APTITUDE A LA TRAITE MÉCANIQUE
DES BREBIS DE RACE PRÉALPES DU SUD ET CROISÉES FRISONS
×PRÉALPES;
ÉTUDE A DIFFÉRENTS STADES DE LA LACTATION
J. LABUSSIÈRE G. RICORDEAU J.-F. COMBAUD, P. PÉTREQUIN M. CARPENTIER, B. MIRMAN P. LASCARAY
Laboratoire de Physiologie de la Lactation, Station de Génétique quantitative et appliquée,
Centre national de Recherches zootechniques, 78 - Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche agronomique
RÉSUMÉ
Ce travail porte sur 302 brebis de race Pvéalpes du Sud et croisées Frisons X Pvéalpes, sou-
mises à la traite mécanique 5jours après la mise bas. Il a pour but d’étudier qualitativement et quantitativement les courbes de descente du lait au cours de la lactation.
1
° Dans les conditions d’exploitation de notre troupeau (absence de préparation de la ma-
melle et de distribution de concentré au rotolactor), 70 p. 100seulement des animaux donnent leur lait en 2émissions distinctes qui correspondent à l’extraction successive des fractions citer- nales V, puis alvéolaire V2(tabl. 2). La 2eémission V2est rarement présente au cours des premières
traites : elle apparaît en général entre le qeet le 32ejour (fig. 1). Il faut remarquer que 30 p. 100 des brebis ne manifestent jamais de 2epic au cours de la lactation. Cette absence du réflexe d’éjec-
tion semble être une caractéristique individuelle qui dépendrait toutefois de la race et de l’âge
de l’animal (tabl. 2).
2
° Par suite de décalages dans l’écoulement du lait de l’un des quartiers, certaines courbes ont des allures atypiques (fig. 5, 6, 7) qui conduisent à une interprétation statistique difficile.
L’étude quantitative des différents paramètres caractérisant une courbe de descente de lait n’a donc pu être effectuée sur cette catégorie d’animaux.
3
° Grâce à une adaptation progressive des animaux à la machine à traire, le volume de lait alvéolaire est la seule fraction qui augmente nettement après la mise bas (fig. 8). Cette « installation progressive n du réflexe d’éjection doit être tenue pour partiellement responsable du maximum
de lactation observé uniquement chez les brebis à 2émissions (fig. io). Il en résulte chez ces der- nières une production laitière supérieure de 14 à 3i p. 100à celle des animaux à i pic.
4
° Chez les brebis à 2 émissions, le volume de lait recueilli au cours des opérations d’égout- tage se stabilise après i mois environ (fig. 9). Ce lait représente alors une « constante physique » de la mamelle, caractéristique de ses propriétés capillaire et canaliculaire. Chez les brebis à i pic, inaptes à la traite, l’égouttage manuel correspond à l’extraction de cette fraction canaliculaire, mais aussi à celle d’une partie du lait alvéolaire retenu dans les parties supérieures de la glande. Il
en résulte un volume total plus élevé qui diminue continuellement jusqu’au tarissement (fig. 9. )
5
° Le temps de traite dépend étroitement de la quantité de lait et suit donc la même évolution que celle-ci au cours de la lactation (fig. 11). Les courbes de fréquence de la figure i5 nous indi-
quent que ce critère simple permet de discriminer, sans trop de risques d’erreurs les brebis à i et
2pics dont les temps d’écoulement du lait sont respectivement inférieurs et supérieurs à 45se- condes.
6
0 Il est possible que chez certains animaux le débit maximum soit limité pendant plusieurs
mois par les possibilités d’extension du sphincter du trayon et des tissus avoisinants (fig. i3).
7
° Les valeurs moyennes des différents critères de traite au 6oejour de lactation’et les coeffi- cients de corrélation entre ceux-ci sont rapportés dans les tableaux 3 et 4. Il apparaît, en particulier,
que la quantité totale de lait ne dépend de façon significative du volume des égouttages machine
et manuel, que dans le cas des brebis à une émission.
8
0 L’analyse des courbes de descente de 174 filles issues de 20 béliers permet de supposer que le « caractère 2pics » est dominant par rapport au « caractère i pic ». Cette hypothèse doit
être vérifiée sur un échantillon beaucoup plus important.
INTRODUCTION
L’organisation
du travail dans les salles de traite pour brebis laitières a été sensi- blement améliorée ces dernières années(Bosc, I g66).
Toutefois un certain nombre deproblèmes
seposent
encore actuellement :1
0 La
suppression
del’égouttage
manuel chez les Brebis Lacaune ouPréalpes
du Sud aboutit à une diminution du
potentiel
sécrétoirequi
varie selon les conditionsexpérimentales,
le stade et le numéro de lactation dem,8
à 29,0p. 100(R ICORD E AU ,
MARTINET et
DE NAMUR , 19 6 3 ;
BOSC, FLAMANT etR I CO RD EAU, 19 67 ;
RICORD!AU etI,ABUSSI!R!, 19 6 9 ) ;
laquantité
de laitperdue
estgénéralement plus importante
que celle laissée dans la
mamelle,
cequi
incite les éleveurs à continuer unepratique
dont il serait souhaitable de
pouvoir
sedispenser.
2
° Les
performances enregistrées
à la traite(manuelle
oumécanique)
sous-esti-ment d’environ 30 à 4o p. 100la
production
des brebis mesurée enpériode
d’allaite-ment
(voir
les référencesbibliographiques
dansL ABUS S I È R E
etP!TR!QuIN, 19 69).
La solution à ces différents
problèmes relevant,
enpartie,
d’une connaissanceapprofondie
des mécanismesphysiologiques responsables
del’éjection
dulait,
il nousest apparu
indispensable
de matérialiser et mesurer ceux-ci avecprécision
dans lesconditions de la traite.
La
méthodologie proposée
parI,ABUSSIi~;R!
et MARTINET enig6q, permet
derépondre
enpartie
à cesexigences, puisque,
dansl’espèce ovine,
l’extraction du lait citernal( I re émission)
est engénéral
distincte de celle du lait alvéolaire chassé des acini par le réflexe neuro-endocriniend’éjection (I,ABUSSI!R!,
MARTINET et DENA-MUR
,
ig6g).
Cette 2eémission est absente chez certains animaux pour des raisonsencore inconnues.
Ce travail
complète
celui effectué par RICORD!AU, MARTINET et DENAMUR enI g6 3
.
Il a pour but d’étudier : 10 La
répartition
des brebis de différentes races en fonction des deuxtypes
de courbes de descente delait ;
2
° L’évolution avec
l’âge
et le stade de lactation des critères servant à carac-tériser
l’aptitude
à latraite ;
Les
conséquences
de ces observations sontanalysées
et discutéeslorsqu’elles
peuvent présenter
un intérêt pour laproduction
laitière et la sélection.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
A. - Technique de traite
Toutes les brebis allaitent leur agneau pendant les 4 premiers jours qui suivent la mise bas, puis passent sans transition à la machine à traire dont les caractéristiques principales sont les
suivantes :
- Vide 33cm de mercure ;
- Rapport succion-massage i/i ;
- Vitesse de pulsation I80/minute ;
- Gobelets pesant environ 240 g sans les canalisations (corps du gobelet i44 g, 030mm, hauteur i io mm ; pipe inférieure 63g ; manchon trayeur 33g, 0 20mm) ;
- Salle de traite : carroussel de 3z places divisé en ç secteurs (entrée, attente, traite et
égouttage manuel).
La griffe est posée sans préparation préalable de la glande mammaire. Lorsque le lait cesse
de couler et avant d’enlever les gobelets, le trayeur pratique un égouttage machine en massant énergiquement la mamelle. Enfin, un ouvrier spécialisé effectue un égouttage manuel « ou repasse ».
La traite a lieu 2 fois par jour, le matin à 6 heures, le soir à 16 heures.
B. - Contrôles expérimentaux
L’expérience porte sur 302 animaux de race et d’âge différents, ayant mis bas à la ferme de
Brouessy au cours des mois de janvier et février io64 et 1965. Les lactations sont toutes supé-
rieures ou égales à 130jours.
I
. Pvoduction laitiève.
Les volumes recueillis à la machine puis à l’égouttage manuel sont mesurés individuellement à chaque traite avec une précision voisine de 10millilitres.
2
. Cinétique de la descente du lait.
Les enregistrements sont effectués à l’aide d’un suiveur de niveau (LABUSSIÈREet MARTINET, r
9
6q) et d’une chaîne de mesure BECKMANcomprenant un voltmètre digital et une imprimante.
Ceci permet de transcrire directement en millilitres, à raison d’une information toutes les 4 secon- des, les quantités de lait recueillies dans un pot commun aux moitiés gauche et droite de la ma- melle.
La répartition des animaux expérimentaux est indiquée au tableau x.
- ici brebis ont subi les contrôles de descente de lait à un seul stade de lactation, matin et soir, sur 2jours consécutifs (60et 61ejour après la mise bas).
- 2oi brebis ont été contrôlées pendant toute leur lactation selon le protocole suivant :
observations à toutes les traites les 10premiers jours après le sevrage, puis toutes les 2semaines, matin et soir, pendant 2jours consécutifs (exemple, r8e et 19! jour, 32eet 33ejour, 6oeet 6ie e jour... 130eet 131! jour...). ).
C. - Définitions
Lait animal (L A. en ml) : volume de lait extrait par la machine sans l’intervention du trayeur. Selon les animaux il correspond :
- soit à une seule émission
V
, v
oir f igure
i- - soit à
deux émissions V l + voir nsure 1
La première émission Vi représente le lait citernal, disponible immédiatement après la pose des gobelets, abstraction faite du temps de remplissage des tuyaux, d’environ 8 secondes.
Égouttage
machine (E M. en ml) : volume de lait obtenu à la machine lors du massage par letrayeur.
Lait machine (L M. en ml) : c’est la somme LA !- EM.
Égouttage
manuel ou Repasse (R en ml) : volume de lait trait à la main après enlèvement desgobelets.
Lait total (LT en ml) : c’est la quantité totale de lait recueillie lors d’une traite complète,
soit LM + R.
Fin de l’écoulement du lait (début de l’égouttage machine). Elle a été fixée lorsque le débit
devient inférieur à 5 millilitres par 4 secondes (après la première ou la seconde émission suivant le type de courbe considéré).
Temps de traite machine (T en seconde) : temps passé depuis l’arrivée des premiers jets de lait
dans le pot jusqu’à la fin de l’écoulement.
Débit moyen
(D) :
c’est le quotient LA/T.Débit maximum de la première émission (D!!,11) : quantité maximum de lait obtenue en 4 secon- des au cours de la première émission.
Débit maxirnum de la 2e émission (DM2) : quantité maximum de lait obtenue en 4 secondes
au cours de la seconde émission.
Débit minimum : quantité minimum de lait obtenue en 4 secondes entre les 2émissions.
Les types de débits ci-dessus sont convertis en millilitres par minute.
Les définitions suivantes : !Lace du lerpic, place du 2epic et temps de latence (départ du ze pic)
sont schématisées à la figure 1. Elles sont toutes les trois exprimées en secondes et correspondent
aux temps écoulés depuis l’arrivée des premiers jets de lait dans le pot.
RÉSULTATS
A. -
Étude
de laforme
des courbes de descente du laitau cours de la Lactation
I
. Au cours des 4
premiers jours
de traite.9
8,5
p. Ioo desagnelles
et8 2 ,o
p. 100 des brebis adultes neprésentent qu’une
seule
émission ;
celle-cipeut
seprolonger pendant plus
de deux minutes(fig. 3 ),
cequi
traduitprobablement
un écoulement de lait difficile. On constated’ailleurs,
pen- dant cettepériode,
unecongestion
intense destrayons
se traduisantpar le
bleuisse-ment des tissus et la
présence
de nodosités roulant sous la peau.Les
quantités
de lait obtenues auxégouttages
machine et manuel sont trèsimportantes puisqu’elles représentent
environ 5o p. IOOdu lait total.2
. A
partir
du 4ejour.
Bien que la deuxième émission existe
déjà
chezquelques
animaux dès la pre- mière ou la deuxièmetraite,
il estplus fréquent
de la voirapparaître, faiblement,
àpartir du 4 e
ou 5ejour.
Lafigure
4 nousindique
que cephénomène peut
même seproduire
chez certaines brebisaprès
un mois d’accoutumance à la machine à traire.L’installation de la deuxième émission
s’accompagne toujours
d’une diminu- tion du volume del’égouttage (machine
etmanuel)
et, engénéral,
d’une concentrationprogressive
du jer et du 2epic
dans les 60 secondesqui
suivent la pose desgobelets (fig 2 ).
Il faut remarquer que chez 30,3 p. 100des
brebis,
nous n’avonsjamais
observéde 2e
pic (tabl. 2 ).
Cepourcentage
varie selon la race etl’âge
desbrebis ;
il estplus
élevé en
première lactation,
surtout chez les brebis croisées.3
. Au moment du maximum de Lactation.
Les animaux fort
producteurs peuvent présenter momentanément,
aux environs du maximum delactation,
des courbes à 2 émissionssuperposées
dont nous donnonsquelques exemples
à lafigure
5. Cephénomène correspond probablement
au fait que l’évacuation de la citerne n’est pas terminéelorsqu’apparaît
le lait alvéolaire chassédes acini par le réflexe neuro-endocrinien
d’éjection.
Suivantl’importance
du laitciternal,
lasuperposition peut
êtrepartielle
outotale,
cequi
conduit dans ce derniercas à une courbe du même
type
que celle observée chez la Vache.4
.
En fin
de lactation chez les brebis à 2 émissions.Au fur et à mesure de la diminution du niveau de
production
et suivantl’impor-
tance relative des fractions citernales ou
alvéolaires,
onassiste,
soit à ladisparition
Annales de Zootechnie. - 1970.
du jer
pic, soit, plus fréquemment,
àl’éloignement, puis
à ladisparition
du 2epic (l’inflexion
constatée àpartir
du 88ejour
sur lafigure 4 traduit
cephénomène).
Ilest
important
de remarquer que ces courbes doivent être rattachées autype
à deuxémissions, puisqu’elles
fontpartie
d’une suite évolutive normale conduisant à ces cas extrêmes.Toutefois,
il arrive que certains animauxproduisant
moins de5 o ml
de lait
présentent
encore 2 émissions. Ceci seproduit
dans le cas où le volume de ces 2 fractions se trouve être dans unrapport
telqu’on
nepeut
assister à ladisparition prématurée
de l’une d’elles.5
. Cas
particuliers
- Courbes àplus
de 2 émissions.L’exemple
décrit à lafigure
6peut s’interpréter
de lafaçon
suivante : les deuxpremiers pics paraissent
tout à fait normaux etcorrespondent (étant
donné leurplace)
à l’écoulement successif du lait citernalpuis
alvéolaire de l’une des moitiésde la
glande ;
le troisièmepic,
étantégal
à la somme des deuxprécédents, représente
certainement l’extraction
globale
et différée du lait de la seconde moitié. Cette ano-malie de l’écoulement est une
caractéristique
individuellequi
estprobablement
dueà des causes
morphologiques (mauvaise implantation
destrayons,
déformation de laglande). Toutefois,
laplace
du troisièmepic
et la manifestation duphénomène peuvent
être très variables suivant les animaux ou chez un même animal. En voiciquelques exemples :
-
léger
retard(inférieur
à 20secondes)
de l’une des deux fractionsciternales,
mais écoulement simultané et normal de tout le lait alvéolaire(fig. 7 ).
-
superposition (complète)
de la totalité de l’un destrayons
sur la 2e émission del’autre ;
- retard
important
du3 e pic,
celui-cipouvant apparaître plus
de 2 minutesaprès
le début de la traite et, dans certains cas, lors del’égouttage
machine.Les diverses
hypothèses
que nous venons d’émettre ausujet
de ces courbesatypiques
ont été confirmées parl’enregistrement séparé
de chacune des moitiés dupis (I!ABUSSI!RE, 1970).
6.
Répartition
des animaux.Chaque
brebis a été classée dans l’une ou l’autre descatégories présentées
autableau 2,
après
examencomplet
de l’ensemble de ses contrôles.Nous ne tiendrons
compte,
dans la suite de cetteétude,
que des 92brebis à 2pics
et des 52 brebis à i
pic
neprésentant
pas de difficultésd’interprétation.
Nous avonspréféré
abandonner cellesqui,
par le mauvais écoulement ou lasuperposition
de leursémissions,
auraient entraîné de nombreuses erreurs sansapporter
d’informationssupplémentaires.
Ilimporte
néanmoins de remarquer que cette éliminationporte
surtout sur des brebis à 2
pics,
souvent forteslaitières,
cequi
conduit à sous-estimer laproduction
moyenne des animaux conservés dans cettecatégorie.
B. -
Évolution
au cours de lalactation,
desparamètres’ quantitatifs qui
caractérisent une courbe de descente du laitz. Lait citernal
(V,, fig.
8 a et 8b).
Dans la
plupart
des cas, le volume du lait citernal diminuerégulièrement
de lamise bas
jusqu’au
tarissement. Cette évolution necorrespond
pas à celle d’une courbe de lactationclassique qui présente
un maximum vers la fin dupremier
mois.Pour des animaux de même race et de même numéro de
lactation,
on ne remar-que pas de différence sensible entre les courbes des animaux à une et deux émissions.
La
quantité
de lait citernal des brebis croisées estapproximativement
deux àtrois fois
plus importante
que celle des brebisPréalpes.
Le
rapport V I soir/V I
matin reste relativement constant au cours de la lacta-tion ;
il n’estfonction,
ni de la race ni du numéro delactation,
mais il estsignifica-
tivement
plus
élevé chez les brebis à ipic ( 72
p.100 )
que chez les brebis à 2pics (60
p.100).
2
. Lait alvéolaire
(V,, fig.
8 c et 8d).
a)
Pendant lespremiers jours
detraite,
le volume moyen de lait alvéolaire est faible( 1 ),
mais ilaugmente rapidement
par suite del’apparition
deplus
enplus
fré-quente
du réflexed’éjection ( 2 e émission).
Ceci traduitprobablement
uneadaptation
(’) Moyenne calculée sur la totalité des animaux, y compris les brebis dont le 2emepic n’est pas encore apparu.
progressive
des animaux à la machine àtraire, qui
sembleplus
lente chez lesagnelles (production
maximum entre le 32eet le4 6 e jour
delactation)
que chez les adultes(maximum
vers le i8ejour) ( 1 ).
b) Lorsque
laphase
ascendante estterminée,
le volume de la deuxième émission diminue alorsplus
vite que celui de lapremière.
(’) Ces résultats sont à rapprocher de ceux obtenus par IZQUIERDO PRIMO, FLAMANT et RICORDEAU
( 19 69).
c) L’écart
entre les courbes de lait alvéolaire desagnelles
et des adultes est sur- tout visible chez les brebis croisées au cours des troispremiers
moisqui
suivent lamise bas.
d)
Lerapport V 2 soir/V,
matin est relativement stable au cours de la lactation(o,6g).
Il ne variepratiquement
pas avec la race etl’âge
de l’animal.Sachant que les deux traites sont
espacées respectivement
de 10 et 14heures,
il est intéressant de remarquer que lesrapports 10/14 (0,7 1 ), V 2 soir/V,
matin(o,6 9 )
etV
i soir/V I
matin( 0 ,6 0 )
sont voisins. Les fractions citernales et alvéolaires semblent donc sensiblementproportionnelles
à l’intervalle de traite.Ainsi,
au fur et à mesure de sasécrétion,
il ne semble pas que le laitremplisse
d’abord les acini avant que le «
surplus
o ne se déverse dans laciterne ;
si tel était le cas, lerapport V 2 soir/
V2 matin devrait être voisin de 1( 1 )
et lerapport V I soir/
V
I
matin devrait êtrebeaucoup plus petit
que0 ,6 0 .
3
. Lait
d’égouttage
machine(E. M.).
a)
Chez lesPréalfies (fig.
9a),
laquantité
de lait recueillie àl’égouttage
machinediminue
rapidement
au cours des deuxpremiers mois, puis
se stabilise entre 30 et 50ml, quels
que soient le numéro delactation,
l’heure de la traite(matin
ousoir)
etle
type
d’animal( 2 pics
ou ipic).
b)
Chez les croisées(fig.
9b),
le volume del’égouttage
machine des brebis à 2 émissions évolue d’unefaçon
presque semblable à celui desPréalpes, toutefois,
lapériode
de diminution estlégèrement plus
courte et le lait retenu,après stabilisation,
est un peu
plus important ( 40
à 50ml).
Par contre, les courbes évolutives des brebis à i émission se situent
toujours
à un niveau
beaucoup plus élevé ;
elles ne se stabilisentjamais
et diminuent au con-traire
irrégulièrement jusqu’au
tarissement.C’est là une différence que nous n’avions pas relevée chez les
Préalpes.
Il estvrai que la
morphologie
mammaire des deux races estdifférente,
la citerne étant enparticulier beaucoup plus développée
chez les croisées(L ABUSSI È RE
et RiCORDEAu,z97o).
4
. Lait
d’égouttage
maxuel(f i g.
9c et 9d).
a)
Chez les brebis à 2pics.
A la
phase
décroissanteenregistrée pendant
lespremières semaines, correspond
la
phase
croissante du volume de la 2e émission constatéependant
la mêmepériode.
Nous pouvons essayer
d’expliquer
cephénomène
de lafaçon
suivante : au début de lalactation,
il y a rétention du lait dans les acini et lesopérations
de « repasse npermettent
d’enrécupérer
unepartie.
Au fur et à mesure de l’extraction du lait alvéolaire par la « machine-seule n le volume moyen del’égouttage
manuel diminuepour,
finalement,
se maintenir à une valeurqui représenterait
alors une « constante-physique
» de lamamelle, caractéristique
de samorphologie
et de sespropriétés
d’ab-sorption capillaire
et canaliculaire.b)
Chez les brebis à 1!ic.
Le lait
d’égouttage
manuel estplus important
car il fauttoujours ajouter
à cettefraction canaliculaire la
partie
du lait que seule la traite manuelle estcapable
d’ex-(i) Si tout le lait s’accumulait d’abord dans les alvéoles, 10 heures devraient suffire pour les remplir
et un intervalle de r4heures ne permettrait pas d’y stocker une quantité de lait supérieure.
traire des
acini, peut-être
sous l’effet des «tap-stimuli
n décrits parplusieurs
auteurs,dans d’autres
espèces (CROSS,
1954 ;LINZELL,
1955 ;YoxoYAMn, ig56 ; Gxosv!rrox, ig65).
Commel’importance
de cettepartie
alvéolairepeut
être différente d’unjour
àl’autre
(selon
les conditions d’ambiance et laqualité
dutrayeur)
et que le niveaude
production
décroît avec l’avancement du stade delactation,
oncomprend
que le volume moyen del’égouttage
manuel dans cettecatégorie
de brebis diminue conti- nuellement et trèsirrégulièrement.
Nous pensons que l’ensemble de ces
interprétations
estapplicable
à «l’égouttage
machine o des brebis
croisées,
mais nous ne sommes pas en mesure actuellementd’expliquer pourquoi,
chez lesPréalpes
à ipic,
ceparamètre
ne suit pas la même évolution. Il est vrai que nous nedisposions
que d’un nombre limité de brebisPréalpes
à i
pic :
6 adultes et 9agnelles.
5. Lait total
(fig.
10a et 10b).
a)
Laquantité de
lait total des brebis à une émission estégale
à la somme : laitciternal
-!- égouttage
machine -j-égouttage
manuel.Nous savons que chacune de ces 3 fractions décroît
depuis
la mise bas. Il n’est donc pas étonnant que les courbes de lactation des animaux de cettecatégorie
neprésentent
pas(ou peu)
le maximum décritclassiquement
dansl’espèce
ovine(cf.,
parexemple,
RICORDEAU etDE N AMUR, z962).
b)
Laquantité
de lait total des brebis à deux émissions estégale
à la somme :lait citernal -E-
égouttage
machine -!-égouttage
manuel + lait alvéolaire. Ce dernierparamètre
est le seul àaugmenter pendant
lespremières
semaines de traite. Il doit donc être tenu pourresponsable
du maximum constaté au i8ejour
de lactation chezce
type
de brebis.Deux conclusions se
dégagent
de ces observations :- le maximum de lactation
traduit,
pour unegrande part, l’apparition
de ladeuxième émission
pendant
lespremiers jours
detraite,
c’est-à-direl’aptitude
deplus
en
plus grande
des brebis à donner leur lait à lamachine ;
- les brebis à 2
pics
ont uneproduction
trèssupérieure
aux brebis à ipic :
Ces chiffres confirment nos résultats
préliminaires (I, ABUSSI É R >;, 19 66)
et mon-trent que les brebis à 2
pics
sont mieuxadaptées
à la traitemécanique.
6. Place du 1er
pic (fig. II ).
Rappelons qu’il s’agit
de laplace
du débit maximum dupremier pic
parrapport
à l’arrivée des
premiers jets
de lait. Ce critère varie peu au cours de lalactation,
bien que, dans certains cas, il soit
possible
de remarquer une trèslégère
diminution.Chez les
Préalfies (fig.
Il a et Ic),
la valeur moyenne se situeentre 7 et
8secondes,
alorsqu’elle
estlégèrement supérieure
chez les croisées(fig.
Ib et 11d).
Les courbes évolutives d’une même race nepermettent
pas d’établir de distinction nette entre traites du matin et dusoir,
entreagnelles
ouadultes,
entre brebis à une ou deux émissions.7
.
Tem!s de départ
du 2epic (ou temps
de latence( 1 )) (fig.
II a et IIb).
Il
correspond,
enfait,
à la durée destrajets
nerveux,puis endocriniens,
du réflexed’éjection
et auxquelques
secondes nécessaires pour que le lait soit transféré des acinijusqu’aux
canalisations. Ce dernierlaps
detemps dépend probablement
du« volume creux de la
glande
mammaire et de laquantité
de laitqu’elle
contient.On constate une diminution d’une dizaine de secondes
pendant
le iermois, puis
une
augmentation régulière
avec l’avancement du stade de lactation. Letemps
de latence évolue donc à l’inverse de laproduction
laitière et semble surtoutdépendre
de celle-ci. Il n’est pas
impossible
toutefoisqu’il
soitégalement
fonction de l’intensité du réflexed’éjection
sensustricto ;
Pmujpps( 19 6 5 )
pense, eneffet,
que ladécharge d’ocytocine peut
diminuer au fur et à mesure que l’ons’éloigne
de la mise bas.8. Place du 2e
pic.
Dans un souci de
simplification,
nous n’avons pasporté
sur lafigure
11 lescourbes évolutives de la
place
du 2epic.
Elles sont très semblables à celles dutemps
de latence etpeuvent
être déduites de celles-ci par une translation de-!-
8 secondes.’
9.
Temps de
traite.a)
Brebis à2 Pics (fig.
Il a et mb).
-L’augmentation
constatéependant
lesi8
premiers jours correspond
àl’apparition
de la 2e émission. On assiste ensuite à (1
) Le temps de latence moyen est calculé uniquement sur les animaux ayant un 2emepic.
une diminution continue
qui
est liée à laquantité
de lait. Il y a lieu de remarquer que letemps
total d’écoulement du lait estplus long
chez les croisées que chez lesPréalpes (il dépasse
rarement une minute chez cesdernières).
Il estégalement
un peuplus
élevé
( 5
à 10secondes)
chez les adultes que chez lesagnelles
et le matin que le soir.b)
Bvebisàà 1 Pic (fig.
ri cet Id). -la deuxième émission
étanttoujours absente,
le
temps
de traite estbeaucoup plus
court(de
l’ordre de 30secondes)
et diminueprogressivement
de la mise basjusqu’au
tarissement.10
. Débits maxima de la
première et de
la seconde émission(fig. 12 ).
Les brebis croisées ont
toujours
un débitsupérieur
à celui des brebisPréalfies.
Bien
qu’il
soit délicat de donner uneexplication
aux courbes souventirrégulières présentées
à lafigure
12, onpeut
estimer que le débit maximumplafonne
d’abordpendant
2 à 3 mois(le sphincter
dutrayon pourrait
alors limiter le débit de laplu- part
desanimaux), puis
diminue àpartir
du moment où laproduction
laitière estdevenue insuffisante pour que les muscles de l’extrémité du
trayon atteignent
leurlimite d’élasticité. Comme ce «
point critique » peut
varierlargement
d’une brebis àl’autre,
oncomprend
que les courbes(moyennes)
de lafigure
12 traduisent moins bien lephénomène
que cellesprovenant
d’un seul animal(fig. z 3 ).
Toutefois,
cetteinterprétation
du rôle limitant dusphincter
n’est pas entière- ment convaincante. Eneffet,
oncomprend
malpourquoi
les débits observés à la traite dusoir,
bien que stablespendant plusieurs semaines,
soient engénéral plus
faibles
qu’à
la traite du matin.C. - Rechevche d’un stade de lactation
optimum pour
le contrôle del’aptitude à la
traiteLe matériel
d’enregistrement ayant
servi au cours de nos essais étanttrop complexe
pour que l’onpuisse envisager
son utilisation dans lapratique
courante, ilimportait
de proposer uneméthodologie plus simple, permettant
augénéticien
et àl’éleveur de déterminer
rapidement
lescaractéristiques
de traite dechaque
brebis et,si
possible,
de faire aisément la distinction entre animaux à i ou 2pics.
C’estpourquoi
nous avons étudié
plus
endétail,
à 3 stades très différents de la lactation( I 8 e ,
6oeetz 3 o
e
jour)
la distribution dequelques paramètres
faciles à mesurer :1
. Distvibution des
quantités
de laitd’égouttage
machine et manuel(fig.
14 a et 14b).
Quelle
que soit la race, les volumesd’égouttage
manuel des brebis à une et deux émissions ont la mêmeamplitude,
mais une distribution différente : uniforme pour lespremières,
normale ou detype
Poisson pour les secondes. Le chevauchement des distributions s’observeégalement
pour les volumesd’égouttage machine,
surtout chez lesPvéalpes.
Bien que lepourcentage
de brebis à deux émissions soitplus important parmi
les animaux à faibleégouttage,
ces deux variables nepeuvent
être retenuespom faire la discrimination mentionnée
précédemment.
2
. Distvibutio!z des
temps
de traite(fig.
i5 a et z5b).
Les courbes de distribution sont très
proches
du «type
normal ». Elles nousautorisent à fixer à 45 secondes la limite entre brebis à une et deux émissions. Cette limite est valable dans tous les cas,
qu’il s’agisse
de la traite du matin ou dusoir,
desPréalPes
ou descroisées,
desagnelles
ou des adultes.Il
importe
desouligner
que laséparation
entre les deux distributions n’est pas modifiéelorsque
l’on tientcompte
des 57 brebisatypiques ( 4 8
brebis assimilées augroupe à 2
pics
et 9au groupe à ipic,
tableau2 ),
que nous avons volontairement éli- minées au début de cette étude.Pratiquement,
nous conseillons d’effectuer le contrôle indifféremment entre le 60
eet le 13oe
jour ( 1 )
delactation,
en mesurant d’unefaçon précise
letemps
d’écou- lement du lait avec un chronomètre et un indicateur de fin de traite.I,a
figure
16indique qu’à
condition de seplacer
au 6oejour,
d’autresvariables,
telles que le
pourcentage
de lait citernal et le volume de lait totalpeuvent
éventuelle- mentpermettre
uneséparation grossière
entre brebis à une et deux émissions.On remarque, par contre, que le débit moyen est, à cet
égard,
un mauvais cri- tère. lasuperposition
des deux distributions est, eneffet,
presqueparfaite,
cequi
laisse supposer,
qu’en
moyenne, l’élasticité dusphincter
dutrayon
estcomparable pour les
deuxcatégories
d’animaux. ’(’) La discrimination est plus délicate à effectuer en début de lactation car la 2e-eémission n’est pas toujours apparue.
D. -
Analyse statistique
au 60ejour
desprincipaux paramètres
caractérisant une courbe de descente du lait
(ensemble
desdonnées) 1
0
)
Les valeurs moyennes des différentes variables et lescomparaisons
effectuéesentre brebis à i et 2
pics
lavec tests t de Fischer ou de Sukhatme et testsF)
sont re-groupées
au tableau 3. Elles confirment dans l’ensemble les résultatspréliminaires déjà
àprésentés (I,nBUSSnR!, 19 66
etIrABUSSIÉRE, ig6g).
Chez les brebis à un
pic,
l’absence de la 2eémission réduit de 30 à 4o secondes letemps
d’écoulement du lait. Cette absence ne semble pas due au déversement du lait alvéolaire dans la citerne avant la pose desgobelets (le
volume de lapremière
émission n’est pas
plus
élevé que chez les brebis à 2pics)
maisplutôt
à sa rétentiondans les
parties supérieures
de laglande, puisque
les fractionsd’égouttage
machineet manuel sont
toujours
trèsimportantes.
Bien que cettehypothèse
ne soit pas véri- fiée dans la totalité des cas(en particulier
chez lesPréalpes
enpremière
lactationqui constituent,
il estvrai,
l’échantillon leplus réduit),
elle repose néanmoins sur d’au-tres observations
précises :
- similitude de la
place
et du débit maximum du lerpic
chez les 2catégories
de
brebis ;
-
importance plus faible,
en valeurrelative,
des fractionsV,, égouttage manuel, égouttage machine,
chez les brebis à 2pics.
Toutefois,
lesopérations d’égouttage
nepermettent jamais
de compenser l’ab-sence du 2e
pic, puisque
la différence entre le niveau deproduction
des animaux àune et deux émissions est, dans tous les cas, très
significative.
2
°)
La matrice des corrélations entre les variables est donnée dans le tableau 4.a)
Il existe une corrélationpositive
entre le volume de lait total et celui des différentes fractionsqui
lecomposent ( 1 ) :
Du seul
point
de vuestatistique,
ces résultatspouvaient
êtreprévus,
mais onremarque toutefois que la corrélation entre le lait total et le lait
d’égouttage
n’estsignificative
que chez les brebis à i seule émission. Cette différence dans le seuil designification
semble montrer que lesopérations d’égouttage
ne sontindispensables
que chez ces dernières.
b)
Les différents débits sont d’autantplus
élevés que les volumes de lait corres-pondants
sontimportants :
(’) ri et r2correspondent aux ceefficients de corrélation obtenus chez les brebis à i et 2pics respective-
ment. TS = très significatif, NS = non significatif. Ces corrélations (tabl. 4), ont été calculées sépa- rément pour 8 groupes de brebis (agnelles et adultes Préalpes, matin et soir ; agnelles et adultes croisées.
matin et soir) ; nous avons ensuite calculé une estimée commune après transformation Z = Argthr.