C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
G. M ALTSINIOTIS
Traces dans les catégories monoïdales, dualité et catégories monoïdales fibrées
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 36, no3 (1995), p. 195-288
<http://www.numdam.org/item?id=CTGDC_1995__36_3_195_0>
© Andrée C. Ehresmann et les auteurs, 1995, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
TRACES DANS LES CATEGORIES MONOÏDALES,
DUALITE ET CATEGORIES MONOÏDALES FIBREES
par G. MALTSINIOTIS
CAHIERS DE TOPOLOGIE ET
GEOMETRIE DIFFERENTIELLE CA TEGORIQ UES
Volume XXXVI-3 (1995)
Abstract
The aim of this paper is the
study
of a class of monoidal ortensor
categories
in which the notion of trace of an endomor-phism
is defined. Thesecategories
are calledsovereign.
A so-vereign category
is a tensorcategory
in which everyobject
hasa left and a
right
dual and in which a naturalisomorphism
between left and
right
duals isgiven.
This natural isomor-phism,
called asovereign structure,
mustsatisfy
some com-patibility
conditions withrespect
to the tensorproduct.
Theimportance
of the notion of a trace in a tensorcategory
liesin the fact that such a trace is used in order to define
isotopy
invariants of links.
§
0. Introduction.Depuis
la découverte dupolynôme
de Jones[Jo]
et ledéveloppe-
ment de la théorie des groupes
quantiques [Dr, J1, J2, Wo, Ka],
l’in-térêt
porté
auxcatégories
monoïdales est allé engrandissant.
SoientV une
catégorie
monoïdale autonome(dont
toutobjet possède
undual),
munie d’untressage [JS1]
et d’une torsion("twist")
compa-tible à la dualité
(un "tortil",
dans laterminologie
de Yetter[Ye],
ou"ribbon
category",
dans celle de Turaev[T3, KT])
et Il’objet
unitédans ce cas,
End(I)
est réduit aux scalaires. On associeainsi,
à toutereprésentation
d’un groupequantique,
un invariant scalaire d’entre- lacs enrubans, qui
est une fonction duparamètre
de déformation du groupequantique.
Si l’onapplique
ceprocédé
au groupe quan-tique SLq(2)
et sareprésentation fondamentale,
on obtient ainsi unefonction
qui
est unpolynôme
de Laurent ets’appelle
lepolynôme
deJones
V (q) . Quand q
est une racine del’unité,
ses invariantspermet-
tent par
chirurgie
de définir des invariantsnumériques
des variétés de dimension 3[RT2, T3, T4, T6, BHMV1, BHMV2].
Cette cons-’truction est
également purement catégorique
etgarde
un sens pour toutecatégorie
modulaire(notion
introduite parTuraev) [T3, Lyu].
Une
variante,
due à Turaev et Viro[TV, T5], permet
de construire des invariants liés auxprécédents
en utilisant destriangulations, plu-
tôt que la
chirurgie.
Dans toutes ces
constructions,
un outil fondamental est la no-tion de trace d’un
endomorphisme,
notion définie dans un tortil.Or,
il s’avère que la notion de trace
garde
un sens dans unecatégorie autonome,
non nécessairementtressée,
pourvu que cette dernière soit munie d’une structure souveraine. Onappelle
ainsi ladonnée,
pourtout
objet
de lacatégorie,
d’unisomorphisme
du dual à droite vers le dual àgauche,
cesisomorphismes
satisfaisant à des axiomes de foncto- rialité et decompatibilité
auproduit
tensoriel[Ye].
L’ennui est quele dual à
gauche (ou
àdroite)
n’est définiqu’à isomorphisme près,
etqu’il
estplus
naturel de définir unecatégorie
autonome comme étantune
catégorie
monoïdale dont toutobjet possède
un dual àgauche
etun dual à
droite, plutôt qu’une catégorie
monoïdale mu.nie duchoix,
pour
chaque objet,
d’un dual àgauche
et d’un dual à droite.L’origine
de ce travail a été la volonté de résoudre cette diffi- cultéconceptuelle
en utilisant lanotion,
et lelangage,
descatégories fibrées,
notion introduite par Grothendieck[SGA1, Gil]
pour for-maliser la notion d’un
préfaisceau
"flou" decatégories,
où la restic- tion(ou image réciproque)
d’unobjet
n’est définiequ’à isomorphisme près (la
notion "naïve" depréfaisceau
decatégories
étanttrop
res-trictive).
L’idée est la suivante. Considérons lacatégorie B±,
forméede deux
objets
+ et -isomorphes
entre eux etqui possèdent
l’iden-tité comme seul
endomorphisme.
A toutecatégorie
monoïdaleV,
onassocie une
catégorie D(V ) ,
au dessus de lacatégorie 8±,
dont lesfibres au dessus de + et - s’identifient à la
catégorie V
et lacatégorie opposée
à Vrespectivement,
et telle que lacatégorie
monoïdale V soit autonome si et seulement siD( V )
est fibrée surB+.
Les foncteurs dual àgauche,
ou dual à droites’interprètent
alors comme des foncteursimage réciproque
par lesisomorphismes
entre + et -, et lechoix,
pour
chaque objet
deV,
d’un dual àgauche
et d’un dual à droite cor-respond
au choix d’unclivage
normalisé de lacatégorie
fibréeD(V)
sur
B+.
Toutes lespropriétés
élémentaires de la dualité dans les ca-tégories monoïdales,
dont la démonstration esttoujours facile,
maisparfois fastidieuse,
se déduisent depropriétés
triviales deD(V).
La structure monoïdale de V se traduit par une structure monoï- dale relative sur
D(V)
au dessus deB± .
On est ainsi conduit à in- troduire la notion decatégorie
monoïdale fibrée au dessus d’une ca-tégorie,
notioncorrespondant
à une formalisation "correcte" de l’in- tuition naïve de"préfaisceau
decatégories
monoïdales" . Cettenotion,
ainsi que celle de
champ
monoïdal sur un site(catégorie
monoïdalefibrée dont la
catégorie
fibréesous-jacente
est unchamp
au sens deGrothendieck-Giraud
[Gi2]), correspondant
à l’intuition de "faisceau decatégories monoïdales",
est destinée àjouer
un rôleimportant
dansles théories "tannakiennes" au-dessus d’une base
qui
n’est pas néces- sairement lespectre
d’un corps, ainsiqu’en cohomologie
non commu-tative.
La définition de la
catégorie D(V) comporte
un choixcanonique,
mais
arbitraire,
du mêmetypo
que le choix habituel d’orientation d’une variétécomplexe (on
aurait pu choisir la conventionopposée).
Cela
consiste, essentiellement,
à considérer le foncteur dual à droitecomme un foncteur de V dans la
catégorie opposée vo,
et le foncteurdual à
gauche
comme un foncteur de V° dans V. Si l’on avaitadopté
la convention
opposée,
on aurait associé à toutecatégorie
monoïdaleautonome
V,
unecatégorie
fibréeD’(V)
surB± ,
defibre,
comme pourD(V) , V
au dessus de + et V° au dessusde - ,
le foncteurimage
réci-l’isomorphisme
de - sur+,
de V dansV°, correspondant,
hérite d’une structure de
catégorie
monoïdale relative. Si V est unecatégorie
monoïdale autonomearbitraire,
lescatégories
monoïdales fi- bréesD( V )
etD’ (V)
ne sont pas engénéral équivalentes.
Il en est ainsisi V
possède
une structuresouveraine,
et alors les structures souve-raines sur V sont en
bijection
avec lesB::!:-foncteurs
monoïdaux stricts deD(V)
dansD’ (V) ,
induisant l’identité sur les fibres au dessus deB+
(qui
sont alors deséquivalences
decatégories
monoïdalesrelatives).
On remarque que cette dernière caractérisation des structures souveraines
garde
un sens, même si lescatégories D(V)
etD’(V)
nesont pas fibrées sur
B± ,
autrementdit,
pour descatégories
monoïdalesV non nécessairement autonomes. On est ainsi conduit à introduire un
certain nombre de structures sur une
catégorie
monoïdale(s-structure,
t-structure, (s, t)-structure souveraine,
trace àgauche,
trace àdroite),
dont la
donnée,
dans le casautonome, équivaut
à celle d’une structure souveraine. La structure laplus
riche est celle de trace àgauche (ou
àdroite),
cette structure induisant une(s, t)-structure
souverainequi,
àson
tour,
induit à la fois une s-structure et une t-structuresouveraine,
satisfaisant à une certaine
propriété
decompatibilité.
L’intérêt de cesrésultats
réside,
entreautre,
dans le fait que bien que lacatégorie
desind-objets
d’unecatégorie
monoïdale autonome souveraine(catégorie d’ind-objets qui
intervient dans certaines constructions tannakiennes[De1])
ne soit pas engénéral
autonome(et
nepossède
engénéral
pas detrace),
elle estcanoniquement
munie d’une(s, t)-structure
souve-raine. De
plus,
on montre que si V est unecatégorie
monoïdale tres-sée
(non
nécessairementautonome),
toute torsion sur V définit une(s, t)-structure
souveraine. Ceci serapproche
du théorème deDeligne
affirmant que, sous
l’hypothèse supplémentaire que V
soitautonome,
les structures souveraines sur V sont enbijection
avec les torsions de V[De2, Ye].
Dans un
prochain article,
on introduira une notion de2-catégorie souveraine, généralisant
celle decatégorie
monoïdale souveraine(qui
est une
2-catégorie
souverainepossédant
un seulobjet,
ou0-cellule).
Dans une telle
2-catégorie,
onpeut
définir une notion detrace, qui permet,
modulo deshypothèses
desemi-simplicité,
definitude,
et denon
dégénérescence, d’associer,
en imitant la construction de Turaev et Viro[TV, T5],
des invariantsnumériques
des variétés de dimen-sion
3,
invariantsqui peuvent
être considérés comme des invariantscohomologiques (non commutatifs),
à coefficients dans la2-catégorie
considérée.
Dans le
premier paragraphe, après
un brefrappel
de la théorie de la dualité dans lescatégories monoïdales,
on définit lacatégorie D(V)
associée à unecatégorie
monoïdaleV,
on traduit les notions liées à la dualité dans V en termes deD(V),
on introduit la notion decatégorie
monoïdale relative au dessus d’unecatégorie,
et on définitune structure de
catégorie
monoïdale relative surD( V )
au dessus deB+ .
On termine par une étude despropriétés
de fonctorialité(en V)
de
D(V) .
Cespropriétés
ne sont pas utilisées par lasuite,
et la lec-ture du numero
correspondant (1.6)
n’est pasindispensable
pour lacompréhension
du reste de l’article. Dans leparagraphe deux, après quelques rappels
sur lescatégories
monoïdales autonomes et les ca-tégories fibrées,
on introduit la notion decatégorie
monoïdale fibrée et on montrequ’une catégorie
mondidale V est autonome si et seule- ment siD(V)
est unecatégorie
monoïdale fibrée surB± .
Le troisièmeparagraphe
commence par unrappel
de la définition descatégories
souveraines. Notre
définition,
bien quelégèrement
différente de celle deYetter,
dont les axiomes s’avèrentredondants,
estéquivalente.
En-suite,
on introduit la notion de t-structuresouveraine,
sur une ca-tégorie
monoïdale non nécessairementautonome,
etpuis
celles de set
(s, t)-structures souveraines,
ainsi que celle de trace àgauche
ou àdroite. On montre que, dans le cas
autonome,
toutes ces structuressont essentiellement
équivalentes,
et on étudie leursrapports,
dans lecas non autonome. On étudie
également
ladescription
des structuressouveraines en termes de foncteurs monoïdaux de
D(V )
dansD’(V) .
Dans le dernier
paragraphe,
on étudie lerapport
entre torsions etstructures
souveraines,
dans lescatégories
monoïdalestressées,
et ondémontre le théorème de
Deligne
mentionné ci-dessus.Dans cet
article,
la volontéd’origine,
visant une meilleure com-préhension
des structuressouveraines,
a conduit à la découverte de§
1. Dualité dans lescatégories
monoïdales.1.1.
Rappels
sur lescatégories
monoïdales.1.1.1. On
rappelle qu’une catégorie
monoidale(stricte)
est untriplet (V, O,I),
où V est unecatégorie, O : V
X V - V un fondeur et 7 unobjet
deV ,
satisfaisant aux conditions suivantes :a)
associativité :(A0B)0C=A0(B0C), A,B,CEOb(V),
(UOV)OW=U(D(vow) u, v, w E Fl(V) ;
;b)
unité :Si
(V, ®, I)
est unecatégorie monoïdale,
il en est de même pour(V °, ®, I ) , (V , 00, I )
et(V°, ®°, I) ,
où V°désigne
lacatégorie opposée
à V et
®°
le bifoncteur0’ : V
x V - V défini par1.1.2. On
appelle foncteur
monoidal de(V, ®, I)
dans une autrecatégorie
monoïdale(V’, 0’, I’)
untriplet (F, $2, cf?o) ,
oùF : V - V’
est un
foncteur,
un
isomorphisme
fonctoriel etun
isomorphisme,
tels que lesdiagammes
suivants soient commutatifs :autrement dit tels que :
1.1.3. On
appelle morphisme fonctoriel
monoïdale de(F, $2? P0)
dansun autre foncteur monoïdal
soient commutatifs :
autrement dit tel que :
On démontre facilement que si a est un
isomorphisme fonctoriel,
alors la condition
(b)
est uneconséquence
de la condition(a).
1.2.
Rappels
sur la dualité dans lescatégories
monoïdales.1.2.1. Soit
(V, O, I)
unecatégorie
monoïdale. Onrappelle qu’une
dualité dans V est un
quadruplet
D =(A, B,
e,n),
où A et Bdésignent
des
objets
de V et eet q
desmorphismes
tels que
(1.2.1.1) (1B
0e)(q © 1 B )
=1B
et(e ® 1A)(1A ® n) = 1A
et on dit alors que A et B sont mis en dualité par
D ,
ou que D est unedualité entre A et B et que
(A,£, n) (resp. (B, e, n) ) (ou,
par abus delangage,
que A(resp. B ) )
est un dual àgauche
de B(resp.
un dualà droite de
A).
Par
exemple, si A = B = I,E, = 1I : 1 O 1 = 1-I et n=1I I -> I = I ® I ,
alorsDo = (l, l, Il, 1I )
est une dualité.Si D =
(A,B,e,1])
est une dualité de(V, ®, I) ,
alors D° -( B, A,,q, s)
est une dualité de(VO, 0, I) ,
D* =( B, A, e, 1])
est une dua-lité de
(v, ®°, I)
et DOp =(A,B,1],e)
est une dualité de(VO,0°,I)
(cf. 1.1.1).
Lemme 1.2.2. Soient D =
(A,B,e,17)
et D’ =(A’,B’,e’,17’)
deuxdualités. Pour tout
couple
demorphismes
u : A -+ A’ et v : B’ -+ Bles conditions suivantes sont
équivalentes :
De
plus,
pour toutmorphisme
u : A -A’,
il existe unmorphisme unique
v : B’ - Bsatisfaisant
aux conditionséquivalentes ci-dessus,
et
réciproquement
pour toutmorphisme
v : B’ -B,
il existe unmorphisme unique
u : A - A’satisfaisant
à ces mêmes conditions.1.2.3. Si les
morphismes
u et v satisfont aux conditions du lemme( 1.2.2),
on ditqu’ils
sont mis en dualité par D etD’,
ou que u est le dual ou letransposé
àgauche
de v relativement à D’ etD ,
ou que v est le dual outransposé
à droite de u relativement à D etD’,
et alorson pose
et On a donc par définition
et
Il résulte aussitôt du lemme que
t(l)D’,D
est unebijection
deHomv(B’, B)
sur
Homv(A, A’)
et quet(r)D,D’
enest la bijection
inverse. Deplus,
siD" =
(A", B", e", q") désigne
une troisième dualité et u’ : A’ - A"et v’ :
B" -
B’ desmorphismes,
il résulte du même lemme queet on remarque que
et
On en
déduit,
commed’habitude, l’unicité,
àisomorphisme unique près,
du dual àgauche,
ou àdroite,
d’unobjet
de V :Proposition
1.2.4. Soient(A, 6’, r)
et(A’ , ê’ , 71’)
deux duaux àgauche
d’un même
objet
B de V. Alors il existe unisomorphisme unique
u : A -- A’ tel que l’une des deux conditions
équivalentes
suivantessoit
satisfaite :
De
plus,
où etl’isomorphisme
inverseu-l
étant donné par laformule
On laisse au lecteur le soin de formuler l’énoncé
analogue
pour deux duaux à droite d’un mêmeobjet.
Proposition
1.2.5. Soientet d eux dualités dans V . Alors
est une dualité dans V .
Il résulte aussitôt de cette
proposition
que si deuxobjets
de Vpossèdent
un dual àgauche
ou àdroite,
il en est de même pour leurproduit tensoriel,
le dual duproduit
tensoriel dupremier
par le second étant leproduit
tensoriel du dual du second par le dual dupremier.
Deplus,
on vérifie facilement quesi- D’1 , D " , D’
etDg désignent
des dua-lités entre
A1
etB1’ , A1"
etB1" A2
etRi
etAit
etB2 respectivement,
et
des
morphismes,
alors on aet
1.2.6. Soient
(V, 0, 1)
et(V’, ®’, I’)
deuxcatégories monoïdales,
un foncteur
monoïdal,
et D =(A, B, e, n)
une dualité dans V . Alorsest une dualité dans V’ notée
(abusivement) F(D) . Proposition
1.2.7. Soientdeux
foncteurq monoidaux,
un
morphisme fonctoriel
monoidal et D =(A, B,
s,r)
une dualité dans V . Alors si l’on Pose(conformement
aux notations cidessus)
et
on a
C)
estisomorphisme
et1.3. La
catégorie D(V)
associée à unecatégorie
monoïdale.1.3.1. Soit
(V, 0, 1)
unecatégorie
monoïdale. On lui associe une ca-tégorie D(V, 0, 1) ,
notéeplus simplement D(V ) ,
définie comme suit :Ob(D(V)):= Ob(V)I10b(VO):= Ob(V)
x{+1,1}
(où
V°désigne
lacatégorie opposée
àV ).
Lesmorphismes
deD( V )
sont définis par
La
composition
"o" dansD(V )
est définie comme suit(en
notant vule
composé (dans V )
de deuxmorphismes u : A ---+ B , v : B ---+ C de
V ).
On laisse le soin au lecteur de vérifier l’associativité de la compo- sition ainsi définie et de constater
qu’en posant
et
on a bien la
propriété
des unités. Demême,
on vérifie facilement queD(VO, ®°, 1)
est lacatégorie opposée
àD(V) (cf. 1.1.1).
1.3.2. Soient
et deux
morphismes
de v . On aet
et
On en déduit que
(A, B,
e,q)
est une dualité si et seulement si e et n sont desisomorphismes
inverses l’un de l’autre dansD(V) .
En par-ticulier,
unobjet
B de Vpossède
un dual àgauche
si et seulementsi il existe
objet
A de V tel(A,1)
soitisomorphe
à(B, -1)
1.3.3. En
gardant
les notations du lemme(1.2.2)
et en considé-rant u
(resp. v )
comme unmorphisme
u :(A, 1)
---+(A’,1) (resp.
v :
(B, - 1)
-(B’, -1))
deD(V) ,
on remarque que les conditions(a), (b), (c), (d)
de ce lemme se traduisent en termes de lacomposition
dans
D(V)
par les relationsce
qui
rend ce lemmeévident,
en tenantcompte
du faitqu’en
vertude ce
qui précède, - et q
ainsi que e’ etq’
sont desisomorphismes
inverses l’un de l’autre.
De
même,
toutes les assertions de(1.2.3)
deviennent évidentes et les définitions detlD,’D
ett(r)D,D’ se
traduisent par les formuleset
Enfin, l’unicité,
àisomorphisme près,
d’un dual àgauche
ou à droitene fait que traduire l’assertion que deux
objets
deD(V) isomorphes
àun troisième sont
isomorphes
entre eux.1.4.
Catégories
mondidales au dessus d’unecatégorie.
1.4.1. On se fixe une
catégorie
B. Onrappelle qu’une catégorie
aud essus d e B ou
B-catégorie
est un foncteur G : A - B d’une ca-tégorie
A dansB , qu’un morphisme
ouB-foncteur
de laB-catégorie
G : A --+ B dans une autre G’ :
A’ --+
B est un foncteur F : A --+A’
tel que G = G’ F et
qu’un B-morphisme fonctoriel
du B-foncteurF : A -
,4’
dans un autre F’ : A --+A’
est unmorphisme
fonctoriela : F - F’ tel que pour tout
objet
A eOb(A),
aA :F(A) - F’(A)
soit un
morphisme
vertical deA’.
Onrappelle
que si G : A --+ B dé-signe
uneB-catégorie,
on ditqu’un morphisme v :
A - B de A estvertical
(relativement
àG)
siG(v) = 1G(A) .
Si Xdésigne
unobjet
de
B ,
onappelle fibre
de G(ou
deA)
au dessus de X et on noteAx
la
sous-catégorie
de A dont lesobjets
sont lesobjets
A de A tels queG(A)
= X et lesmorphismes
lesmorphismes
verticaux entre tels ob-jets.
Un B-foncteur F : A - A’ induit un foncteurFx : A x - A’X
etun
B-morphisme
fonctoriel a : F - F’ induit unmorphisme
fonctoriela(X) : Fx - FX. .
1.4.2. On
appelle B-catégorie monoidale,
untriplet (V -G B, 0, IO) ,
où G : V - B est une
B-catégorie
etdes B-foncteurs
(B
étant considérée comme uneB-catégorie
par18 :
B ---+B)
satisfaisant aux conditions :a)
associativité : lediagramme
suivant est commutatifb)
unité : lediagramme
suivant est commutatifOn se
gardera
de croirequ’une B-catégorie
monoïdalesoit,
engénéral,
unecatégorie
monoïdale. Enrevanche,
pour toutob jet X
deB ,
la structure deB-catégorie
monoïdale de V induit une structure de1.4.3. Un
B-foncteur
monoïdal de(V g, 8,0,1)
dans une autreB-catégorie
monoïdale(V’ G’ B, ©’, I’)
est untriplet (F, 02, O0) ,
oùF : V -
V’
est unB-foncteur,
et
des
B-isomorphismes fonctoriels,
tels que pour tousA, B,
C EOb(V)
tels que
G(A)
=G(B)
=G(C),
lediagramme (1.1.2.1)
soit commu-tatif,
et pour tout A eOb(V)
lediagramme
soit commutatif.
Affirmer la commutativité de ces
diagrammes équivaut
à affirmerque pour tout
objet X
de Ci letriplet (FX, p2(X), P0,x)
est un foncteurmonoïdal de la
catégorie
monoïdale(VX, Ox, I(X))
dans lacatégorie
monoïdale
(V’X, 0’x I’(X)).
On dit que le 8-fonceur monoïdal
(F, D2, O0 )
est strict siet les
isomorphismes
fonctoriels02 et 1>0
sont lesisomorphismes
fonctoriels
identiques.
Alors le 8-foncteur monoïdal(F, 1>2, 1>0)
estdéterminé par la seule donnée du foncteur
F ,
et ondit,
par abus delangage, que F
est un B-foncteur monoïdal strict.1.4.4. Un
8-morphisme fonctoriel
monoidal du B-foncteur monoïdal(F, 02 , O0 )
dans un autreest un
B-morphisme
fonctoriel a : F - F’ tel que pour tous A etB, A,
B EOb(V)
vérifiantG(A)
=G(B) ,
lepremier
desdiagrammes (1.1.3.1)
soitcommutatif,
ainsi que pour tout X eOb(B),
le dia-gramme
Affirmer la commutativité de ces
diagrammes
revient à affirmer que pour toutobjet X
de B lemorphisme
fonctoriela(X): Fx - F’X
est un
morphisme
fonctoriel monoïdal de(Fx, I>2(X), O0,x)
dans(F’X.P’(X)2 P’0,X )
1.4.5. Soient
(VG, B, ®, I )
une8-catégorie
monoïdale et H : B’ --+ Bun foncteur. Soient V’ la
catégorie produit fibré V’ =
Vx B B’
etG’ :
V’
--+ B’ la deuxièmeprojection.
On vérifie aussitôtqu’on
définitune
8’ -catégorie
monoïdale(V’ G, B’ , ©’, I’ ) ,
enposant
et en identifiant V
X8 V X8 B’
à V’ X8’V’
et B X8 B’ à B’ . On ditque la
B’-catégorie
monoïdale(V’ G’, B’, 0’,1’)
estl’image réciproque
de la
B-catégorie
monoïdale(V 2 B, ®, I )
par le foncteurH ,
et onécrit
En
particulier,
si Xdésigne
unobjet
de8,
B’ lasous-catégorie
de 8dont le seul
objet
est X et le seulmorphisme 1X ,
et H le foncteurd’inclusion,
alorsH* (VG, f?,0,7)
s’identifie à lacatégorie
monoïdalefibre
(VX, ®X, I(X ))
au dessus de X .1.4.6. Soient
(VG, B, ®, I ) (resp. (V’G,’ B’, ®’, 1’) )
uneB-catégorie
1.4.?. Soit
(V --G 3, ®, I )
uneB-catégorie
monoïdale. Encomposant
® avec le B-foncteur
défini par
T(A, B) = (B, A) , (A, B)
EOb(V X8 V)
etT(u, v) = (v, u) , (u, v)
EFÊ(V
x BV) ,
on définit un B-foncteuret on vérifie aussitôt que
(V G, B, 00,1)
est une8-catégorie
monoi-dale.
Supposons
maintenant que lacatégorie B
soit ungroupoïde,
etdésignons
par t le foncteurcontravariant, involutif,
défini paret
Alors,
si l’on poseet
où V’
désigne
lacatégorie opposée
àV,
on vérifie facilement que(V° -G--’+o B, ©, 1’)
est uneB-catégorie
mondidale.Enfin,
encombinant
les deux
procédés
ci-dessus on déduit une nouvelleB-catégorie
monoï-dale
(V° --+ B, 0, I°).
1.5. Structure de
catégorie
mondidale relative surD(V).
1.5.1. Soit
B±
lacatégorie
dont l’ensemble desobjets
est{+, - }
et dont les seules flèches sont
1 + , 1- , f :
+ ---+ - et g : - ---> +assujetties
aux relationsgf
=1+
etfg
= 1- .La
catégorie B+
est ungroupoïde.
1.5.2. Si
( V,
0,I) désigne
unecatégorie monoïdale,
il existe un fonc- teurunique
tel que pour tout
objet
A de Vet
Le foncteur G nous
permet
de considérerD(V)
comme une8±-catégo-
rie. On va définir une structure de
B±-catégorie
monoïdale surD(V).
Pour
cela,
on va définir desB+-foncteurs
et
Le foncteur 181 est défini comme suit. Au niveau des
objets,
on doitdéfinir
(A, s) M (B,s) ,
pourA,
B EOb(V)
et s E{+1, -1} .
On poseAu niveau des flèches on doit définir u 181 v pour u :
(A, s)
-(B, t) ,
v :
(C, s)
-(D, t) ,
u, v EFl(V(V)), A, B, C, D
EOb(V),
s, t E
{+1, -1} .
Enfin,
le foncteur I est défini sur lesobjets
paret sur les flèches par
Une
simple vérification,
laissée aulecteur,
montrequ’on
a le théorème suivant.Théorème 1.5.3. Le
triplet (D(V)G- B=,O,I)
est uneB+-catégorie monoid al e, la fibre
au d essus d e +(resp.
au dessusd e - ) s’identifiant canoniquement à la catégorie
monoidale(v, ®, I) (resp. (VO,0°,I) (cf. 1.1.1)).
1.5.4. On remarque que la
proposition ( 1.2.5) signifie simplement
quele
produit
tensoriel de deuxisomorphismes
dansD(V)
est encore unisomorphisme
et que l’inverse del’isomorphisme produit
tensoriel estle
produit
tensoriel des inverses desisomorphismes
donnés. Eneffet,
en
gardant
les notations de cetteproposition,
on aLes formules 1.2.5.1 et 1.2.5.2 résultent
également
aussitôt de 1.5.4.1 et de 1.3.3.1.autre que la
8±-catégorie
monoïdale(D(V)°G° ---+ B::!:,l8Jo,IO) (cf.
1.4.7et
1.3.1).
1.6.
Propriétés
de fonctorialité deD(V) .
1.6.1. Soient
(V, Q,I ) et (V’, 0’,1’)
deuxcatégories
monoiciales etun foncteur monoïdal. On va définir un foncteur
Pour tout
objet
A de V et tout s e{+1, -1},
on poseSi u
désigne
une flèche deD(V),
on définitDF(u)
comme suitOn laisse au lecteur le soin de vérifier
qu’on
a bien défini ainsi unfoncteur.
1.6.2. Si l’on considère
D(V)
etD(V’)
munies de leurs structures deB±-catégories
monoïdales(cf. (1.5.2))
le foncteur DF se
prolonge
en unB+-foncteur
monoïdalcomme suit.
a)
s=l.Onaet
On doit donc définir
On pose
et
On doit donc définir
On pose
De même on définit le
morphisme
fonctorielcomme suit.
Une
longue
etpénible
suite de vérificationsmontre,
sanssurprise, qu’on
a ainsi bien défini un8±-foncteur
monoïdal. Lasurprise
nevient que si l’on essaie de continuer le
procédé
pour unmorphisme
fonctoriel. On constate alors
qu’on
doitélargir
cette notion.1.6.3. Soient F et F‘ deux foncteurs d’une
catégorie A
dans unecatégorie A’
etA+
et A- deuxsous-catégories pleines
de A telles que(La
donnée deA+
et A_équivaut
à la donnée d’un foncteur G : A -4B± ,
autrement dit à la donnée d’une structure deB±-caté- gorie
surA,
de sorte queA+ (resp. A- )
soit la fibre de G au dessus de +(resp.
au dessusde - ) ).
Onappelle Pseudo-morphisme foncto-
riel de F dans F’ relativement à
(A+,A_)
la donnée pour toutobjet
A de A d’un
morphisme
aA de A’ de sourceF(A) (resp. F’(A) )
etde but
F’(A) (resp. F(A) )
si A EOb(A+) (resp.
si A eOb(A-) )
satisfaisant à la
propriété
suivante. Pour toutmorphisme
u : A - BdeAona:
a)
siA,
B EOb(A+),
alors lediagramme
suivant est commutatifautrement
dit,
la restriction de a àA+
est unmorphisme
fonctorielde la restriction de F à
A+
dans la restriction de F’ àA+ ;
b)
siA,
B EOb(A-),
alors lediagramme
suivant est commutatifautrement
dit,
la restriction de a à A- est unmorphisme
fonctorielde la restriction de F’ à A- dans la restriction de F à
A- ;
c)
si A EOb(.4+),
B EOb(A-),
alors lediagramme
suivant estcommutatif
autrement
dit,
d)
si A EOb(A-) , B
EOb(A+),
alors lediagramme
suivant estcommutatif
autrement
dit,
On remarque que si pour tout A e
Ob(A-)
aA estinversible,
direque a est un
pseudo-foncteur
de F dans F’ relativement à(A+,A-) équivaut
à dire que(a | A+) ll( a 1 A- )-1
est unmorphisme
fonctorielde F dans F’ .
Proposition
1.6.4.Soient A, A’, F, F’, A+ ,
A- commeci-dessus,
cx : F -> F’ un
psendo-morphisme fonctoriel
de F dans F’ relative-ment à
(A+, A-),
A unobjet
deA+
et B unobjet
de A- . Alorssi A et B sont
isomorphes
dansA,
lesmorphismes
aA et aB sont desisomorphismes
et 3i u : A --+ Bdésigne
unisomorphisme
etu-1 l’isomorphisme inverse,
on aet
DÉMONSTRATION.
En vertu de(1.6.3.5)
et(1.6.3.7),
on aet d’où
et
ce
qui
démontre laproposition.
1.6.5. Soient une
catégorie, (V 2 B, 0, 1)
et(V’ --+ 1 B, ®’, I’ )
deuxB-catégories monoïdales, (F, tP2, (DO)
et(F’, P’2, (D)
deux B-foncteurs monoïdaux de lapremière
dans la seconde etV+
et V_ deux sous-catégories pleines
de V telles queet telles que pour tout A e
Ob(V+) (resp. A
EOb(V-) )
et toutB e
Ob(V)
tel queG(B) = G(A)
on ait B eOb(V+) (resp.
B E
Ob(V-) ) (cela équivaut
à dire que le foncteur H : V -B±
cor-respondarit
à(V+, V-) (1.6.3)
se factorise par8 ).
SoientB+ (resp.
B- )
lasous-catégorie pleine
de B telle queet
V+ (resp. V’- )
lasous-catégorie pleine de V’
telle quePar restriction de G à
V+ (resp.
à V-), de 0
àV+ XB+V+ (resp.
àV- X8-
y- )
et de I àB+ (resp.
àB- ),
on en déduit uneB+-catégorie (resp.
uneB-catégorie)
monoïdaleet de
même,
par restriction deG’ , (8)’ , I’ ,
uneB+-catégorie (resp.
une
B-catégorie)
monoïdaleEnfin,
par restriction de F àV+ (resp.
àV-),
de$2
àV+ X8+ V+
(resp.
à V- X8-V- )
et de-1),o à B+ (resp.
àB- ),
on en déduit unB+-foncteur (resp.
unB_-foncteur)
monoïdalet de
même,
par restriction deF’ , P’2 , P’0,
unB+-foncteur (resp.
unB_-foncteur)
monoï dal(F’+,P’2+,P’0+): ( v + G+, B+ , O+ , I+ )
-( v’ + G+ B+ , O’+ , I’+ )
(resp.
(F’-P’2-,P0-) : (V- G, B-, O - , I- ) - (V’- G’- B_,O’ I_’))
On dit
qu’un pseudo-morphisme
fonctoriel cx : F - F’ relative- ment à(V+, V-)
est unB-pseudo-morphisme fonctoriel
monoidal de(F, $2? P0) dans (F’, P’2, p’0)
relativement aucouple (V+, V-)
si la res-triction de a à
V+
est unB+-morphisme
fonctoriel monoïdal de(F+, P+2, P+0)
dans(F’+, P’2 +, P’0 +)
et la restriction de a à V - unB - -morphisme
fonctoriel monoïdal de(F’ - , P’0 - , P’0 -)
dans( F- , P2 , P0) .
1.6.6. Soient
deux foncteurs
monoïdaux,
a :(F, -P2, -P0)
-(F’, -P2, -P0)
un mor-phisme
fonctoriel monoïdal etles
B±-foncteurs
monoïdaux associées(1.6.2).
Ondésigne
parD+ (V) (resp. D_(V) )
la fibre deD(V)
au dessus de +(resp.
au dessus de- ).
Aumorphisme
fonctoriel acorrespond
unB±-pseudo-morphisme
fonctoriel monoïdal
Va
de(DF, DP2, Dp0)
dans(DF’, DI>’2, Dp’0)
relativement à
(D+(V), D_(V))
défini parVa(A,s)
= aA , pourA E
Ob(V)
et s e{+1, 20131}.
Pour démontrer que Da est unpseudo- morphisme fonctoriel,
on remarque que les conditions(a)
et(b)
de(1.6.3)
sont évidentes. Vérifions la condition(c).
On doit montrer quepour tout
morphisme
on a
En effet on a
La condition
(d)
se démontre defaçon analogue
et on vérifie immé- diatement que lepseudo-morphisme
fonctoriel a est unB±-pseudo- morphisme
fonctoriel monoïdal.On remarque que la
proposition (1.2.7)
estconséquence
de cequi précède,
de laproposition (1.6.4)
et du lemme(1.2.2).
1.6.7. En
gardant
les notationsci-dessus,
si a est unisomorphisme
fonctoriel
monoïdal,
on poseet alors Da est un
8±-morphisme
fonctoriel monoïdal(et
même unisomorphisme).
On a ainsi défini un 2-foncteur D de la2-catégorie
dont les
objets
sont lescatégories monoïdales,
les 1-flèches lesfonc-
teurs monoïdaux et les 2-flèches les