• Aucun résultat trouvé

Prévenir l urgence N 147. Une longueur d avance. Peaux et troupeaux. Le magazine du développement agricole et rural des pays ACP

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Prévenir l urgence N 147. Une longueur d avance. Peaux et troupeaux. Le magazine du développement agricole et rural des pays ACP"

Copied!
28
0
0

Texte intégral

(1)

AGRObiOdiveRsité

Une longueur d’avance

petits RuminAnts

Peaux

et troupeaux

Aide AlimentAiRe

Prévenir l’urgence

inteRview Michael Hailu, nouveau directe ur du CTA : “Faire c arrière dans l’agricultur e, c’est possible !”

N°147

juiN-juiLLET 2010 le magazine

du développement agricole et rural des pays ACp

http://spore.cta.int

(2)
(3)

4 | À la une 6 | Actualités 7 | Agriculture 8 | Élevage et pêche 9 | Environnement 10 | Recherche 11 | Business 12 | Interview 13 | DOSSIER

Agrobiodiversité : une longueur d’avance

enrayer le déclin de la biodiversité agricole est impératif. surtout pour les pays ACp.

17 | Point de vue

Chief Nelson Neuso : tradition et conservation

le leader zimbabwéen nous explique pourquoi les cultures vont mieux quand l’environnement est préservé.

18 | Reportage

Namibie : un trésor enfoui

la “griffe du diable”, Harpagophytum zeyheri, au secours des san de namibie.

20 | Focus

Petits ruminants 21 | Publications 25 | Nouvelles du CTA

AGRObiOdiveRsité

Une longueur d’avance

Éditorial

L’agriculture évolue. Spore fait sa révolution. Fer de lance du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) dans son action en faveur des pays ACP, votre magazine est l’un des rares produits

d’information encore accessibles là où les pistes s’ensablent et où il n’existe pas de kiosque à journaux. Le voici désormais plus varié, et toujours aussi riche !

Tous les deux mois, il vous présentera, en 28 pages, l’essentiel de l’information enmatière de développement agricole et rural ACP.

Dès la prochaine parution, cet éditorial y décryptera l’actualité. De nouvelles rubriques voient le jour : “Élevage”,

“Commerce”, “Environnement”… jusqu’à la page “Business” où l’on découvrira de vraies réussites entrepreneuriales et des sources d’inspiration pour les business modèles de demain.

Spore figurait déjà sur les bureaux des ministres, mais il lui manquait parfois un zest d’insolence. Un invité de marque se prête désormais aux questions de la rédaction.

Cette interview acérée donne le ton. Le magazine n’oublie pas les faits et le partage du savoir. Il en va ainsi du dossier central, qui analyse les grands sujets du moment, mais vous emmène, aussi, en reportage, à la rencontre de ceux qui font l’agriculture, façonnent et pensent le monde rural. Enfin, votre point de vue n’est pas oublié. Votre courrier sera désormais publié dans chaque numéro et, pour mieux vous servir, Spore multiplie les graphiques, fait la part belle à la photographie et adopte une mise en page limpide et aérée. Alors, écrivez-nous ! Faites-nous part de vos découvertes ou de vos réactions… et bonne lecture !

La rédaction La rédaction

DOSSIER

13

Aide AlimentAiRe

Prévenir l’urgence

À LA UNE

4

miChAel hAilu

Le moment où jamais…

INTERvIEw

12

Photo de couverture : © Alamy/Hemis.fr

spORe n° 147 - juin-juillet 2010

AGROBIODIVERSITÉ Une longueur d’avance PETITS RUMINANTS Peaux et troupeaux

AIDE ALIMENTAIRE

Prévenir l’urgence

INTERVIEW Michael Hailu, nouveau directeur du CTA : “Faire carrière dans l’agriculture, c’est possible !”

N°���

JUIN�JUILLET ����

Le magazine du développement agricole et rural des pays ACP http://spore.cta.int

Partageons les connaissances au profi t des communautés rurales

est le magazine bimestriel du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA). Le CTA est régi par l’Accord de Cotonou entre le groupe des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et l’Union européenne, et financé par l’UE. • CTA • Postbus 380 • 6700 AJ Wageningen, Pays-Bas

• Tél. : +31 317 467 100 • Fax : +31 317 460 067 • E-mail : cta@cta.int • Site Web : www.cta.int • DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Michael Hailu • COMITÉ DE RÉDACTION : Thierry Doudet, Stéphane Gambier, Anne Legroscollard, Isolina Boto, Vincent Fautrel, José Felipe Fonseca, Karen Hackshaw, Ibrahim Tiémogo • RÉDACTION : Directrice de la rédaction : Marie-Agnès Leplaideur • Rédactrice en chef de la version française et coordinatrice : Denise Williams • Syfia International, 20 rue du Carré-du-Roi, 34 000 Montpellier, France • Rédactrice en chef de la version anglaise : Clare Pedrick • Via dello Spagna 18, 06049 Spoleto (PG), Italie • Version portugaise : Manuela Paixão • CORRESPONDANTS : N. Ackbarally (Maurice), B. Bafani (Zimbabwe), I. Esipisu (Kenya), R. Gildharie (Guyana), A. Labey (France), C. Nforgang (Cameroun), F. Patard (France), J.-M. Saint-Fleur (Haïti), M. Seck (Sénégal), B. Simona (Congo), S. Van Bosch (Namibie), A. Wandimoyi (RD Congo), F. Zvomuya (Afrique du Sud) • AUTRES CONTRIBUTEURS : J. Bodichon, L. de Araújo, F. Idir Le Meur, IlO traduction, D. Manley, Tradcatts • DESIGN ET MISE EN PAGE : Intactile DESIGN, France • IMPRESSION : Pure Impression, France • © CTA 2010 – ISSN 1011-0054

SOmmAIRE

(4)

V

ingt millions de personnes en Afrique de l’Est – Burundi, Éthiopie, Kenya, Somalie, et Soudan –, près de 10 millions en Afrique de l’Ouest, Niger en tête, ont faim actuellement… Vingt et un pays africains auront besoin d’aide alimentaire immédiate en 2010, selon la FAO. Ces secours sont destinés à parer à des situations d’urgence souvent liées à des catastrophes naturelles mais qui peuvent aussi résulter de conflits ou de politiques agricoles inappropriées. L’aide alimentaire d’urgence représente aujourd’hui entre la moitié et les deux tiers de l’aide alimentaire apportée chaque année à l’Afrique, bénéficiaire de plus de la moitié de celle distri- buée dans le monde. Depuis les années 1980, les situations d’urgence y ont triplé, malgré les quelque 2,25 milliards € d’aide alimentaire fournis chaque année à ce continent et les 25 milliards € d’achats de produits importés.

Dans les années 1990, les pays africains bénéficiaient essentiellement de l’aide programme afin d’acheter des céréales pour combler le déficit entre la demande natio- nale et la production locale. La vente de ces céréales à la population leur procurait, en outre, des fonds de contre- partie. Une autre forme d’aide, qui a été largement utilisée ces dernières décennies, vise à permettre aux populations les plus vulnérables de développer des activités rentables sans avoir à dépenser pour leur alimentation. C’est aussi le cas des programmes comme Vivres contre travail ou Vivres contre formation qui se sont multipliés. Désormais, c’est l’aide d’urgence, laquelle nourrit aux plus vite ceux qui n’ont plus rien à cause de catastrophes naturelles ou de conflits, qui domine. Dans ces cas-là, l’aide est donnée directement à ceux qui en ont besoin et non aux États.

Actuellement, c’est le cas pour près des trois quarts de l’aide.

Toutes aides confondues, les principaux donateurs res- tent les USA, l’UE et le Japon, mais la majeure partie de leurs dons passe aujourd’hui par les agences internationa- les comme le Programme alimentaire mondial (PAM) qui distribue plus de la moitié de l’aide mondiale. Il faut aussi compter avec les grandes ONG internationales ou natio- nales – souvent opérateurs du PAM – et les entreprises privées. Cette multitude d’intervenants complique parfois la répartition et la distribution des stocks, surtout lorsque certaines crises ont eu un fort écho médiatique. Les États et les sociétés civiles se plaignent de ne pas y être toujours suffisamment associés. Le gouvernement rwandais, lui, a même décidé de refuser, sauf en cas d’extrême urgence, les distributions alimentaires pour pousser les gens à se nourrir eux-mêmes.

Résumant les principales critiques faites à ces dons, le Club du Sahel note que l’aide alimentaire ne répond pas nécessairement à l’évolution des besoins de sécurité ali- mentaire des populations des pays en développement, ni aux intérêts de leur production agricole.

Aide déliée

Qu’elle soit d’urgence ou non, il a été pendant longtemps reproché aux donateurs de faire de l’aide un exutoire pour leurs excédents agricoles. Si la position de l’UE a changé son aide est aujourd’hui déliée, c’est-à-dire que les dons ne sont plus prélevés obligatoirement sur les stocks euro- péens –, celle des USA est restée sensiblement la même : 75 % des dons doivent être effectués en produits améri- cains et les USA alimentent le PAM à hauteur de 60 %. Il en résulte une concurrence avec les productions locales, comme l’a reconnu Bill Clinton, ancien président des

Aide AlimentAiRe

Prévenir l’urgence

L’aide alimentaire répond de plus en plus souvent à des urgences. Pour les prévenir, les donateurs préfèrent aujourd’hui acheter localement et développer l’agriculture longtemps concurrencée par les dons.

Au Sud Soudan, des femmes tirent des sacs largués par le PAM vers le point de distribution.

À LA UNE

(5)

États-Unis, devant la Commission des affaires étrangè- res du Sénat américain en mars dernier. Les exportations de riz américain ont contribué à l’effondrement de la pro- duction locale haïtienne et l’abondante aide envoyée pour conjurer les crises humanitaires, et souvent vendue sur les marchés, a nui grandement à l’agriculture de ce pays.

En outre, selon Save the Children en République démocratique du Congo, l’acheminement des céréales y coûte 15 fois plus cher que l’achat sur le marché local.

Ailleurs, l’aide importée coûte aux donateurs 30 à 50 % de plus que des achats locaux. De plus, les durées d’achemi- nement sont plus longues, 4 ou 5 mois en moyenne contre un mois.

Diversifier les formes d’aide

Se fournir sur place est donc désormais privilégié. Au cours des six premiers mois de 2009, le PAM a acheté 74 % des aliments dans les pays en développement. Il a aussi lancé des programmes “Achats pour le progrès” de leur production à de petits agriculteurs à prix équitables.

Ceux-ci bénéficieront de formations, d’infrastructures, d’intrants…

En Sierra Leone, la coopérative des agricultrices de Koinadugu (750 femmes) fournit du riz au PAM acheté à un prix fixe, ce qui a permis d’accroître la production et d’envoyer les enfants à l’école. Au Mali, l’ONG Afrique Verte et son partenaire AMASSA (Association malienne pour la sécurité et la souveraineté alimentaires) aident les petits agriculteurs à produire régulièrement et d’une qualité répondant aux exigences du PAM. Bien souvent, en effet, les achats locaux s’avèrent difficiles car, faute de marchés or- ganisés, l’approvisionnement n’est pas toujours fiable, en quantité comme sur les délais, et les pro- duits fournis ne répondent pas tou- jours aux critères demandés. Enfin, il faut veiller à ce que ces achats ne fassent pas monter les prix et n’en- gendrent pas de pénuries locales.

C’est pourquoi, estime le pré- sident de la Banque mondiale, Robert Zoellick, “dans bien des cas, il est bon de fournir un appui en espèces ou sous forme de coupons, plutôt que sous forme d’aliments, ce qui peut contribuer, localement, à la constitution de marchés ali- mentaires et à l’accroissement de la production agricole”, sans faus- ser les marchés.

Le PAM favorise aussi le redé- marrage de la production dans les projets Liens entre l’aide d’ur- gence, la réhabilitation et le déve- loppement (LARD). En Éthiopie, le projet MERET aide les communau- tés à construire des barrages et à creuser des puits pour éviter la dé- sertification, accroître et diversifier leurs cultures.

Sont plus particulièrement ciblés, dans ces projets, les réfugiés et déplacés, et les plus vulnérables – malades du sida, femmes et, en particulier, écoliers pour les inciter à aller en classe.

Règles à suivre

Ces nouvelles orientations sont au centre des discus- sions sur La charte pour la prévention et la gestion des crises alimentaires, révision de la Charte de l’aide alimentaire de 1990 du Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), et sur la renégociation de la Convention relative à l’aide alimentaire (CAA). Le concept d’assistance alimentaire y remplacerait celui d’aide, élargissant ainsi la panoplie des moyens utilisables : aide en nature, en argent, en outils… Les deux documents insistent sur la nécessité de bien connaître les situations et d’améliorer les systèmes d’alerte précoce, qui reposent à la fois sur des mesures scientifiques et des connaissances empiriques, pour anticiper les crises et intervenir très rapidement. La transparence des opérations et la participation de tous les acteurs figurent aussi parmi les règles à suivre.

Réduire la vulnérabilité des pays est le maître mot. Il faut agir sur les causes structurelles de l’insécurité alimentaire – difficultés d’accès au marché, manque d’intrants, baisse des prix, conflits, problèmes politiques ou nutritionnels – qui amplifient les facteurs conjoncturels. S’attaquer aux racines de ces maux est indispensable pour assurer dura- blement la sécurité alimentaire des populations, qui passe avant tout par leur capacité à se nourrir elles-mêmes.

CAA

Convention relative à l’aide alimentaire http://tinyurl.com/25tv84h

CTA

18e Briefing de Bruxelles

L’aide humanitaire et le développement rural dans les pays ACP

http://tinyurl.com/23xnwqq

FAO

Situation alimentaire mondiale http://tinyurl.com/yg2fd3q

Forum de Bamako

www.forum-bamako.org/news.php

OCDE / Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest

Charte de l’aide alimentaire http://tinyurl.com/2algkxr

Programme alimentaire mondial

www.fr.wfp.org

Réseau de prévention des crises alimentaires

www.food-security.net

Pour aller plus loi n

à la une

© IRIN 2010

(6)

tiC Téléphones portables pour données rurales

Grâce à un système développé pour les régions reculées des pays du Sud, les télé- phones portables peuvent à présent servir à collecter les données. Le Kit de données en partage (ODK) conçu par les chercheurs de l’Université de Washington (USA) est un jeu d’outils gratuit qui utilise Android, un système mobile en open source pour collec- ter et traiter l’information.

Selon les chercheurs, le potentiel d’ODK est élevé en matière de collecte d’un lar- ge éventail de données rurales. “Il existe

COtOn

L’or blanc dans le rouge

La production africaine de coton a baissé de 42 % entre 2004 et 2009, chutant de 2 à 1,17 million de tonnes de fibres. En Afrique de l’Ouest et du Centre qui produisent environ 60 % du coton du continent, la baisse atteint les 50 %. Une chute attribuée à la baisse des cours mondiaux de ces dernières années, à la flambée du prix des intrants, mais aussi à la montée en puissance de la concurrence asiatique. Les 37 pays africains qui cultivent l’or blanc n’assurent plus que 2,5 % de la production mondiale alors que près de 25 millions de personnes sur le continent dépendent du coton. Seule exception notable, le Burkina, devenu le premier producteur du continent et où le coton est OGM à 95 %.

hAÏti

L’urgence

du long terme

Quatre mois après le séisme qui a ravagé Haïti le 12 janvier 2010, les actions d’ur- gence se prolongent pour nourrir et loger les victimes de cette catastrophe tandis que les autorités haïtiennes tentent, avec l’appui de la communauté internationale, de relancer un secteur agricole déstabilisé.

Alors que la saison culturale de printemps est entamée, les campagnes haïtiennes doi- vent à la fois faire face à la destruction de nombreuses infrastructures (routes, marchés, canaux d’irrigation, unités de transformation de la canne à sucre…) et à l’afflux des cita- dins. Les petits agriculteurs, déjà en situation précaire pour la plupart d’entre eux, ont dû sacrifier du bétail et parfois épuiser leurs se- mences pour nourrir les nouveaux venus.

Avant le tremblement de terre, les paysans haïtiens assuraient, sans grands moyens, 40 % de la nourriture du pays, selon le Fonds inter- national de développement agricole (FIDA), le reste étant importé. Leur apport est aujourd’hui plus vital que jamais : le nombre d’Haïtiens en proie à l’insécurité alimentaire atteint plus de 2,5 millions sur huit millions d’habitants.

Le gouvernement haïtien, par le biais de son ministre de l’Agriculture, a demandé aux bailleurs internationaux de veiller à ce que leur aide ne devienne pas un obstacle à la relance de la production locale. La distribution rapide d’intrants et d’outils agricoles, promise par la FAO, pourrait apporter une bouffée d’oxygène à plus de 600 000 paysans.

de nombreuses organisations qui travaillent sur toutes sor-

tes de projets pour améliorer différents aspects dans les pays du Sud, selon le scien-

tifique Carl Hartung. Les outils que nous avons dé-

veloppés peuvent aider ces derniers à collecter diverses données et à les analyser très rapi- dement.”

Ce système aide déjà les agents de santé communautaires à locali- ser les maladies et à effectuer des tests sur les patients dans le cadre du Modèle académique pour l’accès aux services de santé (AMPATH) dans les zones rurales du Kenya. À Zanzibar, le personnel des services communautaires de santé vétérinaire se sert d’ODK pour col- lecter des informations fournies par les pro- priétaires de bétail, tandis qu’en Ouganda le système guide le développement de Farmer’s Friend, un service de téléphonie mobile qui dispense des conseils agricoles par SMS.

http://code.google.com/p/open-data-kit

FinAnCement

Transparence du développement

Ce service en ligne de suivi du financement du développement propose une information complète et précise sur l’aide dans le monde entier. Gratuit et accessible à tous via un portail internet facile à utiliser, Aiddata recense près d’un million de documents sur ce financement. les utilisateurs peuvent effectuer des recherches par mots-clés, bailleurs ou régions.

www.aiddata.org

OGm Croissance à deux vitesses

les cultures génétiquement modifiées occuperaient aujourd’hui environ 134 millions d’hectares et leur surface continuerait d’augmenter surtout dans les pays en développement, se félicite un rapport du service international pour l’acquisition des applications agro- biotechnologiques (isAAA). les Amis de la terre, eux, rappellent que 99 % des OGm sont cultivés pour les agrocarburants et l’alimentation animale.

libRe ACCÈs

Combler les lacunes du savoir

une plateforme de distribution de revues à comité de lecture sur les biosciences ambitionne d’aider à réduire la fracture internationale concernant les savoirs.

bioline international est une coopérative d’édition scientifique œuvrant pour un libre accès à une information de qualité sur la santé, la biodiversité, l’environnement, la conservation et le développement international.

www.bioline.org.br

ACTUALITÉS

© J M Saint-Fleur © Syfia International © Open Data Kit

(7)

mAÏs Variétés performantes

Des chercheurs travaillent au développement de variétés de maïs adaptées aux faibles quantités d’engrais que les agriculteurs africains ont les moyens de se procurer. Les rendements de ces petits paysans d’Afrique subsaharienne sont très inférieurs à ceux des pays du Nord, essentiellement en raison de la pauvreté des sols et de leur accès limité aux engrais. Le projet Maïs amélioré pour les sols africains (IMAS), géré par le Centre international d’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT) et ses partenaires, mobilise des outils biotechnologiques et utilise des approches transgéniques ainsi que des techniques de reproduction classiques pour mettre au point des variétés à rendement 30 à 50 % supérieur. Les nouvelles variétés seront libres de droits pour les sociétés semencières qui vendent aux petits paysans.

RAvAGeuRs

L’ail contre

l’araignée rouge

Au Sénégal, une équipe de chercheurs du laboratoire d’entomologie et d’acarologie du dé- partement de biologie de l’Université de Dakar a fait le bilan de cinq années de vulgarisation, auprès des horticulteurs, de l’utilisation de l’ail pour lutter contre l’araignée rouge (Tetranychus evansi). Cet acarien, originaire d’Amérique du Sud, est particulièrement redouté des produc- teurs sénégalais de tomates et autres solanacées car il est capable d’anéantir les récoltes.

L’ail s’est révélé un acaricide efficace dans la lutte biologique. La solution utilisée pour le traitement se compose de 100 g d’ail pilé et d’un demi-litre d’eau mélangé à 10 g de savon de Marseille. On traite bien la face inférieure des feuilles sans arroser de toute la journée.

Deux traitements, espacés de six jours, suffi- sent pour éradiquer T. evansi. À condition, re-

commandent les chercheurs, de détecter très tôt sa présence. L’insecte entouré de sa toile est visible sur la face inférieure des feuilles qu’il pique pour en sucer la sève, ce qui provoque d’abord leur jaunissement puis leur chute, parfois fatale pour la plante. L’huile de neem, bien connue en milieu paysan au Sahel, s’avère, elle aussi, comme étant un bon acaricide.

L’équipe de chercheurs conseille également aux maraîchers de séparer des autres les cultures sensibles à T. Evansi dans les parcelles et d’éli- miner ou traiter efficacement les plantes réser- voirs comme le papayer et le ricin à la fin de chaque campagne agricole.

hORtiCultuRe

Lutter contre les éléments

Confrontés aux conditions climatiques les plus extrêmes que les Caraïbes aient connues, les agriculteurs guyanais re- courent à des techniques de pointe pour produire toute l’année. S’inspirant de techni- ques en provenance de Chine, du Moyen-Orient ou des USA (serres tropicales, irrigation au goutte-à-goutte, culture hydro- ponique), des centaines d’entre eux font pousser fruits et légu- mes – pastèques, concombres, potirons, poivrons, tomates ou choux – pour les marchés lo- caux et l’exportation.

Auparavant, les pluies et la sécheresse pouvaient anéan- tir les récoltes. “Je ne perds plus mes récoltes depuis que j’utilise le goutte-à-goutte et j’obtiens plus qu’assez de légu-

mes pour la vente”, affirme Clement Suklall, cultivateur à Parika. Les techniques sont aussi reprises par plusieurs grandes sociétés agricoles, dont Bounty Farms, principal pour- voyeur de volailles du Guyana qui désormais exporte aussi des fruits et des légumes.

“Les agriculteurs ont rapidement adopté ces techniques, car ils constatent leur utilité et les bénéfices qu’ils peuvent engranger, surtout dans le contexte du changement climatique”, explique le Dr Oudho Homenauth, directeur de l’Institut guyanais de recherche agrono- mique. Ces techniques sont aussi employées par les agriculteurs d’Antigua, de la Barbade, de la Jamaïque, de Trinité-et-Tobago et dans d’autres régions des Caraïbes très touchées par la sécheresse ces derniers mois.

bAnAnieR

Non aux raies noires

la cercosporiose ou maladie des raies noires a fait son apparition récemment à saint-vincent et sainte-lucie ainsi qu’en Guyane. Face à son extension, qui menace toute la production de bananes de toute la région caraïbe, le projet interrégional banane durable Caraïbes est engagé dans une course contre la montre pour surveiller et contenir et la progression de ce champignon.

Tetranychus evansi, un redoutable prédateur de la tomate au Sénégal (grossi) Le goutte-

à-goutte permet de produire toute l’année au Guyana.

semenCes

matières premières

le projet sécurité semencière, coordonné par le Réseau d’analyse de la politique de l’alimentation, de l’agriculture et des ressources naturelles (FAnRpAn), donne aux agriculteurs du malawi, du swaziland, de la Zambie et du Zimbabwe un accès à des semences améliorées, les aidant ainsi à pénétrer ce secteur de production commerciale. Objectif du projet : la stabilité de l’approvisionnement en semences et des revenus des agriculteurs.

www.fanrpan.org

AGRICULTURE

© Jade Syfia

© R Gildharie

© CIMMYT INRA © A. Migeon

(8)

AviCultuRe

L’œuf

et la caille

L’élevage des cailles ou coturniculture (du latin Coturnix) a pris son envol au Cameroun il y a deux ans à la suite de la publication par La Voix du paysan d’un arti- cle sur les vertus thérapeuti- ques et diététiques des œufs de caille. Devant l’enthou- siasme des lecteurs, la revue fait paraître en mars 2009 un dossier sur cet élevage et ses divers débouchés et organise,

en collaboration avec le Centre de documen- tation pour le développement rural (CDDR), des journées d’information et de démons- tration dans plusieurs villes camerounai- ses. Les groupements d’intérêt économique et les coopératives d’éleveurs de cailles se multiplient à travers le pays et un Conseil interprofessionnel des cailles du Cameroun (CICaC) se crée en 2009.

L’élevage de la caille se pratique dans des cages faciles à construire avec des maté- riaux locaux à raison de 70 oiseaux au mètre carré (un mâle pour quatre ou cinq femel- les). Les cages peuvent être superposées.

La caille ne consomme que 20 g d’aliment par jour et sa ration peut être formulée par l’éleveur en fonction de la matière première dont il dispose. C’est un élevage assez sim- ple à mener à condition de veiller à mainte- nir une température constante et de ne pas stresser les animaux par le bruit. La première ponte intervient au bout de six semaines seulement. Une femelle peut pondre jusqu’à 300 à 400 œufs par an. La vente de la chair, des cailleteaux, des géniteurs et de la fiente peut aussi rapporter.

Contact :

cicac2009@yahoo.fr

lAbel

Perche durable

Pour sauvegarder la perche du Nil, Naturland, une ONG allemande, a créé une certification accordée sur des critères de bonnes pratiques de pêche, de prix équitables et

d’amélioration des revenus des populations locales. Après avoir éliminé la plupart des 500 espèces de poissons du lac Victoria, la perche du Nil, qui a vu ses effectifs et sa taille se réduire au fil des ans, est aujourd’hui menacée par la pêche illégale et la surpêche. Les stocks sont tombés de 1,9 million de tonnes en 1998 à 370 000 t en 2008, selon la FAO. Quelque deux millions de personnes vivent de la pêche et de la vente de ce poisson dont près de 200 000 t sont exportées chaque année surtout vers l’UE.

www.naturland.de/naturland_fish.html

séCheResse

moins de cultures, plus d’animaux

À l’heure où un climat plus chaud et une pluviométrie instable compliquent l’agriculture vivrière, le bétail serait un nouvel espoir pour les paysans africains.

selon les experts, le changement climatique pourrait rendre impropres à ce type de cultures entre 500 000 et 1 million de km2 de terres dans les dix prochaines années.

mais d’après une nouvelle étude, la terre sur laquelle vivent quelque 20 à 35 millions d’habitants actuellement peut encore se prêter à l’élevage. “le bétail – en particulier les animaux connus pour leur tolérance à la chaleur et à la sécheresse – peut survivre dans des conditions bien plus difficiles que les cultures”, explique le corédacteur du rapport, philip thornton de l’institut international de recherche sur le bétail.

Les œufs de caille font un malheur au Cameroun et le bonheur des éleveurs.

sAnté AnimAle

Adieu

peste bovine

C’est la fin annoncée de l’une des maladies animales les plus dévastatrices au monde. Avec l’éradication des derniers foyers probables de la maladie, la FAO, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et d’autres parte- naires se préparent à annoncer l’éradication de la peste bovine. Depuis son lancement en 1994, le Programme mondial d’éradication de la peste bovine (GREP) a sans cesse combattu la maladie. Former les éleveurs à reconnaître la maladie, élaborer des plans d’action d’ur- gence, mettre en place des protocoles de bio- sécurité et des programmes nationaux de suivi et de contrôle sont autant de tactiques qui ont été déployées. Entre 1994 et 2009, près de 170 pays et territoires ont réussi à éradiquer la peste bovine et obtenu la certification OIE.

La dernière épidémie confirmée s’est pro- duite en 2001 au Kenya. La FAO, “vaccinée”

par des cas dramatiques de résurgence résul- tant en général d’un arrêt trop précoce des programmes, s’est engagée à attendre l’achè- vement des dernières activités de contrôle en 2011 avant de déclarer officiellement la dis- parition de l’épizootie. Si, comme on le pense généralement, la peste bovine est éliminée, ce sera la première fois dans l’histoire que l’humanité aura réussi à vaincre une maladie animale.

Il aura fallu 16 ans pour éliminer la peste bovine dans le monde.

éduCAtiOn

Réseau pour l’Afrique

le Réseau universitaire de la pêche (Fishnet), mené par le nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (nepAd) vise à augmenter le nombre de chercheurs africains spécialistes de la pêche et à redynamiser des stocks piscicoles en déclin.

il recrute et forme des chercheurs au sein d’universités membres. il participera également au partenariat pour les pêcheries africaines (pAF).

www.nepad.org

ÉLEvAGE ET PÊCHE

© Syfia International

FAO © F Paladini © Syfia International

(9)

AGRiCultuRe uRbAine

Cultiver avec les eaux usées

L’horticulture utilisant les eaux usées trai- tées est une source de revenus bienvenue pour les agriculteurs urbains de Bulawayo au Zimbabwe. Plus de 1 000 cultivateurs qui tiraient auparavant 75 € par an de leurs arrière-cours gagnent à présent 720 € en

moyenne grâce à la vente de légumes et autres pro- duits cultivés dans le cadre d’un projet pilote lancé par la municipalité de Bulawayo et le Partenariat de développe- ment municipal pour l’Afrique orientale et australe (MDPESA).

L’eau est traitée selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé pour l’usage agricole et les légumes doivent être cuits avant consommation afin de réduire les risques liés à des agents pathogènes. “L’utili- sation de cette eau n’est pas très répandue, rappelle Takawira Mubvami, coordinateur du programme d’agriculture urbaine du MDPESA. Bulawayo est la première à utiliser des eaux traitées pour les cultures.”

Des légumes-feuilles tel le colza ainsi que le pois du Cap et le maïs sont cultivés sur les 350 ha de la parcelle du projet Plantation de gommiers, en banlieue de Bulawayo. Pour Kelvin Nkomo, agriculteur, le projet assure un revenu stable qui paie les frais de scolarité et, si les premiers clients avaient des réticen- ces, ils sont de plus en plus disposés à ache- ter ces légumes après qu’on leur a expliqué les normes de sécurité.

jACinthe d’eAu

Apprivoiser l’envahisseur

Un biochimiste kényan a réussi à transfor- mer l’une des plantes aquatiques les plus des- tructrices en divers produits pour les cultu- res et le bétail. Le Dr Simon N. Mwaura a conçu un équipement capable de broyer 10 t de jacinthes d’eau (Eichhornia crassipes) en 8 heures, pour fabriquer un engrais très riche adapté aux terres arides.

“J’utilise l’engrais bio liquide pour faire pousser des pastèques et les récoltes sont bien plus saines qu’avant”, explique Martin Ndege, cultivateur de l’est du Kenya.

Joséphine Mulei, de la province de la Vallée du Rift, est tout aussi enthousiaste : “La saison

dernière, j’ai appliqué de l’engrais liquide sur mes pommes de terre et ré-

colté 122 sacs sur un seul hectare.”

La jacinthe se décline en trois produits principaux : engrais liquide ou en granulés et sels minéraux pour le bétail. Six années d’essais aux champs à Dubaï, au Kenya et en Zambie ont démontré que ces produits sont riches en nitrates, phosphore et potassium, et qu’ils disposent d’une capacité à transfor- mer du sable du désert en un terreau tout en stimulant la rétention d’humidité.

FORÊts

Sauver la forêt de Mau

Le projet du gouvernement kényan de sauver la forêt de Mau est en passe d’atteindre son objectif : la plantation de dix millions d’arbres. Depuis le lancement de la campagne en janvier, quelque 21 000 ha de terres ont déjà été plantés d’essences indigènes et une extension de 20 000 ha supplémentaires a démarré. Avec 22 forêts couvrant 400 000 ha et une valeur estimée de 225 millions €, le complexe de Mau est le massif forestier le plus vaste du Kenya. La forêt a toujours été l’une des principales sources d’eau du pays. Mais ces dernières années, les activités humaines dans la zone et la déforestation massive ont asséché la plupart des rivières et des cours d’eau qui la traversaient.

Kethi Khumalo (à gauche) et Kelvin Nkomo utilisent les eaux usées.

Le Dr Simon N.

Mwaura présente son engrais de jacinthe d’eau.

sAnté

Arbre guérisseur

Les habitants de São Tomé et Príncipe se sont mis depuis quelque temps à plan- ter dans leurs propres jardins et potagers le pó-sabom (Dracaena arborea), un arbre qui peut atteindre 20 m de hauteur et qui est doté de propriétés rares : il sert à soigner toutes sortes de blessures et d’affections de la peau, chez l’enfant comme chez l’adulte. Les guérisseurs villageois utilisent le pó-sabom à de nombreuses fins : ainsi, un thé à base de racines et d’écorce soulage les maux de dents et des tisanes apaisent les éruptions cutanées.

Plus d’un millier de remèdes prescrits par les 40 guérisseurs les plus respectés de ces îles et les sages-femmes se sont avérés efficaces.

Comparés à des remèdes plus anciens issus d’arbres et de plantes médicinales d’autres pays africains, ils agissent plus rapidement.

Les résultats positifs des tests biologiques et phytochimiques menés sur 15 variétés de cet arbre incitent les populations à se tour- ner aujourd’hui vers les plantes de leur jardin pour soigner les maladies africaines couran- tes, car elles n’ont pas les effets secondaires de certains médicaments de synthèse.

COnseRvAtiOn

Opportunités et innovations

une ressource en ligne offre des comptes- rendus réguliers des nouvelles études sur la conservation ainsi qu’une base de données sur les financements, incluant les bourses des gouvernements ou des fondations.

les visiteurs s’inscrivent et reçoivent un bulletin électronique bimensuel gratuit, qui recense toutes les nouvelles études et les opportunités de financement ajoutées à la base de données.

www.conservationmaven.com

ENvIRONNEmENT

© B Bafani © I Isipisu

© I Isipisu

(10)

bAnAnes

High-tech contre les maladies

En Afrique, des chercheurs utilisent des systèmes de géopositionnement par satel- lite (GPS) et des systèmes d’information géographique (SIG) pour s’attaquer à deux maladies mortelles des bananes. L’objectif de cette approche high-tech est d’élaborer une représentation visuelle de la distribu- tion du Bunchy top des bananiers (BBTD) et du flétrissement bactérien Xanthomonas du bananier (BXW). Les deux maladies sont à l’origine de pertes massives dans certaines régions d’Afrique subsaharienne et selon l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA), en l’absence d’action d’urgence, tou- tes les variétés usuelles de bananiers risquent de disparaître. Aucune espèce n’est réputée résistante au BBTD ou au BXW.

Des chercheurs et des fonc- tionnaires de plusieurs pays (Burundi, Kenya, Ouganda, République démocratique du

Congo, Rwanda, Tanzanie et Zambie) ont été formés à utiliser les programmes de sur- veillance spatiale pour contrôler les maladies dont la propagation a été rapide ces derniè- res années. Un second atelier prévu au mois de juin servira à affûter les aptitudes à utili- ser les GPS et SIG pour localiser les plants de bananiers endommagés.

pROduits de lA meR

Soigner

les intoxications

Quatre cents millions de personnes, sur- tout dans la région Pacifique tropicale, vivent sous la menace de la ciguatera. Cette intoxi- cation alimentaire, due à la consommation de poissons et de coquillages, qui touche au moins 100 000 personnes chaque année, a des enjeux économiques et de santé publique importants. Les symptômes (vomissements, diarrhées, etc.) peuvent se prolonger des mois voire des années. Jusqu’ici l’unique moyen de prévention était de s’abstenir de consommer des produits de la mer : un interdit qui à la fois pénalise la pêche et bouleverse les habitudes alimentaires, entraînant l’apparition de mala- dies cardiovasculaires, d’obésité et de diabète.

En l’absence d’anti- dote connu, les cher- cheurs de l’Institut de

recherche pour le développement (IRD, Fran- ce), en collaboration avec d’autres instituts de recherche de la région, ont testé une centaine de plantes traditionnellement utilisées pour soigner la ciguatera. Parmi elles, le faux-tabac (Heliotropium foertherianum), un petit arbuste souvent planté sur les plages, s’est distingué par sa teneur en acide rosmarinique, déjà connu pour ses propriétés anti-virales et anti-bacté- riennes, entre autres. L’IRD a déposé un brevet pour développer des dérivés à fort pouvoir dé- toxifiant capables de traiter la ciguatera.

http://tinyurl.com/y4362fg

espÈCes invAsives

Des hôtes importuns

D’après une étude coordonnée par le Programme mondial sur les espèces invasives (GISP), les espèces exotiques invasives sont l’une des trois menaces majeures qui pèsent sur la planète. La plupart des pays se sont engagés à l’échelle internationale dans la lutte contre ce fléau, mais seule la moitié d’entre eux a introduit de nouvelles lois et ils sont encore plus rares à avoir lancé des actions appropriées sur le terrain.

L’étude Indicateurs mondiaux d’invasion biologique : nombre des espèces, impact sur la biodiversité et réponses politiques a révélé qu’en moyenne 50 espèces non indigènes menaçaient chacun des pays du monde. Le nombre des espèces exotiques invasives recensées va de neuf pour la Guinée équatoriale à 222 pour la Nouvelle-Zélande.

eAu Échanges de savoirs

l’initiative centres d’excellence en gestion de l’eau, lancée par le nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (nepAd), a ouvert des centres dans plusieurs pays d’Afrique australe (Afrique du sud, botswana, malawi, mozambique, namibie et Zambie) pour promouvoir la coopération et le transfert de savoirs entre institutions de recherche sur l’eau.

l’objectif est d’élargir le réseau à toute la région.

Le faux-tabac, un remède traditionnel redécouvert par les scientifiques

biOdiveRsité

Haricots sauvages domestiqués

Les agriculteurs namibiens participent à des essais de domestication du haricot marama (Tylosema esculentum), plante vivace menacée qui pousse à l’état sauvage en Afrique australe. Plus de 45 producteurs ont planté des semences dans le cadre du projet financé par le Kirkhouse Trust basé au Royaume-Uni, le Programme de développement du PNUD et l’Université de Namibie.

“Tous nos animaux et plantes domestiques étaient sauvages autrefois. Nous avons assisté à la disparition de certaines espèces. Nous tentons d’empêcher que cela se produise pour les haricots marama”, déclare le Dr Percy Chimwamurombe. Très nutritives, les graines de cette plante contiennent plus de 30 % de protéines. Les haricots peuvent être grillés, bouillis ou moulus pour en faire de la bouillie ou une boisson.

nAnOteChnOlOGies

Piles à algues

une équipe de chercheurs en nanotechnologies (voir Spore n° 124) de l’université suédoise d’uppsala a mis au point une batterie qui ne pèse presque rien, capable de se recharger en un temps record. Cette pile, facile à fabriquer, se compose d’une couche ultrafine de cellulose, issue de l’algue verte Cladophora, enrobée de polymères conducteurs d’énergie.

www.angstrom.uu.se/eng

Localiser les bananiers malades pour mieux les soigner

RECHERCHE

© IRD/D Laurent © IITA/L Kumar

(11)

tRAnsFORmAtiOn

Lait de graines de courge

Le plus souvent, on mange la chair de la courge et on jette les graines. Joséphine Enoce Bouanga le déplore. Cette ingénieure en développement rural congolaise a consa- cré une thèse à La valorisation alimentaire de la courge et fait breveter en 2008 par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) le procédé de fabrica- tion de son lait de graines de courge. Une boisson aux qualités nutritionnelles et diété- tiques remarquables, selon elle.

Cette mère de famille de 35 ans a monté sa propre entreprise Enoce Bio à Pointe- Noire en 2006. C’est à la suite d’un stage au centre Songhaï au Bénin qu’elle s’est lancée dans la transformation de divers produits.

Aidée de quelques femmes, elle produit et commercialise aussi un mélange de farines de soja et de maïs. Pour l’heure, Joséphine en est encore à un stade artisanal. Son

équipement se résume à un broyeur à mar- teaux et un robot électrique. Le décorticage des graines de courge se fait à la main, une opération longue à raison de cinq sacs de 50 kg par mois. La capacité de production de sa petite unité est de 10 000 sachets de farine de soja d’un kilo par mois et de 100 l de lait de courge par semaine. Joséphine se dit bio et fière de l’être. “Mes produits, dit-elle, sans additifs chimiques peuvent se conserver entre six et douze mois.”

notamment dans la cueillette des fruits et dans la fabrication de jus de fruits, mécani- sée ou traditionnelle à la main.

L’objectif prioritaire est d’améliorer les conditions de vie, en recourant à des mé- thodes et des techniques plus modernes.

Cabinda, avec l’appui du Brésil et de la Chine, s’est progressivement dotée de cen- tres médicaux, d’un réseau de transport public par autobus et camionnettes qui relie les villages aux centres urbains ainsi que d’un système de distribution d’eau. Le Luxembourg a également financé différents programmes de mécanisation agricole en Angola afin de développer la sécurité ali- mentaire et la production pour le marché interne mais aussi pour l’exportation.

Dans la province de Cabinda, d’autres programmes communautaires, financés par les USA, concernent la lutte contre la malaria, la prévention et la lutte contre le sida et la création d’un département d’anglais au sein de l’Institut supérieur des sciences de l’éducation (ISCED).

emplOi

Retenir les jeunes

L’enclave de Cabinda, province à l’extrême nord de l’Angola, est l’une des principales pourvoyeuses de richesses du pays grâce à l’exploitation du pétrole. Pourtant, le nom- bre de chômeurs y est de plus en plus élevé, en particulier chez les jeunes. Pour que ces derniers cessent d’émigrer parce qu’ils ne trouvent pas de travail, Cabinda a décidé de construire, dans la municipalité de Belize, une usine de fabrication de jus de fruits, un stade de football et un atelier de panneaux solaires.

Ces secteurs offrent à la population locale – les jeunes et les femmes – des débouchés

CRédit

Une carte

pour les planteurs

Les planteurs mauriciens de canne à sucre peuvent à présent obtenir une carte de crédit pour financer leur activité. Cette carte, proposée par une banque locale, la Bank One, permet aux agriculteurs de sortir de l’argent aux guichets automatiques de toutes les banques et de payer leurs achats dans de nombreux points de vente d’intrants agricoles. L’agriculteur dispose d’une ligne de crédit permanente sans garantie à un taux d’intérêt de 12 % par an contre 24 % pour les autres cartes de crédit. Le montant maximum du crédit autorisé est fixé en fonction de la superficie exploitée par le bénéficiaire, à raison de 30 000 roupies (environ 800 €) par hectare. La carte est valable pour une période de trois ans, renouvelable.

“À 12 % l’an, estime Guirdharry Jugessur, c’est une bouffée d’oxygène pour nous, planteurs, qui souffrons toujours de problèmes de liquidités. Jusqu’ici, pour financer nos plantations, nous devions contracter des prêts bancaires avec tout ce que cela comporte comme paperasse et comme frais.”

innOvAtiOn

Accompagner les jeunes entrepreneurs

la première structure d’accompagnement de projets de création d’entreprises d’Afrique de l’Ouest a été lancée au sénégal par l’iRd et l’université Cheikh Anta diop de dakar. elle aidera les jeunes diplômés porteurs de projets innovants, issus de ces établissements et de l’enseignement supérieur sénégalais, à lancer leur propre entreprise en les accompagnant tout au long du processus de la création.

http://tinyurl.com/2fncaq8

sOlAiRe

Les lumières

de la microfinance

la microfinance a aidé des milliers de ménages ruraux du vanuatu à accéder à l’éclairage électrique à énergie solaire.

le programme lighting vanuatu (éclairer le vanuatu) est né du partenariat entre l’institution locale de microfinance vAnwOds, l’Association pour les énergies renouvelables et l’électricité au vanuatu (vAnRepA) et sa branche commerciale Green power.

teChnOlOGies

marché virtuel

le Fonds africain d’appui au développement de l’entreprise finance la recherche sur le développement de nouveaux cultivars, le contrôle des parasites et maladies et l’amélioration des techniques d’irrigation.

son site internet héberge un marché virtuel où les institutions de recherche peuvent présenter les technologies d’ores et déjà disponibles pour le secteur privé.

www.aecfafrica.org/rib

BUSINESS

© B Simona

© Syfia International

(12)

Bien qu’impliqué depuis longtemps dans le développement, vous êtes nouveau pour les lecteurs de Spore. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à votre sujet ?

Je suis né en Éthiopie et j’ai étudié à l’Uni- versité d’Addis-Abeba et à l’Université de Pittsburgh aux USA. Ma formation profes- sionnelle porte sur la gestion de la commu- nication et des savoirs pour la recherche et le développement agricoles. J’ai travaillé 25 ans dans ce domaine, en Afrique et en Asie surtout, et souvent voyagé dans d’autres régions du monde.

Comment cela vous a-t-il préparé à votre nouveau poste de directeur du CTA ?

Je pense tout d’abord que ma longue associa- tion avec le CTA – quasiment depuis les ori- gines au milieu des années 1980 – m’a aidé à bien connaitre l’organisation et certains membres de son personnel. Cela devrait m’aider à prendre le train en marche. J’ai aussi la chance d’avoir développé un solide réseau de collègues actifs dans les secteurs de la recherche et du développement agrico- les, ainsi que de la gestion de l’information et de la communication dans les pays ACP, en particulier en Afrique.

Quels sont, selon vous, les principaux défis qui attendent les pays ACP ? Pour la plupart des pays ACP, parvenir à la sécurité alimentaire pour une population en croissance rapide continue d’être un défi ma- jeur. Avec une population mondiale de neuf milliards d’individus prévue en 2050, la pro- ductivité devra augmenter d’environ 70 % par rapport au niveau actuel pour répondre à la demande. La flambée des prix en 2007 et 2008 a aggravé l’insécurité alimentaire de nom- breux pays ACP. Par ailleurs, ces États man- quent de capacités de recherche nationales

fortes, d’infrastructures agricoles robustes et d’un environnement politique apte à dynami- ser la productivité. L’expansion agricole s’est beaucoup appuyée sur la conversion d’espa- ces et forêts vierges en terres agricoles, ce qui menace la durabilité environnementale et la capacité des écosystèmes à assurer des services vitaux. L’hypothèque du changement climatique pèse lourdement sur l’agriculture des pays ACP, du fait de l’augmentation de la variabilité climatique et des risques de séche- resses et d’inondations.

Qu’en est-il des petits agriculteurs de ces pays en particulier ?

L’accès aux intrants, capitaux, à la terre et autres biens essentiels à l’accroissement de la productivité agricole leur fait défaut. La faiblesse des infrastructures rurales et l’ab- sence d’informations actualisées sur les mar- chés les empêchent de vendre leurs produits à des prix compétitifs. En outre, les petits

agriculteurs ACP – les femmes surtout – man- quent d’organisations qui leur permettraient de renforcer leur pouvoir de négociation et d’influencer les politiques à l’échelle natio- nale et internationale.

Notre prochain numéro spécial sera consacré à la démographie et à la nécessité d’attirer les jeunes vers des carrières rurales. Qu’avez- vous à dire à ces derniers ?

La bonne nouvelle, c’est qu’après des années dans l’ombre l’agriculture figure de nouveau aux agendas internationaux – en tant que vecteur majeur de réduction de la pauvreté et de croissance économique. Il s’est avéré que la croissance agricole était quatre fois

plus efficace à réduire la pauvreté que celle d’autres secteurs. Les gouvernements ACP et les bailleurs internationaux ont renouvelé leurs engagements à augmenter les investis- sements agricoles. C’est de bon augure pour l’avenir dans les pays en développement. Par conséquent, faire carrière dans l’agriculture – en tant que cultivateur, vulgarisateur, en- trepreneur ou chercheur – devrait être très prometteur et gratifiant. En s’y engageant, les jeunes s’aideront eux-mêmes, et ils aide- ront aussi leurs pays à lutter contre la pau- vreté et l’insécurité alimentaire.

Qu’espérez-vous apporter à votre nouveau poste au CTA ? Avez-vous des changements en tête ?

J’apporterai mes nombreuses années d’expé- rience et un solide réseau de contacts pro- fessionnels à travers le monde, pour faire avancer la mission de soutien à l’agriculture et au développement agricole dans les pays

ACP du CTA. J’envisage de revoir la stratégie actuelle du Centre avec mes collègues et les partenaires pour garantir que celle-ci est co- hérente avec les défis auxquels les pays ACP sont confrontés et qu’elle exploite pleine- ment les TIC pour relever ces défis.

Je profite de cette occasion pour remercier les gouvernements ACP et nos partenaires pour leur soutien actif au travail du CTA, et la Commission européenne pour son enga- gement à long terme et son appui financier.

J’ai hâte de travailler avec nos acteurs clés pour que le CTA poursuive son importante contribution dans la médiation des savoirs et la formation des compétences pour le déve- loppement agricole.

miChAel hAilu

Le moment où jamais…

Avant de prendre les rênes du CTA, Michael Hailu, son nouveau directeur, nous parle des défis qui attendent les agriculteurs ACP.

Il nous explique pourquoi c’est le bon

moment pour faire carrière dans l’agriculture.

“Faire carrière dans l’agriculture

devrait être très prometteur et gratifiant”

Michael Hailu, spécialiste de la communication et des savoirs pour la recherche et le développement agricoles, a été directeur de la communication au Centre international pour la recherche en agroforesterie (ICRAF).

INTERvIEw

(13)

AGRObiOdiveRsité

Une longueur d’avance

L’agrobiodiversité est la pierre angulaire de la sécurité alimentaire et sa préservation est essentielle à l’adaptation des systèmes agricoles face aux défis, entre autres, de la croissance démographique et du

changement climatique. La diversité végétale et animale à la disposition des producteurs décline rapidement, mais certaines communautés

ACP prennent des mesures pour protéger leur patrimoine génétique.

17 | POINT DE vUE

Chief Nelson Neuso : tradition et conservation

18 | REPORTAGE EN NAmIBIE Un trésor enfoui

DOSSIER

© Syfia International

(14)

L

es hommes ont plus transformé leur environnement dans le dernier demi-siècle qu’à n’importe quel autre moment de leur histoire. Cette évidence sta- tistique émerge du rapport Évaluation des écosystè- mes pour le millénaire (EM), qui révèle les pertes massi- ves en biodiversité des dernières décennies. Au cours du dernier siècle, plus de trois quarts des cultivars connus se sont éteints, et avec eux les traits uniques qu’ils avaient ac- quis sur des millénaires – leur capacité à survivre aux étés chauds ou aux hivers froids, à prospérer dans des contex- tes de sécheresse ou dans des zones sujettes aux inonda- tions et à résister aux parasites ou aux maladies.

L’agrobiodiversité – terme englobant tout élément lié aux systèmes agricoles : plantes, arbres, animaux, insec- tes, microbes, germes et champignons – joue un rôle pivot dans les écosystèmes, assurant contrôle des parasites, pol- linisation, contrôle de l’érosion et production de biomasse.

La diminution de la diversité génétique entraîne celle des chances de croissance et d’innovation indispensables aux dynamiques agricoles, alors que la croissance démogra- phique explose et que la planète fait face à de graves défis environnementaux.

L’agriculture est le premier bénéficiaire de la biodiver- sité et les agriculteurs en sont ses principaux gardiens ; leur mode de conduite des cultures et des animaux a une influence considérable sur les écosystèmes. Afin d’attirer l’attention sur les risques et encourager de meilleures pratiques dans ce domaine, les Nations unies ont déclaré 2010 Année internationale de la biodiversité. Pour l’agri- culture, cela signifie adopter des systèmes qui favorisent l’agrobiodiversité, tels que l’agroforesterie et l’agriculture de conservation. Cela implique aussi – pour les pays du Sud surtout – de valoriser la diversité botanique et anima- le locale issue de siècles d’histoire, plutôt que de suivre la tendance à la concentration sur quelques variétés conçues pour une agriculture intensive.

Les savoirs traditionnels sont une ressource inestimable pour garantir le développement, la poursuite et l’adapta- tion de pratiques agricoles durables et permettre aux com- munautés de se protéger de chocs inéluctables. Au Mo- zambique, pendant la longue guerre civile, les savoirs sur les espèces végétales sauvages telles que l’arbre mungomu ont eu un rôle majeur pour préserver de la famine des communautés rurales.

L’union parfaite

Le partenariat idéal associe savoirs traditionnels et re- cherche locale, combinant l’information sur les variétés culturales très résistantes et nécessitant peu d’intrants qu’utilisent les agriculteurs et des variétés à cycle court et haut rendement potentiel créées par les chercheurs et mises à la disposition du plus grand nombre. Le succès du riz Nerica s’enracine dans la combinaison de savoirs

indigènes et de recherche scientifique et la réunion des meilleurs attributs d’Oryza glaberrima de souche africaine et d’Oryza sativa d’origine asiatique.

À Yala, dans l’ouest du Kenya, un groupement commu- nautaire paysan préserve les variétés locales des principaux légumes indigènes et cultures vivrières de l’extinction. De- venu le premier producteur kényan de semences végétales indigènes – protolaria (mitoo/mroo), chlorophytum (akeyo/

chinsaga) et morelle noire (managu/osuga) principale- ment –, le groupe Adapter la technologie en adaptant la recherche (TATRO) a décroché un contrat lucratif de pro- duction avec la Kenya Seed Company l’année dernière.

Cartographier la flore sur SIG

La cartographie de la flore avec les systèmes d’information géographique (SIG) représente un potentiel énorme pour les botanistes ; elle leur permettrait de mieux comprendre la distribution de la flore et de ses biotopes. Des chercheurs du projet mené en partenariat par la Banque de semences du millénaire et les jardins botaniques de Kew utilisent des SIG pour localiser et entreposer les semences de quelques-unes des espèces les plus rares et les plus menacées des régions arides de Madagascar.

L’île abrite environ 12 000 plantes, dont la plupart ne se retrouvent nulle part ailleurs dans le monde. Nombre de ces plantes ont des propriétés médicinales, mais leur habitat est menacé. À l’aide d’appareils SIG manuels, les botanistes ont déjà réussi à retrouver et à documenter 40 espèces forestières sauvages connues d’ignames de Madagascar, et à découvrir neuf espèces qui leur étaient inconnues. Les communautés rurales de l’île comptent sur ces tubercules sauvages pour compléter une récolte de riz incertaine.

http://tinyurl.com/yex8m6t

DOSSIER

(15)

Dans le Limpopo, en Afrique du Sud, le Conseil de la re- cherche agronomique étudie les systèmes de savoirs locaux des agriculteurs et aide ces derniers à identifier et documen- ter les cultures et à améliorer la préservation des semences traditionnelles. Parallèlement, en Éthiopie, les petits exploi- tants de la région du Tigré ont développé des variétés d’orge adaptables à des conditions

instables et aux besoins lo- caux, variétés dont même les chercheurs admettent la supériorité par rapport aux cultivars recommandés par les phytogénéticiens.

Partage équitable

Faire valoir et protéger les droits de propriété intel- lectuelle est crucial dans la lutte pour la biodiversité. Le Traité international sur les ressources génétiques vé- gétales pour l’alimentation et l’agriculture (ITPGR) de la FAO, entré en vigueur en

2004, permet aux gouvernements, agriculteurs, instituts de recherche et agro-industries de collaborer, d’unir leurs res- sources génétiques et d’en partager les bénéfices. Plusieurs projets dits de “bénéfices partagés” destinés à aider les agri- culteurs à conserver leurs ressources génétiques végétales ont été lancés suite au traité. Parmi eux, un système visant à développer les méthodes traditionnelles de conservation in situ du maïs et des haricots à Cuba, le renforcement de la conservation à la ferme et l’usage du sorgho, de l’éleusine,

de la dolique et de l’igname en Tanzanie, la conservation de cultivars locaux de millet, maïs et sorgho au Sénégal. “Il est important que ce travail soit fait par les agriculteurs locaux eux-mêmes, selon Shakeel Bhatta de la FAO. Ils sont les plus touchés par les menaces sur la biodiversité – en raison du changement climatique, par exemple – et ils sont aussi au cœur de la réponse à apporter.”

Les femmes sont les acteurs clés de la protection de l’agro- biodiversité. Un groupement paysan essentiellement fémi- nin du district de Ntchisi au centre du Malawi conserve, do- cumente et développe les cultures indigènes (pois bambara, gombo, haricots locaux, millet et arachide, par exem- ple). Des initiatives similaires sont en cours en Éthiopie, au Lesotho, au Mali, en Sierra Leone et au Zimbabwe. “Les cultures indigènes diffèrent des hybrides. Elles sont très fiables ; certaines ont une valeur médicinale. Nous ne pou- vons donc pas les ignorer”, nous dit Diniwe Mereki, agri- cultrice au Malawi. Dans l’est du Kenya, le groupement de femmes Kyanika s’est fixé pour mission de trouver et conserver les calebasses locales. Ces femmes en ont décou- vert 78 variétés dans leur seul district, qui ont été classées en 32 espèces dont l’une, comestible, avait pratiquement disparu. Elles ont depuis appris des anciens à préparer le légume et le consomment ; elles en font aussi la promo- tion auprès des autres membres de la communauté.

Vendeuse de patates douces sur un marché du Sud-Kivu en RD Congo

Rang pays pour 1000

1 maurice 471

2 madagascar 443

3 équateur 431

4 sri lanka 395

5 jamaïque 382

6 Cuba 373

7 malaisie 349

8 philippines 345

9 Fidji 341

10 usA 335

© 2006 SASI Group (Université de Sheffield) et Mark Newman (Université du Michigan)

Espèces menacées

Ci-dessus : La taille des pays montre la proportion des espèces animales et végétales menacées d’extinction.

Ci-contre : Nombre d’espèces animales et végétales menacées d’extinction en 2004.

DOSSIER

© Syfia International

(16)

La préférence pour les aliments importés dans de nom- breux pays ACP a massivement érodé la biodiversité agri- cole. Un certain nombre d’initiatives cherchent à enrayer cette tendance. Les producteurs ouest-africains sont à la pointe des tentatives destinées à défendre leur identité alimentaire. Depuis des décennies, les agriculteurs – du Bénin, Ghana, Nigeria et Togo en particulier – collectent et domestiquent les variétés sauvages d’igname, développant des pratiques agronomiques qui maximisent la productivité du tubercule. Le fonio fait un retour en Guinée Conakry et au Mali, depuis sa redécouverte par la diaspora vivant en Europe. Le taro – tubercule essentiel au Cameroun et légu- me-feuilles au Ghana –, le niébé et le madack, qui pousse sur les bordures les plus sèches de la bande sahélienne longeant le désert saharien, sont autant de cultures vivriè- res traditionnelles africaines importantes. “Si les agricul- teurs ne cultivaient pas ces plantes, elles auraient disparu depuis longtemps, ce qui aurait compromis l’adaptation au climat en Afrique et érodé la base de la sécurité alimen- taire future”, déclare le Dr Raymond Vodouhe, chercheur à Bioversity International.

Restons “local”

Une énergique campagne de sensibilisation du public sur l’île de Pohnpei dans le Pacifique a permis de raviver l’intérêt pour l’un de ses aliments les plus précieux, la banane karat.

L’avenir semble également s’éclaircir pour deux autres ali- ments traditionnels en Micronésie. Cinq années d’étude ont montré que le pandanus (Pandanus tectorius) et la poire d’ail (Crataeva speciosa) sont riches en caroténoïdes qui aident à protéger les populations d’une déficience en vitamine A et de l’anémie. Tous ces aliments locaux ont été de plus en plus négligés ces dernières années en raison des changements de régimes alimentaires et de modes de vie ainsi que d’une dé- pendance croissante vis-à-vis des aliments importés.

Si l’on veut qu’elles aient une chance de fonctionner, les initiatives destinées à conserver l’agrobiodiversité doivent impliquer les communautés locales. Basé sur l’application des techniques et savoirs locaux dans la gestion des res- sources naturelles, le projet participatif de restauration, conservation et gestion durable des terres humides inté- rieures et des forêts protégées de manière traditionnelle d’Agona Kwanyako, au Ghana, est une réussite. À Matafa’a, aux Samoa, des communautés sont engagées dans la conservation de leurs écosystèmes de mangrove qui les protègent des ondes de tempête. Au Vanuatu, les villageois ont reçu des aides pour élargir les zones d’interdits tem- poraires des aires côtières et marines de Gaua, Santo et Tanna, ce qui favorise l’implication des insulaires dans la conservation de la biodiversité locale.

Les petits agriculteurs et pasteurs jouent un rôle consi- dérable dans la conservation de la biodiversité, car ils élè- vent des races de bétail qui exploitent des environnements marginaux dans des conditions climatiques extrêmes. La diversité des espèces animales domestiques disparaît

Biodiversité marine

Le panel d’initiatives lancées par des organisations locales, avec des activités qui vont de l’étiquetage des tortues aux sentiers écologiques, améliore les perspectives de conservation de la biodiversité dans les Caraïbes. Grupo Jaragua, un groupe de citoyens et de chercheurs de la République dominicaine, aide à gérer le Parc national de Jaragua, l’un des parcs terrestres et maritimes les plus vastes de la région. L’ONG Bahamas National Trust gère le réseau de parcs nationaux qui va couvrir 20 % des mers du pays. Le Protocole sur les zones et la vie sauvage spécialement protégées (SPAW), entré en vigueur en 2000, a été élaboré par les pays caribéens pour fournir des normes et des mécanismes utiles à l’harmonisation des efforts de conservation menés dans toute la région.

Vente de légumes- feuilles dans un supermarché de Nairobi, Kenya

DOSSIER

© S. Mann/IPGRI

Références

Documents relatifs

ce projet merlte dsetre ratenu dans 1*eventuality de la creation d'un projet regien«l de d^Teloppeinent rural Integra pour lee pays francophones. A part lea asemores olfioieis de

sous-comites techniques du comite de developpement :pour 1 'fljamaa) , qu'ils ont eux-memes fond"s. Ces villages se, trouvent plusO"u moins engages dans un processus menant a

FINANCEMENT Jïï DEVELOPPEMENT AGRICOLE DANS LES PAYS AFRICAINS.. Avril 3, ou

Aujourd’hui de nombreux pays pensent qu’il faut aller de façon beaucoup plus décidée dans cette direction et créer des politiques qui, au niveau des régions, ciblent les

Numérisé par BPUN.. Les impor- tations alimentaires sont l'une des sources d'endettement. Les pays les plus mal lotis que d'aucuns appellent le quart-monde et

Si la question du développement local intéresse tous les types de territoires, le domaine spécifique du monde rural français offre un champ de réflexion tout à fait pertinent

3/ "Convient d'inviter les autres institutions spscialisoes et organisr.ies aTVDroirlSs des Nations Uhies a prendre les insures do soutien voulues pour favoriser l*a i.>ise

Il arrive que certains animaux d'une espêce apte à contrac- ter une maladie contagieuse restent sains bien qu 1 ils soient en contact avec des malades. Par