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Submitted on 1 Jan 1964
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Constantes optiques et pouvoir réflecteur de couches minces de fluorures dans l’ultraviolet lointain
D. Fabre, Mm J. Romand, B. Vodar
To cite this version:
D. Fabre, Mm J. Romand, B. Vodar. Constantes optiques et pouvoir réflecteur de couches minces de fluorures dans l’ultraviolet lointain. Journal de Physique, 1964, 25 (1-2), pp.55-59.
�10.1051/jphys:01964002501-205500�. �jpa-00205764�
55.
CONSTANTES OPTIQUES ET POUVOIR RÉFLECTEUR
DE COUCHES MINCES DE FLUORURES DANS L’ULTRAVIOLET LOINTAIN Par Mlle D. FABRE, MM. J. ROMAND et B. VODAR,
Laboratoire des Hautes Pressions, C. N. R. S., Bellevue (Seine-et-Oise).
Résumé.
2014Après avoir rappelé le principe de la méthode de détermination dans l’ultraviolet lointain, des constantes optiques de couches minces diélectriques, on présente les résultats relatifs à quelques fluorures alcalins et alcalino-terreux.
Les variations, avec l’épaisseur du dépôt, du facteur de réflexion superficiel, vide-couche, peuvent
se relier à la structure de la couche, et l’on en déduit un ordre de grandeur des dimensions moyennes des irrégularités en profondeur de la surface du dépôt.
Abstract.
2014After reviewing the principle of the method for determining, in the far ultraviolet,
the optical constants of thin dielectric films, results for some alkali fluorides and alkaline earth fluorides are presented.
The variations, with film thickness, of the vacuum-film surface reflecting power, can be related to the layer structure, and the order of magnitude of the surface irregularities on the coating
can be deduced.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE TOME 25, JANVIER-FÉVRIER 1964,
Une m6thode simple pour 6tudier les proprietes optiques de lames minces solides 6vapor6es, dans
l’ultraviolet lointain, a ete d6crite ant6rieu- rement [1] ; nous rappellerons brievement son prin- cipe :
On realise sur un support quelconque, une couche
en coin du corps a 6tudier, et l’on eff ectue un enre-
gistrement de l’intensit6 r6fl6chie, sous incidence normale, par la lame en fonction de 1’epaisseur du depot ; ceci pour chaque longueur d’onde du do- maine spectral int6ress6.
Dans le cas des corps de faible absorption, les enregistrements obtenus présentent 1’allure gene-
rale de la figure 1.
FIG. 1.
-Pouvoir r6flecteur th6orique, sous incidence nor- male, d’une couche mince faiblement absorbante, en f’onction de son epaisseur, pour une longueur d’onde
donnee.
Les conditions particuli6res r6alis6es dans l’ultra- violet lointain, permettent de negliger les r6-
flexions multiples a l’int6rieur de la couche, et justifient la representation simple de la courbe
expérimentale par la fonction :
ou p repr6sente le pouvoir r6flecteur vide-couche, p’ le pouvoir r6flecteur couche-support, v et x les
constantes optiques du dépôt, d 1’6paisseur, et cp la
somme dqs d6phasages qui ne sont pas dus a la
travers6e de la lame, et qui sont inconnus ; le
coefficient m est peu different de 1, dans la plupart
des cas ou la m6thode est applicable.
L’étude analytique de la fonction R permet de determiner p, p’, v et x pour chaque longueur d’onde ; chaque enregistrement fournit une s6rie
de valeurs de p, p’ et v pour différentes 6paisseurs ;
leur 6ventuelle variation permet de mettre en evi- dence un changement de structure avec Fepaisseur
du depot.
Cette m6thode a ete appliqu6e a quelques fluo-
rures alcalins et alcalino-terreux dans la region spectrale 2 500 - 1000 A. Les figures 2 a 5
montrent les variations avec la longueur d’onde
des constantes optiques de quelques uns de ces
corps : elles permettent de pr6ciser leur premiere
bande d’absorption ultraviolette
-vers 1220 A
pour BaF2, 1 170 A pour NaF, 1 100 A pour CaF 2
et 1030 A pour MgF 2 - g6n6ralement attribuée 6
des transitions 6lectroniques entre la bande de valence et le premier niveau d’exciton ; cette
bande est th6oriquement double, mais dans l’état
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01964002501-205500
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FIG. 2.
-Constantes optiques v et x du fluorure de sodium en couche mince, en fonction de la longueur
d’onde.
FIG. 3.
-Constantes optiques du fluorure de magnésium
en couche mince, en fonction de la longueur d’onde.
actuel de notre appareillage et a la temperature ambiante, l’6cart entre les composantes (0,05 eV),
est trop faible pour etre r6solu. La travers6e de la bande d’absorption s’accompagne de façon clas- sique, d’une dispersion anormale. Dans le cas du fluorure de calcium (fig. 4), nos r6sultats, dans la region d’absorption, sont en bon accord avec ceux
obtenus par R. Tousey [2] pour de la fluorine a 1 etat massif.
FIG. 4.
-Constantes optiques du fluorure de calcium en
couche mince, en fonction de la longueur d’onde.
FIG. 5.
-Constantes optiques du fluorure de baryum en
couche mince, en fonction de la longueur d’onde.
Les courbes presentees correspondent a une
valeur moyenne des r6sultats obtenus ; en effet,
comme la plupart des auteurs ayant 6tudi6 les
propri6t6s optiques de couches minces évapörées,
nous avons observe des divergences d’un échantil-
lon a 1’autre ; de plus, pour une meme lame, on
constate parfois une variation des diverses quan- tit6s mesur6es avec l’épaisseur : ces variations sont
repr6sent6es, par exemple, sur la figure 5 corres- pondant au fluorure de baryum, ou les points entou-
rant la courbe de dispersion, pour chaque longueur d’onde, correspondent h des mesures de l’indice de refraction pour differentes 6paisseurs (entre 150
et 1500 A), sur une meme couche en forme de coin. N6anmoins, pour une 6paisseur donn6e les profils spectraux restent tout a fait reproductibles.
Si le pouvoir r6flecteur vide-couche, p, n’est pas tres sensiblement dependant de 1’6paisseur du depot dans le cas du fluorure de magnesium (du
moins pour des films d’épaisseurs inf6rieures à
quelques milliers d’Angstroms), il n’en est pas de meme pour les autres corps etudies. La figure 6 montre, par exemple, les variations de p en fonc-
FiG. 6.
-Variations du pouvoir réflecteur vide-couche, p, d’un depot de fluorure de lithium sur verre, en fonction de son épaisseur, pour difiérentes longueurs d’onde.
tion de l’épaisseur du depot, mesur6es pour une couche en coin de fluorure de lithium variant de 0 a 4 500 Å, et pour différentes longueurs d’onde. On peut observer un palier initial peu incline) puis une
forte d6croissance de p avec 1’epaisseur du depot ;
la diminution relative de p est d’autant plus grand
que la longueur d’onde est plus courte, et 1’6pais-
seur de la couche a laquelle s’amorce cette dimi- nution, croit avec la longueur d’onde.
Dans le cas du fluorure de baryum, et surtout du fluorure de calcium pour lequel le phenomene est le plus accentué, p commence a diminuer des les plus
faibles 6paisseurs se pretant a son calcul, et l’on
n’observe plus Ie palier. Le fluorure de sodium se
comporte un peu diff6remment, et l’on constate parfois, d’abord une augmentation de p aux faibles 6paisseurs, suivie d’une d6croissance analogue à
celle observ6e pour les autres fluorures, mais la re- productibilit6 de ces variations est tres mediocre ;
la plus forte r6activit6 du fluorure de sodium par rapport a la vapeur d’eau r6siduelle peut etre a l’origine de ce comportement.
Dans tous les cas, on constate, comme nous 1’avons mentionné ailleurs [1], qu’il n’y a pas
correspondance entre les variations de p et celles observ6es pour v et x en fonction des memes
6paisseurs ; les constantes optiques mesur6es 6tant relatives au depot dans sa masse, c’est done dans
un ph6nom6ne purement superficiel qu’il faut
rechercher l’explication de la diminution de p.
L’exanien de quelques couches au microscope 6lectronique, a montre que : en dehors de quelques
ilots plus grossiers probablement responsables
d’une 16g6re diffusion qui prolonge le spectre d’absorption vers les grandes longueurs d’onde
dans la region de transparence du cristal a l’état
massif
-la surface des depots est constitu6e geiie-
ralement de grains de dimensions moyennes tr6s inf6rieures aux longueurs d’onde de notre domaine spectral d’étude ; nous pouvons donc assimiler nos couches au modele trait6 th6oriquement par P. Bousquet [3], [4], c’est-a-dire celui d’une surface
irr6guli6re d’équation z
=e(r, y) de forme telle que, dans la representation de la fonction e(x, y)
par une int6grale de Fourier, les termes pr6pon-
d6rants soient les composantes de p6riode spatiale
bien inférieure a la longueur d’onde ; A ces compo- santes ne correspond aucune 6nergie diffus6e dans
des directions reelles ; cependant elles condition- nent la forme des ondes r6guli6rement réfléchie et
transmise et il en r6sulte pour la surface, des fac-
teurs de reflexion et de transmission diff6rents de
ceux relatifs a un dioptre plan. En conclusion, Bousquet montre que 1’amplitude du champ 6lee- trique r6fl6chi par une telle surface s6parant deux
milieux d’indices respectifs 1 et n, a pour expres- sion
où k
=21t/À,
Ei est I’amplitude du champ incident,
et e2 I’amplitude quadratique moyenne des irrégu-
larites superficielles.
Nos mesures s’étendent de part et d’autre de la limite de transparence des corps étudiés ; dans la
mesure où ]a taille moyenne des grains est tr6s
inférieure a la longueur d’onde et ou x reste faible,
on peut montrer en s’appuyant sur les calculs de Bousquet, que 1’expression (2) dans laquelle on
donne a l’indice n sa forme complexe v
-jx est
encore valable en premiere approximation ; le fac-
teur de réflexion devient alors
d’ou, en appelant p,, le facteur de reflexion du
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dioptre en l’absence d’irrégularités superficielles, et
en posant po
-p
=Ap,
pour une epaisseur de la couche caract6ris6e par des irrégularités superficielles de carr6 moyen e2.
On voit l’importance du role de l’indice de r6frac- tion dans 1’abaissement du pouvoir r6flecteur, pour
une structure donn6e, par rapport a celui de l’indice d’extinction x qui n’intervient que par des termes
d’ordre superieure.
Lors’que k2 e2 est tres inf6rieur 6 1, le produit ( x2 Jv) (Ap/po) est pratiquement independant de la longueur d’onde et fournit immédiatement la valeur de e2 ; lorsque k2 e2 devient plus important,
on peut tracer la courbe (D) (voir fig. 8 plus loin),
relative a une epaisseur donn6e, qui doit etre lin6aire ; l’ordonn6e a l’origine de la droite repre-
sentative permet d’6valuer E2 pour 1’epaisseur con-
sid6r6e.
Nous avons introduit les termes du second degre
en k2 e2 dans la relation (3), parce que l’expérience
montre qu’ils jouent un role dans les variations
spectrales de Ap/po ; cependant leur coefficient est
plus qu’approximatif, puisque les hypotheses de base, et en particulier la relation d’origine (2), supposent une limitation aux termes du premier degr6 en k 2 e2. Ce coefficient determinant la pente
des courbes (D), il serait donc illusoire de vouloir 6valuer E2 d’après la mesure de cette pente, qui est
elle-mame peu precise. Cependant les valeurs trou- vees a partir des pentes des courbes (D) (voir fig. 8 plus loin) donnent un ordre de grandeur
correct.
Posons
"2 i "21
que nous consid6rons donc comme un simple terme
correctif.
il vient,
Nous en d6duisons que, si la structure super- ficielle de la couche correspond au schema propose,
le profil spectral de la courbe (C) obtenue en
portant
2 A -en fonction de X, doit etre similaire de celui de la courbe de dispersion.
Nous avons choisi le fluorure de baryum comme exemple, en prenant les valeurs de v et x sur les courbes de dispersion représentant la moyenne des
r6sultats relatifs a ce corps ; la valeur de po a 6t6 d6termin6e par la mesure de p pour une epaisseur
de depot d’environ 150 A.
FIG. 7.
-Courbe de dispersion du fluorure de baryum.
Courbes (C),
relatives a une couche evaporee de fluorure de baryum (age 10 jours) pour deux 6paisseurs di ~ 1 100 Å et d2 ~ 2 000 Å.
On peut remarquer ( fig. 7), la similitude de profil
de la courbe de dispersion et des courbes
relatives a deux 6paisseurs de fluorure de baryum repérées, sur une meme lame en forme de coin, et respectivement de 1 100 et 2 000 A environ. Cette
figure constitue une confirmation qualitative des hypotheses sur lesquelles est bas6e la pr6sente inter- pr6tation.
La figure 8 montre les variations de
en fonction de
pour les deux 6paisseurs consid6r6es ; on constate
que ces variations sont pratiquement lin6aires, aux
erreurs experimentales pr6s.
Les courbes en pointiII6 sont le r6sultat de
mesures effectu6es sur la lame le lendemain de sa
realisation. On d6duit de ces courbes :
Les courbes en trait plein sont relatives a la meme lame, apr6s une dizaine de jours d’expo-
sition a un vide primaire ; la comparaison avec les
mesures effectu6es peu apr6s 1’evaporation, met en
evidence une 16g6re augmentation de v, d’envi-
ron 3 %, surtout sensible vers les grandes 6pais-
seurs. po ne change pratiquement pas ; en revanche,
on peut voir sur la figure 8 que le rapport Ap/po
s’est notablement modifie. Les valeurs deB/s2 sont
devenues respcetivement environ 35 A et 50 A.
À2 P
FIG. 8.
-Variations de X2 v p o Ap en fonction de V2 + X2 1 v V2’
(courbes D) relatives a une couche 6vapor6e de fluorure
de baryum pour deux 6paisseurs d1 ~ 1 100 A et d2 ~ 2 000 A.
Age 1 jour.
age 10 jours.
On peut penser que, lorsque 1’epaisseur du depot augmente, au cours de sa formation, les cristallites
se developpent ’plut6t, en hauteur. En effet, Campbell et al. [5] .ont montre, apr6s examen au microscope 6lectronique de films obtenus par eva-
poration, qu’il en 6talt ainsi dans le cas du fluorure de lithium pour des 6paisseurs sup6rieures a envi-
ron 200 A. D’autre part, on peut penser qu’avec le vieillissement, les ilots f ormes auraient tendance à s’étaler et a s’aplatir, d’au une diminution de la profondeur des failles initiales ; il doit alors en
resulter pour la couche de transition vide-film prin-
cipal, une augmentation du coefficient de remplis-
sage, donc de l’indice et de p ; sa contribution a l’indice moyen de la couche aurait ainsi pour effet
une 16g6re augmentation de ce dernier avec le temps.
La croissance de la taille des irrégularités, avec 1’epaisseur des couches, est probablement due au
mecanisme meme de formation de ces irrégularités qui seraient f ormees par des eff ets d’ « ombre » à
partir des def auts pr6existants du support ; un tel
mecanisme conduit a une croissance préférentielle
des cristallites suivant une direction perpendi-
culaire au plan de la couche.
Discussion
M. ELLIS.
-Have you electron micrograph of
these films from which s may be determined ? Ml’e FABRE.
-No.
M. GRARD: - Je voudrais demander a Mlle Fabre
ou a M. Bousquet si les variations des constantes
optiques en fonction de 1’epaisseur ne pourraient pas etre interpretees en red6terminant ces cons-
tantes a partir des memes donn6es experimentales,
mais en utilisant la formule du pouvoir de reflexion qui tient compte des irrégularités de surface.
II conviendrait d’introduire une valeur a priori
de e2.
Dans quelle mesure les constantes optiques d6ter-
min6es seraient-elles différentes de celles presentees
durant 1’expos6 ?
-