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Thesis

Reference

La mémoire : étude critique

DARDEL, Maurice

DARDEL, Maurice. La mémoire : étude critique . Thèse de doctorat : Univ. Genève, 1898

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:27277

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:27277

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:ITHIOW:f,IW V1

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La Faculté de Médecine autm·i.~e l'imp1·es.sion de la Jn·é.c;enfp, thèRe, san.s pa1· là émett1·e d'opinion

S'lW le~; p1·opositions qui y sont énoncée.~.

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LA MÉMOIRE

ÉTUDE CRITIQUE'

PAR

MAURICE

DARDEL

MÉDECIN-ASSISTANT A PRÉFARGIER

Mai 1898

~~A~~

~~-

NEUCHATEL

IMPRIMERIE DELAOHAUX & NIESTLÉ 1898

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INTRODUCTION

Tout individu vivant est doué d'une certaine dose de mémoire.

L'universalité dè cette fonction la rend des plus intéressantes et nous engage à }'_étudier sous ses différents aspects, en l'analy- sant. Il suffira d'indiquer en passant le rôle qu'elle joue dans la vie et les services qu'elle rend aux individus pour faire ressortir son immense importance.

La mémoire est intimement liée au système nerveux dont elle est une des fonctions fondamentales, une des forc~s grâce aux- quelles il peut entrer en activité.

Chaque cellule nerveuse est douée de sa mémoire propre qui la dirige, lui indique la marche à suivre, et la met, au moyen des fibres, en communication avec le système nerveux dans son entier, de façon à former un tout discipliné, cohérent, contribuant au développement de l'organisme. Cette mémoire est un héritage qui se transmet de père en fils, à travers les âges, travaillant au maintien de l'espèce, à la vie des individus.

A côté de ses fonctions biologiques répandues uniformément dans toute la série animale, la mémoire se développe en même temps que les centres psychiques avec lesquels elle contribue à élever le niveau des individus. C'est l'homme qui est le plus favorisé à cet égard; étant doué de facultés intellectuelles supé- rieures, il doit posséder une bonne mémoire sans laquelle ces facultés seraient dans l'impossibilité de se développer.

Le souvenir des choses antérieurement apprises est nécessaire à l'acquisition de nouvelles connaissances; sans la mémoire toute opération intellectuelle est impossible ou du moins inutile,

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car c'est sur une base de matériaux emmagasinés que s'édifîe le développement psychique de l'individu. La mémoire contribue à étendre cette base en y accumulant toutes les connaissances acquises, en les classant, de façon à ce qu'elles puissent sans difficulté se présenter au souvenir au moment favorable.

Toutes les impressions que nous recevons du monde extérieur contribuent à élargir notre horizon intellectuel et à développer

nos facultés; elles nous intéressent, de sorte que nous pouvons dire que lorsque nous avons un souvenir quelconque, nous pensons à nous-mêmes; en effet, chaque fois qu'une circonstance extérieure nous frappe, nos sentiments intimes la jugent par rapport à notre personnalité; les souvenirs et les impressions qu'elle laisse sont différents suivant les individus, chacun la rap- portant à soi-même.

Tous les faits de mémoire appartiennent au passé, c'est ce qui les distingue des faits d'imagination qui évoluent aussi bien dans l'avenir que dans le passé. ·

Dans le souvenir des perceptions antérieures, il est souvent fort difficile de différencier celles qui sont des faits de mémoire de celles qui rentrent dans le domaine de l'imagination. C'est par la conscience que nous arrivons à ce résultat.

La conscience psychologique n'est autre que le sentiment que nous avons de notre personnalité; elle nous sert à distinguer ce qui est << nous )) de ce qui n'est pas « nous, » notre cc moi )) du

<<non-moi. )) Elle est constituée à un moment donné par toutes les impressions présentes à l'esprit en ce moment-là.

Toutes les autres impressions, c'est-à-dire celles qui sont fixées et conservées à l'état latent dans les centres nerveux, en tant que leurs images ne sont pas présentes au souvenir, forment ce qu'on appelle la subconscience. C'est la réserve des maté- riaux emmagasinés antérieurement dans laquelle nous pouvons puiser les impressions pour les faire entrer dans la conscience lorsque nous jugeons qu'elles peuvent nous être utiles. Lorsque nous n'en avons plus besoin, notre esprit cesse de s'en occuper,

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nous en perdons momentanément le souvenir, elles rentrent dans la suhconscience.

Toute idée qui s'éveille en nous ne conserve sa netteté que pendant un espace de temps très court. Elle est bien vite sup- plantée par d'autres idées qui la surpassent en intensité et qui éprouvent bientôt le même sort. Jamais il ne peut y avoir plus d'une idée présente à la conscience, ou s'il y en a plusieurs, c'est à la condition d'être combinées de façon à n'en présenter qu'une seule.

La conscience qui est l'élément actif est donc extrêmement restreinte, aux dépens de l'élément passif, la subconscience.

Les images se présentent en nombre considérable aux sens ou à l'imagination, et toutes elles font une impression plus ou moins profonde sur les cellules cérébrales; cependant il n'y en a qu'un nombre relativement petit qui restent à l'état de souvenirs bien déterminés, capables d'être rappelés comme tels à la cons- cience.

Les autres, beaucoup plus nombreuses, peuvent passer tout à fait inaperçues, mais elles ne sont pas perdues pour cela; elles laissent toutes quelque chose, une partie au moins d'elles-mêmes dans les centres nerveux; elles sont combinées les unes avec les autres, triées, enregistrées, de façon à former un tout en dehors de la conscience, une réserve de matériaux inconnue à l'individu et dans laquelle il puise sans s'en douter une foule de petits faits appelés à constituer son expérience passive.

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Etymologie.

Nou~ trouvons dans !"Encyclopédie de Diderot et d' Alem- bert un article intéressant au point de vue de l'origine éty- mologique du mot mémoire et de ses synonymes.

Diderot met sur le même pied les quatre mots: mémoire, souvenir, ressouvenir et réminiscence, tout en attachant à chacun d'eux un sens spécial qui sert à les différencier les uns des autres : « Ces quatre mots expriment également l'attention renouvelée de l'esprit à des idées qu'il a déjà aperçues. >) Puis plus loin : « La mémoire et le souvenir expriment 'une attention libre de l'esprit à dos idées qu'il n'a point oubliées quoiqu'il ait discontinué de s'en occuper; les idées avaient fait des impressions durables, on y jette un coup d'œil nouveau par choix, c'est une action de l'âme.

On so rappelle donc la mémoire ou le souvenir des choses quand on veut, cela dépend uniquement de la liberté de l'âme, mais la mémoire no concerne que les idées de l'esprit, c'est l'acte d'une faculté subordonnée à l'intelligence, olle sert à l'éclairer; au lieu que le souvenir regarde les idées qui intéressent le cœur, c'est l'acte œune faculté nécessaire à la sensibilité de l'âme, elle sert à l'échauffer.

Le res sou venir et la réminiscence exprirnont une atten- tion fortuite à des idées que l'esprit avait complètement oubliées et perdues de vue; ces idées n'avaient fait qu'une impression légère qui avait été étouffée ou totalement effa- cée par de plus fortes ou de plus récentes; elles so représen-

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tent d'elles-mêmes, ou du moins sans aueun eoneours de notre part; c'est un événement où l'âme est purement passive.

On a le resP.ou venir ou la réminiscence des choses qua nd on peut, eela tient à des causes indépendantes de notre liberté. Mais le ross ou venir ramène tout à la fois les idées effacées et la eon viction de leur préexistence, l'esprit les reconnaît; au lieu que la réminiscence ne réveille que les idées anciennes sans aucune réflexion sur cette préexis- tence, l'esprit croit les connaître' pour la première fois. »

L'auteur fait dériver ces expressions des quatre verbe~

latins suivants; meminisse qui a le sens aetif et qu'il rattache à la mémoire, comme action de l'esprit; recordœri (sou venir), avec un sens passif, signifie recevoir au eœur une impres- sion qu'il a déjà reçue anciennement} mais la recevoir par le souvenir d'une idée touehante; memorari signifie être averti par une mémoire accidentelle et non spontanée. avoir le ressouvenir, et tt•eminisci, être rappelé aux aneiennes no- tions de l'esprit, en a voir la réminiscence.

Actuellement le sens de ces mots est un peu altéré, on tend à identifier ressouvenir et réminiscence pour désigner quelque chose d'éloigné qui a été oublié depuis longtemps et qui revient à un moment donné, un souvenir dont il ne reste plus que de légères traces dans l'esprit.

Nous croyons utile de conserver à ces mots leur sens ancien en attribuant au ressouvenir les impressions éloi-

gnée~ dont il ne reste qu'un souvenir vague dans l'esprit qui les reconnaît cependant pour les avoir déjà perçues, et en appelant réminiscences les impressions anciennes qui ont été si bien effacées du souvenir que, lorsqu'elles se présen- tent à nouveau, on croit les percevoir pour la première fois.

Les réminiscences jouent un rôle important chez les auteurs en général (écrivains, poètes, compositeurs de

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musique, etc.), qui, àvec une entière bonne foi, émaillent leurs œuvres de passages qu'ils croient originaux alors qu'ils sont le fait d'autres auteurs.

Certaines impressions perçues antérieurement ne sc pré- sentent pas à la conscience pendant un temps plus on moins long, on oublie complètement leur existence, et lorsqu'à un moment donné elles se présentent à l'esprit, au lieu de se los représenter comme des sou venin;, on les range dans lo domaine de l'imagination. On croit a voir affaire à une créa- tion alors qu'il ne s'agit que d'une réminiscence.

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Dans les cas de « déjà-vu » cités par les différents au- teurs, on ost en préHence de réminiscenees si le « déjà- vu » est provoqué par un objet qui a réellement fait une impression antérieurement sur les centres nerveux. On l'a complètement oublié, mais il suffit qu'il se présente do nou- veau pour qu'aussitôt l'impression qu'il avait proYoquée sur- gisse au souvenir. C'est le cas le plus ordinaire.

lVIais l'impression de « déjà-vu » peut encore être provo- quée par une image qu'on perçoit pour la première fois mais qui réveille en nous le souvenir d'une autre image qui a beaucoup de ressemblance avec elle, à tel point qu'on croit avoir affaire au même objet. De là cette fausse impression de «déjà-vu» qui nous met en présence ·d'une illusion de la mémoire.

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Mémoire organique.

Dans son livre sur les maladies de la Mémoire, M. Ribot distingue deux espèces de mémoires: La mémoire organique qu'on peut aussi. appeler mémoire de l'espèce ou biologique, et la mémoire psychologique qui est associée aux opérations de l'esprit et qui est en rapport intime avec l'intelligence.

C'e~t par la mémoire organique que nous accomplissons, d'une façon consciente ou non: les actes les plus élémen- taires de notre vie, ceux qui sont nécessaires à l'existenee.

C'est ainsi que nous savons manger, boire, marcher, toutes choses qui par~issent extrêmement simples et que même un individu d'intelligence tout

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fait bornée exécute sans peine d'uno façon suffisante. Cependant tous ces actes élémen- taires qui paraissent si simples parce qu'ils ne nécessitent pour leur acquisition que peu ou point de travail, sont en réalité beaucoup plus compliqués que cela.

Prenons simplement comme exemple l'action de crier, et pensons à tous les éléments nerveux, musculaires, articu- laires, etc., qu'exige son exécution, et nous nous rendrons compte sans trop de peine de la complexité du mécanisme d'un simple cri. L'enfant crie en venant au monde; il ne l'a certainement pas appris, et s'il peut le faire, c'est grâce à la mémoire organique qu'il hérite de ses parentR et qui est inhérente à toute l'espèce (mémoire de l'espèce).

NouR croyons donc que la mémoire organique ne com- mande pas seuleq1ent aux mouvements appris, tels que la marche, la préhension, mais encore à tous les actes réflexes,

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au fonctionnement de tous les organes qui ne sont pas sou- m.is à la. volonté.

Nous n'en dirons pas plus de la mémoire organique; ces quelques mots suffiront h la différencier de la mémoire psy- chologique qui fera le sujet do cotte étude et quo nous appellerons simplement ln mémoire.

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Mémoire psychologique.

DÉFINITiONS.

On trouve dans la littérature différentes définitions de la mémoil'e; elles sont toutes à peu de choses près, les mêmes, et peuvent être ramenées sans inconvénient aux types que nous allons passer en revue.

lVI. Murisier en cite une des plus courantes (Bibliothèque univer.c.;elle 1896. Education de la mémoire): «La mémoire, dit-il, ost la faculté intellectuelle par laquelle l'esprit pense de nouveau ce qu'il a pensé déjà, en le rapportant au passé, c'est-à-dire en reconnaissant qu'ill' a pensé auparavant.»

Littré dit : «La mémoire est la faculté de rappeler los idées et les notions des objets qui ont produit des sensa- tions.»

La meilleure définition est celle que donne le professeur Pitres de Bordeaux: «La mémoire c'est la fonction psychi- que par laquelle les images des sensations antérieurement perçues sont rappelées à la conscience.»

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Ces définitions indiquent clairement que la mémoire n'est pas une fonction simple, mais qu'elle ost composée de plu- sieurs facteurs qui, par leur réunion, concourent c\ sa for- mation.

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Quels sont les éléments fondamentaux de la mémoire?

Nous voyons qu'h ce sujet les différents auteurs sont à peu près d'a.c<.!ord: «Dans l'acecption courante du mot, lamé- moire, de l'avis de tout le monde, comprend trois ehoses: la conservation de certains états, leur reproduetion, leur loca- lisation dans le passé.)) (Ribot. Maladies de la mémoire.)

Cette définition est juste mais n'est pas complète; ·M. Guil- lon y ajoute la fixation et nous donnerons eomme énuméra- tion de ces éléments: La réception des impressions, leur fixation, leur eonservation, leur reproduction et leur loeali- sation dans le passé.

Kussmaul dit: « Ce que nous nommons mémoire comporte deux opérations:

1 o La fixation des impressions passées sous forme de traces, de résidus d'excitations qui persistent à l'état de pereeptions; images, idées et actes de mouvement (mots, empreintes, etc.), mémoire dans le sens le plus étroit.

2o Le rappel de ces divers résidus conservés d'anciennes impressions (souvenir).»

*

L'idée de mémoire implique nécessairement l'idée d'une r8serve de connaissances amassées antérieurement. Ces connaissances conservées à l'état latent forment, comme nous l'avons vu plus haut, la subconscience. Elles provien- nent, soit du dehors par l'intermédiaire des organes des sens, soit de l'intérieur par l'imagination; mais quelle que soit leur provenance, il faut qu'elles produisent des impres- sions qui soient reçues et fixées par les centres nerveux.

C'est ainsi que nous arrivons à l'idée première de la Iné- moire.

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Mais ce n'est pas tout : Pour être vraiment utiles, ces impressions doivent se conserver intactes aussi longtemps qu'on peut en avoir besoin. A un moment donné, sous l'in- fluence de certains agents, elles entreront dans la conseience en formant des faits de mémoire. C'est ee qu'on appelle la reproduetion des impressions.

L'idée de mémoire sera complète si nous ajoutons encore la localisation dans le- passé.

Les quatre premiers éléments sont indispensables

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la mémoire; si un seul d'entre eux vient à manquer, elle n'existe plus. Quant au cinquième, la localisation dans le passé, sa présence est moins importante; il ne contribue pas précisément à la formation de la mémoire, mais plutôt

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son perfectionnement. On le rencontre à des degrés très varia- bles, il peut être faible ou développé d'une façon remar- quable.

C'-est par les points de repère qu'on arrive à localiser les impressions dans le passé; en rapprochant un souvenir que l'on veut localiser d'un autre fait passé, mieux connu et bien localisé (point de repère), on retrouvera d'une façon plus ou moins précise l'époque à laquelle il s'est passé (localisation dans le temps) et les circonstances suivant lesquelles il s'est produit (localisation dans l'espace).

C'est à la localisation des souvenirs que correspondent dans la pathologie les illusions de la mémoire appelées aussi paramnésies. On les constate très souvent dans les maladies mentales, chez les sujets dont l'intelligence est déjà affaiblie par le processus pathologique. La mémoire existe encore comme telle, les impressions sont suffisam- ment conservées pour que. l'individu se rènde bien compte de ce qui lui est arrivé, mais il lui est tout à fait impossible de localiser ses souvenirs. Dans ce cas, nous sommes en

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présence d'un manque de raisonnement plutôt que d'un affaibliss8ment proprement dit de la mémoire, qui ne se présente ici que comme symptôme secondaire.

Obs. 1. - Paramnésie de localisation dans le temps.

1\{rne lVI. ... 70 ans, entrée à Préfargier en 1895. Délire systé- matisé avancé, hallucinations multiples, humeur très chan- geante. Un an après son entrée dans l'établissement, elle s'écrie : « Voilà treize ans que je suis dans cette maisori, je veux rentrer chez moi. »

Huit jours après elle évalue son séjour à Préfargier à quatorze ans. Ce trouble alla toujours en augmentant, si bien qu'au mois de mars de cette année elle prétendait qu'on la tient enfermée depuis quarante-sept ans. Lor8qu'on veut essayer de raisonner avec elle pour lui prouver qu'elle se trompe, elle entre dans un tel état de fureur que toute discussion devient impossible. A côté de cela la mémoire de la malade est bonne, elle se souvient très bien des différents événements de sa vie. Elle se souvient bien, mais raisonne et interprète mal.

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Eléments physiologiques et organiques.

La mémoire demande certaines conditions physiologiques et organiques nécessaii·es à son existence et à son bon fonc- tionnement.

Kussmaul résume ees conditions dans les quatre facteurs suivants (les troubles de la parole) :

1 o Les nerfs doivent être pourvus d'une alimentation suf- fisante (l'épuiRement par manque de nourriture, une fatigue mm;c.ulaire ou cérébrale exagérée l'affaiblit).

2o Une bonll.e distribution sanguine dépendant de la struc- ture et de l'innervation des vaisseaux sanguins.

3o Une bonne structure du sol organique qui retire du sang la matière nutritive.

4o L'accumulation nécessaire d'éléments assimilés, ce à quoi sert le sommeil. Les veilles affaiblissent la mémoire.

Pour Legrand du Saulle la mémoire demande:

1o L'intégrité des cellules nerveuses qui sont dans le cerveau préposées au souvenir.

2o Le fonctionnement normal de ces éléments anatomi- ques.

3° Une irrigation suffisante.

4o L'intégrité de la constitution chimique du sang.

*

C'est en effet de la réalisation de ces conditions que dé- pend l'aptitude des éléments nflrveux à recevoir les impres-

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sions. Leur sensibilité varie avec les circonstances et tout d'abord avec l'âge; c'est dans la jeunesse qu'on la trouve à son plus haut degré; l'enfant se souvient mieux que le vieil-• lard; ses cellules nerveuses ont toute8 les qualités néces- saires pour fixer et conserver les impressions; la nutrition se fait d'une façon très complète, les vaisseaux sont en bon état et permettent une distribution régulière de l'afflux san- guin. Cette dernière condition est nécessaire au fonctionne- ment normal du cerveau ainsi qu'·à une mémoire bien équi- librée. Une cireulation trop violente aura .un effet fâcheux sur les fonctions intellectuelles en général et produira des irrégularités de la mémoire. On pourra observer ce fait dans certaines hypermnésies pathologiques dues à un afflux san- guin trop fort et irrégulier (manies périodiques et autres états d'agitation).

De même un cerveau anémié sera incapable de tout tra- vail quelque peu important et la mémoire s'en ressentira en diminuant d'une façon générale ou en perdant la faculté de conserver certaines catégories d'impressions, tout en restant normale sur d'autres points.

*

S'il vient à manquer un ou plusieurs des facteurs cités par Kussmaul et Legrand du Saulle comme nécessaires à une bonne mémoire, quo se passera-t-il?

Supposons, par exemple, un homme jouissant de toutes seH facuJtés, doué d'U'ne excellente mémoire pendant sa jeu- nesse et son âge mûr. Lorsqu'il arrivera à un certain âge, on remarquera que ses facultés intellectuelles, sans avoir diminué d'une façon notable, n'ont cependant plus leur vivacité ordinaire; sa mémoire en particulier commencera à

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décliner,

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devenir moins fidèle, et, chose curieuse, au pre- mier abord, et sur laquelle tou~ les auteurs sont d'accord, c'est le souvenir des choses les plus récentes qui lui fera défaut. Il conservera d'une façon très exacte les impressions les plu~ anciennes, même celles qui datent de son enfance, tandis que les faits les plus récents, beaucoup plus impor-·

tants que ces souvenirs d'autrefois lui sont complètement étrangers.

Obs. 2.- Amnésie sénil P . -Mr C ... , 89 ans, entré à Préfargior en 1890. Pas d'hérédité pathologique. Horloger. Rien de par- ticulier pendant son enfance. Il a eu la fièvre typhoïde pen~

dant un voyage en Amérique. Cette maladie a un peu affaibli ses facultés, et l'a empêché de se remettre aux travaux fins de l'horlogerie. A l'âge de 80 ans il conçut à l'égard de sa femme et de sa fille des idées de per~écution et se mit à les tourmenter de telle façon qu'on fut. obligé de l'interner. A son entrée à Préfargier, l'observation porte déjà un affai- blissement de la mémoire pour les choses récentes, affai- blissement en rapport avec son état général qui n'est plus ce qu'il était autrefois. Actuellement notre homme est très faible, reste pendant toute la journée au lit ou dans un fau- teuil, ne fait plus que les courses nécessaires ce dont il s'ac- quitte du reste fort bien. L'appétit est bon, il passe tout son temps à manger et à dormir·. Il cause très bien, n'est nulle-·

ment embarrassé quand on lui pose une question. Il dit qu'il se porte très bien, qu'il peut être bien heureux d'avoir à son âge bon appétit et bon sommeil. Si on le réveille le soir, croyant que c'est le matin, il dit qu'il a eu une excellente nuit; un quart d'heu~e après ses repas il ne se souvient plus de ce qu'il a mangé, ~ais il ne veut pas l'avouer et énumère les plats les plus fantaisistes. Quand on lui fait remarquer ses erreurs, il s'en prend en riant à sa «coquine de mémoire»

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qui lui fait faux bond. Il ne sait pas à quel moment du jour, du mois ou de l'année on est; a un vague soupçon que c'est la fin du siècle et si on lui dit que nous sommes en 1898, il.

calcule assez facilement son âge. Sans ce rensei .. ~;nement

cela lui est impossible. Tous les souvenirs qui datent des dernières années de sa vie sont effacés ou si peu distincts qu'on a beaucoup de peine à constater leur existence, tandis qu'il se rappelle très bien les faits antérieurs. Ainsi il raconte·

avec beaucoup d'entrain ses voyages en Amérique avec des camarades, leurs ruses pour tromper les douaniers, les malles à doubles fonds dans lesquelles ils cachaient des montres, de sorte que le produit de leur contrebande suffi- sait amplement à payer le voyage. Tous ces souvenirs sont présents à sa mémoire; quant aux autres qui ont disparu, il en prend philosophiquement son parti, disant qu'il vaut

· mieux ne pas penser à ses malheurs et ses soucis, qu'il est préférable d'oublier les mauvaises choses plutôt que de s'en faire du mauvais sang. (Il ne reconnaît jamais les médecins qui le soignent depuis des années).

Comment expliquer ce phénomène? Nous avons déjà vu

"que les sujets jeunes développés normalement réunissent toutes les conditions nécessaires à une bonne mémoire; les cellules nerveuses bien nourries ont une sensibilité très vive; elles reçoivent et fixent facilement les impressions, les unes plus, les autres moins profondément, et cela en rai- son de leur vivacité. Une fois bien fixées, ces impressions du jeune âge laissent dans le cerveau des traces durables qui pourront à volonté 'être rappelées au souvenir. Avec l'âge les conditions physiologiques de l'individu subissent des modifications. Supposons, par exemple, comme c'est le eas dans l'artério-sclérose que les parois des vaisseaux per- dent leur élasticité; elles se durcissent, se sclérifient, la cir-

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culation est modifiée et le sang n'est plus à même de fournir aux tissus la nourriture qui leur est physiologiquement né- . cessaire. Nous verrons survenir peu à peu, dans les diffé- rents organes, des troubles qui se feront sentir aussi sur les facultés intellectuelles. La mémoire en souffrira naturelle- ment; les cellules nerveuses qui, autrefois, grâce à une bonne nutrition, jouissaient d'une impressionnabilité très vive, perdent peu à peu leur sensibilité; en vieillissant leur plasticité diminue, elles se durcissent toujours davantage.

Les phénomènes extérieurs qui étaient reçus et fixés dans une jeune mémoire, passent maintenant sans laisser de tra- ces. Les sens les perçoivent, l'individu se rend bien compte de ce qui lui arrive, mais la vitalité des éléments nerveux n'est plus assez grande pour fixer une impression d'une façon durable.

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Des cellules psychiques.

Par quels phénomènes les impressions extérieures sont- elles fixées dans la mémoire? guels ehangements ees phé- ùomènes apportent-ils dans les eentres nerveux et eomment les impressions peuvent-elles être rappelées au souvenir?

Pour résoudre ees question·s, nous ne pouvons malheu- reusement pas nous baser sur des données tout à fait posi- tives, nous ne pouvons faire que des suppositions.

Mais avant d'aborder directement ce sujet, nous ferons une petite diversion pour étudier aussi brièvement que pos- sible la constitution des éléments nerveux qui jouent un si grand rôle dans la mémoire.

Durant ces derniers mois les Archives de Neurologie ont donné une série de travaux fort intéressants sur la théorie des Neurones. Nous nous servirons spécialement de l'article du docteur Soukhanoff qui résume l'état des connaissances actuelles sur la constitution des centres nerveux : « Les travaux de Golgi, Ramon y Cajal, His et Forel ont prouvé que tout le système nerveux central et périphérique, con- siste dans l'ensemble d'unités séparées et complètement iso- lées, et nulle part les prolongements d'une cellule ne passent à ceux d'une autre. M. Waldeyer a proposé pour ces entités nerveuses le nom de Neurones. »

Chaque cellule a un certain nombre de prolongements protoplasmiques appelés dendrites, et en outre un ou plu- sieurs prolongements cylindraxiles munis de prolongements latéraux et collatéraux. Chaque cellule avec ses prolonge-

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ments cylindraxiies et ses dendrites· est un neurone. Les neurones présentent une 1norphologie très variée, mais cependant certaines régions et certaines couches du Rystème nerveux sont composées de neurones semblables (cellules cylindriques, de Purkinje, etc.).

Les neurones entrent en communication les uns avec les autres par leurs prolongements protoplasmiques et cylin- draxiles, mais c'est un simple contact; jamais les prolonge- ments d'un neurone ne se continuent avec ceux d'un autre.

Dans un neurone nous a v ons à considérer deux éléments:

la cellule elle-même et ses dendrites qui représentent l'élé- ment actif et les prolongements cylindraxiles qui servent à conduire le courant et établissent les communications. Co courant nerveux (Neurocym, Nervenvvelle : Forel, Gehirn und Seele), qui n'est autre qu'une vibration moléculaire, se dirige toujours dans le même sens. Il va de la cellule au cylindraxe qui le transmet aux dendrites d'une autre cel- lule et ainsi de suite. Il n'y a pas de courant en Hens inverse.

Le cylindraxe est nourri par la cellule qui, elle-même, tire sa nourriture des espaces lymphatiques intercellulaires.

Les cellules psychiques ne sont pas susceptibles de se multiplier, de sorte qu'il y en a autant chez l'enfant que chez l'adulte. L'état psychique d'un individu ne dépend pas du nombre des cellules cylindriques de l'écorce cérébrale, mais du degré de développement de ces cellules, de leur grandeur, et de leur faculté de modifier leur forme et de pousser de nouveaux prolongements.

Plus il y a de prolongements, plus le nombre des asso- eiations est grand, et ce sont ces associations qui président à tout travail intellectuel.

La cellule psychique grandit et se complique à mesure qu'on s'élève dans la série animale. Le progrès de la fonc-

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tion est en rapport avec celui de l'organe; plus les eellules . se compliquent et se perfectionnent, plus les fonctions intel-

lectuelles tendent à s'élever au-dest,us de leur état primitif.

Lorsqu'un individu arrive à l'état adulte, ses éléments nerveux ne se développent plus, et si ses facultés intellec- tuelles continuent à s'accroître, c'est grâce à la propriété dont jouissent les neurones de pousser de nouveaux prolon- gements. Lorsqu'une cellule ne peut plus émettre de nou- veaux prolongements protoplasmiques, elle est ég·alement dans l'impossibilité de fixer une impression quelconque.

Plus les cellules sont jeunes, plus le protoplasme est plasti- que et sensible au courant nerveux qui s'y manifeste par les vibrations moléculaires et par la production de nouveaux prolongements. Avec l'âge le protoplasme se durcit, prend une consistance plus élasti 1ue et perd avec sa plasticité les propriétés qui s'y rattaehent.

Lorsqu'un courant nerveux a produit de nouveaux pro- longements, il se fait un contact entre ees prolongements et

"les ramifications du cylindraxe, ct ce contact doit être per- manent pour que la nouvelle association ainsi formée

persiste. •

Quelles que soient leurs fonctions, toutes les cellules ner- veuses semblent posséder la même structure, les mêmes propriétés physiques, la même composition chimique. La cellule nerveuse cérébrale n'a rien qui la distingue des autres cellules du même type (cellules ganglionnaires, cel- lules des cornes antérieures de la moelle, etc.). Elles sont toutes pourvues du même cylindraxe, des mêmes prolonge- ments protoplaHmiques, elles ont leurs appareils de trans- mission et de réception, et cependant il e.st bien évident que c'est à certaines cellules nerveuses cérébrales que nous de- vons rapporter les fâits de la vie intellectuelle. On

ne

sait à

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quoi attribuer cette distinction. On a essayé d'expliquer la chose en disant que les cellules psychiques jouissent peut-.

être d'un mouvement moléculaire différent de celui des autres cellules nerveuses (Ramon y Cajal). Il ne serait pas impossible qu'une vibration moléculaire différente impri- mât à ces cellules un champ d'activité spécial; cependant cette explication ne peut avoir qu'une valeur minime, car ce mouvement moléculaire différencié n'est qu'une supposi- tion, personne ne l'a constaté .

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Mécanisme de la mémoire.

-FIXATION DES IMPRESSIONS.

Si une image extérieure vient frapper le nerf optique, par exemple, elle y provoque une vibration moléculaire qui se propage très rapidement jusque_ dans les cellules de l'é- corce cérébrale. Ce courant nerveux, amené par le cylin- draxe, atteint une cellule, y provoque une excitation anor- male et détermine la formation de nouveaux prolongements qui entrent en contact les uns avec les autres et avec des ramifications cylindraxiles. Ce mouvement moléculaire se maintient aussi longtemps que dure l'influx nerveux pro- duit par l'image extérieure.

Les modifications apportées ainsi dans la disposition et la forme des cellules cérébrales sont, suivant les cas, plus ou moins considérables. Si l'image est simple, les changements sont peu étendus, le nombre des cellules modifiées est res- treint, il ne se fait pas une grande augmentation de prolon- gements, l'association ainsi formée est simple.

Si l'image est compliquée, la vibration moléculaire a une plus longue durée et les modifications dpportées dans les cellules cérébrales sont beaucoup plus étendues; l'influx nerveux se propageant p'ar les cylindraxes et leurs ramifi- cations, atteint un plus grand nombre de neurones et pro- voque, par le contact de leurs nombreux prolongements moléculaires et des prolongements cylindraxiles, la créa- tion d'une vaste association.

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Une image extél'ieure laisse donc dans le cerveau une impression qui est représentée par les modifications appor- tées dans les cellules cérébrales.

Nous venons de voit quelle est, suivant le degré de com- plexité de l'image, l'étendue de l'impression; il nous reste à étudier sa profondeur, la force de l'association ainsi for- mée. - Elle dépend do différents facteurs dont les princi- paux sont, d'un côté, l'attention et la volonté, de l'autre, l'â.ge du sujet, la vivacité de l'image et sa répétitiou.

L'attention est la concentration volontaire et plus ou moins prolongée de l'esprit sur un objet. Suivant qu'elle s'applique aux choses extérieures ou aux faits de conscience, on l'appelle observation ou réflexion.

L'attention est soumise à la volonté qui la dirige sur telle ou telle image afin de la fixer dans la mémoire plus profon- dément que. les autres. C'est par elle que nous examinons les choses sous leurs différents aspects afin d'arriver à leur connaissance parfaite.

D'une façon générale et dans des conditions normales, on peut dire que la mémoire est en raison directe de l'at- tention et de la volonté.

Au sujet de l'âge, nous avons déjà vu que c'est quand elles sont jeunes que les cellules cérébrales jouissent de leur plus grande sensibilité; il est donc tout naturel que les impressions reçues it cette période de la vie se fixent plus profondément que plus tard. Cependant c'est ici qu'inter- viennent l'attention et la volonté; ces facultés sont natu- rellement moins développées chez-l'enfant en bas âge que chez l'adulte, ce qui peut faire croire que la faculté de se souvenir est plus forte chez ce dernier. Ce n'est pas le cas, n1ais tandis que l'enfant emmagasine au hasard les impres- sions de toutes les images qu'il perçoit et meuble sa mé-

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moire sans aucun djseernement, l'homme, au contraire, en pleine possession de son raisonnement, fait un triage parmi les impressions qu'il reçoit; il fixe par rattention celles qui pourront lui êtro utiles, tout en laissant de côté celle::; qu'il juge sans importance et qui s'effaeent peu à peu de sa mé- moire.

Le raisonnement et l'attention perfectionnent la mémoire en y mettant de l'ordre, en la classant. On conçoit l'impor- tance de ce fait si l'on admet, à juste titre, que dépendant d'un organe limité, la mémoire, fonction de eet organe, est également limitée. Les images inutiles étant laissées de côté, la place reste pour celles qui contribueront au déve- loppement de l'individu.

Il est évident que la vivacité des impressions contribue à la profondeur de lour fixation. Les images qui impression- nent se gravent profondément dans la mémoire; plus l'influx nerveux ost fort, plus les modifications apportées aux neu- rones sont considérables et plus les contacts formés sont intimes et durables.

Quant à la répétition des impressions, elle joue aussi un grand rôle. Pour les images compliquées et difficiles à rete- nir, elle agit avec l'attention qui, seule, ne suffirait pas à former en une fois des associations stable::;. Dans les cas plus simples, elle peut agir seule, ou du moins sans le se- cours de l'attention consciente; c'est ce que l'on trouve sur- tout chez l'enfant" qui apprend une foule de choses sans s'en rendre compte, uniquement par leur répétition plus ou moins fréquente. Son mécanisme est bien simple; si une image peu intense a produit une modification quelconque dans les cellules cérébrales, à chaque répétition elle provo- que un mouvement moléculaire analogue, aboutissant aux mêmes neurones, accentuant chaque fois leurs prolonge-

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ments, affermissant leurs contacts. L'association instable est rendue stable par la répétition de l'impression.

Le temps diminue la mémoire en amoindrissant la viva- cité des impressions; les images anciennes qui n'ont pas l'occasion d'être rappelées de temps en temps à la con- science s'affaiblissent toujours davantage jusqu'au moment où elles disparaissent complètement; les impressions nou- velles tendent également à effacer peu à peu les anciennes.

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De même que les lettres de l'alphabet suffisent à former tous les mots d'un idiome, de même il suffit d'un nombre de cellules cérébrales relativement restreint pour constituer toutes les associations psychiques d'un individu.

Les cellules nerveuses sont groupées de façon à former , une grande quantité de combinaisons. Chacune de ces com-

binaisons re-présente une association, une image. Une cel- lule nerveuse peut entrer dans un certain nombre de com- binaisons; elle peut prendre part à plusieurs associations, et suivant les différents groupements de cellules auxquels elle participera, suivant les modifications qui seront appor- tées aux combinaisons qu'elle contribue à former, chaque fois elle servira à représenter une idée ou une image diffé- rentes.

Nous pouvons donc dire qu'une cellule cérébraie n'a pas une attribution fixe et immuable, mais que sa signification peut changer avec les différentes associations qu'elle est appelée à former.

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Mécanisme de la mémoire [suite).

REPRODUCTION DES IMPHESSIONS.

Nous avons vu comment les images extérieures qui par- viennent dans les contres nerveux sont fixées et classées en associations, en modifiant la disposition et la forme des cel- lules cérébrales. N ons allons maintenant étudier le méca- nisme par lequel elles peuvent être rappelées au souvenir.

Comment peut-on se représenter l'image d'une perception acquise depuis un certain temps? Comment peut-on se sou- venir?

Pour qu'il y ait souvenir d'une image perçue antérieure- ment, il ne suffit pas que cette image ait laissé dans le cer- veau une impression, qu'elle ait provoqué une association de cellules, il faut encore qu'elle soit reproduite.

L'association qui était à l'état latent doit être mise en activité par un courant nerveux analogue à celui qui a pré- sidé à sa formation et les cellules nerveuses ainsi animées reconstruisent l'image telle qu'elle avait été perçue. Le courant nerveux peut être produit par bien des causes, conscientes ou qui passent inaperçues, de sorte que souvent on peut se demander par quelles circonstances on a, à un moment donné, tel ou tel souvenir.

La volonté joue évidemment un rôle important dans le rappel des images au souvenir. Chaque fois que nous jugeons utile dé nous rappeler quelque chose, c'est la volonté qui entre principalement enjeu en recherchant le siège de l'asso-

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dation pour le mettre en activité. Cette reeherche ne se fait pas au hasard, mais en utili::;ant tous les faits qui ont un rap- port quelconque avec l'image en question et qui servent à la rappeler le plus vite possible (points de repère dans le temps et dans l'espace). Cependant il arrive fréquemment que la volonté ne réussisse pas, malgré tous ses efforts à rappeler telle ou telle in1age dont l'impression existe pour- tant bien dan::; le cerveau; elie suit une mauvaise voie et n'arrive pas à éveiller l'assodation correspondante. Ce fait est d'autant plus frappant que dans certains cas l'image recherchée n'apparaît pas malgré tous les efforts de la volonté et que plus tard elle surgit tout à coup dans la mé- moire à un moment où on n'y pense plus du tout et où elle est devenue inutile. Ce cas se présente souvent chez les personnes qui sont en examen, et qui, au moment nécessaire, ne peuvent se souvenir de choses qu'elles savent parfaite- ment bien. Elles sont émotionnées, le système nerveux est dans un état de tension anormal qui l'empêche de fonction- ner librement. Après l'examen, lorsqu'elles sont calmes et reposées, les souvenirs reviennent en foule, mais c'est trop tarq.

A côté de la volonté, une foule de causes peuvent encore rappeler à la 1némoire les images antérieurement perçues.

Tous les phénomènes qui ont un rapport quelconque avec une image peuvent à un moment donné la rappeler au souvenir; ils jouent par rapport à cette image le rôle de points de repère et il suffit qu'un seul d'entre eux se présente à l'imagination ou aux sens pour que l'image apparaisse aussitôt dans son ensemble, avec to.us ses caractères.

Si, au cours d'un voyage, par exemple, nous sommes frap- pés par la beauté d'un paysage, nous éprouvons une foule d'impressions diverses qui, sanA que nous nous en doutions,

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restent dans notre esprit intimement liées à la cause qui les a produites. Ces impressions font partie de l'association cellulaire formée à cette occasion, et il suffit que l'une d'elles se présente au souvenir pour que toute l'association·

se déroule aussitôt, pour que le paysage apparaisse devant nos yeux avec toutes les impressions qui s'y rattachent.

Un artiste est assis à son piano et joue un morceau quel- conque. Arrivé à un certain passage, il est dérangé par l'ar- rivée d'une personne qui vient lui faire visite. Ce fait n'a rien d'extraordinaire en soi, et cependant, dans la suite, chaque fois que l'artiste joue ce même morceau, lorsqu'il arrive au passage où il a été interrompu, il voit la personne, et les moindres détails de leur entrevue surgissent dans son souvenir.

Ces exemples prouvent que les associations cérébrale-s peuvent être formées de choses tout à fait disparates et n'ayant par eUes-mêmes aucun rapport les unes avec les autres.

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Subdivisions de la mémoire.

Les auteurs contemporains qui ont traité ce sujet sont d'accord pour affirmer qu'il n'y a pas une mémoire, fonction unique, dépendant d'un centre spécial ou de telle partie bien délimitée du cerveau. Il y a des mémoires, plus ou 1noins indépendantes les unes des autres, une pour chaque image cérébrale, pour chaque souvenir. La pathologie de la mémoire nous permet de vérifier cette assertion et nous voyons que dans nombre de cas les amnésies intéressent, non pas la mémoire dans son ensemble, mais des groupes de souvenirs isoléR, des mémoires spéciales.

Ces an1nésies dites partielles sont fréquente-s, on en trouve un grand nombre dans la littérature médicale. L'a- phasie représente certainement un des types les plus inté- ressants d'amnésie partielle, par sa netteté, son champ si bien circonscrit. En voici un exemple:

Obs. 3. - lVI. J. Agé de 38 ans, entré à Préfargier en septembre 1897. Paralysie générale manifeste depuis deux ans. Pendant le cours de sa maladie il a eu beaucoup de crises. Mémoire bien diminuée. A son arrivée on remarque qu'il est atteint de surdité~ verbale. Il ne comprend pas ce qu'on lui dit, et répond au hasard aux questions qu'on lui pose. Aux questions écrites il répond bien. Anonnement prononcé. Le 25 novembre, crise paralytique qui dure de 9 heures du matin à 10 heures du soir. Pendant la .nuit sept crises successives. Il reste plusieurs jours sans connaissance.

Convulsions dans la face, le bras et la jambe du côté droit.

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Ces convulsions durent huit jours. Après cela il revient peu à peu à lui, mais il est incapable d'articuler un seul mot. Il voudrait parler, paraît inquiet de son infirmité, mais ne réussit à dire que: Te, te, te, te. - Il répond par écrit aux questions écrites et écrit couramment son nom, bien qu'il ait de la peine à tenir son crayon (parésie du bras droit).

Aujourd'hui l'articulation ri' a pas fait de progrès sensible, il varie davantage ses intonations, mais ne peut prononcer aucun mot d'une façon compréhensible. La parésie du bras ayant diminué, il écrit plu~ facilement.

*

La perception d'un objet quelconque laisse dans le cer- veau les traces d'images multiples. Le s-ouvenir. d'une pomme, par exemple, intéresse plusieurs espèces de mémoi- res, se rapportant aux impressions de forme, de couleur, de goût, d'odeur qu'elle a laissées et qui se groupent de ma- nière à former une mémoire générale contenant l'idée de pomme et servant à la distinguer des objets en général et même des autres fruits de la même espèce. Si nous avons été frappés par la beauté de la pomme plus que par ses au- tres caractères, ·c'est la mémoire visuelle qui sera prépon- dérante et qui jouera le rôle principal lorsqu'il s'agira de la rappeler au souvenir.

Nous voyons donc que chaque perception affecte un cer- tain nombre de cellules spéciales, mais toujours les unes plus particulièrement que d'autres qui sont modifiées diffé- remment suivant l'importance des impressions qui s'y rap · portent.

Les souvenirs occupent néces~airement une place dans

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le cerveau. A ce sujet, nous empruntons à M. Murisier 'le passage suivant (Bibliothèque universelle): «Des faits nom- breux et frappants permettent de préciser et montrent que le souvenir occupe dans le cerveau la même place que l'im- pression primitive; ainsi la vue comme l'idée d'une couleur très brillante finit par fatiguer le nerf optique. Soit qu'on ait la sens~tion du rouge, soit qu'on ait le souvenir du rouge, c'est toujours la même cellule qui vibre.>>

*

Suivant que les images proviennent du dehors ou qu'elles prennent naissance au dedans de nous-mêmes, on peut di- viser la mémoire en deux grandes classes:

1. La mémoire des sensations.

2. La mémoire des idées.

Dans le premier cas, les images sont perçues par l'inter- médiaire des organes des sens; elles sont produites par des objets réels qui produisent sur l'esprit certaines impres- sions. Dans le second cas, elles sont le produit d'un travail intellectuel et rentrent dans le domaine de l'imagination.

La mémoire peut être considérée comme l'ensemble d'un grand nombre de mémoires secondaires, partiell~s, sembla- bles les unes aux autres par les éléments qui les constituent et par le mécanisme qu~ les met en activité, mais différentes par leur contenu qui s'est spécialisé.

Autrefois on distinguait trois espèces de mémoires: La n1émoire des mots (memoria verbalis), la mémoire des lieux (memoria localis), la mémoire des choses (memoria realis).

Ces mémoires peuvent se subdiviser en une foule d'autres:

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mémoires des noms propres, des substantifs, des lettres, deH signes, des ehiffres, etc.

Nous avons aussi les mémoires qu~ dépendent des orga- nes des sens et qui varient beaucoup suivant les individus.

Suivant que nous avons affaire aux organes de la vue, de l'ouïe, du toucher, du goût, etc., nous aurons les types de mémoire : visuel, auditif, tactile, gustatif, etc.

Les peintres sont naturellement visuels, les musiciens auditifs. Les gourmets ont surtout la mémoire du goût et de l'odorat, les aveugles développent plus particulièrement celles de l'ouïe et du toueher. Si un public n1élangé assiste

à un spectacle, un opéra, par exemple, les impressions re- çues seront, suivant les individus, tout à fait différentes. Les visuels se souviendront surtout de la beauté des d-écors, de l'éclat des costumes; les auditifs de la musique et de la voix des acteurs. Il y a encore les émotifs, ceux qui ont la mé- moire des émotions (mémoire affective), qui ne jugent du succès de la pièce que par les pleurs ou la gaîté qu'elle pro- voque et qui ne s'en souviendront qu'à travers ces rires ou ces larmes qui tiennent la première place dans leur mé~

moire.

A quoi peut-on attribuer ces différents types de mémoires?

On pourrait dire que certains types sont visuels parce qu'ils ont exereé spécialement leur organe de la vue; ils ont attaché aux images visuelles plus d'importance qu'aux autres images, de sorte que peu à peu leurs yeux ainsi que les centres nerveux correspondants se sont développés plus q ile les autres organes des sens. Ils sont devenus visuels par l'exercice comme ils seraient devenus auditifs, s'ils s'é- taient attachés plus spécialement à l'organe de l'ouïe.

Les faits prouvent que dans la 1najorité des cas cette proposition ne peut être soutenue. Un homme d'intelligence

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normale, mais auquel les beautés de la nature ct la musi- que sous toutes ses formes ne font aucune impression ne sera jamais un auditif ni un visuel. Il pourra diriger ses affaires d'une façon brillante, aimer le confort et la bonne chère, mais les jouissances visuelles et auditives lui seront toujours inconnues. S'il assiste à un concert il s'y ennuie, il va aux galeries de peinture pour faire comme tout le monde, mais les impressions qu'il en retire sont nulles ou insigni- fiantes, il estime que c'est du temps perdu. Ses facultés se dirigent d'un autre côté, ses cellules visuelles ou auditives sont peu développées ou sont dans l'impossibilité de rece- voir des impressions d'une façon quelque peu vive. Ceci s'adresse naturellement au côté artistique de l'individu, il est bien entendu que dans la vie pratique il sera suffisam- ment visuel et auditif pour mener convenablement ses affaires, mais les impressions qu'il recevra par l'intermé- diaire des yeux et des oreilles ne persisteront pas dans son souvenir comme des impressions visuelles et auditives. Il les classera avec toutes les autres impressions qu'il jugera utile de conserver dans sa mémoire sans s'occuper de la façon dont il se les est appropriées. Nous pou v ons donc dire qu'on naît visuel ou auditif, comme on naît commer- çant ou mathématicien, tout en admettant les modifieations partielles qui peuvent survenir par le fait du milieu et de l'éducation.

Prenons quelques enfants en bas âge, soumettons-les aux mêmes soins, aux mêmes moyens d'éducation, nous verrons qu'avec l'âge leurs caractères évolueront chacun de son

côté et se séparero~t toujours davantage.

*

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Dans Ron ouvrage sur la psychologie des sentiments, M. Ribot consacre un chapitre intéressant à la ,mémoire affective.

La reviviscence des états affectifs antérieurs varie beau- coup suivant les individus; on constate, dans ce domaine-là, les mêmes différences que dans les autres mémoires que nous avons vues plus haut.

La majorité des psychologues nient l'existence , d'une mémoire affective, 1\L Ribot soutient avec raison qu'il y en a une. Elle est fausse ou abstraite chez les uns et vraie ou concrète chez les autres.

La première eonsiste dans la représentation d'un événe- ment plus une marque affective.

La seconde, vraie, consiste dans la reproduction actuelle d'un état affectif antérieur avec tous ses caractères. Cela est nécessaire pour qu'elle soit complète ..

Pour qu'il y ait mémoire affective, il ne suffit pas qu'on se représente un événement avec toutes les circonstances qui l'ont accompagné, il faut encore faire revivre l'état affectif qu'il avait provoqué de façon à ce qu'on le sente d'une manière aussi vive que lorsqu'on l'a éprouvé pour la première fois. Les tempéraments émotionnels ont en géné- ral une bonne mémoire affective.

M. Ribot établit trois groupes d'images affectives, clas- sées d'après la facilité avec laquelle on peut les faire revi- vre:

1. Images à reviviscence directe et facile (visuelles, au- ditives, tactiles, motrices).

2. Images à reviviscence indirecte et relativement facile (plaisirs et douleurs, émotions). Elles sont indirectes parce que l'état affectif n'est évoqué que par l'intermédiaire des état8 intellectuels auxquels il est associé. La représentation

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affective He constitue lentement parce qu'elle parcourt deux moments. Le premier moment est intellectuel; il consiste dans l'évocation des conditions et circonstances. Ceux qui ont une mémoire affective fausse ou abstraite ne dépassent pas ce premier moment. Chez eux l'état affectif ne joue au- cun I:ôle. Le deuxième moment qui est affectif ajoute les états émotionnels, d'excitation, d'abattement, etc.

B. Images à reviviscence diffidle, tantôt directe, tantôt indirecte (saveurs, odeurs, sensations internes, etc.).

La reviviscence d'une représentation est en raison directe de sa complexité et des éléments moteurs qu'elle renferme.

Un état de conscience isolé, sans rapport avec ce qui le précède, l'accompag·ne ou le suit, a peu de chances de se fixer dans la mémoire.

D'après les expériences faites par M. Ribot, nous voyons qu'il y a de grandes différences dans la possibilité de faire revivre les états affectifs. La reviviscence de certaines sen- sations internes (faim, soif, fatigue) est très facile, celle des images gustatives et olfactives sont moins aisées. On se re-·

mémore mal l'élément douloureux.

La reviviscence des états affectifs dépend des conditions cérébrales et internes bien plus que de l'impression primi- tive elle-même. Il ne suffit pas de sentir vivement une im- pression, il faut pouvoir la raviver. Il se fait un travail d'in- cubation, de sorte que souvent, au lieu de décroître, son souvenir s'augmente avec le temps.

*

L'examen de la mémoire peut rendre de grands services dans le diagnostic dys maladies mentales et donner l'éveil au malade ou à son entourage. Malheureusement cet exa-

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men n'est pas toujours aisé, car au moment où il pourrait être le plus utile, c'est-à-dire au début de la maladie, alors qu'on ne peut guère constater d'autres symptômes caracté- ristiques, il est souvent fort difficile de se rendre compte d'un affaiblissement de la mémoire.

Un médecin qui examine un malade qu'il ne connaît qu'imparfaitement arrive difficilement à se rendre compte s'il y a oui ou non de l'amnésie ou tout au moins une dimi- nution de la mémoire. Ce n'est qu'en comparant l'état actuel avec la mémoire normale antérieure qu'on arrive à se faire une idée du trouble survenu dans cette fonction.

La mémoire est toujours plus ou moins bonne, plus ou moins étendue. On considère comme mémoire normale une certaine moyenne dont le champ est assez vaste_, mais dont on ne peut pas trop s'écarter dans un sens ou dans l'autre sans entrer dans le domaine de la pathologie.

L'oubli est, jusqu'à un certain point, physiologique.

L'homme ne peut pas conserver toute la masse des impres- sions qu'il reçoit; il doit faire une sélection, garder celles qui lui sont utiles et oublier les autres qui sont de beaucoup les plus nombreuses. S'il peut se maintenir dans cette moyenne, il jouit d'une mémoire normale. On dit de certai- nes personnes qu'elles ont une mauvaise mémoire parce qu'elles oublient plus facilement que d'autres. Ici il faut se tenir sur ses gardes et ne pas prendre pour un affaiblisl?e- ment de la mémoire ce qui n'est qu'un manque d'attention.

On néglige ce qu'on avait l'intention de faire parce qu'on pense à autre chose; c'est de la distraction, de même que lorsqu'on ne peut se remémorer certaines impressions parce qu'on n'y a pas prêté suffisammeBt d'attention lorsqu'elles se sont présentées.

On a coutume Çl.'envisager les hypermnésies ou exalta-

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tions de la mémoire comme pathologiques. Ce fait peut pa- raître ~ingulier, car il semble que la mémoiro idéale doit être une mémoire parfaite qui conserve toutes les impres- sions sans jamais rien oublier. Ce serait le cas si les hom- mes étaient parfaits, mais malheureusement il n'en est paR ainsi, et on remarque trop souvent que si un individu pré- sente un développement extraordinaire de la mémoire, ou, ce qui est plus fréquent, d'une de ses mémoires, c'est en général aux dépens d'une autre partie de ses facultés in- tellectuelles; c'est un déséquilibré qui, en étonnant le monde par sa mémoire extraordinaire, le stupéfiera par son ignorance et ses bévues dans d'autres domaines.

C'est pour cette raison que nous envisagerons aussi les hypermnésies comme pathologiques, tout en nous gardant cependant d'aller aussi loin que certains auteurs qui quali- fient d'hypermnésies des faits qu'on peut très bien faire ren- trer dans une bonne mémoire normale.

Obs. 4. -Hypermnésie:

lVI. X., 68 ans, original, hypocondriaque périodique, do- puis 30 ans dans l'établissement, est un exemple frappant d'hypermnésie partielle. Faible d'esprit, de sorte qu'il rie sait se diriger lui- mêmA et toujours indécis sur ce qu'il doit faire; si on lui met une serviette lorsqu'il doit boire son lait il dit qu'on le traite comme un bébé; si on ne lui en met

pa~, il gronde parce qu'il risque de salir ses habits; il pré- tend que les remèdes qu'on lui donne lui font du mal, et si on parle de les lui supprimer il pousse les hauts cris.

A côté de cette grande faiblesse, il possède une mémoire remarquable s'adressant à de petits faits tout à fait insigni- fiants. Ainsi un jour il dit: «Il y a aujourd'hui deux ans qu'on m'a enlevé mon chocolat pour le remplacer par du café.» Il raconte qu'à la fin de septembre 1852 un monsieur

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lui a offert une grappe de raisin qu'il a trouvée exquise. Un beau jour il s'écrie: «Tiens, û'est aujourd'hui l'anniversaire d'un ancien horloger du roi de Prusse.» Il possède un grand nombre de cousins et de cousines, et non seulement connaît la date de la naissance de chacun d'eux, mais encore il peut dire quel jour il les a vus pour la dernière fois, même si cela remonte à plusieurs années. Il ne se trompe jamais danr:; ses assertions; tous ces faits sont consignés dans sa mémoire, il ne possède aucune note qui puisse lui en facili- ter le souvenir.

*

Nous voyons donc que tout ce qui s'écarte, même légère- ment, de la normale rentre dans la pathologie de la mé- moire.

Si l'écart est en plus, nous avons, comme nous venons de le voir, les hypermnésies ou exaltations de la mémoire.

Cette classe, très intéressante, a été fort bien étudiée par 1\I. Guillon, dont nous recommandons tout spécialement l'ouvrage.

Les affaiblissements de la mémoire qui forment l'immense groupe des amnésies ont déjà été étudiés par plusieurs au- teurs qui les ont analysés, organisés, classés de toute ma- nière et à tous les point::) de vue.

Pour cette étude, les ouvrages qui ont le plus de valeur sont ceux do M. Ribot et de lVI. Sollier qui traitent la ques- tion, l'un au point de vue psychologique, l'autre au point de vue clinique.

Notre intention n'est pas de passer en revue les maladies de la mémoire; ce travail nous entraînerait beaucoup trop loin et dépasserait le but que nous nous sommes proposé.

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Dans cette étude, nous nous sommes efforcé de faire ressortir l'importance de la. mémoire psychologique, son rapport avec les cellules cérébrales dont elle est une dé- pendance directe, la fonction la plus importante. Nous nous sommes appuyé pour cela sur des données nouvelles, un peu risquées peut-être, mais qui paraissent suffisamment possibles et probables pour que nous puissions nous en ser- vir comme base de notre théorie sur la mémoire.

FIN

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Bibliographie.

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