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Histoire de la Pharmacie en Tunisie. (VIII e siècle 1976)

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(1)

Histoire de la Pharmacie en Tunisie

(VIII

e

siècle – 1976)

(2)

© L’Harmattan, 2011

5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com

diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-55302-6

EAN : 97822965523026

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Rana BEN AZZOUNA et Ridha HAMDANE

Histoire de la Pharmacie en Tunisie

(VIII

e

siècle – 1976)

L’Harmattan

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Acteurs de la Science

Collection dirigée par Richard Moreau, professeur honoraire à l’Université de Paris XII

et Claude Brezinski, professeur émérite à l’Université de Lille

La collection Acteurs de la Science est consacrée à des études sur les acteurs de l’épopée scientifique moderne ; à des inédits et à des réimpressions de mémoires scientifiques anciens ; à des textes consacrés en leur temps à de grands savants par leurs pairs ; à des évaluations sur les découvertes les plus marquantes et la pratique de la Science.

Dernières parutions

Pierre PAGEOT, La santé des Limousins et des Périgourdins au XIXe siècle, 2011.

Yves Delange, Conversation au bord de la Sorgue : Jean-Henri Fabre et Louis Pasteur, 2011.

André Audoyneau, D’un pays à l’autre. Chroniques d’un médecin colonial, 2011.

Roger Teyssou, L’Aigle et le Caducée. Médecins et chirurgiens de la Révolution et de l’Empire, 2011.

Henri Delorna, Les Tribulations d'Henri en Pologne occupée (1941-1945). Témoignage, 2010.

J. Boulaine, R. Moreau, P. Zert, Éléments d'histoire agricole et forestière, 2010.

Jean Céa, Une vie de mathématicien. Mes émerveillements, 2010.

Bernard Faidutti, Copernic, Kepler, Galilée face aux pouvoirs, 2010.

David Hanni, Rencontres avec des guérisseurs. Magnétiseurs, radiesthésistes et rebouteux en Champagne-Ardenne, 2010.

Richard Moreau, Pasteur et Besançon. Naissance d’un génie, 2009.

Jean Dominique Bourzat, Une dynastie de jardiniers et de botanistes : les Richard. De Louis XV à Napoléon III, 2009.

Thomas de Vittori, Les notions d’espace en géométrie, 2009.

René Vallery-Radot, La Vie de Pasteur, 2009.

Roger Teyssou, Une histoire de l’ulcère gastro-duodénal, 2009.

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A mes parents, ma fierté, je dédie ce premier livre.

Rana

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« L’histoire, toute histoire est un moment de réflexion dense, de recul et de bilan.

Toute histoire permet de voir ce qui a été réalisé et ce qui reste à faire.

L’histoire est une projection dans le futur qui nous aiguise et nous montre le chemin qui reste à parcourir.

Toute histoire est un élan porteur de progrès et d’espoir ».

Jelloul Azzouna

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INTRODUCTION

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Paraphrasant Littré à propos de l’histoire de la médecine, nous dirons que "la science de la pharmacie, si elle ne veut pas être rabaissée au rang de métier doit s’occuper de son histoire".

Il en est des pharmaciens comme de toute société ou communauté.

Aussi, écrire l’histoire de la pharmacie n’a-t-il d’autre fin que de contribuer à ce que cette "société" de pharmaciens puisse se définir, se représenter, se situer par rapport aux autres communautés. Cette histoire est donc volonté d’être du corps social, recherche identitaire, recherche de normes, de valeurs, de sens (I).

L’idée de ce travail est de s’inscrire dans cette problématique.

C’est donc une tentative et une volonté d’écrire l’histoire de la pharmacie en Tunisie, du VIIIe siècle après JC jusqu’en 1976.

Nous avons pu concevoir celle-ci en nous basant sur :

- les œuvres disponibles à la bibliothèque du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens,

- les textes de loi rassemblés à partir de la "Maison du Pharmacien", de la bibliothèque de l’Institut Pasteur de Tunis et pour les plus anciens à partir des périodiques de la Bibliothèque Nationale,

- les articles divers publiés dans la revue "Essaydali", "La Tunisie Médicale"…

- les brochures et œuvres retrouvées à la Bibliothèque Nationale d’El Attarine à Tunis.

Cette matière première nous a permis de constituer un document à la fois thématique et chronologique.

L’axe chronologique a été divisé en trois grandes parties :

1)

les origines de la pharmacie en Tunisie, du VIIIe siècle jusqu’à 1881 ;

2)

La période du protectorat français de 1881 à 1956 ;

3)

la pharmacie en Tunisie depuis 1956 jusqu’en 1976.

Pour la première partie, nous avons opté pour un plan progressif allant du général au particulier. Nous avons envisagé un bref aperçu sur la contribution des arabes au développement de l’art

(I) François MONNIER : L’obsolescence des œuvres historiques. Conférence donnée à l’Académie des Sciences Morales et Politiques le 26/09/05 Paris.

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médical et pharmaceutique et puis de façon plus détaillée, l’histoire de la médecine et de la pharmacie arabes en Tunisie en suivant une chronologie basée sur les dynasties qui s’y sont succédées.

Pour les deux autres parties, nous avons traité séparément chacun des thèmes suivants :

- la pharmacie officinale,

- la pharmacie hospitalière et la biologie

- l’industrie, les grossistes répartiteurs et le monopole, - les études pharmaceutiques et la formation professionnelle, - le syndicat, l’Ordre et les sociétés savantes.

Un sujet non sans difficultés (ou les difficultés du travail) Lors de l’élaboration de ce travail, nous avons rencontré beaucoup de difficultés dont la plus importante est d’ordre méthodologique.

En effet, comment écrire l’histoire de la pharmacie sans avoir la formation de l’historien? Cependant nous avons la conviction que l’histoire de la pharmacie ne peut être le fait que d’un pharmacien même si là comme ailleurs, la loi s’entoure d’exceptions.

Sur l’histoire de la pharmacie tunisienne, nous disposons de très peu de travaux et quand cela existe, c’est ou pointu ou surtout très disparate et dans ce cas à l’état de bribes dans des documents, par ailleurs fort nombreux, mais relatifs à l’histoire de la médecine.

Une autre difficulté d’ordre pratique est la densité des archives du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens et du syndicat pharmaceutique.

Les archives de l’Ordre, majoritairement manuscrites, sont le plus souvent illisibles. L’expression approximative et l’absence de détails rendent difficiles le déchiffrement de l’écriture et la compréhension des événements.

Au niveau de la Bibliothèque Nationale, nous nous sommes heurtés à deux problèmes principaux, l’archivage archaïque et les sources bibliographiques perdues ou mal conservées.

De plus, la rareté de la bibliographie tunisienne relative à la période coloniale constitue un gros handicap. En effet, les auteurs sont pour la plupart des étrangers se positionnant en protecteurs. Il nous a donc fallu nous en démarquer et interpréter autrement les événements.

Un travail de lecture à la fois long et patient a été nécessaire et nous a permis de rassembler ces données en un document que nous

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espérons cohérent et initiateur de nombreux autres travaux qui viendront enrichir l’histoire de la pharmacie.

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LES ORIGINES DE LA

PHARMACIE EN TUNISIE

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I- La contribution des Arabes au développement de l’art médical et pharmaceutique

A) Les réalisations arabes

1) La période des médecins traducteurs : (VII

e

- VIII

e

siècles après JC)

Dès l’avènement de l’Islam, au VIIe siècle, les Arabo- musulmans se sont intéressés à la pharmacie et à la médecine.1 Le premier scientifique connu à l’époque du prophète Mohammed est « Al-Hareth ibn Kilda » qui s’est formé en Perse à l’école de Joundisapur – école célèbre créée par les Nestoriens venant de Constantinople en 435. 2

La plupart des médecins diplômés de cette école étaient chrétiens.3 Encouragés par les honneurs et les avantages matériels qui leur étaient accordés par les califes abbassides (Haroun-Al-Rachid ; Al- Maāmoun ; Al-Moōtassem ; Al-Wātheq ; Al-Mutawakkel) et leurs vizirs, surtout Yahia le Barmécide, les diplômés de l’école de Joundisapur se sont penchés sur la traduction des œuvres médicales grecques, surtout celles d’Hippocrate, Discoride et Galien.2, 3

Trois familles de médecin se sont particulièrement illustrées par leurs traductions :

x La famille des Bakhteychou, parmi lesquels se distingue Jorgis ibn Bakhteychou,

x La famille des Mesué (ibn Māsawayh). Le plus connu étant Jean de Mesué (Youhanna ibn Massawayh),

x La famille des Serapion (les Sarabiūn).3

2) La période de rénovation et de développement des sciences médico-pharmaceutiques (du IX

e

au XIII

e

siècles)

Après la période de traduction qui a été en fait une période de transition, les Arabes ont été particulièrement productifs dans les domaines de la médecine et de la pharmacie.

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Les savants arabes ont commencé par enrichir « le droguier » en voyageant vers des pays lointains, soit de leur propre initiative, tel ibn-Al-Baytar (13ème siècle), ou dans le cadre de missions scientifiques organisées par les califes. C’est ainsi que de nouvelles drogues d’origine végétale (bourrache, séné, tamarin, turbith, coton, safran…), animale (ambre, …), ou encore minérale (alun, cuivre…) sont venues enrichir le droguier, devenu par la suite la pharmacopée arabe.1, 2, 3

Les Arabes ont mis au point des opérations et des techniques telles que la distillation à l’alambic, la fermentation, ainsi que la dissolution, la filtration, la calcination et la sublimation. Ils ont par ailleurs contribué au progrès de la pharmacie galénique par la mise au point de nouvelles formes pharmaceutiques : sirop, looch, julep, élixir, rob, liniment…etc.

Les scientifiques arabes sont également les créateurs des Grabadins (II) (Aqrābādhins), appelés de nos jours pharmacopées : - La première étant l’œuvre de Sapur (III), intitulée « Al Aqrābādhin al-Kābīr » ou « la grande pharmacopée » qui date de l’an 850 environ.1

C’est « l’ancêtre de nos codex » selon Hervé Harant (IV) et « la première pharmacopée officielle » d’après Goris et Liot (V).2

- « Al-Hāwī » ou « Le Continent » d’Al-Rāzi (Razès).

- « Zad al-musāfir » ou « Viaticum » d’Ibn al-Jazzar.

- « Al-Itīmed » d’ibn al-Jazzar.

- Le « Tasrīf » d’Abulcassis ou Abou al-Qacem az-Zahraoui.

- « Le canon » d’Avicenne ou Ibn Sina.

- « Kitāb al-saydanah fi’l-tibb » d’Al-Bīrūnī.1 - « Jamāa al-mufradāt » d’Ibn al-Baytar.

- « Al-Tadhkira » de Daoud al-Antāki.2

(II)Grabadin en français ou Aqrābādhins en arabe, est un mot d’origine grecque qui a été traduit d’abord en syriaque avant d’entrer dans la langue arabe.1

(III) Sapur : Sābūr ibn Sahl al-Kūsāğ : médecin-pharmacien de l’hôpital de Jondisabur.1

(IV) Hervé Harant : « Médicaments et médications », collection « Que sais-je », n°245, p11.4

(V) Goris et Liot : « Pharmacie galénique » Masson et Cie, éditeurs - Paris 1939.3

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Les Arabes ont été aussi à l’origine de la réglementation de la profession pharmaceutique. Dès le IXe siècle, ils ont créé des lois d’exercice et ont soumis les professionnels au contrôle du

« Muhtasib » et de son « Amine » (Précurseur du pharmacien inspecteur).

Ils ont été les premiers à avoir séparé la médecine de la profession pharmaceutique qui est devenue alors distincte et indépendante.2 On parle de « spécialisation ». Dans sa thèse de doctorat en pharmacie, Radhi Jazi signale que « L’historien Ibn-abi Oussaybia (VI) rapporte que le médecin tunisien Ishaq ibn-Imrane

(VII), ayant perdu les faveurs du calife régnant à Kairouan, Ziadet Allah III, s’était installé sur une place publique de la ville ; il délivrait des ordonnances ». Ibn Imrane pratiquait uniquement la prescription ; ce qui nécessitait l’intervention d’une autre personne qui devait exécuter ces prescriptions, à savoir un pharmacien.3 D’autre part, cette séparation entre médecine et pharmacie a été renforcée avec Ibn al-Jazzar. En effet, il a aménagé chez lui une salle où il effectuait lui-même les consultations et une autre salle où son serviteur « Rachiq » assurait la dispensation des médicaments, l’explication du mode d’emploi et de la posologie.

Rachiq peut être de ce fait considéré comme le précurseur du pharmacien et la salle qu’il occupait comme celle de l’officine.1, 3 Cette spécialisation est plus pointue avec As-Saqati et Al-Shaïzari

(VIII) qui distinguent : - les attārīns ou droguistes,

- les shirabiines ou vendeurs de sirops.3

Ils distinguent également diverses catégories de pharmaciens : - Les pharmaciens ou sayādilas proprement dits qui exercent dans les dukkāns ou officines,

- Les pharmaciens ambulants, c'est-à-dire les sayādilas qui utilisent les étalages et exercent sur les places publiques.1

(VI) Ibn-abi Oussaybia : célèbre historien arabe du XIIIe siècle

(VII)Ishaq ibn-Imrane : médecin musulman, originaire de Bagdad ; Ziadet Allah III, l’Aghlabides, le fit venir à Kairouan où il fonda l’école de médecine.3

(VIII)As-Saqati et Al-Shaïzari : auteurs de la fin du XIe – début du XIIe siècle JC.3

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B) Les principaux noms qui ont marqué la pharmacie arabe au cours des siècles

• IXe Siècle

Houneïn ibn Ishaq (809 - 873) : arabe chrétien de Hira, il a exercé à Bagdad à l’époque du calife Al-māamoun.

Parmi ses œuvres citons :

- « Kitāb al-Dukkān » ou « L’officine »,3

- « Kitāb al-Farq Bayn al-Aghdhia wal Adwia » ou « Traité des différences entre les aliments et les médicaments ».2

• Xe Siècle

- Razès (Al-Rāzi) (864 - 932)1 : surnommé « Le Galien des Arabes ». Ses ouvrages les plus connues sont « Al-Hawi » ou « le Continent » ; « Al-Jāamaā » ; « Al-Mansouri ».

- Ibn Al-Jazzar (898 - 980) : C’est le plus célèbre des médecins du Maghreb. Parmi ses ouvrages, la plus connue est « Zad al- musāfir » ou « Viaticum ».

• XIe Siècle

- Ibn Sīna (Avicenne) (980 - 1037) : Surnommé par les Arabes

« Al Chaïekh al Raŷs » et par les autres philosophes occidentaux

« l’Aristote de l’Islam et son Hippocrate ». Parmi ses ouvrages,

« le Canon » est le plus célèbre des livres de médecine dans l’histoire arabe.2

- Al-Bīrūnī (973 - 1048)1 : Contemporain d’Avicenne. Son

ouvrage la plus célèbre est «Kitāb al-saydanah fi’l tibb» ou «le traité de la pharmacie médicale».2

Il classe les médicaments en aliments-médicaments et médicaments-poisons, et considère de ce fait que les médicaments occupent une place intermédiaire entre les aliments et les poisons.5 On ne peut pas parler d’Al-Bīrūnī sans évoquer ses définitions du pharmacien et de la pharmacie :

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Le pharmacien selon Al-Bīrūnī, saydanānī et saydalānī sont deux termes équivalents. Ils désignent le pharmacien et par contraction deviennent saydalī ou al-saydalī. Ces termes ont pour origine « le santal » ou sandāl qui est un bois précieux provenant de l’Inde et qu’on vend dans les officines.

Voilà comment Al-Bīrūnī définit le pharmacien : « Al-saydalānī (ou pharmacien) est le professionnel du médicament, celui qui sait choisir la meilleure qualité de chaque médicament simple et de chaque médicament composé, préparé selon les meilleurs modes opératoires, tels que décrits dans les ouvrages des savants émérites ».

Dans la définition de la pharmacie d’Al-Bīrūnī, on retrouve déjà la notion de préparation officinale et celle de préparation magistrale pour la première fois dans l’histoire.

Il dit : « Al-saydanah (ou pharmacie) est l’art de reconnaître les drogues simples, leurs espèces et leurs variétés, leur meilleure qualité [...]. C’est aussi l’art de mélanger les composants des préparations, selon les formules enregistrées dans les livres (notion de préparation officinale), ou selon la prescription d’un auteur croyant ». Là, on retrouve la notion de préparation magistrale.

Ici, Al-Bīrūnī emploie le qualificatif « croyant » pour désigner les gens honnêtes.1

- Abulcassis (Abū’l Qāsim al-Zahrāwī) (936 - 1013) : Parmi ses ouvrages, citons : « Kitāb al-Tasrīf fi’l mudāwāt wa al-tadbīr » ou

« Pratique de rechange pour qui est dans l’incapacité de composer des remèdes ».1, 2

• XIIe Siècle

- Avenzoar (Ibn-Zohr) (... - 1162) a écrit « Kitāb al-Taysīr fi’l mudāwāt wa al-tadbīr » ou « Pour rendre aisés la thérapeutique et les soins de santé ».1, 2

- Averroès (Ibn Rushd) (1126 - 1198): auteur du « Colliget » ou

« Al-Kullīyyah fi’l tibb ».1

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- Ibn Attelmidh (… - 1165): C’est le chef des médecins à Bagdad.

Son ouvrage le plus connu est « le Grabadin ». Il a pris la place du Grabadin de Sapur et est alors devenu la référence pour les médecins et les pharmaciens.

- Al-Ghāfiqī (… - 1165) et son traité de médicaments simples.

• XIIIe Siècle

- Kohen al-Attār : auteur de « Minhaj al-dukkān » ou « La voie de l’officine »

- Ibn al-Baytār (1197-1248) et son traité des simples.

• XVe-XVIe Siècle

- Abou al-Abbassi al-Hosni : connu sous le nom de A’chrif al- Siqillī : médecin tunisien. Il a rédigé « Kitāb al-Atebbāa » ou « le livre des médecins ».

- Abou Saïd Ibrahim al-siqillī, auteur de « Minhāj al-dukkān » ou

« la voie de l’officine ».

- Dawūd al-Antākī : connu par son ouvrage «Tadhkirat Ouli al- albab » ou « Aide mémoire destiné aux gens d’esprits ».

• XVIIIe Siècle

- Abd al-Razzāq al Jazāīrī a écrit « Kashf al-rumūz ».2

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II- Histoire de la médecine et de la pharmacie arabes en Tunisie

La médecine et la pharmacie ont fait leur apparition en Ifriqīa(IX) et plus exactement à Kairouan, à l’époque du prince Yazid ibn Hatem Al-Mūhallabi, qui était venu de Bagdad en l’an 772 en compagnie du médecin Jean de Mesué (Yūhannā ibn Māsawayh), médecin chrétien de l’école de Joundisapur. Il a vécu à Bagdad.6,7

L’apparition de la médecine en Ifriqīa fut suivie d’une période de créativité et de productivité médico-pharmaceutique qui a connu plusieurs étapes.

A) L’époque des Aghlabides (800 à 900)

Tout a commencé avec les Aghlabides qui, dès leur avènement ont instauré l’étude des sciences médicales, chimiques et mathématiques.

Afin de propager l’étude de ces sciences dans le pays, ils ont créé à Kairouan l’université « Dar-el-Hikma »(X) où était assuré l’enseignement médical théorique.

Cet enseignement médical a pris en fait naissance avec Ishaq ibn Imrane. C’est le fondateur de l’école de Kairouan. C’est un médecin musulman originaire de Bagdad. Il était venu à Kairouan avant 875,8 à la demande de l’émir Aghlabide Ibrahim II, qui l’a tué par la suite en l’an 892.7

Il fut le premier à introduire en Tunisie les œuvres médicales grecques surtout celles de Galien de Discoride et d’Hippocrate.9 Son œuvre comprend surtout :

- « Al Adwia al-mufradah » ou « Traité des médicaments simples »,

- « Al Onsor wa al Tamam » ou « Du principe et du complément de la médecine »,

(IX) Ifriqīa : nom arabe de la Tunisie et de l’Algérie orientale.

(X)Dar-el-Hikma : « La Maison de la Sagesse » : première université laïque de kairouan.9

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- « Al- Malikhoulia » ou « La mélancolie » est son ouvrage le plus célèbre.2

L’application pratique de ces sciences médicales a amené à la création des hôpitaux ou « Morstanes », encore appelés « Ed- demna », où des leçons de médecine pratique (cours d’application) ou « Dourouss tatbiqia » étaient assurées par le chef des médecins au profit des futurs toubibs.

« L’enseignement de la médecine était ainsi maintenu pendant près de cinq siècles dans les états de Tunis. A cette époque, les médecins et les pharmaciens étaient tous des autochtones et durant cette longue période de l’histoire, aucun médecin, aucun pharmacien étranger au pays ne se fit remarquer par sa présence ».8

B) L’époque des Fatimides (900 à 972)

- Ali ibn Ishaq ibn Imrane : C’est le fils de Ishaq Ibn Imrane. Il était médecin chiite de Kairouan et occupait une place privilégiée auprès des hommes du pouvoir fatimide.6

- Ishaq ibn Soulayman (869 - après 961) : Né en Egypte d’une famille juive en l’an 869. C’est l’élève d’Ibn Imrane. Il avait commencé à exercer en Orient le métier de « kahhal » ou oculiste - qui consistait à soigner les yeux - quand Ziadet Allah III, le dernier des émirs aghlabides, le fit venir à Kairouan en 906. Ce dernier ne tarda pas à être vaincu. Ibn Soulayman exerça alors la médecine tout au long du règne des fatimides. C’est ainsi qu’il passa sa vie au service de Oubaïd Allah Al Mahdi, puis de ses successeurs au trône Al-Qāem, Al-Mansour, Al-Moëz.

Parmi ses œuvres citons :

- « Al-Hamyette » ou « le traité des fièvres »,

- « Al adwya al mufradah wa al-Aghdhia » ou « traité des médicaments simples et des aliments »,

- « Al-Bawl » ou « traité des urines », - « Al-Tiryaq » ou « la thériaque » ...

- Dounach ibn Tamime : (… - 971). Né à Kairouan à la fin du IIIème siècle de l’hégire, dans une famille juive. C’est le disciple et

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25

l’ami d’ibn Soulayman. Il a été au service des émirs fatimides à savoir Al-Mansour, Al-Moëz.

De ses œuvres médicales citons : « Kitab Al-Talkhis » ou « le résumé des médicaments simples ».

- Ibn Al-Azzar Moussa : C’est un médecin israélite. Il était au service d’Al-Moëz Li-Dine Alleh. Parmi ses œuvres : « As-souāll » ou « La toux », « Al-Aqrābadhin » ou « Le grabadin ».7

- Ibn Al-Jazzar : (Abou Jaāfar Ahmad ibn Ibrahim ibn Abi Khaled) (898 - 980): Il est né à Kairouan. Il a reçu ses premiers enseignements de son père Ibrahim et surtout de son oncle Abou- Bakr, tous deux médecins. Mais il a acquis ses connaissances médicales surtout auprès du célèbre Ishaq ibn Soulayman.

A l’exception de son ami Abou-Talib, oncle du calife Al Moëz, il n’entreprenait aucune relation proche avec les hommes du pouvoir.

Il préférait partager la vie des pauvres et fréquenter les classes sociales défavorisées. C’était un médecin modeste, le médecin des pauvres et des déshérités.

C’est avec ibn Al-Jazzar qu’on a assisté pour la première fois à la séparation entre la médecine et la pharmacie. Celle-ci est devenue alors autonome. En effet ibn Al-Jazzar s’occupait uniquement de l’examen des patients et de la prescription. Il assurait la rédaction de la « wasfah » ou ordonnance qu’il remettait au patient. Ce dernier s’adressait alors à Rachiq, serviteur d’ibn Al-Jazzar, qui s’occupait de l’acte pharmaceutique proprement dit à savoir la délivrance du remède et l’explication du mode d’emploi et de la posologie.

Ibn Al-Jazzar est décédé à Kairouan en 980. Parmi ses œuvres, 43 ouvrages ont été recensés dont les principaux sont :

Tab.1 4

Œuvres Pharmaceutiques Œuvres médicales - « Al-Itimad » ou «ouvrage de

référence»,

- « Kitāb al-Abdal » ou «livre des succédanés»,

- « Kitāb al-outour » ou « livre des essences »,

- « Zad al-musafir wa quout al- hadhir » ou « provision du voyageur (ou viatique) et subsistance du jour »,

- « Siyasat as-sibian wa tadbirouhoum » ou « de l’art de

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Œuvres Pharmaceutiques Œuvres médicales - « Al-Boughia » ou «l’ouvrage

désiré » traitant des médicaments composés,

- « Kitāb as-samayem » ou

« livre des poisons »,

- « Kitāb al-hayawān » ou

« livre de l’animal » réservé aux médicaments d’origine animale,

- « Kitāb al-Aghdhia » ou

« traité des aliments » c’est un ouvrage de diététique.

soigner les enfants et de les élever »,

- Traité sur l’estomac, ses maladies et leurs traitements, - « Kitāb tibb al-fouqara wal masakin » ou « traité de la médecine des pauvres et des déshérités ».

- Aāyon ibn Aāyon (décédé en 995), médecin d’Ifrīqia à l’époque fatimide. Il était « Kahhal » ou oculiste sous le règne d’Al-Moëz Li-Dine Alleh.

Citons son œuvre « Amradhou Al Aïn wa Moudāwātouhā » ou

« les maladies des yeux et leurs traitements ».

- As-soussi (Abdou-alleh ibn Mohammed Al-thaqafi Assoussi) (945 - 1013). Il est né à Sousse. Il a acquis ses connaissances en Ifriqīa.

Citons son œuvre « Moujarribāt Tibbiya » ou « Essais médicaux ».7

C) L’époque des Zirides (972 à 1160)

- Abou Asselt Oumaya (1067 - 1134), médecin d’origine andalouse. Il a voyagé en Egypte en l’an 1096 où il a été emprisonné dans la bibliothèque des émirs. Une fois libéré, en 1112, il a quitté l’Egypte pour aller à Mahdia où il a servi le roi Yahia Ibn Tamime ibn Bādiss, puis Ali et Hassan, le dernier des Zirides.

Parmi ses œuvres, citons « Kitāb al-adwya al-mufradah » ou

« traité des médicaments simples ».6, 7

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- Constantin l’Africain. Il est surtout célèbre par ses traductions.

Il est né à Carthage en 1015 ou 1016. Il a quitté la Tunisie pour l’Italie emmenant avec lui les manuscrits médicaux qu’il a traduits en latin. Il a exercé la médecine à Salerne. Il a également fondé une école en Italie pour l’apprentissage de la médecine.6

Ses traductions les plus célèbres sont :

- « Viaticum » : traduction de « Zad-el-moçafir » d’Ibn el Jazzar, - « Pantegni » traduction du « Maleky » d’Ali Ben Abbar.9

Notons ici que Constantin s’est approprié ces ouvrages arabes traduits au latin et n’a jamais cité les noms des auteurs.

D) L’époque des Almohades (1160 à 1230)

- Al-Hafid ibn-Zohr (1181 - 1205). C’est le petit fils de Abou Marwan ibn Abi Al-Alā ibn-Zohr, un grand médecin andalou. Il était le médecin de Youssef, de Yaacoub puis de Mohammed, respectivement 2ème, 3ème et 4ème sultan Almohade.

- Abou Al-Hajjaj Youssef ibn Mouratyr : médecin andalou. Il était au service d’Al-Mansour ibn Yaacoub, Sultan Almohade qui régna de 1184 à 1198.6

- Le XIIème siècle fut surtout marqué par l’éminent El Cherif El Edrissy Es-siquilli qui a rédigé un remarquable traité de botanique.

E) L’époque des Hafsides (1230 à 1534)

« Le XIIIème siècle fut l’apogée de la médecine tunisienne autochtone ». En effet, l’encouragement des Hafsides et l’influence des sciences andalouses ont été à l’origine de l’émergence d’un nombre considérable de médecins tunisiens : 9

- Ibn Al-Hacha (Abou Jāafar Ahmad ibn Mohammed ibn Al- Hacha). Médecin de Tunis, il était au service de l’émir Abou Zakarya Al-Hafsi qui a régné entre 1230 et 1249. Il a créé un lexique de médecine arabe : « Moufidou Al Ouloum wa moubidou Al-Houmoum » qui est le premier de son genre.

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- Mohammed ibn Anderāss (mort en 1275). Médecin d’origine andalouse. Il a servi les émirs Hafsides à Bjéya (Bougie en Algérie) ce qui l’a rendu célèbre. Il est parti par la suite à Tunis en l’an 1262 JC à la demande du Calife Al-Mustanser Billah pour devenir son médecin personnel.

Il a écrit : « Nadhm al- adwya al-mufradah ».7

- Abd-El-Krim ben Moslema El Bajy , originaire de Béja. Il a vu sa réputation s’étendre jusqu’au Maroc.

- Abou-el-Abbas ben Roumya , appelé « Ennabaty » ou « le botaniste ».

- Mohamed ben Ahmed, mort à Tunis en 1271. Son enseignement était très suivi. Il a deux traités en vers, l’un sur la thérapeutique, l’autre sur la pharmacie.9

La vie médicale au cours du XIVème et XVème siècles, sous le règne des Hafsides, a été marquée par les noms suivants :

- Youssef ibn Anderāss (mort en 1329). C’est le fils de Mohammed. Il a acquis ses connaissances médicales de son père. Il était au service de l’émir Abou Yahia Abi Bakr Al-Hafsi à Constantinople puis à Tunis.

La famille médicale d’Al-Siqilli s’est particulièrement illustrée à l’époque grâce à :

- Al-Siqillī : (Ahmad ibn Abd Assalam Al-siqillī Al-Cherif Al Hosni Abou Abbass). Né à Tunis et mort en 1418, c’est un médecin célèbre de l’époque Hafside. Il était privilégié chez les sultans de cette dynastie, en particulier Abi Faress Azzouz qui a régné entre 1393 et 1433.

Il a un traité de médicaments simples.

- Al-Siqillī (Mohammed ibn Mohammed ibn Othman Al- Siqillī Al-Cherif Al Hosni Abou Abdellah). Né à Tunis au milieu du XIVème siècle et mort à la fin XVème siècle. C’est l’auteur de

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