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Q U E S A I S - J E ?

La croissance économique

P I E R R E M A I L L E T Ancien élève de l'Ecole Polytechnique

Professeur à l'Université de Lille I

Septième édition revue et corrigée 6 6 e m i l l e

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DU MÊME A U T E U R

L'énergie (en collaboration avec Martine CASSETTE), Presses Univer- sitaires de France, coll. « Que sais-je ? », n 648, 6 éd., 1982.

Structure économique de la France, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », n° 791, 7 e éd., 1981 ; trad. japonaise.

Précis d'économie géographique (en collaboration avec René COURTIN), Dalloz, 1962.

Le secteur public en France (en collaboration avec Monique MAILLET), Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », n° 1131, 3 e éd., 1980.

L'économie de la Communauté européenne (en collaboration avec G. HIPP, H. KRIJNSE LOCKER, R. SUNNEN), Sirey, 1968. — Version néerlandaise condensée sous le titre De opbouw van een Europese economie, Ed. Kluwer, Deventer, 1971, et version allemande condensée sous le titre Europdische Wirtschaft im Ausbau, Nomos Verlagsgesellschaft, Baden-Baden, 1971.

Politique technologique et développement industriel, Editions UGA (Belgique), 1969.

L a croissance économique, t r a d . japonaise, 1968 ; portugaise, 1968 ; espagnole, 1969 ; arabe.

L'économétrie, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », n 1423, 2 éd., 1976 ; trad. allemande, 1975.

L a construction européenne : résultats et perspectives, Presses Univer- sitaires de France, coll. « SUP », 1975 ; trad. italienne chez Societa editrice internazionale, Torino, et américaine chez Praeger, 1978.

ISBN 2 13 0 3 7 6 8 7 8

D é p ô t l é g a l — 1 : 1 9 6 6 7 é d i t i o n r e v u e e t c o r r i g é e : 1983, j a n v i e r

© P r e s s e s U n i v e r s i t a i r e s d e F r a n c e , 1 9 6 6 1 0 8 , b o u l e v a r d S a i n t - G e r m a i n , 7 5 0 0 6 P a r i s

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INTRODUCTION

A son allure actuelle, le phénomène de la crois- sance économique est relativement récent. En deux siècles, la production par tête s'est accrue, dans de nombreux pays de la planète, beaucoup plus qu'au cours des mille siècles précédents.

Depuis que l'homme existe sur terre, depuis que, chétif et nu, il s'est vu dans l'obligation de trouver par ses propres moyens de quoi survivre, pour lutter contre la faim, le froid, les bêtes... et l'homme lui-même, quelques très grandes découvertes ont jalonné la progression de sa maîtrise sur l'univers environnant, et leur importance était telle qu'on en trouve le reflet dans la plupart des mythes antiques.

Etapes de la pierre polie, puis de la pierre taillée ; passage d'une économie de chasse et de cueillette à des économies d'élevage et de culture ; découverte et domestication du fer, permettant notamment l'emploi des métaux ; progrès successifs dans les modes de culture ; irrigation des terres ; prodigieux bonds en avant dans les possibilités de transport, terrestre par l'invention de la roue, maritime par celle du gouvernail. Mais quels délais entre ces découvertes successives !

Puis, il y a deux ou trois milliers d'années, démarrage de l'essor scientifique qui, avec quelques périodes de stagnation, a enrichi en 25 siècles notre connaissance de l'univers. Et enfin, depuis quelques

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siècles à peine, tentatives de plus en plus nom- breuses et de plus en plus fécondes pour comprendre l'univers.

Et cependant, il y a deux siècles, la pauvreté était encore le lot de la quasi-totalité du genre humain. Certes, quelques privilégiés jouissaient d'un niveau de vie élevé, mais, pour la plupart des autres, la famine était encore une menace constante ; quant aux conditions d'habillement, de logement, de travail...

L'amélioration des techniques agricoles et des rendements avait surtout permis à la population de croître, beaucoup plus qu'à chacun de vivre mieux. Pour le plus grand nombre, le genre de vie était analogue à celui de beaucoup de pays sous- développés d'aujourd'hui.

Puis, en l'espace de deux siècles, les découvertes scientifiques s'accumulent, les procédés techniques se multiplient et se perfectionnent à une cadence croissante, la physionomie économique et socio- logique de nombreux pays est bouleversée, souvent d'ailleurs à travers de terribles souffrances pour une partie de la population, pour parvenir à la situation actuelle, où un quart de la population du globe jouit d'une richesse jamais obtenue jus- que-là (sans avoir d'ailleurs trouvé l'équilibre psy- chologique), pendant qu'une moitié de cette popu- lation souffre encore de la faim.

C'est à ce phénomène de croissance observ é dans les deux derniers siècles dans certains pays que nous nous intéresserons dans ce qui suit, cherchant successivement à le décrire, à l'expliquer, à recher- cher comment le prolonger et l'étendre au reste du monde.

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PREMIÈRE PARTIE

L E S M A N I F E S T A T I O N S D E L A C R O I S S A N C E

É C O N O M I Q U E

Le caractère relativement récent du phénomène, sa localisation dans certains pays et les transfor- mations profondes qu'il y a apportées, tels sont les trois aspects les plus importants de la croissance économique.

Pourquoi, et surtout comment, le démarrage a-t-il eu lieu dans un tout petit nombre de pays de l'Europe occidentale à la fin du XVIII ou au début du XIX siècle ? Comment le processus s'est-il étendu à divers autres pays, en nombre d'ailleurs limité ? Cette analyse du démarrage s'impose à la fois parce qu'il s'agit d'un événement de caractère exceptionnel et parce qu'elle apporte beaucoup d'enseignements utiles au moment où on cherche à stimuler l'essor économique de la moitié de la popu- lation du globe.

L'examen du taux de croissance permettra de cerner l'ampleur quantitative du phénomène, en montrant d'ailleurs les difficultés d'obtenir des chif- fres réellement significatifs.

Un second chapitre illustrera quelques-unes des mutations les plus spectaculaires qui sont liées au processus de croissance économique.

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C H A P I T R E P R E M I E R

DEUX SIÈCLES DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE I. — Le démarrage dans certains pays Au milieu du XVIII siècle, les pays d'Europe occi- dentale sont caractérisés par une diffusion de l'esprit scientifique et l'essor d'un capitalisme commercial et financier. Depuis la Renaissance, les esprits les plus brillants s'orientent vers la recherche scienti- fique, préoccupés à la fois de comprendre la nature et d'inventer des machines ou des procédés. Galilée, Léonard de Vinci, Leibnitz, Newton, Bacon, Des- cartes, Pascal ne sont que les plus grands noms d'une foule de chercheurs. Au XVIII siècle, l'infra- structure scientifique est là, prête à donner nais- sance à un essor technique, tout particulièrement en France et en Grande-Bretagne.

D'autre part, dès le XVI siècle commence le grand commerce international avec les Indes, œuvre sur- tout des Pays-Bas (Compagnie des Indes occiden- tales) et de la Grande-Bretagne, à un moindre degré de la France. En 1695 est créée la Banque de Londres, en 1708 la Banque d'Amsterdam qui a dès le début 2 000 déposants. Il se forme ainsi une classe d'entrepreneurs qui ne sont pas des aventu- riers allant d'un endroit à l'autre, mais des hommes qui calculent les gains possibles et les pertes éven- tuelles ; en même temps la création des institutions de crédit et l'accumulation de fonds dans le com-

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merce entraînent u n d é b u t d'accumulation du capi- tal financier. Les principales conditions économiques du démarrage sont en place.

L'histoire montre que ce démarrage s'est fait d'abord en Grande-Bretagne, avec une notable avance sur les autres pays. Pourquoi cette loca- lisation ? Parce que ce pays était le seul à présenter t o u t u n ensemble de particularités favorables. C'est en Angleterre que le capital est le plus a b o n d a n t ; vers 1750, le t a u x d'intérêt des rentes sur l ' E t a t n'était que de 3 %. Ensuite, le XVIII siècle a connu une i m p o r t a n t e évolution agricole ; le système des trois champs (culture de printemps, culture d'au- tomne, jachère) est remplacé par l'alternance de la production de céréales et de celle du n a v e t ou du trèfle, avec une forte amélioration des rendements ; il en résulte à la fois une a u g m e n t a t i o n de la produc- tion de biens alimentaires et la mise à la disposition de l'industrie naissante d ' u n nombre i m p o r t a n t de travailleurs, d ' a u t a n t plus que le progrès des tech- niques agricoles avait été lié à la concentration des terres entre les mains des seigneurs et à la ruine progressive des anciens petits propriétaires. Exis- tence d'un état d'esprit favorable, épargne disposée à s'investir, essor de la production agricole, main- d'œuvre disponible, voilà réunies les conditions de la révolution industrielle, que nous aurons l'occasion de souligner à nouveau plus loin, n o t a m - ment lorsque nous parlerons du démarrage actuel des pays les moins développés.

La fin du XVIII siècle et le début du X I X voient alors se succéder plusieurs découvertes techniques, rapidement employées :

— dans la filature de coton, spinning j e n n y de Hargreaves et machine à filer de Arkwright ;

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— dans le tissage, navette volante de John Kay (1733), métier automatique de Cartwright (1785) ;

— machine à vapeur de James Watt en 1769 ;

— dans la sidérurgie, emploi de la houille au lieu du charbon de bois.

La rareté des forêts en Angleterre, par rapport au continent, conduisit assez vite à tenter de substi- tuer au bois un autre combustible. Dès 1800, la production de houille était de 18 millions de ton- nes, contre moins de 2 pour les autres pays. En- core en 1840, la production anglaise représentait plus des quatre cinquièmes de la production mondiale.

L'interaction est complexe entre le développe- ment des charbonnages, de la sidérurgie et des chemins de fer. C'est pour transporter le charbon que fut imaginé l'emploi de wagonnets sur rails en fer, tirés initialement par des chevaux, puis, à partir de 1830, par des machines à vapeur (fonc- tionnant au charbon). La constitution du réseau ferré (entre 1830 et 1850 en Grande-Bretagne) stimule puissamment la sidérurgie, notamment pour rempla- cer les rails en fer par des rails en acier, plus résistants et plus durables, et entraîne ainsi une augmentation importante de la consommation de charbon.

Au total, des auteurs anglais estiment que le produit national a augmenté au rythme de 2,5 % par an entre 1793 et 1815 et de 3,5 % entre 1815 et 1847, soit nettement plus vite que la population (1,5 % par an) ; en 55 ans, le produit par tête aurait ainsi été multiplié par 2,3. Au début, le taux d'aug- mentation de la production a été plus sensible dans l'agriculture que dans l'industrie, ce rapport s'inver- sant ensuite (pour aboutir au milieu du siècle au sacrifice de l'agriculture anglaise au profit de l'im- portation) ; par contre, pendant toute cette période,

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le rythme d'accroissement des industries de base a été plus élevé que celui des industries de biens de consommation ; c'est la période de création de l'industrie anglaise, qui travaille fortement pour l'exportation. Notons enfin (nous y reviendrons plus loin) une tendance à la baisse des salaires réels jusque vers 1815, puis une légère hausse ensuite (0,7 % par an) et l'existence d'effroyables conditions de travail.

Le démarrage de l'économie française a été nette- ment plus tardif, bien que les conditions qui préva- laient à la fin du XVIII siècle semblassent a priori assez favorables. La France était à la fois plus peuplée et plus riche que la Grande-Bretagne. Son commerce international était important. Diverses manufactures avaient été héritées de l'époque de Colbert. Juste avant la Révolution, le taux de croissance semblait être de 0,5 % pour l'agriculture et de 1,9 % pour l'industrie. Mais d'une part la France n'a pas bénéficié de la même révolution agricole que l'Angleterre ; bien au contraire, la Révolution française est venue consolider la pro- priété paysanne et, par l'établissement du partage successoral égal, a favorisé l'émiettement de cette propriété. D'autre part, le système de crédit est défectueux ; l'échec de la tentative de Law a mis les Français en défiance et leur a fait rechercher l'or ; ce n'est qu'en 1800 que fut créée la Banque de France. Enfin le gagnant de la Révolution est le petit bourgeois, dont la mentalité est à l'opposé de celle de l'entrepreneur ; loin d'inventer, de créer, de courir des risques, il épargne et accumule, lente- ment mais avec le minimum de risques.

Il faut enfin se souvenir que pendant un quart de siècle la France a été occupée par une révolution et des guerres qui ont mobilisé ses énergies et les ont canalisées vers des opérations toutes différentes

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de la production économique. Aussi, jusqu'en 1830, l'économie française est-elle en stagnation.

C'est après 1830 que se créent diverses entreprises, dans le textile, où on commence à employer la machine à vapeur et des métiers mécaniques, mais aussi dans la métallurgie (Le Creusot, Decazeville, Denain, de Wendel en Lorraine, Peugeot dans le Doubs) ; vers 1845, on se met à construire des chemins de fer. Ces débuts d'industrialisation sont facilités par l'aide étrangère, en l'occurrence du capital, des ingénieurs et des ouvriers britanniques (en 1848, il y a 15 000 ouvriers anglais dans la métallurgie française), et par une protection doua- nière élevée contre la concurrence anglaise. La croissance de la production globale atteint 2 % par an. Mais cette expansion bénéficie surtout à la classe bourgeoise, pendant que la condition ouvrière est effroyablement pénible.

C'est sous le Second Empire qu'on assiste au véritable décollage de l'économie française. Déve- loppement du système bancaire (banque de dépôts avec le Crédit Lyonnais, banque d'affaires avec la Haute Banque), extension rapide du réseau de voies ferrées (qui passe de 1 900 km en 1847 à 18 000 en 1870), grands travaux, triplement de la production d'acier entre 1852 et 1870. Enfin, en 1860, signature avec la Grande-Bretagne du traité de commerce qui supprimait les droits de douane sur les matières premières et les abaissait sensiblement sur les produits manufacturés.

Le démarrage économique des Etats-Unis s'est opéré dans des conditions très différentes :

— à la différence de l'Europe, le territoire est immense, très peu peuplé (encore aujourd'hui, la densité moyenne n'est que de 20 habitants

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par kilomètre carré contre 97 en France et 300 en Belgique) ; il existe de vastes terres disponibles, si bien qu'il suffit de se déplacer vers l'Ouest pour trouver de l'espace libre à défricher et à cultiver ; c'est le phénomène de la « frontière », qui a joué un rôle fondamental, non seulement pour faciliter le développement économique, mais aussi pour façonner l'âme américaine (1) ;

— la croissance de la population a été extrêmement rapide tout au long du XIX siècle, grâce notam- ment à l'immigration, mais aussi à un taux de natalité élevé ; ainsi le nombre d'habitants est passé de 4 millions en 1790 à 17 millions en 1840, 50 millions en 1880 et 106 en 1920.

Comme les terres étaient plus que suffisantes, il n'y a jamais eu de problème de production agricole, à la différence de certains pays actuel- lement. Par contre, l'augmentation de la popu- lation créait constamment des débouchés nou- veaux pour les producteurs industriels, ce qui rendait l'adoption de nouvelles techniques plus facile qu'en France et en Grande-Bretagne (ce qui n'a pas exclu un caractère souvent très brutal de la concurrence dans les 30 dernières années du XIX siècle, jusqu'à ce que le gouver- nement mette un certain ordre dans ces luttes économiques).

A partir de 1840 a commencé la construction de chemins de fer et l'implantation d'industries manu- facturières dans l'Est du pays, tandis que le Sud et l'Ouest restaient exclusivement agricoles. La guerre de Sécession interrompit l'essor économique, mais de façon brève (sauf dans le Sud qui en sortit

(1) Ce phénomène a pris une valeur mythique telle qu'un des slogans du programme Kennedy en 1960 était de créer une « nouvelle frontière ».

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de ne pas participer au commerce international.

Mais une voie originale est ouverte à de nombreux pays, c'est celle d'une coopération organisée au sein de groupements géographiques constituant de grands ensembles économiques. C'est pourquoi on voit se dessiner, dans différentes régions du monde, des tentatives de regroupement ; ainsi en va-t-il de divers pays d'Afrique noire et d'Amérique latine.

2. L'ordre économique international. — La contri- bution des pays industrialisés au développement du Tiers Monde peut prendre deux formes essentielles : une aide directe à la formation et à l'investissement, une refonte du système des échanges extérieurs pour augmenter les recettes d'exportation des P.V.D.

a) L'aide extérieure. — C'est pour instruire leur population et financer leurs investissements que les pays en voie de développement ont le plus besoin de l'aide extérieure. Le besoin en cadres et en techniciens se fait sentir d'une façon criante dans les deux tiers du monde. La formation de spécialistes bien au courant des techniques modernes est insuf- fisante dans plusieurs de ces pays, quasi inexistante dans d'autres, faute notamment d'instructeurs qua- lifiés. Pour sortir de ce cercle, une aide extérieure est indispensable. A long terme, la seule solution satisfaisante est évidemment l'implantation dans le pays lui-même de centres de formation (écoles techniques et universités). Mais dans une période transitoire, il est précieux que de nombreux étudiants puissent aller s'instruire dans les uni- versités et écoles des pays les plus développés : cette forme d'assistance technique, où le pays d'accueil finance le séjour des étudiants, se déve- loppe de plus en plus, malgré le risque que l'édu- cation ainsi dispensée soit mal adaptée aux be-

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soins propres du pays en voie de développement.

Toutefois cette œuvre d'éducation est forcément lente. Aussi est-il précieux de pouvoir la compléter par l'envoi sur place d'experts, de cadres, de techni- ciens, spécialistes de l'agriculture, des travaux pu- blics, de l'économie, etc. L'Europe, les Etats-Unis, l'U.R.S.S. jouent ainsi à l'égard des pays sous- développés le même rôle d'assistance technique que l'Angleterre avait joué à l'égard de la France, de l'Allemagne, de la Russie au cours du XIX siècle.

Le besoin en capitaux n'est pas moins impérieux.

Pour assurer en une quarantaine d'années le dou- blement du niveau de vie des 1 500 milliards d'hommes les plus pauvres, il faudrait un effort d'investissement supplémentaire à celui réalisé ac- tuellement, qui a été estimé entre 100 et 120 milliards de dollars. Une part de cet effort doit être consentie par les pays eux-mêmes, mais il est indispensable que les pays riches accordent une aide, notamment pour permettre le financement des importations en machines qui ne sont pas fabriquées sur place.

Jusqu'à une date récente, ces capitaux étaient d'origine privée, et consistaient en prêts ; c'est par exemple le cas des fameux emprunts russes, couverts par une multitude de petits souscripteurs français, et qui ont servi à financer l'infrastruc- ture à la fin du XIX siècle, ou des fonds fournis par de grandes compagnies privées. Depuis la seconde guerre mondiale, au contraire, la prédominance revient aux fonds publics. Le pre- mier cas spectaculaire fut l'aide Marshall versée par les Etats- Unis pour aider à la reconstruction de l'Europe. Depuis, cette forme d'aide s'est amplifiée. Actuellement, l'aide totale pu- blique et privée des pays de l'O.C.D.E. porte sur 28 milliards de dollars, dont les Etats-Unis versent 20 %, la France et l'Alle- magne fédérale chacun 13 %, le Royaume-Uni 7 % (l'aide de l'U.R.S.S. est inférieure à celle de la France).

Sans être négligeable, cette aide reste encore modique (1) ;

(1) Elle représente environ 0,3 % de la production mondiale et est à comparer aux centaines de milliards de dollars dépensés pour l'ar- mement dans le monde.

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elle est de plus t r è s i n é g a l e m e n t r é p a r t i e e n t r e p a y s ; e n f i n , son efficacité est s o u v e n t m é d i o c r e , d u f a i t q u ' e l l e est a t t r i b u é e sans q u e des p l a n s d e d é v e l o p p e m e n t a i e n t été i n i t i a l e m e n t définis.

b ) V e r s u n e r e f o n t e d u s y s t è m e d e s é c h a n g e s e x t é - r i e u r s . — A c t u e l l e m e n t , l e s p a y s s o u s - d é v e l o p p é s s o n t e s s e n t i e l l e m e n t e x p o r t a t e u r s d e m a t i è r e s p r e - m i è r e s d o n t l e s c o u r s f l u c t u e n t f o r t e m e n t : il n ' e s t p a s e x c e p t i o n n e l q u e l a b a i s s e d u p r i x d e s m a t i è r e s p r e m i è r e s p r o d u i t e s p a r l e s p a y s t r o p i c a u x a t t e i g n e 1 5 à 2 0 % d u n i v e a u d e l ' a n n é e a n t é r i e u r e e t q u e l e s p a y s s u b i s s e n t a i n s i u n e p e r t e é q u i v a l e n t e à l ' a i d e q u i l e u r e s t c o n s e n t i e p a r l e s p a y s r i c h e s . D e t e l l e s f l u c t u a t i o n s d a n s l e s r e n t r é e s d e d e v i s e s d e s p a y s p r o d u c t e u r s e m p ê c h e n t c e u x - c i d e p r é p a r e r e t d ' e x é c u t e r u n p l a n d e d é v e l o p p e m e n t é c o n o m i q u e e t d ' i n v e s t i s s e m e n t s .

L ' a m é l i o r a t i o n d e c e t t e s i t u a t i o n n e p e u t ê t r e o b t e n u e q u e d a n s d e u x d i r e c t i o n s :

— s t a b i l i s a t i o n d e s c o u r s ;

— r e l è v e m e n t d e s c o u r s ;

— d i v e r s i f i c a t i o n d e s é c h a n g e s .

L e s f l u c t u a t i o n s d e s c o u r s s o n t d u e s d ' u n c ô t é a u x f l u c t u a t i o n s d e l ' a c t i v i t é d e s p a y s i n d u s t r i e l s a c h e t e u r s , d e l ' a u t r e a u x v a r i a t i o n s d e r é c o l t e s p o u r l e s p r o d u i t s a g r i c o l e s o u d e s c a p a c i t é s d e p r o d u c t i o n i n s t a l l é e s p o u r l e s m i n e r a i s . S i o n v e u t a t t a q u e r l e p r o b l è m e à l a r a c i n e , il e s t d o n c n é c e s s a i r e d e m e t t r e e n p l a c e d e s m é c a n i s m e s d e f i n a n c e m e n t d e s t o c k a g e , m a i s a u s s i e t s u r t o u t d ' a s s u r e r , à l ' é c h e l o n m o n d i a l , u n e c e r t a i n e h a r m o n i s a t i o n d e s p r o d u c t i o n s , d e f a - ç o n à c e q u e , p o u r l e s p r o d u i t s a g r i c o l e s , l e n i v e a u m o y e n d e s p r o d u c t i o n s e n v i s a g é e s s u r p l u s i e u r s a n n é e s , e t p o u r l e s m i n e r a i s e t l ' é n e r g i e l e s c a p a - c i t é s d ' e x t r a c t i o n , é v o l u e n t c o m m e l e m o n t a n t d e s b e s o i n s . E n c e q u i c o n c e r n e c e s d e r n i e r s , il s ' a g i t ,

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pour les matières premières, de la demande corres- pondant au développement industriel de la pla- nète ; pour les produits alimentaires, par contre, on peut envisager d'ajouter à la « demande sol- vable » un élément supplémentaire correspondant à une aide alimentaire fournie, au moins temporaire- ment, par les pays riches aux pays pauvres.

On peut également songer à relever les cours de façon durable. De nombreuses propositions ont été faites lors des diverses réunions de la C.N.U.C.E.D., sans résultat appréciable en général. La grande exception est constituée par le pétrole, où le relè- vement spectaculaire des prix a été obtenu par la constitution d'un front uni des producteurs, l'O.P.E.P. (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole). Cette hausse introduit d'ailleurs entre les pays en voie de développement un nouveau clivage : d'un côté les pauvres riches, actuellement peu déve- loppés mais ayant maintenant de substantielles res- sources en devises qui devraient leur permettre de se développer assez rapidement, et les pays pauvres pauvres, dont le relèvement des prix du pétrole empire encore la situation.

On peut également signaler le mécanisme de stabilisation des recettes d'exportation créé par la C.E.E. en faveur des pays associés (accords de Lomé).

Mais la seule solution à terme est la diversi- fication des échanges ; pour trop de pays, en effet, l'exportation d'un ou deux produits assure 80 ou 90 % de ses ressources en devises. Cette diversifi- cation ne peut se faire qu'au profit de certains pro- duits industriels. Jusqu'à maintenant, les échanges ont trop gardé une structure « coloniale » où un pays fournissait des matières premières et l'autre des pro- duits manufacturés. L'évolution devra se faire pour les pays sous développés, d'abord par la réduction

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des importations de produits d'élaboration facile, de techniques simples, qui peuvent être produits sur place (l'industrie textile est l'exemple le plus spec- taculaire), puis par l'exportation de divers produits industriels.

Cette évolution nécessite des modifications im- portantes dans la structure des économies des pays développés : des industries traditionnellement ex- portatrices devront d'abord se limiter au marché intérieur, dont elles devront même plus tard aban- donner une partie à l'importation. Ces adaptations ne vont évidemment pas sans difficultés temporaires, qui expliquent les actions de retardement menées par diverses professions, notamment en demandant des protections douanières ou des aides à l'expor- tation. Mais il est à espérer que les gouvernements sauront se montrer fermes, et les industriels et travailleurs compréhensifs, afin de faciliter une évolution qui est la condition sine qua non de la croissance économique des pays sous-développés.

Cette refonte de la structure du commerce exté- rieur se fera d'ailleurs au bénéfice de certaines in- dustries des pays développés, notamment celles qui fabriquent des biens d'équipement dont les dé- bouchés à l'exportation devraient croître rapide- ment, si bien que les répercussions sur l'emploi des pays industrialisés d'une nouvelle division inter- nationale du travail se traduiraient, non par des réductions de l'emploi total, mais par la nécessité de reconversion d'une branche d'activité vers d'autres.

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CONCLUSION

Au terme des développements précédents, deux sur- vols s'imposent, l'un rétrospectif, l'autre prospectif.

Nous devons d'abord souligner le caractère très particulier de notre époque. Si, au cours des siècles, certaines civilisations sont parvenues à un niveau de prospérité économique très supérieur à celui des pays limitrophes, ce n'est que depuis deux siècles à peine que l'expansion économique est assez régulière dans certains pays et a tendance à se propager à toute la planète. On ne saurait trop souligner le caractère récent de la croissance, en même temps que son aspect surprenant. Il faut se débarrasser de l'idée, fausse et stérilisante, que le progrès économique s'effectue spontanément, sans effort rationnel et délibéré pour l'obtenir : il est au contraire le fruit d'une application tenace, qui suppose à la fois une curiosité intellectuelle, un goût de l'innovation, même si elle bouscule des situations acquises, une restriction temporaire de la consommation pour permettre l'investisse- ment nécessaire (investissements en bâtiments, en travaux publics, en machines, mais aussi investis- sement intellectuel, sous forme de recherche et d'éducation des enfants).

On a tendance aujourd'hui à se scandaliser des inégalités de développement entre pays ; il faut distinguer le plan intellectuel et le plan moral.

Intellectuellement, le phénomène le plus surpre-

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nant est l'existence de nations économiquement très développées aujourd'hui ; certes, Dieu dit à Adam et Eve : « Remplissez la terre et soumettez- là », mais l'accélération de cette domination de l'homme sur le monde matériel au cours des deux derniers siècles, à la fois par une meilleure compréhension du phénomène et une exploitation technique de ces connaissances, est sans précédent ; il est tout à fait remarquable que se soient trouvées réalisées simultanément, dans quelques pays, toutes les conditions nécessaires à cette explosion tech- nique et à cette expansion économique. Moralement, par contre, on ne peut qu'être heurté profondément par les immenses inégalités de développement et de niveau de vie, entre pays d'une part, entre caté- gories sociales au sein d'un même pays d'autre part.

Cette dualité de points de vue donne la clé pour dessiner le monde de demain. La poursuite de la croissance est possible ; notre compréhension du monde matériel en est à ses débuts, les possibilités ouvertes à la technique sont immenses. Mais ce pro- grès n'aura lieu que dans une atmosphère de liberté, liberté de recherche, liberté de réalisations ; liberté ne veut pas dire anarchie, et une réflexion en com- mun sur l'avenir, l'acceptation de certaines évolu- tions prioritaires, une discipline librement consentie à des règles institutionnelles, seront de plus en plus indispensables, précisément comme garants d'un fonctionnement épanoui de l'initiative individuelle.

La planète est véritablement devenue une, la dif- fusion rapide des connaissances est possible et nous tendrons vraisemblablement vers une unification des techniques. Par contre l'unification des systèmes économiques et des genres de vie est moins inévi- table. Que soit grande la tentation vers une unifor-

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misation générale, c'est certain ; que cette unifor- misation soit évitable est probable et heureux. Mais seulement au prix d'un constant effort. Cette préoc- cupation du maintien de la diversité doit être conçue d'ailleurs dans un esprit positif, avec la conviction que la diversité est une richesse pour l'humanité, et non avec une attitude purement négative d'hostilité contre ce qui vient du voisin...

Certes, la tentation est toujours grande de se situer en s'opposant ; de nombreuses réalisations poli- tiques, parmi les plus valables, n'ont été obtenues que pour réagir contre des pressions ou des menaces, qui ont constitué le défi créateur cher à Toynbee.

Mais le progrès économique du monde est au prix d'un surpassement de ces oppositions, afin que soient consacrées aux œuvres de paix les sommes gigan- tesques affectées actuellement aux armements.

Il ne faut toutefois se faire aucune illusion : l'égalité économique n'est pas pour demain, ni en niveau de vie, ni en pouvoir économique. Certains pays ont pris sur d'autres un demi-siècle de retard ; comme les seconds continuent à progresser, les premiers ne peuvent penser les rattraper que dans plusieurs décennies ; on peut toutefois espérer, si l'expansion démographique se ralentit, assurer à toute l'humanité avant la fin du siècle la couver- ture des besoins essentiels. Quant au déséquilibre de puissance entre nations, c'est probablement dans la double voie de l'union économique à l'échelle des continents et d'un dialogue des continents que peut être recherchée une atténuation des risques de domination qu'il entraîne.

En définitive, ni la croissance, ni l'égalité ne sont de nature. Elles requièrent des efforts persévérants, mais qui valent la peine, dans la mesure où elles permettent à l'homme de se dégager des contraintes

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asservissantes, contraintes matérielles d'une part, subordination à d'autres hommes de l'autre, et d'atteindre ainsi la liberté. Mais ce n'est en dernière analyse que par la solidarité et la fraternité à l'échelle du globe que celle-ci sera définitivement atteinte.

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

L e s m e i l l e u r e s d e s c r i p t i o n s q u a n t i t a t i v e s d e l a c r o i s s a n c e s e t r o u v e n t d a n s :

C o l i n C L A R K . L e s c o n d i t i o n s d u p r o g r è s é c o n o m i q u e ( 1 é d . , 1 9 3 9 , t r a d u c t i o n f r a n ç a i s e a u x P r e s s e s U n i v e r s i t a i r e s d e F r a n c e , e n 1 9 6 0 ) .

S i m o n K U Z N E T S , L e s a s p e c t s q u a n t i t a t i f s d e l a c r o i s s a n c e é c o n o m i q u e d e s n a t i o n s ( t r a d . f r a n ç a i s e , B . I . R . D . ) .

— C r o i s s a n c e e t s t r u c t u r e é c o n o m i q u e s ( C a l m a n n - L é v y , 1 9 7 2 ) . J e a n F O U R A S T I É , L e g r a n d e s p o i r d u X X e s i è c l e ( P r e s s e s U n i v e r s i -

t a i r e s d e F r a n c e ) .

J . - J . C A R R É , P . D U B O I S , E . M A L I N V A U D , A b r é g é d e l a c r o i s s a n c e f r a n ç a i s e , E d . d u S e u i l , 1 9 7 3 .

P o u r l ' e x p l i c a t i o n d e l a c r o i s s a n c e , l a l e c t u r e d e s g r a n d s c l a s s i q u e s r e s t e t r è s e n r i c h i s s a n t e :

A d a m S M I T H , R e c h e r c h e s u r l a n a t u r e e t l e s c a u s e s d e l a r i c h e s s e d e s n a t i o n s ( 1 7 7 6 ) .

M A L T H U S , E s s a i s u r le p r i n c i p e d e l a p o p u l a t i o n ( 1 7 9 8 ) . K a r l M A R X , L e c a p i t a l ( 1 8 6 7 ) .

J o s e p h S C H U M P E T E R , T h é o r i e d e l ' é v o l u t i o n é c o n o m i q u e ( t r a d . f r a n - ç a i s e . 1 9 3 2 ) .

M a x W E B E R , L ' é t h i q u e p r o t e s t a n t e e t l ' e s p r i t d u c a p i t a l i s m e ( P l o n , 2 é d . , 1 9 6 7 ) .

O n p e u t l e u r a j o u t e r :

R a y m o n d A R O N , D i x - h u i t l e ç o n s s u r l a s o c i é t é i n d u s t r i e l l e ( c o l l .

« I d é e s », N . R . F . , 1 9 6 2 ) .

O . D E L A G R A N D V I L L E , T h é o r i e d e l a c r o i s s a n c e é c o n o m i q u e , M a s s o n , 1 9 7 7 .

E d w a r d F . D E N I S O N , W h y g r o w t h r a t e s d i f f e r ( T h e B r o o k i n g s I n s - t i t u t i o n , 1 9 6 7 ) .

E . G A N N A G É , E c o n o m i e d u d é v e l o p p e m e n t ( P r e s s e s U n i v e r s i t a i r e s d e F r a n c e , 1 9 6 2 ) .

P . Y . H E N I N , M a c r o d y n a m i q u e , f l u c t u a t i o n e t c r o i s s a n c e , E c o n o m i c a , 1 9 7 9 .

H I R S C H M A N N , L a s t r a t é g i e d u d é v e l o p p e m e n t é c o n o m i q u e ( t r a d . f r a n - ç a i s e , E d i t i o n s O u v r i è r e s ) .

F r a n ç o i s P E R R O U X , L a t h é o r i e d u p r o g r è s é c o n o m i q u e , a i n s i q u e d i v e r s a u t r e s a r t i c l e s p u b l i é s d a n s l e s C a h i e r s d e l ' I . S . E . A . W . R O S T O W , L e s é t a p e s d e l a c r o i s s a n c e é c o n o m i q u e ( 1 9 6 0 , t r a d . f r a n -

ç a i s e . S e u i l , 1 9 6 2 ) .

L . S T O L É R U , L ' é q u i l i b r e et l a c r o i s s a n c e é c o n o m i q u e , D u n o d , 1 9 7 8 .

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Signalons enfin quelques ouvrages contenant des vues intéressantes sur certains aspects de la croissance :

Pierre MASSE, Le plan ou l'anti-hasard (Gallimard, 1965).

Alfred SAUVY, Theorie de la population (Presses Universitaires de France). T. I. 3 éd., 1963 ; t. II, 3 éd., 1966.

Pierre URI, Dialogue des continenis.

Robert LATTES, L'autre croissance (Ed. du Seuil, 1972).

Bertrand de JOUVENEL, Arcadie, essais sur le mieux-vivre (Sedeis, 1968).

Club de Rome ( 2 rapport), Halte à la croissance, 1972.

M. GUNNAR, Procès de la croissance (Presses Universitaires de France, 1978).

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