LA MORT
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RÉVÉLATIONS HISTORIQUES SL'KI.KVKIIITABLE C.ENREDEMORTDK JÉSUS TRADUITES UCLATINENALLEMANDETDEL'ALLEMAND EN FRANÇAIS
d'après lemanuscrit d’un frère de l'ordre sacre UESESSF'NIKNS,CONTEMPORAIN DK JÉSUS
DEIjXIÉME fcOITIOK
PARIS
Kl).DENTll,LIBRAIRE
•
LIBRAIRIECENTRALE17-19 ! 24
GALERIEUORIKANS,PALAISROYALgBOULEVARD UES ITALIENS MDCCCLXIII
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Digitizedby’GoogleL\ MORT DE JÉSUS
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IA MORT
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RÉVÉLATIONS HISTORlyUES SUR LH VERITABLE GENRE DE MORT DK JÉSUS IKADUITES DU LATIN ENALLEMANDETDEL’ALLEMAND EN FRANÇAIS
D’aPRÉSLEMANUSCRIT D’UN FHÈHE DK L'ORDRE SACRÉ DESKSSÉ.N1ENS,CONTEMPORAIN DK JÉSUS
PAR
OBUX
Ii'HEÉDITIOX
PARIS
EU.DENTE,LIBRAIRE
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'.AlKRIE U ORLEANS, RALAISROYALq
LIBRAIRIECENTRALE 24 BOULEVARD DES ITALIENS
V1DCCCLXIII
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AVERTISSEMENT DE
L’ÉDITEURLes révélations surlevéritable genredemortde Jésus ontétépubliéesen allemand à Leipzig,ily a déjà plusieurs années(1).
Cette publication, qui correspondait àunmou- vementd’idées presque général en Allemagne,pro- duisitunetrès-grandesensation,et lalettredu frèreEssénienfutconsidérée
comme
un document de natureàéclairerd'une vive lumièreleshautes questions religieuses dont s’occupaientlesdiverses écolesde philosophie.Maislesuccès neseproduisitpasseulementdans lemondesavantet érudit, lamassedupubliclettré voulut aussiconnaîtrelacurieuselettreducon- temporaindeJésus.
Septéditions, tiréesensembleàplusde50,000 exemplaires, furentvendues enmoinsdedeuxans.
Du
reste,on peutse faireuneidéede l’impor- tancedutravailque nous publions, en sachantqu’il (1)Leipzig, librairiedeChrislian-ErnstKolimann, t", t*, 3», 4«,5e,6*.édition,1849.
—
7* édition, 1851.
—
ï—
estenquelque sorteundesprincipauxéléments des études de philosophie religieusede touslesémi- nentslibrespenseurs allemands, des D.-F. Strauss, desBrunoBauer,desW.-M.-L.deWette,des L. -A.Feuerbach, des F.-C. Baur, desArnoldRuge»
Jusqu’àce jour, lesquestionsdecettenature étaientrestéesenFrance exclusivementdansle domainedel’érudition.
A
peine quelqueslettrés sérieuxlisaient-ilslatraductiondugroslivredu docteur Strauss.Aussil'écrivain français quiavait traduitles Révélationssurlamort de Jésuss’était-ilbornéà communiquersonmanuscritàdesamisstudieuxet curieux de ces matières réservées aupetitnombre.
LerécentetimmensesuccèsdelaViedeJésus,de M.ErnestRenan, qui asaisi,pourainsidire,le publicfrançaisde ces hautes questionsd'histoire religieuse,moraleetphilosophique,nousaparu donneràlapublicationdecetteœuvreunvéri- tablecaractèred’opportunité.
L’EDITEUR.
P uns,18août1888.
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AVANT-PROPOS
Dans unebibliothèque oubliée,situéedans un vieux bâtiment avantétéhabitéancienne-
ment
pardesmoinesgrecs,un membre
dela Sociétécommercialed’Abyssiniedécouvrit à Alexandrieun
manuscrit surparchemin,dont ledéchiffrementfutàpeinecommencé
par un éruditprésentà cette trouvaille,qu’un mis- sionnaire,dansl’ardeur fanatiquedel’ortho- doxie, essayadedétruire cetantiquedocumentDigitized_by_Google
d'histoire.Toutefois, cemanuscritfutsauve,à l’exceptionde quelquesnotessupplémentaires.
OnobtiDtlapermissiondefaireunetranscrip-
tion
littéraledutextelatin.C’est cettecopiequedesfrancs-maçonsont envoyée en Allemagne.
Ilestrésultédesrecherchesarchéologiques faitessur place,àAlexandrie,surleslieux
mêmes
deladécouverte,queceslieuxappar- tenaientdanslahauteantiquité, ainsiquesous ladomination romaine,etparconséquentdu temps deJésus,àlasecte desEsséniens, etque lemanuscriten question provenaitdes débris decettecolonie d’Esséniens.
Le savantprésent à ladécouverteétaitfran- çais;ilcherchaà faireparvenirlemanuscritori- ginalenlapossession del’InstitutdeFrance.S’il n’apu exécuter encore sonprojet,onledoitaux
Diq
intriguesdeplusieursemployéscatholiques,et surtout à cellesdesmissionnaires jésuitesen Égypte,qui,dèsleprincipe,travaillèrentà détruirejusqu’auxtracesdecedocument.
Lacopiefidèlequelesavantfrançais a
pu
en faire,protégéqu’ilétaitparquelques négo- ciantsabyssiniens influents etparun commis- sionnaireconsidérédeTrieste,aéchappéaux poursuites tentéespardes zélateursignorants etorthodoxes, parlessoinsdesociétéspytha- goriciennes.Ellearriva ainsidurantquelquetemps dans lapossessiond’unesociétéallemande, plutôt parhasard qu’autrement,sociétéquipeutêtre considérée,jusqu’àuncertain point,
comme
le dernier rejetondel’antique sagesse essénienne.C'estainsiquelatraducliouallemande dela copiedutexte latin apuêtrefaite.
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Quantà ce quiconcernecetantiquedocu- menthistoriqueenlui-même,ilnousoffrela lettrequ’unthérapeute, c’est-à-diresupérieur etinitiéauxplushautsgradesdelaSociétédes Esséniens,quiavaient lagarde,
comme
onsait, decertaines sciences occultesoumystérieuses, etquivivaientdanslebutd’exercerdenobles* etde généreusesactions
;lalettrequ’un deces supérieurs, disons-nous,adressait, quelques années aprèslamort deJésus, à
un
confrèrede lasecteàAlexandrie.11luiécrivaitpouréclai- rerlesfrèresd’Égypte surcertains bruitsqui s’étaientrépandusàAlexandriesurlavieet la mort deJésus.Les miraclesqueses disciples avaientracon- tésdansleurenthousiasme,etqui furent gros- sis etexagérés par lafoiau merveilleuxdu peuplejuif,avaientfaitnaîtredansl’ordredes
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Esséniensd’Alexandrie desréflexions etdes doutessérieux, puissants. Carlessupérieurs decetteconfrérie secrètepossédaientdevastes etde profondes connaissancessurlesphéno- mènes delanature,et ilscherchaient à expli-
t
quer d’une manièrenaturelle tout ce quisem- blaittenirdumerveilleux.
Les bruits surlavieet lamort deJésuscon- vainquirentbientôtlesEsséniensd’Alexandrie queJésus avait étéun
membre
deleurordre savantetsecret, puisqu’il observait sesusages etpuisqu’il se servaitdesessignesde recon- naissanceou deralliement. C’estégalement pourcesraisons qu’ilsne purentnicomprendre ni's’expliquer les miracles, toutes espèces d’in- terprétalions surnaturellesdes chosesétran- gères à leur ordre.Afind’arriveràunecertitude positive,un
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s
—
ancien del’ordre,dela
communauté
établie à Alexandrie,écrivitàce sujet,comme
nousle prouvenotremanuscrit;àun
supérieurdes Esséniensde Jérusalem,etlalettrecontenue dansledocument
nouvellement découvertn’est autreque laréponseaux
questions venues d’Alexandrie.11ressortpositivementdes règles
mêmes
de lasectedes Essénienslacertitudequ’un Essè- nienn’ajamais pudire etécrirequelaplus rigoureusevérité;c’estcequimet hors de doutelavéracitédesfaitsrapportésdansl’an- ciennelettrecontenue danslespages qui vont suivre.L’ordre desEsséniensétaitunesociété prati- quant une morale sévère;elle n’étaitnullement d’origine juive, quoiqu’elle existât dèsletemps de§ Machabées.Sonorigine étaitpythagori-
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tienneetn’avait revêtuchezlesJuifsqu’une formeparticulière et nationale.
Ses règles prescrivaient à tousles
membres
laculturedelaterre.
Ilsse réunissaient tantôten assemblées géné- rales,tantôtparsectionsdegrades,pour ho- noreretpratiquerlasagesse etlavertudans leurs
mœurs
etdansleurs discours.Appuyés
surleursétudesdelanature,ils pratiquaientprincipalementlamédecine;ils connaissaientlespropriétés etles effetsinfinis des plantes etdes minéraux surl'organisation humaine,etenvisageaient ces connaissancescomme
appartenant au domainesecretdesde- gréssupérieurs deleurordre.Ilssefaisaient enfin
un
devoird’enfaire servirlapratiqueau soulagement physiqueet intellectueldeleurssemblables.DigitizedbyGoogle
—
<0La
communauté
des biensétaitétabliedans leur société:chacun desesmembres
travaillait pourletrésorcommun.
Ilsnes'entretenaient point des chosesdece
monde
avantleleverdusoleil;mais,dèsle malin,ilspriaientetoffraient leurshymnes
de louangesà l’Eternel.Ensuite,ilsserendaientaux travauxdes
champs
dansun
costumespécial et serassem- blaient collectivementpourlerepasdemidi.Acetteheure delajournée,aprèsavoirpu- rifiélecorpspardes bains,ilsserevêtissaient de robes detoileblancheetfraîche.
Usn’avaient pointdeserviteursdansleurs travauxnià leurs repas, etilsne permettaient jamais qu'un profane assistâtà leurs réu- nions.
Leurhiérarchie représentaitquatregrades.
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—
Il—
danslesquelschacunentraitselon soninitia- tionaux mystères del’ordreetselon savaleur moraleetintellectuelle.
Dansledegréinferieur(lepremier),ilsai- maientà recevoirdes enfants;car lesEssé- niens ne se mariaient pas. Mais lorsqu’un adulte devait être reçu,ilfallaitqu’ileût subi une épreuve sévèreetmoralependantl’espace detroisannées.
Ilétaitinterditaux gradessupérieurs,sous peinedeprofanation,de
communiquer
aucun desmystèresaux gradesinférieurs.Une
vie sans tache,unedignitémoraleetlu sagesse,rendaientpropreà s’éleveraux grades supérieurs.Indépendamment
del’agriculture,lesEssé- niens entretenaient desconversationsédifiantes etinstructives; ilspratiquaient strictementDigitizedbyGoogle
12
—
l’observation des règlesdel’ordre:ilsétaient charitables et hospitaliers.
Ilsrestaientétrangers àlapolitique,aux révolutions, etcherchaientàétablirlapaixet latranquillitéentous lieux.
«
Que
lapaixsoitavecnous!»Cesquelquesmotsétaientleursignederal- liementet constituaient ordinairementleur apostrophe.
A
leursrepas,ilsrompaientlepainetfai- saient circuler àlarondelecalicequicontenait levin.Ilsadoraient Jéhovah, mais neluioffraient jamais desacrificesdansletemple.
IlspriaientDieu suivantleurs règles.
Pour eux,laplushautevertuconsistait à vivreet
même
àmourir pourelles, etlamortDigitizedbyGoogle
— n —
neleursemblaitpoint terrible:carilsregar- daientl’âme
comme
l’esclavedu
corps.Elle s’émancipaitparlamortetmontaitdans les
champs
célestes.Pour eux,le
mensonge
etlesermentétaient chosestout aussi criminellesquelaguerreetla vengeance.Leurfoià l’action directedeDieuetdel’in- telligencesurlesvicissitudeshumaines leur inspiraitlaplus inébranlable confiance.
Cet ordre,donton retrouvelesderniers ves- tigesdanslafranc-maçonneriemoderne,était très-répanduenPalestine eten Egypte,du temps deJésus;ilypossédait soitdenombreu- ses
communautés,
soitde simplesrefuges,où l’ordrese réunissait.Lesdifférentes sociétésentretenaient desrap- portsintimesentreelles. Ellesinstruisaient
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— H —
continuellementlesfrères présentsouabsents decequise passaitauseindelasociété.
Les Essénienssetenaientsévèrementàl’écart
du
fanatismeoriental,et,noblementélevésau- dessus del'espritvulgairedeleurscontempo- rains,ilsadmettaient danslacommunauté
non- seulementdespauvres,desartisans,desper- sonnesretiréesdelaviepublique,mais encore deshommes
influentspar leurcaractère et leur position sociale.Des sénateursetdes sa- vantstravaillaientégalement ensecretdans l’intérêtdel’ordre.Cefut
du
seindelacommunauté
établie à Jé- rusalemquesortitlalettredont nousdonnons latraductiondanslespagessuivantes.11esthorsde doute quecefutunsupérieurde l’ordrequi
communiqua
àun
desesfrèresla narrationdesfaitsdontilfutletémoinoculaire.DigitizedbyGoogl
—
15—
Ilesthors de douteencorequ’ill’afaitesans enthousiasme pourlemerveilleux,
comme
aussi sanspréjugé.Ilaremplisa lâche
comme
unhomme
dont l’espritamûriet s’estdéveloppé parlescon- naissances positivesenseignées parlascience del’ordre.DigitizedbyGoogle
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LETTRE
DE
L’ANCIEN
DES ESSÉNIENS DE JÉRUSALEM
L’ANCIENDES ESSENIENSD'ALEXANDRIE
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I
Que
lapaixsoitavecvous,mes
chers frères!Vous avez apprisles-bruitsrépandussurles faitsquisesont passés àJérusalemetengé- néraldanslepays desJuifs.
Sivous pensezquec’estd’unfrèrede notre sainte
communion
qu’ontparlé ses amisdu
peuplejuif etdu
peuple romain,pourraconter sesmiracles et ses souffrances àJérusalem,vous êtesdanslevrai;car Jésus,néàNazareth,à l’entréedelabelle valléeoùseprécipiteleDigitizedbyGoogle
—
20—
fugitif Kison, en descendant des hauteurs abruptesdu Thabor,Jésus était
un membre
de notre sainte confrérie, à laquelleilfutvoué dans sonenfance, passéedans lavallée dumont
Casiusoù son pèretrouva,enfuyant,un
asilechezun homme
delasectedes Esséniens.Car nosfrèresdemeurent encetendroiten grand
nombre
versla frontièred’Egypte, à l’Orient.Et Jésus fut reçuen
même
temps qu’un ado- lescentdesa race,nommé
Jean, lorsqu’ilpas- saitlesannéesdesajeunesseenGalilée;plus tardilvisitaJérusalemoùilfutsouslasur- veillancedenotrecommunauté
;àsonretour ilserendit à Julha,oùs’élèventlesmontagnes, auprès delafièreMassadalaforteresse.ParlesdoctrinesqueJésus arépandues parmi lepeuple,parses signesetsesmots de recon- naissanceou deralliement, c’est-à-direparle baptême,larupture
du
painetlaprésentationdu
calice,vous avezfacilementpu
reconnaître,DigitizedbyGoogle
21
—
meschers frères, qu’il fut
un
des nôtres; car c’estundes frèresdenotresecrète confrérienommé
Jean,membre
denotregrandecom-
munauté, quil’abaptisésurlerivagedelamer
Morte,vers l’ouest,dansleJourdain.Lebaptêmeest
un
de nos usagessacrésles plus anciens.Vousdésirezsavoir cequis’estpassédepuis danslaJudéeeten dernierlieu àJérusalem.
Vous vous étonnezquedesmiraclesetdes choses surnaturelles soient attribués à
un
Essé*nien,quoique voussachiezquetout cequefait undesnôtresdoitêtre justifiépar toutela
communauté.
i
Rappelez-vousdoncquelesbruitssur certaines chosessont
comme
levent:làoùils’élève et seforme, làaussi il chassedevantlui l’air pur;mais en suivantsacourse,ilramasseaussi toutes lesémanationsetlesbrouillardsdela terre.Lorsqu’ilarrive loinde sonpointdedé- part,ilagroupédesnuages,etaulieud’unDigilizedbyGoogle
—
52—
courantd’airpurqu’il était àsa naissance,il
n’apporteauloin quecequ’ilaramassé en chemin. 11enest précisémentde
même
des bruitssurJésusetdes vicissitudespar les- quellesila passé.Réfléchissezdeplusqueles
hommes
inspirés quinous ontparlédelui,en ontparléetécrit sousl’empired’unefortepassion,etque,dans leursaintamour, ilsontcrutout cequele peuple, danssa superstition naturelle, ajoutait surson compte.Réfléchissez aussi qu’ilsignoraientlapratique detous lesmystères denotresainte
communauté,
etquelessupérieursseulsdenotreordreont étéinitiés àla secrèteconservationetaux secours mystérieux queJésus a reçusdenous.Réfléchissezenfinquenotreloisévèrenous défenddeprêterpubliquementnotreconcours au peuple,pourintervenirdansleconseil et lesdécisionsdes
hommes
quigouvernentle .pays.DigitizedbyGoogle
—
*3—
C’eslpourcetteraisonque nous avonsagi ensilence,que nous avonslaissésuivreson cours àlaloi, sanscependant négligerde servirsecrètementnotreami.
CarJésus est notre enfant; étant à Jutha,il avait
même
dû promettre,lorsde sonentréeau premierdegré,quenotreordre remplacerait désormais son pèreetsamère,etc’estaussi ce que nous avonsétépourlui,ainsiquelepres- criventnosstatuts.MaisaGn que vous appreniezlavéritésur toutcequis’estpassé, jevousécris
comme un
frère, enpleineetentière connaissancede causeet paramour
pour lavéritédenotre règle,etjevousparleen témoinoculaire, je vous racontecequejesais.Etj’aibeaucoup vu, car,agissantensecret,j’aicoopéréàcequi s’estpassé.Au moment
oùjevousécris ceci,mes
chers frères, lesJuifsontmangé
septfoisl’agneau pascaldepuisqu’a été sacrifié notre frère,queDigitizedbyGoogle
—
14—
nous aimionstous etdanslequelnous avons
vu
laglorificationdeDieu.Maisje n’airienoublié del’histoiredontj’aiététémoin.
Caraussi vraiesquesontles parolesqui effleurent en ce
moment mes
lèvres, aussi vraiesquesontlespenséesqueje noteici,aussi convaincusuis-jequeJésus futun
éludeDieu, engendré parl’Espritéternel.Ils’appelaitlui-mêmefilsdeDieu,illefut encesens qu’ilenseignaetagitau
nom
de Dieu:etilétait initiéaux mystères delana- ture,tantdu
règneanimalquedu
règnevé- gétal, etdeplus initié àlaplusgrandepartie des connaissanceshumaines,àlaconnaissance deshommes.
En
toutesces choses nous reconnaissons% Dieu.Elçeluiquipeutdire:Voyez,je viens de Dieu,celui-làpeutdirededroit qu’il esten- voyé parlui;car celuiquinel’estpoint,ne peutledire,parcequelaparolelui
manque
: l’espritnelaluia pointdonnée.DigitizedbyGoogle
Il
Afinque vous soyezédifiéssurlecompte de l’homme quiarempli noscœurs d'une noble pitié etquiaaimétousles
hommes,
jevais vousfaireconnaître son origine;car,dèsle principe,ilfutélevé pourentrerdansnotre ordre(1).(1)Aprèslaphrasequi précède,latraductionallemande continue ainsi:«DamitIhrKundeerhaltetvondemManne,
•der unsere Herzen mithoher Andachteifülltundderaile
«Menschengeliebt hat, so wi11ichEucherzâhlen,woherer
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—
?6—
C’estpourcelaque Joseph futprotégéen secret,pendantsa fuiteenÉgypte
,parnotre
communauté;
elleleguida sansqu’ilpûts’en apercevoir. C’estencorepourcette raison qu’il futdirigésurlacommunauté
essénienne, éta- blieaupieddumont
Casius,auprès duversant delamontagne
oùlesRomainsontbâtiun temple dédiéà Jupiter.Et il fut enjoint aux
membres
de cette maison de l’ordre d’introduireJoseph, sangekommen, demierwurdoerzogen für unsernBundvora aAnfangan,daer gezeugetwarvoneinemEssaer,dendas
«WeibftlreincnGesandtenhielt.DenndasWeib warlebhaf-
«tenGemilthesundsuchteim LebendasGngewOhnliche
«underfreute sich andem, wasesnicbtbegreifenkonnle.
«
—
Aberunser essaischerBruderhalteseineThateinges-«tandenund dadurchgebtisst,daszunserBunddnsKind
«heimlichaufsuchteundbehütete. lîndJoseph, einMann, bderErfahrunghattevomtâglichen I.cbenundEinsichlvon uderWahrheit,wurde durch AbgesandteunsererBrüders- achaftermunlert, dasWeibnichtzu verlassen, seincn Glau- aben an das heilige derThatnicht zu trfibenunddemKinde
«solange Vaterzu sein, bis unserBundihnaisSohnauf-
«nehmenkonne.»
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—
Î7—
femme
etl’enfant,dansleursréunions,afin qu’ilsapprissentàhonorerDieuetàlelouer, àhonoreretàlouerleTout-Puissant,etafin qu’ilsapprissentencorecomment
onrecevait lepainbénitet levin consacré.Selonnosdésirs,onavaitfaitconnaîtreà nosfrèresdeJérusalemquelesordres avaient étéexécutés; que Josephavait prisplacedans ledemi-cercle à droite,formé parles
hommes,
etquesafemme
avait étéplacée àgauche, au milieudesfemmes;qu’ilsavaientparticipéau chantdeshymnes
sacrés, et qu'ilsavaientété admisàprendreleurpartdu
pain consacréet àmouillerleurs lèvresaucalicequi circulait à laronde.Mais,danscette retraite,Josephavaitdû vouer pourtoujours l’enfant àla
communauté,
et,enretour, l’anciendel’ordreenseignaà Jo- seph,quiavaitdonné son consentement,etqui étaitmaintenantassez instruit, l’ancien ensei- gnaàJoseph,disons-nous,lesalutdesinitiés.
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—
28—
Etcela fut ainsi, afinque, pendant sonretour, il pût se
recommander
auxmembres
delacommunauté
etse faire reconnaître.Et cettedernièreluienseignasaroutepour luiassurer
un
bon etpaisiblevoyage:elle lepouvait parl’influence secrète qu’elleexer- çait.Cefutpourlesalutdel’enfantquelesfrères envoyèrent encore Josephetsa
femme
versla contrée où demeuraient beaucoup deJuifs éclairésetétudiantl’Écriture sainte, etoùnotre ordreavaitune communauté.On
l’avaitdéjà informée d’avancequ’elle eût àdonnerl’hospi- talitéàJoseph.C’étaitàHéliopolis,auprèsdu templede Jéhovah,bâtiparOnias,dans
un
sitedélicieux, planté d’arbresmagnifiques.LorsqueledangerétaitpasséenGalilée, et quel’onnefutplusensécuritéenJudée sous le
Romain
Yarus, Josephs’en allaàNazareth, situéau pieddu
Thabor.DigitizedbyGoogle
—
29—
MaisbientôtArchélaüsinquiétadenouveau laGalilée, etJosephfutengagé parses frèresà serendre par
Suhem
àJérusalem,età se re- tirerdansnotrecommunauté
pour y chercher unrefuge.Etc’estce qu’ilfit; ilsarrivèrentlejour deNisan,pendantquelesJuifscélèbrentla Pâque.
Là,jeleur parlai en personne, carj’étais encoredansledegréinférieurdel’ordre, et j’obéissais àl’ancien
,qui
me
chargea d’un message pour Joseph.C’étaitun
homme
franc,quiavaitdescon- naissancesétendues surlesbesoinsdelavie;ilparlait très-sensémentàsonfils;ilexhortait aussiMarieàchercherà distinguerlevraide lafiction etàcalmer sonespritparlaprière et parlaraison;car elle avaitune
âme
exaltée qui s’enthousiasmait facilement, etquiportait sespenséesau-delàdecette terre.C'estaussipourcetteraison qu'elle s’occu-
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—
30—
paitdesujetsmystiquesetélevés, etqu’elle exerçaituneinfluencesur sonfils,lerendant ainsisusceptibledes’exalterpourdes sujets extraordinaires.
Mais Joseph nelacritiquaitpas;ilavait in- struitson enfantd’une manièrepopulaire,et, decettefaçon,illegarantissaitcontrelesdan- gers
du
mysticisme,quesamèrecherchaità semer dansleschamps
de sonespritpuret naïf.DigitizedbyGoogle
III
Lorsquel’enfanlJésuseut parlédeschoses sacréesaveclesérudits,lespharisiensdeJé- rusalemressentirentune grandecolèrecontre sesdiscours;ilslesdéclarèrentcoupableset dangereux.
Car lespharisiens tenaientàlatradition d’unemanière rigoureuse,ainsiqu’àl’expli- cationpuériledelaloi. Ilsétaientennemis detousceuxquine croyaient pas
comme
eux, etquinelesimitaientpasdanslesgrimacesdu
culte extérieur.DigitizedbyGoogle
—
3î—
Ilsfaisaientl’aumône parorgueil,ilsprê- chaientsurle
royaume
des morts,surl’influence des bonsetdesmauvaisanges, et puisencore surl’avenirprédestinédu peuplejuif.Et
comme
ilsavaientun
grandpartiparmi lebas peuple,ilsétaient puissants;maisl'es- pritde Dieun’habitaitpointeneuxet n’effleu- raitjamaisleurs lèvres.Josephayantcomprisetpénétrédansnos doctrines,ilsutlesinculquer,sansêtreobligé dese servird’images,à l’espritdel’enfantqui croissait, et qui sentit aussilui-mêmelamisère
du
peuple.C’étaitune choseédifiante à voir
comment
il prêchaitlaparoledeDieu.LesscribeslereconnurentpourêtreGali- lèen;ilsleméprisèrent
comme
ilsméprisaient toutlepeuple delaGalilée.Maisplusieursde nosfrères s’étaientaussi rendusauTemple,et,sansse faire connaître, ilsl’attirèrentverseux parleurssaints dis-
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—
33—
cours,mais uniquement danslebut delepro- téger.
Carlorsque l’enfant divin eut parlé publi-
quement
dansleTemple, nosfrères,préposés à sagarde,apprirent queledangerétaitsus- penduau-dessusdesatête,ainsiqu’unnuage épais et noirsurlamontagne, parcequeles phaçisiens etlesrabbins avaient tenuuncon- seilsecret,danslequelilsavaient aviséauxmoyens
de poursuivrel’enfantmême
horsdela Galilée, et cela àcause deladoctrine qu’il pro- fessait.C’estdanscebutqu’ilsl’engagèrent,enlui tenant des discourschaleureux surlaloisou- veraine, àlessuivredanslaréuniondu Sophé- rim; carilsremarquèrent que, poussépar l’esprit,iloubliait toutes autresmatières.
C’est ainsi qu’il perditson pèreetsa
mère
danslagrandevillede Jérusalem,encombrée d’un peupleimmense
venu detouteslespro- vinces juives àcausedelacélébrationdela fête.— H —
Maislesamis Esséniens avaient secrètement prisdesinformations;etsilesscribessem- blaient être toujoursdeplusenplus ravisdes questions pleinesdesagessequeleurfaisait l’enfantgaliléen,s’ilsétaientde plusen plus charmés desesdiscours,danslesquels respirait la soifdelasagesse,ilnenous sembla cepen- dant pas ensûreté,surtoutparce qu’un rabbin, quiavaitconçu
un
attachement extraordinaire pourJésus,etquiparaissait êtredevenu son amisincère etsonmaître,futobligédes’ab- senterpourun
voyagequ’ilavaità faire àJé- richo.Durant son absence,laferveurdel’en- fant danslecombat contre lemensonge
et l’immoraliténediminuapoint,etnefutpas tempérée par unefroideprudence.C’estpourcelaque nous en parlâmesà Jo- sephetà safemme, quiétaitdansune grande tristesseparcequelemari d’une amieaffec- tionnée venaitde mourir,etqu’ellesortait d’apprendrecetteperte.
Difljljzed byGoogle
-
35—
Et
comme
elledésiraitvoir cetteamie,comme
ellevoulait quitterJérusalem,elleavaitvaine*ment
cherché sonûlspendanttroisjours. Ce nefuiquelequatrième,qu’instruitepar nos frères,elleleretrouvadansleSophérim.Or,lerabbin quis’était attaché à l'enfant, étaitsecrètement
un
affiliédenotrecommu-
nauté, et ce futluiquiavait étéchargéd’en prendresoin.Etc’est ainsi qu’ilarrivaque Marie, son marietsonfilss'enretournèrentpromptement enGalilée.
Là,Marie trouva son amie désolée,quise
nommait
Elisabeth.Elleavaitauprèsd’ellesonfilsqu’onappe- laitJean.
Les
deux
jeunes gensse prirentd’une vive amitiél’unpourl’autre. Ilssepromenaient danslesmontagnes sauvagesetdiscouraient sur des sujetsélevés et sacrés.Ilsdevinrent desamisintimes, etleur affectionréciproqueDigitizedbyGoogle
—
36-
augmentaàmesurequ’ilsapprirentà se
mieux
connaîtreetàmesurequ’ilss’instruisaientde lavérité qu’ilscherchaienttouslesdeux.Mais Jean,filsdeZacharie, avait été initié debonne heureà la doctrinedesNazaréens.
Ilpratiquait l’abstinence et maîtrisait puis-
samment
lepouvoir desespassions.Ilconnaissaitintimementlaloietlatradi- tion.
Maisilnecomprenait pas
comme
Jésusle beauetlesublimedanslanature,qu’attestent avectantdeforce lesmontagnesetlesforêts.11avait
un
dégoût profondpourlespratiques despaïens, etuneforterépulsion pourles despotes.DigitizedbyGoogle
IV
Maisletempsétaitarrivé oùJésus devait êtrereçu danslepremier degré denotre se- crète sagesse.
Etdanslavallée,nonloindesrochers de Massada,ilyavaitune maison denotre ordre, dontlesupérieur rencontra
un
jourlesdeux jeunes gens danslavallée ainsiqu’ilenavait euledésir.Etilécoutaleursdiscours,etlorsqu’il se mità louerlasagesse etlavertu,pratiquées.
*
DigitizedbyGoogle
—
38—
fortifiées etprotégéesdanslacommunauté, Jésus
demanda
quelle étaitlavoie qu’ilfallait prendre pourentrerdanscet ordre.Comme
il s’enflamma d’un saintenthou- siasme,Jeanimitason exemple.Le supérieurfituneprièrequitransporta Jésusdansl’adorationde Dieu.
Etainsiquel’ordonnaientlesrèglesdela communauté,lesupérieurleur dit:
«Vous deviendrez
mes
frères.Lorsqu’à la nouvellelune prochainevousreverrez briller lesfeuxdelamontagne du
temple, revenez en cet endroit.Celuiqui s’estconsacré ànotre règle,consacreaussisa vieauservicedeses semblables.Disà tonpère Josephqueletemps estvenu d’accomplirce qu’il a autrefoispromis au pied dumont
Casius.»Etlesupérieurs’enalla.
Josephsesouvintdesaparole etdesesde- voirsenvers nosfrères.IlavouaàJésus qu’il n’était pointsonpère.
DigitizedbyGoogle
—
3»—
Maisl'entréedel’enfantdansla
communauté
futtenuespcrète,decraintedes Gaulanites.Etlorsquelesoirde l’époque prévue,les signaux nocturnes parurent surlamontagne, Jésus etJean s’empressèrent de gagnerlelieu indiquédu rendez-vous.
A
l’endroitconvenu, ilsétaientattendus parun
émissairedel’ordre, vêtuenblanc.Et Jésusfutreçuselonlesrègles.
Lesdeux jeunes gensavaient subilesépreu- vespendantlechemin quilesconduisaitdans leseindel’assemblée,oùlesfrèresétaient assis dans
un
demi-cercleetséparésselon lesquatre degrésde lasagesse. Ainsienprésence des sagesassis tousensemble dansleurs robes blanches,lamaindroiteappuyée surlapoi- trineetlagauche pendantelelongducorps, lesdeux
jeunesfrèresprononcèrentlesvœux.Car
un cœur
pur peutseul arriver àlacon- templationdelasainteté.Etilspromirent de renoncer
aux
trésorster-DigitizedbyGoogle
—
*0—
restres,àlagloire d’ici-bas
comme
àlapuis- sance danscemonde.Ilspromirent obéissanceetdiscrétionparle baiser fraternel.
Selonlateneur denos
vœux
etainsique noussommes
tous obligésdelefaire, ilsfurent conduitsdansune cavernesolitaire,oùilsres- tèrent trois jours et trois nuits, afinde procé- derencoreunefois àleurexamen
de con- science.Letroisième soironlesreconduisitausein del’assembléedesfrères,pourêtreinterrogés etpourprier ensuite.
Et lorsqu’ilseurent reçulebaiser fraternel, onlesvêtitde robesblanches,symbole dela plus sainte pureté.
On
leurfittenirune bûche,emblème du
travaildenotre ordre. Lorsqu’ils eurententonnélechant deslouangesetprisen particulieretnon encommun,
ainsique lecommandent
lesrèglesdel’ordre,lerepasd’a-mour
etdecharité,onlescongédiaafin qu’ilsDigitizedbyGoogle
— —
restassentsolitairesetséquestrés du
monde
pendantdouzelunes,souslasurveillancedu
supérieur denotrecommunauté,etcelapour se rendre dignes des grades supérieursde notre sagesse.Etilsgrandirenttousdeux danslapuissance deleur destinée céleste.
Jésusmontrait
un
caractèrejoyeux,tandis que Jeancherchaitlasolitude etvoilaitsonâme
d’une sombregravité.Lorsquel’année fut écoulée,ilsfurent ini- tiésparl’ordreune secondefois,etcelaencore pendantune nouvelle lune:ilsfurent initiés à lascienced’undegré supérieuretreçusenfin
comme
véritablesmembres
de lacommu-
nauté.—
*Fouillez etcherchez dansl’Ecriture,»—
leurdit-on, lorsqu’ilseurenteux-mêmes
un bon témoignage de leurconduite,lors- qu’ilseurentprié,chanté,prislerepasde charité.DigitizedbyGoogle
—
45—
Etalors aussionlesconduisitchacun dans sacellule solitaire,oùilsdevaient exercerla piété.
Ilsavaientaccomplitouteslesprescriptions.
DigitizedbyGoogle
V
11estpermisàtout frèrereçu,
comme
vous savez,deresterauseindelacommunauté
ou d’entrerdanslemonde
pour exercerl’artde guérirou pourenseigner.Jeanse livradoncàlamédecineetJésus à l’enseignementdes
hommes.
Carilse sentaitpoussé parl’espritde Dieu etildésirait,deplus,parsa vie et sesparo- les,glorifierparmilepeuplelasagesse essé- nienne.
DigitizedbyGoogle
—
41—
C’est ainsique Jean retournaàJutha,dans lasolitude, et JésusàNazareth.
Le
vœu
sacré qu'il avaitfaità l’ordre devait subirl’épreuve, etillegarda admirablement.Carilaimait Marie,laplusjeune
sœur
de son hôteetde sonami Lazare;etelleaussiaimait Jésus.Mais,
comme
voussavez, l’Essénienpromet derestercélibataire: il faitvœu
dene pas suivre ses désirsetsespenchants,pourquele saint travail n’en souffre pas.Le génie del’ordre etlebesoindelapratique desonenseignementfurentplus puissantsque sa leDdressepourune femme. Tousdeuxpleu- rèrent
amèrement
lorsqu’ils seséparèrent.Telle est l’histoire
du
frèredontjedoisvous raconter,meschers frères, lamort douloureuse, etdontjedoisvous expliquer encorelesmi- raclesquelarenommée
afaitparvenir jusqu’à vous.Cequeje viensdevousrapporter, estpour
DigitizedbyGoogle
—
45—
vous convaincrequeleCrucifiéfui
un
frère réeldenoire règle, carnous avons eusoinde conserverlesouvenirdece qu’ilafaitetdece quilui estarrivé.Vouscesserezdonc de douter puisque vous avezapprisqueJésus fut
un
Essénien quialla courageusement au devant delamort.Carlaplusbellerécompense de notreordre, c’estdemourirpourlavertu.
Maisles Juifset les
hommes
qui ontété ses disciples,ontfaitbeaucoup derécitssurlui.Ilsrapportentqu’ilsepassadeschosesextraor- dinairespendantetaprèssamort;ilspréten- dentqu’ilsl’ont
vu
aprèssontrépassurles routes etsurlesmontagnes,etcelaquandils lecroyaient mort depuis longtemps.C’estpourcelaqu’ayant appriscesbruits, vous
me demandez
des éclaircissements.Car nous possédons unescience etunesa- gessesuruneinfinitédechoses,qu’unvoile sacrécache aux
yeux du
peuple.DlgilizedbyGoogle
—
4 #-
Maisau
moment
oùje dois retracermes
sou- venirs,mes yeuxseremplissentde larmes;car ilsaperçoivent de nouveaul’imagedu
frèreaumoment
desestourmentsmortels, etlaplaie demon âme
redevientsaignante.Carlesdouleursque m’arrachalesaintcou- rage denotreamiserenouvellenten moi.11 étaitenvoyé par Dieu, élu
du
Tout-Puissant, pour que durantsa vieilenseignâtleroyaume
desdeux
etglorifiâtlavertu.C’estpourcetteraison qu’il futlefrèrechéri denotrecommunauté,cariln’étaitpas seule- ment pieuxetsage,maisilavaitencore acquis lesconnaissancesque possèdenotreordresur lessecretsdelanature,surlesvertus et les influencesdes plantes,dessels etdesminéraux surlecorpshumain.
C’estpourcela qu’il fut
un
maîtreinspiréet expertdansl’artdeguérir,comme
lesont aussi nossupérieurs.-Btgttizodby finogle
I
VI
Entendezdonccequis’estpasséilya sept pâques, écoutezcequi aeulieu àJérusalem.
J’aitoutsuivide
mes
propresyeux,etceque j’aiobservé,j’aidû
legardercomme un
secret pourlemonde.Etvous,
mes
chersfrères,vous ne dégrade- rezpoint votre science, etcomme
tousnosau- tresfrèresvouslouerezDieuquelesévéne-' mentsquejevaisvous rappeleraienteulieu telsqu’ilssesont passés.DigitizedbyGoogle
Carlesjuifs etlespaïensnecroientque
quand
ilspalpentleschosesdivinesavecles mains, ou quelorsqu’ilsne peuventlesexpli- quer parlavoix delasagesse.C’estpourcetteraisonque nous avons caché au peupleceque nous avonsfait,afinde ne pasaffaiblir lapuissance miraculeuserelative
aux
conséquences heureuses desfaits.Car ceux quiécrivirentetpropagèrentla viedeJésus, étaientdes
hommes
pieuxetdis- tingués.Maisce qu'ils ont écrit,ilsnel’ontpastou- jours
vu
deleurspropres yeux,et ilsont puisé danslepuitsimpurdesondit etdes bruitsqui circulent,danslessources douteuses delasu- perstitionetdel’exagération.Or,cequel’onapprend surlecompte d’un maîtrechéri, est toujourscru par exagération etparpiété.
C’est cequiarrivaprécisément aveccesélus
du
peuple quisenomment
disciplesdeJésus.DiqitizedbvCoogl
—
49—
Carplusieursd’entreeuxn’ontapprisetécrit quecequelatradition,quipassedebouche en bouche,leurrapportaitsurlesderniersmira- clesdelaviedenotre frère bien-aimé.Ily en a d’autres,témoinsdeschosesquisepassèrent, mais quin’ont rien
pu
rapporter relativement auxmiracles.Je vaisvousconfierensecret cequis’est passé à
mes yeux
ouàceux demes
frèresdelacommunauté
de Jérusalem.Carnotrecommu-
nautéétaitparfaitementinstruite, etun
Essé- nienneditjamaisquelapurevérité.Carlaparoledetout
homme
doitglorifier Dieuettémoigner delui, puisquec’estDieu quiluiadonnélaparole.Nous aurionspeut-être
pu
sauvernotre frère bien-aimé delavengeance desesennemis,si lesévénements nes’étaientaccélérés etsinos statutsnenous défendaient de nous mêler des chosespubliques.Maisnousl’avonssauvéensilence et secrèle-
DigitizedbyGoogle
—
50—
ment
lorsqu'ileutaccompli l’œuvredesamis- siondivineen faveur decemonde.Carce n’estpasen mourant réellement pour lafoiquelesœuvres del’hommesont glori- fiées.Cequi glorifie,c’estqu’onaillepourl’a-
mour
delafoiau devantdesdouleurs avec courageetconfiance.Et cette volonté,quandelleestfermeet iné- branlable,complèteetachève l’œuvre pource monde.
Ecoutezetapprenez donccequejevous écris, afinque vouspuissiezjugerdes bruits qui voussontparvenusd’icipar Rome....
(Usetrouveeucetendroitune grandela- cunefaiteparletemps dansl’original, et qu’il a étéimpossible dedéchiffrerd’après les ca- ractèresquisubsistent)....
DigitizedbyGoogle
Lecortège sortaitdelaportedelavalléequi conduitdeJérusalemàGolgotha, cortègedans lequel étaientlescondamnés,c’est-à-direJésus et les
deux
criminels.On
lesmenait àlaplace d’exécution, etlesfemmes
quilesaccompa- gnaientsedésolaienthautement lorsqu’elles virent Jésus,dontlesplaies faitesparlaflagel- lation saignaientabondamment,
s’affaisser presque souslepoidsdelacroixqu’onlui fai- sait porter.—
52—
Et lorsqu’ils furent arrivéssurlacollineGi- hon quiest stérile et situéeau nord, làoùle
champ
des morts conduità traverslesommet
desmontagnes,ilsfirenthalteetJésustomba à terre,parce queles forcesde son corps marty- risél’abandonnèrent.Etence
moment
lessoldatsromainsetles satellitesdu
Sanhédrinchoisirentlelieuoù de- vaient être dressées les croix.Etlorsquece futfait,ilsapprêtèrentaussi laboissonqu’ondonne aux condamnés avant delescrucifier,pourlesengourdiretpour diminuerleurs souffrances. Cette boisson,pré- parée avec
du
vin aigrecldel’absinthe, est appeléeposka.Mais Jésus ne voulut pas mourir pourla foi etlavérité dansl’étatd’un
homme
enivré.Ayant appris dansnotreordrequelles étaient lespropriétés desvégétaux,ilrefusalaboisson lorsqu’ilconnutsacomposition.
Quand
lescroix furentdresséesenterre, leDigitizedbyGoogle
—
53—
jugement encouru parJésus devait êtreexécuté sursapersonne. Le dépouillementdes vête- ments en faisaitpartie. Mais
comme
il n’en portailplusdepuislaflagellation,etcomme
il n’étaitvêtuque d’unmanteau desoldat,onlui fit reprendre d’abordscspropres vêlements pourensuitel’endépouiller,ainsiquela loi l’ordonneetquel’usageleconsacre.Selonledésirdes satellitesdu Sanhédrin,la croixdeJésusétait dresséeentre cellesdes deuxcriminels,parcequ’on témoignaitainsi que son crimeétaitleplusgrand.
Lesbourreauxavaientfaitaussiunedistinc- tiondanssacroix.Card’habitude lescroix étaient construitesdetellefaçon,quele
mon-
tant verticalnedépassaitpaslapièce transver- sale.LacroixdeJésus,aucontraire,laissaitcon- sidérablement dépasser lemontant perpendi- culaireau-delàdelapièce horizontale,aucen- tredelaquelleilétaitassemblé.
DigitizedbyGoogle
—
S4—
LesexécuteurssaisirentJésusetleposèrent surl’instrumentdesupplice.
Ils leplacèrentsurlepetitpieu quiaccom- pagne chaquecroix,pour que son corps yre- posâtpendant qu’onle liait.
Etilslui lièrentlesbrassurlapièce trans- versale,
comme
d’habitude,avec de fortes cordes, etd’une manièretellement solideque toutlesangrefluaversletronc;etilneres- piraqu’avecpeine.Ilslièrentde
même
lespiedsjusqu’àlamoi- tiéde lahauteurdesjambes,et celaavec de fortes cordes;et lavierefluanécessairement verslecorps.Quand
cetteopérationfutterminée,ilsfixè- rentde grosclousenferà traverslesmains.Maisilsneluien mirentpointauxpieds,parce quece n’étaitpasl’usage.
Jevousdonneces détails,
mes
chersfrères, parce que vous m’avezdemandé
cequesigni- fiait lebruitquirapportaitqu’onluiavait éga-DigitizedbyGoogle
—
55—
lementpassé desclousà travers lespieds.
LorsqueleJuste futexposé surlacroix,en proie à d’atroces douleurs,ausoleilbrûlantde midi, qui, cejour-là,était surtoutardentet propreàénerverl’hommeleplusrobuste,les soldatsromainssesaisirentdesesvêtements
comme
butin, ainsique l’ordonnaitlaloi.Ils coupèrentlarobedu
dessusen quatreparties;maislarobededessous*,quin’étaitpoint for-
mée
deplusieurs pièces,ne putêtredivisée par eux. Etilslatirèrentausort.Lorsque, parlarévolution
du
soleil,lajour- nées’avançait etque midifutpassé,lescurieux sortirentdelaville etlesprêtresvinrentaussi repaître leursregardsauspectacledu
sacrifice accompli parleurvengeancecriminelle.Ilsse moquèrent de l’hommeaccabléde douleurset depeines,etencouragèrentlebaspeupleà l’injurier.Mais Jésussoupiraitensecret:ilélevaitses regardsfatiguésauciel.IIn’entendaitpasqu’au
/
DigitizedbyGoogle
—
:;c—
loin les
femmes
galiléennesdesa tribu pleu- raientamèrementetsetordaientviolemment lesmains.Maiscessoupirsetcesangoisses furent cou- vertsparlebruitd’un
nombre
considérablede chevaux.Car,accompagné d’un longcortège desessatellites, legrand-prêtreCaïphevenait pourinsulterleFilsde Dieucrucilié.Etsesin- jures étaientsi distinctes,quel’undesdeux criminelsimitasonexemple. Carcedernier avaitespérésecrètementun
miracle parlequel Jésus devaitledélivrer.Mais,pourse
moquer
des Juifs,lesRomains avaientattachéau-dessusdelacroixduJuste uneinscription en quatrelangues,dansla- quelleJésusétaitappeléleroidesJuifs.Les prêtresenressentirentdelacolère;mais,
comme
ilscraignaient Pilate,ilssevengèrent surleJuste crucifiéenluiadressantdenou- velles injures.DigitizedbyGoogle
VIII
El, lorsqu'ilcommençaità faire nuit,lepeu- ple se dispersaets'enretournaàla ville.
Maislesamis deJésus, ses disciples etles supérieursdenotre sainte
communauté,
étaient restéssurlemont
Golgotha.Carnotre ordre avaitune coloniedansle voisinage,oùilyavaitunlieude réuniondes- tinéàlapratiquedela piété etdela
commu-
nion d’amour.AlorsJésusreconnut,parmiles
femmes
deDigitizedbyGoogle
—
SR—
Galiléequipleuraient,samère,etJeanqui restaitmuet.
EtJésusprononça encriant etdanslesplus cuisantesdouleurslesparolesdu xxn' psaume.
11semblaitprierDieu deledélivrer bientôtde ses angoisses.
Non
loinde luirestaientencorequelques pharisiensquivoulaient l’injurier,parcequ’ils étaienteux-mêmes
encolère qu’ilnes’opérât pasdemiracle.Carilsauraient
vu
avec plus deplaisiret de contentementqueJésus fûtdescendu dela croixcomme
sauveurdu
peuple.Mais lachaleurde l’atmosphère augmentait detellesortequeles
hommes
etlesanimaux
semblaientdéfaillir.Ilsepréparait,dansl’air etsousterre,un
feuquiles purifie naturelle-ment
toujours.Lesfrèresesséniens s’aperçurent,parleur science de la nature, qu’il allaity avoir
un
tremblementdeterre,comme
il y enDigitizedbyGoogle
-
59—
avait déjàeu auparavantdu temps de nos pères.
Etverslesoirlaterre trembla avecvio- lence.
Le centurion romainfuteffrayé etadressa des prières aux dieuxqu’ilvénérait,parce qu’il croyaitque Jésus étaitun deleursfa- voris.
Lorsqueletremblement deterreeutdéblayé lelieu
du
supplicedu
peupleeffrayéquifuyait versla ville,lecenturion,homme
généreuxet%
compatissant,permitque Jeanportâtlamère de Jésusau pied delacroix.
C’étaitau
moment
oùJésus eutsoif.Carles douleursluidonnèrentune grandechaleur, et ses lèvresdevinrentbrûlantes.Elà cet instant
un
soldattrempaune éponge dansdu
vinaigre, lamitau bout d’unetige d’hysopeetl’approcha deslèvresdeJésus,qui s’y désaltéra.Et lorsqu’ileut
recommandé
samèreà Jean,DigitizedbyGoogle
— Ko-
lanuitaugmenta,quoiqu’il yeûtpleinelune etqu’elledûtéclairer la terre.
Etils’élevadela
mer
Asphaltiteunbrouil- lardrougeet épaisquicouvritlescollines voi- sinesde Jérusalem:danscemoment-làlatête deJésuss’affaissa.Et lorsqu’il s’endormitenprononçantses dernières parolesde douleur,l’airretentitd’un grandbruit.
Ceux
desJuifsquiétaientencore restésauprès deluifurent saisisd’uneterreur profonde;carilscroyaientque lesmauvais géniesqui flottententre leciel et laterre s’approchaient pour punirlepeuple.Maisce n’étaitquelemugissement del’air qui précède toujours les tremblements de terre.
Elau
même
instantlamontagne
trembla,la contréeetlavillefurent ébranlées,lesmurailles épaissesdulieutrès-saintduTemple
furent égalementébranlées, etlegrand rideaufut déchiréparcequ’il étaittendu.DigilizadbyGoogl
—
61Au
dehorsaussilesrochers se fendirent,les tombeauxdes riches etdespuissantsquiétaient taillésdanslerocs’abîmèrent, etaveceuxles restesde plus d’unmortel.LesJuifss’imaginèrentqueces signes étaient surnaturels,etlecenturioncrutà la divinité etàl’innocencedeJésus, dontil consolala mère.
Maislesfrèresesséniens,quiconnaissaient les
phénomènes
delanature,eurentfoienla saintetédeleurfrèresansrienadmettrede surnaturel.Toutefois,ilsn’osèrent éclairerle peuple, parcequecequisepassait étaitun secretqueles initiésseuls connaissaient.DigitizedbyGoogle
DigitizedbyGoogle
II
Vous nous avez reproché,
mes
chers frères, dene pasavoirsauvénotreamidu
suppliceet delacroixpar notre puissancesecrète.Je n’ai besoinque dedire ceci:d’abordnotre loinous défendd’agirpubliquement;ensuite deux de nosfrères,puissants etayantl’expé- riencedelavie,s’employèrent avec ardeuret ensecretauprèsdePilate et
du
conseildes Juifspour prouverl’innocencedeJésus.Mais leursdémarchesrestèrentsansrésultat,parceDigitizedbyGoogle
—
04—
queJésusdemandaitlui-mèmeàmourir
pour
lavertuetpourlavérité, afind’accomplirla loi.
CarlesEsséniensne connaissent pas de plus bellemortquecellesubie pourlavertu.
Etilyavait
un homme
richeetconsidérédu
peuple, quisenommait
Joseph d’Arimatbie, quifaisaitpartiedu
conseil.Ilétait intelligent etsemblaitnese déclarerpubliquement pour aucunparti.Maisilappartenait secrètementà notre sainte règle etilvivaitselonnoslois.Il avaitpourami Nicodème,homme
sageetappar- tenant ànos gradessupérieurs.11connaissait lessecretsdesthérapeutesetvivaitfréquem- ment parminous, carilétaitun
de nosfrères.Quand
letremblement deterreeutchassé de Golgolha bonnombre
de peuple, Josephet iSicodèmearrivèrentaupieddelacroix.Ilsavaient déjà appris,nonloinde Golgolha, oùla
communauté
possèdeunepropriétédes Esséniens, lamortduCrucifié,et,malgré leurDigitizedbyGoogle
—
65—
profonde douleur,ilss’étonnèrentcependant qu’il fûtdéjà mort.Carilyavait àpeinesept heuresqu’ilavait été supplicié.
Ilsne crurent pasà cettemortets’empressè- rentdeserendre surleslieuxdel'exécution.
Là,ilstrouvèrent Jeanseul,carilne voulut pass’enallersansavoirvucequel’on ferait du précieux corps inanimé de son ami. Joseph etNicodème examinèrentJésus, et tout àcoup ledernierdeces
deux hommes
tiraJosephà part etluidit:—
Aussivraiquejesuis initiéàlaconnais- sancedelanatureetdelavraiephysiquedu corpshumain,aussi certain suis-je qu’ily aun moyen
desalut.Et
comme
Joseph nelecomprenaitpas,il luidéfendit,ainsiqu’àmoi,dedireun
seul motà Jean.Carnotre frère devait êtresauvé delacroix au
moyen
d’ungrand mystère, d’unsecret pro- fond.DigitizedbyGoogle
— M —
Nicodèmes’écria:
—
Ilfaulque nous ayonslecadavre ennoire possession,etauplustôt,elavantqu’onne luibrise lesjambes; carilpeut encoreêtre sauvé.Et en s’apercevantdel’ardeurextrêmequ’il avaitmiseà prononcer cesmots, iljetases regards autourdeluietajoutasagement:
—
Sauvé d’une inhumation infamante.IlpersuadaàJosephd’oublier sespréroga- tives et seségardspourlehautconseiletde volerauprès dePilatepour sauver son ami,el pourlui
demander
lapermission defairedes- cendrelecorpsdelacroixencoreavantlanuit, pourledéposerensuitedansunegrottepré- parée par Josephpoursapropresépulture.Et jecomprissesparoles et restaiavec Jean pourfaireleguetauprès delacroix, afind’em- pècher qu’on nebrisât lesjambesà Jésus.
Or,
comme
laloinepermettaitpasqu’uncondamné
restâtlanuitattachésurlacroix,DigitizedbyGoogle
—
«7—
on voulutce jour-là,au
commencement du
sab- bat,enleverlescorps delacroix etlesen- terrer.CarlehautconseildesJuifs avait déjàde-
mandé
à Pilatede chargerlecenturion defaire briser lesjambes parses soldats, afin d’avoir lacertitudedelamort dessuppliciés, pour pouvoirensuitelesenterrer.Au moment
où JosephetNicodème s’empres- saientde remplirchacunlamissionsecrèteque Dieuleur avaitinspirée,arriva déjàaumont
Golgothalemessager quiapportait l’ordreau centuriondefairedescendrelescorpsdela croix.Mon âme
frémitàceltenouvelle;car jesa- vais qu’ilne pouvait plusêtresauvés’ilétait touché avecviolence, etencoremoinssionlui cassaitlesjambes.Et Jeanfuteffrayé,non
du
danger de nos projets qu’il ignorait,maisde lacraintede voirmaltraiterlecorpsinanimé de son ami.DigitizedbyGoogle
—
68—
Car Jeancroyaitque Jésusétait réellement mort.
Et lorsque lemessagerarriva, je
m’em-
pressaiauprès delui,croyant que Josephavait déjàvu
Pilate.C’est cequejecroyaisdansmes
angoisses Maisenréalitécela étaitmaté- riellement impossible.—
Est-ce Pilatequivous envoie?luideman- dai-je.11
me
répondit:—
Jene viens pas desa part,maisenvoyé par legreffier qui,dans depareillescirconstances, faitlesaffairesdu
gouverneur.Alorsaussi lecenturions’aperçut de
mes
inquiétudesetilme
regardafixement.Je luidemandai avec douceurs’iln’avaitpas apprisquecet
homme
crucifién’étaitpointun
personnage vulgaire;qu’ilvoulût bien ne pas ledéfigureretleflétrir,qu’ilyavaitencemoment
unhomme
richedelanationauprès dePilate,pourluioffrirunesomme
d’argentDigitizedbyGoogle
—
fi9—
afinqu’illuilivrâtlecorpspourl’enterrer convenablement.
Sachez,
mes
chersfrères, qu’il étaitd’usage quePilatedonnât souventlecorps descrucifiés pour del’argent, et qu’il permettait à celuiqui l’avaitachetédel’enterrer.11setrouva quelecenturioneutl’âme sen- sibleetcompatissante.Larésignation et l’inno- cenceducrucifiél’avaientrendu bien disposé pourses amis.
Car lorsquelessoldatseurentbriséavec de fortesmassueslesjambes
du
criminelplacé à lagauche deJésus,etqu’ileut aussitôt cessé ses lamentations,lecenturionpassa devantla croixdeJésusaumême
instant et dit:— Ne
frappez pascelui-ci,carilestdéjà mort.Etilssecontentèrentd’acheverlecriminel placé à droite.
DigitizedbyGoogle
X
Etpendant que Jeantremblaitencore qu’on enterrâtsonami avecleslarronssurle
mont
Golgolha, ilvits’avancerrapidementversle Calvaireun homme
qui venaitdelaforteresse d’Antonia.11venaitdelapart
du
gouverneuretappor- taitl’ordreau centurion deserendreauplus viteauprès dePilate.— Que
peut-ilme
vouloir à cetteheure?de-manda
lemilitaire.DigitizedbyGoogle
—
72—
Etlemessager réponditquePilatedésirait savoird’uue manièrepositivesiJésus était déjà mort.
—
Ill’est,ditlecenturion, etc’estpourcela que nous neluiavons pasbrisé les os.EtafindesatisfairePilated'une manière plus certaine,
un
soldat portaun
coup delance danslecorpsdeJésus, etdetellesortequele coup pénétraà la superficiedu
côté,au-dessus delahanche gauche.Le corpsresta immobile, et c’estce qui prouvalamort aucenturion.
Ils’en alla toutdesuitepourfaireson rap- port.
Or,ils’échappa, et celad’unemanièrefort inattendue,del’eaumêlée de sang delaplaie insignifiantequivenait d’êtrefaite.Jeaneu fut étonné.
Quant
àmoi,cettecirconstanceaugmenta mon
espoir.Carj’avaisappris parlacommu-
nication de nos connaissancesscientifiques.DigitizedbyGoogli
—
Tù—
qu’ilaurait
dû
sortirdu
sangcaillédelaplaie,comme
indicede mort.Mais,aucontraire,del’eaumêlée desang continuantà couler, je respirais,mais avecin- quiétude, parce quejem’impatientaisde ne pas voir revenir Ji.seph etISicodème.
Alorss’appiochèrentenfindes
femmes
gali- léennesquirevenaientdeBéthanie,où l’on avaitconduit larie,mère deJésus; elle était en celieuauprès d’amis denotrecommu-
nauté.
Etparmielles,ilyenavaitune
nommée
Marie,fillede Lazare, quiavaitaiméJésus, et elle pleurait à chaudes larmes. Mais avant qu’ellene pûtfairepartdesespeines à Jean, quine détournait plussesyeux
delablessure faiteaucôtédeJésus,JosephetNicodèmes’a- vancèrent avecrapidité;car,parlanoblesse desessentiments,Josephétaitparvenuà atten- drirlecœur
dePilate,?ainsiqueceluidesa femme.C’était àsa*requêtequePilateavaitDigitizedbyGoogle
— Ti-
faitprendredesinformations surlacertitude delamort ducrueiGé.
Ilavaiten outre cédélecorpsàJoseph,à l’hommeriche,sans cependantlui
demander
de rançon.CarPilate estimaitbeaucoup) oseph;ensuite ilsentaitdesecretsremordsd avoir consenti àl’exécution.
Lorsque Nicodèmesemilàex iminerlaplaie etqu’il vit qu'ilensortaitdeseî
ux
rougeâtres, sesyeux
étincelèrentd’un nouvelespoir, ilencouragea ceux quil’entouraient,parcequ’il présumaitcequiavait effectivementeulieu.Il tiraJosephà part, versmoi,maisà distance de Jean;et ilditavecvivacitémaisàvoix basse:
—
Meschersamis,espérezetagissez,car Jésusn’estpas mort;ilneparaîtseulementêtre mort que parce queses forces sesont épuisées.Ettandisque Josephs’étaitrendu auprès de Pilate,moi, de
mon
côté,je m’étaisrendu dansDigitizedbyGoogle
—
75—
notre
communauté
pour y prendrecertains in- grédients, certainesdroguesutilesetemployées danslescasdeblessuresanalogues.—
Maisneditespasà Jean,continua Nico- dème, que nous voulons rappelerJésus àla vie; carilnepourraitpasmaîtriser assezpru-demment
sa joieet ladissimulerdevantlepu- blic.L’indiscrétion seraitdangereusepour nos projets. Caralorsnos ennemis noustueraient infailliblementaveclui.Quand
ileutprononcécesparoles,ilss’em- pressèrentauprès delacroix, et firentimmé-
diatementdélierJésus, ainsiquel’ordonnaient lesenseignements delamédecine.On
luiôta lesclousdes mains,et l’onposadoucementle corpsàterre.Nicodème prépara delongues bandelettesde byssus enduites d’onguentsli- quidesetfortifiantsqu’ilavaitapportésavec lui, etquiétaientaunombre
dessecretsde notre ordre.Ilenentouralecorps deJésus, afind’endé-
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7fi—
tourner,dit-il,lacorruption jusqu’àlafête, pourensuitel’embaumer.
Ces médicamentsliquidesavaient
un
effet fortifiant.Ilsétaientemployés par nosfrères esséniens,quiconnaissaientlamédecine,pour prolongerlavieaux
approchesdu sommeil de lamort.Etlorsque JosephetNicedèmesepenchèrent surlafiguredeJésus,ilsl’inondèrentdeleurs larmesbrûlantes, etluisoufflèrentleurhaleine et réchauffèrentsestempes.
Quoique Josephse fûtabandonné audoute, Nicodèmeleconsolaet lesoutintenpromettant laréussitedesesexpériences,
Nicodèmeenduisitde
baume
lesdeux
plaies desmains. Maisils’opposaàcequ’on fermâtla légèreblessuredes côtes, carilpensaitquela suppurationétait salutaire.—
Elle dégageait,disait-il,leseauxdu
cœur, oùelles s’étaientconcentréespour engourdir lavie.DigitizedbyGoogle
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77-
Mais Jean, danssa tristesse,necroyaitpas au
germe
somnolent delavie,etilpensaitne revoir l’amibien-aiméque dansleSchéol.Le corpsfutdéposédanslagrotte voisine, qui appartenaitàJoseph.
On
y brûla del’aloès etd’autres matières fortiûantes etsurexci- tantes.Quand
lecorpsfutcouché sur delamousse, onfermal’entréeprincipaledelagrotteaumoyen
d’untambour pesant enpierrequel’onnomme
Gotal,afinde conserverlavapeurdes fumigationsdansl’intérieurdelagrotte.Jeans’en allaaveclesautres àBéthanie pour consolerla
mère
désespérée deJésus.DigitizedbyGoogle
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XI
Quoiquelesabbat fût
commencé,
Caïphe avaitenvoyé des espions,parcequ’illui
sem-
blaitimportantde connaîtrelesamissecretsde Jésus.Carilse défiaitdePilate
,parcequ’ilavait livrélecorps sansrançon;ilseméfiait égale- ment de Joseph d’Arimathie,carilétaitriche, rabbin, et
membre du
hautconseil.Josephnes’étaitjamaisauparavantdéclaré publiquement pourlacause deJésus, etau-
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—
80-jourd’hui ce
même homme
luidonnaitsa pro- presépulture. Caïphe soupçonnait Joseph,
l'hommeriche
, deprojets secretscombinés aveclesGaliléens;et
comme
ilsavaitqu’on embaumeraitlecorpsaussitôtlafêtedusabbat passée,ilespéraitprendrelesamisdu
Galilécn surle fait.Carils’imaginaitque JosephetPilate tra- maientquelque complotcontre lesJuifs.Ces penséesl’inquiétèrent;ildésirait saisirlesélé- ments d’uneaccusationsecrète contreJoseph pourlefairearrêter.
Ildévoilalui-mêmesespensées.Carilen- voyabien avant danslasoiréeunefoulede satellites et
d’hommes
àlasolde des prêtreset du hautconseil,dansunlieusecret,nonloin delagrottedesépultureoùJésus était déposé, et,un
peu plusloin,secampa
secrètementun détachement delagardedu Temple, pourprê- termain-forte, aubesoin,auxserviteursdu grand-prêtre.Maisvous avezété induitsener-DigitizedbyGoogle
—
8)reur lorsqu’onvousarapportéquec’étaientdes soldatsromains;carlegrand-prêtrene voulut pass’en servir, puisqu’ilse méfiaitdePilate.
Surces entrefaites, Nicodèmeetmoi nous nousétionsempressésdenous rendre ausein del’assemblée sacréedesEsséniens.
Ilfuttenu
un
conseildes plusancienset-des plus sages, afin d’aviserausecours, et particu- lièrementpourinterrogerlesplus éruditsdans l’artdeguérir,surlamanière dontondevait traiterlecorpsdeJésus.La réuniondécidad’abordqu’ondevaitim- médiatementplacerune garde auprès du tom- beau.Car JosephetNicodème voulaientretour- nertoutdesuite àlavillepour prendreles mesuresultérieures.
Mais après minuit,etlorsquelematin appro- chaitdéjà, laterretrembla de nouveau. Car l’atmosphèreavaitétéchaudeetlourde pen- danttoutelanuit.
Verslemalin,
quand
laterre futdenouveauDigitizedbyGoogle