trajectoires (qui
sontpériodiques)
sont nonhomotopes
à zéro.
Supposons
doncqu’il
y a dessingularités, (il
y a autant de centres que depoints
de selled’après
la formule deHopf)
et supposons que toutes lestrajectoires périodiques
soienthomotopes
à zéro sur T.Soit p
un centre; dans unvoisinage de p
toutes lestrajectoires
de X sont des courbes fermées
simples qui
bordent undisque
sur T con-tenant p à son intérieur.
Soit H =
1 ti
D ; D est un 2-disque plongé
dansT , p
E D , 3 D estune
trajectoire périodique
de X et toutes lestrajectoires
contenues dansD sont
périodiques excepté p 1 -
On sait
(voir [ 3 ] )
que, dans ce cas, A -0 fi
est :1 )
Soit une courbe ferméesimple Co
formée d’unetrajectoire homéomorphe
à R et d’unpoint
de selle q.( L’une
des deuxséparatrices
du
point
deselle) .
2 )
Soit lafigure
«huitqui
contient unpoint
de selle q .- Dans le
premier
cas, soit A’ la courbe ferméesimple qui
contientq est distincte de A . Alors A’ borde un
disque H’ , puisque
toutetrajec-
toire
périodique
voisine de A’ borde undisque,
et dans lecomplémentaire
de H W H’ les
trajectoires périodiques
suffisamment voisines du «huit»bordent un
disque
D de Tqui
contient H UH’ ,
sinon T serait homéo-morphe
à unesphère.
D contient donc lepoint q
et on peut alors modifier lechamp
X dans D de manière à éliminer lepoint
de selle q .- Dans le deuxième cas, soient
C i et C 2
les deux courbes ferméessimples qui
constituent le «huit». SoientC’l
etC’ 2
destrajectoires pério- diques
voisin e s deC 1 et C 2 . CI’ 1
etC 2
bordent desdisques D’l
etD 2
dans T dont l’un au moins contient q, sinon T serait
homéomorphe
à unesphère.
Commeprécédemment
on peut éliminer lepoint
de selle q.Il résulte de ce
qui précède qu’on
peut, dans leshypothèses
con-sidérées,
diminuer d’une unité le nombre despoints-selles
par modification duchamp
X. On aboutitdonc,
au bout d’un nombre fini de tellesopéra- tions,
à unchamp
X sanssingularités qui
admet destrajectoires pério- diques homotopes
àzéro,
cequi
estimpossible.
Il résulte de ce lemme
qu’il
existezo
tel queP ( zo )
contienne aumoins une courbe
fermée simple
nonhomotope
à zéro sur T .Ce fait sera utilisé ultérieurement.
La démonstration résultera alors des lemmes suivants :
L EM M E 1. Soit
Co
une courbefermée simple
appartenant à G(située
dans P( z 0)).
Alors il existe un nombreEo
> 0 et unplongement
tels que, pour tout on ait les relations : .
appartient
à G,est le
disque fermé
deP ( z )
bordé parP R E U V E .
C o
ne contient aucunesingularité
deG ;
il existe donc un voi-sinage
V deCo
dans T ayant la mêmepropriété.
Il existe alors sur Vun
champ
n -transverse à G et admettant un groupe local à unparamètre (noté
encoren ) n . ] - E , E [ x S 1 -> T’
tel quen ( t ) [ S 1 ] appartienne
à G.
n ( t ) [ S 1 ]
est donc contenu dansP ( z ) ;
on définit ainsi une fonc- tion différentiablet -> z ( t )
telle quez’ ( 0 ) # 0 ,
donc localement inver- sible.Par
conséquent,
il existeEo >
0 et unplongement
défini par :
On obtient ensuite sans difficulté TT par extension de -ul à
]zo - Eo, zo + Eo [x D1.
D’ où le lemme.On peut
toujours
supposer,quitte
à restreindreF,.,
que -u estdéfini sur
NOTATION. on
pose
( M
est fermé dansR 3
et B ouvert dansT’ ) .
L E M M E 2 . Soit
zo
tel que P( zo )
rencontre T et ne contienne aucunesingularité
de G . On a :( Ci
courbefermée simple).
Alors il existe uneisotopie qui
laissefixe
lescourbes
Ci
nonhomotopes à
zéro sur T et diminue d’au moins une unité le nombre de cellesqui
sonthomotopes à
zéro.PREUVE. Soit
C i
=C
unecourbe. homotope
à zéro sur T .D’ après
le lemme 1 il existe unplongement :
tel que
TT’ (z
XS 1 )
=Co ( z ) appartienne
à G etCo ( zo )
=Co .
Soient z 2 - zo + Eo et z 1 = zo - Eo ; rr
définit uneisotopie
surT entre
Co
etCo ( zi ) ,
i = 1, 2 . DoncC,,(zi)
esthomotope
à zéro sur Tet borde un
disque D o ( z i )
sur T.Nécessairement l’un des deux
disques Do ( zi )
contientB (zo , Eo ),
sinon on aurait :
(réunion disjointe)
et par suite T serait
homéomorphe
à unesphère.
Supposons qu’il
en soit ainsi pourDo ( z 2 ) .
I1 est alors facile deconstruire une
isotopie qui
laisseT - Do ( z 2 )
fixe etplace
ledisque
D o ( z 2 )
entièrement au-dessusde P ( zo ) .
Cette
isotopie
élimine deP ( zo )
la courbeCo
et les éventuelles courbesCt
appartenant àD o ( z 2 ) n P ( zo ) ,
touteshomotopes
à zéro surT ;
elle laisse invariantes toutes les autres courbesCi .
Ce
qui
démontre le lemme.Soit maintenant
zo
tel queP ( zo )
contienne au moins une courbefermée simple
de G nonhomotope
à zéro sur T.On sait
d’après
le lemme initialqu’il
existe de telles valeurs et onpeut supposer que dans
P ( zo )
iln’y
a aucunesingularité
de G.L E MM E
3 . Il
existe unplongement TT
ayant lespropriétés
du lemme 1 ettel que l’intersection de M avec T soit B .
PREUVE. On peut
toujours
supposer que ledisque D o(z o = D o
ne con-tient aucune courbe
Ci
nonhomotope
à zéro sur T et on peut parisotopie
(lemme 2 )
éliminer les courbesCi homotopes
à zéro et situées dansDo .
On a donc
Do n
T =C o .
A
partir
deCo’
on peut construire unplongement
ayant les
propriétés
du lemme 1 .Soit alors T’ = T’ - B . T’ et
D 0
sont compacts et deplus T’r1 D o =
= O;
donc a , minimum de la distance de T’ àDo’
est strictementpositif.
Prenons 80 min (
e ,a )
et leplongement 7T
restriction duplon-
gement
précédent : rr = dz ( Eo ) x D; T1 . Soit M(z ,8 )
associéà 17;
M a les
propriétés requises,
d’où le lemme.Nous sommes maintenant en mesure de démontrer le théorème.
Plaçons-nous
dans les conditions du lemme3,
et soit 7T leplon-
gement ayant les
propriétés
énoncées dans ce lemmeSoient
Soit T’ = T - B .
On peut
toujours
déformerD,
parisotopie
à l’intérieur de M defaçon
queDi se
raccorde différentiablement à T’ lelong
de C et queD 2 (resp. D 1)
soit au-dessus(resp.
endessous)
deP ( z 0).
Puisque C 0
est nonhomotope
à zéro sur T , la réunion S == T’ U
D 1 U D 2
est alors unesphère plongée dans R 3 .
Soient Zj, j
= 1, 2 , les deux composantes dansS 3
deS 3 -- S .
Ilest connu, ou il résulte de
[ 2 ] , que
est une boule ferméeplongée
danss31 telle que d Zj = S, j = 1, 2.
D’ autre part, soit M’ la
partie (fermée)
de Mcomprise
entreD 1
etD 2 (après isotopie).
Alors M’ est encoredifféomorphe à [ 0 , 1 ] x D 1
etâ lVI’ = B U D 2 U D 1;
deplus M’ - D i - D 2
necontient,
par construc-tion,
aucunpoint
de S; il est donc contenu dans l’une des deux compo-santes Zj, soit 2,
parexemple.
On a doncM’ n Z 2 - D 1 U D 2 .
AinsiM’
fi I2 a
B u.T’ = T pour frontière dan s S , c’ est donc une sous-variétéplongée
dans S et de bord T et elle est, parconstruction, difféomorphe
àun tore
plein,
d’où le théorème.BIBLIOGRAPHIE
[1] ALEXANDER,
On the subdivisionof
3 -spaceby
apolyedron,
Proc.N.A.S. (1926), pp. 6 - 8.
[2]
H. ROSENBERG, Foliationsby planes,
Topology, Vol. 7, pp. 131-138.[3]
H. ROSENBERG and R. ROUSSAIRE,Reeb-foliations
(à paraître dansAnnals of Math).
Faculté des Sci ences