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Coopération franco-valdo genevoise: ne ratons pas le train!

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Coopération franco-valdo genevoise: ne ratons pas le train!

LAMBELET, Sébastien

LAMBELET, Sébastien. Coopération franco-valdo genevoise: ne ratons pas le train! Le Temps , 2019, no. 20.12, p. 9

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:149371

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VENDREDI 20 DÉCEMBRE 2019 LE TEMPS

Débats 9

Moi, j’aime pas le Schtroumpf grognon!

Dans son univers trop bleu, lui seul déteste tout, véritable emblème de notre époque qui se plaint de tout, qui n’aime rien, pour qui le monde va terriblement mal, et ira encore plus mal demain. Une époque où il est ringard d’aimer les Fêtes… La perspective de Noël fait soupirer dans les chaumières: vivement qu’on en sorte, et que janvier ramène le calme et la monotonie du quotidien, bien lisse, bien stu- dieux, bien normal, et qu’on puisse enfin se plaindre d’autre chose!

Pourtant, la fête est le propre de l’homme, tout comme le rire et la parole, qu’elle libère d’ailleurs. Elle permet de s’extraire du quo- tidien, de se réunir et de se réjouir en oubliant momentanément la fatalité de l’existence. Ce sont des temps courts et pourtant indispensables à l’équilibre vital, qui se situent en général lors des solstices et des équinoxes, sur lesquels les religions se sont calées tant est étroit le rapport entre l’humain et le cosmos. Pour tenir le coup et pour cimenter leur appartenance à la com- munauté, les hommes n’ont rien trouvé de mieux que faire la fête.

Dans la civilisation chrétienne, les saisons sont marquées par quatre moments signifi- catifs. Noël incarne l’enfantement, qui est foi dans le futur. Pâques rappelle la mort mais aussi la promesse de résurrection. La Saint- Jean célèbre les moissons et donc la nourri- ture terrestre. La Toussaint impose le souve- nir des ancêtres et l’ancrage des hommes dans le passé, qui est aussi reconnaissance.

Ces quatre temps déroulent le ruban symbo- lique de l’existence humaine ce qui, parado- xalement, explique pourquoi notre époque en répudie le sens: nous faisons de moins en moins d’enfants, nous refusons de voir la mort en face, nous ne croyons plus à l’immor- talité, nous avons oublié les famines, nous nions notre besoin d’ancrage! Comme cela n’ose se dire aussi crûment, nous inventons d’autres raisons pour critiquer les Fêtes.

Dire que Noël est trop commercial exprime qu’on n’y trouve soi-même aucun autre sens.

Dire que ses préparatifs n’apportent qu’un stress supplémentaire, c’est montrer que nous ne sommes plus capables de supporter le moindre dérangement dans notre train- train quotidien. Dire que les réunions de famille sont une corvée, c’est attester notre individualisme et notre refus de l’autre. Dire que les repas de réveillon sont trop copieux et durent trop longtemps prouve notre glis- sement vers le virtuel: on préfère regarder Top Chef, deux heures top chrono, assis dans son fauteuil, en grignotant son plateau-télé!

Pourtant, les ingrédients de la fête sont jus- tement l’abondance, la beauté d’un décor éphémère, la convivialité et le partage avec toute la communauté. Cependant, dès lors que nos amis sont sur Facebook, chacun peut envoyer la photo de son assiette à son réseau, en guise de partage!

Si l’on ne croit pas au petit Jésus, revenons donc aux temps païens où Noël cherchait à mettre de la lumière dans l’obscurité de l’hi- ver. Mais la lumière n’a pas bonne presse en ce moment où il convient d’économiser l’énergie. Nos villes arborent donc des déco- rations bien tristounettes, tandis que les foyers n’osent plus orner leurs balcons et leurs façades de ces guirlandes festives qui expriment la joie à chacun et à tous, loin à la ronde. Dès lors, nous avons laissé la parole aux seuls magasins qui nous éblouissent à force de vitrines scintillantes d’or et d’argent, ce qui nous fait déplorer que Noël soit seule- ment commercial. A qui la faute?

Ne nous y trompons pas, se détourner de Noël et refuser l’esprit de la fête exprime une perte du goût de la vie. Alors, j’ose le dire, pour moi et encore bon nombre d’autres, Noël, c’est la naissance d’un sauveur, le plus fragile qui soit mais aussi le plus puissant.

Un tout petit enfant qui dit que la chaîne d’immortalité ne sera jamais rompue tant que nous garderons l’espérance chevillée au fond du cœur. Alors, chers lec-

teurs, joyeux Noël à tous! n

MARIE-HÉLÈNE MIAUTON mh.miauton@bluewin.ch

Coopération franco-valdo-

genevoise: ne ratons pas le train!

Le Grand Genève l’at- tendait depuis plus d’un siècle, c’est désormais une réalité. Avec le Léman Express, l’agglomération dispose enfin d’un réseau de RER performant, vingt- neuf ans après Zurich, vingt-deux ans après Bâle et quinze ans après Lausanne. Son inau- guration est donc unanimement saluée comme un événement historique appelé à renforcer la coopération transfrontalière. 

Pourtant, Genève inaugure son nouveau réseau ferroviaire dans un contexte politique tendu. Une simple publicité sur un tram couplée au manque de lucidité d’un conseil- ler d’Etat ont suffi à ébranler la dynamique transfrontalière. Pis, le rééquilibrage de la production urbaine entre le centre et la péri- phérie de l’agglomération reste un vœu pieux. Selon les derniers chiffres de l’Obser- vatoire statistique transfrontalier, le canton de Genève n’a accueilli que 35% des 76 300 habitants arrivés dans l’aggloméra- tion entre 2011 et 2016, tandis que 55% de ces nouveaux arrivants ont trouvé un logement dans le Genevois français. Dans le même temps, 67% des nouveaux emplois de l’agglo- mération ont été créés dans le canton de Genève, contre 21% dans le Genevois fran- çais. Résultat, malgré la volonté affichée dans les projets d’agglomération depuis 2007, l’équilibre logement-emploi n’a pas évolué.

En 2016, le canton de Genève abrite toujours 50% des habitants et 72% des emplois, alors que le Genevois français regroupe 41% des habitants et seulement 20% des emplois. Le district de Nyon est donc le seul territoire qui bénéficie d’un ratio équilibré. Il accueille 9% des habitants et 8% des emplois de l’ag- glomération.

Certes, ces chiffres ne tiennent pas compte des efforts de construction des années récentes. Ainsi, depuis 2017, le taux de vacance sur le marché du logement du canton est repassé au-dessus de 0,5%, un seuil que Genève n’avait plus atteint depuis l’an 2000.

En outre, en 2018, le canton a respecté pour la première fois son engagement de construire 2500 logements par an, un objectif qu’il s’était fixé depuis 2008. Toutefois, rappelons qu’entre 2000 et 2012, le canton a accumulé

un déficit de construction estimé à 10 000 logements, soit le nombre de logements construits entre 2014 et 2018. Au même titre que l’inauguration du Léman Express, la pro- duction urbaine récente doit donc être consi- dérée comme un rattrapage des retards accu- mulés. Si les autorités genevoises souhaitent réellement créer «une agglomération com- pacte, multipolaire et verte», conformément à la volonté exprimée dans les projets d’agglo- mération, il leur faut poursuivre sur cette voie.

Or, le 24 novembre dernier, le Conseil

d’Etat a été désavoué par les citoyens sur l’ensemble des quatre objets en lien avec la politique d’aménagement du canton. Les modifications de zone souhaitées pour den- sifier la couronne suburbaine ont été refu- sées par des majorités infimes et le résultat aurait très certainement été différent si le président du Conseil d’Etat, qui préside éga- lement le Groupement local de coopération transfrontalière (GLCT), avait réussi à convaincre son propre parti de soutenir ces projets. Néanmoins, si l’on considère l’en- semble des 44 objets de votation portant sur la politique d’aménagement entre 2000 et 2019, le scrutin du 24 novembre n’a rien d’exceptionnel. Depuis le tournant du mil- lénaire, les électeurs genevois ont suivi la position du Conseil d’Etat à 21 reprises et l’ont désavoué à 23 reprises. Ce taux de sou-

tien de 47,7% est nettement insuffisant pour concrétiser les engagements pris dans le cadre du projet d’agglomération.

Suite au désaveu du 24 novembre, le Conseil d’Etat souhaite organiser un grand débat public autour de la croissance urbaine. Or, ce débat n’a de sens qu’en incluant également les partenaires français et vaudois. In fine, il doit permettre de renforcer la légitimité et le pouvoir décisionnel des instances trans- frontalières existantes (GLCT, forum d’ag- glomération). Les élus et les citoyens du canton de Genève doivent prendre conscience qu’ils ne peuvent pas gagner sur tous les tableaux. Refuser la densification du canton au nom de l’écologie tout en ren- forçant l’étalement urbain dans le Genevois français est aberrant. Opter pour la décrois- sance n’est pas plus crédible. Les autorités doivent donc se donner les moyens de redis- tribuer équitablement les charges et les bénéfices de la croissance du Grand Genève.

Autrement, les actifs du canton résideront toujours plus loin de leur lieu de travail et le Léman Express ne fera qu’augmenter cette tendance néfaste pour le vivre-ensemble transfrontalier. n

Refuser

la densification du canton au nom de l’écologie

tout en renforçant l’étalement

urbain dans

le Genevois français est aberrant

Alors que l’EPFL fête les 50 ans de sa fédéralisa- tion, je me suis prêté à un voyage dans le futur:

que pourrait devenir notre école en 2069, lors de son centenaire? Et surtout, de quelle manière l’EPFL, les formations qu’elle offre et les technologies qui

sortent de ses labora- toires pourront-ils contribuer à un monde meilleur? A faire en sorte que le bien com- mun – tel que le décrivait Garrett Hardin dans La Tragédie des com- muns publié il y a main- tenant plus de cinquante ans –, et je pense en par- ticulier au problème du réchauffement clima- tique, soit relevé tel le défi majeur qu’il est pour l’humanité?

Un exercice de pré-

diction difficile. Qui aurait pu anticiper, lors de la naissance de l’EPFL en 1969, le déve- loppement actuel du web, les deepfakes, les risques du cyberespace…? Qui aurait pu prédire que des monnaies virtuelles allaient apparaître et devenir plus sûres que les écus sonnants et trébuchants? Qui aurait pu imaginer que les voitures allaient se conduire toutes seules, et pas seulement dans les livres de science-fiction?

Je me concentrerai sur trois domaines de recherche: les sciences de l’information, les sciences du vivant et la médecine, et enfin l’énergie et la durabilité.

L’impact majeur des sciences de l’informa- tion est encore appelé à se renforcer et il est

particulièrement risqué de prédire les cinq prochaines décennies – sauf peut-être en utilisant l’intelligence artificielle! Ce qui est certain, c’est que l’homme va devoir apprendre à coexister avec des machines intelligentes. Dans ce pacte faustien dont il faudra se méfier, les machines devront res- ter à notre service, et pas l’inverse. Malgré ce risque, la science des données représente un formidable potentiel pour les sciences, l’éco- nomie et la société. Je suis convaincu qu’elle nous aidera à relever quelques-uns des défis fondamentaux aux- quels nous sommes confrontés. Et les ordi- nateurs quantiques seront là pour nous aider, car ils permet- tront de résoudre des problèmes qu’au- jourd’hui aucun super-ordinateur ne peut démêler.

Les sciences du vivant ne seront pas en reste. En interaction avec les sciences natu- relles et de l’ingénieur, elles continueront leurs avancées fascinantes. Les neuros- ciences nous posent des questions existen- tielles, l’édition du génome des défis éthiques. Malheureusement, malgré les pro- grès, il est probable que le cancer, quoique mieux maîtrisé, sera encore un dérèglement mortel de la vie, et que les maladies de civi- lisation nous accompagneront toujours.

Et de nouveaux fléaux, prévisibles – comme la résistance aux antibiotiques – ou impré-

visibles, feront leur apparition. J’espère que tout le potentiel de collaboration entre les sciences et l’art de la médecine et des soins sera réalisé, mais le mythe d’une espérance de vie sans limites risque de mettre la société devant un dilemme cornélien.

J’aborderai enfin le sujet complexe de l’énergie, de l’environnement et de la dura- bilité. Soit La Tragédie des communs aura été résolue, ou alors le monde sera dans une situation difficile, pour ne pas dire impos- sible! Le gouvernement suisse a déclaré la neutralité carbone pour 2050. C’est un défi qu’une école comme l’EPFL doit relever en utilisant tout le spectre de son savoir-faire.

Cette condition est nécessaire mais pas suf- fisante: la société doit se transformer, car se débarrasser des énergies fossiles est un défi titanesque qui nous implique tous.

La politique, disait Richelieu, est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire. La société de consommation semble rendre nécessaire ce qui est possible. Dans ce monde à ressources finies, il faudra changer de modèle si nous voulons fêter un cente- naire serein pour notre école et pour notre planète! n

En 2069, quand l’EPFL sera centenaire

Dans ce monde à ressources finies, il faudra changer de modèle si nous voulons fêter un centenaire serein pour notre école et pour notre planète!

OPINION

OPINION

SÉBASTIEN LAMBELET ASSISTANT-DOCTORANT EN SCIENCE POLITIQUE À L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE

MARTIN VETTERLI PRÉSIDENT DE L’EPFL

A tous

les grognons, joyeux Noël!

Et bonne santé, surtout

«C’est bientôt la fin de l’année. Et quand l’an se prépare à trépasser, toute une série d’animalcules accompagnent son agonie: fêtes de boîte (c’est fait), folie consumériste (je suis en plein dedans), papiers à finir avant de partir en vacances (je suis en retard), mettre les pneus d’hiver (check: je les avais gardés tout l’été, s’est moqué mon garagiste quand je l’ai appelé), quel goût pour la bûche de Noël (chocolat)», écrit sur son blog Philippe Simon, spécialiste de Rabelais et chef d’édition au

«Temps».

A lire sur le site du «Temps» à l’adresse https://

blogs.letemps.ch/

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