HAL Id: jpa-00237921
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Submitted on 1 Jan 1882
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Sur la théorie de l’entretien des courants électriques par le travail mécanique, sans employer d’aimants
permanents
J. Clerk Maxwell, M. Brillouin
To cite this version:
J. Clerk Maxwell, M. Brillouin. Sur la théorie de l’entretien des courants électriques par le travail mécanique, sans employer d’aimants permanents. J. Phys. Theor. Appl., 1882, 1 (1), pp.20-28.
�10.1051/jphystap:01882001002001�. �jpa-00237921�
20
On retrouve
ici,
comme en Thermochimie et dans une mul- titude dephénomènes naturels,
la notionmécanique
de la moindre action.SUR LA THÉORIE DE L’ENTRETIEN DES COURANTS ÉLECTRIQUES PAR LE TRA- VAIL
MÉCANIQUE,
SANS EMPLOYER D’AIMANTS PERMANENTSPAR M. J. CLERK MAXWELL.
Traduit par M. BRILLOUIN.
1. Les machines récemment
(2)
mises sous les yeux de la So- ciétéRoyale
par M. C.-W. Siemens et leprofesseur
Ch. Wheatstone consistent essentiellement en deuxélectro-aimants,
l’unfixe,
l’autremobile,
dont les bobines sont mises en communicationpar l’inter-
médiaire d’un commutateur.
Les
électro-aimants,
dans les machinesactuelles,
ont des noyauxde fer doux
qui augmentent
considérablement les effetsmagnétiques
dus aux
bobines ; mais,
poursimplifier
autant quepossible
la théo-rie, je
commencerai par supposer que les bobines n’ont pas de fer.Pour fixer les
idées, je
leur donnerai la formed’anneaux,
dont leplus petit
tourne à l’intérieur duplus grand
autour d’un diamètrecommun.
Les
équations
des courants dans deux circuits voisins sont don- nées dans mon Mémoire Sur lechantp électromagnétique
et sontnumérotées
(4)
et(5) (3):
oû x et y sont les
courants, ç, n
les forcesélectromotrices, R,
Sles résistances des deux circuits.
L,
N sont les coefficients de self-(’ ) PhilosophicallJfagazine7 46 série, t. I, p. i7i-f479; 1867.
(2) Royal Society, séances du 14 février 1867, du 14 mars 186’).
(3) MAXWELL, A Treatise on electricit,y and magnetism, t. II, chap. VII, p. 2°9’
Ce sont d’ailleurs les équations connues de l’induction.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:01882001002001
21
induction des deux
circuits,
c’est-à-dire leurspotentiels
sur eux-mêmes pour un courant
égal
àl’unité ,
et M est leur coefficient d’inductionmutuelle, qui dépend
de leur situation relative. Dans lesystème électromagnétique
de mesures,L,
1B1 et N sont deslignes
et
R,
S des vitesses.L peut être
appelé,
parmétaphore,
l’inertieélectrique
du pre- miercircuit,
N celle dusecond, L + 2M+ N
celle du circuit total.2. Examinons d’abord le cas où les deux circuits sont réunis et
les deux bobines en repos, de manière que M soit constant. Alors
on a
d’où
où xo est la valeur initiale du courant. Cette
expression
montreque le courant, abandonné à lui-même dans un circuit
fermé,
diminue
graduellement.
Posant
on a
La valeur du
temps T dépend
de la forme des bobines. Dans des bobines de forme extérieuresemblable
varieproportionnelle-
ment au carré des dimensions linéaires et en raison inverse de la résistance de l’unité de
longueur
d’un filayant
pour section lasomme des sections des fils
qui
traversent l’unité de section de la bobine.Dans la
grande
bobineemployée
à la détermination de l’unité B. A. de résistance en1864,
T était environOs, 01.
Dans les bo-bines
d’électro-aimants, "t
estbeaucoup plus grand,
et,quand
unnoyau de fer y est
placé ,
l’accroissement de z est encoreplus
fort.
22
3. Déterminons maintenant Fenet d’un
changement brusque
de
position
de la bobinemobile, pendant lequel
la valeur de Mpasse de
1Bfl
àM2
et le courant de XI à x2 en untemps
l2 - ti.Intégrant l’équation (i)
parrapport à t,
nous avonsSi nous supposons le
temps
assez court pourqu’on puisse
né-gliger
lepremier
terme enprésence
des autres, nous trouvonspour effets d’un
changement
instantané deposition
Cette
équation peut
êtreinterprétée,
dans lelangage
de la théoriedynamique,
en disant que laquantité
de mouvement électro-magnétique
du circuit reste la mêmeaprès
unchangement brusque
de
position.
Pour déterminer le rôle du commutateur, supposons.qu’à
un moment donné des courants x, y existent dans les deux bobines etqu’à
cet instant on réunisse les deux bobines en un cir-.cuit;
soit x’ le courant aussitôtaprès
la réunion. La mêmeéqua-
tion
(1) donne
Cette
équation
montre que laquaiztité
de mouvement électro-magnétique
du circuit entier estégale
à la somme desquantités
de mouvement
électromagnétique
quepossédait chaque
bobinejuste
avant la réunion.4. Le commutateur
peut présenter quatre
variétés suivant l’ordre danslequel
les contacts sont établis ou rompus. Si A et B sont les extrémités dupremier circuit,
C et D celles dusecond,
et si nousmettons entre
parenthèses
lesparties
en contactélectrique,
lesquatre
variétés sontreprésentées
par le Tableau suivant :23
Avec le
premier
genre de commutateur, le circuit demeure inin-terrompu,
et,quand l’opération
estterminée,
deux courantségaux
et de directions contraires sont combinés en un seul. Dans ce cas
y = - x, et l’on a
Lorsqu’il
y a des noyaux de fer dans les bobines ou des circuitsmétalliques qui peuvent
être parcourus par des courantsindépen- dants,
leséquations électriques
sontbeaucoup plus compliquées
et contiennent autant de variables
indépendantes qu’il
y a de quan-,
tités
électromagnétiques indépendantes.
Je ne tiendrai donc pascompte
des noyaux defer,
sauf en cequi
concernel’augmentation
des valeurs de
L, M,
N.3. Je
supposerai
aussi que la bobine mobile est d’abord dansune
position
oii M est nul etqu’elle
tournejusqu’à
uneposition
oùla nouvelle valeur de M est -
MI,
cequi
accroît le courant dans lerapport
deL + N à L - 2M1 + N.
Le commutateur est alors ren-versé. Cela diminue le courant dans un
rapport qui dépend
de lanature du commutateur.
Le circuit mobile est alors
déplacé,
et M passe de +M,
à o,ce
qui
accroît le courant dans lerapport
deL + 2M1 + N
àL+N.
Durant tout ce mouvement, le courant a aussi diminué avec une
rapidité qui
varie suivant la valeur de L -I- 2 M +N; mais, puisque
31 varie de +
Mo
à -Mo,
nous pouvons, dans une théorie appro-chée,
supposer M nul dansl’expression
de la diminution du cou-rant (1).
Si la bobine mobile fait une demi-révolution
pendant
letemps T,
alors lerapport
du courant xiaprès
une demi-révolution au cou- rant xo sera(1) J’ai ajouté là des indices aux difl’érentes valeurs de 1B1. est la valeur maxi- mum, M, est la valeur qui correspond à la position du commutateur. Troir d’ail- leurs la Note ci-après. (Note du traducteur.)
24 où
et i- est un
rapport qui dépend
du commutateur.Pour le
premier
genre,En accroissant la
vitesse,
T diminueindéfiniment,
en sorte que laquestion
de l’entretien du courant revient à savoir si r estsupé-
rieur ou inférieur à i .
Lorsque
7" estsupérieur
à + i ou inférieurà - I le courant
peut
être entretenu en donnant à la machine unevitesse suffisante. Il sera
toujours
dans la même direction pour lepremier
cas ; il sera alternatif dans le second.Lorsque
r est com-pris
entre +1 et - i, aucun courant nepeut
être entretenu(’ ).
6.
Supposons qu’il
yait p
tours de fil sur lapremière
bobine etq sur la
secon de ;
alors nous pouvons écrirel,
m, n étant desquantités qui dépendent
de la forme et de la po- sition relative des bobines.Puisque L - 2M + N
doittoujours
être une
quantité positive (c’est
le coefficient de self-induction du circuitentier),
In -m2,
et par suite LN -M2,
doit êtrepositif (2).
(1 ) C’est ce qui arriverait si l’appareil tournait en sens inverse; le commutateur diminuerait toujours le courant, quelles que soient les bobines, le rapport r étant
(’l) Cette phrase ne paraîtra peut être pas suffisamment claire. Je vais essayer de rétablir les idées sous-entendues.
1° De ce
que L 2 N
est toujours plus grand que .M, on ne peut pas conclure direc-2
tement que LN - M2 est toujours positif,; car la moyenne
arithmétique L + N2 de
deux quantités positives est toujours plus grande que leur moyenne géométrique
ViN.
2° Quand les circuits formés par un seul tour sont simples (sans points doubles, etc.),
on reconnaît facilement, au moyen des lignes de force, qu’on a séparément nz 1, m C n. Cela ne serait plus exact pour des circuits complexes ou formés de plusieurs
25
Lorsque
le commutateur est de lapremière
sorte, le rapport rest
plus grand
que i, pourvu que pm, soitplus grand
que qiz, etlorsque
,on a
ce
qui
est le maximum de r..
Lorsque
lerapport -
estcompris
entre n etm1,
r est compriseq Ml l
entre + i et - i , et le courant diminue.
Mais, lorsque pl
estmoindre que qm1, un courant alternatif peut être entretenu; son accroissement le
plus rapide
a lieulorsque
et
tours, la seule propriété qui subsiste alors étant
3° Sans rien supposer sur la forme des circuits d’un seul tour, cherchons la valeur
qu’il faut donner à p pour que L - 2 M -i- N prenne une certaine valeur C positive ou négative, quand on se donne 1; m, n et q.
Pour que la valeur de p satisfasse au problème, il faut et il suffit qu’elle soit réelle;
son signe indiquera le sens de l’enroulement. Or la quantité sous le radical est
Si donc m2 - ln était positif, on trouverait des valeurs réelles de p, même avec C né- gatif
-
C C ( rra2- lnÊ1 ;
c’est-à-dire qu’on pourrait construire deux bobines telless
que L - 2 M + N fut négatif. On sait que c’est impossible : il faut donc absolument que mz- ln soit négatif ou nul et, en multipliant par p2q2,
(Note du traducteur.)
28
faible. Par
là,
la diminution de résistance et de self-induction dueau courant dérivé
peut
faireplus
que contre-balancer la diminution depuissance
de l’aimant inducteur.En outre, puisque
le coefficient de self-induction de la dérivationest très
petit,
tous les courants instantanés y passerontplus
facile-ment que dans
l’électro-aimant,
et,par suite,
elle s’échaufferaplus
par les courants variables que sa résistance seule ne semblerait
l’i ndiquer.
NOTE AU MÉMOIRE DE CLERK MAXWELL;
PAR M. BRILLOUIN.
La valeur
M,
de Mqui correspond
à laposition
du commu-tateur (4)
peu t être la valeur maximum ou une autre intermédiairequelconque. D’après la valeur (10)
durapport r, la position
laplus
avantageuse du commutateur serait celle pour
laquelle M, - Ma, quelle
que soit la vitesse. C’est d’ailleurs cequ’indique
aussi leraisonnement élémentaire. Pour que la force électromotrice pro- duite par le mouvement de la machine soit
capable
deproduire
uncourant de même sens que celui
qui
laparcourt réellement,
il fautque le travail des forces
électrodynamiques
soitnégatif,
et par con-séquent
que le coefficient de self-induction diminue constamment.Il
n’y
a doncqu’un
demi-tourfavorable, depuis
laposition
où lecoefficient de self-induction est
maximum, jusqu’à
celle où il estminimum. C’est là
qu’il
fautplacer
le commutateur. Son rôle estde
changer
le sens du courant dans le circuitmobile,
ou, cequi
revient au
même,
de ramenerbrusquement
le coefficient de self- induction du circuit total à son maximum. Cela a lieu auprix
d’extra-courants
opposés ;
et il résulte du Mémoire de Maxwell que laperte
due à ces extra-courantspeut
être moindre que l’ac- croissement dû au demi-tour favorable(1).
Séparons
les deux bobines et faisons traverser la bobine fixe par(’ ) Je reviendrai prochainement sur ces extra-courants, qui se produisent né- cessairement dans les machines électrodynamiques et électromagnétiques dites à
courant continu.