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Dépôt Institutionnel de l’Université libre de Bruxelles / Université libre de Bruxelles Institutional Repository
Thèse de doctorat/ PhD Thesis Citation APA:
Vanderhaeghen, P. (1996). Caractérisation de gênes de récepteurs olfactifs exprimés dans la lignée mâle des mammifères (Unpublished doctoral dissertation). Université libre de Bruxelles, Faculté de Médecine – Médecine, Bruxelles.
Disponible à / Available at permalink : https://dipot.ulb.ac.be/dspace/bitstream/2013/212307/1/bc55a6e3-4850-4149-9ed2-7881a7ebf805.txt
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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES Faculté de Médecine
Institut de Recherche Interdisciplinaire en Biologie Humaine et Nucléaire Promoteur: G. Vassart
CARACTERISATION DE GENES DE RECEPTEURS OLFACTIFS EXPRIMES DANS LA LIGNEE GERMINALE MALE DES
MAMMIFERES.
U '
Pierre Vanderhaeghen
^070 BRUXELLES
» 555-6-1-70
Mémoire présenté en vue de l’obtention du titre d’Agrégé de l’Enseignement
Supérieur
Année Académique 1995-96
FACULTE DE MEDECINE
Epreuve publique pour l’obtention du titre légal d’agrégé de l’enseignement supérieur
Pierre VANDERHAEGHEN
Docteur en Médecine, Chirurgie et Accouchements
défendra publiquement le jeudi 9 mai 1996 à 18 heures, une thèse d’agrégation intitulée :
«CARACTERISATION DE GENES DE RECEPTEURS OLFACTIFS EXPRIMES DANS LA LIGNEE GERMINALE MALE DES MAMMIFERES»
M. VANDERHAEGHEN fera une leçon sur le sujet suivant :
«LA GENESE DES CONNEXIONS NEURONALES AU COURS DU DEVELOPPEMENT»
Auditoire Claude (local F2.204)
route de Lennik 808 - 1070 Bruxelles
Institut de Recherche Interdisciplinaire en Biologie Humaine et Nucléaire Promoteur: G. Vassart
CARACTERISATION DE GENES DE RECEPTEURS OLFACTIFS EXPRIMES DANS LA LIGNEE GERMINALE MALE DES
MAMMIFERES.
Pierre Vanderhaeghen
Mémoire présenté en vue de l’obtention du titre d’Agrégé de l’Enseignement
Supérieur
Armée Académique 1995-96
bonne lecture!
C’est d’abord au Professeur Dumont que je dois d’avoir pu me former au sein de l’IRIBHN. Il est sans doute le seul -avec Nanou- a n’avoir jamais douté un seul instant de l’intérêt de mon sujet: son dynamisme et sa clairvoyance ont été pour moi d’une aide précieuse.
Gilbert Vassart m’a donné ma chance au sein de son équipe et m’a guidé tout au long de mon travail avec intelligence et générosité. Sa capacité à faire germer le doute dans l’esprit du plus enthousiaste n’a d’égale que son talent à remotiver le plus découragé...et en plus, il fait téléphoniste: que demander de plus? C’est un vrai saint, ce Don Vassarto...
Marc Parmentier m’a initié à la biologie moléculaire avec maîtrise, bienveillance, ...et humour. Toujours disponible dans les moments difficiles, il m’a cependant laissé une grande liberté d’initiative. Son sens de l’ironie (que nous partageons pas mal) et de l’informatique (que nous partageons très peu) me furent tous deux (parfois même simultanément) d’un grand secours.
Au cours de ces quatre années, j’ai vécu en (mini)-satellite au sein du C5.131, devenu le
« Temple des Transgéniques ». Je voudrais ici rendre hommage à tous les membres de ce
labo, passés présents et à venir, qui ont subi avec stoïcisme mes vocalises du matin, mes
sifflements de l’après-midi, et mes jurons du soir. Merci donc de m’avoir supporté, et
Mention Spéciale pour Catherine et Stéphane: leur amitié laissera des traces bien au-delà
des quatre murs du Bâtiment C, même si nos sujets de conversation respectifs furent
souvent assez différents...
maxiprep...), Olivier (le King du RPA et des transfections « en tandem »), Franck (Boudiou la Biomolle!), Michel (le mousquetaire du Cytosenseur), Marie-Jeanne (mais que ferions nous sans toi?).
Les cartes A se ramassent à la pelle, tu vois, je n’ai pas oublié: c’est le moment de saluer ceux qui ont contribué de façon majeure à l’aboutissement de cette thèse, en me permettant chaque midi une détente gastronomique et intellectuelle de haut-vol: Marc Abra (l’Empereur de la contrepèterie, mais si mais si) et Pit VRTG (la meilleure basse de Wemmel et le rire le plus discret à l’Ouest de Strombeek-Bever).
Enfin, il me faut remercier tous les membres de l’IRI, jeunes et moins jeunes, qui m’ont aidé à un moment ou l’autre de ce travail en me faisant bénéficier de leurs compétences et de leurs encouragements, sans compter ni leur temps ni leur énergie.
Je tiens aussi à remercier Roberte Menu et Pascale Halleux pour leur aide et leurs conseils lors de mes incursions «morphologiques», ainsi que Jean-Louis Coureur pour son fantastique travail iconographique.
Et puis, il y a ceux sans qui je ne serais pas là, ou sans qui ce ne serait pas la peine d’y être:
mes parents, ma famille, et mes potes...
...et enfin il y a Nanou et Julie. L’une comme l’autre m’ont supporté sans relâche avec
ardeur et tendresse, en me permettant de passer chaque étape difficile dans la (quasi)
sérénité, tout en me rappelant les choses vraiment importantes: c’est bien sûr à elles que je
dédie les lignes qui vont suivre.
I. INTRODUCTION p.l
A. PREAMBULE p.l
B. LA FAMILLE MULTIGENIQUE DES RECEPTEURS
COUPLES AUX PROTEINES G p.2
1. Diversité des ligands / mode de fonctionnement général p.2
a) Le cycle des proteines G p.3
b) Les mécanismes de terminaison du signal p.5 2. Classification / structure / relations structure-fonction p.6
a) Classification et structure p.6
b) Bases moléculaires de l’interaction ligand-recepteur p.ll c) Bases moléculaires de l’interaction récepteur-proteines G p.l2 d) Bases moléculaires de l’activation du récepteur p.l2 3. Pléiotropie et spécificité de la transduction intracellulaire p.l3 4. Les récepteurs G-couplés: une famille nombreuse et ses orphelins p.l7 a) Stratégies de clonage et d’identification p.l7
b) Les récepteurs orphelins p.l8
C. BIOLOGIE DE LA TRANSDUCTION DES SIGNAUX OLFACTIFS
CHEZ LES MAMMIFERES p.l9
1. Anatomie fonctionnelle du système olfactif p.l9 2. La transduction des signaux olfactifs p.20 a) la cascade de transduction des signaux olfactifs p.20
b) La terminaison du signal p.26
c) Le facteur de transcription Olf-1 et les gènes
« spécifiques de l’olfaction » p.27 3. La famille des récepteurs olfactifs p.28 a) Identification par clonage moléculaire p.28 b) Taille et diversité structurelle de la famille p.29
c) Organisation chromosomique p.31
d) Le profil d’expression des récepteurs olfactifs p.32
(a) Un neurone, un récepteur? p.33
f) Aspects fonctionnels des récepteurs olfactifs p.38
D. BIOLOGIE DE LA TRANSDUCTION DU CHIMIOTROPISME
GAMETIQUE p.41
1. Les invertébrés et vertébrés marins p.41 a) Les invertébrés: le modèle de l’oursin p.43 (a) Les peptides chémoattractants p.43
(b) Les récepteurs p.44
(c) Cascade de transduction et modèle explicatif du
chimiotropisme p.45
b) Les protochordés et vertébrés marins p.49
2. Les mammifères p.50
a) Le chimiotactisme gamétique chez les mammifères p.50 b) Contrôle de la mobilité du spermatozoide p.56
(a) L’AMPe p.57
(b) Le calcium p.58
(c) Cibles en aval et régulation croisée p.60
ïï. CONTEXTE ET BUTS DU TRAVAIL p.62
lïl. ETUDE DU PROFIL D’EXPRESSION TISSULAIRE DES GENES DE
RECEPTEURS OLFACTIFS CHEZ LE CHIEN p.64
A. SPECIFICITE D’EXPRESSION TISSULAIRE:
ETUDE AU NIVEAU DES ARN MESSAGERS p.65
B. ETUDE DU PROFIL D’EXPRESSION PROTEIQUE
DU RECEPTEUR OLFACTIF DTMT p.66
Olfactory Receptors Are Displayed on dog Mature Sperm Cells p.72
IV. GENERALISATION A L’ENSEMBLE DES MAMMIFERES p.86
V. DISCUSSION GENERALE p.l21
VI. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES p.l28
Références p.l33
PKA: protéine kinase A PKC: protéine kinase C
GRX: kinase de récepteur G-couplé IP3 : Inositol triphosphate
AMPc: AMP cyclique
PCR: réaction en chaîne à la polymérase
RPA: expérience de protection à la Rnase
PAF: Platelet Activating Factor
I. INTRODUCTION
A. PREAMBULE
Les travaux exposés dans ce mémoire sont difficilement classables dans un seul domaine établi de la biologie moléculaire ou cellulaire. Ils découlent de la surprenante découverte de hasard, réalisée dans notre laboratoire, de la présence de transcrits de gènes de récepteurs couplés aux protéines G exprimés dans les cellules germinales mâles, et qui se sont révélés par la suite appartenir à une grane famille multigénique de récepteurs olfactifs.
Postulant que ces récepteurs pourraient être impliqués dans la détection de signaux
chémotactiques par les gamètes mâles, nous avons tenté d’accumuler les arguments
expérimentaux soutenant ou contredisant cette hypothèse. Afin de mieux faire comprendre les
justifications et les implications de ce travail, il nous a paru utile de présenter, en guise
d’introduction, les éléments essentiels des trois domaines -fort disparates en apparence- qui se
rattachent à notre étude: les récepteurs G-couplés, la transduction des signaux olfactifs, et la
transduction des signaux médiant le chimiotropisme gamétique. Cette introduction n’a donc
pas la prétention de faire un relevé exhaustif des connaissances en ces matières, mais plutôt
d’en exposer les éléments essentiels, ainsi que certains aspects particuliers en relation avec
notre étude.
B. L a famille MULTIGENIQUE DES RECEPTEURS COUPLES AUX
PROTEINES G
Tous les organismes vivants ont élaboré au cours de leur évolution des systèmes de détection moléculaire leur permettant de s’informer de l’état de leur environnement et d’adapter leur comportement en conséquence. Les récepteurs des messages externes à l’organisme, ainsi que ceux des molécules de signalisation endogènes, sont le plus souvent localisés à la membrane plasmique des cellules, à l’exception notable de ceux appartenant à la famille des récepteurs aux stéroïdes. Chez les métazoaires, ces récepteurs membranaires peuvent être regroupés en différentes classes, selon leur structure moléculaire et leur mode de fonctionnement. On peut ainsi distinguer les récepteurs à activité tyrosine kinase ou phosphatase, guanylate-cyclase, sérine-thréonine kinase, les récepteurs canaux, les récepteurs activateurs de tyrosine kinases, et les récepteurs couplés aux protéines G (RCPG).
1. DIVERSITE DES LIGANDS / MODE DE FONCTIONNEMENT GENERAL DE L’ACTIVATION ET DE L’EXTINCTION DU SIGNAL
Les récepteurs couplés aux protéines G constituent Tune des plus anciennes et des plus
nombreuses familles multigéniques, comptant plus de mille membres dans notre génome
(Fraser et al., 1994; Parmentier et al., 1995; Bockaert, 1995). Une grande variété de ligands
endogènes (ions, acides aminés, amines biogéniques, nucléosides et nucléotides, peptides,
hormones glycoprotéiques, lipides) ou exogènes (composés odorants ou sapides, phéromones,
photons, drogues, médicaments, ...) agissent sur nos cellules via l’interaction avec un
récepteur de ce type.
a) LE CYCLE DES PROTEINES G:
Contrastant avec la diversité de leurs ligands, les récepteurs couplés aux protéines G
partagent le même mode de fonctionnement. Celui-ci implique la collaboration avec des
protéines de transduction localisées à la face interne de la membrane plasmique, et régulées
par les nucléotides guanyliques; les protéines G (Emala et al., 1995). Ces protéines
trimériques (résultant de l’assemblage de trois sous-unités: a, (î, et y), une fois activées par les
récepteurs, vont permettre la transduction du signal vers l’intérieur de la cellule, via la
stimulation ou l’inhibition d’une variété d’effecteurs intracellulaires (adenylate-cyclases,
phosphodiestérases, phospholipases, canaux). Les sous-unités a possèdent un site unique de
haute affinité pour les nucléotides guanyliques (GTP et GDP). Cette liaison du GTP ou du
GDP régule de façon déterminante leur conformation, respectivement active ou inactive. Ces
protéines possèdent également une activité enzymatique GTPase intrinsèque, responsable de
leur inactivation rapide. Les deux autres sous-unités, p et y, forment un complexe stable qui
constitue dès lors une seule entité fonctionnelle. Les principes de base du cycle d’activation
des protéines G sont schématisés sur la Figure 1, et peuvent être résumés comme suit. A l’état
basal, le récepteur et la protéine G (sous forme trimérique liant le GDP) sont en général
inactifs. Après liaison d’un agoniste spécifique, le récepteur activé va interagir avec la
protéine G et induire la libération du GDP. Après un stade très transitoire où la protéine a ne
lie plus aucun nucléotide, le GTP (dont la concentration intracellulaire est plus importante)
vient occuper le site nucléotidique vide. Il s’ensuit la dissociation du récepteur, de la protéine
a liant le GTP, et du complexe Py. Ces deux derniers vont alors stimuler indépendamment
leurs effecteurs, avant que l’hydrolyse du GTP, catalysée par les sous-unités a, ne favorise
leur réassociation et ne marque ainsi la fin de leur activation.
Figure 1:
Cycle d’activation d’une protéine G par un récepteur. La protéine G est inactive dans l’état n°l (la sous-unité a lie le GDP). Le récepteur stimule la libération du GDP. L’état n°2 est caractérisé par l’absence de liaison de nucléotide. Cet état est transitoire, car le GTP s’associe rapidement au site vide de nucléotide. On observe alors la dissociation du complexe récepteur, a-GTP, et Py (état n°3). Les deux sous-unités vont alors activer des effecteurs, El et E2.
L’hydrolyse du GTP lié à a met fin à l’activation de l’effecteur El. Le mode d’inactivation de
E2 est ineonnu (? sur la figure). (D’après Bockaert et al., 1995).
b) LES MECANISMES DE TERMINAISON DU SIGNAL:
Plusieurs boucles de rétrocontrôle sont responsables de la désactivation des récepteurs et protéines G. On peut les distinguer en fonction de leur cinétique d’action (rapide ou lente), de leur spécificité (désensibilisation homologue, spécifique d’un signal, ou hétérologue, de spécificité croisée avec d’autres signaux), et de leur niveau d’action (protéine G, récepteur).
Au niveau des protéines G, c’est l’activité GTPase intrinsèque (qui est en outre stimulée par certains effecteurs (Taussig et al., 1993)) qui détermine leur inactivation rapide. Des mutations conférant aux protéines G une activation constitutive (c’est-à-dire indépendamment de tout stimulus) sont responsables de pathologies humaines, et semblent bien résulter dans la plupart des cas d’une déficience en activité GTPase (Bockaert, 1995). A plus long terme, la répression de l’expression (Milligan, 1995), ou l’augmentation la dégradation (Lohse, 1993) des protéines G sont responsables d’une régulation négative.
Au niveau des récepteurs, la terminaison de l’activation se déroule selon deux modalités
principales, elles aussi différenciées selon leur cinétique: la désensibilisation ou découplage
fonctionnel (phénomène rapide), et la régulation négative du nombre de récepteurs
(phénomène à long terme). La désensibilisation rapide résulte principalement de la
phosphorylation du récepteur. Celle-ci peut résulter de l’action de kinases dépendantes de
seconds messagers, comme la PKA ou la PKC (Lohse, 1993). Il en résulte une
désensibilisation hétérologue du récepteur. La phosphorylation est aussi le fait de la
collaboration de deux protéines spécialisées dans la désensibilisation homologue: les kinases
de récepteurs G-couplés (ou GRK, qui phosphorylent sélectivement les formes activées de
RCPG), et les arrestines (Lefkowitz, 1993; Haga et al., 1994). Il existe au moins six formes de
GRK et quatre formes d’arrestine, qui présentent chacune un profil d’expression qui lui est
propre, et sans doute une spécificité de substrat différente (Steme-Marr and Benovic, 1995).
Ansi, la rhodopsine-kinase (GRKl) est préférentiellement exprimée dans la rétine, où elle phosphoryle sélectivement la rhodopsine activée. Cette phosphorylation va permettre la liaison de l’Arrestine-l, elle-même responsable de l’inhibition de toute interaction entre rhodopsine et protéine G. A plus long terme, la diminution de réponse d’un récepteur à son ligand est assurée par la régulation négative (« dovm-regulation »), qui se traduit par une diminution du nombre de récepteurs activables à la membrane plasmique. Cette régulation, dépendante des seconds messagers, peut se dérouler à plusieurs niveaux (dégradation des récepteurs, déstabilisation de leur ARN messager, répression de l’expression de leur gène) (Lohse, 1993).
2. CLASSIFICATION / STRUCTURE / RELATIONS STRUCTURE- FONCTION
a) C lassification et structure :
En fonction de leur structure primaire, les RCPG ont été classés en trois grandes sous-
familles: La première comprend les récepteurs métabotropiques au glutamate et les senseurs
du calcium extracellulaire, la deuxième comprend une fraction des récepteurs peptidiques
(dont les récepteurs au glucagon et à l’hormone parathyroïdienne), et la troisième, de loin la
plus nombreuse, comprend tous les autres groupes. Au sein de chacun de ces groupes, les
différents récepteurs présentent des similitudes de structure primaire importantes, en
particulier dans les domaines supposés transmembranaires (cf infra). L’analyse structurale
réalisée par l’alignement et la comparaison de leur séquence en acides aminés permet de
définir des groupes de RCPG (Figure 2).
Figure 2:
Dendrogramme représentant les similitudes existant entre les différents groupes de récepteurs couplés aux Protéines G clonés à ce jour, dans les trois familles structurelles. Les dendrogrammes ont été réalisés par le programme d’alignement multiple Pile up de GCG.
L’analyse tient compte, pour chaque récepteur, d’un segment de 120 acides aminés recouvrant
les trois premiers segments transmembranaires, à l’exclusion du domaine amino-terminal
extracellulaire. (D’après Parmentier et al., 1995).
Cette classification est le plus souvent corrélée avec les classifications pharmacologiques des récepteurs (par exemple, tous les récepteurs aux amines biogéniques constituent un groupe structural homogène), mais cette règle peut souffrir quelques exceptions (par exemple, le récepteur à la mélatonine est structurellement le plus apparenté à certains récepteurs peptidergiques).
Il faut noter ici que certaines molécules réceptrices non apparentées à la famille des RCPG interagissent cependant avec des protéines G trimériques, comme par exemple un des récepteurs spermatiques à la protéine ZP3 de l’enveloppe de l’ovule (Gong et al., 1995).
Tous les RCPG présentent une structure tridimensionnelle commune, dite à sept domaines transmembranaires. Chaque récepteur est en effet constitué d’une chaîne polypeptidique monomérique comprenant sept segments hydrophobes agencés en autant d’hélices a transmembranaires, séparées par trois boucles intra- et trois boucles extracellulaires (Figure 3). Cette structure particulière est analogue à celle de la bactériorhodopsine, une protéine bactérienne photoactive liant le rétinal, dont la strucure tridimensionnelle a pu être déterminée par cryomicroscopie à haute résolution (Henderson et al., 1990). Cette structure a servi de base à toutes les modélisations moléculaires de récepteurs couplés aux protéines G, qui ont trouvé une première eonfirmation expérimentale par l’obtention de la structure bidimensionnelle « projetée » de la rhodopsine (Schertler et al..
1993).
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Organisation transmembranaire des récepteurs G-couplés. Le récepteur à la thyrotropine est
représenté à titre d’exemple. Les caractéristiques structurales rencontrées chez la plupairt des
récepteurs de cette famille sont indiquées. Les sites de glycosylation sont représentés par des
Y, les sites de phosphorylation par la PKA et la PKC par P.
b) BASES MOLECULAIRES DE L’INTERACTION LIGAND-RECEPTEUR:
L’étude des relations structure-fonction de ces récepteurs s’est surtout centrée sur quelques récepteurs utilisés comme modèles, comme les récepteurs adrénergiques, muscariniques, ou la rhodopsine (strader et al., 1994; Hibert et al., 1993). Dans le cas de ces récepteurs, des expériences de mutagénèse dirigée et de modélisation ont démontré le rôle prépondérant des domaines transmembranaires dans la liaison des ligands. Les sept domaines transmembranaires sont étroitement accollés, formant ainsi une poche hydrophobe profondément enfouie dans la membrane plasmique, où vient se loger le ligand spécifique.
Certains résidus-clés de la poche de liaison on pu être identifiés. C’est le cas par exemple du résidu Aspartyl-113, présent dans le domaine transmembranaire 111 des récepteurs catécholaminergiques, et qui est responsable de l’interaction spécifique avec le groupement aminé des ligands correspondants.
Pour d’autres récepteurs, le site de liaison inclut également les boucles extracellulaires, comme c’est le cas pour certains récepteurs peptidiques (substance P, interleukine 8). Enfin, certains récepteurs lient leur agoniste via un grand domaine N-terminal extracellulaire, tels les récepteurs des hormones glycoprotéiques, du glutamate, et du calcium (Parmentier et al., 1995).
Il est intéressant de noter que certains récepteurs possèdent plusieurs sites de liaison en
fonction du ligand considéré, comme c’est le cas pour le récepteur NKl à la Substance P, qui
possède, en sus d’un site spécifique de liaison de son ligand physiologique, deux autres sites
indépendants responsables de la liaison d’un agoniste et d’un antagoniste de synthèse
(Bockaert, 1995).
C) BASES MOLECULAIRES DE L’INTERACTION RECEPTEUR-PROTEINES G:
Les bases moléculaires des interactions récepteurs-protéines G sont moins bien établies.
Pour la plupart des récepteurs étudiés à ce jour, les boucles intracellulaires, et en particulier la troisième, semblent contenir les domaines essentiels d’interaction avec les protéines G. La spécificité d’interaction entre un récepteur et différentes protéines G dépend également des boucles intracellulaires, n’impliquant parfois qu’un nombre très limité de résidus (Strader et al., 1994); cependant, aucune donnée ne permet à l’heure actuelle de prédire la spécificité d’un récepteur donné pour l’une ou l’autre protéine G sur la seule base de sa séquence.
d) BASES MOLECULAIRES DE L’ACTIVATION DU RECEPTEUR / NOTION
d ’ activation constitutive :
Si la dissection moléculaire de la liaison du récepteur à ses ligands, ou de l’interaction avec les protéines G a fortement progressé au cours de ces dernières années, les mécanismes responsables du couplage entre la liaison de l’agoniste et l’activation du récepteur restent une énigme. Qu’est ce qui différencie un récepteur activé d’un récepteur au repos? Quelle est la nature des changements conformationnels que subit un récepteur après la liaison d’un agoniste ou d’un antagoniste? L’approche expérimentale de ces problèmes cruciaux s’avère difficile.
Dans ce contexte, un dernier apport particulièrement intéressant de la mutagenèse dirigée et de
la génétique moléculaire des RCPG concerne les conséquences inattendues de certaines
mutations ponctuelles, qui confèrent au récepteur une activité intrinsèque, c’est à dire la
capacité de stimuler les protéines G en l’absence de tout ligand (Lefkowitz et al., 1993). Ainsi,
le remplacement du résidu Alanyl-293 (localisé dans la troisième boucle intracellulaire) d’un
récepteur al-adrénergique par n’importe quel autre acide aminé, confère à ce récepteur la
faculté d’activer une protéine G en l’absence de tout agoniste (Lefkowitz et al., 1993). Des
mutations conférant une activation constitutive ont été décrites pour plusieurs autres récepteurs, dont certaines sont responsables de pathologies humaines, comme par exemple les adénomes thyroïdiens résultant de mutations somatiques activatrices du récepteur à la thyrotropine (Parma et al., 1993). Plus surprenant encore, certains récepteurs (récepteur 5HT2c de la sérotonine (Barker et al., 1994), récepteur à la thyrotropine (Parma et al., 1993)), présentent une activité intrinsèque significative à l’état naturel, sans mutation. Ces différentes données suggèrent que l’état actif d’un récepteur ne constitue qu’une des conformations possibles, et que le ligand agit en rendant cette conformation plus stable, donc plus probable:
c’est l’hypothèse de la sélection conformationnelle (Kenakin, 1995). L’existence de plusieurs états conformationnels actifs distincts n’est de plus pas exclue. Les phénomènes d’activation constitutive remettent également en question les notions de base de pharmacologie concernant les agonistes et les antagonistes, en révélant l’existence d’agonistes inverses, ligands capables d’inhiber l’activité intrinsèque des récepteurs (Schütz and Freissmuth, 1992).
3. PLEÏOTROPIE ET SPECIFICITE DE LA TRANSDUCTION INTRACELLULAIRE DES SIGNAUX BIOLOGIQUES
Une question fondamentale de la transduction des signaux biologiques concerne les
bases moléculaires de la diversité et de la spécificité des processus intracellulaires engendrés
en réponse aux stimulis extérieurs. Comment une même hormone est-elle capable de générer
des signaux intracellulaires multiples, et différents en fonction de la cible cellulaire
considérée? L’apport de la biologie moléculaire a sans doute été déterminant pour tenter de
répondre à cette question, en permettant le clonage moléculaire de familles de gènes de
signalisation intracellulaire, et leur étude dans des systèmes « reconstitués » ou d’expression
hétérologue (Hedin et al., 1993). En fait, im nouveau degré de complexité est atteint à chaque
étape de la transduction du signal. Tout d’abord, la plupart des ligands agissent via plusieurs récepteurs aux propriétés pharmacologiques différentes (par exemple, pas moins de 13 récepteurs à la sérotonine ont été clonés). Une fois stimulé, chacun de ces récepteurs est capable d’activer un ou plusieurs types particuliers de protéines G. Il existe en effet plus de vingt sous-unités a différentes (regroupées en quatre familles en fonction de leur structure primaire: a^, aj, ttq, et ai
2), et de multiples sous-unités Py, résultant de la combinaison de 5 sous-unités P, et 9 sous-unités y. Ces différentes sous-unités a et Py se distinguent par leurs cibles effectrices différentes, qui peuvent être multiples (par exemple les sous-unités a-, sont capables d’inhiber Tadenylyl-cyclase et d’activer un canal potassium) (Emala et al., 1995).
D’autre part, chaque effecteur lui-même existe sous plusieurs isoformes différentes (par exemple, huit formes différentes d’adenylyl-cyclase ont été clonées à ce jour, qui se distinguent drastiquement par leurs propriétés et leur régulation (lyengar, 1993)). Enfin, les seconds messagers générés peuvent eux-mêmes influencer l’activité de certains effecteurs, permettant la communication croisée entre voies de signalisation parallèles (Raymond, 1995).
La figure 4 donne une idée -partielle- de cette complexité.
riïiTn
Adénytyl-cyclase (+)
Canaux Ca'^
{+)
,2+
cGMP- Adénylyl-cyclase Canaux Ca2+
phospfio- (-) (-)
diesterase Canaux K+ Canaux K+
(+) (+) (+)
Adénytyl- Phospholipase C Echangeur Ha*l H+
cydase ( p1 ,fl3 ) (+) (-) (+) Phospholipase A 2
{+)
(CTX) (CTX, PTX) (PTX) (PTX)
N
0.3