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Traitement arthroscopique des fractures articulaires récentes du coude Arthroscopic treatment of acute elbow fractures

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Academic year: 2022

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Article original

Traitement arthroscopique des fractures articulaires récentes du coude Arthroscopic treatment of acute elbow fractures

N. Graveleau, T. Bauer, P. Hardy

*

Service de chirurgie orthopédique et traumatologique, CHU Paris-Ouest, hôpital Ambroise-Paré, faculté de médecine Paris-Ouest, 9, avenue Charles-de-Gaulle, 92100 Boulogne-Billancourt, France

Résumé

La prise en charge des rares fractures articulaires vraies du coude est difficile : le chirurgien reste confronté à la double nécessité de rétablir l’anatomie et d’obtenir une synthèse stable permettant une rééducation immédiate. Le traitement arthroscopique des fractures articulaires du coude (capitellum, coronoïde, olécrane, tête radiale) permet d’avoir un bon contrôle de l’anatomie intra-articulaire tout en limitant le traumatisme des parties molles du coude. Il permet ainsi de faire un bilan lésionnel articulaire complet lors de la prise en charge initiale : lésions chondrales, fragments libres intra-articulaires et lésions capsuloligamentaires. Le traitement arthroscopique de ces fractures expose aux risques habituels de l’arthroscopie du coude et nécessite une bonne maîtrise de la technique arthroscopique sur des coudes parfois récemment luxés. Nous utilisons essentiellement les voies latérales pour éviter l’abord interne qui ne nous semble pas systématiquement nécessaire. Nous exposons ici les techni- ques chirurgicales utilisées dans des indications sélectionnées. Le bilan scannographique préopératoire permet de planifier l’intervention.

© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Abstract

Surgical management of the rare thrue articular fractures of the elbow remain difficult: the surgeon must achieve anatomical reconstruction with a reliable fixation allowing mobilisation of the joint for early rehabilitation. Arthroscopic treatment of elbow fractures (capitellum, coronoid, olecranous and radial head) gives an excellent intra articular view with few soft tissue damage. Cartilage damage, intra articular loose bodies and capsulolabral injuries are then well adressed. Arthroscopic management of elbow fracture is potentially dangerous for the neuro-vascular struc- tures and requiere good knowleges in elbow arthroscopic technique. We routinely use lateral approach, trying to avoid the medial approach in traumatology. This article relates the differents surgical techniques. A preoperative computed tomography is needed to select the eligible fractures for those techniques.

© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés :Arthroscopie ; Fracture du capitelum ; Fracture de la coronoïde ; Fracture de la tête radiale ; Fracture de lolécrane ; Technique chirurgicale Keywords:Arthroscopy; Capitelum fracture; Coronoid fracture; Olecranous fracture; Radial head fracture; Surgical technique

1. Introduction

Les fractures articulaires du coude sont relativement rares, elles peuvent associer plusieurs composantes fracturaires et la stabilité même du coude peut être compromise. Cela est d’au- tant plus vrai que des lésions ligamentaires seront associées. La prise en charge de ces fractures par traitement arthroscopique

est très peu décrite dans la littérature [1–3], aussi cet exposé associera des résultats de notre pratique chirurgicale, les résul- tats d’études cadavériques de faisabilité de techniques qui en sont encore en phase de développement et de validation et les résultats cliniques du Symposium de la SFA 2005 sur l’arthros- copie du coude[4].

Le traitement des fractures articulaires du coude fait appel aux principes généraux des fractures articulaires des articula- tions mobiles : il faut une réduction la plus anatomique pos- sible et une synthèse stable nécessaire au démarrage précoce de

http://france.elsevier.com/direct/CHIMAI/

*Auteur correspondant.

Adresse e-mail :philippe.hardy@apr.ap-hop-paris.fr(P. Hardy).

1297-3203/$ - see front matter © 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

doi:10.1016/j.main.2006.07.017

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la rééducation dans cette articulation au fort potentiel d’enrai- dissement. L’utilisation de l’arthroscopie doit permettre d’aider au contrôle de la réduction des déplacements articulaires et la mise en place d’une ostéosynthèse adaptée ou permettre l’abla- tion des petits fragments ostéochondraux intra-articulaires ci ceux-ci ne peuvent raisonnablement être synthésés.

De plus le coude est une articulation entourée d’éléments nobles et d’éléments indispensables à sa stabilité, rendant son abord chirurgical traditionnel parfois difficile dans le contexte traumatologique. Il semblait intéressant de pouvoir aborder cette articulation de façon limitée par les voies arthroscopiques à condition de respecter les zones de sécurité[5–16].

Nous détaillons successivement les techniques de traitement des fractures du capitulum, de la tête radiale, du bec de l’olé- crane et de l’apophyse coronoïde. Le traitement des lésions ligamentaires par arthroscopie n’est pas détaillé ici.

2. Matériel et méthodes

Un certain nombre de caractéristiques communes au traite- ment des fractures articulaires du coude doivent être rappelées en préambule :

● les fragments fracturés sont de petite taille et leur analyse par les clichés de radiographie conventionnelle souvent dif- ficile. Nous conseillons d’avoir recours à un examen tomo- densitométrique pour préciser les lésions et planifier le geste arthroscopique ;

● les reliefs osseux qui permettent le repérage des différentes voies d’abord peuvent être modifiés par les traits de frac- ture. Le dessin de ces reliefs doit être exécuté au bloc avant d’inciser pour éviter les lésions iatrogènes ;

● l’articulation peut être le siège d’une hémathrose (surtout si la fracture est récente) qui peut gêner la vision intra- articulaire initiale. Après la réalisation de la voie d’abord optique le sang est évacué par lavages successifs. Dès que la vision est suffisante, la voie instrumentale est réalisée afin d’améliorer le lavage et l’évacuation des caillots à l’aide d’unshavermotorisé ;

● l’arthroscopie du coude ne nécessite pas d’avoir une pres- sion d’eau importante (arthropompe) pour avoir une bonne vision. Une pression basse (poche de sérum surélevée) per- met de diminuer le risque, au moins théorique de syndrome des loges par diffusion du sérum dans l’avant-bras.

2.1. Fractures du capitellum 2.1.1. Indications

Les fractures du capitellum[17–24] sont rares et représen- tent moins de 1 % des fractures de l’extrémité inférieure de l’humérus. Une certaine confusion règne dans leur dénomina- tion puisque tous les auteurs ne s’accordent pas sur les diffé- rents types de fractures. La classification de Grantham[19]est simple et permet de codifier la prise en charge thérapeutique en distinguant trois types :

● les fractures de type I : elles emportent une fine tranche ostéochondrale dans le plan frontal ;

● les fractures de type II : elles correspondent à la séparation du condyle externe, la surface cartilagineuse détachée repo- sant sur un volumineux fragment chondral (type Hahn- Steinthal selon la description princeps [···]) ;

● les fractures de type III regroupent les fractures comminuti- ves.

Le risque à court terme de ces fractures est l’apparition d’une raideur notamment en cas de fragment déplacé induisant une incongruence articulaire. L’évolution à distance vers l’ar- throse est favorisée par l’incongruence articulaire induite. Le traitement par résection des fragments osseux notamment sous arthroscopie peut se concevoir pour permettre une réédu- cation précoce dans les fractures libérant des fragments de petite taille. Ce traitement peut s’avérer insuffisant pour les fractures avec un fragment articulaire volumineux notamment chez les patients jeunes. Aussi de nombreux auteurs ont préco- nisé la réduction et la fixation de ces fractures plutôt que leur résection simple[24–31]. L’abord chirurgical risque de léser la vascularisation du fragment à synthéser. Aussi, Hardy et al.

[32] ont rapporté une de réduction–fixation des fractures de type II sous arthroscopie.

2.1.2. Technique opératoire (Figs. 1–5)

2.1.2.1. Anesthésie. Elle est menée sous anesthésie générale.

Un bloc interscalénique peut-être associé, mais il peut gêner l’examen neurologique postopératoire immédiat. La mise en place d’un cathéter pour prolonger la durée d’action du bloc peut être utile pour initier une rééducation précoce.

2.1.2.2. Installation. Le patient est installé en décubitus dorsal avec le membre supérieur opéré sur une table à bras.

Un garrot pneumatique est placé à la racine du membre opéré. Un amplificateur de brillance peut être utilisé pour contrôler la réduction et l’ostéosynthèse de ces fractures.

Fig. 1. Fracture de Hahn-Steinthal.

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2.1.2.3. Voies d’abord, exploration, matériel. La cavité articu- laire du coude est bien souvent distendue par l’hémarthrose.

Sinon elle sera distendue par injection de sérum physiologique (20 ml) afin de refouler les structures nobles (30, 31). La voie postérieure directe (VPD) est la voie de la ponction à l’aiguille par le soft-point entre capitellum, bord latéral de l’olécrâne et bord supérieur de la tête radiale. La pénétration du trocart mousse se fait après élargissement au bistouri lame 11 du

point cutané de ponction et discision à la pince fine des tissus compris entre peau et capsule. L’hémarthrose est évacuée. Une voie complémentaire antérolatérale moyenne (ALM), directe- ment antérieure par rapport à l’épicondyle latéral, est ensuite réalisée et permet de compléter le lavage articulaire et le bilan lésionnel.

Une deuxième voie d’abord instrumentale, antérolatérale distale (ALD) est ensuite réalisée : elle est 3 cm plus distale et 2 cm plus antérieure que l’épicondyle latéral. L’inspection permet de confirmer l’existence d’un fragment intra-articulaire unique aux dépens du capitellum. Ce fragment est habituelle- ment rattaché à l’humérus par un lambeau périosté. Le reste de l’articulation est inspecté. Le fragment est réduit en utilisant une petite pince préhensive introduite par la voie ALD. Lors de la réduction il peut être utile de tracter sur l’avant-bras, coude fléchi à 30°. Une broche temporaire de fixation main- tient la réduction. La fixation définitive se fait par une vis canulée de diamètre 3,5 mm. La tête de vis est enfouie profon- dément dans le cartilage. L’examen dynamique sous contrôle arthroscopique permet de vérifier la bonne stabilité du montage et la restitution de la congruence articulaire. Les incisions cuta- nées sont fermées.

La rééducation postopératoire immédiate est autorisée dans tous les secteurs de mobilité sous couvert du port d’une écharpe entre les séances de rééducation.

2.2. Les fractures de la tête radiale 2.2.1. Indications

Les fractures de la tête radiale sont les lésions les plus fré- quemment retrouvées et sont habituellement regroupées selon la classification en quatre types de la classification modifiée de Mason-Morrey[33-35]. Seules les fractures de type 2 (fractures unifragmentaires déplacées), certaines lésions de type 3 peu complexes (fractures comminutives) et quelques fractures de type 4 (fracture de la tête radiale et luxation du coude) ont pu être traitées par cette méthode.

Fig. 2. Vue arthroscopique de la fracture de Hahn-Steinthal (voie ALM).

Fig. 3. Fracture du capitellum réduction partielle après manipulation (voie ALS).

Fig. 4. Fracture du capitellum réduction anatomique (voie ALM).

Fig. 5. Radiographie postopératoire montrant la réduction et la synthèse par une vis cannulée de 3,5 mm de diamètre.

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2.2.2. Technique opératoire

2.2.2.1. Installation. Le patient est installé en décubitus dorsal avec le membre supérieur opéré sur une table à bras. L’instal- lation en décubitus latéral sur le côté sain, bras en antépulsion à 90° soutenu par un appui à arthrodèse et avant-bras pendant librement peut aussi être utilisée en fonction des habitudes du chirurgien. Un garrot pneumatique est placé à la racine du membre opéré. Un amplificateur de brillance peut être utilisé pour contrôler la réduction et l’ostéosynthèse de ces fractures.

2.2.2.2. Voies d’abord, exploration, matériel. Si le coude a été luxé, il faut s’assurer qu’il est toujours réduit après l’installa- tion. Les repères osseux, qui peuvent modifier en fonction des fractures présentes, sont dessinés sur la peau avant tout pour assurer le bon placement des voies. La cavité articulaire du coude est bien souvent distendue par l’hémarthrose. Si non elle sera distendue par injection de sérum physiologique (20 ml) afin de refouler les structures nobles (30, 31). Si la capsule est rompue cette distension sera difficile à obtenir et l’introduction des trocarts nécessite un peu plus d’expérience.

La voie postérieure directe (VPD) est la voie de la ponction à l’aiguille par le soft-point entre capitellum, bord latéral de l’olécrâne et bord supérieur de la tête radiale. La pénétration du trocart mousse se fait après élargissement au bistouri lame 11 du point cutané de ponction et discision à la pince fine des tissus compris entre peau et capsule. L’hémarthrose est éva- cuée. Une voie complémentaire antérolatérale moyenne (ALM) est ensuite réalisée et permet de compléter le lavage articulaire et le bilan lésionnel.

En fonction du nombre de fragment de tête radiale, de la localisation de ces fragments par rapport à l’incisure ulnaire, l’importance de l’enfoncement spongieux… l’opérateur s’oriente alors vers une résection du/des fragment(s) libre(s), ou vers une ostéosynthèse. Une voie antérolatérale complé- mentaire (ALP ou ALD) va permettre de tenir le/les fragments fracturés à la pince ou à l’aide d’une spatule. Si on veut avoir une vue sous un autre angle, il est techniquement possible de réaliser une voie antéromédiale (VAM) par la technique de dedans en dehors qui a l’intérêt théorique de donner une vue élargie sur le secteur latéral du coude. Un brochage temporaire est aisément réalisé en percutané avec des broches transversa- les qui sont peu dangereuses pour les éléments nobles. Le contrôle arthroscopique et radioscopique permet de vérifier la qualité de la réduction et l’aspect de l’ostéosynthèse. Des mini- vis, si possible canulées, vont pérenniser l’ostéosynthèse et autoriser à retirer les broches initialement mises en place. Si cela est impossible les broches sont coupées le plus possible au ras de la peau. L’ostéosynthèse réalisée par broches percu- tanées a entraîné dans un nombre de cas non négligeable des raideurs et des rééducations douloureuses. Nous avons donc évolué vers des ostéosynthèses par vis qui, si elles n’ont pas permis d’éliminer complètement les raideurs chez certains patients, ont apporté de meilleurs résultats. La synthèse de la tête radiale a parfois été utilisée dans des coudes traumatiques instables.

2.3. Les fractures de l’olécrâne

Le traitement arthroscopique de ces fractures est sûrement le plus simple à mettre enœuvre de tous ceux détaillés dans cette revue. Il s’agit en fait du contrôle arthroscopique de la réduc- tion intra-articulaire de la fracture avant et pendant la mise en place d’un système d’ostéosynthèse percutané.

2.3.1. Technique opératoire (Figs. 6–10)

2.3.1.1. Anesthésie. Elle répond aux mêmes principes que ceux précédemment évoqués.

2.3.1.2. Installation. L’installation en décubitus latéral à notre préférence pour cette indication. La mise en place d’un éven- tuel ampli de brillance est ainsi facilitée.

2.3.1.3. Voies d’abord, exploration, matériel. La voie posté- rieure directe (PD) est réalisée à l’aiguille puis dilatée pour introduire le trocart mousse. Une voie complémentaire postéro- supérieure (PS) est réalisée sous contrôle de l’arthroscope au bord latéral du tendon du triceps environ 2 cm au-dessus du sommet de l’olécrane. Cette voie donne accès au cul-de-sac

Fig. 6. Mobilisation au palpeur de la fracture de coronoïde (coude gauche).

Vision supérieure par la voie antérolatérale proximale (vue cadavérique).

Fig. 7. Fracture de la coronoïde du coude droit.

Contrôle peropératoire de profil de la broche rétrograde (vue cadavérique).

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sous tricipital avec une vue sur la fossette olécranienne et la pointe de l’olécrane. Après évacuation du sang, des éventuels débris cartilagineux et bilan intra-articulaire, le fragment olé- cranien fracturé est réduit par une pointe carrée introduite en percutané et la réduction est vérifiée sous contrôle de la

« vue ». Si cela est satisfaisant l’ostéosynthèse définitive per- cutanée (broches ou grosse vis) est introduite par l’extrémité proximale de l’ulna dans le canal médullaire. La stabilité dyna- mique du montage peut être vérifiée et un éventuel contrôle radioscopique complémentaire peut être réalisé. Les voies d’abord sont refermées. L’intérêt principal de cette technique réside dans l’apprentissage de la technique arthroscopique pour le traitement des fractures car sa réalisation est simple.

2.4. Les fractures de l’apophyse coronoïde

L’apophyse coronoïde est l’un des facteurs fondamental du système ostéoligamentaire complexe qui assure la stabilisation du coude dans le plan sagittal. Regan et Morrey avaient défini trois types de fractures de la coronoïde en fonction de la taille du fragment coronoïdien séparé. Dans les coudes traumatiques instables, la synthèse de la coronoïde peut être fondamentale pour la stabilisation du complexe articulaire. Son volume pro- duisant un effet de butée antérieure s’opposant à la translation postérieure de l’ulna sous la palette humérale, d’une part et du support de l’insertion de la capsule articulaire antérieure du coude, d’autre part, la stabilisation d’une coronoïde fracturée peut concourir à la stabilisation du coude lorsque la réparation des autres éléments stabilisateurs n’est pas suffisante pour pro- curer une stabilité immédiate. Nous avons validé deux techni- ques en fonction de la taille du fragment de coronoïde fracturé que nous utilisons aussi en pratique clinique :

● une technique d’ostéosuture de la capsule antérieure appuyée sur le fragment détaché en cas de fragment de petite taille ou de fracture comminutive ;

● une technique d’ostéosynthèse rétrograde après réduction anatomique pour les fractures détachant un fragment de volume plus important.

Le patient est installé en décubitus latéral avec un garrot à la racine du membre supérieur opéré. La colonne d’arthroscopie est placée à l’opposé et l’amplificateur de brillance à la tête du patient. Nous utilisons deux voies d’abord arthroscopiques latérales et évitons l’abord médial. L’espace articulaire est injecté avec du sérum physiologique avant l’introduction du trocart arthroscopique. Nous utilisons la voie ALP et la voie ALM. Toutes ces voies sont réalisées coude fléchi à 90° afin d’éloigner le nerf radial qui est la structure neurologique la plus susceptible d’être lésée dans les arthroscopies du coude[20-29].

La voie antérolatérale intermédiaire est directement anté- rieure par rapport à l’épicondyle latéral. Elle est réalisée en premier et permet l’introduction intra-artriculaire de l’arthro- scope.

La voie ALP est, elle, 2 cm plus proximale et 1 cm plus antérieure que l’épicondyle latéral. Elle est réalisée à l’aiguille de dehors en dedans sous contrôle scopique afin de vérifier l’accessibilité de la coronoïde par cette voie d’abord. Une canule arthroscopique lisse de travail de diamètre 4 mm est alors mis en place. Lors de l’intervention la voie optique et la

Fig. 8. Fracture de la coronoïde du coude droit.

Contrôle peropératoire de face de la broche rétrograde (vue cadavérique).

Fig. 9. Fracture de la coronoïde du coude gauche.

Contrôle peropératoire de la fixation de la fracture réduite par voie antérolatérale proximale (vue cadavérique).

Fig. 10. Fracture de la coronoïde du coude gauche.

Contrôle postopératoire de la fixation de la fracture par vis de 3,5 mm et broche (Dr F. Kelbérine).

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voie instrumentale seront inversées au besoin pour utiliser le meilleur angle d’approche en fonction du geste réalisé.

Après lavage abondant de l’articulation, l’intégrité de la continuité de la capsule antérieure et du fragment de coronoïde fracturé est vérifiée. La taille du fragment coronoïdien et la comminution de la fracture sont évaluées.

Si le fragment est monobloc et suffisant volumineux pour permettre une ostéosynthèse en rappel cette technique est alors mise en œuvre. Sinon c’est la technique d’ostéosuture capsulaire décrite plus bas qui sera mise enœuvre.

2.4.1. Technique d’ostéosynthèse pour les fragments coronoïdiens de gros volume

L’arthroscope est positionné dans la voie ALP. Un viseur à broche type viseur tibial de LCA est introduit par la voie ALI et est positionné dans le foyer de fracture en repoussant le frag- ment fracturé avec le crochet du viseur. Le guide de la broche est fermement appliqué sur la partie postérieure de l’olécrane et une broche guide pour vis canulée de 4 mm. L’issue de la broche est contrôlée sous vision arthroscopique et la broche laissée affleurante de l’os. Si le fragment coronoïdien est suf- fisamment volumineux, une deuxième broche peut être intro- duite selon les mêmes modalités. Le viseur est ensuite retiré.

Le fragment coronoïdien est réduit sur le foyer de fracture à l’aide d’un crochet ou d’une pince préhensive, la broche guide est poussée dans le fragment coronoïdien réduit. Si une deuxième broche a été mise en place, est-elle aussi ascension- née ? Un contrôle radioscopique de profil est alors effectué pour vérifier la longueur de la broche. La réduction du frag- ment est confirmée par endoscopie. La longueur de la vis est mesurée sur la broche et une vis définitive est montée sur cette broche. L’éventuelle deuxième broche antirotation est soit lais- sée en place soit retirée en fonction de la tenue de la première vis.

Le coude est alors testé en flexion–extension pour vérifier que le coude a été stabilisé.

2.4.2. Technique d’ostéosuture pour les petits fragments coronoïdiens et les fractures comminutives

Dans ces fractures le ou les fragments sont de taille insuffi- sante pour pouvoir envisager une ostéosynthèse satisfaisante.

Le but est alors de réaliser une ostéosuture appuyée sur le frag- ment et la capsule antérieure par la même technique arthrosco- pique (installation, voies d’abord, matériel et instrumentation).

Lors de l’exploration, l’intégrité capsulaire et sa continuité avec le fragment coronoïdien est appréciée. Dans le cas de fracture avec comminution, les fragments libres intra- articulaires seront réséqués. L’optique étant dans la voie ALI une ancre métallique vissée sera introduite par la voie ALP et vissée dans le foyer de fracture sur le versant olécranien. La bonne tenue de l’ancre est vérifiée par traction dans l’axe, qui permet de réduire une éventuelle sub-luxation huméro-ulnaire en cas de coude instable. La position de l’implant dans le foyer de fracture est vérifié à l’amplificateur de brillance Une inver- sion des voies optiques et instrumentale est alors réalisée et une ostéosuture capsulaire avec les fils issus de l’ancre sera passée

à l’aide d’un passe-fil dans la capsule en s’appuyant sur le fragment coronoïdien en continuité avec la capsule. Le passe fil est introduit à la face antérieure de la capsule et ressort en intra-articulaire. Son passage doit être rasant par rapport à la capsule pour éviter de léser les éléments vasculonerveux anté- rieurs séparés de la capsule articulaire par le muscle brachial antérieur qui les maintient à distance du passage transcapsu- laire des points. Les nœuds seront noués sous contrôle arthros- copique. La stabilité du coude est alors testée, arthroscope en place.

Les incisions cutanées sont fermées après évacuation de l’hydarthrose.

3. Résultats

Ces deux techniques ont été expérimentées lors d’une étude cadavérique sur dix cadavres frais à l’occasion du symposium de la SFA 2005 sur l’arthroscopie du coude. Cette étude cada- vérique a permis de vérifier la faisabilité technique de ces réparations, leur innocuité vis-à-vis des éléments vasculoner- veux. Trois cas de stabilisation arthroscopique des fractures de la coronoïde ont été colligés au cours de ce symposium avec des résultats satisfaisants sur la mobilité et la stabilité du coude, sans complication notable observée.

4. Discussion

Le traitement arthroscopique des fractures articulaires du coude permet le bilan complet des lésions intra-articulaires, la réduction anatomique et la fixation d’un certain nombre de ces fractures et l’évacuation de fragments non réparables. L’en- semble des lésions peut être traité de façon simultanée en limi- tant le traumatisme des parties molles lié aux voies d’abord. La réparation de ces lésions peut aider à la stabilisation d’un cer- tain nombre de coudes traumatiques rendus instables, même si à ce jour le traitement des lésions ligamentaires par arthrosco- pie n’est pas encore réalisé. Des voies d’abord identiques et validées ont été utilisées dans ces indications rares pour facili- ter l’apprentissage des chirurgiens. Les fractures de la coro- noïde et du capitellum semblent être les indications choisies de ce type de traitement.

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