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Submitted on 1 Jan 1971
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COMPOSITION ÉLECTROLYTIQUE DU SUC ET ÉTUDE HISTOLOGIQUE DES POCHES FUNDIQUES A SÉCRÉTION NEUTRE DE L’ESTOMAC DU LAPIN
J. Moré, M. Beauville, M. Vernay, N. Brunel-Dubech
To cite this version:
J. Moré, M. Beauville, M. Vernay, N. Brunel-Dubech. COMPOSITION ÉLECTROLYTIQUE DU SUC ET ÉTUDE HISTOLOGIQUE DES POCHES FUNDIQUES A SÉCRÉTION NEUTRE DE L’ESTOMAC DU LAPIN. Annales de Recherches Vétérinaires, INRA Editions, 1971, 2 (1), pp.91-98.
�hal-00900679�
COMPOSITION ÉLECTROLYTIQUE DU SUC
ET ÉTUDE HISTOLOGIQUE
DES POCHES FUNDIQUES A SÉCRÉTION NEUTRE
DE L’ESTOMAC DU LAPIN J. MORÉ,
M. BEAUVILLE M. VERNAYN. BRUNEL-DUBECH
Laboratoire de Pharmacologie- Toxicologie, LN.R.A., 180, Chemin de Tournefeuille,
31 - Toulouse-Saint-Mavtin-du-Touch
* Laboratoire de Physiologie de la Nutrition, Institut de Physiologie animale, 31 - Toulouse
RÉSUMÉ
Le comportement de poches isolées dans la région fundique de l’estomac du Lapin est variable
et
imprévisible.
Certaines produisent un suc rappelant celui de l’organe entier tandis que d’autres ont une sécrétion dépourvue de toute trace d’acide chlorhydrique. Ces observations ont été mises à profit pour étudier leproduit
de sécrétion des poches neutres sans bloquer l’élaboration d’HCl par actionpharmacologique.
Le contrôle histologique a révélé des variations structurales et histo-chimiques des types cellulaires de ces poches.
INTRODUCTION
I;a documentation concernant la
physiologie gastrique
duLapin
reste trèsparci- monieuse ; pourtant
la connaissance desmécanismes qui aboutissent
à la sécrétion du suc stomacalprésente
un trèsgrand
intérêt tant sur leplan
de la recherche fonda- mentale que sur celui desapplications pratiques (amélioration
desélevages
oupatho- logie des ulcères).
Malgré
de nombreux travauxréalisés
notamment chezle Chien,
leChat,
le Rat etl’Homme,
les mécanismes intimes de la sécrétiongastrique
ne sont pas encoretotalement élucidés.
Si l’onattribue,
certesdepuis longtemps,
la sécrétion d’acide‘j
chlorhydrique
auxcellules
bordantes etcelle
des enzymes aux cellulesprincipales,
on ne connaît pas nettement à ce
jour
le rôle exact quepeuvent jouer
les cellules àmucus.
Or le suc
gastrique
pur est en fait unmélange
résultant du travail desynthèse
de ces trois
types
de cellules et il n’est paspossible d’obtenir,
defaçon sûre,
la sécré- tionséparée
dechaque type
cellulaire.Cette difficulté se trouve encore accusée chez le
Lapin
du fait de l’existence d’une sécrétion continue.Cependant,
nous avons mis àprofit
certaines observations faites sur deslapins,
munis d’unepoche isolée,
pour essayer d’isoler la sécrétion mu-queuse.
I,’expérience
nous apermis
de constaterqu’un
certain nombre depoches (environ
15 p.100 )
ne fonctionnent pas normalement et sécrètent un sucpratique-
ment neutre.
Il nous a donc paru intéressant d’étudier la sécrétion des
poches
de ces animauxet d’effectuer un contrôle
histologique puisqu’un type
cellulaire aumoins,
les cellulesbordantes,
ne semble être lesiège
d’aucune activité.TECHNIQUE
Les poches sont installées dans la région fundique selon la technique de BEAUVILLE et RAY-
NAUD (1968).
Une semaine après l’opération et pour autant que la poche ne soit pas devenue acide, nous prélevons le suc gastrique à l’aide d’un cathéter branché sur une canule ; vingt prélèvements ont
été ainsi réalisés sur 6 lapins différents.
Les lectures de pH sont effectuées à l’aide d’un pHmètre Methrom au i/ioo.
Le chlore est dosé par l’acide nitrique en présence de 5-diphénylcarbazone (microdosage de Beckman), tandis que le sodium et le potassium le sont à l’aide d’un photomètre de flamme
(É
ectrosynthèse) ; enfin les carbonates sont évalués à l’appareil de Warburg par dégagemendu CO, en présence de HCI.
Les techniques histologiques utilisées sont les suivantes :
- Hémalun (selon MAYER) érythrosine-orangé G pour l’étude anatomo-topographique ;
- Picro-Ponceau pour la différenciation des fibres de collagène ;
- Imprégnation au carbonate d’argent ammoniacal (selon LAIDLAW) pour la mise en évi- dence des fibres de réticuline ;
- Acide périodique-réactif de Schiff (APS) pour l’étude des mucines riches en alpha glycols (mucines neutres et certaines mucines acides) selon McMANUS (1946) ;
- Bleu de toluidine (Fluka C. 1. n° 52040 lot 428190) pendant 30mn à pH 6 en tampon Walpole et MeIlvaine 0,1 N selon LILLIE (1965) pour la mise en évidence de toutes les mucines acides ;
- Bleu Alcian (Gurr C. 1. n° 74240 lot 428190) à 1p. Ioo :
. dans l’acide acétique à 3 p. 100, pH 2,6, pour la mise en évidence de toutes les mucines acides,
dans l’acide chlorhydrique à o,r p. 100, pH 1, pour la mise en évidence des mucines acides fortement sulfatées selon LEV et SpicER (1964) ;
- Bleu Alcian à 0,1 p. 100 dans tampon acéto-acétique 0,05 N de pH 5,8 en présence de
forces croissantes de MgC’2 (qui déchargent successivement les polyanions des plus faiblement au
plus fortement électronégatifs) selon SCOTT et al. (I964) ;
- Méthylation forte (60°C pendant 4heures) qui supprime la basophilie des mucines car-
boxylées et provoque la méthanolyse des sulfomucines ; puis saponification qui désestérifie les groupes carboxyles et leur rend leur basophilie tandis que les groupes sulfates ont été définiti- vement éliminés (technique de SPICER, I96o) ; &dquo;
- Réaction à l’orthodianisidine (fast blue B salt, Gurr C. I. n° 37235, lot 21853) couplée à
l’H acide 8 amino, Inaphtol, 3-6 disulfonic acid monosodium salt (Eastman Kodak Cie) selon
D
ANIELLI(1953) pour la localisation de la tyrosine, l’histidine et le tryptophane.
RÉSULTATS
Les résultats des
dosages
sontconsignés
dans le tableau I. Lespoches qui
nefonctionnent pas normalement sécrètent un suc dont le
pH
moyen est de7,70 !
0,05 et dont lacomposition électrolytique
est la suivante :Du
point
de vuehistologique (schéma i)
nous avons retenu lespoints
suivants :L’épithélium superficiel
circonscrit la totalité de lapoche
mais on y observe desvariations structurales suivant les niveaux. En
effet,
laplupart
des cellulesépithé-
liales sont du
type gastrique
banal : ils’agit
d’élémentsprismatiques
hauts àpôle
muqueux fermé avec noyaux
ovoïdes
sombres enposition
basale etlarge
vacuoleapicale.
Parcontre,
au-dessus des zones nécrosées de la coucheglandulaire,
cetépi-
thélium subsiste mais ces cellules tendent à
s’aplatir progressivement :
dutype pris- matique
haut on passe insensiblement autype cubique
pour aboutir à des cellules fortementcomprimées. Mais, qu’elles
soient hautes ouaplaties,
les cellulesépithé-
liales se sont
toujours
montréespositives
àl’APS,
nonalcianophiles
et orthochro-matiques
au bleu de toluidine comme dans l’estomac normal.Il
s’agit
donc de cellules muqueuses, sécrétant des mucines neutres. Deplus,
leurpositivité
discrète à la réaction de DnrrW!,r,iindique
la faible teneur enprotéines
de ces mucines
épithéliales.
Dans la couche
glandulaire,
le tissuconjonctif qui
emballe lesglandes
etqui
estriche en fibre de réticuline
(imprégnation
deLaidlaw)
et decollagène (coloration
auPicro-Ponceau)
mais aussi en cellulesconjonctives
mobiles traduit l’existence d’unphénomène
cicatriciel. Deplus,
on rencontre dans ce tissu uneimportante
infiltra-tion
lymphocytaire.
Toujours
dans la coucheglandulaire,
lesglandes
ont une structure variable sui- vant la zone considérée dans lapoche :
- A
proximité
desplages nécrosées,
où seul estpartiellement
conservé le réseauconjonctif
des anciennesglandes,
les tubulessécréteurs,
d’allurecontournée,
sontentièrement constitués de cellules
rappelant
celles du collet desglandes fundiques.
Comme ces
dernières,
ellesprésentent
une fortepositivité
à l’APS mais s’en dis-tinguent
par leuralcianophilie
et leur métachromasie au bleu de toluidine. Deplus,
cet
épithélium glandulaire
est fortementpositif
à la réaction de DANIELLI. Lesglandes
de cette zone sont donc
purement
dutype
mucoïde. Elles sécrètent des mucines acides associéesprobablement
à une chaînepolypeptidique
riche en acides aminésaromatiques.
- A mesure que l’on
s’éloigne
de cesplages
nécrosées les tubules sont deplus
en
plus allongés
tandis que leur sinuosité diminue.L’épithélium glandulaire
est dumême
type
que celui décritprécédemment.
( 1
) Écart type de la moyenne.
- Dans les zones
les plus
distales des lieux nécrosés et sur une faible étendue de la Lamina!ro!ria,
lesglandes
sontrectilignes
etprésentent
desanalogies
avec lestubules
fundiques classiquement
décrits. Elles s’endistinguent cependant
par leur collet trèsdéveloppé
APSpositif, alcianophile
etmétachromatique
au bleu detoluidine. I,a
partie
distale de laglande
estcomposée d’un épithélium purement
séreux etcomprenant
deuxtypes cellulaires.
Lepremier type,
de loin leplus répandu, correspond
à des élémentsrappelant les cellules principales
du fundus mais avec uncytoplasme
nettementplus
clair et faiblementpositif
à la réactionde
DANIELLI. Le deuxièmetype,
très rare,correspond
à des cellulesplus
ou moinsallongées
àcyto- plasme
denseparfois disposées
defaçon excentrique
parrapport
à laglande.
Peut-êtres’agit-il
de cellules bordantes en voie de différenciation ?La muscularis mucosae est du
type classiquement
décrit mais sonépaisseur
estdouble de celle de l’estomac entier.
La sous-muqueuse est très
épaisse, plus
dense que normalement et très riche entissu
conjonctif
fibreux. A son niveau la vascularisation estimportante.
La
musculeuse,
trèsmince, comprend
essentiellement des fibres lisseslongitudi-
nales et une mince assise de fibres
transversales.
La trameconjonctive
resteimpor-
tante au sein des assises musculaires.
L’adventice ne
présente
aucuneparticularité
notable.La
jonction !oche-estomac
n’estassurée
que pardu
tissuconjonctif
et les deuxmusculeuses ne sont pas en continuité. Les
foyers
cicatriciels dans la zone de contactcorrespondent
au passage des fils de suture de lapoche.
Remarque.
Au niveau de la zone de
jonction,
lapartie libre
de l’estomacprésente quelques
variations sur une très faible étendue. En
effet,
à ceniveau,
onpeut
observer une réaction cicatricielles’accompagnant
d’une modification de structure desglandes fundiques.
Celles-ci ontperdu
tout caractère séreux et sont constituées par unépi-
thélium APS
positif alcianophile
etmétachromatique.
DISCUSSION
Ainsi la
poche fundique
neutre isolée selon la méthode de BEAUVILLE et RAYNAUD( 19
68)
se différencie du fundus del’organe
entier et de lapoche
acide par les carac-tères
histologiques
suivants :- un
épithélium superficiel
souventaplati
mais conservant les caractèreshistochimiques
du fundusnormal ;
- des
glandes
en totalité mucoïdescomposées
de cellulesmorphologiquement
voisines de celles du collet des
glandes fundiques
et sécrétant des mucines alciano-philes jusqu’à pH
i, nonalcianophiles après méthylation
forte etsaponification,
conservant leur
basophilie jusqu’à
des concentrations enMgCl a
de o,5 N. Cesglandes
sécrètent des
mucoprotéines
faiblementsulfatées ;
- des
glandes
muco-séreuses. Leur collet trèsdéveloppé produit
une sécrétiondu
type
mucines faiblement sulfatées. Le corps de laglande
réduit au tierssupérieur
du tubule
comporte
deuxtypes cytologiques :
l’un trèsproche
des cellulesprincipales
du
fundus,
l’autrepourrait correspondre
aux cellules bordantes.Il semble y avoir une
gradation
dutype glandulaire
àpartir
des zonesnécrosées, puisque
l’on passeprogressivement
de lasimple crypte fundique
à laglande
mucoïdepuis
à laglande
muco-séreuse.J OFIN S
ON
et McMINN(i 959 )
ont montréqu’après
une blessureprovoquée
auniveau de la muqueuse
gastrique
deplusieurs espèces (Chien, Chat, Lapin, Rat)
lesglandes
néoformées étaient d’abord desglandes
mucoïdesqui,
suivant des délais variables selon lesanimaux,
aboutissaient autype
muco-séreux. I,apoche fundique
retrace cette évolution
mais,
en cequi
concerne les mucinessécrétées,
ncs observations restent sanscorrespondance.
Eneffet,
au niveau du fundus et même del’antrum,
les mucines sécrétées par l’estomac duLapin
sont des mucines neutres(Moue, i 9 6 9 ).
Les mucines sulfatées que nous avons mises en évidence au niveau de la
poche
isoléeprésentent
les mêmescaractéristiques histochimiques
que celles que l’on rencontreau niveau du duodénum du
Lapin.
Peut-être
s’agit-il
d’une évolution des mucines en relation avec les processus de cicatrisationpuisque
lapartie
de l’estomacjouxtant
lapoche présente
des modifi-cations
histologiques
ethistochimiques identiques
à celles de lapoche
mais à undegré
moindre.
Le suc que nous recueillons
correspond
à la « sécrétion nonpariétale
» ou « compo- sant alcalin» puisque
la muqueuse de nospoches
ne contientplus
de cellules bor- dantes. Lacomposition
de ce suc estproche
de celle de la sécrétion nonpariétale
décrite par
plusieurs
auteurs dont les résultats(tabl. 2 )
sont leplus
souvent théo-riques, puisqu’ils
sont obtenus parextrapolation (MnKx!,oux
etal., r 9 66 ; H UN T, 1950
)
ou parsuppression
de la sécrétionpariétale
à l’aide de doses massivesd’acétyl-
choline(A I ,T AMIRANO , i 9 6 3 ; 1 HOLLANDER, r 95 2),
cequi peut
aussi affecter d’autres sécrétions.Nos valeurs ont
l’avantage
d’être obtenues àpartir
d’une muqueuse sécrétantspontanément
du suc neutre ; elles ne sont pas le résultat d’uneextrapolation,
pasplus
que celui d’une actionpharmacologique pratiquée
à l’aide de substancesdépri-
mant la sécrétion
pariétale.
Nous devons
cependant
faire une réserve concernant les carbonates. Ilpeut en
effet arriverqu’un
certain nombre de cellules bordantespersistent
dans lespoches;
dans ce cas il est donc naturel
d’observer
une moinsgrande quantité decarbonates
dans le suc.Ceci s’explique aisément
d’unepart
par un effet de dilution et d’autrepart
par l’action de l’acidechlorhydrique. En
cequi
concernel’histologie,
nousretiendrons
quel’épithélium superficiel
est dutype
banal etqu’une hypertrophie
se manifeste dans la zone
glandulaire
au niveau des cellules du collet. Il fautajouter
à cela que
l’apparition des mucopolysaccharides acides, qui
se rencontrentégalement
dans l’estomac
entier au niveaude
la zone destriction,
est un faitoriginal.
Ces muco-polysaccharides traduisent probablement
un état de souffrance de la muqueuse.CONCLUSION
En isolant des
poches fundiques,
dansquelques
cas nous obtenons defaçon permanente
un suclégèrement alcalin,
ce dernier est doncexempt
deliquide pariétal.
I,’histologie
confirme que la muqueusede
cespoches
estdépourvue
de cellules bor-dantes et
qu’il
nepersiste
que les cellules muqueuses del’épithélium
de revêtement et les cellules mucoïdes dutype
« collet o.La
composition électrolytique
de ce suc est voisine de celle ducomposant
alcalindéjà
décrit chez d’autresespèces
soit parextrapolation,
soit ensupprimant
la sécré-tion
pariétale
par desdrogues.
L’avantage technique
de lapoche
isolée est de nous procurer un suc alcalin sécrétéspontanément
par les cellules muqueuses de surface et ducollet la composi-
tion du
liquide
obtenu estrelativement
constante ; seuls les carbonates subissent des fluctuationsimportantes.
Il faut néanmoins faire une réserve en ce
qui
concerne les cellules du collet :en
effet,
leur nombreaugmente beaucoup
et, deplus,
ellespossèdent
des mucopo-lysaccharides
acides sulfatés alors que nous n’en avonsjamais
rencontré à ce niveau chez lelapin
normal.Reçu pour publication en décembre 1970.
SUMMARY
THE ELECTROLYTE COMPOSITION OF THE NEUTRAL SECRETIONS AND THE HISTOLOGY OF THE FUNDIC POUCHES OF THE RABBIT STOMACH A slightly alcaline secretion was obtained from gastric pouches isolated at the level of the fundus. From this secretion, it was possible to determine the electrolyte composition of the gas- tric juice directly, without extrapolation or pharmacological stimuli. Histological studies showed that these pouches are practically devoid of parietal cells, whereas the neck cells are well de-
veloped and produce intestinal-type mucins.
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